L.A. 4 Les Misérables « Le fontis », V, III, 6, l. 28

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L.A. 4
Les Misérables
« Le fontis », V, III, 6, l. 28-80 (livre pp. 234-236)
De « Jean Valjean sentit le pavé » à « … l’âme pleine d’une étrange clarté »
Introduction
A. Les Misérables, 1862, Victor Hugo (1802-1885) ; œuvre « patrimoniale », monument de la
littérature française : tout le monde connaît de nom Valjean, Cosette, Fantine.
Rédaction débutée en 1845 jusqu’en 1848, doit s’exiler en 1851 ; il reprend l’écriture des
Misérables en 1861, en exil, sur l’île de Guernesey.
Hugo, homme politique, dramaturge, poète et écrivain engagé. Il a visité les caves de Lille
pour se rendre compte des conditions des ouvriers et prononcé à l’Assemblée Nationale un
discours « Sur la misère » le 9 juillet 1849
B. Marius, amant de Cosette, a été blessé sur les barricades. Jean Valjean, malgré les risques,
décide d’aller sauver son rival. Pour ce faire Valjean va porter Marius sur son dos en passant
par les égouts > sacrifice de Valjean
Intérêt : A travers un épisode épique, dans quelles mesures Jean Valjean prend-il une
dimension christique ?
C. Plan :
I.
II.
III.
I.
Un moment critique
La quête héroïque
Un personnage christique
Un moment critique
A. Structure du passage
Enlisement / Découverte du point d’appui / Sauvetage / Actions de grâces
- § 1 (l. 28-45) :
Récit de la première phase de l’obstacle, avec alternance du passé simple (« sentit le
pavé » l. 28, « il entra » l. 29, « Jean Valjean avança » l. 32, « Jean Valjean continua » l.
43) : actions et sensations de Valjean, et de l’imparfait (« C’était de l’eau », l. 29, « ses
pieds plongeaient », l. 35, « il marchait », l. 36, « la vase lui venait », l. 38, « il enfonçait »,
l. 40), permettant d’allonger le temps et d’accentuer la difficulté.
- § 2 (l. 46-53) :
Description à l’imparfait de la situation critique de Valjean, en passe d’être englouti ;
l’imparfait permet de renforcer l’impression d’enlisement
- § 3 (l. 54-61)
-
-
Passé simple (« il renversa », l. 54, « il fit », l.58, « lança son pied », l. 59) pour dire la
réaction de Valjean face à l’obstacle ; le suspense est relancé par un élément providentiel
inespéré, le point d’appui.
§ 4 (l. 62-64) :
Idem avec un effet d’accélération dû à la brièveté du paragraphe
§ 5 (l. 65-73) :
Pause dans l’action par une description du point d’appui ; se termine par la victoire de
Jean Valjean
§ 6 et 7 (l. 74-80) :
Actions de grâces de Jean Valjean, au passé simple
B. Les sensations
Grande concentration de champs lexicaux (certains verbes sont répétés à plusieurs reprises)
afin de contribuer à la tension dramatique
- Champ lexical de la sensation et du jugement :
« Jean Valjean sentit », l. 28, « il se sentait sombrer », l. 46, « il apercevait », l. 57, « Il
trouva », l. 75, « frissonnant », l. 78, « ruisselant », l. 79
- Champ lexical de la marche :
« Il entra », l. 29, « Jean Valjean avança », l. 32, « il avançait », l. 34, « Il marchait », l. 36,
« Il ne pouvait déjà plus reculer », l. 39-40, « Jean Valjean continua d’avancer », l. 43-44,
« il avançait », l. 50, « lança son pied en avant », l. 59, « Jean Valjean remonta », l. 72,
« arriva », l. 73
- Champ lexical de l’enlisement, de la chute :
« il enfonçait », l. 40, « il enfonçait », l. 51, « il enfonça encore », l. 54, « tomba sur les
genoux », l. 75
- Champ lexical de la contorsion et de l’effort :
« exhaussant de ses deux bras Marius », l. 37, « soutenant ce mourant », l. 44, « il
soulevait toujours Marius », l. 49, « il renversa sa face », l. 54, « il fit un effort
désespéré », l. 58-59, « Il se dressa et se tordit et s’enracina avec une sorte de furie », l.
62, « Il se redressa », l. 78, « ce mourant qu’il traînait », l. 79
C. Simplicité du style
Le style reste dans une grande simplicité pour une émotion maximale ; les moyens
stylistiques sont peu visibles et d’autant plus efficaces :
1) Des phrases courtes :
 « Il entra dans cette fange », l. 28-29 : Sujet + Verbe + CCL
 « Jean Valjean avança », l. 32 : Sujet + Verbe
2) Anaphore du « il »
3) Asyndètes (Absence de mots de liaison entre les propositions) / Construction par
juxtaposition : cela permet une accélération du rythme et de pouvoir mimer l’effet
d’essoufflement et d’angoisse du héros
II. La quête héroïque
A. Les lignes de force
-
Horizontalité : cf. lexique de la marche (I. B)
Verticalité : cf. lexique de l’enlisement (I. A.) +
 « à la surface / au fond » (l. 29-30)
 « plongeaient » (l. 35)
 « jusqu’à mi-jambe »/ « plus haut que les genoux » (l. 35-36)
 « exhaussant de ses deux bras […] au-dessus de l’eau » (l. 37-38)
 « aux jarrets […] à la ceinture » (l. 38-39)
 « profondeur » (l. 47)
 « ses deux bras élevant Marius » (l. 52)
 « au-dessus de lui » (l. 57)
 « escalier remontant » (l. 64)
Les postures les plus symboliques sont les bras levés de Jean Valjean pour tenir Marius hors
de l’eau, et sa chute à genoux en position d’action de grâce
B. L’instinct de survie
Le destin (ou le hasard fort romanesque !) vient au secours de Jean Valjean à un moment
désespéré, en lui fournissant un point d’appui au moment où il risquait d’être englouti
Cependant la détermination et la force surhumaine sont indiquées par certaines
expressions : « il fallait bien » (l. 30), « le plus qu’il pouvait » (l. 37-38), « « dépense de force
inouïe » (l. 50), « un effort désespéré » (l. 59), « avec une sorte de furie » (l. 62-63)
A l’instar de certains autres épisodes (le sauvetage du père Fauchelevent), Jean Valjean a
témoigné d’une force surhumaine.
C. La dernière phrase
La dernière phrase est un hymne au courage de Jean Valjean, qui évoque plutôt son humilité
et ses souffrances.
Les cinq appositions : « frissonnant, glacé, infect, courbé sous ce mourant qu’il traînait, tout
ruisselant de fange, l’âme pleine d’une étrange clarté. » (l. 78-79) (3 adjectifs + 3 groupes
développés
La construction évoque la solennité et mime l’élévation de l’âme de Jean Valjean
III. Un personnage christique
A. « La mise au tombeau »
Jean Valjean porte Marius comme le Christ porte sa croix (La Passion du Christ/La Via
Dolorosa/les Quatorze stations du Christ). Par cette action héroïque, il rachète ses péchés
anciens, comme Jésus rachète les péchés des hommes.
Les égouts sont le lieu de l’élimination des déchets, comme le tombeau est le lieu de
l’élimination du cadavre.
B. A genoux
Cette position est hautement symbolique : c’est la position de la prière, de l’humilité, de la
grâce.
Jean Valjean est déjà tombé à trois reprises à genoux :
o Lors de l’épisode de Petit-Gervais lorsque jean Valjean
s’est rendu compte qu’il ne retrouverait pas l’enfant (p.
61, l. 169-171)
o Un homme voit à trois heures du matin un homme à
genoux devant la porte de Monseigneur Myriel (p. 62, l.
193-199)
o Il se met à genoux pour sauver le Père Fauchelevent (p.
79, l. 43-45)
C. La lumière divine
La boue = la fange = les péchés de Jean Valjean = le mal universel
Jean Valjean est recouvert de boue et vient de sauver son rival, il atteint la sainteté.
Cette sainteté est symbolisée par l’ « étrange clarté » (l. 80)
Jean Valjean est arrivé au terme de son parcours spirituel, il est passé de l’ombre (repérer la
thématique de la nuit dans tout le début du roman) à la lumière
Conclusion
1. Passage dramatique (action)
2. Passage épique : lutte de Jean Valjean
3. Passage à la symbolique religieuse : le héros prend une dimension christique
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