Service médias Francesca Heiniger CH 3010 Berne Téléphone 031 632 05 81 Fax 031 632 96 15 [email protected] Communiqué aux médias Berne, le 17 avril 2008 Patients âgés et soins intensifs – pas de solutions forfaitaires Dans de nombreux services des soins intensifs de Suisse, la proportion de patients âgés et très âgés a nettement augmenté ces dernières années. Cette tendance étant amenée à se poursuivre, les soins intensifs veulent se préparer à cette nouvelle tâche. Tel est le résumé du symposium de la Société Suisse de Médecine Intensive (SSMI). Le symposium SSMI organisé le 9 avril à l'Hôpital de l'Ile (hôpital universitaire de Berne) était consacré au thème « Patients âgés et soins intensifs – un enjeu de Société ». Quelle médecine pour le patient âgé avec des soins intensifs déjà coûteux ? Il n'y a pas de réponse uniforme à cette difficile question. On évalue au cas par cas le potentiel d'amélioration offert par un traitement ou une intervention. Seuls 5 % des patients ont signé une disposition de fin de vie « Le souhait du patient doit par ailleurs être pris en compte », a souligné Margrit Kessler, Présidente de l'OSP Protection des patients. Elle reçoit de nombreux échos de patients se plaignant d'un excès de soins, alors que pratiquement aucun ne déplore un manque de soins. Ceci étant, seuls 5% environ des patients ont signé une disposition de fin de vie. Etant donné qu'en situation aiguë, les patients ne sont souvent plus capables de décider euxmêmes, chacun de nous devrait réfléchir, tant que sa santé lui permet de le faire « tranquillement » et « normalement », au traitement qu'il souhaiterait en cas d'accident ou de maladie grave. L'allongement de l’espérance de vie – qui augmentera encore de trois à cinq ans d'ici 30 ans – et le recours à la médecine moderne font que les gens sont malades plus tard. La proportion des patients de plus de 70 ans à la Clinique de Médecine Intensive de l'Hôpital de l'Ile est passée d'environ 20 % en 1980 à plus de 35 % en 2007, et celle des personnes âgées entre 80 et 90 ans a augmenté de 5 à 12 % entre 1997 et 2007. Les coûts de la santé augmentent avec l'âge. « Les coûts des soins médicaux en fin de vie sont toutefois beaucoup plus élevés pour les personnes d'âge moyen que pour les personnes âgées, parce que les jeunes patients sont souvent prêts à faire beaucoup plus pour reporter le moment de leur décès que 2 ne le sont les patients plus âgés », a expliqué le Dr Reto Guetg, médecinconseil chez Santésuisse. Le Professeur Jean-Claude Chevrolet, médecin-chef des soins intensifs aux Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG), a expliqué que les personnes de moins de 80 ans ont un pronostic comparable à celui des patients plus jeunes qui sont hospitalisés pour des maladies similaires. Ce n'est qu'au-delà de 85 ans que, quelle que soit leur maladie, les patients ont un pronostic moins bon du fait de leur âge. Mais selon le Professeur Stephan Marsch, médecin-chef de la Clinique de Médecine Intensive de l'Hôpital Universitaire de Bâle, l'âge n'est pas un critère satisfaisant pour toutes les décisions importantes qui sont prises dans le service des soins intensifs. « Les gens ne meurent pas parce qu'ils sont âgés, mais parce qu'ils sont malades ». Les spécialistes sont unanimes : la pression des coûts s'est renforcée dans le système de santé. « Mais les patients âgés n'ont pas à être les victimes de rationnements », a souligné le Professeur Alberto Bondolfi, éthicien de Lausanne. Le fossé entre ce qui est souhaitable et réalisable Selon le Dr Peter Indra, Vice-Président de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), en 2030, on pourrait économiser 2 milliards de francs par an en Suisse si les patients âgés commençaient à nécessiter des soins un an plus tard. Aussi, il est important qu'une médecine moderne contribue à offrir également aux personnes âgées une grande qualité de vie et une certaine autonomie plus longtemps. Cependant, il y a toujours un fossé entre ce qui est souhaitable et réalisable dans le système de santé. Une réévaluation régulière à la lumière de l'évolution médicale, technique, économique, épidémiologique et démographique est nécessaire. Le Dr Guetg a souligné que c'est au payeur de faire pression et d'exiger une amélioration de l'efficience avec les moyens existants. Il a parlé de la « rançon du succès », dans le sens où certaines maladies peuvent aujourd'hui être repoussées grâce à des traitements et des interventions modernes, mais qui fait que peut-être plus tard, le patient vieillissant souffrira d'une toute autre maladie - ce qui engendre des coûts supplémentaires là aussi. Santésuisse s'engage pour qu'une amélioration de la rationalisation permette d'éviter le problème du rationnement non éthique, ou du moins, de le repousser. Le professeur en gériatrie Andreas Stuck a ajouté que les mesures visant à préserver et améliorer la qualité étaient importantes. Ainsi, un grand nombre d'hôpitaux manquent par exemple d'offres adéquates pour la réadaptation gériatrique telle que requise par les patients après un traitement aux soins www.insel.ch 3 intensifs. De telles offres permettraient de réduire d'environ un tiers les placements en home. Une formation gériatrique conséquente des médecins et du personnel soignant, ainsi que des systèmes d'incitation financière pour les hôpitaux qui consistent à mesurer non seulement les coûts, mais aussi la qualité du traitement, font également partie de la qualité. Autres renseignements pour les journalistes : - PD Dr med. Hans-Ulrich Rothen, médecin en chef de la Clinique de Médecine Intensive à l'Hôpital de l'Ile, Président SGI-SSMI, tél. 031 632 11 76 - Dr med. Philippe Eckert, Directeur des soins médicaux, Centre hospitalier du centre du Valais, Past-Président SGI-SSMI 1951 Sion, tél. 027 603 44 80 www.insel.ch