Arnaud de Châteaubriant Jalal Charron 22/10/10 Anatomie, Appareil digestif, Rectum et Vascularisation, Pr Darnaut Photos disponibles sur l'ordi de la corpo. Rectum et vascularisation I – Généralités Chapitre important concernant quelques items de l’ECN. Les cancers digestifs sont en augmentation, et en particulier les cancers du colorectaux (adénome qui dégénère) et parmi ces cancers colorectaux, on trouve une partie importante de cancers du rectum. De plus, les hémorroïdes sont une pathologie fréquente. II – Le Rectum Définition : Le rectum débute à la face antérieure de S3 (au niveau de la terminaison de la racine du mésosigmoïde) et est composé de deux éléments assez différents : 1) Partie supérieure = ampoule rectale = rectum pelvien. 2) Parti distale = canal anal = rectum périnéal. Ces 2 parties ont une obliquité totalement différente : la 1ère se moule sur les dernières pièces sacrées et coccygiennes réalisant une courbure sacrale. Passée la jonction ano-rectale, l’angulation change => Le canal anal se dirige en bas et en arrière réalisant une courbure périnéale très marquée. Cette angulation est sous-tendue par le muscle essentiel de la statique pelvienne : le muscle élévateur de l’anus. III – Le muscle élévateur de l’anus Il contribue à séparer l’ampoule rectale du canal anal, et est constitué de 2 faisceaux/muscles : 1) Muscle pubo-rectal : C’est le muscle le plus médial, il s’insère sur la face postérieure du pubis et ses fibres descendent en bas et en arrière. Il est assez fin transversalement et vient contourner le rectum par en arrière, se poursuivant par un faisceau controlatéral qui s’insère sur la partie gauche du pubis. C’est ce muscle qui est élévateur et il est responsable de l’angulation en cravatant le rectum par en arrière. Ce muscle échange des fibres avec l’appareil sphinctérien du canal anal et est très important pour la statique pelvienne (ex : statique rectale). Un défaut de ce muscle peut entrainer des pathologies de la statique pelvienne (très invalidante au quotidien…), par exemple une rectocèle (extériorisation du rectum), surtout chez la personne âgée. En temps normal, un sphincter contrôle le tonus du canal anal. Lors d’une défécation il faut un relâchement du muscle pubo-rectal afin de diminuer l’angulation entre les deux parties du rectum. 1/10 2) Muscles ilio-coccygien et pubo-coccygien : ces 2 muscles constituent la 2eme partie du muscle élévateur de l’anus. Leurs fibres s’insèrent sur l’aponévrose du muscle obturateur interne et se terminent sur le ligament anococcygien. C’est la partie sphinctérienne du muscle élévateur. Entre le péritoine et le muscle élévateur de l’anus se trouve le pelvis ; il contient les organes pelviens : la vessie, l’utérus, le vagin, le rectum, la prostate, la vésicule séminale. Le plancher pelvien est fermé en arrière par le muscle élévateur de l’anus et 2 autres muscles. Sous le muscle élévateur de l’anus on a le périnée. IV : Rectum Pelvien A la jonction colon sigmoïde – rectum on a une angulation marquée. Le méso sigmoïde est mobile et sa longueur est très variable d’un individu à l’autre. Il vient de la fosse iliaque gauche, se continue en arrière et plonge dans l’excavation pelvienne. Chez certains sujets le sigmoïde est très long, ainsi le méso sigmoïde l’est aussi, entrainant des risques de rotation du sigmoïde sur lui-même. Le volvulus est une complication mécanique fréquente (surtout chez le sujet âgé) et la principale cause d’occlusion du sigmoïde. Le rectum pelvien est marqué par 3 courbures : 1) Courbure supérieure, convexe à droite. 2) Courbure moyenne, convexe à gauche. 3) Courbure inférieure, convexe à droite. Sous-tendus par ces courbures, on retrouve des reliefs internes = plis (semi) circulaires = plis transverses 2/10 (PT) du rectum. Ils sont au nombre de 3 : 1) Pli transverse supérieur : plutôt à gauche. 2) Pli transverse moyen : sur le bord droit et surtout face post. 3) Pli transverse inférieur : à gauche. Ils sont importants car on les remarque bien à la rectoscopie. Au niveau du pli transverse moyen, une séparation du rectum pelvien d’origine embryologique est visible : au-dessus du pli transverse moyen, on a la partie supérieure du rectum pelvien, correspondant à la partie terminale de l’intestin primitif ; : au-dessous du pli transverse moyen, on a la partie inférieure du rectum, provenant de la région cloacale. Physiologiquement, ces 2 parties n’ont pas le même rôle : _ La partie supérieure contribue au stockage des selles (avec le sigmoïde) _ La partie inférieure intervient dans la défécation tel un entonnoir vers le plan du muscle élévateur de l’anus. (moins de distension possible) A la rectoscopie, on ne sera donc pas gêné par les « matières » jusqu’au PT moyen… C’est en regard du PT moyen que se fait la réflexion du péritoine. La partie supérieure du rectum pelvien est donc entourée de péritoine, rendant alors possible une forte augmentation de volume (surtout chez les personnes âgées et les neuroleptiques). C’est aussi à ce niveau que peut se former un fécalome (accumulation de matières fécales) V : Le canal anal Le canal anal se segmente en 3 parties : 1) La ligne Ano-rectale, elle correspond à l’angulation entre les 2 rectum séparant ainsi l’ampoule rectale du canal anal. : marquée par des reliefs ou saillies longitudinales ou colonnes anales. On trouve 8 à 10 de ces saillies longitudinales ; elles sont fines à la partie supérieure et plus épaisses à la partie inf. Surtout, elles vont être réunies par des valvules en nid de pigeon ou valvules anales. 3/10 A l’intérieur de ces nids de pigeon, on trouve des récessi ou sinus anaux dont le rôle est important. 2) La ligne pectiné : elle unit la base des colonnes. Entre ces deux lignes on trouve la zone columnaire. Chaque colonne contient un rameau de l’artère rectale + des veines rectales. C’est à partir de ces plexus veineux que se développent les hémorroïdes. Remarque : toutes les colonnes ne sont pas identiques entre elles en terme de densité veineuse. En position gynécologique, les colonnes ayant le plus de veines correspondent à 3 groupes, constituant les 3 paquets hémorroïdaires : si on assimile le canal anal à une horloge, les groupes sont situés respectivement entre : _1h et 3h _5h et 7h _8h et 11h ; (ce dernier groupe étant le plus important) 3) La ligne ano-cutanée, marquée par une petite dépression. Le rectum pelvien a un diamètre de 4cm (à peu près identique au sigmoïde, et largement inférieur à celui du colon droit.) Au total, il mesure de 12 à 15cm. La zone columnaire mesure 1.5 cm. Au niveau des valvules (sinus anaux), des matières peuvent s’accumuler et éventuellement s’infecter. Elles peuvent être le point de départ de fissures et fistules anales (fréquentes chez le sujet âgé, ou chez la femme après accouchement). Toujours au niveau des sinus, les glandes anales peuvent s’obstruer et donner de petits abcès. Au niveau de la « zone intermédiaire, entre les lignes pectinée et ano-cutanée », on a un épithélium squameux, lisse, bleuté car en continuité avec le plexus veineux hémorroïdien. Cette zone se termine au niveau de la ligne ano-cutanée, en delà de laquelle l’épithélium squameux se continue par un épithélium de type cutané. Remarque : le cancer rectal est accessible au toucher rectal. La base de la ligne pectiné marque la jonction cloaque-ectoderme (sous la ligne pectiné : origine ectodermique). Au niveau de la ligne pectiné on retrouve de petits reliefs cutanés (reliquats embryonnaire de la membrane anale). 4/10 VI/ Appareil sphinctérien La couche musculaire longitudinale externe (cf structure histologique du tube digestif) va se renforcer au niveau du canal anal jusqu'au niveau de la ligne ano-cutanée pour former le sphincter interne du rectum (ou sphincter interne de l'anus). Il s'agit d'un sphincter lisse. Autour, on a un sphincter strié composé de trois structures : en haut, la partie profonde, sous la ligne ano-rectale une partie superficielle qui double le sphincter interne sur ses ¾ inférieures, en dehors Une partie sous-cutanée, proche de la marge anale Entre ces 3 éléments, le muscle pubo-rectal donne des fibres qui vont aborder le rectum au niveau de la ligne ano-rectale et qui vont doubler le sphincter interne jusqu'à sa partie inférieure. Certaines fibres vont alors se terminer en distal : au niveau de la région cutané latéralement au niveau du fascia de la fosse ischio-rectale en traversant la partie sous-cutané du sphincter strié pour constituer au niveau de la peau le muscle corugateur (Le réflexe corugateur permet l'étude des racines sacrés). VII / Rapports 1) Avec le péritoine 5/10 Le sigmoïde, auquel fait suite le rectum est totalement entouré de péritoine et relié à la paroi postérieure par un méso. Le rectum n'est pas recouvert totalement par le péritoine. La réflexion latérale du péritoine descend à la face latérale en bas et en avant jusqu'au niveau du pli transverse moyen. Le péritoine ne recouvre donc qu'une partie des faces latérales et antérieure du rectum pelvien. En avant, le péritoine se réfléchit sur les organes génitaux et urinaires en réalisant un récessus rectoutérin (femme) ou recto-vésical (homme) que l'on appelle le cul-de-sac de Douglas. C'est la partie la plus déclive de la cavité péritonéale. Un cul-de-sac de Douglas douloureux au toucher rectal peut-être le signe d'une péritonite. 2) Avec la loge pelvienne cf vue supérieure d'un pelvis de femme Sur la ligne médiane on a : en arrière le rectum l'utérus et en avant la partie inférieure de la vessie 6/10 Entre la vessie et l'utérus, on a un espace : la fente uro-génitale. De chaque côté des organes pelviens, les nerfs sacrés regroupés en plexus, vont former des lames denses qui constituent des cloisons fibreuses ; ce sont les lames sacro-recto-génito-pubiennes. Ce sont ces lames qui limitent latéralement la loge rectale. Ces lames constituent une barrière à l'extension de tumeurs. La loge est limitée en arrière par deux cloisons du fascia pelvien : en avant du sacrum, le fascia sacral ; en arrière du rectum, le fascia rectal. Entre ces deux cloisons, on a un espace remplie de graisse. La loge rectale est limité en avant par un septum recto-vaginal chez la femme, recto-vésical chez l'homme. 3) Rapports en arrière Le sacrum, les nerfs sacrés 4) Rapports en avant : Cf coupe sagittale La vessie L'appareil génital : chez la femme, la face antérieure du rectum répond au col de l'utérus (recouvert de péritoine) et au vagin. Le toucher rectal permet l'exploration de ces deux organes. Le septum recto-vaginal sépare le rectum du vagin, ce septum descend et rejoint le centre tendineux du périnée (corps périnéal) qui permet la stabilisation pelvienne. Chez l'homme, le rectum répond à la prostate et aux vésicules séminales. Le cul-de-sac de Douglas se réfléchit à hauteur de l'ampoule des déférents. Le toucher rectal est le meilleur examen possible de la prostate. Il permet d'apprécier une augmentation du volume de cette glande. Les adénomes sont fréquents (hypertrophie bénigne de la prostate), il ne faut pas les confondre avec un cancer de la prostate, plus grave. Le diagnostic de cancer de la prostate se fait par biopsie sous contrôle échographique. 7/10 5) Rapports Latéraux : Avec les fosses ischio-rectales, elles sont situées sous la réflexion latérale du péritoine, latéralement par rapport au rectum. (cf Vue d'un hémi-bassin en coupe frontale) A la face intérieure du bassin, on a le muscle obturateur interne, recouvert par son fascia, où vont s'insérer certaines fibres du muscle élévateur de l'anus. Ces fibres vont séparer les fosses ischio-rectales en deux parties : -Une partie supérieure dans laquelle on a les vaisseaux iliaques contenus dans un dédoublement du fascia du muscle ilio-psoas. Dans cette partie supérieure, on trouve également un aileron soulevé par les nerfs du plexus hypo-gastrique et qui contient l'artère rectale moyenne. -Une partie inférieure avec le canal pudendal (ou canal d'Alcock), dédoublement du fascia de l'obturateur interne qui contient vaisseaux honteux internes et nerf honteux. On a également une troisième artère qui va rejoindre le rectum, c'est l'artère rectale inférieure. 8/10 VIII/ Vascularisation du colon et du rectum cf Schéma Vascularisation du tube digestif 1) Artère mésentérique supérieure et ses collatérales Elle naît à la face antérieure de l'aorte abdominale, au niveau de L1. Elle passe en avant de la veine rénale gauche (pince mésentérique supérieure). Elle descend en arrière du pancréas, puis en avant du petit pancréas et du segment D3 du duodénum. Elle gagne le mésentère. Sur son bord gauche vont naître des branches destinées à la vascularisation de l'intestin grêle, celles-ci vont s'anastomoser entre elles pour donner des arcades de premier ordre, puis des arcades de second ordre, de troisième ordre et même de quatrième ordre. Du fait de ces nombreuses anastomoses, les pathologies ischémiques à ce niveau sont rares. (Les premières et deuxièmes anses grêles sont néanmoins les plus fragiles.) Les arcades les plus proches de l'intestin vont constituer l'arcade bordante. L'arcade bordante longe l'intestin et envoie des artères droites pour le vasculariser. Ces artères droites se divisent en une branche antérieure et une branche postérieure. Ces arcades vont se terminer au niveau du diverticule de Meckel, à environ 40cm du cæcum. 9/10 Une branche collatérale de l'artère mésentérique supérieure, l'artère iléo-colique (anciennement artère iléo-caeco-appendiculo-colique) descend obliquement à droite et va donner plusieurs branches : L'artère iléale qui s'anastomose avec la dernière arcade de l'artère mésentérique supérieure , L'artère cæcale qui se divise en une branche antérieure et une branche postérieure, L'artère appendiculaire qui soulève le méso appendiculaire et explique la forme de l'appendice Une autre branche collatérale de l'artère mésentérique supérieure, l'artère colique droite va gagner l'angle colique droit. Il existe également une artère colique moyenne, inconstante. Une autre collatérale, l'artère du colon transverse donne une branche ascendante et une branche descendante. 2) Artère Mésentérique Inférieure De plus petit calibre que l'artère mésentérique supérieure, elle naît au niveau de L3, à la face antérieure de l'aorte. Elle gagne le méso-colon gauche. Elle donne : une artère colique gauche, divisé en un rameau ascendant qui va s'anastomoser avec l'artère du colon transverse et un rameau descendant. Trois artères sigmoïdiennes qui proviennent du tronc commun des artères sigmoïdiennes Après avoir donné ces branches sigmoïdiennes, l'artère mésentérique inférieure devient artère rectale supérieure, celle-ci se divise en une artère rectale supérieure droite et en une artère rectale supérieure gauche. L'artère rectale supérieure droite est plus importante. La vascularisation du rectum est également assuré par l'artère rectale moyenne (collatérale de l'artère iliaque interne) et par l'artère rectale inférieure (collatérale de l'artère pudendale). Si l'artère mésentérique inférieure subit une oblitération, on aura une vascularisation de la partie basse du rectum grâce aux artères rectales moyenne et inférieure. Et on aura une vascularisation du colon transverse et du colon gauche provenant de l'artère mésentérique supérieure grâce aux anastomoses avec les collatérales de l'artère mésentérique inférieure. La partie non vascularisée sera une zone centrée sur le colon sigmoïde, qui s'étendra sur 30 à 40 cm et jusqu'à un mètre selon la gravité. On aura alors des douleurs de type colique ischémique. 10/10