ROYAUME DU MAROC ECOLE DES SCIENCES DE L’INFORMATION RABAT La pratique du Knowledge Management au sein du Ministère des Finances et de la Privatisation à travers les projets de modernisation Cas des projets transverses gérés par la Direction des Affaires Administratives et Générales Mémoire présenté pour l’obtention du diplôme d’Informatiste Spécialisé Par : Mme Hanane BOURHIME Jury de la soutenance : Dr. Nouzha IBN LKHAYAT, enseignante à l’ESI : Présidente Mme Mouna BENSLIMANE, enseignante à l’ESI : Membre M. Brahim RHARIB, Adjoint au Directeur des Affaires Administratives et Générales M. Abdenbi EL FARH, enseignante à l’ESI : Invité : Directeur du mémoire Décembre 2005 Remerciements Ce travail est le fruit d’une passion pour les Sciences de l’Information, qui perdurent dans la noble mission de transmettre le savoir. Je tiens dans ce sens, à remercier les Enseignants de l’Ecole des Sciences de l’Information, qui ont nourri en moi cette ferveur. Qu’ils trouvent ici l’expression de toute ma reconnaissance. M. Abdenbi EL FARH, en particulier mérite toute ma gratitude pour avoir cru en ce travail, alors qu’il était encore embryonnaire, et pour l’avoir dirigé, avec rigueur et patience. Je remercie également les membres du jury, pour avoir accepté d’apprécier ce travail. Mes sincères remerciement doivent aller à M. Brahim RHARIB, Adjoint au Directeur des Affaires Administratives et Générales, au Ministère des Finances et de la Privatisation, pour avoir appuyé ce projet dès le début. Je remercie également tous les responsables et cadres de la DAAG, et particulièrement ceux de la DCI, pour leur collaboration, et pour avoir mis à ma disposition l’information et la documentation nécessaires à la réalisation de cette recherche. Mes remerciements vont également à tous ceux dont l’aide et le soutien m’ont été précieux au cours de ce travail, une pensée particulière à mon époux, M. Thami EL Maaroufi ainsi qu’à mes amies Mmes Rabha Mounassib, Bouchra Achiri et Hikmate Belkasmioui. Enfin, je remercie tous ceux qui ont contribué, de près ou de loin, à l’aboutissement de cette recherche. 2 Résumé La présente recherche a pour objectif d’étudier dans quelle mesure les projets de modernisation transverses, inscrits au Plan d’Action Stratégique 2003 de la Direction des Affaires Administratives et Générales (DAAG), permettent d’initier des pratiques de gestion des connaissances, au sein du Ministère des Finances et de la Privatisation. A cet effet, vingt projets ont été étudiés en recourant notamment à quatre critères d’analyse, définis à la lumière de la revue de littérature sur le concept « Knowledge Management ». Il s’agit des critères suivants : 1- Les éléments du Capital Intellectuel, à savoir : Le capital humain, le capital processus et le capital environnement ; 2- Les processus de gestion des connaissances : Création, capitalisation et transfert ; 3- Les modes de conversion des connaissances : Combinaison, intériorisation, extériorisation et socialisation ; 4- Les types de connaissances : Sur le système, au sein du système. La collecte des données relatives aux projets s’est basée d’une part, sur l’étude des documents relatifs aux projets étudiés et d’autre part, sur une enquête par interview qui a ciblé les chefs des projets en question. Ainsi, la catégorisation des projets suivant le premier critère a permis de constater que les projets appartenant au capital processus sont les plus dominants, représentant 55% de l’ensemble des projets. Ils permettent de mettre en œuvre les trois processus de gestion des connaissances : création (27%), capitalisation (27%) et transfert du savoir (46%), ce qui témoigne d’une importante activité de production et de gestion de l’information au sein du département. Concernant la conversion des connaissances au sein du capital processus, la combinaison des savoirs reste la plus dominante (73%), à côté de l’extériorisation (27%), ce qui témoigne d’une forte activité de traitement de l’information. Cependant, l’absence au sein du capital processus, de projets permettant l’intériorisation du savoir (du savoir explicite au savoir tacite), signale le risque de submersion de l’organisation par des informations peu traitées et mal assimilées par le personnel (information overload)1. 1 NONAKA, I., TAKEUCHI, H. The Knowledge-Creating Company. How Japanese Companies Create the Dynamics of Innovation, New York, Oxford University Press, 1995. p.8 3 Ce problème pourrait être évité par le lancement d’actions visant d’une part, l’optimisation des outils de traitement de l’information, telles que les moteurs de recherche sur Intranet et les catalogues de publications, et d’autre part, l’intégration des connaissances explicites dans les pratiques de l’organisation, à travers par exemple, la discussion de rapports d’activité, la mise en application des études, et la réalisation participative des chartes. Les projets appartenant au capital humain représentent 30% de l’ensemble des projets étudiés. On note à ce niveau, le développement remarquable à la fois, des actions de transfert des connaissances, à hauteur de 67% (à travers publications, sites web et formation à distance) et de capitalisation du savoir (33%), à travers notamment la mise en place d’une Gestion Prévisionnelle des Ressources Humains. Des efforts restent à déployer afin de promouvoir la création et le partage de connaissances et ce, par l’initiation de changements aussi bien culturels que managériaux. En outre, la conversion des connaissances au niveau du capital humain reste assez développée. En effet, 33% des projets étudiés initient chacune des activités de combinaison, d’intériorisation et d’extériorisation des connaissances, ce qui témoignerait d’une prise de conscience de l’élément humain au sein du Ministère. Les projets relatifs au capital environnement représentent 15% de l’ensemble des projets objets de l’étude, et permettent essentiellement la création (67%) et le transfert des connaissances (33%). L’absence de capitalisation du savoir provenant de l’environnement interpelle par ailleurs, la conduite d’une étude globale des partenaires du Ministère et des points de contacts existants au sein du département. Une telle étude permettrait de cerner les sources externes de savoir et d’identifier les outils déjà créés au sein du Ministère, de les enrichir par les appréciations objectives et subjectives du personnel (ex. Efficacité et réactivité d’un fournisseur, position d’un journal, historique des décisions d’une Organisation Internationale...) et de constituer une documentation sur les partenaires les plus sollicités (organisations internationales, Bureaux d’études, Ministères des Finances étrangers…), de façon à appuyer la prise de décision et servir de fond de dossier pour les départs en mission. En outre, de nouveaux partenariats, notamment avec les entreprises et les universités, seraient à même d’assurer au Ministère de nouvelles sources de connaissances. 4 Concernant la conversion des connaissances, la totalité des projets relatifs au capital environnement favorisent une extériorisation du savoir. Ce qui témoigne d’une volonté de cerner l’environnement du département, et de maîtriser les relations avec les partenaires et les usagers. Cependant, les autres modes de conversion restent à développer, en l’occurrence, la combinaison des connaissances, qui revient à utiliser les données collectées de l’extérieur pour produire de nouvelles connaissances, à travers l’exploitation des données statistiques, des mémoires et des rapports de missions par exemple, et l’intériorisation des connaissances, qui consiste à assimiler les signaux provenant de l’extérieur, et à les intégrer dans les pratiques organisationnelles (méthodes de travail, meilleures pratiques, expériences…). Enfin, la socialisation du savoir, qui résulte de l’interaction de savoirs tacites (apprentissage sur le tas, échange interpersonnel d’expériences…) , reste absente des projets étudiés, en raison notamment de son caractère informel. L’initiation de communautés de pratiques serait à même de remédier à cette lacune. Au niveau du dernier critère, les projets étudiés favorisent essentiellement des connaissances « sur le système », décrivant et accompagnant le déroulement des processus du Ministère (publication, guides, enquête…). Ce constat pourrait trouver justification dans la nature transverse des projets en question. Il est toutefois recommandé d’étudier les besoins communs aux différentes directions, traitant les aspects métiers et pouvant faire l’objet de projets transverses. Par ailleurs, l’intégration de toutes ces mesures dans un cadre global de gestion des connaissances, permettrait de canaliser les efforts et d’offrir au Ministère une vision intégrée de ses actions. Ainsi, une analyse des forces, des faiblesses, des opportunités et des menaces des environnements interne et externe du Ministère des Finances et de la Privatisation, ainsi que ceux de la DAAG, a été réalisée en vue de proposer les grandes lignes d’une stratégie de gestion des connaissances pour le Ministère. Ensuite, les éléments de cette stratégie ont été présentés selon les dimensions du modèle « Learning Mix », dont les auteurs nous ont confirmé, l’applicabilité à l’administration publique. En outre, ce modèle offre une couverture intégrale des fonctions culturelle, stratégique, organisationnelle et technologique de l’organisation. 5 Au niveau de la dimension culturelle, il est nécessaire de favoriser le développement au sein du Ministère d’une vision autour de la gestion des connaissances, d’obtenir l’adhésion du Management et de démontrer les apports du KM à l’ensemble du personnel. Le développement d’un climat de confiance et de communication, ainsi que la mise en place d’un système de motivation lié au partage du savoir, seraient en faveur d’une nouvelle culture ouverte à la gestion des connaissances. La dimension stratégique concerne de son côté, la définition des objectifs de la stratégie par rapport aux orientations stratégiques de l’organisation, et le choix du type de stratégie à déployer, ainsi que l’usage qui sera fait des ressources intellectuelles de l’organisation. Dans ce sens, une cartographie des savoirs est proposée, incluant d’une part l’identification des savoirs clé et des écarts en matière de savoir, ainsi que la localisation des experts et d’autre part, le repérage des contenus inexploités en vue d’une optimisation de leur usage. Au niveau de la dimension organisationnelle, la création au sein de la DAAG d’une entité centrale pour la gestion des connaissances permettra d’agir transversalement, et de fédérer les efforts déployés au niveau des équipes chargées de la gestion des connaissances au sein des directions du département. Encadrées chacune par un Knowledge Manager, ces équipe puisent leurs ressources humaines au sein des comités déjà existants (comité de formation, comité Internet/Intranet…). Ils se chargent de sensibiliser le personnel, de cartographier le savoir au sein de leurs directions, et de remonter à l’Unité de Gestion des Connaissances (UGC) les outils crées et les actions entreprises, en vue d’une centralisation et d’un accès partagé pour tout le Ministère. En outre, des mesures organisationnelles favorisant la création et le partage des connaissances s’imposent, dont essentiellement l’organisation des équipes en mode projet et l’initiation de communautés de pratiques. Enfin, la dimension technologique appelle plus à une focalisation sur les besoins du personnel et des usagers, qu’à des investissements supplémentaires en technologies. L’exploitation et la capitalisation des contenus informationnels existants, ainsi que l’amélioration des systèmes de gestion de l’information, constituent les préalables à un système global de gestion des connaissances au sein du Ministère. 6 Abstract In the framework of its strategic plan, the department of Administrative and General Affairs has launched a set of projects for the Ministry of Finance, which could be considered as Knowledge Management (KM) Initiatives. Twenty projects were chosen for this research in order to find out the extent to which those projects meet effectively the knowledge management concept. The chosen research methodology consists of a deep analysis of existing projects documents and executive interviews with projects’ team leaders. For this purpose, four criteria were defined from the KM principles: 1. Intellectual capital elements (Human, Structural and environment capitals), 2. KM processes (creation, capitalization and transfer), 3. knowledge conversion (combination, internalization, externalization, socialization) and 4. “On Vs About” knowledge. First, the study reveals that 55 % of the projects belong to the structural capital, where the knowledge creation represents (27%), capitalization (27%) and transfer (46%), which shows an important knowledge activity in the area of structural capital. The importance of the combination (73%) and externalization activities in the structural capital attests of the importance of knowledge codification activities such guides and directories conception. However, the lack of knowledge internalization in this area represents a challenge for controlling the flow of information (risk of information overload). Many actions were proposed such as organizing workshops for reports discussions, studies deployment and best practices sharing. Second, 30% of the studied projects belong to the Human capital, with an important development of transfer initiatives (45%). More efforts are required to foster knowledge creation and sharing, by adopting cultural and managerial measures. The equal importance (33%) of the four knowledge conversion areas shows also, a particular care of the human capital in the Ministry of finance. The environment capital counts 15% of the studied projects. The main lack observed is related to capitalizing environmental knowledge, which requires a global 7 study about the Ministry partners together, with a collect of the main information resources available in this field. In addition to this, all the studied projects in the environment capital, initiate externalization actions, with essentially codification initiatives, such as user’s surveys and media relations. The combination activities have to be developed by enhancing the use of the collected knowledge, the internalization would be allowed by assimilating and adopting external knowledge such as new working methods and best practices. 95% of the analysed projects work on “about system” knowledge, which is knowledge that describes and follows the main organization activity. A needs study would led to find out the specific needs focused on the Ministry department matters. Then, a SWOT analysis of both the Ministry and the Department of Administrative and General Affaires revealed the Strengths and Weaknesses and Opportunities and Threats to consider for a KM strategy development. Finally, the model of “Learning Mix” was adopted as a model that covers all the aspects of cultural, strategic, organizational and technologic dimensions. On the cultural level, the top-management adhesion and a global vision about KM have to be developed among the Ministry, with a high level of confidence toward knowledge sharing. Also, developing a knowledge sharing culture requires setting an incentives and rewards system based on knowledge contribution. In the strategic dimension, the strategy objectives have to be stated in relation with the global strategy of the Ministry, allowing a choice between a codification Vs personalisation strategy. A knowledge mapping is also proposed in order to identify strategic knowledge and knowledge gaps, and to locate experts. On the other hand, it will allow a mapping of unexploited repositories and a foster of their use. On the organizational level, a Knowledge Management Central Unit, to be located in the Department of Administrative and General Affairs, will act horizontally with the KM units at the different departments of the Ministry These units would be composed of Knowledge managers as chief officers and executive comity members as staff (Intranet/Internet comity, Training comity…). The main mission would be related to KM Marketing and communication, knowledge mapping, and knowledge tools sharing. 8 Organizational initiatives such as developing communities of practices and project teams have to be launched to foster knowledge creation and sharing. The technology dimension concerns focusing on the real needs rather than developing information technology investments. The existent information and knowledge repositories have to be optimised, in order to prepare the improvement of the Ministry knowledge system. 9 Liste les sigles et abréviations AO Apprentissage Organisationnel APQC American Productivity and Quality Center CCV Catalogue Collectif Virtuel CED Contrôle des Engagements et Dépenses CI Capital Intellectuel DAAG Direction des Affaires Administratives et Générales DCI Division de la Communication et de l’Information DOP Division de l’Organisation et de la Programmation DSI Diffusion Sélective de l’Information GED Gestion Electronique des Documents GID Gestion Intégrée de la Dépense GISRH Système intégré de gestion des ressources humaines GPEC Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences IGF Inspection Générale des Finances KM Knowledge Management KMMM Knowledge Management Maturity Model LOG Lettre d’Orientations Générales MFP Ministère des Finances et de la Privatisation NOG Note d’Orientations Générales OCDE Organisation de Coopération et de Développement Economiques PAS Plan d’Action Stratégique RH Ressources Humaines SIGBC Système Intégré de Gestion Budgétaire et Comptable SWOT Strengths, Weaknesses, Opportunities and Threats TGR Trésorerie Générale du Royaume TIC Technologies de l’Information et de la Communication UGC Unité de Gestion des Connaissances 10 Liste des Tableaux Tableau n° 1 : Matrice des types/objectifs de la gestion des connaissances................…………….…..p. 75 Tableau n° 2 : Caractéristiques de l’Entreprise classique et de l’Entreprise apprenante…………......p. 80 Tableau n° 3 : Tableau récapitulatif des principales technologies KM en relation avec les modes de conversion des connaissances. …………………………………………….p. 82 Tableau n° 4 : Les apports de la gestion des connaissances aux secteurs public et privé………….....p. 100 Tableau n° 5 : Exemples de programmes de gestion du savoir……………………………………........p. 115 Tableau n° 6 : Répartition des projets inscrits au PAS 2003 de la DAAG par Division…………..…..p. 148 Tableau n° 7 : Répartition des projets suivant les éléments du Capital Intellectuel……………..…....p. 161 Tableau n° 8 : Répartition des projets suivant les processus de gestion des connaissances.................p. 171 Tableau n° 9 : Répartition des projets suivant la correspondance entre Capital Intellectuel et processus KM…………………………………………….………………..p. 177 Tableau n° 10 : Répartition des projets suivant les modes de conversion des connaissances………..p. 186 Tableau n° 11 : Répartition des projets suivant les modes de conversion des connaissances au niveau de chaque élément du Capital Intellectuel………………………….………p. 194 Tableau n° 12 : Forces et faiblesses de l’environnement interne du MFP, à considérer en vue d’élaborer une stratégie de gestion des connaissances…………….……….….….……p. 212 Tableau n°13 : Opportunités et menaces de l’environnement externe du MFP, à considérer en vue d’élaborer une stratégie de gestion des connaissances…….…....p. 216 Tableau n° 14 : Exemple d’une fiche d’identification des savoirs clés…………………………….…….p. 227 Tableau n° 15 : Exemple d’une fiche d’identification des experts et des savoirs clés……………........p. 228 Tableau n° 16 : Exemple d’une fiche de repérage des contenus inexploités……………………..…..…p. 230 11 Liste des graphiques Graphique n°1 : Présentation des projets par fonction……………………………………….…….….p. 150 Graphique n°2 : Répartition des produits par type……………………………………………….…...p. 152 Graphique n°3 : Répartition des produits par type de support. ……………………………………..p. 153 Graphique n°4 : Répartition des produits suivant le type d’utilisateurs cibles…………….……….p. 153 Graphique n°5 : Répartition des produits suivant les catégories du personnel…………..…………p.154 Graphique n°6 : Répartition des produits suivant le type d’usage. ………………………….….…...p.155 Graphique n°7 : Répartition des produits suivant le mode de diffusion. …………………….…..…p.156 Graphique n°8 : Répartition des projets suivant le type de Capital Intellectuel……………..….…...p.163 Graphique n°9 : Répartition des projets suivant les éléments du Processus de gestion des connaissances…………………………………………………………..……..…p.172 Graphique n°10 : Répartition des projets suivant la correspondance entre Capital Intellectuel et processus KM…………………………………………………………….p.177 Graphique n° 11 : Processus de gestion des connaissances au niveau du capital humain……………p.178 Graphique n°12 : Processus de gestion des connaissances au niveau du capital processus…………p.181 Graphique n° 13 : Processus de gestion des connaissances au niveau du capital environnement. ….p.182 Graphique n°14 : Répartition des projets suivant les modes de conversion des connaissances……..p.187 Graphique n°15 : Répartition des projets suivant le type de connaissances (au sein du système/sur le système)………………………………………………..... p.191 Graphique n° 16 : Modes de conversions des connaissances au niveau de chaque élément du Capital Intellectuel…………………………………………………………p.195 12 Liste des Figures Figure n° 1 : Les quatre modes de conversion des connaissances………………………………p. 59 Figure n° 2 : Processus de capitalisation des connaissances……………………………………..p. 64 Figure n° 3 : Correspondance entre les processus de gestion des connaissances présentés par S. Duizabo et N. Guillaume et ceux avancés par J.-P.Barthès……………….p. 65 Figure n° 4 : Le modèle KMMM de Siemens……………………………………………………...p. 87 Figure n° 5 : Les étapes d’un audit du savoir……………………………………………………...p. 92 Figure n° 6 : Enchaînement des activités constructives (building blocks) relatives à la mise en place d’un projet KM…………………………………………………p. 94 Figure n° 7 : Feuille de route pour la gestion des connaissances………………………………..p. 96 Figure n° 8 : Les dimensions du modèle « Learning Mix »………………..…………..……….p. 97 Figure n° 9 : Enquête de l’OCDE, Regroupement par pays……………………………….……..p. 107 Figure n° 10 : Schéma conceptuel du développement du contenu du projet gestion des connaissances au Ministère de la Santé au Maroc………………………………..p. 114 Figure n° 11 : Processus de la Programmation Stratégique. ……………………………………...p. 146 Figure n° 12 : Combinaison des critères adoptés pour l’analyse des projets…………………… p. 160 Figure n° 13 : Les trois composantes à prendre en considération pour la mise en place d’une stratégie KM……………………………………………………………….…..p.207 Figure n° 14 : Eléments de la stratégie de gestion des connaissances suivant le Modèle Learning Mix …………………………………………………………………………p. 222 Figure n° 15 : Missions de l’UGC au sein du Ministère…………………………………………….p. 233 Figure n°16 : Constitution des équipes KM au sein des directions du Ministère………….……p. 236 Figure n° 17 : Organisation de la fonction KM au sein du Ministère……………………….…….p. 238 Figure n° 18 : Présentation du système de gestion des connaissances proposé pour le Ministère des Finances et de la Privatisation……………………………………..p. 240 13 TABLE DES MATIERES Dédicace………………………………………………………………………… Remerciements…………………………………………………………………. Résumé en Français………………………………………………… Résumé en Anglais…………………………………………………………… Résumé en Arabe……………………………………………………………… Liste des tableaux……………………………………………………………….. Liste des Graphiques .........………………………………………………………… Liste des Figures …………………..……………………………………………… INTRODUCTION GENERALE 18 PARTIE 1 : CADRE CONTEXTUEL, THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE DE L’ETUDE 22 CHAPITRE 1 : CONTEXTE DE LA RECHERCHE 23 1-1 ENVIRONNEMENT DE L’ADMINISTRATION PUBLIQUE 1-1-1 L’ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL 23 23 1-1-1-1 Société du savoir et économie apprenante 1-1-1-2 L’Administration publique et les défis de la société du savoir 1-1-1-3 Les nouvelles orientations de l’administration publique. 1-1-2 L’ENVIRONNEMENT NATIONAL 23 27 29 30 1-1-2-1 L’Administration publique marocaine et les nouveaux enjeux de la modernisation 1-1-2-2 La réforme de l’administration publique marocaine 30 32 1-2 LE MINISTERE DES FINANCES ET DE LA PRIVATISATION. 1-2-1 PRESENTATION DU MINISTERE DES FINANCES ET DE LA PRIVATISATION 1-2-1-1 La modernisation du Ministère et la programmation stratégique 1-2-2 PRESENTATION DE LA DIRECTION DES AFFAIRES ADMINISTRATIVES ET GENERALES (DAAG) 40 40 40 42 1-2-2-1 Les attributions de la DAAG 1-2-2-2 Le rôle de la DAAG dans la gestion transverse des ressources du Ministère 42 43 CHAPITRE II : REVUE DE LA LITTERATURE 45 2-1 L’EMERGENCE DU KNOWLEDGE MANAGEMENT 2-1-1 EVOLUTION HISTORIQUE 2-1-2 EVOLUTION ORGANISATIONNELLE 2-1-3 EVOLUTION EPISTEMOLOGIQUE 2-1-4 UNE EVOLUTION DES SCIENCES DE L’INFORMATION ? 2-2 LES PRINCIPALES NOTIONS AUTOUR DU KNOWLEDGE MANAGEMENT 2-2-1 LE KNOWLEDGE MANAGEMENT 2-2-2 LA CONNAISSANCE 2-2-3 LE CAPITAL INTELLECTUEL (CI) 46 46 46 48 49 51 51 52 58 2-2-3-1 La gestion du Capital Intellectuel 2-2-3-2 Eléments du Capital Intellectuel 59 59 2-2-4 LES PROCESSUS ET LES PRATIQUES DE GESTION DES CONNAISSANCES 2-2-4-1 les processus de gestion des connaissances 2-2-4-2 les pratiques de gestion des connaissances 2-2-5 L’APPRENTISSAGE ORGANISATIONNEL ET LE TRAVAIL INTELLECTUEL 2-2-5-1 le travail intellecuel (knowledge work) 60 60 68 72 72 14 2-2-5-2 L’apprentissage organisationnel 2-2-5-3 L’organisation apprenante 73 76 2-3 L’USAGE DES NOUVELLES TECHNOLOGIES POUR LE KNOWLEDGE MANAGEMENT 2-4 LES PROFESSIONNELS DU KNOWLEDGE MANAGEMENT 2-5- LA STRATEGIE DE GESTION DES CONNAISSANCES DANS L’ORGANISATION. 2-5-1 LES MODELE DE MATURITE EN KNOWLEDGE MANAGEMENT 2-5-2 ORGANISATION DE LA FONCTION KM 2-5-3 DEVELOPPEMENT DE LA STRATEGIE KM 2-5-4 TYPOLOGIE DES STRATEGIES KM 2-5-5 LA MISE EN PLACE DE LA STRATEGIE KM 2-5-5-1 L’étude des besoins et l’analyse SWOT 2-5-5-2 Quelques modèles pour la mise en place de la stratégie KM 77 81 82 82 84 84 86 87 87 89 2-6 L’APPLICATION DU KM A LA GESTION PUBLIQUE 95 2-6-1 LES ENJEUX DE LA GESTION DU SAVOIR POUR LE SECTEUR PUBLIC 95 2-6-2 L’APPORT DE LA GESTION DES CONNAISSANCES A LA GESTION DES ORGANISATIONS DU SECTEUR PUBLIC. 96 2-6-3 LA MISE EN ŒUVRE DES STRATEGIES DE GESTION DES CONNAISSANCES AU NIVEAU DU SECTEUR PUBLIC 97 2-7 EXPERIENCES NATIONALES ET INTERNATIONALES 98 2-7-1 LES ENQUETES INTERNATIONALES 99 2-7-1-1 Enquête de l’OCDE sur les pratiques de gestion du savoir et des connaissances dans les administrations et services du gouvernement central des pays membres 2-7-1-2 KPMG's European Knowledge Management Survey 2002-2003 2-7-2 LES PROJETS NATIONAUX 99 104 106 2-7-2-1 La gestion du savoir au sein de la Fonction Publique du Canada 2-7-2-2 La gestion des connaissances au secteur public du Royaume Uni 2-7-2-3 La gestion des connaissances au Maroc : exemple du Ministère de la Santé 106 108 109 CHAPITRE III : METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE 115 3-1 PROBLEMATIQUE DE L’ETUDE 3-2 OBJECTIFS DE LA RECHERCHE 3-3 QUESTIONS DE RECHERCHE 3-4 DEFINITIONS OPERATIONNELLES 3-5 OBJET DE L’ETUDE ET POPULATION ETUDIEE 3-6 METHODES DE RECHERCHE 3-7 CONTRAINTES ET LIMITES DE LA RECHERCHE 3-8 VALEUR DE LA RECHERCHE : 115 118 118 119 122 122 123 124 PARTIE 2 : IDENTIFICATION D’ELEMENTS DE GESTION DES CONNAISSANCES DANS LES PROJETS DE MODERNISATION TRANSVERSES GERES PAR LA DAAG AU NIVEAU DU MINISTERE DES FINANCES ET DE LA PRIVATISATION 125 CHAPITRE 4 : PRESENTATION DES PROJETS OBJETS DE L’ETUDE 126 4-1 LES GRANDS CHANTIERS DE MODERNISATION DE LA DAAG 4-1-1 LE PREMIER CHANTIER : INSTAURATION D’UNE NOUVELLE CULTURE MANAGERIALE 126 127 4-1-1-1 Programmation stratégique 4-1-1-2 Gestion par projet 4-1-1-3 Gestion budgétaire axée sur le résultat, le principe de la contractualisation 4-1-1-4 Mise en place d’un système de pilotage 4-1-1-5 Mise en œuvre d’une démarche qualité 127 127 128 129 129 4-1-2-1 Elaboration et adoption de normes de gestion 131 4-1-2 LE SECOND CHANTIER : RATIONALISATION DE LA GESTION ET OPTIMISATION DE L’ORGANISATION 131 15 4-1-2-2 Elaboration du Manuel de procédures de la Direction des Affaires Administratives et Générales 131 4-1-2-3 La réingénierie des processus 132 4-1-2-4 La mise en place d’une Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences 132 4-1-3 LE TROISIEME CHANTIER : SYSTEMES D’INFORMATION ET COMMUNICATION 4-1-3-1 Systèmes intégrés de gestion des ressources 4-1-3-2 La communication 4-1-4 LE QUATRIEME CHANTIER : LA FORMATION CONTINUE 4-2 PRESENTATION DES PROJETS ETUDIES 4-2-1 RAPPEL DU PROCESSUS DE LA PROGRAMMATION STRATEGIQUE 4-2-2 PRESENTATION DU PLAN D’ACTION STRATEGIQUE 2003 DE LA DAAG 4-2-3 DESCRIPTION DES PROJETS ETUDIES 4-3 PRESENTATION DES PRODUITS MIS EN ŒUVRE PAR LES PROJETS 4-3-2 REPARTITION DES PRODUITS PAR TYPE DE SUPPORT 4-3-3 REPARTITION DES PRODUITS PAR CATEGORIES D’UTILISATEURS CIBLES 4-3-4 REPARTITION DES PRODUITS SUIVANT LE TYPE D’USAGE 4-3-5 REPARTITION DES PRODUITS SUIVANT LE MODE DE DIFFUSION 133 134 136 141 143 143 144 146 148 149 150 152 152 CHAPITRE 5 : ANALYSE DES PROJETS DE MODERNISATION SUIVANT LE CONCEPT DE GESTION DES CONNAISSANCES 156 5-1 RAPPEL DES CRITERES ADOPTES POUR L’ETUDE DES PROJETS 156 5-2 ANALYSE DES PROJETS SUIVANT LES ELEMENTS DU CAPITAL INTELLECTUEL 158 5-2-1 RAPPEL THEORIQUE 158 5-2-2 AU NIVEAU DU CAPITAL HUMAIN 160 5-2-3 AU NIVEAU DU CAPITAL PROCESSUS 161 5-2-4 AU NIVEAU DU CAPITAL ENVIRONNEMENT 164 5-3 ETUDE DES PROJETS SUIVANT LES ELEMENTS DU PROCESSUS DE GESTION DES CONNAISSANCES 165 5-3-1 RAPPEL THEORIQUE 165 5-3-2 EN MATIERE DE CREATION DU SAVOIR 169 5-3-3 EN MATIERE DE CAPITALISATION DU SAVOIR 170 5-3-4 EN MATIERE DE TRANSFERT DU SAVOIR 171 5-4 COMBINAISONS DES DEUX CRITERES « CAPITAL INTELLECTUEL » ET « PROCESSUS DE GESTION DU SAVOIR » 173 5-4-1 AU NIVEAU DU CAPITAL HUMAIN 175 5-4-2 AU NIVEAU DU CAPITAL PROCESSUS 177 5-4-3 AU NIVEAU DU CAPITAL ENVIRONNEMENT 178 5-5 ANALYSE DES PROJETS SUIVANT LES MODES DE CONVERSION DE SAVOIRS TACITE/EXPLICITE 181 5-5-1 RAPPEL THEORIQUE 181 5-5-2 ANALYSE DES PROJETS SUIVANT LES MODES DE CONVERSION DES CONNAISSANCES 182 5-6 ANALYSE DES PROJETS SUIVANT LA TYPOLOGIE DES CONNAISSANCES « SUR LE SYSTEME / AU SEIN DU SYSTEME » 187 5-6-1 RAPPEL THEORIQUE 187 5-6-2 ANALYSE DES PROJETS SELON LA TYPOLOGIE DES CONNAISSANCES (SUR LE SYSTEME/AU SEIN DU SYSTEME) 187 5-7 COMBINAISONS DES CRITERES « CAPITAL INTELLECTUEL », « CONVERSION DU SAVOIR » ET « TYPE DE CONNAISSANCES » 190 5-8 CONCLUSION 194 5-9 RECOMMANDATION GENERALES 198 CHAPITRE 6 : 203 ELEMENTS D’UNE STRATEGIE DE GESTION DES CONNAISSANCES POUR LE MINISTERE DES FINANCES ET DE LA PRIVATISATION 203 16 6-1 ANALYSE DE L’ENVIRONNEMENT INTERNE ET EXTERNE DU MINISTERE (CLIENT DE LA STRATEGIE) 6-1-1 ANALYSE DE L’ENVIRONNEMENT INTERNE (FORCES ET FAIBLESSES) 6-1-1-1 La composante : Personnel « People » 6-1-1-2 La composante Organisation : « Processes » 6-1-1-3 La composante technologie : « Technology » 204 204 204 206 207 6-1-2 ANALYSE DE L’ENVIRONNEMENT EXTERNE (OPPORTUNITES ET MENACES) 210 6-1-2-1 Opportunités et menaces au niveau de l’administration publique 6-1-2-2 Opportunités et menaces au niveau des partenaires et usagers externes 210 211 6-2 ANALYSE DE L’ENVIRONNEMENT DE LA DAAG (PILOTE DE LA STRATEGIE) 6-2-1 ANALYSE DES FORCES ET FAIBLESSES DE L’ENVIRONNEMENT INTERNE DE LA DAAG 6-2-2 ANALYSE EXTERNE (OPPORTUNITES ET MENACES) 6-3 ELEMENT D’UNE STRATEGIE DE GESTION DES CONNAISSANCES POUR LE MFP. 6-3-1 EVALUATION DU NIVEAU DE MATURITE EN MATIERE DE GESTION DES CONNAISSANCES 6-3-2 ELEMENTS D’UNE STRATEGIE DE GESTION DES CONNAISSANCES SUIVANT LE MODELE DU « LEARNING MIX ». 6-3-2-1 Eléments en relation avec la dimension culturelle 6-3-2-2 Eléments en relation avec la dimension stratégique 6-3-2-3 Eléments en relation avec la dimension organisationnelle 6-3-2-4 Eléments en relation avec la dimension technologique CONCLUSION GENERALE BIBLIOGRAPHIE ET WEBOGRAPHIE GENERALES ANNEXES 216 216 216 218 218 218 219 221 228 237 242 249 254 17 INTRODUCTION GENERALE Les influences conjointes de la mondialisation des marchés, de la libéralisation de l’économie, et du développement des technologies de l’information et de la communication, ont engendré des transformations structurelles rapides des organisations, ainsi qu’une refonte importante des processus de prise de décision. La connaissance couplée à la compétence, sont alors de plus en plus considérées comme un capital immatériel, que les organisations doivent gérer et maîtriser, pour survivre et présenter un avantage concurrentiel durable. L’intérêt porté à la valeur du savoir remonte au début des années 1960. En effet, dès l’année 1959, Edith Penrose avait posé les jalons de « la théorie des ressources »2, selon laquelle la performance est plus liée à l’agencement des ressources, qu’à leur volume. L’organisation est ainsi vue non plus comme un suite d’activités, mais comme un ensemble de ressources, où la connaissance occupe une place centrale. Parallèlement à cette reconsidération organisationnelle de la valeur des connaissances, le monde scientifique assiste à un foisonnement d’écrits et d’événements sur la gestion des connaissances. Forums, conférences et congrès se tiennent partout dans le monde pour débattre du nouveau concept. Les grandes organisations internationales (Multinationales, ONG..) ont été les premières à initier la pratique du Knowledge Management en faisant ériger des réseaux d’échange d’expériences et de bonnes pratiques, réduisant ainsi les coûts induits par les erreurs et la déperdition d’expériences. En effet, une enquête menée par KPMG3 en 2002/2003 auprès des 500 plus grandes entreprises d’Europe a révélé que 80% des répondants estiment que le savoir est un avantage stratégique pour leurs organisations. 2 Y.Y, KOR, J.T, MAHONEY. Edith Penrose's (1959) Contributions to the Resource-based View of Strategic Management..Journal of Management Studies, Vol. 41, No. 1, p. 183-191, [en ligne]. January 2004 Disponible sur Internet http://ssrn.com/abstract=513209 Page visitée le 14/09/2005. KPMG. Knowledge Advisory Services. Insights from KPMG’s European Knowledge Management Survey, 2002/2003, [en ligne] 2003. Disponible sur Internet : http://www.knowledgeboard.com/download/1935/kpmg_kmsurvey_results_jan_2003.pdf Page visitée le 12/09/2005. 2 18 Les administrations publiques des pays développés ont également pris conscience de l’importance que revêt la gestion du savoir, et sont passées en quelques années, de l’investissement massif en technologies de l’information, à une adoption progressive de stratégies de Gestion des Connaissances. En effet, La moitié des administrations enquêtées en 2003 par l’OCDE4 (132 organisations de l’Administration Centrale de 20 pays membres) déclarent posséder une stratégie ou une politique de gestion du savoir, tout en considérant, pour environ 50% d’entre elles, que la gestion du savoir est l'une des cinq grandes priorités internes. Au niveau des pays dits émergeants, la gestion des connaissances est encore à ses débuts. L’accès au savoir étant souvent freiné par la précarité des systèmes d’information et la focalisation encore patente sur l’outil au détriment des besoins réels, ainsi que par la pauvreté des contenus et les problèmes d’accessibilité.5 Au cœur de toutes ces mutations, l’administration publique marocaine se voit contrainte de moderniser ses structures et de rehausser le niveau de performance de ses entités. Le projet de réforme de l’administration marocaine, initié depuis 1998, accorde une attention particulière au développement des compétences, à la simplification des procédures et à l’optimisation des systèmes d’information. Dans ce sens, le Ministère des Finances et de la Privatisation a engagé dès 1995, un processus de reforme et de modernisation, suite auquel de nombreux projets ont été lancés en matière de gestion des systèmes d’information, de communication et de réingénierie des processus. Ces projets auraient un impact direct sur le processus d’apprentissage au sein du Ministère et permettraient d’enrichir le Capital Intellectuel du département. Cependant, l’absence d’une politique déclarée de gestion des connaissances au sein du Ministère, laisserait dans l’ombre un nombre important de pratiques relatives à la gestion des savoirs et des savoir-faire, et empêcherait les décideurs d’avoir une visibilité quant aux apports qu’auraient ces projets en matière de gestion des connaissances et du savoir. OCDE. Projet de conclusion : Enquête sur les pratiques de gestion du savoir et des connaissances mises en œuvres dans les Ministères et les agences du gouvernement central des pays membres de l’OCDE. Paris. 3, 4 février 2003. [en ligne] 2003. Disponible sur Internet. Disponible sur Internet sur le site de l’OCDE www.oecd.org. Page visitée le 12/05/2004 5 BANQUE MONDIALE. Rapport sur le développement dans le Monde 1998-1999. Le savoir au service du développement. Washington. [En ligne] 1999. http://www.worldbank.org/wdr/wdr98/french.pdf Page visitée le 26/01/2003 4 19 Aussi, une étude plus rapprochée des projets de modernisation transverses gérés par la DAAG, permettra-elle d’une part, de vérifier dans quelle mesure ces projets mettent en œuvre les bases d’une gestion des connaissances au sein du département, et d’autre part de mettre en relief le rôle que pourrait jouer la DAAG en tant que facilitateur pour la gestion du savoir au sein du Département. Notre étude qui s’intitule « La pratique du Knowledge Management au sein du Ministère des Finances et de la Privatisation, à travers les projets de modernisation, cas des projets transverses gérés par la Directions des Affaires Administratives et Générales», a ainsi pour but de vérifier dans quelle mesure ces projets permettent de mettre en œuvre une gestion des connaissances au sein du Ministère, et de proposer les grandes lignes d’une stratégie Knowledge Management au sein du département. L’étude qui a couvert vingt projets parmi ceux inscrits au Plan d’Action Stratégique 2003 de la DAAG, a eu recours à quatre critères d’analyse, définis à la lumière de la revue de littérature sur le concept. Il s’agit des critères suivants : 1- Les éléments du Capital Intellectuel, à savoir : le Capital Humain, le Capital Processus et le Capital Environnement ; 2- Les processus de gestion des connaissances : Création, capitalisation et transfert ; 3- Les modes de conversion des connaissances : Combinaison, intériorisation, extériorisation et socialisation ; 4- Les types de connaissances : connaissances sur le système, connaissances au sein du système. La collecte des données relatives aux projets s’est basée d’une part, sur l’étude des documents relatifs aux projets étudiés et d’autre part, sur l’enquête par interview qui a ciblé les chefs des projets en question. Aussi, le présent travail de recherche est-il structuré en deux parties : la première est afférente aux aspects contextuels, théoriques et méthodologiques qui cadrent notre recherche, tandis que la deuxième partie présente une description détaillée des projets étudiés, les principaux résultats issus de l’analyse, ainsi que les éléments de la stratégie de gestion des connaissances. La première partie est composée de trois chapitres. D’abord, le contexte de l’étude dresse une vue de l’environnement international et national de l’administration publique 20 marocaine, et des principaux défis qui lui sont imposés par le développement de « la société du savoir ». Les projets objets de l’étude sont ensuite contextualisés par une description du processus de la programmation stratégique au sein du Ministère. Ce premier chapitre se termine par une présentation des principales attributions de la DAAG, Direction désignée au sein du département des Finances comme chef de file des projets objets de notre étude. Au niveau du deuxième chapitre, une revue de la littérature cadre le concept de gestion des connaissances. Un bref historique présente l’émergence du nouveau concept, les différentes notions liées au Knowledge Management, ainsi que des expériences nationales et internationales en la matière. Le troisième chapitre traite de l’approche méthodologique de l’étude. Les objectifs et les questions de recherche y sont présentés ainsi que les méthodes utilisées pour la collecte des données. La deuxième partie du document débute, quant à elle, par une présentation des principaux chantiers lancés par la Direction des Affaires Administratives et Générales, et établie une description détaillée des projets objet de l’étude et des produits qui en sont issus. Le deuxième chapitre synthétise les résultats de l’analyse des projets par rapport aux critères précités. Les fondements théoriques de ces critères sont rappelés à fil de l’eau, et des recommandations sont proposées à l’issu de chaque étape d’analyse, avec une synthèse à la fin du chapitre. Enfin, le troisième chapitre présente les éléments de la stratégie de gestion des connaissances, proposée au Ministère, suivant le modèle « Learning Mix »6, qui offre une couverture intégrale des fonctions culturelle, stratégique, organisationnelle et technologique de l’organisation, et dont les auteurs nous ont confirmé, l’applicabilité à l’administration publique. Les éléments de cette stratégie sont conçus en prenant en considération, les particularités du Ministère en tant qu’institution de grande envergure, où des disparités et parfois des problèmes de cloisonnement entravent l’engagement d’une vision d’ensemble. 6 MOINGEON, B., PERRIN, A. « Le Learning Mix : un modèle intégré pour comprendre les implications managériales de la gestion des connaissances ». 14ème Conférence Internationale de Management Stratégique, Pays de Loire, Angers 2005. [en ligne].2005. Disponible sur Internet www.strategie-aims.com/angers05/com/101-734comd.pdf Page visitée le 28-06-2005. 21 Partie 1 : Cadre contextuel théorique et méthodologique de l’étude 22 Chapitre 1 : Contexte de la recherche 1-1 Environnement de l’administration publique 1-1-1 L’environnement international 1-1-1-1 Société du savoir et économie apprenante De tout temps, la connaissance a été le moteur du développement scientifique, économique et culturel de l’homme, elle n’a jamais cessé de constituer l’essence même de la civilisation humaine. Des organisations et des institutions chargées de créer et de diffuser la connaissance ont toujours existé aussi bien du côté public que du côté privé (édition, presse, bibliothèques, écoles et universités…). On assiste cependant, et depuis bien plus d’une décennie à l’avènement d’un nouveau modèle de société, à une nouvelle économie. Une rupture est donc établie avec les époques précédentes, marquant le passage à une nouvelle ère où la création de la valeur est fondée de façon croissante sur les connaissances. Rupture accélérée par le développement des nouvelles technologies de l’Information et de la communication (TIC), où les actifs immatériels (les idées, l’information, l’innovation et les compétences) ont une importance de plus en plus grande dans une économie devenue largement basée sur le savoir. (Knowledge based Economy). Parmi les facteurs qui animent cette rupture, on peut citer7 : 1. L’accélération de la production de la connaissance : aussi bien en terme de création et d’accumulation qu’en terme de dépréciation. Cette tendance est à la fois le moteur et le résultat d’une forte intensité de progrès scientifique et technique. Un nouveau type d’institutions participe fondamentalement à ce phénomène dont notamment : les communautés de connaissances constituées de réseaux d’individus, dont l’objectif fondamental est la production et la circulation de savoirs nouveaux et dont les activités agissent comme facteur de transformation de l’économie toute entière. DAVID, A., FORAY, D. Une introduction à l’économie et à la société du savoir. Revue Internationale des Sciences Sociales. Unesco : Erès. N° 171, Mars 2002. p. 13-23. 7 23 2. La montée au niveau macro-économique du capital intangible : en effet, les ressources naturelles et les éléments traditionnels du capital revêtent, de moins en moins, un caractère déterminant pour la compétitivité des organisations et des pays. Ce sont les améliorations de qualité des équipements et du Capital Humain dont la capacité explicative devient plus forte. De plus en plus d’investissements sont faits pour la production et la transmission de la connaissance (éducation, formation, recherche et Développement (R&D), information et coordination..) et pour l’amélioration du niveau physique du Capital Humain (santé, conditions de travail). A coté de cette évolution, on constate la montée fort puissante des activités centrées sur la science et la technologie (informatique, télécoms, pharmacie, aéronautique..) ainsi que l’accroissement continu des emplois consacrés à la production, au traitement et au transfert de l’information et de la connaissance. 3. Le développement d’activités basées sur l’innovation : L’innovation devient l’activité dominante et ses sources sont plus diffuses : Les investissements et les dépenses qui y sont liés ont considérablement augmenté (ex. R&D). De la sorte, la nécessité d’innover devient plus grande dans une économie fortement concurrentielle et globalisée. 4. La révolution des instruments du savoir et des nouvelles possibilités de traitement et de transmission de l’information : et qui permettent non seulement l’accès aux données de différents formats, mais également l’accès et la manipulation à distance de systèmes de connaissances (expérimentations à distance, apprentissage à distance, ..) En effet, il s’agit d’une révolution qui remet en cause les fondements philosophiques, économiques, sociaux et politiques de la société d’aujourd’hui. D’un point de vue technique, on assiste à un développement sans précédant de l’outil technologique. Les technologies de l’information et de la communication, qui conjuguent informatique, télécommunication, audiovisuel, multimédia et services d’information, offrent de plus en plus de possibilités de progrès aux différentes disciplines de la science. Le développement de ces technologies a permis également la dématérialisation des services et a participé à la tertiarisation des sociétés. Au niveau des pays à revenu 24 élevé, la part des services dans le PIB est passée d’une moyenne de 54% en 1955 à 70% en 20008. De plus, les secteurs industriels et agricoles se basent de plus en plus sur des activités immatérielles. Ces activités puisent leurs ressources dans la production, le traitement, la transmission et la diffusion de l’information et marquent ainsi le passage à une société de l’immatériel. La montée d’Internet et des applications qui lui sont rattachées constitue un facteur central dans cette révolution. Par ailleurs, les sociétés avancées ont connu l’émergence d’un Système Scientifique et Technique structuré, qui forme la base de l’évolution de la société. Ce système comprend diverses composantes : Recherche & développement, Ingénierie, Education et Formation, services d’information scientifiques et techniques... La part des activités liées à ces composantes dans le PIB des pays à revenu élevé atteint 10 à 15%. Ce qui ramène le total de la part des activités liées à l’information et au savoir dans le PIB de ces pays à 25%9. On assiste, par ailleurs à une banalisation des outils technologiques et à une accélération des modes d’apprentissage. Le concept d’«économie apprenante» est d’ailleurs préféré par beaucoup à de celui d’ « économie du savoir » étant donné que les dernières décennies se sont caractérisées par de vastes mouvements de destruction et de création de connaissances. « Ce qui importe c’est moins de posséder une connaissance spécifique que d’être apte à apprendre et à oublier. Tant les produits que les compétences ont aujourd’hui un cycle de vie plus court »10. Pour les pays les moins avancés, la situation est toute autre. Dans son rapport annuel de 1998, la Banque Mondiale affirme que « les écarts en terme de connaissances entre pays riches et pays pauvres sont bien plus importants que les écarts de revenu11,…, d’ailleurs, plus que dans le patrimoine de connaissances, c’est dans la capacité à inventer que le décalage se fait sentir». En effet, deux formes de savoirs ont une importance capitale pour les pays en développement : - les savoirs technologiques et savoir-faire tels que la nutrition, le génie logiciel ou les techniques comptables, et dont le manque accentue les inégalités face au savoir entre pays ou entre catégories de personnes ; HAJJI, N. L’insertion du Maroc dans la société de l’information et du savoir : pour une nouvelle vision. Casablanca : Afrique orient, 2001.p. 20 9 HAJJI, N. Op. Cit. p.23 10 OCDE. Gestion du savoir et des connaissances : Apprendre en comparant les expériences des entreprises du secteur privé et des organisations du secteur public, compte rendu succinct du forum de haut niveau organisé à Copenhague, les 8, 9 février 2001. Service de la gestion publique de l’OCDE (PUMA). [en ligne]. Juin 2001 Disponible sur Internet www.oecd.org/LongAbstract/0,2546,fr_ 2649_37441_33688636_119681_1_1_37441,00.html , page visitée le 05/06/2002 11 BANQUE MONDIALE. Op. Cit. 8 25 - l’information socio-économique : comme la qualité d’un produit (l’usage de normes), l’efficacité d’un employé (la validation des acquis personnels) ou la solvabilité d’une entreprise (capacité d’endettement par exemple), dont dépend le fonctionnement des marchés et dont le manque pénalise particulièrement les plus pauvres. Au niveau du Maroc, un rapport publié en mars 2004 par l’Université Al Akhawayne12, tire la sonnette d’alarme sur les enjeux de l’économie de la connaissance au Maroc, et ce, tant pour l’absence de capitalisation de son savoir que pour le manque de vision à long terme. Le nombre de chercheurs est très faible, les filières scientifiques sont de moins en moins prisées, les publications annuelles sont très peu nombreuses. En plus du fait que plus des trois quarts d’entre elles sont des publications conjointes, notamment avec des partenaires français et ceux de l’OCDE. Par ailleurs, le Maroc a alloué, durant les années 1990, une moyenne de 7,3% de son PIB à l’éducation. Un taux très honorable comparé aux pays de l’OCDE qui consacrent 5,7% de leur PIB cumulé au financement des établissements d’enseignement, ou encore la France, qui investit 6,2% de sa richesse dans l’éducation. Sauf que dans les pays de l’OCDE, l’économie de la connaissance contribue à plus de la moitié à la création de valeurs ajoutées. Mais, comme l’indique le rapport, les performances du système de l’éducation ne sont pas uniquement sensibles à la quantité des ressources allouées, mais aussi à la prudence avec laquelle les fonds sont alloués et gérés à travers le secteur. En 2005, A. Driouchi13, co-auteur du rapport suscité, confirme que Les différents indicateurs examinés montrent que les performances actuellement exprimées (de 1995 à 2001 et en 2004) sont en dessous des capacités potentiellement mobilisables, le domaine de la Recherche et Développement au Maroc est toujours en dessous des exigences de compétitivité et d’intégration dans l’économie de la connaissance. Par ailleurs, d’importants progrès ont été réalisés notamment en matières de réformes institutionnelles. Au niveau de secteurs comme l’éducation, la santé, l’innovation, les incitations économiques, les infrastructures de l’information et la création technologique. DRIOUCHI, A et DJEFLAT, A. Le Maroc dans l’économie de la connaissance: Enjeux et Perspectives, The Institute of Economic Analysis And Prospective Studies (IEAPS), Al Akhawayn University. Mars 2004. Cité par « Le Maroc paie cher son manque de leaders » In L’Economiste [en ligne]. 21/05/2004. http://www.leconomiste.com/ Page visitée le 08/10/2005 13 DRIOUCHI, A. Economie du savoir au Maroc : Diagnostic et perspectives. 14ème congrès de l'Association Internationale des Sciences Economiques (AISE), Marrakech, 29 août -2 septembre 2005. [en ligne]. 2005. Disponible sur Intranet http://www.finances.gov.ma/emaliya/ Page visitée le 08/10/2005. 12 26 Toutes ces réformes touchent directement le domaine de la connaissance. Les impacts de ces réformes sur l’Indice de Développement Humain, l’Indice de l’Economie du Savoir et l’indice de Réalisation Technologique au court, moyen et long terme seraient ainsi évidents surtout que la majorité de ces réformes sont déjà appliquées ou en cours. Sachant que les effets de telles réformes ne cesseraient de se manifester durant le moyen et long termes, il faut ainsi s’attendre à une amélioration continue du positionnement du Maroc en matière d’économie de la connaissance et par conséquent des effets directs et indirects sur l’économie globale et sur la société en général. 1-1-1-2 L’Administration publique et les défis de la société du savoir Selon une étude de l’OCDE, les bouleversements qui affectent les services publics à l’ère de la mondialisation trouvent leurs origines essentiellement dans une redéfinition des rôles et une remise en cause de l’équilibre spatial (nouvelles frontières géopolitiques) et des facteurs de développement (valorisation des compétences et du savoir). Les organisations internationales manifestent de plus en plus d’intérêt pour la réforme des systèmes administratifs aussi bien au niveau des pays avancés qu’au niveau des pays en développement. Ainsi, par exemple, la décentralisation/déconcentration, l’autonomisation des services, la responsabilisation des fonctionnaires ou l’allégement des procédures administratives figurent parmi les médiations conseillées ou imposées aux administrations des pays en développement par les institutions internationales ou par les partenaires bilatéraux ou multilatéraux.14 L’économie du savoir comporte plusieurs aspects par lesquels elle exerce des pressions particulièrement fortes sur les organisations du secteur public15 : - La mondialisation et la privatisation du savoir : les pouvoirs publics n’ont plus le monopole du savoir dans leur domaine, l’information sur les politiques et les services étant aujourd’hui plus aisément accessible pour les citoyens, les groupes d’intérêt, les utilisateurs. Ainsi, pour conserver la confiance des citoyens, les pouvoirs publics doivent élargir la base des connaissances sur laquelle leurs activités sont fondées, se 14 OCDE. La réforme de la gestion publique et le développement économique et social. PUMA, [en ligne] 1998. Disponible sur le site de l’OCDE www.oecd.org Page visitée le 19/02/2002 15 OCDE. Gestion du savoir et des connaissances : Apprendre en comparant les expériences des entreprises du secteur privé et des organisations du secteur public, Op. Cit. 27 tenir informés de nouvelles connaissances et les intégrer dans leurs politiques et processus. - L’infléchissement de la relation entre les administrations et les citoyens : les pouvoirs publics sont de plus en plus amenés à prendre des décisions sur des questions complexes pour satisfaire des usagers de mieux en mieux informés. De leur côté, les citoyens attendent de plus en plus de mesures et de services individualisés, ce qui crée de nouvelles exigences vis à vis des pouvoirs publics. - L’éclatement virtuel des monopoles publics : les nouvelles donnes de la société du savoir mettent les pouvoirs publics devant une concurrence accrue au niveaux national et international pour : i. Offrir des services de qualité : hôpitaux, universités… ii. Attirer les meilleures recrues : Ministères, Multinationales… iii. Développer une activité de recherche et attirer les financements : universités, centres de recherche.. En plus des facteurs précités, les services publics au niveau des pays dits ‘avancés’ sont également contraints par les problèmes liés à la mobilité des cadres et à la vieillesse de la population (départs massifs à la retraite). Les pays en développement par contre, vivent un ensemble de problèmes qui, même en accentuant leurs écarts de la société du savoir, leurs imposent de prendre en main la gestion de leurs réserves de connaissances et la création et l’acquisition de nouveaux savoirs afin de survivre dans la nouvelle économie globalisée, on peut citer : - Les taux élevés d’analphabétisme et la faiblesse des structures liées à la production, au traitement et à la diffusion des connaissances (universités, bibliothèques, centres de recherche) ; - La fuite des cerveaux, et qui représente une véritable perte du Capital Humain pour ces pays ; - La culture liée à la tradition généralement orale de ces pays et qui limite les efforts de formalisation dans l’administration ; - Les exigences liées à la concurrence à l’échelle internationale, à la confiance des citoyens et aux indications faites par les Institutions internationales, et qui constituent des enjeux pour l’ouverture et la modernité au niveau de ces pays. 28 1-1-1-3 Les nouvelles orientations de l’administration publique. Depuis près d’une décennie, les administrations publiques (particulièrement dans les pays avancés) ont pris conscience que les investissements en TIC ne présentent qu’une utilité limitée s’ils n’ont pas été soigneusement coordonnés avec les structures d’incitation en direction du personnel, s’il n’y a pas eu une réflexion approfondie sur d’autres aspects des ressources humaines, sur le type d’information que l’on souhaite rendre accessible, sur la façon d’obtenir et d’organiser les données, et sur les interactions avec le personnel. Dans ce sens, une étude de l’OCDE a montré que le manque de stratégie et de vision sur les aboutissements des investissements lourds en TIC représente l’un des problèmes majeurs qui entravent le succès de tels projets dans les pays membres de l’organisation.16 Ainsi, plusieurs institutions ont pris des mesures afin de rompre la boucle qui faisait qu’il fallait investir en TIC pour accroître les données et les informations, lesquelles nécessitaient toujours plus d’investissement dans les TIC.17 De plus en plus, les administrations publiques sont conscientes de la valeur que revêtent les compétences de leur personnel et de la nécessité d’axer leurs efforts sur la valorisation des gisements de connaissances dont ils disposent. De ce fait, elles s’orientent de plus en plus vers le modèle de l’organisation apprenante auquel se sont converties bien avant, les entreprises privées. Dans ce sens, les stratégies de gestion des connaissances visent à élever le niveau de compétences de l’organisation avec le même volume de compétences individuelles, en encourageant les pratiques et approches organisationnelles consistant à produire, exploiter et diffuser le savoir-faire et la connaissance. A un niveau plus stratégique, la gouvernance de la connaissance se traduit par l’importance croissante donnée à celle-ci dans l’élaboration des politiques, et ce, en vue d’améliorer la gouvernance du secteur public18. 16 OCDE, Gestion du savoir et des connaissances : Apprendre en comparant les expériences des entreprises du secteur privé et des organisations du secteur public. Op. Cit. 17 Ibid. 18 Ibid. 29 1-1-2 L’environnement national 1-1-2-1 L’Administration publique marocaine et les nouveaux enjeux de la modernisation a- les enjeux liés à l’environnement externe L’Administration publique marocaine franchit une étape décisive, caractérisée par un certain nombre de défis qu’elle est tenue de relever, et qui sont dictés par les évolutions multiples et rapides de son environnement19 : - l’environnement politique, en rapide mutation et diffusant de nouvelles valeurs (démocratie, liberté, droits de l’Homme, …) et de nouvelles représentations théoriques (management, efficacité, innovation, changement…) qui ont affecté la société marocaine dans son ensemble et qui ont entraîné le remodelage de ses divers éléments constitutifs. Ces représentations ont ébranlé quelques valeurs traditionnelles axées sur l’équilibre, la stabilité et la permanence. - La pression économique et financière, qui conduit à une diminution des ressources et à la rationalisation de leur gestion à un moment où la demande s’accroît dans les secteurs à vocation sociale. - Les modifications dans les priorités politiques, l’accent étant mis de plus en plus sur la responsabilisation de la société civile, la poursuite des équilibres spatiaux, la défense de l’environnement, l’élargissement des espaces de décentralisation et de régionalisation. - Le développement d’une pensée gestionnaire, qui a pris un élan extraordinaire depuis quelques temps par l’apparition de revues ou de périodiques spécialisés, la diversification des enseignements et la formation en management des ressources humaines dans des écoles supérieures publiques et privées, le foisonnement des idées exprimées à l’occasion de manifestations scientifiques, de programmes de modernisation menés sous l’égide d’associations nationales et même d’organismes internationaux. - La pression démocratique : qui ne concerne pas uniquement le système politique, mais aussi l’appareil administratif dont il est l’instrument. La démocratisation de l’administration touche des aspects bien divers et 19 SEDJARI, A. Etat et administration : tradition ou modernité. Rabat : les éditions Guessous, 1995. p.18-19 30 notamment l’amélioration de ses rapports avec la société qu’elle est appelée à servir. - Le défi technologique qui paraît annoncer une nouvelle donne organisationnelle par l’association de plusieurs supports matériels et d’outils d’aide à la décision qui assurent transparence, efficacité, gain de temps et quiétude et qui amènent des changements radicaux dans les modes de la gestion administrative. - La légitimation des intérêts particuliers : l’intérêt général n’est plus une chasse gardée de l’administration. Le privé est étroitement associé à sa gestion par l’émergence d’une logique participative qui a conduit le public et le privé à trouver des secteurs de gestion commune sur la base de nouvelles formules de coopération. - Les changements intervenus dans l’espace mondial et régional, qui ont bouleversé la nature des marchés industriels et financiers, les fondements de la coopération inter-Etats et de la réglementation internationale, transnationale ou transfrontalière. b- Les enjeux liés à l’environnement interne Au niveau des structures administratives, les crises qui perturbent le fonctionnement de l’Administration portent sur quatre volets principaux20 : 1- Une crise d’adaptation : aussi bien au contexte international qu’aux mutations internes. Au niveau international, il importe de disposer de structures dynamiques capables de faire face aux effets induits de la mondialisation, la coopération internationale et l’insertion dans le nouveau contexte mondial. Sur le plan national, il s’agit d’opérer une transformation profonde du rôle et de la place de l’administration publique au moment même où la crise économique et les difficultés financières réduisent rapidement la gamme de choix des possibilités de régler le rythme des réformes sur les réalités socio-économiques du pays. 2- Une crise d’identité : le malaise social dans le service public constitue l’une de ses principales expressions. Ceux qui y travaillent sont loin de se faire une image 20 SEDJARI, A. Etat et administration : tradition ou modernité Op. Cit. p.8 31 rayonnante et dans l’ensemble, l’administration a une très mauvaise image d’elle même. 3- Une crise institutionnelle : qui concerne directement les difficultés ou les insuffisances de rénovation. Les efforts déployés par l’Etat au cours de ces dernières années ont été orientés beaucoup plus vers ‘le gonflement’ des structures que vers leur amélioration. Bien plus, la répartition des compétences et des responsabilités accroît, de manière inégale, les interventions du niveau central. Les services extérieurs et les collectivités locales n’ont pas la maîtrise juridique de leur pouvoir de décision. 4- Une crise de légitimité : le service public prétend dicter sa loi au milieu social sans être en retour influencé par celui-ci. Les circuits de communication sont dès lors construits de manière unilatérale. Il s’agit d’une crise de communication où les administrés ne peuvent entrer en contact avec l’administration que selon des modalités strictement réglementées et définies à l’avance par celle ci. 1-1-2-2 La réforme de l’administration publique marocaine a- Les fondements du projet de réforme de l’administration marocaine En 1981, les pouvoirs publics ont engagé officiellement un vaste débat national autour du thème de la réforme administrative pour faire face aux dysfonctionnements multiples qui paralysent l’action de l’administration21 . « …en ce qui concerne les décisions relatives à la réforme administrative et l’amélioration du rendement de l’administration, le gouvernement envisage de prendre des dispositions tendant à réformer les structures administratives, à renforcer le contrôle et à simplifier les procédures et ce, afin d’améliorer les rapports entre l’administration et les citoyens »22. Cette déclaration constitue une première au Maroc, puisque c’est la première fois que le rapprochement de l’administration des administrés est perçu avec beaucoup de réalisme. Le problème ne se pose pas seulement en termes techniques ou d’aménagement de compétences, mais des maux tels que la corruption, le gaspillage, le clientélisme, la nonchalance, l’irresponsabilité, l’absentéisme, la manque de respect pour l’usager…sont dénoncés avec beaucoup de vigueur. 21 22 SEDJARI, A. Etat et administration : tradition ou modernité. Op. Cit. p.8 Ibid, p.56. 32 Une prise de conscience est née devant la nécessité d’entamer progressivement une réforme profonde de l’administration marocaine. La commission nationale chargée de la réforme administrative, composée de hauts responsables et de praticiens de l’administration publique, a été nommée en janvier 1982 par le 1er Ministre (à l’époque M. Maâti Bouabid), et a délimité le contenu de la réforme à projeter en cinq points. (Extrait de l’allocution du 1er Ministre à la chambre des représentants en réponse aux questions des députés sur le programme gouvernemental pour l’année 1982)23 : - Réforme des structures administratives ; - Simplification des procédures ; - Amélioration des moyens et des conditions de travail ; - Révision du statut du personnel dans le sens d’accroître sa productivité ; - Rôle de l’information et de l’orientation dans la réalisation de la réforme administrative. A partir de 1989, et sous l’effet conjugué de plusieurs facteurs, d’ordre interne et externe, notamment la crise économique, l’évolution des exigences des partenaires et le Programme d’Ajustement Structurel, certains départements ministériels (Finances et Travaux Publics en particulier) ont engagé des projets de modernisation remarquables. Vu de plus près, le projet de modernisation de l’administration marocaine s’articule autour de trois idées maîtresses : l’amélioration du système de gestion, l’ouverture sur la société et la réforme de la fonction publique. 1- Amélioration du système de gestion : il s’agit de trois questions principales : a. La révision et la réadaptation de certaines dispositions légales régissant l’activité de l’administration publique marocaine, relatives notamment à la comptabilité et aux finances publiques ; b. L’introduction de systèmes d’information de gestion et du contrôle de gestion afin de suivre l’évolution des activités et le niveau de réalisation des objectifs fixés ; c. L’emploi des techniques de traitement de l’information et l’informatisation des services de l’administration. 2- Ouverture sur la société : ceci implique, en plus de la poursuite des efforts de simplification des formalités administratives, engagées depuis plusieurs années : 23 SEDJARI, A. Etat et administration : tradition ou modernité. Op. p.57. 33 a. Le renforcement de l’action d’information des usagers qui s’est traduit par la création d’entités chargées des relations publiques, par la production de brochures, de communiqués ou la mise en place de centres d’appel ; b. L’amélioration des moyens de communication particulièrement avec les partenaires (entreprises, organismes) et la réalisation de stratégies de communication ; c. La rupture de l’opacité administrative dressée devant le citoyen et l’évolution vers la transparence et la reconnaissance du droit à l’information sur l’action des services publics à l’usager 3- Réforme de la fonction publique : elle englobe : a. L’amélioration des relations de travail qui passe par la recherche de la compétence et la valorisation des Ressources Humaines ; b. Le développement des responsabilités et ce par le biais d’une déconcentration des procédures et d’une délégation des responsabilités. L’année 1998 a connu la création de l’Observatoire Marocain de l’Administration Publique et le lancement de plusieurs actions en vue de relancer le chantier de la réforme administrative. Il s’agit notamment du lancement du Plan National de Développement, la tenue au Royaume de la deuxième Conférence Panafricaine des Ministres de la Fonction Publique, et enfin la mise en œuvre du Pacte de Bonne Gestion qui exprime l’engagement moral des pouvoirs publics de faire respecter les règles d’éthique, de rationaliser les dépenses publiques et d’établir des rapports de confiance et de respect entre l’Administration et le citoyen. Enfin, lors du colloque tenu à Rabat en mai 200224, de nouveaux objectifs complémentaires afférents à la réforme administrative au Maroc sont déclarés, il s’agit de : - la modernisation relative aux attributions des services publics ; - la modernisation relative aux secteurs sociaux ; - la modernisation technologique ; - la modernisation relative aux systèmes et organigrammes ; - la modernisation dictée par les facteurs externes du pays. PREMIER COLLOQUE NATIONAL SUR LA REFORME ADMINISTRATIVE AU MAROC, L’Administration marocaine et les enjeux 2010, « la simplification des procédures et des circuits administratifs », Rabat, le 7 et 8 mai 2002. (Document en arabe). 24 34 Il s’agit plus concrètement25 : - de bâtir une culture gouvernementale visant à asseoir les bases d’une éthique du service public ; - d’appliquer le principe de la déconcentration administrative ; - d’instaurer de nouvelles valeurs dans la relation de l’administration avec ses usagers basées sur de nouveaux équilibres ; - de veiller à la mise à niveau des ressources humaines ; - de conduire la réforme du système de rémunération ; - de développer l’usage des nouvelles technologies de l’information et de la communication et de préparer l’insertion dans le modèle de l’administration électronique ; - de veiller à la simplification des procédures et des circuits administratifs. b- Les principales réalisations du projet de réforme de l’administration marocaine : i- Le pacte de bonne gestion Le Pacte de Bonne Gestion exprime la volonté du gouvernement marocain de traduire la politique de changement en initiatives sectorielles, pratiques et continues. Cette volonté vise à instaurer une nouvelle approche de la gestion publique, à travers une administration moderne et efficace. Le Pacte de Bonne Gestion interpelle l’ensemble des fonctionnaires et des responsables. Il fixe les grands principes qui doivent servir de base à toute action de service public dans le but de mieux servir le citoyen26. Ce Pacte s’articule autour de trois axes : - L’engagement de veiller à la moralisation de la vie administrative ; - L’engagement d’optimiser et de rationaliser la gestion publique ; - L’engagement de l’administration à communiquer, à se concerter et à être réceptive. PREMIER COLLOQUE NATIONAL SUR LA REFORME ADMINISTRATIVE AU MAROC, L’Administration marocaine et les enjeux 2010, « Diagnostic de la situation actuelle de l’administration », Rabat. [en ligne]. 7 et 8 mai 2002. (Document en arabe) Disponible sur Internet http://www.idarati.ma/ page visitée le 03/10/2003. 26 OBSERVATOIRE MAROCAIN DE L’ADMINISTRATION PUBLIQUE. Le pacte de bonne gestion. Management Public L’Observatoire Marocain de l’Administration Publique, n°1, mai, juin- juillet, 1999. p. 7 25 35 Le pilotage et le suivi de la mise en œuvre des principes contenus dans le pacte de bonne gestion, ont été confiés au Comité Stratégique de la réforme Administrative, créé le 15 octobre 1998 et présidé par M. le Premier Ministre,. Ce Comité avait pour mission de définir une vision stratégique du gouvernement en matière de déconcentration et d’organisation des services de l’Etat. Il lui était également demandé d’adopter une approche nouvelle en matière de recrutement et de gestion des carrières des fonctionnaires, avec un accent particulier sur la mobilité et le perfectionnement. ii- La simplification des procédures et des circuits administratifs : La finalité de la simplification des procédures et des circuits administratifs est de faciliter la vie quotidienne des citoyens et l’activité des entreprises27. Pour atteindre cet objectif, des modalités et des méthodes adéquates doivent être déployées afin de ne pas rendre vains les efforts de simplification. Le colloque organisé en mai 2002 sous le thème « l’administration marocaine et les enjeux de 2010 »28 avait porté sur la problématique de la simplification des procédures et des circuits administratifs. Selon les actes du colloque, un ensemble de mesures a été pris. Il s’agit : - de mesures managériales : comprenant des actions de délégation de pouvoir et d’ordonnancement ; - de mesures réglementaires : comprenant essentiellement la promulgation de lois concernant les entreprises privées et permettant de minimiser l’intervention des pouvoirs publics ; - de mesures organisationnelles : comprenant essentiellement l’élaboration de guides des procédures et la simplification effective des composantes de certains dossiers administratifs relatifs notamment à l’investissement; - de mesures à caractère scientifique : comprenant la réalisation d’études et d’enquêtes sur le terrain afin de rechercher des solutions compatibles avec les réalités observées. BENOSMAN, K. La simplification des procédures et des circuits administratifs. Management Public. L’Observatoire Marocain de l’Administration Publique, n°1, mai, juin, juillet, 1999. p.5. 28 PREMIER COLLOQUE NATIONAL SUR LA REFORME ADMINISTRATIVE AU MAROC, L’Administration Marocaine et les enjeux 2010, « la simplification des procédures et des circuits administratifs », Rabat [en ligne]. 7 et 8 mai 2002. (Document en arabe) Disponible sur Internet http://www.idarati.ma/ page visitée le 03/10/2003). 27 36 Il faut signaler également qu’un ensemble de mesures de coordination entre les différents Ministères a permis de réduire certaines complexités liées au système administratif marocain. iii- Le développement de l’usage des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC). Une étude29 préliminaire réalisée à l’échelle de l’Administration marocaine, a révélé que le taux d’accès à l’outil informatique est de l’ordre de 35 fonctionnaires par ordinateur. Les techniciens en TIC (Ingénieurs et techniciens) constituent 0.3% de l’effectif des fonctionnaires et les programmes de formation continue en TIC sont quasi absents. Les budgets alloués aux investissements en TIC, ils ne dépassent pas 1% du budget global. De plus, des disparités considérables existent entre les différents départements et entravent une vue globale de la place des TIC dans l’administration marocaine. Par conséquent, les objectifs tracés par la commission chargée du développement de l’usage des Technologies de l’Information et de la Communication visent à assurer30 : - La transition de la gestion basée sur l’usage du papier à la gestion informatisée et ce, en développant les systèmes d’information sectoriels et les technologies de base en matière de gestion administrative ; - La généralisation de l’usage des TIC à l’ensemble de l’administration publique marocaine ; - Le stockage et la mise en ligne de tous les documents administratifs à caractère public ; - La prestation de services électroniques via le réseau Internet. Ainsi, la vision développée dans ce sens s’articule autour des axes suivants : - Prendre en compte l’élément humain comme moteur fondamental pour le développement de l’administration par rapport à ses dimensions administratives, intellectuelles et culturelles ; - Remettre en cause les services fournis à l’administration elle-même, au citoyen, et à l’entreprise et ce à travers la simplification des procédures ; PREMIER COLLOQUE NATIONAL SUR LA REFORME ADMINISTRATIVE AU MAROC, L’Administration Marocaine et les enjeux 2010, « Développement de l’usage des TIC», Rabat, [en ligne]. 7 et 8 mai 2002. (Document en arabe) Disponible sur Internet http://www.idarati.ma/ page visitée le 03/10/2003 30 PREMIER COLLOQUE NATIONAL SUR LA REFORME ADMINISTRATIVE AU MAROC, L’Administration Marocaine et les enjeux 2010, « Développement de l’usage des TIC». Op. Cit. 29 37 - Encourager les initiatives innovatrices visant à réaliser le développement administratif et remettre en question les modes de gestion et de management public. Cette vision prend en considération d’une part, les axes du Pacte de Bonne Gestion et fixe d’autre part, des objectifs particuliers liés notamment à la qualité du service public en terme de délais, d’accessibilité, de proximité, de coût et de transparence. Par ailleurs, lors du Premier Colloque sur la réforme Administrative au Maroc tenu en 2002, un ensemble de propositions a été formulé, il s’agit de : - L’élaboration d’un schéma directeur général et la mise en place d’un cadre méthodologique pour développer et suivre l’usage des TIC dans les administrations publiques dans le domaine de la gestion publique ; - la création d’un fonds ou l’affectation d’un budget particulier pour le projet ; - l’élaboration d’un plan d’information pour sensibiliser à l’importance du rôle que jouent les TIC pour la mise à niveau de l’Administration ; - la mise en oeuvre d’un programme pour la mise à niveau des fonctionnaires des Administrations publiques en matière de TIC ; - la numérisation du patrimoine informationnel administratif et la création de banques de données transversales et générales. Il s’agit de la numérisation de tous les documents administratifs, les bibliothèques des administrations et les bibliothèques publiques suivant une stratégie planifiée ; l’élaboration de thésauri et d’outils linguistiques spécifiques à l’administration marocaine ; l’élaboration de banques de données réglementaires et administratives en arabe et en français et leur diffusion sur Internet avec la possibilité de recherche en arabe ; la mise toutes ces données en lignes sur le portail de l’Administration marocaine ; - L’automatisation des procédures administratives de base et généralisation des services électroniques ; - La mise en place de réseaux Intranet au sein des administrations, la connexion de ces institutions entre elles et le développement d’outils permettant la connexion au réseau Internet et l’Echange de Données Informatiques ; - La mise en oeuvre de l’administration électronique et la création d’un site portail Interactif relatif à l’administration marocaine ; Dans ce sens, il faut signaler qu’un portail intitulé « IDARATI » ( Informatisation des Départements de l’Administration et leurs mises en Réseau Aplati via les Technologies 38 de l’Information » a été mis en place et permet l’accès à un ensemble de services (URL : www.idarati.ma). Par ailleurs, d’autres projets ont été lancés, notamment : « Le renforcement de l’éthique dans le service publique » ; « Le système de rémunérations dans la fonction publique » et « l’Amélioration des relations entre Administration et usagers ». Avant de clore cette partie, il faudrait mettre l’accent sur le vide qui reste toujours à combler en matière de politiques documentaires au niveau de l’administration marocaine et qui concerne : La quantité et la qualité des fonds documentaires et des outils de leur gestion au niveau des administrations marocaines ; La gestion des documents administratifs (records management) et des archives définitives qui se situe en amont de l’automatisation des procédures et des documents administratifs ; L’archivage électronique qui constitue la solution parallèle pour la codification et la sauvegarde du patrimoine administratif. Sans parler de la nécessité d’intégrer le profil d’Informatiste dans l’ensemble du projet de la réforme étant donnée la place importante qu’occupent le traitement de l’information et sa diffusion dans les objectifs de ce projet. 39 1-2 Le Ministère des Finances et de la Privatisation. 1-2-1 Présentation du Ministère des Finances et de la Privatisation Le Ministère des Finances et de la privatisation élabore la politique financière, monétaire et du crédit, des finances extérieures et des investissements extérieurs, en assure et en suit l’exécution conformément aux lois et règlements en vigueur et sous réserve des compétences dévolues au Premier ministre en matière de coordination et de suivi de l’exécution de la politique gouvernementale dans le domaine des relations avec les institutions internationales31. Afin de s’acquitter de ses missions, le Département des Finances et de la Privatisation32 comprend le Cabinet du Ministre, le Secrétariat Général, l’Administration Centrale et les Services Extérieurs en plus des organismes sous tutelle. 1-2-1-1 La modernisation du Ministère et la programmation stratégique a- Le plan de modernisation La réflexion sur la modernisation du Ministère des Finances et des Investissements extérieurs33 (MFIE) a été confirmée lors des séminaires des Directeurs en septembre puis en décembre 1995. Trois objectifs34 animaient le projet de modernisation : - La volonté d’ouverture vers l’ensemble des partenaires du Ministère dans un esprit « client /fournisseur » afin de leur assurer un service de qualité. - La recherche d’une efficacité accrue dans ses domaines d’intervention par l’optimisation du déploiement des ressources humaines, techniques et financières au sein des services centraux et extérieurs - Le souci de développer la motivation de l’ensemble des fonctionnaires du MFIE afin de faciliter les évolutions culturelles et comportementales devant accompagner le plan de modernisation et en assurer la réussite. 31 MAROC. Ministère des Finances et la Privatisation. Présentation. [en ligne]. 2003. Disponible sur Internet. http://www.finances.gov.ma/Ministere/presentation/presentation.htm page visitée le 06/11/2005 32 Appellation du Ministère au moment de la présente étude (Janvier 2003 - novembre 2005). 33 Appellation du Ministère lors de la réalisation et de la mise en œuvre du plan de modernisation (mars 1996). 34 MAROC, Ministère des Finances et des Investissements Extérieurs, Plan de Modernisation : Rapport final, Eurogroup Consultants, janvier 1996. p.3. 40 Les principales actions lancées suite à cette étude avaient touché à la réorganisation de l’organigramme du Ministère et au lancement d’actions à court terme35 : - La mise en place d’un comité de Direction au sein de chaque direction ; - Le renforcement et l’amélioration de l’action sociale ; - L’examen des conditions d’accès aux promotions de grade ; - L’amélioration de l’accueil et de la gestion des accès aux bâtiments ; - La connexion au réseau Internet. De plus, des chantiers à moyen terme36 ont été initiés et portent sur : - L’adaptation des modes de management ; - L’amélioration des conditions de travail ; - La conception d’un plan de communication du Ministère ; - La gestion prévisionnelle des ressources humaines et le plan de formation ; - La conception de systèmes d’évaluations des performances ; - La réalisation d’un schéma directeur stratégique des systèmes d’information destiné à faciliter l’échange et l’accès partagé aux informations. b- La démarche de programmation stratégique Avoir une visibilité à moyen terme dans la gestion des affaires, assurer le suivi des actions de réforme entreprises et obtenir une meilleure productivité, sont les principaux objectifs recherchés par le Ministère, à travers l’adoption et la formalisation de la démarche de programmation37. Cette démarche suppose de recenser et de classer les mesures à entreprendre en fonction de l’ordre de priorité qui leur est accordé tant au niveau gouvernemental qu’au niveau interne. Elle vise par ailleurs à prévoir un calendrier réaliste pour la réalisation des actions à engager et qui tient compte des priorités retenues. Par ailleurs, la définition des orientations générales constitue une étape cruciale pour la continuité de la démarche. 35 MAROC, Ministère des Finances et des Investissements Extérieurs. La modernisation du Ministère des Finances et des Investissements Extérieurs, Almalya, n°1, septembre 1999, p. 3. 36 MAROC, Ministère des Finances et des Investissements Extérieurs, Plan de Modernisation : rapport final, Op. Cit. p.6 37 MAROC, Ministère des Finances et de la Privatisation. La programmation stratégique, une approche commune au département des Finances. Almalya. N° 28, décembre 2002. p. 21. 41 Il s’agit, à cet effet, de procéder à partir d’une analyse de l’environnement tant interne qu’externe et d’un diagnostic objectif, de faire ressortir les missions prioritaires du département38. Ainsi, deux niveaux d’orientation sont prévus, il s’agit de : 1. La Lettre d’Orientation Générale du Ministre (LOG) : Décrit les priorités du département et fixe les orientations, elle donne les directives générales qui président au choix et à la hiérarchisation des priorités spécifiques de chaque direction. S’adressant à l’ensemble des structures du Ministère, la LOG reste à un niveau de recommandation assez général. 2. La Note d’Orientation Générale (NOG) : Elle s’inscrit dans la continuité de la LOG mais se situe à un niveau plus proche de son champ d’intervention et donne une ébauche des actions qui pourraient être planifiées. Pour atteindre les objectifs fixés dans la NOG, les actions à entreprendre par les différentes structures font l’objet d’une programmation réaliste, validée sous forme d’un plan d’action de la Direction dans toutes ses composantes. Ainsi, le plan d’action est décliné en grands chantiers, chaque chantier est constitué de projets, eux même composés de plusieurs actions. L’ensemble du programme est ensuite codifié de façon arborescente et un calendrier précis de réalisation est arrêté avec l’indication des responsables désignés pour le suivi de chacune des actions programmées39. 1-2-2 Présentation de la Direction des Affaires Administratives et Générales (DAAG) 1-2-2-1 Les attributions de la DAAG Connue auparavant comme étant le gestionnaire des ressources budgétaires et logistiques du Ministère, la DAAG a vu évoluer ses missions et attributions dès novembre 2001 pour s’orienter davantage vers des fonctions de programmation et de gestion des ressources avec de nouvelles attributions de communication et de gestion des systèmes d’information. 38 Maroc, Ministère des Finances et de la Privatisation. La programmation stratégique : une approche commune au département des Finances. Almalya. N° 28, décembre 2002. p. 6-7 39 Maroc, Ministère des Finances et de la Privatisation. La programmation stratégique : une démarche commune au département des Finances. Op. Cit. p. 6-7 42 Cette recomposition des attributions de la direction était parallèle à la fusion entre celle-ci et la Direction chargée des Ressources Humaines e t de la formation. De là, la DAAG est recentrée autour de sept fonctions : - La gestion budgétaire et comptable ; - La gestion de la logistique ; - La gestion des ressources humaines ; - Les systèmes d’information et de communication ; - L’organisation et la programmation ; - La formation. 1-2-2-2 Le rôle de la DAAG dans la gestion transverse des ressources du Ministère Les principales attributions de la DAAG revêtent un caractère horizontal visant la centralisation des fonctions communes aux Directions du Ministère et la coordination des actions disparates. Ainsi, cette Direction a pour attribution de : - Concevoir et participer à la mise en œuvre des actions de modernisation et de promotion des méthodes de management au sein du Ministère ; - Coordonner et veiller à la mise en œuvre des schémas d’organisation des services du ministère aux niveaux central et déconcentré ; - Promouvoir la culture de programmation et de planification et développer les techniques de mise en œuvre ; - Définir la politique de gestion des ressources humaines et matérielles et veiller à leur mise en œuvre en collaboration avec les directions du ministère. - Elaborer, diffuser et veiller à la mise en œuvre des normes de gestion des ressources ; - Définir la politique de déconcentration de la gestion des ressources ; - Procéder à l’évaluation des programmes et actions liées aux domaines de la gestion ; - Coordonner la gestion des ressources humaines notamment en matière de recrutement, de déroulement de carrière et d’action sociale ; 43 - Elaborer la politique du Ministère en matière de formation, assurer la mise en œuvre des actions transversales de formation, accompagner les actions de formation spécifiques et en assurer l’évaluation ; - Préparer, exécuter et assurer le suivi du budget du Ministère ; - Elaborer et mettre en œuvre une démarche de contractualisation de l’allocation des crédits et le système de contrôle de gestion y afférent ; - Tenir la comptabilité budgétaire, notamment celle afférente aux charges communes, aux comptes spéciaux du trésor et à la dette publique ; - Assurer la gestion du patrimoine immobilier du Ministère conformément aux règles régissant le domaine ; - Etablir, exécuter et suivre le programme annuel des travaux et des achats de biens et services ; - Définir, coordonner et assurer la mise en œuvre de la politique d’informatisation des domaines de gestion des ressources du ministère ; - Coordonner et veiller à la mise en œuvre de la politique d’information et de communication du Ministère ; - Promouvoir l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication au sein du Ministère. L’action horizontale de la DAAG se traduit également par l’action de plusieurs comités transverses, qui assurent la coordination de fonctions telles que la formation, la gestion des sites Internet et Intranet et la gestion du cadre stratégique des systèmes d’information. En outre, cette action se concrétise à travers plusieurs projets à caractère transverses, lancés parallèlement aux projets propres aux structures de la Direction. Une description détaillée des principaux chantiers ouverts est présentée au niveau du chapitre n°4. 44 Chapitre II : Revue de la littérature Introduction : La littérature sur le concept « Knowledge Management » revêt un aspect à la fois dense et disparate. D’une part, elle serait dense, étant donné le caractère pointu des publications relatives notamment à la capitalisation des connaissances, aux communautés de pratiques ou à l’implémentation de programmes de gestion des connaissances. Les articles de périodiques se multiplient, ainsi que les actes de congrès et les rapports de grandes Institutions (telles que l’OCDE), sans oublier les sites personnels (ou Weblogs) d’auteurs de renommée tels que K-E. Sveiby, D. Skyrem, G. Balmisse et autres. D’autre part, elle serait fragmentaire, vu, la multiplicité -et la complémentarité-, à la fois des théories avancées par les différentes écoles (Japonaise, suédoise, américaine…) et des discours des intervenants, investis dans la publication sur le concept (Fournisseurs de solutions informatiques, chercheurs universitaires, Cabinets de conseil, gouvernements et programmes multilatéraux…), Cette diversité est certes enrichissante pour le lecteur initié, elle serait par ailleurs source de perplexité et de dispersion pour le novice, qui se verrait tiraillé entre plusieurs avis. Par ailleurs, nous essayerons au cours du présent chapitre, de passer en revue les principales notions relatives au concept « Knowledge Management », tout en ayant recours aux textes originaux (généralement en anglais) des sources les plus reconnues. 45 2-1 L’émergence du Knowledge Management La littérature relative au Knowledge Management (KM) se caractérise par la multiplicité des approches qui retracent l’évolution du concept. Au fil des lectures, nous avons relevé trois voies d’évolution : organisationnelle, historique et épistémologique. Nous considérons par ailleurs, que l’évolution technologique vient en parallèle pour offrir les outils d’appui à la pratique du KM. 2-1-1 Evolution historique Les origines de la littérature sur le KM reviendraient aux années 1960, lorsque Peter Drucker avait évoqué la notion des « knowledge workers ». Le pionnier suédois Karl-Erik Sveiby40 suivra par la publication en 1986, de son ouvrage « The Know How company » et en 1990 du « Knowledge Management » et la tenue en 1987, de la table ronde « Managing the Knowledge Assets into the 21st Century » entre l’US Academia, les entreprises et l’Etat. L’origine japonaise revient aux écrits de Ikujiro Nonaka qui publia en 1991 son article « The Knowledge Creating Company » dans « Harvard Business Review » et qui sera repris dans son ouvrage du même titre avec Tackeuchi en 1995. La prise de conscience de l’importance du KM dans les entreprises sera suscitée en 1993 par un article intitulé « Intellectual Capital : your company’s most valuable asset » publié par Tom Stewart dans « Fortune »41. Les années 1995 et 1996 seront marquées par la tenue des premières conférences aux Etats Unis puis en Europe. En 1998, la Banque Mondiale choisit le titre « knowledge for development » « le savoir au service du développement » pour son rapport annuel sur le développement dans le monde. 2-1-2 Evolution organisationnelle L’émergence du KM peut être expliquée par la confluence et l’évolution de plusieurs facteurs dont on peut distinguer des éléments internes et d’autres externes à l’organisation42. 40 SVEIBY, K-E. Intellectual Capital and Knowledge Management. [en ligne]. 2001. Disponible sur Internet. www.sveiby.com/articles/IntellectualCapital.html Page visitée le 05-05- 2002. 41 SKYRME. Knowledge Management: Approaches and Policies. David SkyrmeAssociates Ltd. Highclere, England. [en ligne]. July 2002. Disponible sur Internet www.skyrme.com/pubs/deeds_km.doc Page visitée le 20 décembre 2002. 46 Au niveau externe, il s’agit essentiellement de : - la mondialisation de l’économie, l’internationalisation de la concurrence et la délocalisation accrue des multinationales ; - l’exigence accrue des clients d’un produit de plus en plus personnalisé, de meilleure qualité et réalisé dans des délais plus courts ; - l’exigence accrue des concurrents, qui sont de plus en plus innovants en produits, services et pratiques (sophisticated competitors) ; - le perfectionnement des fournisseurs qui continuent à améliorer leurs capacités et peuvent participer à soutenir les efforts d’innovation de l’entreprise (sophisticated suppliers). Les facteurs internes à l’organisation sont essentiellement relatifs : - au développement des applications des nouvelles technologies de l’Information et de la communication dans les organisations ; - à la reconsidération des fonctions cognitives et des modèles mentaux des ressources humaines. La démarche de gestion des connaissances serait également justifiée par quatre arguments : - le besoin d’une plus grande productivité qui s’est fréquemment traduit, ces deux dernières décennies, par des départs en retraite anticipée, des transferts de personnes et des suppressions des effectifs dont les conséquences en perte de savoir n’ont bien souvent pas été examinées ou traitées. Les difficultés engendrées par cette situation ont progressivement amené à la prise de conscience de l’importance du patrimoine des connaissances ; - le développement considérable, dans l’entreprise, des systèmes d’information et des technologies associées qui a décuplé en particulier la possibilité de partager la connaissance, quelle que soit la configuration géographique de l’entreprise. - les avancées importantes dans le domaine de l’ingénierie des connaissances, notamment grâce aux retombées des développements antérieurs de l’intelligence artificielle, qui permettent de mieux recueillir et restituer la connaissance. - les changements, restructuration et mobilité qui risquent de vider l’organisation de ses compétences. 42 WIIG, K. Knowledge Management, An Emerging Discipline Rooted in a Long History. Institute of Knowledge Researches. [en ligne]. 2000. Disponible sur Internet www.krii.com/downloads/km_emerg_discipl.pdf , Page visitée le 15-08-2002 47 Soulignons d’autre part, que la gestion des connaissances est avant tout une étape d’évolution que les organisations atteignent en modernisant leurs structures et en perfectionnant leurs modes de management. « The firms which are currently being cited as leaders in Knowledge Management in the United States, Canada, Japan, Switzerland, and Australia have also been leaders in the careful application of their management techniques. Knowledge Management is an evolution of their management practices, not something they have suddenly discovered which can be implemented in six months. Having recognized the Importance of Knowledge Management and knowledge work processes, they find that they already have some of the foundations well implemented in their people and organization. They do not see knowledge management as a « solution » but as a way to better use the expertise within and available to their organizations. »43. 2-1-3 Evolution épistémologique Michael Earl44 distingue trois écoles de pensée : - l’école technocratique qui met l’accent sur la technologie et les bases de données ; - l’école économique, qui s’efforce de développer les actifs intangibles ; - et l’école béhavioriste qui étudie le partage de connaissances au sein des réseaux sociaux. En effet, plusieurs disciplines se rejoignent pour donner émergence au concept. « Knowledge Management has many origins. One comes from abstract philosophical thinking. Another comes from concrete concerns of expertise in the workplace. Others come from perspectives of educators and business leaders. Recent perspectives come from efforts to explain economic driving forces in the ‘knowledge era»45. Il s’agit notamment des disciplines suivantes : Business theory and econmics (théorie économique) pour élaborer les stratégies, déterminer les priorités et évaluer les réalisations. Cognitive sciences (sciences cognitives) afin de pouvoir soutenir les travailleurs intellectuels dans l’accomplissement de leurs tâches ; 43BROADBENT, M. The Phenomenon of Knowledge management: What Does it Mean to the Information Profession? [en ligne]. 1998. Disponible sur Internet. www.sla.org/pubs/serial/io/1998/may98/broadben.html Page visitée le 03/12/2002. 44 EARL, M. Knowledge Management Strategies: towards a taxonomy, Journal of Management Information Systems, Summer, Vol.18, N°1, pp. 215-233. Cité par Moingeon et Perrin, Op. Cit. 45 WIIG, K. Knowledge Management, An Emerging Discipline Rooted in a Long History. Op. Cit. 48 ‘Cybrary’ sciences pour apporter les services relatifs à la connaissance à chaque personne. Information Sciences (sciences de l’Information) afin de mettre en place l’infrastructure et les capacités requises par la gestion des connaissances (knowledge related capabilities) ; Ergonomics (ergonomie) afin d’assurer un environnement de travail adéquat ; Knowledge engineering (Ingénierie de la connaissance) pour expliciter et codifier le savoir ; Artificial Intelligence (L’intelligence artificielle) pour automatiser les procédures et assister les tâches fortement intellectuelles (knowledge intensive work) ; Management science (sciences de la gestion) pour optimiser les opérations et intégrer les efforts entrepris en gestion des connaissances à l’ensemble de l’entreprise ; Social sciences (sciences sociales) pour fournir les motivations nécessaires, l’environnement culturel. 2-1-4 Une évolution des Sciences de l’Information ? Certains auteurs reconnaissent dans le KM une ‘réincarnation’ du domaine familier de la bibliothéconomie et des sciences de l’information. Certains y voient une menace, et d’autres, un défi et une opportunité pour le devenir de la carrière des professionnels de l’information46. Certains outils relevant des Sciences de l’information sont également utilisées en KM. “Some of us in the library community will be having a slight feeling of déjà-vu – Yes, this is precisely the concept of ‘information mapping’ that Horton and others in the library community have been promoting for years. We may feel, with some justification, that Knowledge Management is just a new name for librarianship.” Cette impression de déjà-vu est également l’avis de Marianne Broadbent, ‘librarian’ de formation et dont l’article intitulé « the phenomenon of knowledge management, what does it mean for the information Professional ?» est l’un des écrits les plus cités. Toutefois, elle distingue entre d’une part, « librarians who are intellectually involved in any of these types of activities » qui sont des ‘knowledge workers’ et d’autre part, 46 LOUGHRIDGE, B. Knowledge Management, librarians and information managers: fad or futur? Newlibrary world. Volume 100. N°1151. 1999. pp. 245-253. [en ligne], Disponible sur Internet www.emerald-library.com . Page visitée le 01-07-2003 49 « the persons involved in organizing things for others to access » et qualifiés comme étant « an administrative worker rather than a knowledge worker ». Enfin, l’avis de Rossion47 est plus explicite sur l’apport du KM au profit des professionnels de l’information : « here is a discipline which highlights our skills, which admits that our job is valuable for the firms business strategy, which offers us the potential for new development fields and which is strongly supported by the top management.” En effet, tout en se basant sur des techniques propres aux Sciences de l’Information, le KM se déplace vers le coeurs du métier de l’organisation et se positionne à un niveau stratégique, pour assurer la gestion des connaissances à valeur ajoutée. De là, il offre au professionnel de l’information de nouvelles opportunités de carrière. 47 ROSSION, F. To be a knowledge officer or not? How the information professional can face this challenge, Online Information 98: proceedings. Learned Information Europe, Oxford, 1998, p. 157-163. Citée par : CHURCH, D. From Librarian to Knowledge Manager and Beyond : The Shift to an End-User Domain. SLA. [en ligne]. 1998. Disponible sur Internet http://www.sla.org/chapter/ctor/newsletter/courier/v36n2/v36n2a1.htm . Page visitée le 01/07/2003. 50 2-2 Les principales notions autour du Knowledge Management 2-2-1 Le Knowledge Management La littérature relative au concept de Knowledge Management (KM) offre une nébuleuse de définitions se focalisant toutes autour du caractère organisé, formel et systématique de la gestion des connaissances. Ainsi, pour KPMG48, la gestion des connaissances est une action organisée pour utiliser le savoir de l’organisation dans le but de développer ses capacités et améliorer ses performances. Pour D. Skyrme, la gestion des connaissances est la gestion explicite et systématique des connaissances vitales ainsi que les processus qui lui sont associés et qui consistent à créer, collecter, organiser, diffuser, utiliser et exploiter les connaissances dans le but d’atteindre les objectifs de l’organisation. « the explicit and systematic management of vital knowledge and its associated processes of creating, gathering, organizing, diffusion, use and exploitation, in pursuit of organizational objectives »49. D. Skyrme souligne les termes suivants : Explicit : l’auteur considère que tant qu’une chose n’est pas rendue explicite, elle ne peut être correctement gérée. Ainsi, même si quelques pratiques de gestion des connaissances sont retrouvées au sein des entreprises, leurs avantages ne peuvent être atteints que si elles sont gérées de façon explicite. Systematic : la systématisation assure une consistance des méthodes et permet de diffuser les meilleures pratiques. Elle se prête à l’automatisation permettant plus d’efficacité dans la manipulation des connaissances explicites. Vital : chaque discussion et chaque nouveau document enrichie le réservoir de connaissances de l’organisation (organization’s knowledge pool). Il est alors nécessaire de déterminer quelles connaissances sont critiques en vue de les formaliser pour en assurer la gestion et la valorisation Processes : les processus de gestion des connaissances revêtent de l’importance aussi bien par rapport aux processus de management que pour leur propre valeur. 48 49 KPMG. Knowledge Management Report 1998, United Kingdom Edition, 1998. SKYRME, D. Knowledge Management: Approaches and Policies. Op. Cit. 51 2-2-2 La connaissance T. Davenport et L. Prusak50 définissent le « knowledge » comme étant un mélange fluide d’expérience contextuelle, de valeurs, d’information contextuelle et de compréhension d’un domaine précis servant de cadre à l’évaluation et à l’assimilation des expériences et informations nouvelles. Il prend naissance dans l’esprit de ceux qui détiennent le savoir et est utilisé par ceux-ci. Souvent, dans l’organisation, le savoir est intégré non seulement aux documents ou aux réserves d’information, mais aussi aux activités, aux processus, aux pratiques et aux normes. Pour le cabinet KPMG51, la connaissance est définie comme étant l’ensemble des faits, règles, affirmations et concepts liés aux domaines vitaux de l’entreprise. La connaissance est une ressource fondamentale pour accomplir les tâches « intelligentes » telles que la prise de décision, l’évaluation, la conception, la planification, le diagnostic et l’analyse. Selon ce cabinet, elle diffère de l’information du fait : - qu’elle a une dimension sociale et psychologique plus importante ; - qu’elle est interliée (interconnected), généralisée et explicative (explanatory) du fait qu’elle est basée sur l’expérience et l’apprentissage ; - qu’elle a ses particularités liées à la créativité, à la collaboration et au partage des points de vue et des expériences. Par ailleurs, plusieurs auteurs parlent du continuum qui enchaîne les concepts : donnée, information, connaissance et même expérience et sagesse. Pour Vale52 de IME (Information Management and Economics), les déplacements dans ce continuum sont caractérisés par les conditions suivantes : - Structuration et « définition des tendances » accrues ; - Interprétation contextuelle accrue ; - Processus d’information à valeur ajoutée supérieurs. Les activités humaines qui contribuent à la création du savoir à partir de cet enchaînement sont généralement structurées en activités de filtrage, où chaque ‘filtre’ successif représente un processus à valeur ajoutée plus élevée 50 DAVENPORT, T., PRUSAK L. Working Knowledge: How Organizations Manage what they know, Harvard Business School Press, 1998, p.5. 51 KPMG. Knowledge Management Report 1998, United Kingdom Edition, 1998. P. 5 52 CANADA, Commission de la fonction publique du Canada. La gestion du savoir à la Commission de la Fonction Publique : Document de travail. [en ligne]. Mai 1998. Disponible sur Internet www.psc-cfp.gc.ca/research/knowledge/km_psc_f.pdf Page visitée le, 21/09/2005 52 Toutefois, ce continuum ne fait pas l'unanimité des auteurs, étant donné que l’examen de ces concepts fait ressortir des différences fondamentales, particulièrement lors du passage de l’information reçue à la connaissance53. En effet, ce processus, complexe, fait appel au savoir déjà existant pour donner sens aux informations acquises qui, une fois intériorisées, seront liées au savoir existant. De là, les nouvelles connaissances sont plus fonction du savoir existant que des informations reçues. Il faut signaler que ‘savoir’ et ‘connaissance’ sont souvent utilisés indifféremment pour signifier un même concept (unique en anglais : knowledge). Toutefois, Hachuel et al54. Distinguent entre connaissance et savoir dans le sens où ce dernier est certifié, fiable et légitimé par tel ou tel mécanisme institutionnel ou croyance collective. Un exemple illustratif : je sais jardiner, cuisiner, c’est une connaissance qui est différente du savoir détenu par un jardinier ou un chef cuisinier. Elle n’a pas passé les épreuves auxquelles sont soumis les savoirs certifiés. Les types de connaissances : I. Nonaka et H. Takeuchi structurent leur analyse des connaissances dans l’organisation en distinguant la dimension épistémologique qui oppose la connaissance tacite à la connaissance explicite et la dimension ontologique qui oppose les connaissances individuelles aux connaissances collectives55. D'autres classifications sont également dressées par les auteurs, nous survolerons quelques unes d'entre elles. a- La dimension épistémologique La distinction entre connaissance tacite et connaissances explicite a été proposée pour la première fois56 en 1966 par Michael Polany dans son ouvrage « The Tacite Dimension ». Les travaux de Nonaka et Takeuchi l’ont reprise en détail dès 1991. Nombreuses recherches l'ont également explorée57 (Nonaka, 1988 ; Nonaka et Takeuchi, 1995 ; Baumard, 1995, 1996 ; Boisot, 1995, 1998 ; Spender, 1996, 1998 ; Sanchez et Heene, 1997; Zack, 1999). 53 WIIG, K. Knowledge Management: An Emerging Discipline Rooted in a Long History. Op.Cit. HATCHUEL et al. La gestion des connaissances aux organisations orientées conception. Revue Internationale des Sciences Sociales, Unesco, Eres, Mars 2002, N°171, p 29-42. 55 NONAKA, I., TAKEUCHI, H. L’entreprise créatrice, la dynamique de l’entreprise apprenante. Op.Cit. p.78 56 Ibid. p.79. 54 53 Nonaka définit la connaissance explicite comme étant celle qui peut être exprimée en mots et en chiffres et qui peut être facilement communiquée et partagée sous forme de données brutes, de formules scientifiques, de procédures codifiées ou de principes universels. « Explicit knowledge can be expressed in words and numbers and easily communicated, shared in the form of hard data, scientific formulae, codified procedures or universal principles »58 La connaissance tacite est « fortement personnelle et difficile à formaliser. Points de vue subjectifs, intuitions et pressentiments font partie de ce type de connaissances » «Tacit knowledge is highly personal and hard to formalize. Subjective insights, intuitions and hunches fall into this category of knowledge »59. Si la connaissance explicite est « formelle et systématique », le savoir tacite comporte une part de compétences techniques, le type de compétences informelles, difficiles à définir que l’on capte dans le terme savoir-faire (know-how), et une part cognitive qui reflète notre image de la réalité et notre vision du futur Pour D. Skyrme60, le savoir explicite est retrouvé dans les documents et les bases de données tandis que le savoir tacite est dans les esprits des hommes (in the heads of people). La conversion des connaissances De la distinction entre savoir tacite et savoir explicite découle quatre schémas de base pour créer le savoir dans l’entreprise : 1- La socialisation : du tacite au tacite : Pour Nonaka et Takeuchi61, il s’agit d’un processus de partage d’expériences créant de ce fait des connaissances tacites. Ils considèrent que l’expérience est la clé pour acquérir la connaissance tacite. Pour que la création de connaissances organisationnelles ait lieu, la connaissance tacite accumulée au niveau individuel doit être socialisée avec d’autres membres de l’organisation. 2- L’externalisation : du tacite à l’explicite : C’est le processus d’articulation des connaissances tacites en concepts explicites. Nonaka et Takeuchi le considèrent 57 PERRIN, A. La valorisation des pratiques de gestion des connaissances : outils de mesure et mesure des outils. 1ère rencontre interuniversitaire Performance et Immatériel. Université d'Angers.[en ligne]. 2004. Disponible sur Internet http://www.alexandreperrin.com/articles/article_3 Page visitée le 05/08/2005. 58 NONAKA, I., TAKEUCHI, H, « The Knowledge-Creating Company. How Japanese Companies Create the Dynamics of Innovation, New York, Oxford University Press, 1995. p. 8. 59 Ibid. 60 SKYRME, D. Knowledge Management: Approaches and Policies. Op. Cit NONAKA, I., TAKEUCHI, H. L’entreprise créatrice de savoir la dynamique de l’entreprise apprenante. Op. Cit. p.85. 54 comme la quintessence de la création de connaissances vu que la connaissance devient explicite sous la forme de métaphore, d’analogie, concepts, hypothèses ou modèles. De ce fait, ils présentent la métaphore comme étant un outil efficace pour « exprimer l’inexplicable ». Il s’agit des symboles et des expressions du langage figuratif qui permettraient aux gestionnaires d’énoncer leurs intuitions et leurs points de vues. L’exemple donné est celui de la « théorie de l’évolution de l’automobile », slogan figuratif qui avait permis à une équipe de Honda de concevoir la ‘Honda City’ et de réussir sa commercialisation. 3- L’intériorisation : de l’explicite au tacite : L’intériorisation est un processus d’incorporation de la connaissance explicite en connaissance tacite. Elle est étroitement liée à « l’apprentissage en faisant » et représente l’enracinement de la connaissance explicite dans des séquences pouvant atteindre le stade du réflexe62. Pour que la connaissance explicite devienne tacite, il est utile qu’elle soit verbalisée ou présentée sous forme de diagramme dans des documents, manuels ou récits oraux. « La documentation aide les individus à intérioriser ce qu’ils ont eu comme expériences, enrichissant donc leur connaissance tacite. De surcroît, les documents et manuels facilitent le transferts de connaissances explicites vers d’autres personnes ; les aidant de ce fait à faire indirectement l’expérience des expériences des autres »63. 4- La combinaison : de l’explicite à l’explicite : Ce mode de conversion combine différents corps de connaissances explicites, permettant de créer des connaissances nouvelles par le rapprochement et la combinaison de connaissances existantes. Exemple : réalisation d’un rapport pour présenter le résultat financier. 62 PRAX, J-Y. Le guide du Knowledge Management : Concepts et pratiques du Management de la connaissance. Paris : Dunod, 2000. p.57. 63 NONAKA, I., TAKEUCHI, H. L’entreprise créatrice de savoir : la dynamique de l’entreprise apprenante. Op.Cit. p. 85. 55 Connaissances tacites Connaissances tacites Connaissances explicites Socialisation Extériorisation Intériorisation Combinaison Connaissances explicites Figure n°1 : Les quatre modes de conversion des connaissances64 b- La dimension ontologique La dimension ontologique représente les différents niveaux de la connaissance : Les connaissances individuelles et les connaissances sociales (ou collectives)65 . Cette notion sociale est divisée en sous niveaux : le groupe, l’organisation et les relations entre les organisations66. Le principal problème étudié dans la dimension ontologique est le partage des connaissances entre les individus, les groupes et l’organisation. A cette hiérarchie, il convient d’ajouter la notion de « communauté de pratiques » développée par Wenger et Lave dès 1991 (http://www.ewenger.com ). Ainsi, dans l’entreprise chaque individu ou groupe d’individus détient une connaissance particulière face à une problématique donnée. Les principes d’organisation, les routines, les pratiques, les schémas de management et les expériences passées sont largement diffusés dans l’organisation et détenus par un grand nombre d’individus. Ces connaissances collectives ne peuvent s’échanger sur un marché économique alors que leur valeur est très importante, ce qui entraîne une certaine difficulté à les valoriser67. Ce sont paradoxalement ces actifs qui constituent une part de ce qui fonde la valeur d’une organisation. Pourtant, c’est souvent la disparition d’un de NONAKA, I., TAKEUCHI, H. L’entreprise créatrice de savoir la dynamique de l’entreprise apprenante, Op. Cit. SPENDER, J.C. Organizational Knowledge, Learning and Memory : Three Concepts in Search of a Theory – Journal of Organizational Change Management. Vol 9, N°1, 1996. pp 63-78. [en ligne] Disponible sur Internet www.aradolibrary.org.eg/organizational%20learning%20pdf/p63_s.pdf Page visitée le 10/08/2005 66 NONAKA, I., TAKEUCHI, H. L’entreprise créatrice de savoir la dynamique de l’entreprise apprenante, Op. Cit. p.31 67 DUIZABO, S., GUILLAUME, N. La matrice SDH : une perspective de gestion pour les actifs immatériels, Lille : Conférence AIMS 1996.[en ligne]. Disponible sur Internet http://www.strategie- aims.com/lille/com3302.pdf Page visitée le 07/08/2005 64 65 56 ces actifs qui en prouve, a posteriori, la valeur. Par exemple, le départ d’un individu est peu préjudiciable pour une entreprise. En revanche, le départ d’une équipe toute entière qui a développé des connaissances collectives spécifiques est très dangereux pour toute organisation. c- Autres typologies de connaissances Une autre typologie est celles établie par Hans Siggaard Jensen, et Lans Fredeiksen du Learning Laboratory au Danemark68 et qui distinguent deux grands types de connaissances qui créent un surcroît de valeur pour l’organisation : les connaissances au sein du système et les connaissances sur le système. Dans le secteur public par exemple, la science de la gestion publique et la science politique sont essentiellement des connaissances sur le système, tandis que toutes les connaissances acquises dans le cadre de la prestation de service ou de l’élaboration des politiques sont des connaissances au sein du système. Bologna69 considère deux types de connaissances : intellectuelles (apprises comme une leçon) et empiriques (acquises par la pratique). Les connaissances intellectuelles sont celles que l’on reçoit pendant sa formation scolaire ou continue : elles sont en général déjà formalisées (sous forme de documents ou de supports divers). Ce sont majoritairement les connaissances de base, nécessaires à l’exercice du métier, mais non suffisamment appliquées pour être directement exploitables dans l’activité professionnelle. En général, elles prennent la forme de lois ou de règles applicables et ne sont pas « contestables ». Les connaissances empiriques, plus appliquées, sont celles que l’on acquiert ou qu’on se crée pendant son activité professionnelle. Ces dernières sont contingentes parce qu’elles dépendent précisément de ce qu’on fait dans l’entreprise, et des circonstances dans lesquelles on le fait. « Et ce sont justement celles-là qui ont le plus de valeur pour l’entreprise, car elles sont proches, issues de l’activité réelle de l’entreprise : elles représentent une très forte valeur ajoutée pour elle, c’est ce que nous appelleronts l’expérience ». Une autre typologie est dressée par S. Duizabo et N. Guillaume70, et qui présente trois types de connaissances : 68 OCDE, Gestion du savoir et des connaissances : apprendre en comparant les expériences des entreprises du secteur privés et des organisations du secteur public ». Op. Cit. 69 BOLOGNA, G. La gestion des connaissances : de la théorie à la pratique, le cas de l’ICARE. Salon IDT, 16ème congrès - 8 et 9 juin 1999, Paris. 57 o Des connaissances de nature académique, de niveau public et scientifique, et qui relèvent du transfert assuré par les institutions d’enseignement classiques (écoles, universités, grandes écoles…). o Des connaissances plus spécifiques à chaque industrie ou à des domaines particuliers (réglementation fiscale, procédures de passations des marchés publics..) o Des connaissances spécifiques à chaque firme et qui sont les moins facilement transmissibles. Elles résultent d’une acquisition directe à travers l’activité. (procédures, contacts, historiques, succès et échecs..) 2-2-3 Le Capital Intellectuel (CI) La notion de Capital Intellectuel est une notion centrale au cœur de la gestion des connaissances, c’est l’objet même que cette discipline tente de développer et de fructifier. C’est Tom Stewart qui fut le premier à utiliser cette expression dans son article : « How Intellectual Capital is becoming America’s most valuable asset » 71. Il l’avait définit comme étant la somme de tout ce qu’on sait dans l’organisation et qui peut avoir un impact sur la compétitivité de l’entreprise. Il inclut les connaissances, l’information, la propriété intellectuelle et l’expérience72. En outre, la littérature définit souvent le Capital Intellectuel comme étant la différence entre d’une part, la valeur de la firme établie par la somme de ses actifs, et d’autre part, sa valeur réelle sur le marché. « Intellectual capital is seen as the difference between the value of a company as stated as the value of its assets and the actual market-value of the company »73. En outre, le KM et le CI se présentent comme deux branches d’un même arbre74. Si le KM est une gestion active du savoir, le Capital Intellectuel est plutôt vu comme statique et nécessite un verbe pour décrire l’action qui lui est appliquée : gérer le Capital Intellectuel, améliorer le Capital Intellectuel, etc. La gestion des connaissances est la discipline, le Capital Intellectuel en est l’objet. 70 DUIZABO, S., GUILLAUME, N. Les problématiques de gestion des connaissances dans les entreprises. Centre de recherche DMSP (Dauphine Marketing Stratégie Prospective). Université Paris Dauphine, cahier n°252, Février 1997. www.dmsp.dauphine.fr 71 SVEIBY, K-E. Intellectual capital and knowledge management Op. Cit. 72 UNI (Union Internationale des syndicats). « Le Capital Intellectuel, priorité à l’approche citoyenne dans l’économie de l’ère numérique. Conférence mondiale d’UNI pour les cadres. Singapour, 21-23 août 2000. [en ligne]. 2000. Disponible sur Internet www.union-network.org/UNIsite/Groups/PMS/publications/IntelCap00_f.pdf Page visitée le 02/03/2002 73 OECD. « OECD Seminar on Knowledge Management . ‘Learning by comparing’ Experiences from Private Firms and Public Organisations ». 8th February, 2001, Working Title : Knowledge Management and Education. OCDE.[en ligne] 2001. Disponible sur le site de l’OCDE. www.oecd.org Page visitée le 20 décembre 2002. 74 SVEIBY, K-E. Intellectual capital and knowledge management Op.Cit. 58 K. Wiig75 l’exprime clairement, “the goal of Knowledge Management is to build and exploit intellectual capital effectively and gainfully”. 2-2-3-1 La gestion du Capital Intellectuel Le mouvement de gestion du CI aurait trois origines différentes76 : - La première est japonaise, avec le travail de H. Itami (Mobilizing Invisible Assets, 1980), qui a étudié l’effet des actifs invisibles sur le management des entreprises japonaises ; - La seconde revient aux travaux sur la théorie de la firme (initiés par Edith Penrose) et conférant à la connaissance une valeur économique, au même titre que toutes autres ressources matérielles faisant partie du capital ; - Pour la troisième origine, il s’agit des travaux du suédois Sveiby qui a étudié la part du Capital Humain dans la gestion du CI. On peut, selon l’auteur, distinguer deux grandes voies de développement du mouvement. L’un vers le KM (qui est le concept de base de ce travail de recherche) et l’autre vers la mesure du Capital Intellectuel (à connotation plus comptable que managériale). 2-2-3-2 Eléments du Capital Intellectuel Trois catégories principales sont définies par les auteurs, le Capital Humain, le capital structurel ou organisationnel et le Capital Environnement. Pour le Ministère des Finances Danois77 le Capital Intellectuel est constitué de trois éléments : le Capital Humain, composé des qualifications, compétences et expériences des individus qui lui permettent de créer du savoir. le capital système et processus, c’est l’expression de la capacité collective de l’organisation à créer du savoir, ex. : Procédure, bases de données, Intranet et Système d’archives,. 75 WIIG, K. Knowledge Management, An Emerging Discipline Rooted in a Long History. Op. Cit SULLIVAN, P. Intellectual Capital, How to Convert Intangible Corporate Assets into Market Value, [en ligne] 2002. Disponible sur Internet www.sveiby.com. Page visitée le 11/04/2003 77 DANEMARK, Ministère des Finances. Knowledge Management and Intellectual Capital Statement within the State, [en ligne]. Mars 2000. Disponible sur Internet www.oecd.org Page visitée le 20-10-2002 76 59 le Capital Environnement, défini comme étant la capacité individuelle et collective à créer le savoir, et dépend des relations avec les clients et les partenaires. Cet élément dépend essentiellement des réseaux de relations de l’organisation et de la façon dont ces réseaux permettent la création du savoir. Pour ce travail de recherche, le Capital Intellectuel sera pris au sens défini par le Ministère Danois des Finances, du fait des rapprochements avec le domaine de l’étude, Il est à préciser que cette classification reprend en partie celle citée par David Stephens dans « Intellectual Capital : Asset for the 21th Century Public Sector » (article écrit à l’occasion de la conférence IPAA, “Five + Years of Reform”, tenue à Canberra le 20 novembre 2000), ellemême tirée de l’ouvrage titré « Intellectual Capital » et publié en 1997 par Tom Steward78. 2-2-4 Les processus et les pratiques de gestion des connaissances L’OCDE définit la gestion des connaissances comme étant « l’ensemble des pratiques et des procédures qui permettent l’acquisition, l'utilisation et le partage des connaissances. « all the practices and procedures involved in acquiring, using and sharing knowledge” 79. Nous présentons en deux paragraphes les processus qui constituent la gestion des connaissances, ainsi que les pratiques qui la concrétisent. 2-2-4-1 les processus de gestion des connaissances Plusieurs processus se succèdent pour permettre la gestion des connaissances. Malgré la diversité des schémas présentés par les auteurs, ils partent généralement de la création du savoir ou de son identification à son application. Pour Wiig80, il s’agit d’ un cycle organisationnel d’évolution du savoir : « Institutional Knowledge Evolution Cycle » de cinq étapes : 1- knowledge developement : le savoir est développé à travers apprentissage, innovation, créativité, et import de l’extérieur ; 2- Knowledge acquisition : le savoir est capturé et conservé pour utilisation et traitement ; 78 OCDE, Gestion du savoir et des connaissances : apprendre en comparant les expériences des entreprises du secteur privés et des organisations du secteur public ». Op. Cit. 79 OCDE. Presentation of the International Knowledge Management Survey in The Private Sector. Working Party of National Experts on Science and Technology Indicators. Paris, OECD, 25-27 June 2002. COM/CERI. [en ligne] 2002. Disponible sur le site de l’OCDE : www.oecd.org Page visitée le 20 décembre 2002 80 WIIG, K. Knowledge Management, An Emerging Discipline Rooted in a Long History. Op. Cit. 60 3- Knowledge refinement : le savoir est organisé, transformé ou intégré dans des supports écrits, bases de connaissances afin de le rendre exploitable ; 4- Knowledge distribution and deployment : le savoir est diffusé aux points d’action à travers enseignement, programmes de formation, systèmes automatisés à base de connaissance, réseaux d’experts… 5- Knowledge leveraging : le savoir est appliqué et utilisé. Cette utilisation du savoir va être la base de plus d’apprentissage et d’innovation. Pour J-P. Barthès81, le processus de gestion des connaissances correspond à une succession d'activités visant le repérage, la préservation, la valorisation et l'actualisation des connaissances. Le schéma présenté ci-dessous en retrace le déroulement. Figure n° 2 : Processus de capitalisation des connaissances de J.P. Barthès82 81 BARTHES, J.P. Capitalisation des connaissances. [en ligne].1999. Disponible sur Internet http://www.hds.utc.fr/~barthes/DICIT-T23-KM/sld007.htm Page visitée le 05/12/2003 82 Ibid. 61 Cette classification est présentée différemment par S. Duizabo et N. Guillaume 83 qui retiennent trois processus de gestion des connaissances : Création, capitalisation et transfert correspondant à ceux avancés par J-P. Barthès. La figure ci-après tente de tracer une correspondance entre les processus identifiés par J-P. Barthès et ceux proposés par S. Duizabo et N. Guillaume : Création des connaissances Actualiser (enrichir, mettre à jour) Capitalisation des connaissances Repérer (identifier, localiser) Préserver (modéliser, formaliser, archiver) Transfert des connaissances Valoriser (accéder, diffuser, exploiter, intégrer) Figure n° 3 : Correspondance entre les processus de gestion des connaissances présentés par S. Duizabo et N. Guillaume et ceux avancés par J. P. Barthès . a- La création des connaissances : Pour Nonaka et Takeuchi, la création de connaissances se situe à trois niveaux : l’individu, le groupe et l’organisation. Cependant, la nouvelle connaissance est toujours générée par un individu : « Bien que nous utilisions les termes de création de connaissances organisationnelles, l’organisation ne peut créer de connaissances par elle-même sans l’initiative des individus et l’interaction qui a lieu au sein de l’organisation. La connaissance peut être amplifiée et cristallisée au niveau du groupe par le dialogue, la discussion, l’échange d’expériences et l’observation »84. En effet, la création de connaissances organisationnelles est un “ processus en spirale débutant au niveau individuel et s’élevant au travers d’une communauté d’interactions en expansion qui traversent les frontières des sections, des départements, des divisions et de l’organisation »85. 83 DUIZABO, S., GUILLAUME, N. Les problématiques de gestion des connaissances dans les entreprises. Centre de recherche DMSP (Dauphine Marketing Stratégie Prospective). Université Paris Dauphine, cahier n°252, [en ligne] Février 1997. Disponible sur Internet http://www.dmsp.dauphine.fr/DMSP/FRENCH/CahiersRecherche/CR252.pdf Page visitée le 02/06/2002 84 NONAKA, I., TAKEUCHI, H. L’entreprise créatrice, la dynamique de l’entreprise apprenante. Op. Cit. p. 31 85 Ibid. p.96 62 De plus, la création de connaissances organisationnelles est une interaction continue et dynamique entre connaissances tacites et connaissances explicites. C’est la spirale de connaissances, qui transforme la connaissance tacite en connaissances explicites et vis versa. Par ailleurs, cinq conditions favorisent la création des connaissances organisationnelles86 : 1. L’intention : c’est l’aspiration de l’organisation vers ses buts, généralement formulée sous forme de stratégie. Il s’agit essentiellement de conceptualiser une vision concernant le type de connaissance qui doit être développé et de la rendre opérationnelle en un système de gestion permettant sa mise en œuvre ; 2. L’autonomie : pour créer des connaissances organisationnelles, tous les membres de l’organisation doivent se voir autorisés à agir de façon autonome. En agissant ainsi, l’organisation peut augmenter ses chances d’introduire des opportunités inattendues ; 3. La Fluctuation et le chaos créatif : Il s’agit d’une rupture avec les routines, les habitudes et les schémas cognitifs enracinés dans les pratiques de l’organisation , qui provoque une création de connaissances (chaos créatif) ; 4. La redondance (redunduncy) : définies par les auteurs comme étant « the existence of information that goes beyond the immediate operational requirement of organizational members »87. Bien que considéré comme effet pernicieux par les spécialistes du Management occidental, préoccupés par l’efficience dans la gestion de l’information, la redondance de l’information est considérée par les auteurs japonais comme un prérequis à la création de la connaissance, puisqu’elle permet entre autres, d’initier des relation entre les niveaux hiérarchiques et aide les personnes à se situer par rapport à l’organisation. Cette redondance comporte, cependant, un risque de submersion de l’organisation par les informations produites « Redunduncy of information increases the amount of information to be processessed and can lead to the problem of information overload »88, les auteurs précisent dans ce sens, qu’il est important d’accompagner une telle redondance par la mise en place d’un système de traitement de l’information. 86 Ibid. p. 96-107 NONAKA, I., TAKEUCHI, H. The Knowledge-Creating Company. How Japanese Companies Create the Dynamics of Innovation. Op. Cit. p.80 88 NONAKA, I., TAKEUCHI, H. L’entreprise créatrice, la dynamique de l’entreprise apprenante. Op. Cit.. p.82 87 63 5. La variété requise : C’est la cinquième condition aidant à faire avancer la spirale des connaissances. Elle consiste à développer une structure organisationnelle plate et flexible, dans laquelle les différentes unités sont reliées entre elles par un réseau d’information, permettant un accès égal à l’information. Par ailleurs, S. Duizabo et N. Guillaume89 considèrent que le processus de création des connaissances nécessite de mettre en place des dispositions aussi bien au niveau humain qu’au niveau des moyens formels, destinés à tirer pleinement partie des capacités humaines ainsi mobilisées. Créer des connaissances dans l’esprit humain Cette création de connaissances nécessite un certain nombre de conditions préalables qui ont été mises en exergue par les écrits sur « l’entreprise apprenante » et notamment la transformation des logiques organisationnelles. Ces conditions sont, avant tout, humaines, c’est à dire dépendantes de changements prenant place dans l’esprit des hommes : - Changement culturel car une pensée plus globale, plus systémique doit s’imposer face à une approche fonctionnelle réductrice. La communication, l’échange, l’innovation, l’apprentissage, l’expérimentation doivent être encouragés de même que l’acquisition et la formalisation des connaissances. - Changement en terme de pouvoir car la création de connaissances ne peut que difficilement s’exprimer sans une responsabilisation accrue de chaque employé (empowerment). Tout le personnel est encouragé à trouver et à essayer de nouvelles idées et à apprendre continuellement. Dans ce sens, des adaptations organisationnelles sont nécessaires en vue de définir les tâches et les relations pour que celles-ci constituent des « situations qualifiantes », où se développent des phénomènes d’apprentissage. Des postes à responsabilité transversales ou temporaires (projets) peuvent ainsi être définis par rapport à certaines connaissances transversales ou diffuses, peu prises en compte dans les structures fonctionnelles classiques. La création de la connaissance est souvent un travail de groupe et nécessite donc la possibilité de s’organiser en groupe. 89 DUIZABO, S., GUILLAUME, N. Les problématiques de gestion des connaissances dans les entreprises. Op. Cit. 64 En effet, pour Torandeau, les structures projets permettent de susciter un apprentissage par interactions entre des individus ou des groupes dotés de connaissances spécialisées. Selon l’auteur : « les structures fondées sur les projets et processus paraissent plus susceptibles d’apprendre et de générer des progrès continus » 90. Créer des connaissances sur des supports formels La simple application des principes précités ne conduit pas nécessairement à une création de connaissances exploitables pour l’entreprise. Le recours à des outils formels, des méthodes, des modes de représentation ou autres, permet alors de matérialiser et de structurer l’activité de création des connaissances. Parmi les outils formels, on distingue : - les outils permettant de faire émerger un problème, les indicateurs et les recueils d’objectifs explicités (qualité, charte, projet d’entreprise) qui focalisent sur certains problèmes, les méthodes complètes qui intègrent définition du problème et mode de résolution (ex. analyse de la valeur). A ces outils peuvent se greffer ceux qui servent à rassembler les données (système d’information) et à les analyser (représentations graphiques, statistiques, prototypes, présentations, etc.) - les outils de créativité (ex. brainstorming) utilisés pour ‘faire sortir de l’esprit’, transcrire et enrichir collectivement des connaissances originales. A ces méthodes peuvent se rattacher les méthodes d’animation de réunion, de résolution de problème et de suivi d’avancement (ex. gestion de projet) qui possèdent aussi une fonction de structuration. - Les outils d’échange et de partage permettant d’ouvrir ces processus de création de connaissances au-delà du niveau du groupe où elles sont habituellement mises en œuvre pour atteindre l’échelle de l’entreprise entière, la messagerie, les forums et le groupware constituent de tels moyens. b- La capitalisation des connaissances La capitalisation des connaissances consiste à identifier, documenter et conserver la mémoire des activités qui ont été menées, de telle manière à rendre accessibles, explicites et traçables les connaissances y afférentes91. Pour cela la capitalisation ‘s’efforce’ de développer des modèles de formalisation de plus en plus structurés et élaborés. Il ne TORANDEAU, J-C. De nouvelles formes d’organisation pour l’entreprise : La gestion par les processus, Cahier Français n° 287, Management et organisation des entreprises, La Documentation Française, Paris. [en ligne] 1998. Disponible sur Internet: http://www.ac-grenoble.fr/btscg/chxbtscg/tarond.htm Page visitée le 05/08/2005. 91 DUIZABO, S., GUILLAUME, N. Les problématiques de gestion des connaissances dans les entreprises. Op.Cit. 90 65 s’agit plus de recueillir des connaissances éparses et hétérogènes pour les intégrer dans l’activité mais de constituer un modèle global et cohérent de l’ensemble des connaissances attenant à un certain champ. L’objectif poursuivi n’est pas un objectif d’amélioration, de mise à jour ou d’enrichissement. Il s’agit ici, au sens des catégories de processus identifiés par Barthès, de repérer et préserver les connaissances (c’est à dire identifier, localiser, modéliser, formaliser et archiver) (voir figure n°3). En outre, la différence essentielle dans la capitalisation par rapport à la création réside dans le fait que l’on raisonne en terme de non permanence de l’activité. La continuité de l’activité constitue un facteur de maintien du niveau des connaissances notamment celles détenues par les hommes. Ainsi, des situations de perte des connaissances se présentent suite à l’arrêt d’une activité ou au départ d’experts. Les difficultés n’apparaissent souvent qu’après un certain temps, lorsque tel incident technique ou tel dossier complexe se présentent. Capitaliser des connaissances dans l’esprit humain Pour les S. Duizabo et N. Guillaume, cette problématique est celle de la gestion des compétences92. Elle s’insère dans la gestion des ressources humaines et s’intègre progressivement à ses outils et méthodes. Les auteurs précisent qu’en terme de gestion des connaissances, l’effort est avant tout porté sur la préservation, l’analyse et l’organisation de l’expertise détenue par les employés. Au niveau techniques, plusieurs outils permettent de créer des bases de données de compétences de l’ensemble du personnel, de cartographier et de simuler les compétences collectives, etc. Capitaliser des connaissances sur des supports formels Il s’agit selon les mêmes auteurs de formaliser les connaissances mises en œuvre dans l’activité. C’est à dire de rendre explicite, manipulables et accessibles, généralement sous forme documentaire, les composantes de cette activité : produits, processus, méthodes, schémas. L’abondance des aspects pouvant faire l’objet de représentation constitue le premier problème lors d’une démarche de capitalisation. Les contraintes liées au coût de la 92 DUIZABO, S., GUILLAUME, N. Les problématiques de gestion des connaissances dans les entreprises. Op.Cit. 66 formalisation sont également considérables. Les entreprises sont alors confrontées à des choix : quelles connaissances doivent-elles avant tout capitaliser ? A l’intérieur des supports formels, deux types de données sont distingués93 : Les données structurées qui sont contenues dans des bases de données sous une forme réduite. Il s’agit essentiellement des données financières, de gestion et de production (Conception et fabrication assistées par ordinateur, applications transactionnelles). Les données non structurées qui présentent une grande diversité : rapports, présentation de produits ou de budget, formulaire de suivi, guide, manuel technique, mémo,etc. ces documents peuvent reposer sur un support papier ou informatique (système documentaire, workflow, groupware) et leur exploitation passe par le recours à des systèmes d’indexation et de recherche documentaire et de Gestion électronique de documents. c- Le transfert des connaissances Pour S. Duizabo et N. Guillaume94, le transfert constitue la continuité logique des démarches de création et de capitalisation des connaissances. Alors que les connaissances mises en jeu lors du processus de création présentent une grande variété et s’enracinent dans des éléments contextuels très riches, les connaissances capitalisées apparaissent comme beaucoup plus formalisées et restreintes dans leur diversité. Les connaissances transférables subissent, de même une réduction supplémentaire du fait de la perte d’éléments contextuels. Les modes de transfert des connaissances La formation constitue le mode essentiel de transmission des connaissances. Au delà des modes classiques de formation, de nouvelles composantes sont à relever : - La formation apprentissage sur le poste de travail (monitoring) ; - La formation action au sein d’un groupe de travail accompagné par un consultant mettant en œuvre une résolution de problème (ex. démarche qualité) ; - La formation documentaire et l’autoformation qui consiste à se former individuellement à partir de supports formels (documents, Enseignement Assisté par Ordinateur). 93 94 DUIZABO, S., GUILLAUME, N. Les problématiques de gestion des connaissances dans les entreprises. Op.Cit. Ibid 67 Par rapport à la formation comme mode de transfert reposant sur un corps structuré de connaissances transmis par « le détenteur », d’autres modes de transfert émergent, basés sur des éléments éparses destinés à répondre à des demandes à l’initiative du « demandeur » de connaissances. L’exemple le plus cité est celui d’un consultant d’Arthur Andersen ayant posé une question du type « est ce que quelqu’un sait quelque chose sur… ? » sur un bulletin d’information (Xchange) en groupware et ayant reçu quatre réponses de quatre endroits dans le monde en quelques jours, il a continué à « jeter le filet » et a pu en peu de temps constituer un fichier qui est devenu disponible pour tout autre consultant qui a besoin de la même information. La relation de transfert se trouve alors déterminée par « le demandeur » de connaissance et non plus par le « détenteur ». Ainsi apparaît l’importance de la personnalisation du transfert. Les connaissances s’avèrent différentes en fonction des personnes qui les échangent. 2-2-4-2 les pratiques de gestion des connaissances L’enquête de l’OCDE95, destinée aux Ministère et agences gouvernementales des pays membres définit quatre axes autour desquels s’articulent les pratiques de gestion des connaissances : - Les modes d’organisation (décentralisation de l’autorité, décloisonnement des structures administratives, utilisation des technologies de l’information et de la communication, etc.) - Les politiques de personnel, ainsi que le développement et la gestion des compétences (pratiques de tutorat et de formation, mobilité, etc.) - Le transfert de compétences (bases de données sur les compétences du personnel, mise en valeur des bonnes pratiques de travail…) - Les incitations au partage des connaissances (évaluation des performances et systèmes de promotions liées au partage des connaissances, évolution du rôle des dirigeants, etc.) 95 OCDE. Enquête : Pratiques de gestion du savoir et des connaissances : pour les Ministères, départements ministériels, agences des gouvernements centraux des pays membres de l’OCDE. PUMA [en ligne]. janvier 2002. Disponible sur le site www.oecd.org Page visitée le 20 décembre 2002. 68 Par ailleurs, la plupart des auteurs présentent également ces pratiques (ou Initiatives) par rapport au processus de gestion des connaissances qu’elles permettent de mettre en oeuvre. Ainsi Skyrme présente les pratiques de gestion des connaissances suivant le cycle auquel elles contribuent au sein du processus KM. « in practice, knowledge management is the deployment of a set of tools and techniques that are used to help organizations manage the two knowedge cycles more effectively. Over 100 such techniques have been identified. They can be conveniently grouped according to which part of the knowledge cycle they augment.” 96 Les pratiques liées au cycle d’innovation : Create (créer) : l’auteur inclut les techniques de créativité, le contact créatif (creative abrasion), l’usage de la simulation et des modèles. Codify (codifier) : méthodes de conception, algorithmes, méthodes de représentation et de modélisation. Embed (intégrer) : il s’agit des activités et des techniques permettant d’intégrer le savoir crée dans le processus de travail de l’organisation. On cite le prototypage (de produits, logiciels, documents..), le packaging (c.à.d. l’organisation du savoir sous forme d’un package : un document, une application, un enregistrement…) et le développement d’applications et de logiciels. Diffuse (diffuser) : l’usage des activités de marketing pour la diffusion du nouveau savoir (articles, conférences, présentations, brochures et promotion), l’emarketing (en utilisant Internet), les réseaux formels et informels (entreprises/universités, fabricants/clients..). Les pratiques liées au cycle de partage du savoir : Identifying (identifier) : des techniques sont utilisées telles que l’audit informationnel, la cartographie du savoir (knowledge mapping), l’identification d’expertise (expertise profiling), en plus des outils de catégorisation et d’extraction de sens (text mining and conceptual mapping). Gathering (collecter) : ex. l’interview semi-structurée qui permet de collecter les savoirs explicites les plus importants, et les agents intelligents permettant d’assurer des fonctions de veille à partir d’Internet. 96 SKYRME, D. Knowledge Management: Approaches and Policies. Op. Cit. 69 Organizing (organiser) : l’auteur cite un ensemble d’outils d’indexation : thésaurus, arbres de connaissance (knowledge trees), outils automatique d’indexation facilitant l’indexation de blocs d’information (Meta-data tools). Sharing (partager) : Les Meilleurs Pratiques (best practices) permettant de décrire dans une base de données les pratiques recommandées en établissant des renvois aux outils et experts. L’architecture des locaux de travail prenant en considération le déplacement et la rencontre entre le personnel, les foires de rencontre ayant pour objet de relier les producteurs du savoir (R&D, universités…) avec les utilisateurs (secteur public, entreprises, investisseurs…). Les communautés de pratiques : réseaux informels formés en dehors de l’organigramme de l’organisation autour d’un même centre d’intérêt. Gestion documentaire : les documents représentent un outil efficace de formalisation et de partage des connaissances explicites. L’auteur précise que leur valeur augmente lorsqu’une communauté est constituée autour d’un corpus de documents. Portail : les portails d’entreprise permettent d’accéder à toutes les ressources informationnelles, applications et communautés de pratiques à partir d’un seul point d’accès. Equipes multidisciplinaires (Cross-functional teams) : équipes constituées de personnes de différentes disciplines ou appartenant à différentes unités de l’organisation. Ces équipes constituent un bon moyen pour partager les connaissances –surtout informelles- entre les disciplines ou les unités organisationnelles. Les Centres ‘du savoir’ (knowledge centers) : constituent une évolution des centres de documentation (corporate libraries) et emploient des professionnels de l’information (que l’auteur appelle information scientists et librarians) et qui oeuvrent comme intermediaires entre ceux qui demandent des connaissances et ceux qui les offrent. Learning (apprendre) : l’auteur cite les outils suivants : AAR (After Action Review) : procédure développée par l’armée américaine et consiste à mettre au point un processus systématique à la fin de chaque 70 réalisation posant les questions : qu’est ce qui devait se passer ? qu’est ce qui s’est réellement passé ? que pouvons nous apprendre de ce qui a réussi ou de ce qui n’a pas réussi ? Decision diaries (journal de décision) : il s’agit selon l’auteur d’un journal tenu par les décideurs où ils décrivent les motivations et le raisonnement qui étaient derrière chaque décision. Les forums externes (external forums) : manifestations et rencontres avec des professionnels externes (ex. rencontre d’une association professionnelle et échange d’expériences similaires). Storytelling : l’usage des ‘histoires’ (stories) pour le transfert du savoir et sa mémorisation. Appliquer (Applying) : Packaging : mettre les connaissances sous une forme aisément accessible et exploitable. Aide à la décision : utiliser le savoir pour la prise de décision. Process/workflow : intégrer le savoir dans le processus de travail pour améliorer la qualité. Case based reasoning (raisonnement à base de cas) technique se basant sur l’intelligence artificielle et a pour objectif de résoudre des problèmes en se référant à des cas similaires passés. Evaluer (Evaluating) : Evaluation de la gestion des connaissances (KM assessment) : évaluation faite des activités dans le cadre d’un programme de gestion des connaissances et en se referant à de bonnes pratiques. Mesure du Capital Intellectuel (Intellectual capital measurement and accounting) : il s’agit d’adopter une approche formelle de classification du Capital Intellectuel et de mesurer son évolution dans le temps. Benchmarking : comparaison de processus spécifiques mis en œuvre dans des organisations similaires. De même que pour le processus de gestion des connaissances, S. Duizabo et N. Guillaume considèrent les pratiques de gestion des connaissances sous deux angles : l’esprit humain et le support formel. Le tableau suivant offre des exemple par processus : 71 Créer des connaissances Capitaliser Esprit humain Support formel Incitation Outils d’appréhension, de Cadre institutionnel représentation et d’analyse, Organisation système d’information des Gestion des compétences connaissances Transférer connaissances Formalisation et gestion documentaire des Information Retour d’expérience Formation Diffusion Apprentissage Publication Tableau n° 1 : matrice des types/objectifs de la gestion des connaissances97 2-2-5 L’apprentissage organisationnel et le travail intellectuel L’objet de ce paragraphe est de présenter des notions prérequises à la gestion du savoir et qui ont préparé le terrain dans un grand nombre de firmes, à la mise en œuvre de stratégies de gestion des connaissances. Il s’agit du travail intellectuel et de l’apprentissage organisationnel, qui ont permis l’avènement du concept de l’entreprise intelligente. 2-2-5-1 le travail intellecuel (knowledge work) Ernest&Young98 définit le travail intellectuel comme étant un travail qui est centré sur l’utilisation du savoir professionnel dans des activités qui nécessitent l’utilisation de connaissances individuelles et externes en vue d’élaborer des produits caractérisés par un contenu informationnel : « knowledge work emphasizes the use of professional intellect in activities which use individual and external knowledge to produce outputs characterised by information content ». Le travail intellectuel est caractérisé par la variété et l’exception plutôt que par la routine. Il est réalisé par des professionnels ou des techniciens avec un niveau élevé de compétence et d’expertise. Davenport99 résume les caractéristiques de ce type d’activité dans les points suivants : - Variety and uncertainty in inputs and outputs ; 97 DUIZABO, S., GUILLAUME, N. Les problématiques de gestion des connaissances dans les entreprises. Op. Cit. BROADBENT,M. Op.Cit 99 DAVENPORT, T. JARVENPAA, S.J.; & BEERS, M.C. Improving Knowledge Work Processes, Sloan Management Review, Summer, 1996, p.53-65 cité par Broadbent. Op.cit. 98 72 - Unstructered and individualized work rules and routines ; - Lack of separation among process, output and input ; - Lack of measures ; - Worker autonomy ; - High variability in performance across individuals and time ; - Lack of information technology support. Par ailleurs, les organisations ayant compris l’importance que revêt la gestion de leurs savoirs sont avant tout des organisations apprenantes ayant pu assurer une meilleure gestion des flux d’information : « Organizations wich understand the importance of knowledge managment have the characteristics of learning organizations with well managed information flows »100 Ce concept d’organisation apprenante est lié au thème de l’apprentissage organisationnel apparu dès le début des années 80. 2-2-5-2 L’apprentissage organisationnel La notion d’apprentissage organisationnel (AO) est étroitement liée à la création et au transfert des connaissances. Mais la théorie elle même est née plus loin à la confluence de nombreux champs d’études : la psychologie sociale et cognitive, la théorie de l’innovation, la théorie de la prise de décision ou encore celle du changement organisationnel101. L’intérêt croissant des organisations pour l’apprentissage organisationnel s’explique par plusieurs facteurs dont la complexité croissante des environnements politiques, économiques et sociaux des entreprises et qui requiert de bonnes capacités d’adaptation et « un travail de l’organisation sur elle même, sur ses succès et ses échecs, sur ses compétences et ses connaissances »102. Selon M. Ingham103, l’Apprentissage Organisationnel peut être compris comme un processus social d’interactions entre les individus qui produit de nouvelles connaissances et de nouveaux savoir-faire. L’apprentissage est une démarche cognitive. Un processus 100 BROADBENT, M. Op.Cit. LEROY, F. Apprentissage organisationnel et stratégie. In. Repenser la stratégie, fondements et perspectives. Dirigé par H. Laroche et J-P. Nioche. Paris : Vuibert, 1998. p. 233. 102 Ibid. 103 INGHAM, M. L’apprentissage dans les coopérations. Revue Française de Gestion. 1994. p105-21. Cité par Leroy. Op. Cit. p. 235. 101 73 heuristique de compréhension et de créativité qui opère dans un nouveau schéma de connaissances. Dodgson104 considère que l’apprentissage organisationnel est le processus par lequel les entreprises construisent, développent et organisent leurs connaissances en fonction de leurs actions et de leurs caractéristiques culturelles. Il peut être compris comme l’acquisition de compétences nouvelles mais aussi comme une amélioration des compétences existant déjà dans l’entreprise. Une entité apprend quand, à la suite du processus d’interprétation et de traitement des informations, l’éventail de ses comportements possibles est modifié. Cette définition vaut pour un groupe, une organisation, une société, une industrie ou un être humain. Toutes ces définitions convergent vers l’idée centrale que l’apprentissage organisationnel peut être conçu comme une réponse aux changements de l’environnement, comme le résultat d’une répétition d’actions, un processus de détection et de correction d’erreurs et comme un processus d’acquisition et de mémorisation de nouveaux savoirs. L’accent peut donc être mis soit sur : - l’objet d’apprentissage (des informations, des savoirs, des comportements, des connaissances, des représentations, des actions) ; - le sujet d’apprentissage (l’individu, le groupe, l’organisation entière) ; - le déclencheur d’apprentissage (erreur, mauvaise performance, innovation, technique nouvelle ou changement dans l’environnement de l’entreprise) ou sur le processus (amélioration par répétition, réflexion sur les modes d’action, interaction et socialisation, imitation, innovation, codification ou mémorisation, etc.). On distingue également, plusieurs situations d’apprentissage : l’apprentissage d’une organisation à sa naissance, l’apprentissage par greffe (de personnes ou d’organisations), l’apprentissage par expérience et expérimentation et l’apprentissage par recherche et prospection. En réalité, toutes les organisations obéissent à une logique d’apprentissage ‘normal’ ou ‘naturel’. Cet apprentissage est de nature incrémentale, il est à peine conscient et fondé sur la répétition. Or, le véritable apprentissage se situe au delà, dans 104 DODGSON, M. Organizational Learning, A Review of Some Literatures, Organization Studies, 14, 3.p.375-94. Cité par Leroy. Op. Cit. p. 235. 74 une démarche active et structurée. C’est en ce sens qu’Argyris et Schön définissent l’apprentissage comme une modification et une restructuration des théories de l’action, c’est à dire des systèmes de règles et de croyances inscrits dans la pratique de la firme. On distingue alors, deux niveaux d’apprentissage : 1- l’apprentissage à simple boucle : c’est un apprentissage qui se produit en premier lieu dans le ‘middle management’ et consiste à adapter les ‘theories in use’ sans remettre en cause leur structure. Considéré comme peu novateur et peu apte à transformer l’organisation, il est plutôt guidé par les structures cognitives et les procédures existantes et procède surtout par essais et erreurs. 2- L’apprentissage à double boucle : correspond à la définition de nouvelles missions de l’organisation et constitue une rupture avec les savoirs existants. Il s’observe plus dans les hauts niveaux hiérarchiques et revêt une dimension stratégique. Cet apprentissage est source de créativité et de création des connaissances. Cités par Leroy, Quatre scénarii d’apprentissage sont alors identifiés105 : 1- L’apprentissage par le haut : la hiérarchie donne l’exemple et participe aux choix importants ; 2- L’apprentissage par référence interne (notion de best practices) : l’entreprise progresse en prenant exemple sur les meilleures pratiques tout en cherchant à les modéliser et à les généraliser ; 3- L’apprentissage par la comparaison externe (notion de benchmark) : l’entreprise va chercher à l’extérieur des pistes de progrès qu’elle ne peut inventer en interne. L’ « extérieur » peut être représenté par un benchmark avec une autre entreprise ; 4- L’apprentissage par la création de solutions : c’est le cas des entreprises qui aiment élaborer leurs propres outils et apporter des solutions innovantes aux problèmes qu’elles rencontrent. Plusieurs leviers permettent cet apprentissage : 1- Les parcours d’intégration : ensembles d’actions ayant pour but d’accélérer l’intégration des nouvelles recrues : stages d’intégration, parcours de formation internes et externes ; VINCENT, C. Le management décloisonné : déployez la coopération dans votre entreprise. Paris : Editions d’Organisation, 2001.p. 125. 105 75 2- Le tutorat : revient à mettre en place un accompagnement individualisé entre une personne ressource qui connaît bien l’entreprise et une personne récemment embauchée ; 3- Les équipes projets : dans certains cas, un projet réel peut faire l’objet d’un retour d’expérience afin de dégager des facteurs clés de réussite ou de faire apparaître une méthodologie spécifique à un type de problèmes ; 4- Les groupes métiers : ils sont conçus pour faciliter les échanges de techniques et d’expérience et fluidifier les savoir-faire ; 5- L’invitation de spécialistes : à l’occasion d’une manifestation, séminaire, etc. A côté de ces leviers, l’accent est mis sur le rôle des communautés de pratiques106 comme levier incontournable d’apprentissage et plus précisément comme outils de socialisation, de pratique et donc de mémorisation des savoirs. 2-2-5-3 L’organisation apprenante La notion d’organisation apprenante est apparue plus tardivement (notamment par Peter Senge en 1990). C’est « Une organisation capable de créer, d’acquérir et de transférer des connaissances et de modifier son comportement pour tenir compte de nouvelles connaissances et de nouveaux enseignements » 107. L’efficacité de l’entreprise apprenante repose sur deux principes fondateurs : partager l’expérience et privilégier la coopération108. Ces principes sont reliés par un ensemble de leviers d’action qui sont : - Le partage d’une vision commune ; - La priorisation des objectifs ; - La mise en place de contrats de service ; - La définition de règles du jeu ; - L’organisation de retours d’expériences, et - L’écoute des équipes opérationnelles. Le tableau ci-dessous donne une vue d’ensemble des principales différences entre entreprise classique et entreprise apprenante : 106 LEROY, F. Op. Cit. p. 253 OCDE, Gestion du savoir et des connaissances : apprendre en comparant les expériences des entreprises du secteur privés et des organisations du secteur public. Op. Cit. 108 VINCENT, C. Op. Cit. p.152-153 107 76 L’entreprise classique L’entreprise apprenante Accent mis plutôt sur la compétition Objectifs quantitatifs éclatés dans Accent mis plutôt sur la coopération la Recherche d’une vision commune des structure + empilement des objectifs (ou affaires + limitation des objectifs (ou des des projets) projets) Chacun développe ses compétences Coaching individuel des compétences Prédominance des objectifs par métier Alliance autour d’objectifs partagés sur un même processus ou par rapport à un client Planification stratégique descendante Logique d’enrichissement et de retour d’expérience Responsabilité individuelle Double responsabilité : pilote et contributeurs Références dominantes : métiers et outils Références dominantes : besoins clients, valeurs et démarches de changement. Tableau n° 2 : Caractéristiques de l’entreprise classique et de l’entreprise apprenante109 2-3 L’usage des nouvelles technologies pour le Knowledge Management La mise en place d’une démarche de knowledge management nécessite l’utilisation de nombreuses technologies permettant de gérer les différentes formes de connaissances. Balmisse110 présente ces technologies en s’appuyant sur le modèle de conversion des savoirs de Nonaka et Takeuchi. Ainsi, pour la socialisation (du tacite au tacite), le rôle des technologies est de faciliter l’échange entre individus sans les perturber. Deux grandes étapes dans le processus de transmission de connaissances tacites peuvent être identifiées : - La localisation d’expertise qui est soutenue par les technologies de localisation d’expertise ; VINCENT, C. Le management décloisonné : déployez la coopération dans votre entreprise. Paris : Editions d’Organisation, 2001. 110 BALMISSE, G. Knowledge Management et outils informatiques. Knowledge Consult. [en ligne].Avril 2003. Disponible sur Internet www.knowledgeconsult.com Page consultée le 24/09/2003. 109 77 - l’échange des bonnes pratiques et des expériences, soutenu par les outils collaboratifs et les outils d’e-learning. Pour l’externalisation (du tacite à l’explicite), les technologies permettent essentiellement de faciliter la communication écrite entre plusieurs individus. Les principales technologies facilitatrices relèvent des outils de groupware et d’e-learning et peuvent être synchrone (Forums de discussion) ou asynchrone (E-mail, liste de diffusion). Pour la combinaison, les technologies peuvent faciliter la chaîne de traitement de la connaissance explicite. Elles s’appuient sur les outils de gestion électronique de documents ainsi que sur ceux liés à chacune des étapes de la combinaison des connaissances. On peut ainsi distinguer des exemples d’outils pour : - L’acquisition des connaissances, ex. Text-mining, data-mining ; - L’organisation des connaissances, ex. Thésaurus, réseaux sémantiques et systèmes experts ; - L’accès aux connaissances, ex. Moteurs et agents de recherche ; - Le partage des connaissances : outils de groupware. Enfin, pour l’internalisation, qui permet la conversion des connaissances explicites en connaissances tacites, les technologies permettent la compréhension et l’assimilation des connaissances explicites. Elles s’appuient sur deux types d’outils : - Les outils d’analyse : analyse du contenu, cartographie des connaissances… - Les outils d’e-learning : gestion du contenu, gestion de la diffusion… Le tableau ci-après reprend ces outils en relation avec les modes de conversion des connaissances. 78 Tableau n° 3 : Tableau récapitulatif des principales technologies KM en relation avec la conversion des savoirs111. Par ailleurs, Skyrme112 considère que cinq principales technologies sont au cœur des pratiques de gestion des connaissances : 1- Les portails d’information (Entreprise Information Portals) : ils offrent un seul point d’accès, non seulement à l’information mais également aux applications et aux communautés virtuelles. Ils permettent également la personnalisation du contenu suivant le profil de l’utilisateur. Dans ce sens, on distingue trois types de Portails de gestion des connaissances existants dans les entreprises113 : 111 BALMISSE, G. Knowledge Management et outils informatiques. Op. Cit. SKYRME, D. Knowledge Management : Approaches and Policies. Op. Cit. 113 SKYRME, D. Knowledge Management : Approaches and Policies. Op. Cit. 112 79 i. Les portails de publication ou de diffusion de l’information : il s’agit de portails diffusant l’information ‘corporate’, généralement accessibles via l’Intranet et ont pour objectif de tenir informés les collaborateurs de la vie de l’entreprise. ii. Les portails d’expertise et de veille : sont tournés vers l’extérieur. Ils ont pour objectif d’offrir un outil simple mais efficace permettant de récupérer l’ensemble des informations disponibles sur un sujet donné généralement en provenance de l’extérieur de l’entreprise, en recevant des fils de presse par exemple. iii. Les portails de travail collaboratif : ont pour mission de fournir un environnement partagé et un ensemble d’outils nécessaires pour qu’un groupe d’individus mène à bien une tâche commune. 2- Les système de gestion du contenu (Content Management Systems) : permet une saisie unique du contenu et facilite ainsi la gestion et la maintenance du site web ; 3- Les logiciels de catégorisation (Categorization software) : le logiciel passe par l’analyse du langage naturel pour identifier les concepts centraux (core concepts) dans un documents. Un tel système peut recourir à une classification semi- automatique et suggérer des mots clés qu’un documentaliste peut accepter ou rejeter ; 4- Les logiciels de ‘visualisation’ (visualisation software) : permettent de mettre en relief les relations existantes entre les différents éléments du savoir. Utilisés avec un moteur de catégorisation, ils permettent notamment d’établir des liens entre les documents (clustring) ; 5- Les logiciels pour l’identification d’experts (Expertise profiling) : analysent les documents écrits entre les personnes appartenant à une communauté afin d’identifier celles détenant des savoirs et de là permettre à un utilisateur de retrouver l’expert le plus ‘pertinent’ (the relevant expert). Enfin, il nous paraît utile de rappeler, qu’hormis les discours commerciaux, la littérature relative au concept du KM s’accorde sur le rôle secondaire que jouent les technologies pour mettre en place des actions de gestion des connaissances. Celles-ci émanent essentiellement du vécu de l’organisation et de la volonté de ses membres à 80 partager leurs connaissances. Les outils techniques viennent ensuite à l’appui des initiatives entamées. 2-4 Les professionnels du Knowledge Management L’avènement du nouveau concept de gestion des connaissances a nécessité l’adaptation des métiers existants, et la création de nouveaux profils répondant aux exigences des organisations en la matière. Prax identifie quatre nouveaux postes dédiés au KM : le CKO (Chief Knowledge Officer), le Knowledge manager, le broker (intermédiateur) et l’expert. Le CKO : appelé également producteur, il affirme les finalités, précise les objectifs, affecte les ressources. Il est porteur de l’identité de l’entreprise et garant de la cohésion des différents sites. Il se situe au niveau de la direction générale (sans pour cela avoir un réel pouvoir hiérarchique) et devrait être consulté à échéances régulières pour validation des grands choix structurels. Le knowledge manager : se situe au niveau de la Division et se charge de la gestion du processus global de création des connaissances. Il a la responsabilité de veiller à : - L’articulation des concepts fondamentaux représentant les projections de l’organisation ; - L'établissement d’une vision d’entreprise et sa diffusion ; - La mise en place de standards d’évaluation et de justification de la connaissance créée. Le broker (intermédiateur) : cette fonction permet d’assurer la coordination et l’animation des différentes composantes du système. Le broker s’occupe des interactions de sorte que ni le producteur ni le consommateur n’ont besoin de se connaître pour que le système fonctionne. Il appartient au middle management et sert de pont entre la vision idéale du top-management et la réalité du terrain. Il est l’animateur et le promoteur de la socialisation, combinaison des connaissances au niveau de son groupe. L’expert : 81 L’expert génère, accumule à la fois connaissance tacite et connaissance explicite dans l’action quotidienne. Il se distingue de l’opérateur par sa capacité de formalisation, de méta-compétence : - L’opérateur accumule et génère une connaissance tacite riche engrenée dans ses savoir-faire et son expérience. C’est dans cette catégorie que l’on trouve les commerciaux, superviseurs, managers produits ou de production, et toutes les personnes engagées dans la production. - L’expert mobilise une connaissance explicite bien structurée sous la forme de données techniques, scientifiques, facilement stockables dans une base. Cette catégorie inclut les ingénieurs, scientifiques et spécialistes des fonctions vente, finance, RH, juridique et marketing. 2-5- La stratégie de gestion des connaissances dans l’organisation. 2-5-1 Les modèle de maturité en Knowledge Management L’introduction de toute nouvelle approche managériale au sein d’une organisation, nécessite d’évaluer le degré d’acceptation et de maturité de ses structures, afin d’éviter d’éventuels échecs : “A Maturity Model defines stages of growth, or maturity, that a firm can be expected to pass through in its attempts to improve its processes and ultimately business performance”114 En matière de gestion des connaissances : “it is necessary to identify by all means the current KM maturity level of an organization before starting a KM implementation project, in order to avoid from the first KM project failures, which are associated with unexpected costs and time, to somehow rescue them”115. Une palette de modèles de maturité en KM est développée par les auteurs, présentant les niveaux d’évolution susceptibles de représenter l’état d’avancement de l’organisation en matière de KM. Six modèles ont été identifiés au cours du projet international VISION, où plusieurs acteurs tentent de développer des outils KM d’une nouvelle génération, il s’agit de : 114 INFORMATION TECHNOLOGY SOCITIES PROGRAM,VISON Project. Knowledge Management Maturity Model.[en ligne]. juin 2003. Disponible sur Internet http://km.aifb.uni-karlsruhe.de/fzi/vision/ Page visitée le 12/09/2005 115 HEFKE, M., KLEINER, F. An ontology-based software infrastructure for retaining theoretical Knowledge Management Maturity Models. [en ligne]. 2005. Disponible sur Internet http://www.20jahre.fzi.de/KCMS/kcms_file.php?action=link&id=534 Page visitée 12/09/2005. 82 - SEI’s “Capability Maturity Model” for software development published by Software Engineering Institute of Carnegie-Mellon University (Paulk et. al 1993); Microsoft’s “IT Advisor for Knowledge Management” (ITAKM) (Microsoft, 1999). - KPMG’s “Knowledge Management Framework Assessment Excercise” (KPMG 1999): KPMG’s characterisation of the “Knowledge Journey” (KJ) (Parlby, 1999); - Crosby’s “Quality Management Maturity Grid” (Crosby, 1978) for Quality Management; - Siemens’ Knowledge Management Maturity Model (KMMM) ; - Hazlett and Gallaghers’ Knowledge Formula (Kf), (G&H, “The Knowledge Management Formula” 1999); A titre d’exemple, KPMG a identifié dans son « KM Journey» cinq niveaux de maturité en KM : - Knowledge chaotic (no structured KM approach); - knowledge aware (basic cataloguing available); - knowledge enabled (standardized processes implemented); - knowledge managed (integrated KM culture, CKO); - and knowledge centric (daily assessment and improvement of knowledge environment). En outre, Le modèle KMMM développé par M. Langen et adopté par Siemens est composé de deux éléments, un modèle d’analyse et un modèle de développement. « The analysis model creates transparency in all key areas of knowledge management and thus demonstrates in concise form the potential for improvement. The development model provides valuable information for reaching the next maturity level. The combination of these two elements can ensure the synchronous development and thus the ideal interlinking of the various key areas »116. . LANGEN, M. Knowledge Management Maturity Model – KMMM, Methodology for assessing and developing maturity in knowledge management. [en ligne]. Disponible sur Internet. http://www.kmmm.org/objects/KMMM_Flyer.pdf page visitée le 16/09/2005 116 83 Figure n° 4 : Le modèle KMMM de Siemens 2-5-2 Organisation de la fonction KM Pour S. Denning117, il n’existe pas d’organisation type pour la fonction118 de KM. Il préconise toutefois d’avoir : - Une unité centrale de coordination ayant la responsabilité de coordonner et de suivre le processus de changement dans l’organisation ; - Des relais couvrant toute l’organisation ; - Des communautés de pratiques ou Help Desks comme outils ; - L’habilité à prendre des décisions quant à la politique générale de l’organisation. La position de cette l’Unité Centrale sur l’organigramme diffère d’une organisation à une autre. Denning précise qu’il n’y a pas de réponse clé, chaque organisation devrait la situer selon sa politique et ses préoccupations. La taille de l’unité centrale ne dépasse pas 10 personnes, même dans les organisations les plus importantes. 2-5-3 Développement de la stratégie KM La stratégie de gestion des connaissances se concrétise par un plan qui décrit comment l’organisation devrait gérer son savoir en liaison avec la stratégie globale de 117 DENNING, S. Strategy of Knowledge Management, [en ligne]. Disponible sur Internet. http://www.stevedenning.com/stategy_knowledge_sharing.html Page visitée le 02/05/2004. 118 L’expression « fonction KM » a été reprise de l’article intitulé « Le Learning Mix : un modèle intégré pour comprendre les implications managériales de la gestion des connaissances » de Moingeon et Perrin. 84 l’organisation et avec ses objectifs. « a KM strategy is a plan that describes how an organization will manage better for the benefit of that organization and the stakeholders »119. En règle générale, une stratégie KM tend à répondre à trois questions : 1- Où sommes nous maintenant ? : C’est une évaluation de la situation actuelle et de l’impact qu’ont les pratiques KM sur la réalisation des objectifs de l’organisation et sur l’efficacité des équipes ; 2- Où voulons nous arriver ? : C’est une description de ce que peut faire le KM pour l’organisation, comment pourra-t-il aider le personnel à atteindre les objectifs de l’organisation ; 3- Comment faire pour y arriver ? : Il s’agit d’un plan d’action concernant les trois principaux éléments : Personnes, Processus, Technologie. Quels outils devront être utilisés ? Comment motiver le personnel ? Quels outils technologiques faudra-t-il utiliser/développer. Il faut également mentionner les ressources nécessaires, les délais et les responsabilités et avoir un référentiel pour évaluer les progrès. L’élaboration d’une stratégie KM peut se faire selon deux approches différentes 120: - Top-down : l’identification des priorités en matière de KM se fait à partir des orientations stratégiques de l’organisation. - Bottom-up : les priorités KM sont identifiées à partir d’une étude des besoins du personnel. Pour l’auteur, chacune de ces approches présente des avantages. «a success KM programme must encompass both»121. Par ailleurs, une troisième approche est préconisée par Nonaka et Takeuchi, c’est l’approche « Middle-Up-Down Management »122. De leur point de vue, au sein des entreprises orientées connaissances, La problématique de gestion des connaissances est prise en charge par l’encadrement intermédiaire, acteurs qui mettent en relation les orientations stratégiques de la direction générale avec l’expérience pratique du terrain et favorisent, voire catalysent, les processus d’innovation et de capitalisation des connaissances. 119 « Developing a KM strategy » sur le site de la National Electronic Library for Health www.nelh.nhs.uk/knowledge_management/km2/strategy_toolkit.asp ; 2003. Page visitée le 13/07/2004. 120 ROBERTSON, J. Developing a knowledge management strategy. KM Column. [en ligne] Août 2004. Disponible sur Internet http://www.steptwo.com.au page visitée le 16/10/2004 121 ROBERTSON, J. Op. Cit. 122 NONAKA, I., TAKEUCHI, H. La connaissance créatrice : La dynamique de l’entreprise apprenante. Op. Cit. p.145-180. 85 C’est à ce niveau d’encadrement que la connaissance tacite, détenue à la fois par les acteurs de terrain et les cadres dirigeants est synthétisée, explicitée, et incorporée dans des technologies et des produits nouveaux. Ainsi, les cadres intermédiaires seraient les véritables ingénieurs de la connaissance. 2-5-4 Typologie des stratégies KM D’après une enquête de Skyrme123, les organisations établissent deux types de stratégies KM : - Des stratégies orientées exploitation, ayant pour objectif de mieux utiliser le savoir existant ; - Des stratégies orientées exploration et dont l’objectif est de favoriser la création de nouveaux savoirs et la conversion des nouvelles idées en produits et services. Il distingue également entre les stratégies orientées « collecte » du savoir (collecting) et stratégies orientées « partage » (connecting). Par ailleurs, Hansen et al. Proposent deux types de stratégies : des stratégies orientées codification et d’autres orientées personnalisation. “Codification strategy focus on technology-centric repositories of codified knowledge, …Personalization strategy share knowledge mainly through direct or electronically mediated person-to-person contacts.” 124 Dans le cadre d’une étude englobant les entreprises les plus avancées dans le domaine du KM, Karl Wiig a identifié avec l’APQC125 six types de stratégies KM : - Knowledge Strategy as Business Strategy : une vision globale du KM intégrant l’organisation entière où le savoir est généralement vu comme produit ; - Intellectual Asset Management Strategy : se focalise sur le Capital Intellectuel en place et vise à l’améliorer ; - Personal Knowledge Asset Responsibility Strategy : encourage le développement individuel et l’amélioration des profils ; 123 SKYRME, D.J. Developing Knowledge Strategy, [en ligne]. 1998. Disponible sur Internet http://www.skyrme.com/pubs/knwstrat.htm 124 HANSEN, M.T., NOHRIA, N., & TIERNEY, T. 1999. What's Your Strategy for Managing Knowledge? Harvard Business Review, 77(2): 106-116. Cité par Peter H. Gray, Power and Control in Document-Driven Knowledge Management Systems. Queen's University at Kingston, Ontario, January 7.[en ligne]. 2000. Disponible sur Internet http://business.queensu.ca/knowledge/workingpapers/working/working_00-02.pdf page visitée le 28/06/2005 125 HUGGIES, K., KINGSTON, J. Choosing your Knowledge Management Strategy. Journal of knowledge Management Practice. June 2003. http://www.tlainc.com . page consultée le 05/12/2004. 86 - Knowledge Creation Strategy : insiste sur l’innovation et la création de nouvelles connaissances à travers Recherche et Développement. Ce type de stratégie est généralement adopté par les leaders de leur marché ; - Knowledge Transfer Strategy : favorise le transfert du savoir et des meilleures pratiques afin d’améliorer la qualité et l’efficacité opérationnelles ; - Customer focused Knowledge Strategy : tend à analyser et à comprendre les besoins des clients afin de leur fournir le produit adapté. 2-5-5 La mise en place de la stratégie KM L’implémentation d’une stratégie de gestion des connaissances suit une démarche progressive qui intervient après plusieurs étapes d’évolutions vers une entité apprenante. En outre, les auteurs ont conçu plusieurs modèles permettant de concrétiser cette démarche allant de l’analyse des forces, faiblesses, opportunités et menaces, à la détection des lacunes en matière de connaissances et au lancement des projets pilotes. 2-5-5-1 L’étude des besoins et l’analyse SWOT Pour Zack, l’élaboration d’une stratégie du savoir (knowledge strategy) passe également par l’analyse des forces et faiblesses de l’organisation en matière de savoir : « In essence, firms need to perform a knowledge-based SWOT analysis, mapping their knowledge resources and capabilities against their strategic opportunities and threats to better understand their points of advantage and weakness»126. Cette analyse devrait conduire à la détection des « knowledge gap » définis comme étant : « a gap between what the firm must know to execute its strategy, and what it does know». L’auteur précise que la stratégie sera d’autant plus intensive que ces « knowledge gaps » seront nombreux et profonds. Cette étude des besoins en matière de savoir est abordée de différents angles par les auteurs. On parle également de cartographie du savoir, knowledge mapping ou information mapping. En effet, dans son article intitulé « The Information audit As A First Step Towards Effective Knowledge Managament : An Opportunity For The Special Librarian », 126 ZACK, M. Developing a Knowledge Strategy , California Management Review, Vol. 41, N° 3, [en ligne] Spring, 1999, pp. 125145. Disponible sur Internet http://web.cba.neu.edu/~mzack/articles/kstrat2/kstrat2.htm page visitée le 14/07/2004. 87 Henczel127 considère que trois étapes sont nécessaires pour maîtriser le savoir existant au sein de l’organisation : - Etude des besoins (needs analysis) : processus permettant d’identifier quelles informations sont requises par le personnel pour l’accomplissement des tâches de gestion ; - Audit informationnel (Information audit) : à un niveau plus profond, l’audit informationnel pose la question : comment ces informations sont réellement utilisées par le personnel, en relation avec les facteurs clés de succès de l’organisation et ses objectifs stratégiques ; - Audit du savoir (Knowledge audit) : permet d’identifier le capital connaissances (knowledge assets) de l’organisation, comment se fait sa création, par qui et avec quel niveau d’importance stratégique. L’audit du savoir se déroule en trois étapes128 : le pré-audit où s’effectue une évaluation de la culture d’entreprise (culture assessment) par le biais d’enquête est de graphiques en toile d’araignée (radar charts). Ensuite, des interviews Structurées sont réalisées dans le cadre de l’audit afin de déterminer les connaissances stratégiques de l’organisation. Des techniques comme la cartographie des connaissances, le schéma des flux de connaissances et l’analyse des réseaux sociaux de l’organisation (Knowledge inventory, knowledge maps and knowledge flow analysis and social network analysis) permettent de procéder à l’analyse post-audit afin de déterminer les forces et les faiblesse des circuits d’échange des connaissances ainsi que les principales lacunes de connaissances (knowledge gaps). 127 HENCZEL, S. The Information audit as a First Step Towards Effective Knowledge Managament : An Opportunity For The Special Librarian », International Journal of Special Libraries, Vol. 34 , n°3-4. [en ligne]. 2000, pp. 210-226. Disponible sur Internet. http://www.knowmap.com/contributors/henczel.html page visitée le 12/12/2002. 128 S.Y. CHOY, W.B. LEE, C.F. CHUNG. A Systematic Approach for Knowledge Audit Analysis: Integration of Knowledge Inventory, Mapping and Knowledge Flow Analysis. Proceedings of I-KNOW’04 Graz, Austria, June 30 - July 2, [en ligne] 2004. Disponible sur Internet http://i-know.know-center.tugraz.at/previous/i-know04/papers/choy.pdf page visitée le 05/11/2005. 88 Figure n°5 : Etapes de l’audit du savoir129 2-5-5-2 Quelques modèles pour la mise en place de la stratégie KM En vue de mettre en place une stratégie de gestion des connaissances, plusieurs modèles sont proposés par les auteurs variant dans leur degré de détail et de complexité. Nous avons choisi de présenter trois exemples : - Le modèle de K. Wiig ; - la Road Map de l’APQC, et - le modèle Learning Mix de B. Moingeon et A. Perrin. a- Le modèle de WIIG Dans son article intitulé « The Intelligent Entreprise and Knowledge Management » Wiig130 distingue deux phases pour la mise en œuvre d’un projet KM : 1- L’introduction du KM dans l’organisation suivant plusieurs étapes : Créer un environnement de confiance et de communication autour des rôles et fonctions qu’occupe le personnel en se basant sur la responsabilisation et l’« accountability » individuelles ; Développer une vision autour du KM dans l’organisation et obtenir l’adhésion du Management ; 129 .Y. CHOY, W.B. LEE, C.F. CHUNG. Op. Cit. WIIG, K. The Intelligent Entreprise and Knowledge Management. Knowledge Research Institute. [en ligne]. 1999. Disponible sur Internet http://www.krii.com/ Page visitée le 02-05-2001 130 89 Déterminer les priorités en matière de KM à partir des cartographies réalisées en se référant aux objectifs organisationnels ; Constituer une équipe professionnelle dédiée à plein temps au projet KM ; Mettre en place un système d’évaluation pour mesurer l’impact des actions KM ; Mettre en place un système de motivation pour inciter le personnel à la gestion du savoir à l’échelle individuelle et collective, et démontrer les apports du KM à l’ensemble du personnel ; Généraliser la formation au « méta-knowledge » : méthodes de résolution de problème, processus de prise de décision, etc. Mettre en place l’infrastructure nécessaire pour soutenir la réalisation des actions KM. (TIC, e-learning…). 2- La pratique du KM au sein de l’organisation : Pour cela, une série d’étapes constructives ‘building blocks’ est à suivre pour la mise en place du KM au sein d’une organisation. Le premier pas est de cartographier le savoir existant afin de pouvoir déterminer les priorités en matière d’infrastructure et de préalables permettant la création la transformation et la diffusion des connaissances. Des activités liées à la coordination des activités KM et à la mise en place d’un système de motivation permettent d’accompagner le projet et de permettre la gestion des connaissances. La figure n° 65 illustre l’enchaînement de ces étapes. 90 Figure n° 6 : Enchaînement des activités constructives (building blocks) relatives à la mise en place d’un projet KM131. 131 WIIG, K. The Intelligent Entreprise and Knowledge Management. Op. Cit. 91 b- La KM Road Map de l’APQC L’outil le plus connu pour la mise en place d’une stratégie KM reste la Road Map de l’APQC (American Productivity and Quality Center) et que la Banque Mondiale a appliqué pour mettre en place son système KM. Etablie en se basant sur les meilleures pratiques des organisations les plus avancées en KM, cette feuille de route est déclinée en cinq étapes132 : Get started : Il s’agit lors de cette première phase de communiquer de façon claire et tangible autour des apports du KM en présentant des définitions simples et un langage accessible, de trouver des initiateurs de pratiques KM (personnes innovantes, groupes partageant le savoir…) et de se fixer un slogan convaincant pour attirer un maximum d’« adeptes » (moindres coûts, meilleures efficacité, gain de temps…) ; Develop strategy : il s’agit au cours de cette phase de choisir parmi les initiateurs repérés lors de la première phase, un groupe de travail qui identifiera des projets pilotes. Ces projets doivent émerger des préoccupations stratégiques de l’organisation ; Design and launch KM initiatives : de réelles pratiques KM sont à entretenir essentiellement en encourageant l’éclosion de communautés de pratiques et le partage des connaissances. Les projets pilotes devraient déboucher sur la déduction des leçons apprises (lessons learned) ; Expand and support : une stratégie plus globale permettra d’étendre les résultats des premières actions. Communiquer autour des réalisations offrirait une plus grande expansion à la nouvelle orientation entreprise ; Institutionalize KM : il est temps d’intégrer la fonction KM au model organisationnel (business model) tout en définissant les aspects fonctionnels et financiers. Des outils d’évaluation sont à mettre en place afin de mesurer la bonne continuité des actions KM déjà en place. Par ailleurs, le système de mesure de la performance ainsi que le système de rémunération (rewards) devraient s’aligner sur la stratégie KM. APQC. APCQ’s Road Map to Knowledge Management Results : Stages of Implementation.[en ligne]. Disponible sur Internet http://www.apqc.org/portal/apqc/site/generic?path=/site/km/apqc_roadmap.jhtml Page consultée le 28/10/2004. 132 92 Figure n° 7 : Feuille de route pour la gestion des connaissances de l’APQC133 c- Le Learning Mix : un modèle intégré pour la mise en place d’une stratégie de gestion des Connaissances. Pour proposer le modèle du Learning Mix, Moingeon et Perrin partent de l’idée selon laquelle « le management des connaissances est «un patchwork » de pratiques hétérogènes »134, confirmant par-là, la pratique constatée au niveau des organisations où plusieurs initiatives sont lancées à des niveaux différents. Une organisation ne devant pas isoler une dimension par rapport à une autre, un modèle intégrateur est donc nécessaire pour gérer les différences problématiques auxquelles sont confrontées les organisations. Les dimensions du Learning Mix : Moingeon135 considèreque la force du modèle Learning Mix réside dans les dimensions qu’il permet de couvrir au sein de l’organisation, il s’agit de quatre dimensions : La dimension technologique : concerne la gestion des systèmes d’information, et notamment les outils dédiés au partage de connaissances ; La dimension organisationnelle : il s’agit de mettre en place et faire fonctionner une structure apprenante, c’est à dire, une organisation et des modes de fonctionnement favorisant la création et le partage des connaissances. APQC. APCQ’s Road Map to Knowledge Management Results : Stages of Implementation. Op. Cit. MOINGEON, B, PERRIN, A. Le Learning Mix : Un modèle intégré pour comprendre les implications managériales de la gestion des connaissances, actes de la 14ème Conférence Internationale de Management Stratégique, Pays de Loire, Angers 2005. www.strategie-aims.com/angers05/com/101-734comd.pdf page visitée le 05/09/2005. 135 MOINGEON, B. «Gestion des connaissances et entreprise apprenante » In. Peut-on former les dirigeants ? L’apport de la recherche. Moingeon B. (éd.) 2003. p.193. 133 134 93 La dimension stratégique : revient à identifier et gérer le portefeuille de connaissances de l’entreprise ; La dimension culturelle : il s’agit de développer une identité apprenante, ce qui requiert, dans bien des cas, un travail complexe sur les valeurs et les modes de raisonnement des salariés, et notamment des dirigeants de l’entreprise. » En vue d’adapter le modèle du Learning Mix au contexte de notre étude (secteur public), nous avons contacté par courrier électronique Pr. Moingeon et M. Perrin qui ont confirmé chacun, la possibilité d’adopter ce modèle au niveau de l’administration publique, précisant qu’ « Il permet de s'assurer qu'aucune dimension du KM n'est oubliée». Dimension stratégique Portefeuille des connaissances Dimension culturelle Learning Mix Identité apprenante Dimension organisationnelle Structure apprenante Dimension technologique Système d’information Figure n° 8 : les dimensions du modèle « Learning Mix »136 136 MOINGEON, B, PERRIN, A. Op. Cit. 94 2-6 L’application du KM à la gestion publique Face aux exigences de la nouvelle économie, le secteur public connaît une importante évolution des modes de gestion. Des enjeux liés à la performance et à la crédibilité amènent les administrations publiques à s’inscrire de plus en plus dans des démarches de gestion des connaissances. 2-6-1 Les enjeux de la gestion du savoir pour le secteur public D’après le document de l’OCDE intitulé : «OCDE, Gestion du savoir et des connaissances : Apprendre en comparant les expériences des entreprises du secteur privé et des organisations du secteur public », la gestion des connaissances a toujours fait partie de la mission des administrations publiques, inséparable de la stratégie, de la planification, des consultations et de la mise en œuvre des politiques. Traditionnellement, le secteur public a cette unique capacité de rassembler les secteurs publics et privés, ou différentes strates de la société, pour partager un savoir autour des questions de politique générale ou sur la fourniture de service. La question n’est donc pas de savoir si les pouvoirs publics n’ont jamais géré des connaissances ou s’ils devraient le faire, mais comment ils peuvent améliorer leur pratique pour mieux s’adapter à la nouvelle économie du savoir. Dans ce sens, Geoff Mulgan, Head of Performance and Innovation Unit of the Cabinet Office, Royaume Uni, souligne que « le secteur public était leader dans le domaine de la gestion des connaissances, principalement au travers de ses professions associées et de ses techniques administratives, mais il court aujourd’hui le risque de prendre du retard par rapport à beaucoup de grandes entreprises privées» 137. Ainsi, l’efficacité et l’efficience étant de plus en plus liés à la production et au partage des connaissances, la gestion des connaissances au sein des organisations publiques aura un impact de plus en plus grand sur l’avantage compétitif des pays. En effet, bien que traditionnellement les changements apportés à l’organisation ne sont pas encore motivés par la compétitivité des produits, des exceptions sectorielles existent, telles que l’Armée qui est en concurrence avec les forces de défense des autres pays. 137 OCDE, Gestion du savoir et des connaissances : apprendre en comparant les expériences des entreprises du secteur privés et des organisations du secteur public . Op. Cit. 95 Les universités par exemple se font de plus en plus concurrence au plan international pour attirer le plus d’investissements, les meilleurs étudiants et enseignants, tandis que les instituts de recherche se font concurrence entre eux pour attirer les meilleurs chercheurs et le plus de financements. Au niveau national, les processus de décentralisation et de déconcentration ont également accentué la concurrence entre organismes publics.. Par ailleurs, il est indispensable pour les pouvoirs publics aujourd’hui de se tenir informés du contexte dans lequel ils évoluent, afin de savoir quels sont les instruments et les techniques de gestion des connaissances que les meilleurs utilisent 138. 2-6-2 L’apport de la gestion des connaissances à la gestion des organisations du secteur public. Selon le document de l’OCDE139 intitulé « Gestion du savoir et des connaissances : apprendre en comparant les expériences des entreprises du secteur privé et des organisations du secteur public », les principaux apports de la gestion des connaissances aux organisations du secteur public sont : L’anticipation et l’obtention de l’information en retour et communication sur les résultats de politiques : ces éléments sont considérés comme étant au cœur des transformations des organisations du secteur public en organisations apprenantes. De telles évaluations sont plus complexes à effectuer que dans le secteur privé L’amélioration de la gouvernance : il s’agit de l’importance croissante accordée aux connaissances dans l’élaboration des politiques et la mise en place des services et qui peut avoir un effet positif sur la gouvernance dans le secteur public grâce à un élargissement de la base de connaissances sur laquelle sont fondées les activités publiques et une amélioration de la transparence. Cette évolution aura des effets importants sur les institutions et des conséquences importantes sur les sources de connaissances (chercheurs, statisticiens,…) et les décideurs publics. Pour Worlock du Stationary Office, « public and private sector organisations often have different reasons for implementing a knowledge management initiative, but there are some 138 OCDE, Gestion du savoir et des connaissances : apprendre en comparant les expériences des entreprises du secteur privés et des organisations du secteur public ». Op. Cit. 139 Ibid. 96 areas in which the aims of these organisations coincide »140. Le document du TSO présente un tableau comparatif entre les avantages du KM pour le secteur public et ceux pour le secteur privé. Public sector Both Private sector Opportunity to be more Do business cheaper and Ability to learn faster than responsible to citizens faster competitors Reduce the costs associated Leverage collective Management consultants with the implementation of expertise and perform more often implement knowledge major IT projects by sharing effectively management in order to experiences then use their experience to sell technology, tools and techniques to their clients Able to prevent duplication Rapid of work and development successful of new products and services Realization of new opportunities Better problem prevention and resolution Tableau n° 4 : les apports de la gestion des connaissances aux secteurs public et privé141 2-6-3 La mise en œuvre des stratégies de gestion des connaissances au niveau du secteur public Pour l’OCDE142, mettre en oeuvre la gestion du savoir au sein des organismes publics exige d’adapter les instruments classiques de gestion de façon à encourager systématiquement le partage des connaissances. Les objectifs étant les suivants : - Améliorer le Capital Humain et social : 140 WORLOCK, K. Knowledge Management: Trends within UK Government. TSO The Information Management Company. Mars 2002. Adresse URL www.tso.co.uk/gempdf/knowledgemanagement.pdf consultée le 15/12/2002 141 Ibid. 142 OCDE, Gestion du savoir et des connaissances : apprendre en comparant les expériences des entreprises du secteur privés et des organisations du secteur public. Compte rendu succint du forum de haut niveau organisé à Copenhague les 8 et 9 février 2001, juin 2001. www.oecd.org 97 En aplatissant les hiérarchies verticales rigides et en décloisonnant les divisions bureaucratiques de façon à encourager un partage horizontal des connaissances ; En liant la rémunération en fonction des performances ; et le système de promotion au partage des connaissances ; En instituant des communautés de pratiques (groupes de praticiens partageant leurs connaissances dans un domaine spécifique, sans pour autant travailler sur un même sujet). - Adapter le capital opérationnel/organisationnel : bases de données, Internet, Intranet, vie sociale de l’entreprise, unités centrales de coordination des connaissances…. - Constituer un capital de partenariats avec les diverses parties prenantes (citoyens, utilisateurs, entreprises privées, groupes d’intérêt, etc.) En recueillant les informations utiles sur toutes les parties prenantes En associant les parties prenantes au processus de prise de décision. En renforçant les liens avec les entreprises privées, les instituts de recherche, les universités, etc. 2-7 Expériences nationales et internationales La littérature sur la gestion des connaissances abonde d’exemples d’expériences réussies aussi bien au niveau du secteur public qu’au sein des entreprises et des multinationales. Notre travail étant d’une ampleur transverse au Ministère des Finances et de la Privatisation, il nous a paru utile de présenter, au niveau international, deux grandes enquêtes qui ont pu ressortir les pratiques KM au niveau du secteur privé (enquête de KPMG) et du secteur public (enquête de l’OCDE). Plusieurs enquêtes nationales ont été également consultées, notamment celles de la France, du Canada et du Danemark. L’expérience de la Banque mondiale offre également un exemple pertinent dans la mesure où elle a adopté la gestion des connaissances aussi bien au niveau de ses structures internes, qu’au niveau local pour ses partenaires et ses clients. A l’échelle des pays, nous avons opté pour deux expériences assez larges couvrant les secteurs publics canadien et anglais. Pour le Maroc, nous présentons l’expérience du Ministère de la santé. 98 2-7-1 Les enquêtes internationales Evaluer le degré d’intégration du nouveau concept au sein des différentes structures publiques et privées, a été le soucis de plusieurs organismes nationaux et internationaux. Au niveau national, des enquêtes furent lancées au sein de plusieurs pays, tels que le Danemark, l’Allemagne, la France, le Canada... A l’échelle internationale, l’OCDE, organisation internationale très préoccupée des questions liées à la gestion des connaissances et à l’administration électronique, a conduit en 2002, deux enquêtes, couvrant respectivement le secteur privé et les administrations publiques des pays membres143. Le cabinet de conseil international KPMG a lancé, à son tour, plusieurs enquêtes à l’échelle de l’Europe (France, Royaume Uni, Pays-Bas et Allemangne), d’abord en 1998, en 2000, puis en 2002/2003. 2-7-1-1 Enquête de l’OCDE sur les pratiques de gestion du savoir et des connaissances dans les administrations et services du gouvernement central des pays membres En janvier 2002, l’OCDE a lancé la première enquête internationale sur les pratiques de gestion du savoir et des connaissances dans les ministères et organes du gouvernement central des pays membres de l’OCDE144. Cette enquête était organisée sur instruction du Comité de la gestion publique et du Groupe de Travail sur la Gestion des Ressources Humaines de l’OCDE. L’étude s’est appuyée sur les enquêtes du même sujet qui avaient été effectuées auprès d’organisations du secteur privé, et plus spécialement sur l’enquête effectuée par Statistiques Canada145. Population cible Sept types de ministères avaient été retenus prioritairement pour l’enquête : - Ministères de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie - Ministères de l’Education 143 OCDE. Enquête : Pratiques de gestion du savoir et des connaissances : pour les Ministères, départements ministériels, agences des gouvernements centraux des pays membres de l’OCDE. PUMA, janvier 2002. www.oecd.org, page visitée le 12/05/2003 OCDE. Presentation of the International Knowledge Management Survey in the Private Sector, 25-27- June 2002. (PUMA): Paris. 2002. www.oecd.org, page visitée le 09/08/2003 144 OCDE. Enquête : Pratiques de gestion du savoir et des connaissances : pour les Ministères, départements ministériels, agences des gouvernements centraux des pays membres de l’OCDE. Op.Cit. 145 URL : http://www.statcan.ca 99 - Ministères des Finances/Budget - Ministères des affaires étrangères - Ministères de la Santé/ des Affaires Sociales - Ministères de l’Intérieur - Ministères de la Réforme de l’Eat/de la Fonction publique/ de l’Administration publique. L’OCDE a reçu les réponses de 132 organisations de l’administration centrale de 20 pays membres de l’OCDE. Le nombre d’organismes participants par pays a été compris entre 4 et 11. Objectif de l’enquête Le but de cette enquête de l’OCDE sur les pratiques de gestion du savoir et des connaissances dans les administrations et services du gouvernement central était de décrire les changements qui interviennent en la matière dans ces organisations. Par cette enquête, l’OCDE a mesuré la priorité relative des processus de gestion du savoir et des connaissances, ainsi que la façon dont les organisations perçoivent leurs réalisations en matière de partage des connaissances. Conclusions de l’enquête : 1- Les défis d’un environnement en mutation Les organisations centrales semblent avoir une vue globale sur les défis que pose l’économie du savoir et qui justifient l’établissement de pratiques de gestion des connaissances. Le souci d’augmenter l’efficience et la productivité était pour 90% des répondants, la motivation principale en ce qui concerne les pratiques de gestion des connaissances, l’amélioration de la transparence et du partage d’information avec l’extérieur, de même que l’amélioration des relations de travail et de la confiance au sein des organisations sont aussi des facteurs de motivation très largement cités par plus des trois quarts des répondants. En interne, des changements majeurs sont en train d’avoir lieu, il s’agit de la décentralisation et de la délégation de l’autorité dans la plupart des organisations ainsi que des pratiques relatives à la flexibilité du personnel et à sa mobilité, mais essentiellement en interne. Les pratiques de flexibilité du personnel ont été étudiées 100 essentiellement du fait qu’elles créent à la fois des opportunités d’intégrer de nouvelles connaissances, et des défis pour maintenir et transmettre la mémoire institutionnelle. 2- La direction générale accorde une attention particulière à la gestion du savoir et des connaissances. En définissant des stratégies de gestion du savoir (50% des organisations enquêtées déclarent qu’elles possèdent une stratégie ou une politique de gestion du savoir), en attribuant la responsabilité de la gestion du savoir à la direction générale ou en créant des départements spéciaux consacrés à la gestion du savoir, ainsi qu’en utilisant de plus en plus de vocabulaire propre à la gestion du savoir au sein des organisations, ces dernières ont clairement souligné le fait que l’amélioration des pratiques de gestion du savoir est l’une de leurs priorités internes. Les organisations ont mis en place de vraies stratégies en matière de savoir, qui incluent différents outils de gestion du savoir mis à la disposition des cadres supérieurs pour améliorer le partage des connaissances, en ce qui concerne des aspects organisationnels et ceux des ressources humaines et des TIC. Les organisations font des efforts concrets pour améliorer leurs pratiques de gestion du savoir Plusieurs initiatives sont en train d’être prises dans la majorité des organisations : - Le personnel a des opportunités plus formalisées pour améliorer ses connaissances grâce à la formation, aux réunions et aux séminaires. Cependant, ces opportunités restent plutôt traditionnelles, et des pratiques formalisées d’un nouveau genre, telles que les méthodes de tutorat et de soutien, sont rares ou inexistantes dans la majorité des organisations ; - D’autres outils plus informels habituellement préconisés par la littérature traitant de la gestion du savoir sont également de plus en plus utilisés, tels que les cercles de qualité, les communautés de pratiques et les réseaux de connaissances ; - A l’exception de quelques administrations centrales dans peu de pays, la plupart des organisations disposent de la technologie nécessaire pour mettre en place les niveaux élémentaires du gouvernement en ligne, pour le partage de connaissances à la fois en interne et en externe ; - Plusieurs initiatives sont également en train d’être prises pour partager les connaissances avec des organisations extérieures grâce à une collaboration accrue dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques, et la co-organisation de projets. 101 Cependant, comme l’on pouvait s’y attendre, peu d’initiatives ont été prises pour construire des sources communes d’information telles que des sites Internet communs ou des bases de données partagées avec des organisations extérieures au gouvernement. En outre, plusieurs organisations ont mis en place des dispositifs temporaires de gestion, tels que l’établissement d’unité de coordination centrale pour la gestion des connaissances et des informations et des agents en charge des connaissances. Les résultats des stratégies de gestion du savoir Les organisations considèrent à 68% quelles ont assez bien réussi à mettre en œuvre des pratiques de gestion du savoir et de l’information. 5% considèrent qu’elles ont fort bien réussi. Concernant les changements culturels, considérés comme objectif ultime des politiques de gestion des connaissances, il semble que d’importants changements soient en train d’avoir lieu dans toutes les administrations centrales : l’attitude du personnel est en train de changer vers une plus grande tendance à partager l’information ; les dirigeants passent plus de temps à communiquer des informations à leur personnel, facilitant la circulation horizontale de l’information entre leurs équipes ; les administrations centrales s’appuient de plus en plus sur des informations venues de l’extérieur pour la gestion de leurs activités, il s’agit de sources comme les universités, les entreprises privées, de sociétés de consultants et d’organisations internationales. Concernant les avantages associés à une bonne pratique de partage du savoir et des informations, les résultats montrent que dans 80 % des organisations, ce partage est un critère d’évaluation des performances du personnel. 60 % de ces organisations affirment qu’elles accordent des avantages au personnel qui participe au partage des connaissances et de l’information. Toutefois, même dans ces organisations où le personnel est récompensé pour le partage de connaissances et de l’information, les récompenses n’ont généralement pas de caractère officiel. Concernant les effets secondaires négatifs des nouvelles pratiques de partage des savoirs et de l’information, 75 % des répondants citent la pléthore d’informations et de messages électroniques, 50 % citent la perte de temps en consultations et en réunions et 35 % parlent de dilution des responsabilités. 102 Enfin, en dépit des changements culturels, il demeure une résistance qui fait obstacle à la mise en place de pratiques de gestion du savoir dans 42 % des organisations. Ainsi, dans 30% des organisations, la catégorie des cadres intermédiaires reste récalcitrante envers ces pratiques et pour plus de 85 % des organisations le manque de temps et de ressources restent les principaux obstacles. 78 % déclarent qu’il s’agit surtout de la difficulté de mettre à jour les connaissances répertoriées du personnel. Plus concrètement, 40% des répondants signalent que dans leur ministère, on s’intéresse davantage aux TIC qu’aux personnes et aux questions d’organisation, que certaines personnes sont résistante, que la direction n’est pas très convaincue et qu’on craint que d’autres administrations ou le grand public puissent avoir accès à des informations sensibles et confidentielles. Enfin, 20 % des répondants continuent à croire que les stratégies de gestion des connaissances conviennent au secteur privé mais non au secteur public. A la fin du rapport, des conclusions sont fournies selon un classement par pays et un autre par secteur. - Concernant le regroupement par pays, la catégorie classée au premier rang quand à l’adoption de pratiques de gestion des connaissances comprend : La Suède, la Finlande, la France, l’Islande et le Canada. Les pays se situant nettement au-dessous de la moyenne OCDE sont : Le Portugal, la Belgique et la Pologne. Concernant le regroupement par secteur, ce sont les organisations chargées des finances et du budget, les ministères et départements de la justice et les organisations chargées du commerce et de l’industrie qui viennent en tête. En dessous de la moyenne, se trouvent les ministères de l’intérieur, de la fonction publique et de la réforme de l’Etat. 103 Regroupement des pays (OCDE,2003) Efforts faits pour améliorer la gestion du savoir (croissants avec l’indicateur) 22 Suè 20 Groupe Groupe 1 Fin Cor Can Isl RU Nor Fra Dan Irl EU All Slo Hon Gre 18 16 Groupe 3 14 2 Pol Bel Por 12 10 8 • • • 10 12 14 16 18 20 Perception du niveau et de la qualité de la gestion du savoir (positive si l’indicateur est élevé) Groupe 1: pays dont la moyenne des deux indicateurs est largement supérieure à celle- ci des pays membres de l’OCDE Groupe 2: pays dont la moyenne est proche de celle des pays membres de l’OCDE Groupe 3: pays dont la moyenne est largement inférieure à celle des pays membres Figure n° 9 : Enquête de l’OCDE sur les pratiques de gestion du savoir : Regroupement par pays146. 2-7-1-2 KPMG's European Knowledge Management Survey 2002-2003 La firme KPMG147 a rejoint, par le biais d’un sondage sur la gestion du savoir, des entreprises parmi les 500 plus importantes situées en Angleterre, en France, en Allemagne et aux Pays-Bas. L’objectif principal de l’enquête était d’analyser la situation actuelle de la gestion des connaissances dans les organisations des secteurs lucratifs et non lucratifs en Europe. Parmi les entreprises européennes sondées, 80 % estiment que le savoir est un avantage stratégique au sein de l’organisation. Malgré tout, plus des trois quarts (78 %) des entreprises européennes estiment qu’elles perdent des opportunités d’affaires intéressantes en raison du manque d’exploitation du savoir (pertes de revenus moyennes de l’ordre de 6 %). 146 OCDE. Enquête : Pratiques de gestion du savoir et des connaissances : pour les Ministères, départements ministériels, agences des gouvernements centraux des pays membres de l’OCDE. Op. Cit. 147 KPMG. KPMG's Knowledge Management Survey 2002-2003. [en ligne]. 2003. Disponible sur Internet. http://www.groupeforest.com/pages/513_KPMG.html, page visitée le 01/11/2004. 104 La gestion du savoir est utilisée par les entreprises européennes pour plusieurs raisons Parmi celles-ci : créer une synergie entre les éléments (83 %), accélérer l’innovation (63 %), permettre une meilleure gestion du capital client (74 %), réduire les coûts (67 %), améliorer la qualité (70 %) et réduire l’exposition aux risques (26 %). En plus des avantages financiers générés par la gestion des connaissances, les compagnies ont également mentionné des bénéfices non monétaires tels qu’une amélioration dans la qualité (73 %), un meilleur travail d’équipe (68 %), un temps de réaction plus court (64 %) et de meilleures décisions prises par les employés de première ligne (55 %). L’enquête a permis également d’établir que la gestion du savoir est exercée au niveau de plusieurs départements de l’entreprise : service de livraison (53 %), ventes et marketing (53 %), division des opérations (51 %), ressources humaines (43 %), recherche et développement (43 %), stratégie (36 %), canaux de distribution (32 %) et approvisionnement (26 %). 105 2-7-2 Les projets nationaux Au niveau de plusieurs pays, des initiatives ont été prises à l’échelle nationale, inscrivant la gestion des connaissances dans un cadre global. Deux cas sont présentés ci-après : Le projet de la gestion du savoir au sein de la Fonction Publique du Canada et le projet de la gestion des connaissances au secteur public du Royaume Uni. 2-7-2-1 La gestion du savoir au sein de la Fonction Publique du Canada148 Depuis le milieu des années 1990, plusieurs initiatives ont été lancées au sein du gouvernement fédéral canadien. Elles s’inscrivent toutes dans le cadre d’unités spécialisées en gestion du savoir (GS) ou de projets pilotes. On distingue trois types d’initiatives : 1- Initiatives interministérielles : l’initiative la plus connue est le Forum interministériel sur la gestion du savoir, qui conduit des recherches et des analyses sur la question afin d’élaborer un cadre commun et mieux faire comprendre la gestion du savoir. Parmi les participants à ce forum, on peut citer la Banque du Canada, le Ministère des Finances, le Centre Canadien de Gestion, Santé Canada, Industrie Canada.. L’initiative d’incitation au savoir dans la fonction publique vise à sensibiliser les employés aux pratiques de gestion du savoir et à susciter leur intérêt par l’entremise d’activités telles que des ateliers, des consultations, la participation à des conférences et la création de passerelles avec des initiatives intéressantes qui se déroulent ailleurs. 2- Initiatives d’organismes centraux : plusieurs organismes centraux ont lancé des initiatives de GS, par exemple : a. Le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada a un Bureau de renouvellement organisationnel et de gestion du savoir qui a lancé plusieurs projets pilotes liés à la technologie de l’information, parmi lesquels des ressources Intranet conçues pour répondre aux questions fréquemment posées, offrir leadership et encadrement, fournir des citations sur le leadership à ceux qui sont en quête d’inspiration et cartographier les sources de savoir qui existent au sein d’une organisation. 148 Canada, Centre Canadien de Gestion. Introduction à la gestion du savoir dans la Fonction Publique, 1999. www.ccmd-ccg.gc.ca document téléchargé le 16-12-2003. 106 b. Des recherches approfondies ont par ailleurs été consacrées à la question au sein de la Direction de la recherche à la Commission de la Fonction Publique du Canada. Un projet de réseau de gestion du savoir au sein de l’organisme a entre autres été préparé. 3- Initiatives de Ministères et d’organismes : diverses initiatives ministérielles fondées sur les notions de gestion du savoir sont entreprises. Elles comprennent, parmi beaucoup d’autres, les initiatives suivantes a. Un projet pilote de gestion du savoir à la Direction générale des services médicaux de Santé Canada a été conçu. b. Ressources naturelles Canada a lancé une initiative intitulée Ressources, destinée à créer une base de données nationale sur les ressources et à encourager la recherche, la participation du public et des possibilités d’action dans le domaine des ressources naturelles. c. Le ministère de la Défense nationale a mis au point un cadre de la gestion intégrée de la Défense (CGID) qui se sert de la gestion du savoir et de l’analyse comparative. Ce cadre permet d’évaluer les activités axées sur le savoir au sein du ministère en regard des initiatives réussies de gestion du savoir, qui ont été lancées ailleurs. Les initiatives entreprises au sein de l’Administration publique fédérale sont principalement de deux types : des initiatives de nature exploratoire et des projets pilotes. Les premières sont généralement très conceptuelles, elles donnent aux employés de la fonction publique des occasions de débattre des utilisations de la gestion du savoir en tant qu’outils analytique qui peut les aider à comprendre leur organisation et à décider de ses orientations futures. Les projets pilotes sont des initiatives plus pratiques, qui se servent d’un cadre de gestion du savoir spécifique pour mettre au point de nouveaux systèmes de technologies de l’information et de communication. Il reste à mettre au point des initiatives proposant une approche plus globale de la gestion du savoir, une approche plus holistique qui englobe les activités sociales et technologiques. 107 2-7-2-2 La gestion des connaissances au secteur public du Royaume Uni Le Knowledge Management Project a été conçu en novembre 1999, avec le but initial de transmettre des flux de connaissances, faits et chiffres (flows of knowledge, facts and figures) vers et entre les départements gouvernementaux. Le réseau devait offrir un accès continu aux données pour les départements des régions. Et pour le public via Internet. Le projet fut conçu en deux phases : Phase 1 : préparation et pilotage (scoping, piloting and preparation) cette phase fut réalisée entre novembre 1999 et juillet 2000 avec un coût de 241.000 £. Phase 2 : deux années ont fallu pour mettre en place le ‘knowledge network’ et ce, en quatre étapes : 1- Lancement du ‘knowledge network’ : trois applications ont été réalisées et mises en accès pour tout le personnel des département. Il s’agit de : ii. La recherche en ligne iii. Faits et chiffres en ligne (facts and figures online) iv. La communauté du Knowledge Network 2- ‘Knowlegde Network Interactivity’ : cette phase a eu pour objectif le développement de l’interactivité entre départements 3- ‘Knowledge network maturing’ : cette étape vise à promouvoir et à encourager l’usage du ‘knowledge network’ à travers les départements, elle inclut les séminaires interdépartementaux ainsi que la diffusion des meilleures pratiques relatives à l’utilisation du Knowledge Network. 4- ‘Knowledge Network embedding’ : c’est l’étape où les départements commencent réellement à développer et à utiliser le ‘Knowledge Network’ pour leur propres besoins. Des essais ont été entrepris pour vérifier quels étaient les principaux avantages du réseau et si ses objectifs étaient atteints : - Diminution du temps nécessaire au partage de l’information - Elimination des redondances dans les processus administratifs - Formation de tous les usagers - Changement dans les méthodes de travail - Communication de l’information sur le réseau pour le personnel 108 En décembre 2001, le réseau LEARN (Levering External Advice and Relations Network) a été crée. Il s’agit d’un forum réunissant des praticiens internationaux en KM réunis pour formuler des recommandations concernant le cadre réglementaire KM (policy framework). Le coup d’envoi pour le développement d’un cadre réglementaire KM a été lancé par « The Second UK Online Annual Report ». La mise en œuvre de ce cadre concerne 10 activités clé : - Knowledge capture ; - Knowledge transfer ; - Knowledge retention ; - Content management ; - Knowledge capital ; - Enabling communities ; - Supporting a knowledge culture ; - Knowledge partnership ; - Supporting key business activities ; - Knowledge benchmarking. 2-7-2-3 La gestion des connaissances au Maroc : exemple du Ministère de la Santé149 Le Ministère de la santé marocain dispose d’un capital précieux de savoir-faire et d’expériences qu’il a cumulé au fil des ans. Devant l’éparpillement de ces connaissances dans les bibliothèques personnelles des responsables ou dans leurs micro-ordinateurs et la difficulté d’y accéder, un projet de gestion des connaissances a été lancé. Différentes sources d'information et de savoir ont ainsi été recensées : Les données détaillées Recueillies de plus en plus systématiquement à travers les systèmes d’information du Ministère (système d’information sur la santé de la mère et de l’enfant et de planification familiale, système de la surveillance épidémiologique, système d’information et de gestion des hôpitaux…). Les bases de données d’informations 149 MAROC, Ministère de la santé, Gestion des connaissances. [en ligne], Disponible sur Internet. http://www.sante.gov.ma/ESante/Docs/KM.pdf Page consultée le 22/09/2005 109 Il s’agit des bases de données sur les indicateurs sanitaires, infrastructure sanitaire, matériel biomédical, médicaments, économiques, etc… Les supports multimédias Essentiellement des CD-Rom sur les formations médicales & techniques, les bases de données médicales (Medline, Popline,…). Les rapports Il s’agit de rapports d’études, des experts et des consultants, d’enquêtes, de mémoires et de comptes rendus des réunions de planification. L’expérience Retraçant par exemple l’expérience d’une province dans le domaine de l’éducation sanitaire, dans la collaboration avec les organisations non gouvernementales et les collectivités locales ou dans un programme de santé, expériences individuelles des professionnels de santé. Le savoir-faire L’enjeu est de mettre en commun les ressources uniques détenues par chaque collaborateur en favorisant le travail collaboratif, la communication et le partage. Un schéma conceptuel du développement du contenu d’un projet gestion des connaissances a été élaboré par le Ministère de la Santé. Il recense les différentes sources d'information, les différents systèmes d'information ainsi que les sources extérieures. 110 Figure n° 10 : Schéma conceptuel du développement du contenu du projet gestion des connaissances au Ministère de la Santé -Maroc150 L'utilité de l’Intranet à développer Une fois mis en œuvre au sein du Ministère, cet Intranet facilitera l'accès aux connaissances citées précédemment par les employés, et mettra en œuvre la fonction de groupware, entre les collaborateurs de l’organisation. Des moteurs de recherche permettront aux utilisateurs d’accéder facilement aux informations recherchées. 150 MAROC, Ministère de la santé, Gestion des connaissances. Op. Cit. 111 En plus des expériences présentées plus haut, le tableau suivant liste quelques exemples de programmes de knowledge Managment dans le monde. Organisation Pratiques KM Culture de partage des connaissances Skandia (AFS) Intranet Structure technologique qui saisit le Capital Intellectuel Développement de l’apprentissage juste à temps CIBC Elaboration de cartes de compétences Changement culturel pour reconnaître l’importance stratégique du savoir Banque Royale du Canada Créer des groupes de pratiques Utiliser l’Intranet pour partager les connaissances Centre de Stentor Inc. Ressources Culture de partage des connaissances Partage des connaissances et de l’expertise au moyen d’une BD Pages jaunes d’entreprise Hewlett-Packard Culture de partage des connaissances Reconnaissance et communication des initiatives dans le domaine du savoir Dow Chemical Processus d’évaluation du Capital Intellectuel Changement d’attitude culturelle Hughes Space Création de cartes de savoir Tentative d’éliminer le cloisonnement des connaissances Saisie technologique de la mémoire institutionnelle dans une base de données pour éviter de refaire les mêmes erreurs Ernest&Young Création du Centre d’innovation en affaires Centre du savoir commercial Conférences de soutien Arthur Anderson Outil d’analyse comparative de la gestion du savoir Base de connaissances des pratiques exemplaires IBM Consulting Création d’un cadre de gestion du Capital Intellectuel Création de réseaux de compétence utilisant Lotus Notes et un groupe d’évaluateurs d’équipe Intégration du Capital Intellectuel à l’évaluation de rendement Tableau n° 5 : Exemples de programmes de gestion du savoir151 151 CANADA, Commission de la fonction publique du Canada. Op. Cit. 112 Conclusion : La connaissance et la compétence ont depuis toujours été au cœur du développement humain. Mais la valeur économique et organisationnelle des connaissances ne fut reconnue que vers la moitié du vingtième siècle avec l’avènement de la théorie des ressources, stipulant que la performance est plus liée à l’agencement des ressources qu’à leur volume, ainsi qu’aux travaux sur le travail intellectuel et l’apprentissage organisationnel. A la fin du vingtième siècle, et à la confluence de plusieurs facteurs, dont la libéralisation des marchés, la mondialisation de l’économie et les développements scientifique et technologique, le monde connu l’émergence d’un nouveau modèle économique basé sur le savoir (knowledge based economy), caractérisé par une accélération des modes d’apprentissage, et une importance croissante de la connaissance en tant que source de création des richesses. Au cœur de ces mutations, les méthodes managériales ont également connu une évolution vers un nouveau concept : le Knowledge Management (gestion des connaissances) que les organisations internationales, les multinationales et les cabinets de conseils ont vu émerger avec la mise en œuvre de réseaux internationaux d’échange d’expériences et de connaissances. Les congrès et les publications se multiplièrent dès le début du millénaire pour conférer à ce concept les contours d’une discipline à part entière. Partant de ces constats, la revue de la littérature de cette recherche s’articule autour des principales notions relatives au Knowledge Management ainsi qu’aux principales technologies et acteurs concernés. En effet, le premier axe traite des évolutions historiques, organisationnelles et épistémologiques qui ont favorisé l’émergence du Knowledge Management et pose des questionnements quant aux liens du concept aux Sciences de l’Information. En second lieu, les principales notions autour du Knowledge Management sont présentées avec en premier lieu une définition de la connaissance et de leurs modes de conversion et une présentation des typologies épistémologiques et ontologiques dressées par les auteurs. Des notions voisines au concept sont mises en exergue, telles que le capital intellectuel, le travail intellectuel et l’apprentissage organisationnel. 113 Ensuite l’accent est mis sur les principaux outils technologiques utilisés pour assurer la gestion des connaissances et les acteurs impliqués dans cette démarche. Les étapes de mise en place d’une stratégie de gestion des connaissances, ainsi que les principaux modèles offerts par la littérature, sont illustrés puis projetés sur le secteur public. Enfin, des exemples d’expériences sont sélectionnés parmi d’une part, les principales enquêtes lancées à l’échelle internationales en matière de pratiques de gestion des connaissances (OCDE, KPMG) et d’autre part, parmi les projets lancés à des niveaux nationaux (Canada, Royaume Uni). Au niveau du Maroc, l’absence de sources d’information sur les expériences en la matière a restreint le champ à une seule expérience au niveau du secteur public, à savoir celle du Ministère de la santé. En guise de conclusion, il serait important de signaler que vue la multiplication exponentielle que connaît la production scientifique en matière de Knowledge Management, et la pauvreté des sources informant sur les expériences marocaines, il serait pertinent d’élaborer des dossiers informationnels au sein de la bibliothèque de l’Ecole des Sciences de l’Information, et de pousser la réflexion pour la création d’un weblog dédié au Knowledge Management au Maroc. 114 Chapitre III : Méthodologie de la recherche Après avoir passé en revue les principaux éléments contextuels et théoriques qui soutendent le concept de « Knowledge Management », nous présentons au niveau de ce chapitre les soubassement méthodologique conduisant à la réalisation de la présente étude. 3-1 Problématique de l’étude Face à un environnement caractérisé par l’ouverture et la compétitivité, l’administration publique marocaine se trouve confrontée à des défis de rigueur, d’efficacité, de ponctualité et de performance. Elle est astreinte à moderniser ses structures et à rationaliser la gestion de ses ressources. Au niveau mondial, l’évolution de l’économie de l’immatériel a conduit à une redéfinition du Capital Intellectuel des organisations comme élément clé de leur compétitivité. Le savoir et la connaissance constituent de plus en plus un facteur déterminant le développement ou la disparition des organisations qu’elles soient publiques ou privées. « Ce qui compte désormais, c’est l’avantage compétitif dynamique, c’est à dire la capacité de l’entreprise à utiliser les facteurs intangibles, tel que le savoir, comme facteur d’accélération de son propre développement »152. Si au niveau international, la gouvernance du savoir permet de relever les défis de développement des pays153, elle permet au niveau interne de promouvoir la qualité du service public et d’instaurer les bases d’un climat de transparence et de confiance durable entre le citoyen et les pouvoirs publics. Aussi, l’administration publique est-elle davantage concernée par les questions de gestion du savoir et des connaissances tant par la qualité croissante de ses compétences et la synergie foisonnante de ses systèmes d’information, que par les exigences encore plus accrues de son environnement. Au niveau national, le projet de réforme de l’Administration marocaine présente plusieurs volets qui touchent de près cette question : simplification des procédures, 152 PRAX, J-Y. Le guide du Knowledge Management. Op. Cit. p.4 En 1998, la Banque Mondiale avait choisit le titre « knowledge for development » (le savoir au service du développement) pour son rapport annuel sur le développement dans le monde 153 115 administration en ligne, gestion des compétences et bien d’autres. Plus concrètement, on parle de « développer la fonction de connaissance stratégique de l’administration »154. Trois axes sont proposés à cet effet : la réhabilitation de la planification, la génération de cellules de prospectives et d’études et la constitution d’un réseau d’échange avec les universités. C’est une nouvelle approche managériale qui renforce les capacités de l’organisation. Il ne s’agit pas d’installer une nouvelle technologie, mais plutôt « d’adapter les outils classiques de gestion de façon à encourager systématiquement le partage des connaissances et l’amélioration des niveaux d’apprentissage et d’innovation dans l’organisation. »155 En d’autres termes, c’est arriver à déterminer qui fait quoi, qui sait quoi, qui a déjà fait quoi et comment faire quoi. C’est recentrer les efforts autour du Capital Intellectuel comme ressource fondamentale, et veiller à identifier, développer, sauvegarder et enrichir chacune de ses trois composantes156 par le biais de différentes actions : Le Capital Humain : Gestion des compétences, échange des expériences, transfert de savoir-faire… Le capital opérationnel et organisationnel : Formalisation des procédures, systèmes de gestion, bases de données, fonds documentaires, archives… Et le Capital Environnement : partenariat, conventions, relations avec l’usager… Parmi ces actions, appelées pratiques de gestion des connaissances, on peut compter les bases de données, les archives, les Intranets, les manuels de procédures, les programmes de formation ainsi qu’une panoplie d’outils (outils de communication, démarche qualité, …) familiers aux organisations modernes qu’elles soient publiques ou privées. Seule leur consolidation par une gestion explicite est à même d’en faire des outils de gestion des connaissances. C’est le cas au niveau du Ministère des Finances et de la Privatisation qui, dans une optique de modernisation et de mise à niveau de ses structures, avait entrepris dès SEDJARI, A. « La réforme de l’administration au Maroc entre le conservatisme d’hier et le changement d’aujourd’hui ». In. La mise à niveau de l’Administration face à la mondialisation. Sous la Direction de Ali Sedjari. Paris : L’Harmattan, 1999. p. 144. 155 OCDE. Gestion du savoir et des connaissances : apprendre en comparant les expériences des entreprises du secteur privé et des organisations du secteur public. Op. Cit. 156 Cette définition est celle retenue par le Ministère des Finances Danois dans le document de l’Organisation de la Coopération et du Développement Economiques (OCDE). Questions d’actualité, le cas du Danemark. Service de la gestion publique de l’OCDE (PUMA) [en ligne]. Juin 2001, source : www.oecd.com. Page visitée le 28-10-2002 154 116 1995 un plan de modernisation, puis un Plan d’Action Stratégique (PAS) composé des plans d’actions opérationnels des Directions. Les actions et les projets lancés dans le cadre de ce programme adoptent les concepts et les techniques des plus récents de la gestion publique : programmation stratégique, globalisation, contractualisation, gestion axée sur le résultat, … A ces éléments s’ajoutent un niveau important d’informatisation, et une conscience de plus en plus enracinée de changement et de modernisation. De part ses attributions de programmation et de gestion des ressources, la Direction des Affaires administratives et Générale (DAAG) se charge du suivi et de la coordination d’un nombre important de projets à caractère transverse. Ainsi, le Plan d’Action Stratégique de la DAAG pour l’année 2003 prévoyant, en plus des projets spécifiques à la Direction, un ensemble de projets relatifs aux Directions de l’Administration Centrale et même à tout le Ministère. C’est le cas par exemple des projets de Gestion des Systèmes d’Information, de Communication, et de la Formation. Ces projets auraient un impact direct sur le processus d’apprentissage au sein du Ministère et permettraient d’enrichir le Capital Intellectuel du département. Cependant, l’absence d’une politique déclarée157 de gestion des connaissances au sein du Ministère laisserait dans l’ombre un nombre important de pratiques relatives à la gestion des savoirs et des savoir-faire et empêche les décideurs d’avoir plus de visibilité quant aux apports qu’auraient ces projets en matière de gestion des connaissances et du savoir. Nous partons donc de l’hypothèse selon laquelle, le Ministère des Finances et de la Privatisation ‘opère’ une certaine pratique de la gestion des connaissances, à travers les projets de modernisation, lancés au sein de ses différentes structures. Aussi, une étude plus rapprochée des projets de modernisation transverses gérés par la DAAG permettra-elle d’une part, de vérifier dans quelle mesure ces projets mettent en œuvre les bases d’une gestion des connaissances au sein du département, et d’autre part, de mettre en relief le rôle que pourrait jouer la DAAG en tant que facilitateur pour la gestion du savoir au sein du Département. 157 En effet, le caractère explicite de la gestion des connaissances reste une condition déterminante pour considérer sa pratique par une organisation (Sveiby). 117 3-2 Objectifs de la recherche La présente étude a pour objectif principal de vérifier dans quelle mesure les projets objet de l’étude (20 projets) mettent en œuvre une gestion des connaissances au sein du département. Elle vise en deuxième lieu la proposition de grandes lignes d’une stratégie pour la gestion du savoir au sein du Ministère. Ainsi, trois objectifs peuvent être formulés : 1- Décrire les projets de modernisation transverses gérés par la DAAG (Plan d’Action Stratégique 2003) ; 2- Etudier les projets par rapport aux critères relatifs à la Gestion des Connaissances ; 3- Proposer les contours d’une stratégie de gestion des connaissances pour le Département des finances. 3-3 Questions de recherche A chacun des objectifs formulés ci-dessus, correspond en ensemble de questions de recherche : 1- Décrire les projets de modernisation entrepris par le Ministère des Finances 1. Quels sont les objectifs de chaque projet ? 2. Quels sont les produits finis de chaque projet ? 3. Quels sont les supports du/des produit(s) résultant(s) de chaque projet ? 4. Qui sont les utilisateurs du/des produit(s) résultant(s) de chaque projet? 5. Quels sont les usages faits du/des produit(s) résultant(s) de chaque projet ? 6. Quel est le mode de diffusion adopté pour chacun de ces produits ? 2- Etudier les projets par rapport aux critères relatifs à la Gestion des Connaissances 1. A quel élément du Capital Intellectuel (Capital Humain, Capital Processus, Capital Environnement) appartient chaque projet ? 2. Quel élément du processus de gestion des connaissances est-il le plus favorisé par chaque projet (création, capitalisation, transfert) ? 3. Quel mode de conversion des connaissances est-il favorisé par chaque projet (combinaison, extériorisation, intériorisation, socialisation) ? 118 4. Quel est le type de connaissances concernées par chaque projet (sur le système, au sein du système) ? 3- Proposer les contours d’une stratégie de gestion des connaissances pour le département de l’Economie et des Finances. 1. Quelles sont les Opportunités à saisir et les lacunes à combler pour la mise en place d’une stratégie de gestion des connaissances ? 2. Quels sont les éléments à prévoir au niveau stratégique ? 3. Quels sont les éléments à prévoir au niveau organisationnel ? 4. Quels sont les éléments à prévoir au niveau culturel ? 5. Quels sont les éléments à prévoir au niveau technique ? 3-4 Définitions opérationnelles Afin de lever l’ambiguïté sur les principaux concepts utilisés au cours de ce travail, des définitions succinctes sont présentées ci-dessous. 1- La connaissance : Pour le cabinet KPMG158, la connaissance est définie comme étant l’ensemble des faits, règles, affirmations et concepts à propos des domaines vitaux de l’entreprise. La connaissance est une ressource fondamentale pour accomplir les tâches « intelligentes » telles que la prise de décision, l’évaluation, la conception, la planification, le diagnostic et l’analyse. Dans la présente étude, deux typologies des connaissances seront adoptées : 1- La première distingue entre connaissance explicite et connaissance tacite : o Connaissances explicites : I. Nonaka et H. Takeuchi définissent la connaissance explicite comme étant celle qui « peut être exprimée en mots et en chiffres et qui peut être facilement communiquée et partagée sous forme de données brutes, de formule scientifique, de procédure codifiée ou de principe universel » 159. o Connaissances tacites : la connaissance tacite est « fortement personnelle et difficile à formaliser. Les points de vue subjectifs, les intuitions et les pressentiments font partie de ce type de connaissances »160 Quatre modes de conversions découlent de l’interaction entre ces deux types de connaissances : 158 KPMG. Knowledge Management Report 1998, United Kingdom Edition, 1998. NONAKA, I., H.TAKEUCH, H. La connaissance créatrice : La dynamique de l’entreprise apprenante. Op. Cit. p.26-27. 160 Ibid. p.26-27. 159 119 - Combinaison : de l’explicite à l’explicite ; - Extériorisation : du tacite à l’explicite ; - Intériorisation : de l’explicite au tacite ; - Socialisation : du tacite au tacite. 2- La seconde différentie entre les connaissances au sein du système d’une part, et connaissances sur le système de l’autre. o les connaissances au sein du système : il s’agit de toutes les connaissances acquises dans le cadre de la prestation de service ou de l’élaboration des politiques161 o les connaissances sur le système : il s’agit des connaissances se rapportant au domaine de l’organisation ou à sa spécialité. Dans ce travail, Les termes « connaissance » et « savoir » sont utilisés alternativement pour indiquer le même sens. 2- Capital Intellectuel : « Le Capital Intellectuel est constitué de matière grise, connaissances, informations, propriété intellectuelle, expériences, qui peut être utilisée pour créer de la richesse, il est constitué du Capital Humain, capital structurel et Capital Environnement »162. D’après le Ministère des Finances danois, le Capital Intellectuel se compose de trois éléments : Capital Humain : Le Capital Humain comprend l’ensemble des connaissances collectives, la créativité, le leadership, ainsi que les compétences de gestion et d’entreprenariat qu’incarne l’ensemble des salariés d’une entreprise. Capital structurel (ou organisationnel et opérationnel) : inclut l’utilisation du savoir et de l’information, sa diffusion au sein de l’organisation et sa transmission aux niveaux interne et externe (bases de données, systèmes d’information, procédures...). Capital Environnement : Le Capital Environnement est défini comme étant la capacité individuelle et collective à créer le savoir et dépend des relations avec les clients et les partenaires. Cet élément dépend essentiellement des réseaux de relations de l’organisation et de la façon dont ces réseaux permettent la création du savoir163. 161OCDE. Gestion du savoir et des connaissances : apprendre en comparant les expériences des entreprises du secteur privé et des organisations du secteur public, compte rendu succinct du forum de haut niveau organisé à copenhague, les 8,9 février 2001. Service de la gestion publique de l’OCDE (PUMA), juin 2001, source : www.oecd.com 162SVEIBY. Intellectual Capital and Knowledge Management. [en ligne], 2001. http://www.sveiby.com/articles/IntellectualCapital.html , page visitée le 05-05-2002 163 DANEMARK, Ministère des Finances. Knowledge Management and Intellectual Capital Statement within the State, Mars 2000. www.oecd.org le 15-03-2002 120 3- La gestion des connaissances : « Le concept de gestion des connaissances, fait référence à un ensemble de pratiques relatives à la génération, diffusion et publication du savoir et de l’information à des fins de partage interne et externe à l’organisation. Il s’agit d’un défi de la modernisation de la gestion publique qui nécessite une adaptation des outils classiques de gestion de manière à encourager le partage des connaissances ». Définition originale : « The concept of knowledge management refers to a broad collection of practices related to generating, disseminating, and promoting knowledge and information sharing within an organization, and with the outside world. Knowledge management is a management modernization challenge for the public sector, involving adapting classic management tools in a way that systematically promotes knowledge sharing ».164 4- Processus de gestion des connaissances : Il s’agit de la suite d’un ensemble d’éléments différemment présentés par les auteurs mais dont l’objectif principal est de permettre la création, la gestion et le transfert explicite et systématique des connaissances dans l’entreprise. Ainsi, pour conduire la présente étude, nous avons adopté la vision de S. Duizabo et N. Guillaume, et qui définit trois processus : création, capitalisation et transfert. 5- Pratique de gestion des connaissances : pratiques de gestion des connaissances » ou knowledge management practices » désigne selon l’OCDE165 l’ensemble des pratiques et procédures qui permettent l’acquisition, l’utilisation et le partage des connaissances : « all practices and procedures involved in acquiring, using and sharing knowledge». Il s’agit concrètement de toutes les actions qui mettent en pratique le processus de gestion des connaissances. Exemple : formation, manuel de procédure, forum, plan de communication… 6- Projet : La norme X50-105 de l’AFNOR définit le projet comme une démarche spécifique qui permet de structurer méthodiquement et progressivement une réalité à 164 Organisation de la Coopération et du Développement Economiques (OCDE). About Knowledge Management. www.oecd.org. page visitée le 12-06-2002 165 OCDE. Presentation of the International Knowledge Management Survey in the Private Sector, 25-27. [en ligne]June 2002. PUMA : Paris. 2002. Téléchargé sur le site de l’OCDE www.oecd.org le 20 décembre 2002. 121 venir. Il est définit et mis en œuvre pour élaborer une réponse au besoin d’un utilisateur, d’un client ou d’une clientèle et il implique un objectif et des actions à entreprendre avec des ressources données166. . 7- Produit : Nous considérons, dans cette étude, comme le produit d’un projet, tout document, application informatique, service ou procédure administrative résultant d’un projet. 8- Gestionnaires spécialisés : Nous entendons par gestionnaires spécialisés, les fonctionnaires dont les attributions relèvent d’une fonction uniforme : les gestionnaires de ressources humaines, les chargés de communication, les chargés d’accueil, les contrôleurs financiers…quelques soient leurs grades et leurs fonctions hiérarchiques. 3-5 Objet de l’étude et population étudiée L’objet de l’étude est constitué de 20 projets, lancés dans le cadre du Plan d’Action Stratégique 2003 de la DAAG au Ministère des Finances et de la Privatisation, et qui revêtent un caractère horizontal à l’échelle du département (voir liste des projets, en annexe n° : 1 ). La population de l’étude est constituée par les chefs de projets ayant en charge le suivi de la réalisation de ces projets. Ils sont théoriquement au nombre des projets retenus. Vu l’effectif limité des projets et des chefs de projets, aucun échantillonnage n’a été effectué. Par ailleurs, les projets de modernisation ont été étudiés globalement, par rapport aux variables de la recherche. Ils n’ont pas été évalués en terme d’opportunité de réalisation, de modalité d’ordonnancement ou de possibilités d’aboutissement. Les différences constatées entre les projets, quant à l’envergure des ressources humaines, budgétaires et logistiques allouées n’ont pas également été prises en considération. 3-6 Méthodes de recherche Les objectifs de l’étude ont été réalisés à travers d’une part, l’approche descriptive qui a permis de décrire les projets et les produits qui en résultent, et ce, à travers : - L’étude des documents relatifs aux projets, et de ceux à caractère stratégique (Notes et Lettres d’Orientations Générales, brochures et rapports…) ; 166 X 50-105, Le management de projet : concepts, août 1991, AFNOR, Paris. Cité par Vincent Giard. Gestion de projets. Economica : Paris, 1991. p.7. 122 - L’observation et l’analyse des produits résultants des projets. Nous avons également eu recours à l’enquête par interview, à travers laquelle, nous avons pu approcher les chefs de projets et compléter notre description des produits issus des projets étudiés. Cette enquête qui s’est déroulée entre janvier et mars 2004 s’est basée sur un guide d’interview (voir annexe n° 4) et a permis d’approfondir la description des projets objets de l’étude tel que prévu par le premier objectif de cette recherche. Par ailleurs, un examen rapproché de la littérature nous a permis de définir les critères d’analyse ayant permis de procéder à la catégorisation des projets et à leur analyse. Il s’agit en l’occurrence, des processus suivants : 1 Eléments du Capital Intellectuel (Capital Humain, Capital Processus, Capital Environnement) ; 2 Processus de gestion des connaissances (création, capitalisation, transfert) ; 3 Modes de conversion de savoir (Combinaison, Interiorisation, extériorisation, socialisation) ; 4 Types de savoir (au sein du système/sur le système). 3-7 Contraintes et limites de la recherche La gestion des connaissances est par essence le domaine de l’informel et du tacite. Or, les éléments disponibles pour l’étude des projets en question, relèvent davantage du formel et de l’explicite, ce qui laisse dans l’ombre un nombre important de pratiques et d’actions informelles au sein du Ministère. Par ailleurs, le caractère relativement récent du concept, conjugué à la nature composée de la problématique, nous ont amenés à investir au niveau de la clarification des concepts et de la définition des critères de l’étude. Il faut souligner également qu’en cours d’analyse, il s’est avéré extrêmement délicat de catégoriser les projets, vu leur caractère multidimensionnel et qui fait souvent qu’un même projet puisse permettre la création, la capitalisation et le transfert de connaissances. 123 3-8 Valeur de la recherche : La valeur du présent travail de recherche réside dans la particularité et la nouveauté relative du concept étudié, et qui a trait aussi bien aux sciences de l’Information, qu’au management des services publics. La méthodologie suivie, au long de l’étude, s’est basée sur une démarche heuristique, qui s’est vue bâtir au fil des lectures. Le plaisir d’un apprentissage continu avait permis de soulever les entraves survenues. Par ailleurs, lors de la revue de la littérature, nous avons tenu à consulter les références de base du concept, généralement en anglais. De plus, les correspondances tenues avec plusieurs auteurs dont, Ms. Moingeon, Perrin, Zack et Skyrme nous ont été d’une grande utilité, et nous ont permis de nous orienter dans certains choix. Enfin, étant le premier travail traitant du concept du Knowledge Management au niveau des mémoires du Cycle des Informatistes Spécialisés, nous estimons en faire un champ d’expérience pour amorcer la réflexion sur les nouvelles possibilités offertes aux professionnels de l’information. 124 Partie 2 : Identification d’éléments de gestion des connaissances dans les projets de modernisation transverses gérés par la DAAG au niveau du Ministère des Finances et de la Privatisation 125 Chapitre 4 : Présentation des projets objets de l’étude Ce chapitre a pour fin d’examiner de près les projets de modernisation transverses conduits par la DAAG, et ce, en vue de déterminer leur apport à la gestion des connaissances au sein du Ministère des Finances et de la Privatisation. En premier lieu, les principaux chantiers de modernisation initiés par la Direction des Affaires Administratives et Générales seront présentés, afin de contextualiser les projets objets de l’étude. Ensuite, une présentation détaillée desdits projets permettra de cerner leurs finalités et les objectifs qui les sous tendent. Les produits issus de ces projets sont à la fin, catégorisés suivant leur typologie, supports, cibles, usages et modes de diffusion. 4-1 Les grands chantiers de modernisation de la DAAG Conduits par la Direction des Affaires Administratives et Générales (DAAG), les projets de modernisation, objet de l’étude, ne peuvent être analysés sans citer les chantiers les plus importants, ouverts par cette Direction, en vue de moderniser ses modes de gestion et même ceux du Ministère. En effet, « à la Direction des Affaires Administratives et Générales, la modernisation est érigée en véritable chantier fédérateur visant à inscrire son intervention dans une vision stratégique globale, soutenue par une démarche de performance et d’efficacité, dotée des outils de pilotage et d’évaluation»167 peut-on lire dans le document intitulé « Les chantiers de modernisation » élaboré par la même Direction en 2004. Il s’agit des chantiers suivants168 : 167 MAROC. Ministère des Finances et de la Privatisation. DAAG. Les chantiers de modernisation. Mars 2004. p.1 Cette présentation constitue un arrêt sur image couvrant la période 2003-2004. Depuis lors, certains projets ont été mis en instance, d’autres ont connu du retard et de nouveaux projets ont été lancés. 168 126 4-1-1 Le premier chantier : Instauration d’une nouvelle culture managériale 4-1-1-1 Programmation stratégique La programmation stratégique, adoptée au sein du Ministère des Finances et de la Privatisation en tant qu’approche commune aux différentes directions, répond essentiellement au souci d’une meilleure visibilité à moyen et long terme. « La finalité étant de donner des éclairages suffisants au personnel et aux partenaires du Ministère, sur les actions de réforme actuelles et futures, ainsi que sur les motivations qui sous-tendent le choix de telles actions»169. Le processus de programmation est amorcé au niveau de la Direction des Affaires Administratives et Générales (DAAG) par la rédaction, avec l’implication de l’ensemble des cadres et des responsables, de la Note d’orientations Générales, permettant la définition d’un cadre de référence commun. 4-1-1-2 Gestion par projet L’organisation des préoccupations de la DAAG autour de projets prédéfinis, retrouve son origine dans la logique de la démarche de programmation stratégique initiée par le département, néanmoins, elle revêt de plus en plus, un cadre ancré et durable et fait désormais partie de la culture de la Direction. En effet, un exercice annuel, à la fois, d’évaluation des projets réalisés et de définition de nouveaux axes d’amélioration, permet d’éclairer la direction sur l’évolution des chantiers ouverts et d’orienter les actions des différents services. Le document intitulé « Les chantiers de la Modernisation » précise que la gestion par projet, telle qu’adoptée par la DAAG, est perçue comme étant une approche managériale, fondée sur la définition en amont d’objectifs, déclinés par la suite en projets concrets, réalisables dans des délais déterminés, avec l’évaluation précise des ressources allouées… Les projets transverses à l’échelle de la Direction, sont définis en commun accord entre les structures impliquées dans leur réalisation. Ceux revêtant un caractère transverse à l’échelle du Ministère, sont définis en concertation avec les différentes directions concernées, et ce, par le biais d’instances de pilotage et de comités interdirections. 169 MAROC. Ministère des Finances et de la Privatisation. DAAG. Les chantiers de modernisation. Mars 2004. p.2 127 L’affectation de ressources humaines multidisciplinaires et appartenant à des structures différentes permet de réduire le cloisonnement entre les différentes entités de la DAAG et de fédérer les efforts des cadres autours de objectifs communs et partagés. En plus d’une organisation horizontale des équipes, une capitalisation sur l’expérience acquise se fait à travers l’affectation de la même personne à la même fonction pour plusieurs projets (ex. Responsable qualité, Responsable communication…). Cependant, aucun retour sur expérience n’est formalisé. Les réalisations sont évaluées du point de vue performance globale du projet, au moment où il nous semblerait que le déroulement même du projet n’est pas évalué (réussites et échecs des actions). La Note d’Orientations Générales de la DAAG (2004) met l’accent sur d’autres formes de travail collaboratif, au-delà même des frontières de cette Direction : « Les responsables de la DAAG doivent en conséquence, chacun dans son domaine de compétence, constituer et animer des réseaux de réflexion et de travail avec leurs homologues dans les autres directions, surtout les directions à réseaux… Les bonnes pratiques et certains outils de qualité développés par nos autres partenaires seront utilisés par nous sans ‘état d’âme’ »170 Par ailleurs, et afin de mettre à la disposition des utilisateurs un outil facilitant la prise en charge des projets, leur suivi et leur évaluation, l’outil MS-Project a été déployé auprès des services de la DAAG. Un programme de formation a été réalisé au profit des utilisateurs. 4-1-1-3 Gestion budgétaire axée sur le résultat, le principe de la contractualisation Il s’agit de mettre en place les mécanismes permettant la meilleure utilisation possible des fonds publics, tout en rendant compte, de manière transparente, des performances et des résultats réalisés. A cet égard, des indicateurs de performance correspondant aux domaines d’intervention du département et aux dépenses d’investissement qu’ils occasionnent, ont été conçus et consolidés dans des contrats objectifs/moyens passés avec l’ensemble des services gestionnaires. Le Ministère des Finances et de la Privatisation figure, dorénavant, parmi les départements ayant adhéré au processus de globalisation des crédits171. 170 MAROC. Ministère des Finances et de la Privatisation. DAAG. Les chantiers de modernisation. Mars 2004, p.8. Globalisation des crédits : Ensemble d’outils et de mesures permettant l’ancrage du principe d’une budgétisation , non plus par nature de dépenses, mais plutôt orientée vers les résultats à partir d’objectifs prédéfinis. 171 128 Cette initiative devrait être confortée par un transfert de compétences vers les autres départements ministériels, compte tenu de l’expertise acquise par le département en matière de gestion budgétaire. Ce faisant, la contractualisation sur les objectifs et les moyens sous-jacents a été entamée dans l’optique de devenir le mode normal de gouvernance des relations entre la DAAG et les autres directions du Ministère. Elle implique une contractualisation des programmes élaborés à partir d’objectifs préétablis et se rapporte aux aspects qualitatifs et quantitatifs. Les projets d’informatisation ont été ciblés en priorité pour faire l’objet de ces contrats. Les contrats passés, à cet effet, offrent aux différentes directions la latitude de gérer en toute responsabilité, les ressources humaines et financières mises à leur disposition, dans les limites de leurs compétences, et ce, conformément à un engagement formel et concerté sur les résultats à atteindre. Une telle responsabilisation, assortie de procédures et d’indicateurs de suivi des performances adéquats, permet une meilleure maîtrise des coûts et des moyens. 4-1-1-4 Mise en place d’un système de pilotage Il s’agit d’un système de type « Datawarehouse » construit autour des bases de données de gestion de la DAAG, et dont l’objectif est de résoudre les problèmes liés à la surabondance des données et à leur localisation sur plusieurs systèmes, en permettant l’instauration d’une nouvelle architecture de données, capable de servir de base aux applications décisionnelles. Un diagnostic de l’existant, en matière d’information statistique, a été établi. Il a touché aussi bien le domaine des ressources humaines que celui des ressources matérielles. 4-1-1-5 Mise en œuvre d’une démarche qualité Le projet « démarche qualité » s’insère dans le cadre de la modernisation des modes de gestion, entreprises par la DAAG, avec pour objectifs principaux de : • Réduire les délais de traitement des dossiers ; • Améliorer la qualité des services rendus ; • Réduire les coûts des prestations. Dans ce sens, une opération pilote a été menée au niveau des services chargés de la gestion des Ressources Humaines. Le processus « recrutement » a également fait l’objet 129 d’une analyse détaillée à l’issue de laquelle le nombre d’intervenants dans le circuit, et les délais de traitement des dossiers ont été réduits. Suite à cette action pilote, un projet démarche qualité a été entrepris pour le processus « Achat ». Il a eu pour objectif d’améliorer les prestations des structures chargées des achats, en intégrant une approche qualité de ce processus au sein du Ministère. La Conduite de ce projet devrait mener à la certification selon la norme ISO 9001 (version 2000) de la fonction « Achat » au niveau de la DAAG, permettrait d’atteindre une meilleure satisfaction des partenaires du Ministère et à une prise en compte de leurs préoccupations. La lettre d’engagement, émise par la Direction dans le cadre du projet « démarche qualité », annonce : « …Nous nous engageons résolument dans cette voie de progrès, porteuse de bénéfices et nous veillerons à ce que les résultats soient connus de tous, afin que nous puissions progresser ensemble. Notre objectif cardinal sera atteint dès lors que l’on répondra, avec précision et célérité, aux sollicitations des partenaires de la Direction »172. En plus de la démarche qualité dans son ensemble (considérée par la littérature comme une pratique de gestion des connaissances), plusieurs pratiques similaires ont marqué le cours du projet, dont notamment : La création d’un dossier type de marché public, reproduisant toutes les pièces sensées composer un marché public ; Le recensement des motifs de rejet des dossiers de marchés publics par le Contrôle des Engagements et des Dépenses de l’Etat, au cours de la période allant du 1er juillet 1999 au 31 décembre 2001 ; La réalisation d’une enquête auprès des fournisseurs afin de mesurer leur degré de satisfaction quant aux prestations de l’entité chargée des achats au niveau du Ministère. 172 MAROC. Ministère des Finances et de la Privatisation. Direction des Affaires Administratives et Générales. Lettre d’engagement.[en ligne]. 2003. Disponible sur Intranet. http://maliya.finances.gov.ma/intranet/DAAG/qualite/pdf/lettre_engagement.pdf page visitée le 28/05/2005 130 4-1-2 Le second chantier : Rationalisation de la gestion et optimisation de l’organisation 4-1-2-1 Elaboration et adoption de normes de gestion L’élaboration de normes de gestion et la formalisation des procédures, s’inscrivent dans le soucis d’harmoniser la pratique des services, en simplifiant les circuits, et en réduisant le nombre de documents utilisés. Il s’agit principalement des projets suivants : La normalisation du processus d’expression des besoins budgétaires : Ce projet a pour objectif de permettre aux directions de préparer, de présenter et de justifier leurs besoins budgétaires de manière uniforme et normalisée. L’élaboration de ratios de fonctionnement : Ce projet consiste à étudier la structure globale des dépenses, à analyser les principales évolution et à calculer un ratio global de fonctionnement par agent et par nature de dépense. Un référentiel informatique commun : Il s’agit dans ce projet, d’établir des normes en matière d’achat informatique et de mettre en place une politique d’achat pour minimiser les coûts. 4-1-2-2 Elaboration du Manuel de procédures de la Direction des Affaires Administratives et Générales L’élaboration des procédures et leur consolidation au niveau du support conçu à cet effet, en l’occurrence, le Manuel des Procédures, constitue une phase préalable et indispensable pour asseoir les bases de la maîtrise des processus et des activités selon un même formalisme reconnu et adopté par tous. Le but recherché est l’harmonisation des méthodes de travail, dans une optique de simplification et d’allègement et suivant les exigences de qualité et d’efficacité. Il s’agit d’éliminer l’arbitraire et l’imprécision et de rompre avec des pratiques non conformes avec les référentiels réglementaires en usage. La DAAG a achevé en 2002 l’élaboration de son Manuel des Procédures de gestion, il s’agit notamment des fonctions suivantes : Gestion des Ressources Humaines ; Formation ; Gestion Budgétaire et Comptable ; 131 Gestion Logistique ; Communication et Information ; Système d’Information ; Organisation et Programmation. Pour conférer à cet outil la pertinence nécessaire à son utilisation future, comme référentiel pour toute action de simplification et d’amélioration de l’organisation, le choix pour son élaboration a porté sur l’adoption d’une démarche participative impliquant les acteurs concernés (Services de la Direction). Le processus de révision et d’amélioration a connu, de son côté, un niveau de réalisation assez avancé. Les actions de simplification ont été engagées et ont porté, dans un premier temps, sur les procédures en relation avec les usagers internes et externes. Par ailleurs, l’élaboration du Manuel des Procédures a été accompagnée par la standardisation des imprimés et des documents de travail. 4-1-2-3 La réingénierie des processus La réingénierie des processus constitue une action déterminante répondant aux impératifs de recherche continue de circuits optimaux, de réduction des délais et des intervenants et d’amélioration et de simplification des flux de traitement des différents actes de gestion. A ce titre, les processus relatifs à la gestion des ressources humaines, budgétaires et logistiques ont fait l’objet d’examen et d’analyse, en vue de les reconfigurer et de les mettre en adéquation par rapport à la réglementation en vigueur et aux exigences de rationalisation et d’efficacité administrative. Les actions menées, à ce sujet, relèvent toutes d’une même logique, à savoir, la mise en place des bases d’une gestion efficace, en vue du passage à un stade plus élaboré de la Gestion des Ressources, composante essentielle de la stratégie de modernisation du Ministère. 4-1-2-4 La mise en place d’une Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences La mise en oeuvre de la Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences (GPEC) au sein de la DAAG part d’un souci d’amélioration de l’organisation du travail 132 au sein des structures, et de l’optimisation de la gestion des ressources humaines qui les animent. La Note d’Orientations Générales précise que « Le chantier GPEC ….consiste à analyser tous les postes de travail, étudier la charge réelle des activités, procéder au profilage exact des agents et cadres, reformuler et optimiser l’organisation des services »173. Les objectifs recherchés à travers l’initiation de ce projet s’articulent autour de : 1- L’amélioration de l’organisation du travail au sein des structures ; 2- L’identification des postes de travail et l’élaboration des manuels de description des postes ; 3- Le suivi des évolutions des activités des postes et des effectifs ; 4- L’analyse des besoins futurs en compétences ; 5- La réduction des écarts entre les besoins prévisionnels en compétences et les ressources disponibles. La DAAG a lancé les travaux de la démarche GPEC au sein de ses structures selon la démarche suivante : 1- Description, analyse et reconfiguration de l’organisation opérationnelle du travail ; 2- Elaboration des fiches de description des postes de travail ; 3- Analyse des besoins en effectifs et évaluation collective des ressources humaines. Un guide méthodologique174, récapitulant les concepts et la méthodologie de mise en oeuvre d’une démarche GPEC, a été élaboré en vue de capitaliser l’expérience et de disposer d’un support didactique pour la généralisation de la démarche au niveau du Ministère. 4-1-3 Le troisième chantier : Systèmes d’information et communication Parmi les plus grands chantiers du Ministère, on peut compter la mise en place des système intégrés de gestion, dont le principal objectif et de remédier à la gestion fragmentaire de fonction aussi globales que la gestion des ressources humaines ou celles des ressources budgétaires et comptables. MAROC. Ministère des Finances et de la Privatisation. Direction des Affaires Administratives et Générales. Note d’Orientations Générales 2004. [en ligne]. 2004. Disponible sur Intranet . http://maliya.finances.gov.ma/intranet/DAAG/PAS/PDF/NOG_2004.pdf Page visitée le 30/05/2005. 174MAROC. Ministère des Finances et de la Privatisation. Direction des Affaires Administratives et Générales. Guide de la Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences. [en ligne]. 2004. Disponible sur Intranet http://maliya.finances.gov.ma/intranet/gpeec/index.htm page visitée le 26/10/2005 173 133 Par ailleurs, la communication institutionnelle, qu’elle soit interne ou externe, revêt une place centrale au sein du département vu qu’elle permet de régir la relation du Ministère avec ses usagers internes et externes. 4-1-3-1 Systèmes intégrés de gestion des ressources a- Le projet « Système Intégré de Gestion des Ressources Humaine » (baptisé GISRH) De grande envergure, ce projet a été lancé en octobre 2003 avec pour objectif de mettre en place un Système Intégré de Gestion des Ressources Humaines permettant de prendre en charge de manière automatisée toute la fonction GRH, dans ses deux composantes : administrative et qualitative. Les principales fonctionnalités du système GISRH peuvent être classées sous deux grandes rubriques : 1 Fonctionnalités liées à la gestion administrative des Ressources Humaines : La gestion du dossier administratif du personnel : recrutements, promotions, mouvements, détachements, retraites... La gestion de l’organisation (répartition des effectifs par entité administrative) ; La gestion du temps (plans de roulement, présences, absences…) ; La budgétisation des coûts (ex. : coûts des formations..) ; La gestion des indemnités (allocations familiales, primes, frais de déplacement…). Ce premier lot de fonctionnalités a été déployé depuis juin 2005. 2 Fonctionnalités à caractère qualitatif, à savoir : La gestion de la formation : suivi du cursus professionnel et de la formation continue ; La Gestion des Emplois et des Compétences : Planification des successions, adéquation emploi/profil, suivi des carrières ; Les tableaux de bord et outils de prise de décision en matière de GRH ; L’Accès du personnel en self service à toute l’information le concernant. Ce paquet sera déployé dans un futur proche. Par ailleurs, le projet GISRH met en œuvre une longue liste de pratiques de gestion du savoir. On peut citer à titre d’exemples : 134 La cartographie des processus : réalisée en amont du projet ; Le transfert de compétences : organisé pour assurer le transfert des connaissances sur le système, de l’équipe du consultant vers l’équipe du Ministère, et dont l’objectif est de garantir l’autonomie des équipes internes visà-vis du nouveau système ; Les formations, réalisées pour les équipes techniques et fonctionnelles du Ministère ainsi que pour les utilisateurs finaux ; Les actions de communication réalisées autour du projet, dont notamment : un bulletin mensuel, des tables rondes, des dépliants et un site intranet sur le projet. Au-delà des actions ponctuelles, un travail d’apprentissage continu accompagne le projet, et offre à son équipe une expérience riche et pratique. b- Le projet Système Intégré de Gestion des Ressources Budgétaire et Comptables (SIG-BC) Lancé deux années après GISRH (Système Intégré de Gestion des Ressources Humaines), le système Intégré de Gestion des Ressources Budgétaires et Comptables (SIG-BC) se veut le tremplin vers une gestion des ressources budgétaires, mieux rationalisée et plus transparente. L’objectif principal derrière la mise en place du SIG-BC est d’assurer un fonctionnement global efficace dans l’exécution des activités budgétaires et comptables, et ce, à travers notamment : L’automatisation de la chaîne budgétaire et comptable depuis les demandes de crédits des Directions et les conférences budgétaires jusqu’au mandatement des dépenses. L’assurance d’une meilleure qualité de service à travers, o le partage de l’information entre tous les intervenants dans la chaîne budgétaire (saisie unique) ; o l’intégration et la cohérence des données ; o la rapidité des traitements et le raccourcissement des délais ; o la mise en place des services au profit des partenaires internes et externes. La garantie de la cohérence des processus/procédures ; La consolidation des données au niveau du Ministère (ordonnateur) ; 135 La facilitation du pilotage et de la prise de décision. 4-1-3-2 La communication De par la transversalité de ses attributions, la DAAG veille à assurer la conduite de la fonction communication du Ministère, aussi bien au niveau interne qu’externe. Cette communication s’inscrit dans le souci de refléter du Ministère, une image valorisante et un discours cohérent. « Les sites Internet et Intranet du Ministère, la revue Al Maliya, Flash info, le centre de documentation, les points d’accueil, le partage de la messagerie interne, les dépliants et kit d’information et la mise en place de services électroniques (e_services), constituent autant d’actions qui viennent concrétiser cette option…..La finalité étant de consolider l’ouverture du département de façon générale et la direction, en particulier, sur son environnement aussi bien interne qu’externe»175. a- Communication Interne au Ministère Au niveau interne, plusieurs outils et actions de communication contribuent à ancrer le sentiment d’appartenance au département, et à décloisonner les services et les directions du Ministère. Il s’agit principalement de la messagerie interne, du portail intranet du Ministère, des publications et du Centre de Documentation du Ministère. i- Utilisation de la messagerie interne Depuis l’année 2002, la messagerie électronique est de plus en plus utilisée par le personnel de la Direction aussi bien pour l’envoi et la réception de documents de travail, que pour l’échange formel et informel de messages (annonces de réunion, demandes d’information…). ii- Portail Intranet du Ministère La mise en place d’un portail Intranet176 du Ministère a pour objectif la mise en commun de l’ensemble de la production informationnelle du Ministère. Il devrait permettre de faciliter l’accès à l’information recherchée par le personnel du Ministère, de développer un espace de communication et d’interaction entre les directions et d’améliorer la qualité des services rendus. L’intranet du Ministère est personnalisé, permettant un accès par profil à son contenu suivant la structure et le niveau hiérarchique. 175 176 MAROC. Ministère des Finances et de la Privatisation. DAAG. Les chantiers de modernisation. Mars 2004. p.20 URL : http://maliyanet.finances.gov.ma 136 Plusieurs services et produits sont offerts, dont notamment : 1- L’accès à la page d'accueil du site : régulièrement mise à jour, elle informe le personnel des différentes activités, tables rondes, séminaires, événements etc. ayant eu lieu ; 2- L’accès à plusieurs services dématérialisés : demande de congé, attestation de travail, réservation de salle de réunion, de véhicule etc.; 3- La consultation de tableaux de bord selon le niveau hiérarchique ; 4- L’accès au site Extranet du Centre de Documentation du Ministère ; 5- L’accès aux produits informationnels tels que la revue électronique, le bulletin d'information "Al Maliya", les brochures et dépliants, la revue de presse quotidienne, les grilles de lecture de la presse, les dossiers informationnels, les sites web de certains projets, etc.; 6- Accès aux différentes annonces de formation pour une éventuelle inscription des agents intéressés ; 7- Accès au Fichier Central du Personnel (FCP) permettant à chaque agent de visualiser sa situation administrative ; 8- Accès à la messagerie ; Etc. La mise en place du site Intranet du Ministère constitue, certes, une étape importante pour l’amélioration des dispositifs de communication internes du département, il n’en reste pas moins que certaines lacunes restent à combler, afin que ce site puisse s’acquitter de sa mission. Il s’agit au niveau du contenu de la nécessité d’orienter le site vers une vision plus Ministère, que DAAG, en intégrant une information récente et fréquemment mise à jour concernant les évènements que connaissent les différentes directions, et ce, afin de favoriser, chez le personnel, le sentiment d’appartenance au Ministère et de réduire les cloisonnements éventuels. Au niveau de l’ergonomie, la page d’accueil gagnerait à être allégée, avec des regroupements et des zones thématiques. Le choix des couleurs et l’optimisation de l’effet de contraste, permettraient également de mieux visualiser l’information, et de rendre plus agréable la navigation sur le site. Ces remarques étant d’ordre général, seule une étude détaillée du site permettrait de révéler les bonnes voies pour son amélioration. 137 iii- Publications Internes - La revue interne du Ministère Elaborée jusqu’au mois d’octobre 2002 au niveau du Secrétariat Général du Ministère, « Al Malya », revue interne du département, est désormais éditée par la DAAG, et vise la réalisation des objectifs suivants : 1- Accompagner le processus de réformes mené par les différentes structures ; 2- Faire adhérer le personnel aux actions de reforme en communiquant au maximum sur ces actions ; 3- Faire connaître les nouveaux projets du Ministère ; 4- Echanger les expériences dans le domaine « métiers » entre les différentes directions ; 5- Accorder un intérêt particulier aux aspects liés à la gestion et aux ressources humaines ; 6- Institutionnaliser une culture de communication. La revue AlMalya est trimestrielle et est tirée à 8000 exemplaires. - Publications de brochures, dépliants et affiches Depuis l’année 2002, la DAAG a publié un ensemble de documents ayant pour objectif de communiquer autour de services ou de projets initiés par la Direction : Les dépliants : Présentation du Centre de Documentation du Ministère ; Présentation du Catalogue Collectif du Ministère ; Présentation du portail intranet ; Présentation du site des marchés publics ; Présentation de la revue électronique ; Guide de pré-archivage ; Guide de la formation au MFP ; Présentation du projet GISRH ; Présentation de l’assistance aux utilisateurs du système GISRH. Les brochures (documents de près de 40 pages) : Les chantiers de modernisation ; Le guide du fonctionnaire ; Le guide du Ministère des Finances et de la Privatisation ; 138 La charte de la formation ; Le projet GISRH. Des affiches ont été également réalisées pour communiquer autour de services offerts (ex. formation à distance), de produits réalisés (ex. Revue électronique) ou de grands projets (ex. E-Finances, GISRH…). iv- Le Centre de Documentation du Ministère (CDM) Le Centre de Documentation du Ministère (CDM) est chargé de rassembler, d’organiser, de conserver et de mettre à la disposition de ses utilisateurs les informations et les documents nécessaires à l’exercice de leurs activités couvrant tous les métiers du Ministère (finances, comptabilité, impôts…), ainsi que les champs du savoir susceptibles d’améliorer le mode de fonctionnement de ses entités (communication, documentation, GRH, Informatique…).. Outre les possibilités de consultation et de prêt de sa collection documentaire, le Centre de Documentation du Ministère offre plusieurs services, dont notamment : La consultation sur place et à distance de sa base de données bibliographiques ; Le prêt de documents ; La revue de presse quotidienne élaborée pour l’ensemble du personnel du Ministère ; Une grille mensuelle de lecture de la presse permettant d’assurer le suivi et l’analyse de l’image du Ministère et de la cohérence de son discours ; La recherche documentaire assistée ; La proposition de listes bibliographiques ; L’adhésion en ligne au CDM ; Et l’orientation vers les sources documentaires et informationnelles du Ministère. Depuis juin 2003, le Centre de Documentation du Ministère (CDM) a mis à la disposition de ses usagers son nouveau site web http://cdm.finances.gov.ma, consultable sur l’Intranet du Ministère. Le nouveau site web du CDM offre plusieurs services interactifs (adhésion, proposition d’acquisition, réservation,..) et de nouveaux produits documentaires (bulletin des sommaires, liens utiles, publications du Ministère, revue de presse,..). Certaines de ses rubriques sont également accessibles sur Internet. 139 b- Communication externe au Ministère i- Site Internet et e-services Opérationnel depuis 1997, le site Web du Ministère (www.finances.gov.ma ) a connu une opération de refonte générale qui a abouti à la création d’un nouveau portail, lancé le 1er juillet 2002. Celui ci offre depuis, une panoplie d’informations en rapport avec les métiers du Ministère. Suivant une approche thématique, le portail offre l’accès à plusieurs niveaux d’information, allant de la simple fourniture de rapports et de publications, aux services d’information pour le suivi des marchés publiques et des carrières administratives, et aux services transactionnels tels que ceux permettant d’effectuer des opérations douanières en ligne. En 2003, le Portail Internet du MFP a été transformé dans le but de : Rendre le portail Internet plus ergonomique et plus convivial ; Développer une identité visuelle pour faciliter l’identification des productions du Ministère ; Faciliter l’accès au contenu du site à un large public ; Permettre l’accès personnalisé par profil ; Dynamiser les fonctionnalités du site. b- Les systèmes d’accueil du Ministère En vue d’améliorer la qualité des relations avec ses usagers, la DAAG a axé ses efforts sur l’amélioration de l’accueil, aussi bien physique que téléphonique. A cet effet, les actions suivantes ont été réalisées : Amélioration de la prise en charge des clients/usagers du Ministère à travers la valorisation de la fonction "accueil" ; Sensibilisation du personnel du MFP à l’importance de cette mission par la réalisation d’un guide « Pratiques pour un accueil de qualité »177 et d’un livret d’accueil178 ; Réalisation d’un sondage d’opinion sur l’image du MFP auprès des usagers du Ministère (catégorie des lauréats des grandes écoles) ; Amélioration de la procédure d’Affichage au niveau des entrées du Ministère ; Amélioration de la qualité de l’accueil téléphonique du standard du Ministère ; 177 178 MAROC. Ministère des Finances et de la Privatisation. DAAG. Pratiques pour un accueil de qualité, 2004 MAROC. Ministère des Finances et de la Privatisation. DAAG. Livret d’accueil, 2004. 140 Présence du Ministère lors des manifestations : Un stand du Ministère est présent lors des forums des grandes écoles d’Ingénieurs et des séminaires sur l’administration électronique. 4-1-4 Le quatrième chantier : la formation continue Pour concrétiser et renforcer les actions de modernisation, il a été nécessaire de mettre en place une politique de formation des agents et des cadres du ministère. L’objectif principal de cette politique est d’adapter le personnel aux changements, améliorer ses compétences et lui permettre d’atteindre le niveau de performance nécessaire pour qu’il accomplisse de façon efficace et efficiente ses missions. Cette politique a été concrétisée par la charte de la formation179, établie en 2002, et qui a défini la nouvelle vision devant aboutir, à terme, à une véritable ingénierie de la formation. Elle insiste sur un certain nombre de principes, à savoir : La généralisation à l’ensemble des agents et cadres du ministère ; La décentralisation afin d’assurer une meilleure implication des directions et un meilleur partage des tâches en matière de formation (plans de formation spécifique/plan transverse du Ministère) ; La rationalisation afin de permettre une meilleure affectation des ressources en fonction des besoins de chaque direction et une meilleure efficience de la formation ; La participation et l’implication de tous les acteurs afin d’assurer une meilleure adhésion de leur part : implication des responsables hiérarchiques, des participants à la formation ; du Conseil de la formation ; du Comité pédagogique, des comités de suivi et de gestion… ; L’usage des TIC pour une formation à distance. A ce propos un site pour la formation à distance a été réalisé, le catalogue de formation a été informatisé et offre la possibilité de s’inscrire en ligne. Les principales réalisations en matière de formation ont porté sur les métiers de base du Ministère afin de renforcer les compétences au niveau de l’audit et contrôle, la gestion des ressources et l’analyse économique et financière. 179 MAROC. Ministère des Finances et de la Privatisation. DAAG. Charte de la formation, 2004. 141 Des formations sur les techniques modernes de gestion, l’informatique et les systèmes d’information, ont été dispensées au profit du personnel, en vue d’adapter les capacités managériales et techniques des participants aux nouvelles technologies et à l’évolution de l’environnement. Par ailleurs, la formation insertion au profit des agents nouvellement promus au statut de cadre, est devenue systématique et a pour but de les accompagner dans leur parcours professionnel, et de promouvoir une culture et un sentiment d’appartenance au Ministère. 142 4-2 Présentation des projets étudiés 4-2-1 Rappel du processus de la programmation stratégique Chaque année, les orientations générales du Ministère sont fixées suite à une analyse de l’environnement tant interne qu’externe et à un diagnostic objectif. Deux niveaux d’orientation sont prévus : 1- La Lettre d’Orientations Générales (LOG) : élaborée au niveau du Ministère, elle décrit les priorités du département, fixe les orientations et donne les directives générales qui président au choix et à la hiérarchisation des priorités spécifiques de chaque direction. 2- La Note d’Orientations Générales (NOG) : élaborée au niveau de chaque Direction, elle s’inscrit dans la continuité de la LOG mais se situe à un niveau plus proche de son champ d’intervention. Pour atteindre les objectifs fixés dans la NOG, les actions à entreprendre par les différentes structures font l’objet d’une programmation réaliste, validée sous forme d’un plan d’action de la Direction en question. Le plan d’action est décliné par la suite en grands chantiers, et chaque chantier est constitué de projets, composés de plusieurs tâches, subdivisées elles-mêmes en actions. L’ensemble du programme est ensuite codifié de façon arborescente et un calendrier précis de réalisation est arrêté, avec l’indication des responsables désignés pour le suivi de chacune des actions programmées. Le schéma présenté ci-dessous élucide cette arborescence : Lettre d’Orientations Générales du Ministère Note d’Orientations Générales de la Direction Orientations, politique du Ministère et de la Direction Objectifs Propositions idées, besoins projets futurs… Chantier 1 Chantier 1 Chantier 1 Projet Tâche Action Figure n°11 : Processus de la Programmation Stratégique 143 4-2-2 Présentation du Plan d’Action Stratégique 2003 de la DAAG Le Plan d’Action Stratégique 2003 vient concrétiser les orientations de la NOG 2003 qui avait retracé les principales réalisations de l’année d’avant, et avait mis l’accent sur les défaillances constatées. Les recommandations avancées par la NOG 2003180 s’articulaient essentiellement autour des points suivants : 1- Réingénierie des processus de gestion ; 2- Amélioration effective de la qualité des prestations rendues ; 3- Amélioration des méthodes de communication et d’accueil ; 4- Utilisation effective des méthodes de programmation stratégique ; 5- Adoption des normes d’allocation en matière de dépenses ; 6- Rénovation des méthodes de gestion des Ressources Humaines ; 7- Exploitation des NTIC pour l’atteinte des objectifs de la Direction ; 8- Formalisation des procédures de gestion de la Direction ; 9- Utilisation d’indicateurs de performance et de satisfaction pour l’évaluation des actions de la Direction ; 10- Implication des cadres dans la réalisation des projets de réforme de la Direction ; 11- Mise en œuvre d’une politique de formation répondant aux besoins du Ministère ; 12- Amélioration du système d’aide à la prise de décision en matière de gestion budgétaire et logistique ; 13- Mise en place des méthodes de normalisation des dépenses ; 14- Création des conditions favorables pour que le discours du Ministère soit perçu par ses différents partenaires de manière claire et cohérente. Les principaux chantiers qui découlent de ces orientations ont été présentés en détail au niveau du paragraphe précédant. MAROC. Ministère des Finances et de la Privatisation. Direction des Affaires Administratives et Générales. Note d’Orientations Générales 2003. [en ligne]. 2004. Disponible sur Intranet . http://maliya.finances.gov.ma/intranet/DAAG/PAS/PDF/NOG_2003.pdf Page visitée le 30/05/2005 180 144 Par ailleurs, le nombre total des projets inscrits au niveau du Plan d’Action Stratégique 2003 de la DAAG était au nombre de 113, répartis par division suivant le tableau suivant181 : Division de la DAAG Nombre de % projet Division de la Communication et de 31 Divisions d’appui l’Information (DCI) Division de l’Informatique (DI) 68 % 28% 27 24% Division de l’Organisation et de la 18 16% Programmation (DOP)182 Division de la Formation et de la 10 9% Coopération183 (DFC) Division des Ressources Humaines 10 Divisions métier (DRH) Division 32 % 9% du Budget et de la 9 8% du 7 6% Comptabilité (DBC) Division de la gestion Patrimoine et de la Logistique (DPL) Total 112 100 Tableau n° 6 : Répartition des projets, inscrits au Plan d’Action Stratégique 2003 de la DAAG, selon les Divisions qui en assurent la gestion. Il apparaît sur le tableau ci-dessus une nette dominance des projets lancés au sein des divisions s’occupant de fonctions d’appui (communication, informatique, programmation) par rapport à celles dont les attributions coïncident avec les métiers de base de la Direction (GRH, Formation, logistique, Comptabilité). Ce constat nous ramène Le projet GISRH n’est pas inclus dans la nomenclature présentée ici, vu qu’il mobilise, une équipe appartenant à plusieurs divisions de la DAAG et des membres d’autres Directions du Ministère, en plus de l’équipe du consultant. 182 Cette Division porte depuis octobre 2005 le nom de : Division de l’Organisation et de la Coopération. 183 Cette Division porte depuis octobre 2005 le nom de : Division de la Formation 181 145 à l’essence du Plan d’Action Stratégique 2003, qui vise la modernisation des modes de gestion, l’ouverture sur l’usager et la promotion de l’usage des technologies de l’information, ce qui passe nécessairement par les fonctions d’appui de l’administration. 4-2-3 Description des projets étudiés Parmi les projets du Plan d’Action Stratégique (PAS) 2003, nous avons choisi de couvrir dans notre étude, ceux ayant un caractère transverse et dont la portée atteint les autres directions du Ministère. Il s’agit de vingt projets184 représentant près de 16% de l’ensemble des projets composant le PAS 2003 de la Direction. En considérant les durées déclarées dans les fiches projets, la durée moyenne de l’ensemble des projets est de 9,8 mois. Il en ressort que les projets étudiés s’étalent sur le court terme. Leur concrétisation a pour objectif le lancement effectif d’un nouveau produit (formation à distance, publication, base de donnée…). Un travail complémentaire sera effectué au quotidien pour assurer sa continuité. Pour les besoins de l’étude, nous avons fait abstraction de l’envergure des projets, de leurs durées ou de la taille des équipes et des ressources qui leurs sont dédiées. Afin de faciliter la lecture et l’analyse des projets choisis, une catégorisation par fonction (Information/Documentation, Communication, Formation, Gestion) a été adoptée : Information/Documentation : englobe les projets qui impliquent : un traitement documentaire (répertoire, base de donnée, réseau documentaire…) une réflexion sur un aspect documentaire : ex. : charte d’archivage. Publication : il s’agit de projets où un document est produit avec une périodicité prédéfinie. (Revue électronique, Revue interne du Ministère Almalya,…) Communication : couvre tous les projets ayant pour objectif de mettre en œuvre une action de communication interne ou externe (ex. enquête de satisfaction, relations avec les médias, système d’accueil…) ou portant une réflexion sur la fonction communication (ex. Charte de communication). Formation et GRH : il s’agit de 184 Un tableau de description détaillée présente en annexe les projets étudiés, les produits qui en résultent ainsi que leur état d’avancement. 146 Projets mettant en œuvre des actions de formation ou portant une réflexion sur la fonction Formation (ex. Mise en place d’un système de formation à distance) Projets relatifs à la Gestion des Ressources Humaines : il s’agit des projets : « Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences » (GPEC) et du projet GISRH (Système Intégré de Gestion des Ressources Humaines). Ce dernier, bien que faisant partie du système informatique, agit essentiellement sur la fonction GRH puisqu’il a permis de mettre à plat ses processus de gestion et aura, une fois déployé, un impact considérable sur les modes de gestion des ressources humaines. Formation/GRH 15% Information documentation 45% Publications 10% Communication interne 10% Communication externe 20% Graphique n°1 : Présentation des projets suivant la catégorisation par fonction Il ressort du graphique ci-dessus, une prédominance des projets relatifs à l’information/documentation (45%), c’est à dire, à tout ce qui a trait au traitement et à l’organisation de l’information. Les projets ayant un objectif de communication qu’elle soit interne, externe ou sous forme de publications, occupent également une place de choix (40% au total). Les projets relatifs à la formation et à la GRH représentent 15% du total des projets étudiés. 147 4-3 Présentation des produits mis en œuvre par les projets A l’issue de chaque projet, un ou plusieurs produits sont réalisés. Qu’il s’agisse d’une application informatique, d’un rapport ou d’une réorganisation administrative, ces produits concrétisent la volonté véhiculée par le projet et mettent en action ses objectifs. En matière de gestion des connaissances, ces produits finaux représentent les outils d’actions des projets, puisque c’est à travers leur usage que la connaissance est créée, capitalisée et transférée. Trente cinq produits sont obtenus suite à la mise en œuvre des projets objets de l’étude. Une liste détaillée est présentée en annexe (annexes n° 2 et n°3). Sur la base des documents décrivant les projets, et à la lumière des précisions apportées par les chefs de projets lors des interviews réalisées, nous avons procédé à la catégorisation de ces produits185 : - Par type, afin de dégager les catégories les plus présentes parmi ces produits (services d’information, bases de données et répertoires, chartes et stratégies, rapports) ; - Par type de support, en vue de connaître la forme de présentation de ces produits (support papier, support numérique, service, procédure et organisation) ; - Par catégorie d’utilisateurs cibles : afin de cerner les cibles destinataires de ces produits (gestionnaires spécialisés et décideurs, Cadres et responsables, tout le personnel, usagers externes) ; - Par type d’usage, permettant de connaître l’usage auquel le produit est destiné (consultation, modification, application, information, prise de décision, formation) ; - Par mode de diffusion, afin de connaître les canaux par lesquels, les cibles reçoivent ou accèdent à ces produits (directement diffusé à la cible, largement diffusé, Outil de travail, Internet/Intranet) ; L’analyse de ces produits suivant les catégories susmentionnées nous permettra de mieux les présenter, et de toucher de plus près l’impact qu’ils peuvent avoir sur les connaissances du personnel du Ministère. 185 Les pourcentages obtenus ont été déduits en comptabilisant les qualificatifs affectés à chacun des produits. 148 4-3-1 Répartition des produits par type Il ressort du graphique ci-dessous que la catégorie « services d’information », constituée des guides, revues, sites, accueil et services informationnels vient en tête avec 40% de l’ensemble des produits, suivie de la catégorie « bases de données et répertoires » représentant 29%, puis de celle des « chartes, stratégie et réorganisation », qui représente 17% de l’ensemble des produits. Les rapports représentent 11% de l’ensemble des produits, avant la formation (3%). Rapports Rapports 11% 11% Formation Formation 3% 3% Services Services d'information d'information 40% 40% Chartes Chartes stratégie stratégie réorganisation réorganisation 17% 17% Revues, guides, Veille, DSI Bases Bases de de données données et et répertoires répertoires 29% 29% Graphique n° 2 : Répartition des produits par type La prédominance de services d’information, destinés aussi bien aux usagers externes (accueil et Internet) qu’au personnel du Ministère trouverait explication dans la volonté affirmée du Ministère, de s’ouvrir sur ses partenaires et de développer ses canaux de communication au sein du Ministère. Le développement des bases de données et des répertoires serait indicateur d’une prise de conscience de l’importance de la formalisation et de la capitalisation de l’information. 4-3-2 Répartition des produits par type de support 42% des produits des projets étudiés sont sur support papier. Les produits réalisés sur support électronique représentent 40%, tandis que les services et les mesures organisationnelles représentent 18% (9% chacun) de l’ensemble des produits. Cette présence affirmée du support numérique reflète la forte volonté déclarée par le Ministère d’exploiter les technologies de l’information et de les adapter au contexte du travail au sein du Ministère. 149 La présence toujours importante du support papier est à expliquer d’une part, par le souci de créer les deux supports, papier et numérique, pour un même outil de communication, et d’autre part, par l’ancrage, encore important, de l’usage du papier dans les routines administratives. Services Services Services Services 9% 9% 9% 9% Procédures Procédures Procédures Procédures 9% 9% 9% 9% Support papier Support Support papier Supportpapier papier 42% 42% 42% 42% Support Support Support Support électronique électronique électronique électronique 40% 40% 40% 40% Graphique n° 3 : Répartition des produits par type de support 4-3-3 Répartition des produits par catégories d’utilisateurs cibles 89% des outils produits par les projets sont destinés au personnel du Ministère, dont une grande partie (42%) le couvre en totalité (37% de l’ensemble des produits), il s’agit notamment des publications internes (Revue interne, guides), de l’Intranet et des services de formation accessibles à distance. Internet, système d’accueil, Enquête de satisfaction Gestionnaires Gestionnaires spécialisés spécialisés et et décideurs décideurs 41% 41% usagers usagers 11% 11% tout tout le le Personnel Personnel 37% 37% Services d’information, répertoires, e-formation Procédures, chartes, rapports et bases de données Cadres Cadres et et Responsables Responsables 11% 11% Graphique n° 4 : Répartition des produits suivant le type d’utilisateurs cibles 150 Gestionnaires spécialisés et décideurs 46% Tout le personnel 42% Cadres et responsables 12% Graphique n°5 : Répartition des produits suivant les catégories du personnel Par ailleurs, certains services et documents sont destinés uniquement aux cadres et responsables. C’est le cas par exemple de la Veille, de la DSI et du guide du Ministère, qui représentent 11% de l’ensemble des produits. Les gestionnaires spécialisés et les décideurs sont concernés par 41% des produits. Il s’agit de l’usage de documents techniques (Mise en œuvre des chartes, mise en œuvre d’une stratégie) et d’applications informatiques (gestion des bases de données de l’accueil, du système GISRH...). On note ainsi, une segmentation du personnel permettant de diffuser les produits et les services informationnels suivant le niveau hiérarchique des destinataires. Cette répartition est justifiée pour les documents techniques ou à usage décisionnel. Elle manquerait de support lorsqu’il s’agit de services d’information, étant donné le développement du travail en mode projet, qui branle toutes les cloisons hiérarchiques. Aussi, une réflexion devrait être menée en vue de permettre d’adresser le bon service/produit à la personne qui en a besoin dans le cadre de ses activités. Enfin, les produits ciblant les usagers externes du Ministère représentent 11% de l’ensemble des produits. Bien que numériquement, cette cible semble être concernée par un faible taux de produits, il n’empêche que sur le terrain, les principaux canaux de communication externes sont en cours d’amélioration. Le système d’accueil et d’affichage et le site Internet en constituent les principaux exemples. Une réflexion, amorcée depuis 2002, sur la mise en place d’un Centre d’appel du Ministère commence à se concrétiser en cette fin 2005. 151 4-3-4 Répartition des produits suivant le type d’usage 54% des projets objets de l’étude suscitent des actions d’information et de consultation. Il s’agit des revues, guides, sites web et services d’information directs ou accessibles à distance. Les documents soumis aux gestionnaires pour application de procédures représentent 23% du total des produits (chartes, rapports validés). Ils représentent 17 % dans le cas de prise de décision (proposition de stratégie, résultat d’enquête). Les produits destinés à un usage pédagogique constituent 6% de l’ensemble des projets (guide de l’accueil, modules de formation à distance). Prise Prisede de décision décision Formation Formation 6% 6% 17% 17% Information Information consultation consultation 54% 54% Application Application 23% 23% Graphique n° 6 : Répartition des produits suivant le type d’usage 4-3-5 Répartition des produits suivant le mode de diffusion Il apparaît d’après le graphique ci-dessous que 40% des produits sont directement diffusés à la cible, il s’agit des réponses aux requêtes précises (veille et DSI), des rapports, des chartes et des applications informatiques destinés au personnel spécialisé (chargés de la communication, archivistes, agents d’accueil…). La diffusion à grande échelle concerne également 40% des produits, et se fait soit par le biais des sites Internet et/ou Intranet (26%), soit en diffusion libre (14%), essentiellement pour les publications. Notons dans ce sens, qu’en l’absence de critères étudiés, la diffusion des publications se fait selon des quotas par direction. De ce fait, la 152 couverture de l’ensemble du Ministère reste incertaine et les publication n’atteindraient pas forcement les personnes qui en ont besoin. Cette problématique devrait, à notre avis, être étudiée en amont, en définissant avec précision les cibles, les modes de diffusion et les impacts recherchés, à la création de chaque publication. Formation, Veille, Accueil.. Sur Sur dem demande ande 9% Outil Outil de de travail travail 9% Applications métier, livrables.. 11% 11% Largem Largement ent diffusé diffusé Publications, chartes 14% 14% Directem Directement ent diffusé à diffusé à la la cible cible 40% 40% Rapports, services d’information.. Internet Internet Intranet Intranet 26% 26% Graphique n° 7 : Répartition des produits suivant le mode de diffusion Par ailleurs, 11% de l’ensemble des produits constituent des outils de travail (Applications informatiques, référentiel des compétences) et 9% sont livrés sur demande. Ces derniers permettent de répondre soit à des besoins d’information, notamment au niveau de l’accueil et du service de veille de l’information (qui consiste en réalité à répondre à des demandes d’information, plutôt qu’à assurer un service de veille) soit à des besoins de formation à distance (qui requiert une adhésion préalable). On note ainsi, une diversification des modes de diffusion et un certain équilibre entre la diffusion ciblée et la libre diffusion des produits réalisés. Conclusion : Il nous a été donné de constater que les projets objets de l’étude ont contribué concrètement à la réalisation de 35 produits, dont une grande partie offre des services d’information et de documentation (40%), à côté des chartes, stratégie et réorganisation (17%), des rapports (11%), et de la formation à distance (3%). Cette prédominance de services d’information, destinés aussi bien aux usagers externes (ex. système d’accueil et Internet) qu’au personnel du Ministère (ex. guides, revues, veille 153 et DSI) trouverait explication dans la volonté affirmée du Ministère à s’ouvrir sur ses partenaires et à développer la communication au sein du Ministère. La multiplication des bases de données et répertoires témoignerait d’une certaine prise de conscience de l’importance de la formalisation et de la capitalisation de l’information. Le support papier (42%) est légèrement plus présent que le support électronique, en plus des services et des procédures et mesures organisationnelles qui représentent chacun 9% de l’ensemble des produits. La présence affirmée du support numérique reflète, à son tour, la volonté déclarée par le Ministère pour exploiter les technologies de l’information et les adapter au contexte du travail en cours. 89% des outils produits par les projets sont destinés au personnel du Ministère, dont la plus grande partie (42%) le couvre en totalité (37% de l’ensemble des produits). Il s’agit notamment des publications internes (Revue interne, guides), de l’Intranet et des services de formation accessibles à distance. Dans ce sens, les gestionnaires spécialisés et les décideurs sont concernés par 41% des produits, il s’agit de l’usage de documents techniques : Mise en œuvre des chartes, gestion des bases de données, mise en œuvre d’une stratégie. En outre, les produits ciblant les usagers du Ministère représentent 11% de l’ensemble des produits, dont la moitié leur est exclusivement réservée. Bien que numériquement, les usagers semblent être concernés par un faible taux de produits, il n’empêche que sur le terrain, les principaux canaux de communication externes sont en cours d’amélioration (système d’accueil, site Internet, enquête de satisfaction…). Par ailleurs, les projets objets de l’étude suscitent essentiellement des actions d’information et de consultation puisque 54% des outils produits sont à caractère informatif. Il s’agit de revues, guides, sites web et services d’information accessibles à distance. Les documents soumis aux gestionnaires pour applications de procédures représentent 23% du total des produits (chartes, rapports validés). Ils représentent 17 % dans le cas de la prise de décision (proposition de stratégie, résultat d’enquête), les produits à caractère pédagogique représentent 6% de l’ensemble des produits. 40% des produits sont directement diffusés à la cible, il s’agit des réponses aux requêtes précises (veille et DSI), des rapports, des chartes et des applications informatiques destinés à du personnel spécialisé. 154 40% des produits sont largement diffusés, soit par le biais des sites Internet et/ou Intranet (26%), soit en diffusion libre (14%), essentiellement pour les publications. La diffusion des produits et services est souvent faite selon une segmentation par niveau hiérarchique ce qui ne peut être justifié pour des produits informationnels (veille, DSI, Guide du Ministère), étant donné le développement du travail en mode projet, qui branle toutes les cloisons hiérarchiques. La diffusion des publications pose également des défis liés au taux de couverture du personnel, dans la mesure ou des critères précis devraient asseoir le processus de diffusion, ce qui revient à délimiter la cible, le mode de diffusion et les impacts attendus de la publication. Les produits constituant des outils de travail (Applications informatiques, référentiel des compétences) représentent 11% de l’ensemble des produits, et ceux reçus sur demande concernent 9%. Ils permettent de répondre à des demandes d’information, (accueil, veille) et de formation à distance par le biais de l’Intranet. 155 Chapitre 5 : Analyse des projets de modernisation suivant le concept de Gestion des Connaissances 5-1 Rappel des critères adoptés pour l’étude des projets Comme il a été précisé au niveau du cadre méthodologique, la présente étude s’est donnée pour objectif d’analyser les projets de modernisation transverses conduits par la DAAG, en vue de relever les aspects de Gestion des connaissances qu’ils permettent de mettre en œuvre au niveau du Ministère. Afin de procéder à cette analyse, plusieurs critères ont été définis suite à une revue de la littérature sur le concept. Il s’agit des critères suivants : 1- Les éléments du Capital Intellectuel : o Capital Humain ; o Capital Processus ; o Capital Environnement ; 2- Les processus de gestion des connaissances : o Création ; o Capitalisation ; o Transfert ; 3- Les modes de conversion de savoir : o Combinaison ; o Intériorisation ; o Extériorisation ; o Socialisation ; 4- Les types de savoir : o Connaissances au sein du système ; o Connaissances sur le système. 156 Des combinaisons entre les éléments des différents critères ont été opérées, en vue d’offrir plus de profondeur à l’analyse. Le schéma ci-après illustre ces combinaisons : Éléments du Capital Intellectuel Capital Humain Capital Processus Capital Environnement Processus de Gestion des connaissances Processus de Gestion des connaissances Processus de Gestion des connaissances Modes de conversion Modes de conversion Modes de conversion Types de connaissances Types de connaissances Types de connaissances Figure n°12 : Combinaison des critères adoptés pour l’analyse des projets objets de l’étude. Nous tenons à préciser cependant, qu’une palette de critères d’analyse pourrait être utilisée, notamment les types de connaissances (individuelles/organisationnelles) définies par I. Nonaka et H. Takeuchi186 ou les types de stratégies appliquées (codification/personnalisation) définies par Hansen et al187. Toutefois, notre choix s’est focalisé sur les quatre critères précités, vu l’importance qu’ils revêtent à notre avis, par rapport au concept de gestion des connaissances et la pertinence qu’ils offrent pour l’analyse des projets au sein du Ministère. NONAKA, I., TAKEUCHI, H. L’entreprise créatrice, la dynamique de l’entreprise apprenante. Op.Cit. p. 8 HANSEN MT, NOHRIA N, TIERNEY, T. What's Your Strategy for Managing Knowledge ? Harvard Business Review, March- April-. p.106-117, 1999. Extrait disponible en ligne sur le site le Harvard Business School http://hbswk.hbs.edu/item.jhtml?id=500&t=organizations page visitée le 05/03/2005 186 187 157 5-2 Analyse des projets suivant les éléments du Capital Intellectuel 5-2-1 Rappel théorique La classification établie par le Ministère des Finances Danois considère que le Capital Intellectuel est constitué de trois éléments : 1- Le Capital Humain : composé des qualifications, compétences et expériences des individus qui lui permettent de créer du savoir. Il est enrichi par l’expérience, les succès/échecs ainsi que par les contacts informels. 2- Le capital système et processus : c’est l’expression de la capacité collective de l’organisation à créer du savoir, exemple: système d’archives, bases de données et Intranet. 3- Le Capital Environnement : défini comme étant la capacité individuelle et collective à créer le savoir et dépend des relations entretenues avec les clients et les partenaires, donc essentiellement des réseaux de relations de l’organisation et de la façon dont ces réseaux permettent la création du savoir. A la lumière des éléments théoriques précités, l’analyse des projets objets de l’étude nous a permis de relever que sur les 20 projets étudiés, six ont un impact sur le Capital Humain, onze agissent sur le Capital Processus et trois sur le Capital Environnement. Le tableau ci-après illustre la répartition des projets par élément du Capital Intellectuel : Elément du Capital Intitulés des Projets Effectifs % 6 30% Intellectuel Réalisation du Répertoire Capital Humain téléphonique du Ministère ; Réalisation du guide du fonctionnaire ; Mise en place d’une Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences (GPEC) ; Mise en place d’un dispositif de formation à distance ; Amélioration de la revue 158 ALMalya ; Réalisation d’une revue électronique. Elaboration de la charte Capital Processus 11 55% 3 15% 20 100% d’archivage ; Elaboration d’une charte de communication ; Réalisation d’une charte graphique pour le site Internet Système Intégré de Gestion des Ressources Humaines (GISRH) ; Catalogue Collectif Virtuel (CCV) Réalisation d’une base de données notes et Circulaire s ; Réalisation du kit Projets ; Veille de l’information pour le Ministère ; Diffusion Sélective de l’Information (DSI); Développement de l’Intranet du Ministère ; Réalisation du Guide du Ministère. Développement des Relations Capital Environnement avec les médias : Amélioration du système d’accueil Enquête de satisfaction auprès des usagers du Ministère. Total Tableau n° 7 : Répartition des projets suivant les éléments du Capital Intellectuel 159 Capital Environnement 15% Capital Humain 30% Capital Processus 55% Graphique n° 8 : Répartition des projets suivant le type de Capital Intellectuel 5-2-2 Au niveau du Capital Humain Le Capital Humain est concerné par 30% des projets. Il s’agit de projets touchant de près l’élément humain au sein du Ministère. Ainsi, le projet de mise en place d’une Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences (GPEC) permet d’optimiser la gestion des compétences et de maîtriser leur déploiement au sein du Ministère. En outre, les projets visant l’élaboration du Guide du fonctionnaire et du Répertoire téléphonique offrent des outils permettant d’ancrer le sentiment d’appartenance du personnel au Ministère, et de guider le fonctionnaire pour repérer l’information ou le contact désiré. Les revues internes offrent également un espace d’information pour le personnel du Ministère lui permettant de mieux connaître le département. Il est à préciser, toutefois, que ces projets ne représentent qu’une partie des actions qui visent à développer le Capital Humain. Celles-ci se trouvent généralement noyées dans les processus de gestion courante, et manquent souvent de formalisation et de codification. Ainsi, les contacts informels, les apprentissages faits entre anciens et nouveaux cadres ou encore la capitalisation des expériences au niveau des équipes projets, restent des actions furtives que seul un programme réfléchi de gestion des connaissances pourrait mettre en lumière. 160 Il s’agit à cet effet, d’encourager le travail en réseau et en mode projet, de lier la motivation des cadres au partage des connaissances et de favoriser l’émergence de communautés de pratiques dans divers métiers du Ministère. En effet, pour l’OCDE, « améliorer le Capital Humain se fait : i) En aplatissant les hiérarchies verticales rigides et en décloisonnant les divisions bureaucratiques de façon à encourager un partage horizontal des connaissances ; ii) En liant la rémunération aux performances et le système de promotion au partage des connaissances ; iii) En instituant des communautés de pratiques (groupes de praticiens partageant leurs connaissances dans un domaine spécifique, sans pour autant travailler sur un même sujet) »188 5-2-3 Au niveau du Capital Processus Comme illustré par le graphique présenté plus haut, le Capital Processus est concerné par 55 % des projets étudiés. La prédominance de ce type de projets peut être expliquée par la tendance au niveau des organisations en général, à formaliser la gestion de l’information et des connaissances explicites (bases de données, gestion documentaire, etc.). Au niveau du Ministère des Finances et de la Privatisation en particulier, la production de publications et le développement d’outils de communication figurent parmi les orientations stratégiques du département. En outre, la multiplication de projets en relation avec le Capital Processus devra amener à renforcer les outils de traitement de l’information (de la création du document à son archivage et sa communication). En effet, bien que Nonaka et Takeuchi189 insistent sur l’importance du phénomène de « la Redondance » (disponibilité d’informations pour le personnel, qu’elles soient immédiatement utiles ou non) pour favoriser la création des connaissances organisationnelles, ils précisent toutefois qu’il est important de l’accompagner par un système de traitement de l’information afin de ne pas submerger l’organisation d’informations superflues (Information overload). 188 OCDE. Gestion du savoir et des connaissances : apprendre en comparant les expériences des entreprises du secteur privés et des organisations du secteur public ». Op. Cit. 189 NONAKA, I., TAKEUCH, H. La connaissances créatrice : La dynamique de l’entreprise apprenante. Op. Cit. p.104 161 En outre, des actions complémentaires aux projets étudiées pourraient être envisagées, nous citons à titre d’exemple : 1. L’archivage du contenu des sites Internet et Intranet dans une base de données texte intégral, permettant d’effectuer des recherches multicritères ; 2. L’indexation des articles parus dans la revue Almalya et la revue électronique ; 3. Le développement d’un système de veille informationnelle répondant aux besoins de gestion courants du Ministère, en diversifiant les produits selon les besoins des utilisateurs ; 4. La réalisation d’un catalogue des publications produites par le Ministère (sur supports papier et électronique). Par ailleurs, la création d’outils permettant d’assister le personnel dans la réalisation des tâches quotidiennes devrait être privilégiée. Il s’agit par exemple des guides méthodologiques et de procédures du type : « comment faire pour… », mis à disposition du personnel sur le site Intranet du Ministère, leur apport serait indéniable pour la capitalisation des expériences et l’amélioration de la performance administrative. Dans ce sens, des outils à priori destinés au grand public commencent à intéresser les entreprises (et peut être même l’administration publique). Il s’agit des Blog (diminutif de weblog) initialement utilisé comme journal personnel publié sur Internet et tenu à jour par son auteur. Lombard190 estime que le blog peut jouer trois rôles essentiels pour l’entreprise : Un tableau d’affichage sophistiqué, permettant à chacun d’exprimer son opinion au sein de l’organisation. Certains auteurs estiment que les outils de gestion des blogs serviront à mesurer "le climat social" d'une entreprise en analysant leur contenu : Que pensent les salariés des nouveaux équipements qui viennent d'être installés ? Comment envisagent-ils la conduite d'un projet important ?… Un outil collaboratif à part entière, facilitant les échanges entre les collaborateurs d'une entreprise et ceux qui travaillent sur un projet commun par exemple. Un outil de gestion des connaissances, chaque acteur de l’organisation peut décrire formellement sa méthode de travail (elle devient alors une procédure). Il peut inclure des liens vers ses documents de référence, vers des sources externes utilisées fréquemment, publier des listes de contacts utiles. En généralisant le LOMBARD, P. Blogs : nouvelle mémoire d’entreprise ? . [en ligne]. Février 2004. Disponible sur Internet http://solutions.journaldunet.com/0402/040203_chro_lombard.shtml Page visitée le 12/09/2005. 190 162 dispositif, on obtiendrait un Intranet où chacun serait responsable de la partie qui le concerne. De ce fait, encourager la création de blogs personnels (à caractère professionnel), au sein de l’intranet du Ministère, permettrait de favoriser l’ouverture des structures et offrirait à chacun la possibilité de retrouver l’information et/ou l’expertise recherchée. Cependant, la réussite de la mise en place du blog en Intranet dépendrait de plusieurs facteurs tels que : - le développement d’une culture de liberté d’expression ; - la mise en confiance du personnel et ; - l’instauration d’un code d’éthique. Il faut signaler au passage que la création sur l’Intranet du Ministère de sites spécifiques aux grands projets (GISRH, SIGBC, GPEC..), constitue un premier pas vers le développement du blogging au Ministère. Il reste à encourager l’usage des forums de discussions, une fois rendus opérationnels, et à assurer une mise à jour quotidienne de ces sites. Aux côtés des Weblogs, les outils de Wiki jouissent du même intérêt dans le cadre d’une utilisation en entreprise. A l’instar d’un Weblog, un Wiki permet de publier très facilement des pages web. Mais ce qui différencie ces deux types d’outils, c’est le nombre de contributeurs potentiels au même site. En effet, si le Weblog n’est dédié qu’à un seul individu ou à un groupe très restreint, le Wiki est ouvert à tout le monde191. N’importe quel lecteur peut modifier une page déjà existante ou en créer une nouvelle s’il juge que sa contribution peut apporter des éléments nouveaux. De cette manière, le contenu du site devient réellement dynamique et s’enrichit au fur et à mesure des contributions. La circulation d’information devient plus simple et surtout plus rapide. Grâce à cet outil de publication collaborative simple et interactif, les organisations sont en possession d’un véritable atout pour convaincre plus facilement les collaborateurs de partager leurs connaissances et de participer à la constitution de la mémoire d’entreprise. Certaines entreprises américaines ont d’ailleurs sauté le pas, le New York Times en est l’exemple le plus célèbre. 191 BALMISSE, G. Blogs et Wikis, il faut les utiliser [en ligne]. 2005. Disponible sur Internet. http://www.gillesbalmisse.com/IMG/pdf/IP234_20_26.pdf page visitée le 08/11/2005 163 5-2-4 Au niveau du Capital Environnement Le Capital Environnement est touché par trois projets permettant une interaction avec les connaissances de l’environnement, représentant ainsi 15% du total des projets. Il s’agit des projets suivants : Amélioration du système d’accueil, Enquête de satisfaction auprès des usagers du Ministère, et Développement de relations avec les médias. Ces trois projets ont pour objectif d’interagir avec l’environnement, en évaluant l’attitude des usagers (Enquête de satisfaction), en améliorant le service d’accueil et en organisant les contact établis avec les organes médiatiques. Il demeure toutefois difficile de limiter les actions touchant le Capital Environnement du Ministère, aux projets cités ci-dessus. En effet, à titre d’exemple d’autres enquêtes ont été conduites au niveau des services du Ministère (ex. Enquête auprès des fournisseurs du Ministère, réalisée dans le cadre du projet démarche qualité au niveau de la structure chargée des achats à la DAAG, Enquête conduite auprès des chargés de communication et des médias partenaires, dans le cadre d’un mémoire de cycle supérieur de l’ESI). Ainsi, en l’absence d’un système global gérant le Capital Environnement du Ministère de façon cohérente, des efforts continueront à être déployés au niveau du département, sans qu’on puisse en tirer profit pour tous au risque même de « réinventer la roue ». En effet, Pour l’OCDE, au niveau du Capital Environnement, « il s’agit de : - Constituer un capital de partenariat avec les diverses parties prenantes (citoyens, utilisateurs, entreprises privées, groupes d’intérêt, etc.) : - - en recueillant les informations utiles sur toutes les parties prenantes ; - en associant les parties prenantes à la prise de décisions ; Renforcer les liens avec les entreprises privées, les instituts de recherche et les universités. »192 Ainsi, conduire une étude globale sur les partenaires du Ministère et sur les points de contacts existants au sein du département, permettrait de cerner ces sources de connaissances et d’identifier les outils déjà créés au sein du Ministère (Répertoires de contact, rapports de missions, bases de données et transactions…). 192 OCDE. Gestion du savoir et des connaissances : apprendre en comparant les expériences des entreprises du secteur privés et des organisations du secteur public ». Op. Cit. 164 Il s’agirait ensuite : 1- d’enrichir ces outils par les appréciations subjectives de leurs utilisateurs (ex. base de données des fournisseurs, enrichie par des notes d’évaluation)193 ; 2- de diffuser les outils réalisés et encourager leur usage et leur enrichissement par le personnel ; 3- D’établir des partenariats avec les entreprises (pour des échanges d’expériences par exemple) et avec les universités (pour commanditer des recherches, exploiter des mémoires…) De telles actions permettraient d’assurer entre autres avantages : - des économies de temps pour le traitement des dossiers ; - plus d’efficacité dans les relations (puisqu’on connaît mieux nos partenaires) ; - une aide à la prise de décision grâce à la disponibilité des appréciations quant aux positions et aux prestations des partenaires (organismes, médias, fournisseurs…). 5-3 Etude des projets suivant les éléments du processus de gestion des connaissances 5-3-1 Rappel théorique Le processus de gestion des connaissances est présenté différemment selon les auteurs. Globalement, il s’agit d’un ensemble d’éléments dont l’objectif principal est de permettre la gestion explicite et systématique des connaissances dans l’organisation. Nous tenons à rappeler que S. Duizabo et N. Guillaume194 définissent trois éléments constituant le processus de gestion des connaissances : Création, Capitalisation et Transfert. La création des connaissances : consiste à révéler et à exploiter les capacités de création et de mobilisation des connaissances que détiennent les employés. Elle se réalise sur deux plans : 1 Au niveau humain à travers un ensemble de conditions facilitant le contact informel, la responsabilisation et la communication. 2 Au niveau structurel par la mise en œuvre de nouveaux produits issus de l’innovation du personnel et de la concrétisation des nouvelles idées : 193 Des bases de données analytiques sur les fournisseurs sont en construction, notamment, au niveau du Contrôle des Engagement de Dépenses de l’Etat, et au niveau de la DAAG. 194 DUIZABO, S., GUILLAUME, N. Les problématiques de gestion des connaissances dans les entreprises. Op. Cit. 165 chartes, manuels, définition d’objectifs et de termes de références, évaluation de projets... Au niveau du Capital Environnement, nous spécifions que la création de connaissances se fait par la mise en œuvre de conditions favorisant le contact avec l’environnement : enquêtes, missions, forums, conventions… La capitalisation des connaissances : consiste à identifier, à documenter et à conserver la mémoire des activités qui ont été menées. Elle inclut le repérage et la préservation des connaissances. S. Duizabo et N. Guillaume considèrent deux niveaux de capitalisation : La capitalisation sur le plan du Capital Humain et qui se concrétise par la gestion des compétences, La capitalisation sur support formel et qui consiste à garder une trace tangible de l’activité et de l’expérience de l’organisation (bases de données, archives, manuels de procédures, gestion documentaire..). Au niveau du Capital Environnement, la capitalisation se fait selon l’OCDE195, par l’identification des partenaires, la création de répertoires (recueil des informations utiles sur toutes les parties prenantes), et la préservation des connaissances issues de missions externes. Le transfert des connaissances : se réalise par la diffusion des connaissances et leur application à des contextes différents. - Au niveau du Capital Humain, le transfert est assuré généralement par la mobilité interne, la formation interne et externe et l’apprentissage par l’action ; - Au niveau du capital structurel, le transfert est assuré par les réseaux Internet et Intranet, les publications et la diffusion de l’information ; - Au niveau du Capital Environnement, le transfert est favorisé par la mobilité externe du personnel, les missions et le transfert de compétences lors de projets hybrides (équipes internes + consultant) ainsi que par l’établissement de liens avec les entreprises privées, les instituts de recherche, les universités, etc. A la lumière des éléments théoriques présentés ci-dessus, l‘analyse des projets objets de l’étude nous a permis de constater que sur les 20 projets étudiés, quatre 195 OCDE. Gestion du savoir et des connaissances : apprendre en comparant les expériences des entreprises du secteur privés et des organisations du secteur public ». Op. Cit. 166 favorisent la création des connaissances, cinq permettent la capitalisation et onze le transfert. Le tableau qui suit, illustre la répartition des projets selon les trois éléments constituant le processus de gestion des connaissances. Processus de Actions types gestion des (relevées de la connaissances littérature) Création Intitulés des projets Contact informel Elaboration de la Responsabilisation Effectif % 4 20% 5 25% charte d’archivage ; Chartes Elaboration de la Manuels, charte de Méthodes de résolution communication ; de problèmes, Réalisation d’une Brainstorming charte graphique pour Enquêtes, Forums…. le site Internet du Ministère ; Réalisation d’une enquête de satisfaction auprès des usagers du Ministère. Capitalisation Progiciels de Gestion GISRH ; Intégrée GPEC ; Gestion des compétences CCV ; bases de données, Réalisation d’une archives, manuels de base de données des procédures, gestion notes et circulaires ; documentaire Réalisation du répertoire téléphonique. Transfert Mobilité interne Réalisation Formation d’une 11 revue électronique ; 167 55% Stages Réalisation du Kit Missions projets ; Transfert de Réalisation du guide compétences du fonctionnaire ; Guides Amélioration Publications du système d’accueil ; Brochures Veille de Réseaux formels et l’Information pour le informels Ministère ; DSI Amélioration de la revue AlMalya Réalisation du guide du Ministère ; Mise en place d’un dispositif de formation à distance Développement l’Itranet de du Ministère. Développement des relations avec les médias Total - 20 100 Tableau n° 8 : Répartition des projets suivant les processus de gestion des connaissances. 168 Création Création 20% 20% Transfert Transfert 55% 55% Capitalisation Capitalisation 25% 25% Graphique n° 9 : Répartition des projets suivant les éléments du Processus de gestion des connaissances 5-3-2 En matière de création du savoir L’étude des projets de la DAAG sur la base des éléments théoriques précités a permis de constater que 4 projets représentant 18 % des projets étudiés, mettent en œuvre une création de connaissances. Il s’agit des projets initiant l’élaboration de chartes (charte d’archivage, charte de communication, charte graphique pour le site Internet) et le lancement de l’enquête de satisfaction. Le nombre restreint de projets initiant la création de connaissances pourrait trouver son explication dans l’absence de formalisation des actions de création du savoir. En effet, les réunions de brainstorming, la collecte de nouvelles idées ou encore la concrétisation de nouvelles propositions sont rarement tenues de façon formelle. Par ailleurs, certaines actions permettant la création de connaissances, ne sont pas accomplies jusqu’au bout et peuvent occasionner une déperdition des connaissances. A titre d’exemple : pour la réalisation de la Note d’Orientations Générales annuelle, la Direction de la DAAG sollicite du personnel (responsables et cadres) de proposer des projets pour l’année à venir et de les remettre par voie hiérarchique à la Direction. Cette action, bien qu’elle soit efficace pour la collecte et l’exploitation de nouvelles idées, reste peu valorisante, dans la mesure où les auteurs restent dans l’anonymat. D’un autre côté, 169 les idées pertinentes non retenues ne sont pas codifiées ni préservées, pour une exploitation ultérieure. Ainsi, promouvoir la création de connaissances revient à : Favoriser un environnement propice à la création du savoir (Nonaka et Takeuchi) : en encourageant le personnel à adopter le travail en mode projet, à cultiver l’autonomie et l’initiative, à partager l’information avec redondance (au sens de Nonaka et Takeuchi) et à assurer continuellement la diversité dans les groupes de travail et les équipes projets ; Mettre en lumière les connaissances créées et les actions ayant permis cette création (brainstorming, conception, table ronde..) afin d’éviter que les même efforts ne soient répétés. 5-3-3 En matière de capitalisation du savoir La capitalisation du savoir se concrétise par des pratiques consistant à identifier, à documenter et à conserver la mémoire des activités qui ont été menées. Selon S. Duizabo et N. Guillaume, « elle inclut le repérage et la préservation des connaissances, la gestion des compétences, bases de données, archives, manuels de procédures, gestion documentaire... »196 Sur la base de ces éléments théoriques, cinq projets soit 25 % des projets étudiés ont été identifiés comme pratiques de capitalisation du savoir au sein du Ministère. Il s’agit des projets suivants : 1. Système Intégré de Gestion des Ressources Humaines (GISRH) ; 2. Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences (GPEC) ; 3. Catalogue Collectif Virtuel ; 4. Réalisation d’une base de données des notes et Circulaires ; 5. Réalisation du Répertoire téléphonique du Ministère. En effet, ces projets permettent de traiter et de stocker l’information afin de la rendre accessible aux utilisateurs. 196 DUIZABO, S. , GUILLAUME, N. Les problématiques de gestion des connaissances dans les entreprises. Op. Cit. 170 De même que la création du savoir, la capitalisation est souvent non formalisée, bases de données, fonds documentaires et recueils sont crées au sein des services sans être recensés ou annoncés au personnel. La non formalisation de ces actions de capitalisation pourrait avoir pour conséquence une « réinvention de la roue » au sein du Ministère. Par exemple, plusieurs bases de données des textes réglementaires sont créées au niveau de plusieurs directions (DRPP, CGED, DAAG) aucune information n’est disponible sur les caractéristiques spécifiques à chacune. Une autre cause expliquerait le nombre restreint des projets relatifs à la capitalisation : il s’agit de la conduite de certains projets d’envergure transverse par d’autres Directions. Ex. : le projet d’élaboration d’un Manuel de Procédures du Ministère, conduit par l’Inspection Générale des Finances et le projet de Gestion Intégrée de la Dépense conduit par la Trésorerie Générale du Royaume. La maîtrise des actions de capitalisation serait donc tributaire de la mise en place d’un système global permettant de signaler à tout le personnel les actions de capitalisation entreprises de par le Ministère précisant leur auteur, méthodologie, produit et localisation. 5-3-4 En matière de transfert du savoir Le transfert des connaissances a pour objet la diffusion des connaissances et leur application à des contextes différents. Il se concrétise par « la mobilité interne, la formation interne et externe, le tutorat et les stages, les réseaux Internet et Intranet, les publications et la diffusion de l’information. ». Le transfert est également favorisé par la mobilité externe du personnel, les missions et le transfert de compétences lors de projets hybrides (équipes internes + consultant). A la lumière des éléments précités, 11 projets soit 55 % des projets étudiés permettent un transfert des connaissances au sein du Ministère. Il s’agit des projets suivants : 1. Réalisation d’une revue électronique ; 2. Réalisation du kit projets ; 3. Réalisation du guide du fonctionnaire ; 4. Développement de relations avec les médias ; 5. Amélioration du système d’accueil ; 6. Veille informationnelle pour le Ministère ; 171 7. Diffusion sélective de l’information ; 8. Amélioration de la revue AlMaliya ; 9. Réalisation du guide du Ministère ; 10. Mise en place d’un dispositif de formation à distance ; 11. Développement de l’Intranet du Ministère. La prédominance de projets mettant en oeuvre le transfert de savoir est apparente. Elle s’expliquerait par une orientation déclarée vers la promotion de la fonction Communication et de l’usage des NTIC. En effet, la Lettre d’Orientations Générales pour l’année 2005 trace un bilan positif quant aux actions réalisées dans ce sens : « Un effort soutenu a été enregistré concernant le renforcement de la communication interne à travers l’usage de l’Intranet et de l’Internet, l’édition de bulletins d’information et l’amélioration des conditions d’accueil des usagers »197. Enfin, et pour apporter plus de profondeur à notre analyse, nous procéderons au niveau du paragraphe suivant, à la combinaison des données sur le Capital Intellectuel et celles sur le processus de gestion des connaissances, afin de connaître les différents processus de création, de capitalisation et de transfert, favorisés au sein de chaque élément du Capital Intellectuel. 197 MAROC. Ministère des Finances et de la Privatisation. Direction des Affaires Administratives et Générales. Lettre d’Orientations Générales 2005. [en ligne]. 2005. Disponible sur Intranet http://maliya.finances.gov.ma/intranet/MFP_action/pas_dir/PAS/LOG2005.pdf Page visitée le 30/05/2005 172 5-4 Combinaisons des deux critères « Capital Intellectuel » et « processus de gestion du savoir » Au niveau des deux paragraphes précédents, nous avons procédé à la catégorisation des projets objets de l’étude suivant deux critères d’analyse : Le processus de gestion des connaissances, qui permet de percevoir l’apport de - chaque projet en terme de création, de capitalisation et de transfert du savoir au niveau du Ministère. Le - Capital Intellectuel avec ses trois éléments (humain, processus et environnement) permettant ainsi de catégoriser les projets suivant leur appartenance à chacune de ces trois composantes. En utilisant les données recueillies au niveau des deux paragraphes précédents, nous pouvons établir la répartition des projets suivant la correspondance entre Capital Intellectuel et processus KM : Capital Processus de Intellectuel Intitulés des projets gestion des Effectif % connaissances Capital Humain Réalisation du répertoire téléphonique ; Capitalisation GPEC ; Capitalisation Réalisation d’une revue électronique ; Transfert Réalisation du guide du fonctionnaire ; Transfert Amélioration de la revue AlMaliya ; Transfert Mise en place d’un dispositif de 4 20% 5 25% Transfert formation à distance. Capital Réalisation de la Charte d’archivage ; Processus Réalisation de la Charte Création de Création Création communication ; Réalisation d’une charte graphique Capitalisation Capitalisation pour l’Intranet du Ministère ; Capitalisation GISRH ; Transfert CCV ; Réalisation d’une base de donnée des notes et circulaires ; 173 Transfert Transfert Transfert Réalisation du guide du Ministère ; Veille de l’Information le Transfert pour Ministère ; DSI ; Développement de l’Intranet du Ministère ; Réalisation du Kit projets. Capital Réalisation Environnement d’une de Création enquête 11 55% 20 100 satisfaction auprès des usagers du Ministère ; Développement des Relations avec les Transfert Transfert médias ; Développement du système d’accueil. Total - - Tableau n° 9 : Répartition des projets suivant la correspondance entre Capital Intellectuel et le Processus KM H % P % E % Total 0 0 3 27% 1 33% 4 Capitalisation 2 33% 3 27% 0 0 5 Transfert 4 67% 5 46% 2 67% 11 Total 6 100% 11 100% 3 100% 20 Création 12 46% 10 8 Transfert 6 67% Capitalisation 27% Création 4 2 33 % 27% 0 Capital Humain Capital Processus 67% 33% %% Capital environnement Graphique n° 10 : Répartition des projets suivant la correspondance entre Capital Intellectuel et Processus KM 174 Le graphique ci-dessus présente les différents processus de gestion du savoir présents au sein de chaque élément du Capital Intellectuel (Capital Humain, Processus et environnement). 5-4-1 Au niveau du Capital Humain Parmi les projets agissant sur le Capital Humain, plus d’un tiers des projets étudiés (33%) favorisent une capitalisation des connaissances et 67% permettent un transfert de savoir tandis que la création de connaissances reste absente. Capital humain Création 0% Capitalisation 33% Transfert 67% Graphique n° 11 : Le processus de gestion des connaissances au niveau du Capital Humain La capitalisation du savoir au niveau du Capital Humain est réalisée selon S. Duizabo et N. Guillaume198par la gestion des compétences. C’est justement le projet « Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences » qui a été intégré dans cette catégorie, en plus du projet de réalisation du répertoire téléphonique. Ce projet offre un accès facile aux contacts du personnel et capitalise, de ce fait, sur un élément simple mais essentiel pour établir des liaisons entre le personnel du Ministère. L’étape suivante serait d’enrichir ce répertoire par des informations sur les domaines d’intérêt et/ou d’expertise de chaque personne (y compris les cadres), et ce, afin de guider la recherche de compétences lors de la composition d’équipe projet ou pour répondre à des questions de type : qui a déjà fait … ? 198 DUIZABO, S. , GUILLAUME, N. Les problématiques de gestion des connaissances dans les entreprises. Op. Cit. 175 Le transfert du savoir au niveau du Capital Humain est assuré généralement par la mobilité interne, la formation interne et externe, le tutorat et les stages, ainsi que par toutes les actions permettant un partage horizontal des connaissances. Parmi les projets objet de l’étude, quatre projets ont été considérés comme permettant le transfert de savoir au niveau du Capital Humain : 1. Réalisation d’une revue électronique ; 2. Réalisation du guide du fonctionnaire ; 3. Amélioration de la revue Al Maliya ; 4. Mise en place d’un dispositif de formation à distance. Ces projets permettent d’enrichir le Capital Humain et de véhiculer la culture du Ministère. Il est important de les compléter par des actions formalisées de transfert de compétences, notamment lors de départs à la retraite, de mobilités internes ou externes et de stages. L’usage des blogs et des Wikis est également recommandé pour susciter un partage horizontal des connaissances, surtout celles à caractère socio-organisationnel. Concernant la création de connaissances au niveau du Capital Humain, dont nous avons constaté l’absence au niveau des projets étudiés, elle nécessite selon S. Duizabo et N. Guillaume199, la présence d’un certain nombre de conditions préalables relatives d’une part, aux changements culturels favorisant le contact et la communication, l’échange, l’innovation, l’apprentissage, l’expérimentation de même que l’acquisition et la formalisation des connaissances ; et d’autre part, aux mesures organisationnelles permettant la responsabilisation du personnel. Des postes à responsabilités transversales ou temporaires (projets) peuvent ainsi être définis par rapport à certaines connaissances transversales ou diffuses, peu prises en compte dans les structures fonctionnelles classiques. La maîtrise de la qualité passe ainsi par la désignation de « propriétaires », responsables de chaque processus. De même, la création des connaissances est souvent un travail de groupe et nécessite donc la possibilité de s’organiser en groupe. L’établissement d’un cadre institutionnel est également nécessaire, car, quelle que soit la motivation, rien ne peut s’exprimer sans l’allocation de moyens. Cela passe tout d’abord par la reconnaissance formelle de l’activité de création de connaissances (cercle 199 DUIZABO,S., GUILLAUME, N. Les problématiques de gestion des connaissances dans les entreprises. Op. Cit. 176 de qualité, action de progrès, groupe de projet, etc.). Il est ensuite nécessaire d’allouer du temps et des ressources pour que ces actions puissent se développer (espace de réunion ou d’échange, support (encadrement), budget pour agir, etc.). Par exemple, la société 3M laisse 15% de temps libre à ses employés pour qu’ils se consacrent à des projets de développement individuels (le post-it en est issu). Enfin, créer des connaissances n’est pas suffisant, il faut aussi créer des connaissances qui apporteront un avantage concurrentiel à l’organisation. Il est donc nécessaire de fixer des objectifs, structurer la démarche et sélectionner les connaissances produites Concrètement, il s’agirait de : Encourager le travail en mode projet, Ouvrir des espaces d’apprentissage permettant le perfectionnement des cadres et la spécialisation dans des domaines précis. Recueillir les propositions et les idées novatrices du personnel et valoriser leurs auteurs. Créer sur intranet des espaces d’échanges d’expérience et des possibilités de question/Réponse de type : qui a déjà fait … ? Il faut rappeler que tout effort de création de connaissances reste limité tant qu’il n’est pas suivi d’une action de formalisation et de capitalisation permettant de le signaler aux autres et évitant que le même effort ne soit redéployé ailleurs. Cette formalisation des expériences et des idées novatrices peut être faite de plusieurs façons : Par le service où cette connaissance s’est développée ; Par le chargé de la gestion des connaissances, qui opère une sélection des connaissances à capitaliser ; Par les personnes ayant besoin de cette connaissance, et qui la signaleront, une fois l’ayant repérée et utilisée. 5-4-2 Au niveau du Capital Processus Le Capital Processus est concerné par plus de la moitié des projets étudiés, l’action dominante est le transfert de savoir (46%). Les projets permettant la création représentent 27% de l’ensemble des projets relatifs au Capital Processus. 177 Les projets permettant la capitalisation des connaissances représentent également 27% de l’ensemble des projets relatifs au Capital Processus. Capital processus Création 27% Création Transfet 46% Capitalisation Transfet Capitalisation 27% Graphique n° 12 : Le processus de gestion des connaissances au niveau du Capital Processus Le graphique ci-dessus illustre un certain équilibre entre les différents processus de gestion des connaissances au niveau du Capital Processus avec une légère dominance du transfert des connaissances (dû comme nous l’avons déjà mentionné à la politique de la DAAG et du Ministère, visant la promotion de la communication et des publications). 5-4-3 Au niveau du Capital Environnement 33% des projets affectant le Capital Environnement permettent une création du savoir (Enquête de satisfaction) et 67% assurent le transfert de connaissances (Amélioration du système d’accueil et développement des relations avec les médias). On note l’absence de projets relatifs à la capitalisation de savoir relatif à l’environnement. 178 Capital environnement 33% Création Capitalisation Transfert 67% 0% Graphique n° 13 : Le processus de gestion des connaissances au niveau du Capital Environnement Cette capitalisation des connaissances sur l’environnement reviendrait à : Formaliser les appréciations objectives et subjectives que le personnel constitue à travers ses relations avec les différents partenaires (ex. notation des fournisseurs suivant la qualité des prestations et la réactivité au service, positions des médias vis-à-vis du Ministère, relations avec les organisations internationales…) ; Formaliser les points de contacts et les connaissances que chacun construit avec les partenaires. Procéder ensuite à la centralisation de ces informations dans des répertoires permettant de guider les actions du personnel et les décisions du management ; Constituer une documentation sur les partenaires les plus sollicités (organisations internationales, Bureaux d’études, Ministères des finances étrangers…), de façon à appuyer la prise de décision et le départ en mission (maintenir à jour : organigramme, activité, publications…). 179 Conclusion Le processus de transfert est dominant au niveau de chaque élément du Capital Intellectuel. En effet, 67% des projets intéressant le Capital Humain favorisent le transfert de connaissances, le même taux est présent au niveau du Capital Environnement. Au niveau du Capital Processus, les projets favorisant la création et la capitalisation représentent à part égale 27 % à côté de ceux permettant un transfert de connaissances (46%). Les principales lacunes sont relatives à l’absence de création de connaissances au niveau du Capital Humain et de capitalisation au sein du Capital Environnement. Promouvoir la création de connaissances au niveau du Capital Humain passe par l’initiation de changements d’ordre culturel, favorisant le partage des connaissances, et d’ordre manageriel, permettant d’offrir les conditions organisationnelles en faveur de l’échange d’expérience, du contact informel et de l’innovation. La capitalisation des connaissances au niveau du Capital Environnement reviendrait à identifier les partenaires externes du Ministère et à favoriser la formalisation des contacts et des appréciations que le personnel constitue à travers ses relations avec les partenaires, à centraliser ces informations dans des répertoires permettant de guider les actions du personnel et les décisions du management, et à encourager le personnel à les utiliser et à les enrichir. Enfin, les résultats de cette analyse gagneraient à être encore plus détaillés afin que nous puissions savoir : quelles connaissances sont-elles capitalisées, créées ou transférés. Nous essaierons d’éclairer ces points en analysant les projets suivant le type de connaissances et la conversion des savoirs, au niveau des paragraphes suivants. 180 5-5 Analyse des projets suivant les modes de conversion de savoirs tacite/explicite Etudier la conversion du savoir, au sein d’une organisation, revient à diagnostiquer les modes de création des connaissances, l’intégration de ces connaissances dans la culture organisationnelle, ainsi que la capacité de l’organisation à formaliser les flux les plus intangibles parmi ses employés. 5-5-1 Rappel théorique I. Nonaka et H. Takeuchi définissent la connaissance explicite comme étant celle qui « peut être exprimée en mots et en chiffres et qui peut être facilement communiquée et partagée sous forme de données brutes, de formules scientifiques, de procédures codifiées ou de principes universels »200. La connaissance tacite est « fortement personnelle et difficile à formaliser. Les points de vue subjectifs, les intuitions et les pressentiments font partie de ce type de connaissances »201. De la distinction entre savoir tacite et savoir explicite découlent quatre schémas de base définis par I. Nonaka et H. Takeuchi202 comme moteur de création du savoir dans l’entreprise : a. Du tacite au tacite : ou socialisation, représente l’interaction des individus au sein d’un groupe, l’apprentissage se fait par l’observation consciente ou inconsciente, par l’imitation, à travers les communauté de pratiques et le partage d’expériences ; b. Du tacite à l’explicite : c’est l’externalisation qui permet d’énoncer les éléments de la connaissance tacite par le discours ou l’écrit. Pour Nonaka et Takeuchi, « La documentation aide les individus à intérioriser ce qu’ils ont eu comme expériences, enrichissant donc leur connaissance tacite. De surcroît, les documents et manuels facilitent le transfert de connaissances NONAKA, I., TAKEUCHI, H. L’entreprise créatrice, la dynamique de l’entreprise apprenante. Op.Cit. p. 8 Ibid. 202Ibid. p. 82-92 200 201 181 explicites vers d’autres personnes ; les aidant de ce fait à faire indirectement l’expérience des expériences des autres. » c. De l’explicite au tacite : ou intériorisation, elle représente l’enracinement de la connaissance explicite dans des séquences pouvant atteindre le stade du réflexe. d. De l’explicite à l’explicite : ou combinaison, permettant de créer des connaissances nouvelles par le rapprochement et la combinaison de connaissances existantes. (Exemple : réalisation d’un rapport pour présenter le résultat financier). 5-5-2 Analyse des projets suivant les modes de conversion des connaissances A la lumière des éléments théoriques cités ci-dessus, nous avons procédé à la catégorisation des projets objets de l’étude suivant le tableau ci-après. Conversion des Intitulés des Projets Effectif % connaissances Réalisation d’une base de données 10 De l’explicite (Combinaison) à l’explicite des notes et circulaires ; Réalisation du répertoire téléphonique ; Veille de l’information pour le Ministère ; DSI Catalogue Collectif Virtuel ; Réalisation d’un Kit projets ; Réalisation du guide du Ministère ; Développement de l’Intranet du Ministère ; GISRH Mise en place d’un dispositif de formation à distance. 182 50% Réalisation Du Tacite à l’Explicite de charte 8 la 40% d’archivage ; (Extériorisation) Réalisation de la charte de communication ; Développement des relations ave les médias ; Réalisation d’une enquête de satisfaction auprès des usagers du Ministère ; Amélioration du système d’accueil ; Réalisation d’une charte graphique pour le site Internet du Ministère ; GPEC Réalisation du Guide du fonctionnaire. Réalisation De l’Explicite au Tacite de la revue 2 10% électronique ; (Intériorisation) Amélioration de la revue ALmalya. Du Tacite au Tacite - 0 0 20 100 (Socialisation) Total - % Tableau n° 10 : Répartition des projets suivant les modes de conversion des connaissances 183 Intériorisation Intériorisation 10% 10% Socialisation Socialisation 0% 0% Combinaison Combinaison 50% 50% Extériorisation Extériorisation 40% 40% Graphique n°14 : Répartition des projets suivant les modes de conversion des connaissances La conversion du savoir explicite en savoir explicite, appelée « combinaison » est dominante au sein des projets étudiés à hauteur de 50%. Elle apparaît essentiellement lors de la réalisation de bases de données et des guides. Ce type de conversion est très courant dans les organisations puisqu’il correspond à la gestion de l’information et à la production de nouveaux produits informationnels (rapports, listes, tableaux…). De plus, ce type de conversion est le plus tangible, car facilement formalisable. Les conversions tacite/explicite et explicite/tacite sont souvent faites dans des étapes préliminaires : concrétisation d’une idée par le lancement d’un projet ; analyse lors d’une réunion des résultats d’un rapports, etc. Aussi, des réflexes et des outils devraient-ils être développés, afin que le personnel procède au signalement des connaissances produites, évitant qu’elles ne soient re-créées par la suite. L’extériorisation (du tacite à l’explicite) concerne 40% et des projets étudiés. Il s’agit essentiellement de projets ayant pour objectif de mettre en lumière des aspects jusqu’à lors gérés de façon conventionnelle et non formalisée (Accueil, communication, archivage…) En effet, ce type de conversion est à l’origine de la création des connaissances nouvelles (Nonaka et Takeuchi) puisqu’il permet de faire ressortir des éléments tacites, à priori inexprimables, pour les rendre plus tangibles, donc plus exploitables. Il reste à approfondir l’exploitation de ce savoir de façon à atteindre les connaissances les moins évidentes (ex. nouvelles idées ou sentiment de frustration chez le personnel, 184 appréciations des usagers vis-à-vis des services du Ministère, rumeurs..) et à les rendre utiles pour l’organisation. L’intériorisation (de l’explicite au tacite) est favorisée par 10% des projets. Il s’agit des deux revues du Ministère à savoir, Almalya, et la revue électronique. Ces deux publications offrent au personnel l’occasion de connaître et d’adhérer aux concepts adoptés par le Ministère (ex. programmation, déconcentration..). Cela permet d’intégrer un élément explicite dans les routines de l’organisation jusqu’à faire partie de la culture organisationnelle. Ce passage d’un savoir explicite au niveau tacite se réalise essentiellement par le contact humain, le dialogue et particulièrement les méthodes d’explication basées sur la métaphore (Nonaka et Takeuchi) ainsi qu’à travers les tables rondes et les forums de discussion qui permettent d’intégrer le savoir explicite à la culture de l’organisation. Au niveau du Ministère, et particulièrement au sein de la DAAG, la gestion par projet pourrait constituer un bon exemple, car au delà des projets inscrits dans les plans d’action, une culture de gestion de projet s’est installée, et fait désormais partie des pratiques quotidiennes du personnel. La socialisation (du tacite au tacite) est totalement absente des projets étudiés. Cette absence serait due à la nature furtive de ce mode de conversion, difficile à matérialiser dans des projets. Du fait qu’elle s’opère au long du déroulement du projet et se perpétue informellement au sein de l’organisation. En outre, les auteurs mettent l’accent sur le rôle des communautés de pratiques comme levier incontournable d’apprentissage et plus précisément comme outils de socialisation, de pratique et donc de mémorisation des savoirs. 185 Conclusion La moitié des projets étudiés favorise la combinaison des connaissances (de l’explicite à l’explicite) à travers l’élaboration de guides et d’applications informatiques. Ce mode de conversion, très courant dans les organisations à fort potentiel en communication et traitement de l’information, requiert un accompagnement en terme de capitalisation, afin que les connaissances élaborées soient signalées à l’échelle du Ministère et éviter de la sorte, un dédoublement d’efforts. L’extériorisation du savoir tacite en savoir explicite est favorisée par 40 % des projets et se matérialise dans la réalisation des chartes et la formalisation de services, jadis spontanés, comme l’accueil et l’archivage. Ce type de conversions s’avère très utile pour la maîtrise des processus et l’efficience de l’organisation, puisqu’il est à l’origine de la création des nouvelles connaissances (Nonaka et Takeuchi). L’intériorisation (de l’explicite au tacite) est présente au niveau de 10% des projets étudiés, notamment ceux relatifs à la réalisation des publications internes du Ministère. Son effet devrait être maintenu par des mesures plus proches du personnel telles que tables rondes et forums de discussion. Enfin, la socialisation (du tacite au tacite) semble absente des projets étudiés, vu sa nature furtive et informelle, qui en fait une pratique implicite au long du déroulement des projets. L’initiation de communautés de pratiques à travers le Ministère et leur liaison par intranet, serait à même de favoriser l’éclosion de ces interactions informelles. 186 5-6 Analyse des projets suivant la typologie des connaissances « Sur le système / Au sein du système » 5-6-1 Rappel théorique La littérature sur le concept de gestion des connaissances abonde de classifications des connaissances permettant de distinguer entre différents types de savoir : (intellectuelle/empiriques, académiques/spécifiques à une industrie/ spécifiques à chaque firme, …) Pour répondre aux objectifs de notre étude, nous avons choisi de vérifier la dichotomie : connaissances au sein du système / connaissances sur le système. Cette typologie est celle établie par Hans Siggaard Jensen, et Lans Fredeiksen du Learning Laboratory au Danemark et qui distinguent deux grands types de connaissances qui créent un surcroît de valeur pour l’organisation : les connaissances au sein du système et les connaissances sur le système. « Dans le secteur public par exemple, la science de la gestion publique et la science politique sont essentiellement des connaissances sur le système, tandis que toutes les connaissances acquises dans le cadre de la prestation de service ou de l’élaboration des politiques sont des connaissances au sein du système » 203. 5-6-2 Analyse des projets selon la typologie des connaissances (sur le système/au sein du système) L’analyse des projets objets de l’étude nous a révélé que la quasi-totalité des projets (19 projets soit 95 % des projets étudiés) mettent en œuvre des connaissances « sur le système » ; c’est à dire des connaissances décrivant ou accompagnant le système et non faisant partie intégrante de ce dernier. En outre, un seul projet (soit 5 % des projets étudiés) met en œuvre des connaissances « Au sein du système » c’est le projet de mise en place d’un Système Intégré de Gestion des Ressources Humaines (GISRH). 203 OCDE. Gestion du savoir et des connaissances : apprendre en comparant les expériences des entreprises du secteur privé et des organisations du secteur public. Op. Cit. 187 Au Au sein sein du du système système 5% 5% Sur Sur le le système système 95% 95% Graphique n°15 : Répartition des projets suivant le type de connaissances (au sein du système/sur le système) La prédominance de projets décrivant le système et accompagnant son fonctionnement reviendrait essentiellement au caractère transverse des projets objets de l’étude. Il est à signaler, toutefois, que des besoins communs en terme d’information/connaissances métier pourraient exister au niveau des directions et pourraient faire l’objet de projets transverses. On peut citer par exemple : 1. L’élaboration de services d’information permettant de répondre aux besoins opérationnels des services (indicateurs macroéconomiques, taux, variations…) 2. La publication au niveau des directions de guides métiers, ex. : les changements ayant affecté la GRH suite à l’automatisation de cette fonction par le système GISRH. 3. La publication de recueils de textes juridiques en relation avec un métier donné (Marché des capitaux, assurance vie…) 4. La création de communautés de pratiques spécialisées par métier (contrôleurs du Contrôle des Engagements des dépenses CED, Gestionnaires de marchés publics, gestionnaires RH …), de telles communautés seraient favorables à l’échange d’informations, d’avis et de nouveautés concernant leurs métiers spécifiques. Par ailleurs, cette dominance de projets « sur le système » aurait un double tranchant : d’un côté, cette abondance d’information qui, comme nous l’avons vu plus haut, est essentiellement destinée au personnel du Ministère, constitue une 188 richesse permettant de favoriser la création des connaissances et l’adhésion du personnel aux objectifs de l’organisation. d’un autre côté, la multiplicité des publications et la diversité des supports pourrait engendrer chez le personnel un sentiment de surinformation, voire de frustration, vu qu’il est inondé de documents et d’outils ayant peu de rapport avec l’exécution des tâches quotidiennes et ne bénéficiant pas d’un traitement documentaire adéquat. 189 5-7 Combinaisons des critères « Capital Intellectuel », « Conversion du Savoir » et « Type de Connaissances » Il nous a paru intéressant de croiser les critères d’analyse « Capital Intellectuel », « Conversion des Connaissances » et « Types de Connaissances », et ce, afin de répondre aux questions posées précédemment autour de la nature des connaissances mises en œuvre au niveau de chacun des éléments du Capital Intellectuel. Ainsi, en procédant à la combinaison des critères précités, nous aboutissons aux résultats suivants : Projets Capital Conversion du Type de Intellectuel savoir connaissances Réalisation du répertoire Capital combinaison Sur le système téléphonique ; Humain combinaison Sur le système GPEC Extériorisation Sur le système Réalisation du guide du Extériorisation Sur le système Intériorisation Sur le système Intériorisation Sur le système Mise en place d’un dispositif de formation à distance ; fonctionnaire. Réalisation de la revue électronique ; Amélioration de la revue AlMaliya GISRH Capital combinaison Au sein du CCV Processus combinaison système Réalisation de la base de combinaison Sur le système Sur le système données des notes et combinaison circulaires. Sur le système Réalisation du guide du combinaison Ministère ; Sur le système Veille de l’information pour le Ministère ; combinaison DSI combinaison Développement de Intranet Sur le système Sur le système 190 du Ministère combinaison Réalisation du Kit projets Elaboration de la Charte Sur le système Extériorisation Sur le système d’archivage ; Extériorisation Elaboration de la Charte de Sur le système communication ; Extériorisation Réalisation d’une charte Sur le système graphique pour le site Internet du Ministère. Réalisation d’une enquête Capital de satisfaction auprès des Environnem usagers du Ministère ; ent Développement des Extériorisation Sur le système Extériorisation Sur le système Extériorisation Sur le système Relations avec les médias ; Amélioration du système d’accueil. Tableau n° 11 : Répartition des projets suivant les modes de conversion des connaissances au niveau de chaque élément du Capital Intellectuel H % P % E % Total Combinaison 2 67% 8 73% 0 0% 12 Extériorisation 2 17% 3 27% 3 100% 7 Intériorisation 2 17% 0 0% 0 0% 1 Socialisation 0 0% 0 0% 0 0% 0 Total 6 100% 11 100% 3 100% 20 191 12 0% 27% 10 8 T/T 0% 6 4 2 E/T 33% T/E 73% 33% E/E 0% 100% 33% 0% 0 Capital humain Capital processus Capital environnement Graphique n° 16 : Les modes de conversions des connaissances au niveau de chaque élément du Capital Intellectuel Eu égard à ce qui précède, il nous semble que le Capital Humain est le plus riche en conversions de connaissances : combinaison, intériorisation et extériorisation de connaissances sur le système représentent à parts égales 33%. La socialisation serait, par contre, absente vu son caractère informel. On note ainsi une dynamique de conversion des connaissances favorisée par la diversité des projets touchant au Capital Humain : Combinaison : Réalisation du répertoire téléphonique et Mise en place d’un dispositif de formation à distance ; Extériorisation : GPEC et Réalisation du guide du fonctionnaire. Intériorisation : Réalisation de la revue électronique et Amélioration de la revue AlMaliya Par ailleurs, l’intérêt devrait être porté à la conversion de connaissances métier du Capital Humain : capitalisation d’expériences, discussion de rapports et d’études internes, brainstorming pour la résolution de cas et la capitalisation des leçons apprises dans le cadre du travail. 192 Au niveau du Capital Processus, la combinaison de connaissances et la plus dominante (73%) à côté de l’extériorisation (27%). On note également l’absence de l’intériorisation et de la socialisation des connaissances. L’intériorisation des connaissances au niveau du Capital Processus revient à extraire un sens à partir des connaissances explicites et à favoriser son imprégnation au niveau du personnel du Ministère. Ainsi, la réalisation d’un rapport d’activité annuel, par exemple, devrait être suivie par des discussions avec les cadres, permettant d’évaluer chaque point et d’expliquer chaque réussite ou échec. Concernant les projets objets de notre étude, il serait recommandé par exemple, d’impliquer le personnel dans la réalisation des chartes (de communication, d’archivage..), et d’exiger de lui une participation active dans la proposition des procédures à mettre en œuvre. Une telle mesure permettrait d’intégrer plus facilement ces chartes dans les pratiques des services concernés. Au niveau du Capital Processus, les connaissances touchées par les projets sont essentiellement « sur le système », un seul projet engage des connaissances au sein du système, il s’agit du projet GISRH, qui touche aux connaissances relatives au processus de GRH. Au niveau du Capital Environnement, la totalité des projets favorisent une extériorisation des connaissances sur le système. Des efforts sont fournis par le département pour s’ouvrir sur son environnement et ce, en formalisant les moyens de contacts avec l’extérieurs (accueil, relations média) et les outils de mesure de satisfaction (enquête de satisfaction). Les autres modes de conversion restent à développer, en l’occurrence, la combinaison, qui revient à utiliser les données collectées pour produire de nouvelles connaissances. Certaines actions ont été déjà entreprise : charte d’accueil du MFP, Eléments d’une stratégie des relations médias pour le MFP. L’intériorisation des connaissances issues de l’environnement revient à assimiler les signaux provenant de l’extérieur, nouvelles méthodes de travail, expériences externes, résultats de mémoires, etc., et à les intégrer dans les pratiques organisationnelles du Ministère. Enfin, l’étude des modes de transfert des compétences et des connaissances métier (au sein du système), devrait être développées afin permettre d’une part, de maîtriser les 193 pertes de compétences liées aux départs, et d’autre part l’exploitation des connaissances relatives au métier des finances produites par des sources externes telles que la Direction des statistiques (Haut Commissariat au Plan) et la Banque du Maroc. 5-8 Conclusion L’analyse des projets objets de l’étude, à la lumière des critères choisis, nous a permis de percevoir comment ils affectent l’état des connaissances au niveau du Ministère. Ainsi, la catégorisation des projets par rapport au Capital Intellectuel a permis de constater une nette dominance de ceux relatifs au Capital Processus (55%), suivis de projets intéressant le Capital Humain (30%). Les projets en liaison avec le Capital Environnement ne représentent que 15% de l’ensemble des projets étudiés. Cette prédominance de projets centrés sur le Capital Processus reviendrait d’une part, à la tendance actuelle à formaliser la communication interne et externe du Ministère et, d’autre part, à la volonté de maîtriser les processus pour les mettre à plat, les codifier et les automatiser. La multiplicité de ce type de projet devrait s’accompagner d’outils de traitement de l’information permettant de maîtriser les flux d’information facilitant l’accès lors des recherches d’information. En outre, le processus de transfert est dominant au niveau de chaque élément du Capital Intellectuel. Ainsi, au niveau du Capital Humain, les projets favorisant le transfert des connaissances représentent 67% de l’ensemble des projets étudiés, suivis de ceux permettant la capitalisation du savoir (33%). Des efforts restent à déployer afin de promouvoir la création de connaissances au niveau du Capital Humain et ce, par l’initiation de changements culturels (communication, échanges, innovation) ; et de changement des modes de management (responsabilisation des cadres, autonomie dans la gestion des dossiers, nouvelles méthodes de travail (la notion de chaos créatif, Nonaka et Takeuchi 1997) en plus d’une organisation transversale en mode projet204. 204 TORANDEAU, J-C. Op. Cit. 194 Bien que des avancées considérables dans ce sens soient déjà réalisées au sein du Ministère, un cadre global, formalisé et réfléchi permettrait de fructifier ces efforts (ex. système de motivation basé sur le partage du savoir). Par ailleurs, les projets étudiés favoriseraient une dynamique de conversion des connaissances au niveau du Capital Humain (combinaison, intériorisation et extériorisation représentent 33% chacune) ce qui témoignerait d’une prise de conscience de l’élément humain au sein du Ministère (GPEC, revues, formation à distance..). Au niveau du Capital Processus, les projets favorisant la création et la capitalisation représentent à part égale 27% à côté de ceux permettant un transfert de connaissances (46%). Cette diversité d’actions reflèterait une forte activité de production des connaissances, d’autant plus que la combinaison de savoirs est la plus dominante (73%) à côté de l’extériorisation (27%), ce qui démontre une tendance affirmée pour la formalisation de savoirs tacites (chartes, guides). L’absence de projets permettant l’intériorisation du savoir (de l’explicite vers le tacite) signale le risque de submersion de l’organisation par des connaissances produites mais non assimilées (information overload)205, ce qui pourrait être comblé par des actions visant l’intégration des connaissances explicites dans les pratiques de l’organisation (discussion de rapports d’activité, mise en application d’études, réalisation participative des chartes…). Le Capital Environnement est affecté par 15% des projets dont 33% permettent une création du savoir (Enquête de satisfaction) et 67% assurent le transfert de connaissances (Amélioration du système d’accueil et développement des relations avec les médias). On note cependant l’absence de projets relatifs à la capitalisation de savoir provenant de l’environnement. Nous recommandons dans ce sens, de conduire une étude globale sur les partenaires du Ministère et les points de contacts existants au sein du département, afin de cerner ces sources de connaissances et d’identifier les outils déjà créés au sein du département. Les données collectées seraient ensuite, enrichies par les appréciations objectives et subjectives du personnel (ex. Efficacité et réactivité d’un fournisseur, position d’un journal...). La constitution d’une documentation complète sur les partenaires les plus sollicités (organisations internationales, Bureaux d’études, Ministères des finances étrangers…), permettrait d’appuyer la prise de décision et les départs en mission au sein de ces 205 NONAKA. I., TAKEUCH H. The Knowledge-Creating Company. How Japanese Companies Create the Dynamics of Innovation. Op. Cit. p.82 195 organismes. En outre, de nouveaux partenariats, notamment avec les entreprises et les universités seraient à même d’assurer au Ministère de nouvelles sources de connaissances. Par ailleurs, il a été relevé que la totalité des projets relatifs au Capital Environnement favoriseraient une extériorisation des connaissances. Cela témoigne d’une volonté de cerner l’environnement et de maîtriser les relations avec les partenaires et les usagers (enquête de satisfaction, système d’accueil, relations médias), Les autres modes de conversion restent à développer, dont notamment, la combinaison, qui revient à utiliser les données collectées en vue de produire de nouvelles connaissances (exploitation des mémoires, rapports de missions,..) et l’intériorisation qui revient à assimiler les signaux provenant de l’extérieur (méthodes de travail, meilleures pratiques, expériences…), et à les intégrer dans les pratiques organisationnelles du Ministère. Concernant le type de connaissances favorisées par les projets, il nous a été donnée de constater qu’elles sont « sur le système » à hauteur de 95% des projets étudiés, décrivant et accompagnant le déroulement des processus du Ministère (chartes, guides, publications, enquête). Ce constat pourrait trouver explication dans la nature transverse des projets étudiés. Il est toutefois recommandé d’étudier les besoins communs aux directions, traitant les aspects métiers et pouvant faire l’objet de projets transverses. La dominance de projets « sur le système » pose également le problème de la Redondance d’information, qui, bien que considérée comme une condition favorable à la création de la connaissance, exige la mise en place d’un système organisé de traitement de l’information, permettant d’éviter de submerger le personnel d’informations immédiatement peu utiles et d’engager des coûts incontrôlés. En guise de conclusion par rapport à notre hypothèse de base sur la pratique spontanée du Knowledge Management au sein du Ministère des Finances et de la Privatisation, nous pouvons confirmer –dans la mesure du champ de l’étude- que le département connaît une importante activité de création, de capitalisation et de transfert des connaissances. Il s’agit cependant, d’une connaissance : - décrivant le système, d’où la nécessité d’accorder plus d’intérêt à la gestion des connaissances métier, surtout celles revêtant un caractère stratégique pour le Ministère ; 196 - Explicite, d’où la nécessité d’accorder une attention particulière à la formalisation des savoirs tacites, qui constituent le moteur de l’activité administrative, et de déployer des efforts pour favoriser l’intériorisation de ces connaissances explicites par le personnel afin de les intégrer au processus de l’administration ; - destinées massivement au personnel, d’où l’importance de prévoir des outils de gestion de l’information, afin de faciliter le repérage de l’information et d’éviter les stockage massifs. Des mesures culturelles et organisationnelles permettraient d’encourager le partage horizontal des connaissances. Il s’agit à titre d’exemples de : l’initiation et l’animation de communautés de pratiques, l’utilisation du concept de blog et des wikis à caractère professionnel et la récompense des efforts de partage, etc. Le paragraphe suivant, propose une récapitulation des mesures proposées suite à l’analyse des projets objets de l’étude. 197 5-9 Recommandation générales A l’issu de l’analyse et de l’interprétation des données relatives aux projets étudiés, plusieurs actions sont à recommander afin de promouvoir la création, la capitalisation et le transfert des connaissances au sein du Ministère. Les recommandations formulées sont présentées ci-dessous suivant les trois éléments du Capital Intellectuel : 5-9-1 Au niveau du Capital Humain Les principales mesures à recommander suite à l’analyse des projets se focalisent sur le développement de la création des connaissances au niveau du Capital Humain, et qui revient à promouvoir le contact et l’échange entre les cadres du Ministère, en procédant à des changements organisationnels favorisant le partage des connaissances, il s’agit à titre d’exemple de : Encourager le travail en réseau et en mode projet, lier la motivation des cadres au partage des connaissances et favoriser l’émergence de communautés de pratiques dans divers métiers du Ministère ; Concevoir un système de motivation lié au partage des informations et des connaissances afin de pallier à la rétention de l’information ; Susciter l’esprit d’initiative et d’innovation à travers la responsabilisation des cadres dans la gestion des dossiers ; Ouvrir des espaces d’apprentissage permettant le perfectionnement des cadres et la spécialisation dans des domaines précis ; Recueillir les propositions et les idées novatrices du personnel et valoriser leurs auteurs ; Créer sur l’Intranet des espaces d’échanges d’expérience et des possibilité de question/Réponse de type : qui a déjà fait … ? Encourager la création de blogs personnels (à caractère professionnel) au sein de l’intranet, favorisant par là l’ouverture des services et permettant à chacun de retrouver l’information et/ou l’expertise recherchée ; Etudier la création de Wikis pour l’animation des espaces collaboratifs des équipes de projets ; 198 Promouvoir la formalisation des expériences et des idées novatrices, soit : - par l’entité où cette connaissance s’est développée : - par le chargé de la gestion des connaissances, qui opère une sélection des connaissances à capitaliser ; - Par les personnes ayant besoin de cette connaissance, et qui la signalera, une fois l’ayant repérée et utilisée. Initier des actions formalisées de transfert de compétences, notamment lors de départs à la retraite, de mobilités internes ou externe et de stages. Concernant la conversion des connaissances, l’intérêt devrait être porté aux connaissances métier du Capital Humain : les séances de brainstorming pour la résolution de cas, la discussion de rapports et d’études internes, et l’élaboration d’outils pour la capitalisation des expériences acquises dans le cadre du travail. 5-9-2 Au niveau du Capital Processus Les principales recommandations issues de l’analyse des projets au niveau du Capital Processus ont pour but de recentrer la production informationnelle du Ministère autour des besoins du personnel et de procéder à la capitalisation des méthodes et des expériences. Il s’agit essentiellement de : Favoriser la capitalisation de l’expérience au niveau de chaque entité, et de centraliser à l’échelle du Ministère, les outils réalisés en précisant l’auteur, la méthodologie et la localisation ; Renforcer les outils de traitement de l’information afin de fructifier l’usage des informations produites, il s’agit à titre d’exemple de : l’archivage du contenu des sites Internet et Intranet dans une base de données texte intégral, permettant d’effectuer des recherches multicritères ; L’indexation des articles parus dans la revue Almalya et la revue électronique ; Le développement d’un système de veille répondant aux besoins de gestion courants du Ministère, en diversifiant les produits selon les besoins des utilisateurs ; La réalisation d’un catalogue des publications produites par le Ministère (sur supports papier et électronique). 199 Recentrer les services d’information autour des besoins réels du personnel ; Promouvoir la création d’outils permettant d’assister le personnel dans la réalisation des tâches quotidiennes et les mettre à disposition du personnel à travers le site Intranet du Ministère. Concernant la conversion des connaissances au niveau du Capital Processus, plus d’intérêt devrait être porté à l’intériorisation des connaissances métiers, afin qu’elles puissent être intégrées dans la culture de l’organisation et ce, à travers d’une part, l’implication des cadres dans l’élaboration des documents, chartes et rapports et, d’autre part, l’animation de réunions, de rencontres et de tables rondes pour la discussion des études, réalisations et résultats des cadres et des équipes. 5-9-3 Au niveau du Capital Environnement Le Capital Environnement est approché par plusieurs projets que le Ministère a lancé pour favoriser son ouverture sur l’extérieur (enquêtes, accueil, site Internet…). Un cadre global permettrait au Ministère de connaître les sources externes de connaissances et de canaliser ses actions avec plus d’efficacité. Il s’agirait de : Conduire une étude globale sur les partenaires du Ministère et les points de contacts existants au sein des différentes directions, et ce, afin de cerner les sources externes de connaissances et d’identifier les outils déjà créés (Répertoires de contact, rapports de missions, bases de données et transactions…) ; Enrichir ces outils par les appréciations subjectives de leurs utilisateurs (notation des fournisseurs suivant la qualité des prestations et la réactivité au service, positions des médias, relations avec les organisations internationales…) ; Diffuser les outils réalisés et encourager leur usage et leur enrichissement par le personnel ; Formaliser les points de contacts et les connaissances que chacun construit avec les partenaires. Procéder ensuite à la centralisation de ces informations dans des répertoires permettant de guider les actions du personnel et les décisions du management 200 Constituer une documentation sur les partenaires les plus sollicités (organisations internationales, Bureaux d’études, Ministères des finances étrangers…), de façon à appuyer la prise de décision et le départ en mission (maintenir à jour : organigramme, activité, publications…) Etablir des partenariats avec les entreprises (pour des échanges d’expériences par ex.) et avec les universités (pour commanditer des recherches, exploiter les mémoires…) Concernant la conversion des connaissances au niveau du Capital Environnement, il a été relevé que la totalité des projets favoriseraient une extériorisation des connaissances. Les autres modes de conversion restent à développer, dont notamment, la combinaison, qui revient à utiliser les données collectées en vue de produire de nouvelles connaissances (exploitation des mémoires, rapports de missions,..) et l’intériorisation qui revient à assimiler les signaux provenant de l’extérieur (méthodes de travail, meilleures pratiques, expériences…), et à les intégrer dans les pratiques organisationnelles du Ministère. 3-9-4 au niveau des types de connaissances La disponibilité d’informations sur les activités et les projets du département exige parallèlement la mise en place d’un système organisé de traitement de l’information, permettant d’éviter de submerger le personnel d’informations immédiatement peu utiles et d’engager des coûts incontrôlés206. Les initiatives lancées par le Ministère étant focalisées sur les connaissances décrivant et accompagnant le système (95% des projets étudiés), il nous semble important de procéder à l’analyse des besoins communs aux différentes directions en matière de connaissances métiers et pouvant faire l’objet de projets transverses. Il s’agit à titre d’exemple, de procéder aux mesures suivantes : L’élaboration de services d’information permettant de répondre aux besoins opérationnels des services (indicateurs macroéconomiques, taux, variations…) ; 206 NONAKA. I., TAKEUCH H. The Knowledge-Creating Company. How Japanese Companies Create the Dynamics of Innovation. Op. Cit. p.82 201 La publication au niveau des directions de guides métiers, ex. : les changement ayant affecté la GRH suite à l’automatisation de cette fonction par le système GISRH ; La publication de recueils de textes juridiques en relation avec un métier donné (Marché des capitaux, assurance vie…) ; La création de communautés de pratiques spécialisées par métier (contrôleurs du CED, Gestionnaires de marchés publics, gestionnaires RH …), de telles communautés seraient favorables à l’échange d’informations, d’avis et de nouveautés concernant leurs métiers spécifiques. 202 Chapitre 6 : Eléments d’une stratégie de Gestion des Connaissances pour le Ministère des Finances et de la Privatisation Introduction L’étude des projets de modernisation transverses gérés par la DAAG laisse entrevoir les prémisses d’une gestion des connaissances au sein du Ministère. Des efforts considérables sont déployés pour s’ouvrir aussi bien sur le personnel du Ministère que sur les partenaires externes, pour faire évoluer les modes de gestion et pour fructifier l’usage des technologies de l’information. Cette pratique informelle de la gestion des connaissances gagnerait à intégrer une stratégie globale, englobant toutes les dimensions de l’organisation, tout en prenant en considérations les forces et les faiblesses ainsi que les opportunités et les menaces que représente son environnement. En effet, recommandée par Zack207, l’analyse de l’environnement interne (forces et faiblesses) et de l’environnement externe (opportunités et menaces) (SWOT, de l’abréviation des termes : Strengths, Weaknesses, Opportunities, Threats) constitue une étape importante dans l’élaboration de la stratégie de gestion du savoir, dans la mesure où elle fournit l’information nécessaire pour établir une certaine adéquation entre d’une part, les ressources et les capacités de l’organisation, et d’autre part, les exigences de l’environnement dans lequel elle évolue. Ainsi, le chapitre qui suit, propose les grandes lignes d’une stratégie de gestion des connaissances pour le Ministère des Finances et de la Privatisation. Il se compose de deux sections : la première porte sur les principales opportunités à saisir et obstacles à surmonter afin de mettre en place une stratégie de gestion des connaissances au sein du Ministère. Cette analyse sera étendue à la structure destinée à piloter le projet, en l’occurrence, la DAAG, et ce, afin de pouvoir maîtriser tous les éléments pouvant intervenir dans la mise en place d’une stratégie KM au sein du Ministère. 207 ZACK, M. Developing a Knowledge Strategy , California Management Review, Vol. 41, N° 3, Spring, 1999, pp. 125-145. http://web.cba.neu.edu page consultée le 14/07/2004. 203 La deuxième section traite des dimensions culturelle, stratégique, organisationnelle et technologique à considérer en vue de mettre en œuvre une stratégie de gestion des connaissances pour le département. Connaissant les spécificités du Ministère, la diversité de ses corps et métiers, l’étendue de ses structures et la complexité de ses champs d’intervention, nous nous référons dans notre approche au partage des objectifs, des choix et des volontés, qui unissent le Ministère et lui confèrent le statut d’une organisation homogène. 6-1 Analyse de l’environnement interne et externe du Ministère (client de la stratégie) 6-1-1 Analyse de l’environnement interne (Forces et faiblesses) L’analyse interne consiste à évaluer l’apport des facteurs de l’environnement interne à la mise en place d’une démarche KM au sein du Ministère. Les forces et faiblesses constatées sont réparties selon les trois éléments définis par David Skyrme208 : People, Processes and Technology . Figure n° : 13 Les trois composantes à prendre en considération pour la mise en place d’une stratégie KM209 6-1-1-1 La composante : Personnel « People » Les ressources humaines du Ministère des Finances et de la Privatisation bénéficient d’un taux d’encadrement assez important. En effet, la proportion des cadres du MFP, classés dans les échelles 10 et plus, est passée de 27% à 40% entre 1991 et 2005, en raison principalement des promotions de grade et du niveau des recrutements réalisés 208 SKYRME, D. How to Develop a Successful KM Strtaegy. David Skyrme Associate, 2002. www.skyrme.com page consultée le 13/07/2004. 209 Image récupérée sur le site http://www.providersedge.com/kma/ 204 ces dernières années. 80% de l’effectif des cadres classés à l’échelle 10 et plus est titulaires d’un diplôme Bac + 4 et plus, représentant 32% de l’effectif global du Ministère210. De plus, les recrutements ciblent de plus en plus des profils pointus correspondant à des besoins déterminés du Ministère, et se constituent généralement de diplômés de troisième cycle et d’ingénieurs. Au niveau de la formation continue, des programmes annuels assurent au personnel du Ministère un développement ciblé de ses compétences. La charte de la formation, établie en 2004 dresse les grandes lignes d’une politique de formation continue au sein du Ministère, où le perfectionnement en matière de techniques de management prendrait une place de choix. Par ailleurs, le lancement du projet de Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences (GPEC) et sa généralisation à tout le Ministère aurait un rôle certain pour l’identification des compétences et pour leur déploiement aux postes adéquats. De plus, plusieurs actions de communication ciblent le personnel du Ministère : site Intranet, bulletins d’information des projets, brochures et dépliants, guides pratiques, répertoires, revues internes, affichage, etc. Par ailleurs, certaines actions ont été lancées en vue d’assurer une communication ascendante, il s’agit par exemple, de l’enquête réalisée pour mesurer l’impact des actions de communication autour du projet GISRH (menée entre avril et août 2005), et de celle lancée pour mesurer le taux de satisfaction du personnel du Ministère vis-à-vis des produits et services de la DAAG (enquête lancée en juillet 2005). Cependant, de nombreuses lacunes sont à relever au niveau de la gestion du capital humain du Ministère. L’éclosion de compétences se retrouverait limitée par l’absence d’actions de localisation d’expertise, permettant de bénéficier des connaissances pointues au moment opportun. Des risques liés au dédoublement d’effort (en réinventant la roue) et aux départs massifs sont toujours présents. Dans ce sens, il est à signaler qu’aucune mesure d’identification, de codification ou de capitalisation n’aurait été lancée pour accompagner l’opération de départ volontaire initiée en 2005, sachant que plus de 70% des partants appartenaient aux catégories des cadres moyens et supérieurs. 210 MAROC. Ministère des Finances et de la Privatisation. Direction des Affaires Administratives et Générales. GRH : Prévoir aujourd’hui les ressources de demain. Juin 2005. p. 15-18. 205 En outre, la mobilité externe constitue également une cause de perte des compétences, en cas par exemple, de nominations de hauts cadres du Ministère au sein d’organismes nationaux et internationaux. Par ailleurs, l’évaluation étant faite à un niveau individuel (personne, service…) et non d’un point de vue global, le partage de l’information et de la connaissance se fait avec réticence par crainte de perdre sa part de pouvoir : « Moins il y aura d’experts, plus les experts existants auront de visibilité »211. S’ajoute à cela l’absence de liens entre les mesures de motivation et de promotion et les efforts de partage de l’information et des connaissances. La promotion en poste de responsabilité étant liée uniquement à l’étude du dossier et à l’entretien passé dans le cadre de l’appel à candidature. Au niveau de la communication interne, malgré l’abondance des outils mis en place, on note l’absence d’outils de partage horizontal, permettant au personnel de communiquer hors hiérarchie et de partager points de vues, expériences et histoires vécues. 6-1-1-2 La composante Organisation : « Processes » Depuis plus d’une décennie, le Ministère des Finances et de la Privatisation se voit animé par une volonté de modernisation et de changement, aussi bien au niveau du top management, à travers l’adoption de la programmation stratégique et l’initiation de grands projets, qu’au niveau des cadres et des gestionnaires, à travers leur adhésion aux nouveaux modes de management basés sur le travail en mode projet, et à la réalisation de projets GISRH, SIGBC et GPEC. Ces projets ont largement participé à la dématérialisation des procédures, à la réingénierie des processus et à la communication interne et externe. Les équipes impliquées dans ces projets se voient acquérir des compétences pointues, ainsi qu’une réelle volonté de capitalisation et de valorisation des expériences. Dans ce sens, le Centre de Compétence qui a été mise en place dans le cadre du projet GISRH, vise la constitution d’un pôle de compétences autour de la solution adoptée, assurer l’autonomie de l’équipe du Ministère et éviter la déperdition de l’expérience acquise au cours du projet. MOINGEON, B. «Gestion des connaissances et entreprise apprenante ». In. Peut-on former les dirigeants ? L’apport de la recherche. Moingeon B. (éd.) 2003. p.196 211 206 Toutefois, il reste à signaler que cette volonté de capitalisation est souvent traduite par une simple utilisation des expériences précédentes (Méthode, ressource..), plutôt qu’une formalisation codifiée de celle-ci. Par ailleurs, de nouvelles méthodes de gestion telle que la gestion axée sur le résultat priment de plus en plus sur les modes de gestion antérieurs, plus ancrés dans la routine et le parcellement des efforts. Il est à noter, toutefois, que cette nouvelle culture managériale s’est développée à des degrés différents d’une direction à l’autre, et entre services centraux et services extérieurs d’une même direction. 6-1-1-3 La composante technologie : « Technology » Depuis que le Ministère s’est orienté dans le processus de modernisation, la promotion de l’adoption et de l’usage des nouvelles technologies, n’a cessé de constituer l’une des principales prérogatives du Management. La Lettre d’Orientations Générales 2004 invite à « l’utilisation des nouvelles technologies d’information et de communication, dans le cadre de la modernisation et du renforcement de la cohérence de notre système d’information »212. En 2005, une précision a été apportée quant à la nécessité pour les directions de promouvoir les actions de mutualisation, de concertation et de collaboration nécessaires, en vue de promouvoir une bonne gouvernance des systèmes d’information.213 L’initiation de grands projets de modernisation des systèmes d’information tels que le projet de mise en place du Système Intégré de Gestion des Ressources Humaines (GISRH) et du projet de Gestion intégrée de la dépense (GID), renforce cette volonté d’intégration. Elle situe même le département parmi les Ministères précurseurs en la matière. A côté de ces projets, le taux d’équipement des structures du Ministère s’accroît, particulièrement au niveau de l’Administration Centrale. En outre, l’informatisation des tâches de gestion se développe aussi bien du côté métier (Gestion budgétaire, Gestion du patrimoine, Gestion de la dette, catalogue collectif, gestion de la paie…) que du côté gestion (gestion du courrier, gestion des ressources humaines, gestion électronique de documents…). MAROC, Ministère des Finances et de la Privatisation. Lettre d’Orientation Générale, 2004. p.4 MAROC, Ministère des Finances et de la Privatisation. Lettre d’Orientation Générale, 2005. p.7 212 213 207 Bien que la plupart de ces systèmes soit homogénéisée à l’échelle du Ministère (ex. le Catalogue Collectif du Ministère), et que des efforts soit entrepris pour recenser les bases de données existantes (projet : qualité des systèmes d’information), certaines applications restent gérées différemment par chaque direction, occasionnant des pertes de temps et d’argent, ainsi qu’un dédoublement important d’efforts. On peut citer, dans ce sens, à titre d’exemple, les projets de gestion électronique de documents (GED). En effet, bien que des initiatives aient été entreprises, depuis quelques années au niveau de plusieurs directions pour se doter de systèmes de Gestion Electroniques des Documents (TGR, CED, IGF…), ces systèmes restent dispersés, redondants et cloisonnés, en l’absence, notamment, de vision globale permettant d’uniformiser les plates-formes et d’éviter la redondance des contenus. En plus des applications informatiques, chaque direction dispose de son propre site Intranet, offrant l’accès aux informations et aux applications propres à la direction. Parallèlement, Le portail Intranet du Ministère reste dédié à un usage transverse (avec une personnalisation par direction et par fonction) à côté du portail Internet du Ministère qui permet une ouverture vers les partenaires et les usagers externes en offrant une information personnalisée. Cependant, les contenus publiés sur ces sites se volatilisent avec le temps, en l’absence de systèmes d’archivages électroniques et de moteurs de recherche permettant l’accès à ces archives. L’absence de passerelles entre les différents sites des directions limite les possibilités d’accès à l’information et favorise de son côté le cloisonnement des directions. Par ailleurs, un système d’Echange de Données Informatisées (EDI) offre la possibilité d’échange de l’information fiscale au sein du Ministère. Le tableau ci-après, offre une présentation synthétique des principales forces et faiblesses à considérer au niveau du Ministère : 208 Elément d’analyse PERSONNEL Forces - (People) Faiblesses Taux d’encadrement de plus en plus - Experts non localisés ; élevé ; - Risques liés aux départs des - Nombre de diplômés en croissance ; experts (ex. Opération du départ - développement des programmes de volontaire) ; formation continue ; - Réticence au partage de - Lancement du projet GPEC ; l’information et des - Développement d’actions de connaissances. communication descendantes et ascendante. ORGANISATION - Volonté de modernisation et (Organization) disposition au changement. entre services centraux et - Gestion axée sur le résultat services extérieurs en matière de - Organisation par projet, travail en méthodes de travail ; - équipes horizontales - - Disparité entre les directions et Manque de formalisation, de multidisciplinaires. capitalisation et d’évaluation au Initiation de projets liés à la sein des projets (méthodologie, formalisation des procédures et la retour d’expérience). réingénierie des processus. TECHNOLOGIE - (Technology) - Taux d’équipement de plus en plus - élevé ; entre services centraux et Initiation de grands projets services extérieurs en matière informatiques ; d’équipement et Prise de conscience de l’importance de d’informatisation ; la capitalisation, des bonnes - Portail Internet et Intranet du - Volatilité des contenus mis sur les Intranets ; Ministère ; - Absence de passerelles entre les Intranets des Directions ; pratiques ; - Disparité entre les directions et Présence d’un site Intranet par - Dispersion et redondance entre les systèmes de GED ; direction. - Absence d’outils de partage de l’information à un niveau horizontal. Tableau n° 12 : Forces et faiblesses de l’environnement interne du MFP, à considérer en vue d’élaborer une stratégie de gestion des connaissances. 209 6-1-2 Analyse de l’environnement externe (Opportunités et menaces) L’analyse de l’environnement externe du Ministère a pour objectif principal de relever les opportunités qui se présentent et d’identifier les risques pouvant affecter le développement d’une stratégie de gestion des connaissances au sein du Ministère. Les principales opportunités et menaces relevées sont présentées suivant deux catégories : L’administration publique , comme cadre général où agit et évolue le Ministère des Finances et de la Privatisation, et les partenaires (usagers, médias, universités, organismes) en tant que sources de connaissances externes et destinataires des actions de communication du Ministère. 6-1-2-1 Opportunités et menaces au niveau de l’administration publique Plusieurs facteurs font du Ministère des Finances et de la Privatisation une administration moderne et un département précurseur en matière de réforme administrative : l’importance des investissements en TIC, l’ouverture sur l’usager et la simplification des procédures administratives, en plus de l’initiation de projets novateurs tels que GISRH et GID. Inscrit de pleine force dans le programme national d’administration électronique, le Ministère marque des avancées au niveau de son projet E-Finances, constitué des projets des différentes directions : E-Douanes, Système Oujour, Télé-déclaration fiscale, EBudget, etc. Le projet E-gov serait resté, cependant, fragmenté en raison du cloisonnement entre les directions et de l’absence de communication autour du projet à l’échelle du Ministère. Chacun des projets constituant le projet e-gov possède son propre langage et ses propres outils (en raison parfois de la différence des cibles), ainsi, peu de projets dépassent les frontières des directions qui les ont initiés. Ceci reviendrait, à notre avis, à l’absence d’une stratégie de communication aussi bien interne qu’externe autour du projet e-gov du département, et qui permettrait d’intégrer les projets des directions dans un cadre global, offrant au personnel et aux usagers une vision d’ensemble sur les réalisations du Ministère dans ce domaine. 210 6-1-2-2 Opportunités et menaces au niveau des partenaires et usagers externes : L’ouverture sur les usagers et les partenaires du Ministère constitue l’une des prérogatives du département. En 2003, une enquête de satisfaction a été menée et a permis d’identifier l’image que reflète le Ministère auprès des lauréats des grandes écoles. Le site Internet permet aux usagers d’accéder en ligne à plusieurs prestations informationnelles et transactionnelles. Des initiatives ont été également lancées pour maîtriser les relations avec les médias, canal principal de communication vers les usagers et le citoyen en général. L’élaboration d’une stratégie média pour le Ministère (dans le cadre d’un mémoire de Cycle Supérieur de l’ESI214), en plus de la création d’une base de données des médias ont balisé le terrain pour une gestion efficace des relations du Ministère avec ces organes, d’autant plus que le département est de plus en plus présent dans les manifestations nationales (Journée de la femme, Forums des grandes écoles d’ingénieurs…) et même internationales (14ème congrès de Association Internationale des Sciences Economiques tenu en Août 2005 à Marrakech). En outre, les contenus publiés sur le Ministère par la presse nationale, sont analysés dans des grilles de lectures générales et thématiques, afin de ressortir les principales positions et tendances de la presse quant aux décisions et à la politique du Ministère. Par ailleurs, un grand manque serait à signaler au niveau de la collecte et du traitement de l’information économique et financière, nécessaire aux activités opérationnelles du Ministère. En effet, les informations et les données produites par des institutions telles que Bank Al Maghrib ou la Direction des statistiques sont exploitées ad hoc, par les services ayant un besoin précis. Cependant, pour un même besoin d’information, plusieurs requêtes seront faites par plusieurs demandeurs, auprès, parfois de plusieurs sources. Une même requête peut ainsi, trouver plus d’une réponse selon les sources consultées, d’où parfois une discordance entre les informations produites au sein du département, par deux direction différents : ex. Direction des Etudes et des Prévisions Financières, Direction du Trésor et des Finances extérieures. FAHMI, M. Eléments d’une stratégie de communication marketing pour l’amélioration des relations média du Ministère des Finances et de la Privatisation. Cycle des Informatises Spécialisés : Rabat : ESI, 2005. 214 211 En outre, le Centre de Documentation du Ministère procède depuis quelques années à la réception des thèses et des mémoires soutenus par des fonctionnaires du Ministère ou se rapportant aux métiers de celui-ci. Ces travaux, bien que traités, indexés et conservés par le Centre, restent sous exploités, vu qu’ils ne sont pas signalés à leurs utilisateurs potentiels. En effet, bien qu’un service de Diffusion Sélective de l’Information soit livré au profit des responsables du Ministère par la Division de la Communication et de l’Information, relevant de la DCI, son apport serait limité, vu qu’il se base sur des profils dressés à la lumière de besoins déclarés individuellement, et non par rapport aux besoins en informations stratégiques des services. A titre d’exemple, un service opérant dans le domaine des banques sera alerté par tout document se rapportant à la gestion bancaire, mais rarement par un document traitant de l’évolution récente d’un ratio particulier. C’est ce que nous avons considéré comme étant une information sur le système (about) et non au sein du système (in).. Ainsi, l’organisation du système de collecte, de traitement et de diffusion de l’information économique et financière et la focalisation sur l’information stratégique du département devrait resituer ces services d’information par rapport aux besoins opérationnels du personnel. Cette méconnaissance des besoins réels en information serait étroitement liée à la méconnaissance des savoirs potentiels existant au niveau des sources externes. En effet, les rares outils permettant d’accéder à ces sources sont souvent spécifiques aux entités les ayant crées : bases de données des fournisseurs, des médias, etc. De plus, ces outils manquent généralement d’éléments à connotation subjective permettant d’orienter le personnel dans ses choix (ex. position d’un média). Par ailleurs, les stages et missions constituent un moyen d’exploration des connaissances externes. Certains services ont procédé à l’archivage des rapports de mission (Inspection Générale des Finances), mais aucune exploitation effective ne serait faite à une large échelle du Ministère (en raison notamment des restrictions liées à la confidentialité). En effet, il serait très utile pour une personne partant en mission de consulter les rapports des missions antérieures effectuées auprès du même organisme, et d’avoir à sa disposition la traçabilité des décisions déjà prises. 212 Enfin, les risques de départ des compétences, suite aux retraites, aux mutations, aux nominations ou encore aux décès, restent très présents en l’absence d’une politique d’identification et de capitalisation des expériences. Le tableau ci-après, présente sommairement les principales opportunités et menaces caractérisant l’environnement externe du Ministère. Elément Opportunités Menaces - - d’analyse Administration publique - Image du Ministère en tant Absence de communication qu’administration moderne (réformes, autour du projet E-gov au modernisation) ; sein du MFP. Participation du Ministère au projet Egov « Administration en ligne » Usagers - Initiation de projets visant l’ouverture - méconnaissance des savoirs sur l’environnement : existants au niveau des - E-services (ex. Dédouanement en partenaires et pouvant ligne) intéresser le Ministère. - Enquêtes de satisfaction, - Site internet des marchés publics ; - Développement des relations avec les collecte et de traitement de médias ; l’information économique - absence d’un système de et financière opérationnelle. - Presse et médias - Déphasage entre les Présence du Ministère dans les services d’information manifestations et forums universitaires ; offerts au personnel Veille, Analyse de l’image du Ministère à travers DSI) et les besoins enquêtes d’opinion et grilles de lecture opérationnels des services. de la presse. Universités: - Réception des mémoires et thèses au - recherches universitaires ; niveau du Centre de Documentation du partenaires - Ministère. Organismes Non exploitation des Faible exploitation des rapports de missions ; - Stages et missions - Mobilité externe et départ volontaire à la - Risque de perte des compétences à cause des retraite. départs. Tableau n° 13 : Opportunités et menaces de l’environnement externe du MFP. 213 Conclusion : L’analyse de l’environnement interne et externe du Ministère a permis de relever des éléments utiles pour l’élaboration d’une stratégie de gestion des connaissances au niveau du Ministère des Finances. Au niveau de l’environnement interne, le Ministère présente des potentialités intéressantes aussi bien au niveau de la composante humaine, qu’au niveau des processus et de l’infrastructure technique. En effet, le capital humain bénéficie d’un taux d’encadrement élevé (40%) et d’un taux de diplômés en croissance (32%). Les actions de formation continue et de communication sont plus fréquentes et mieux ciblées. De nouvelles méthodes de gestion et de formalisation des procédures sont introduites au niveau organisationnel (gestion axée sur le résultat, gestion en mode projet…) et plusieurs projets (GPEC, GISRH, SIGBC) ciblent la réingénierie des processus et participent à un renouvellement des méthodes de gestion des projets informatiques. De plus, une volonté de modernisation anime les équipes du Ministre et balise le terrain aux changements préconisés. Parallèlement, une importante infrastructure technique accompagne le déroulement de ces projets, et supporte les sites Internet et Intranet du département, ainsi que les différents sites Intranet des directions et les différentes bases de données métier des directions du Ministère. Cependant, des lacunes persistent au niveau de chacun des domaines précités. Le Capital Humain souffre en effet d’une « hémorragie » de compétences due en partie à l’opération du départ volontaire engagée en 2005 (départ de près de 1660 fonctionnaires dont 52% classés à l’échelle 10 et plus) et à la mobilité externe. A ces départs, s’ajoute l’absence de mesures d’identification et de capitalisation des compétences existantes et des projets initiés et la persistance de l’esprit de réticence au partage de l’information, en l’absence de mesures d’évaluation de la performance globale et d’incitations au partage de l’information et de l’expertise. Des disparités persistent entre services centraux et services extérieurs en matière de méthodes de gestion et d’infrastructure technique. Plusieurs contenus restent sous exploités, notamment ceux constitués par les sites web et les systèmes de Gestion Electronique des Données. 214 Au niveau de l’environnement externe, le Ministère jouit d’une image positive à l’échelle de l’administration publique, en tant qu’organisme public pionnier en matière de réforme administrative. Le projet E-finance, qui s’inscrit dans le cadre du projet E-gov de l’administration marocaine se traduit par des projets spécifiques aux directions du département. Une stratégie globale de communication serait à même de conférer à ce projet une vision intégrée à l’échelle du département et en relation avec ses partenaires. En outre, plusieurs actions de communication et d’information, ainsi que des services en ligne ciblent les partenaires du Ministère. Les sources externes sont exploitées à travers enquêtes d’opinion, grilles de lecture de la presse et missions. Malgré cela, le Capital Environnement reste mal connu du Ministère et ses ressources sous exploitées (information économique et financière, thèses, rapports de missions..). Le système de gestion de l’information économique et financière reste également en deçà des attentes des services du Ministère, dont les besoins en informations opérationnelles se font de plus en plus importants. 215 6-2 Analyse de l’environnement de la DAAG (pilote de la stratégie) Nous avons opté pour l’analyse de l’environnement interne et externe de la DAAG dans le but de relever les opportunités et menaces face à une éventuelle conduite, par cette entité, de la stratégie de gestion des connaissances pour le Ministère. 6-2-1 Analyse des forces et faiblesses de l’environnement interne de la DAAG Depuis le début de cette décennie, la DAAG s’est investie dans un processus itératif de modernisation. Au niveau stratégique, de grands chantiers de réformes furent ouverts, nous en avons présentés les plus important au début de cette partie. En outre, de par la nature transverse de ses attributions, la DAAG s’est vue également engagée dans une démarche de modernisation pour tout le Ministère et que les projets objets de notre étude permettent d’illustrer. Au niveau opérationnel, une réelle transformation des modes de gestion et des outils de travail fut constatée (actions de communication, publications, Intranet/Internet, messagerie…). Le travail en mode projet est de plus en plus ancré dans les pratiques managériales de la direction, devenant une règle au sein même des structures conventionnelles (services, divisions…). Bien qu’il s’avère d’une efficacité prouvée, le travail en mode projet connaît plusieurs lacunes au sein de la direction, en l’occurrence, l’absence d’actions d’évaluation à posteriori, du genre « After Action Review », et dont l’objectif serait de détecter les causes d’échec et les catalyseurs de succès, afin de les exploiter pour des projets futurs. D’autre part, et comme signalé précédemment, l’évaluation des performances, étant considérée au niveau des entités, et non d’un point de vue global, elle favorise indirectement la rétention de l’information et inhibe le partage du savoir. Enfin, la méconnaissance des apports de la gestion des connaissances par les cadres et les responsables de la direction, constitue également une entrave au développement d’une culture de partage du savoir, et de là, à la réussite d’un projet KM pour le Ministère, et dont la DAAG serait le chef de file. 6-2-2 Analyse externe (Opportunités et menaces) Les facteurs externes à la DAAG présentent plusieurs opportunités à la Direction pour la prise en charge de la fonction KM au niveau du Ministère. 216 En effet, la transversalité de ses attributions concourt à faire de la direction un pivot du Ministère en matière de fonctions clefs, telles que la formation, la communication, la GRH et les systèmes d’information. Les chantiers initiés par la DAAG, permettent d’une part de moderniser les processus cibles de ces projets, et d’autre part d’améliorer l’image que projette la direction auprès des autres directions du Ministère et des partenaires externes (ex. fournisseurs). En outre, qu’il s’agisse de projets communs ou d’attributions transverses, des réseaux formels et informels se constituent autour de la direction (comité de la formation, comité Internet/Intranet, responsables d’archives,…). Ils perdurent ou disparaissent selon la nature de l’activité, mais gardent presque toujours la DAAG pour point focal. Les menaces de l’environnement externe sont également présentes. Elles se manifestent essentiellement dans l’inactivité de certains des réseaux précités et qui pourraient avoir un apport important en balisant le terrain devant la stratégie KM. Ainsi, des réseaux inactifs tels que ceux des archivistes, des documentalistes ou informels tels que ceux des contrôleurs financiers et des Inspecteur des Finances devraient être rétablis afin d’accompagner le projet dans toutes ses étapes. Les cloisonnements constatés entre les directions pourraient également entraver la bonne marche du projet KM au sein du Ministère, en entraînant le lancement d’actions et d’outils isolés au niveau de chacune des directions. Enfin, les traces d’une ancienne image de la direction, en tant que direction à faible taux d’encadrement et simple gestionnaire des ressources humaines, budgétaires et logistiques, risquent d’entraver la réussite d’un tel projet. 217 6-3 Elément d’une stratégie de gestion des connaissances pour le MFP. 6-3-1 Evaluation du niveau de maturité en matière de gestion des connaissances Avant l’implantation de toute nouvelle stratégie de gestion des connaissances, l’étude du niveau de maturité de l’organisation s’avère nécessaire. Plusieurs modèles ont été développés aussi bien au niveau académique qu’au niveau pragmatique. Le choix d’un modèle particulier dépend des besoins du Ministère et des aspects les plus considérés dans l’évaluation (Personnel, Processus et technologies). Le choix du modèle dépend également du degré de complexité désiré, et qui peut aller d’une simple grille de questions, comme celles extraites du Modèle de Rolls Royce215 : - l’organisation dispose-t-elle d’une stratégie pour remédier aux départs ? - les bonnes pratiques sont-elles identifiées ? - le partage des connaissances est-il récompensé ? à des Modèle automatisés comme ONTOKOM216 développé par Hefke, et Kleiner et qui permet aux organisation de s’auto-évaluer par rapport à un modèle de maturité et leur fournit les recommandations exigées pour atteindre un niveau supérieur. 6-3-2 Eléments d’une stratégie de gestion des connaissances suivant le modèle du « Learning Mix ». Comme il a été présenté au niveau de la revue de la littérature, plusieurs approches concourent à la définition et à la mise en place d’une stratégie de gestion du savoir. La plupart de ces modèles (comme ceux par exemple, de l’APQC, de Wiig et de Skyrme) sont progressifs, allant de la sensibilisation du management et l’étude de l’existant, au choix des priorités et au lancement des projets pilotes. Des mesures parallèles sont préconisées par les auteurs afin de cerner les aspects culturels et organisationnels de cette stratégie. D’un autre côté, le modèle «Learning Mix »217 propose une vision intégrale de l’organisation, impliquant les aspects organisationnels et culturels à côté des aspects stratégiques et technologiques. Nous tenterons de développer, dans les paragraphes qui suivent, les grandes lignes d’une stratégie de gestion du savoir pour le Ministère, en se basant sur le modèle 215 INFORMATION TECHNOLOGY SOCITIES PROGRAM. VISON Project. Knowledge Management Maturity Model, juin 2003. http://km.aifb.uni-karlsruhe.de/fzi/vision/ 216 HEFKE, M., FRANK, K. OP.Cit. 217 MOINGEON, B., PERRIN, A. Op.Cit. 218 du « Learning Mix » et en enrichissant chacune de ses dimensions par des éléments puisés dans les principales approches préconisées par les auteurs. Figure n°14 : Eléments de la stratégie de gestion des connaissances suivant le Modèle Learning Mix218 6-3-2-1 Eléments en relation avec la dimension culturelle Les auteurs considèrent que cette facette est la plus difficile à appréhender du fait qu’elle fait référence à des aspects incontrôlables de l’organisation. Il s’agit essentiellement de décider quelles valeurs conviendrait-il de modifier ou d’acquérir afin de développer une identité apprenante. Ainsi, parmi les premières phases d’introduction du KM au sein de l’organisation, Karl Wiig219 propose de : - Développer une vision autour du KM dans l’organisation et obtenir l’adhésion du Management ; - Créer un environnement de confiance et de communication autour des rôles et fonctions qu’occupe le personnel en se basant sur la responsabilisation individuelles (accountability) ; - Mettre en place un système de motivation pour inciter le personnel à la gestion du savoir à l’échelle individuelle et collective, et démontrer les apports du KM à l’ensemble du personnel. En effet, La réussite d’une stratégie globale de gestion du savoir pour le Ministère est tributaire du soutient que porterait le Management au projet de gestion des 218 218 219 PERRIN, A. La valorisation des pratiques de gestion des connaissances : outils de mesure et mesure des outils. Op. Cit. Wiig, K. The Intelligent Entreprise and Knowledge Management. Op.Cit. 219 connaissances. Les actions de sensibilisation précédant le lancement du projet permettraient de clarifier les avantages qu’apporterait l’intégration du concept aux modes de gestion et d’en faire Le projet du Ministère. Dans ce sens, la feuille de route proposée par l’APQC220 préconise de clarifier, lors de la première phase, les apports du knowledge management dans un langage clair, compréhensible par tous, en choisissant un slogan convaincant. A titre d’exemple, trois apports sont présentés par Morgan Henrie et Oliver Hedgepeth221 : - Le savoir produit peut être utilisé de part et d’autre dans l’organisation pour des besoins similaires d’application (éviter de réinventer la roue) ; - En étant utilisé, un savoir peut être déclaré obsolète (invalidated) et des processus peuvent être créés pour le supprimer et le remplacer par de nouvelles connaissances. - A travers l’utilisation du savoir organisationnel, de nouveau produits peuvent émerger et favoriser le développement de l’organisation. En outre, cultiver un environnement où le personnel jouit d’une autonomie d’action est l’une des conditions les plus favorables à la création et au transfert de connaissances. Nonaka et Takeuchi considèrent qu’en autorisant le personnel à agir de façon autonome, l’organisation peut augmenter ses chances d’introduire des opportunités inattendues222. Etant responsabilisés, les cadres sont plus confrontés à des cas d’essai/échec et de là, à plus de situations d’apprentissage. Le développement d’une culture de partage des connaissances dépendrait dans une large mesure du niveau de confiance qui règne dans l’organisation. Dans ce sens, Prax considère le manque de confiance comme un obstacle au partage des connaissances, étant donnée l’importance qu’elle revêt comme élément favorisant la performance collective223. Cette confiance requiert selon l’auteur, l’existence des conditions suivantes : 220APQC. Op.Cit. HEDGEPETH, O. “Size Is Important In Knowledge Management”. In. Journal of Knowledge Management Practice.[en ligne]. August 2003 Disponible sur Internet http://www.tlainc.com/articl53.htm Page visitée le 12/08/2005 222 NONAKA,I., TAKEUCHI, H. L’entreprise créatrice, la dynamique de l’entreprise apprenante. Bruxelle : De Boeck, 1997. p. 96107 223 PRAX, J-Y. Le rôle de la confiance dans la performance collective. Texte de la conférence pour l'ouverture du KM Forum 2001, le 25 septembre 2001, au Palais des Congrès, Paris. http://www.polia-consulting.com/media/publications/UPL18348_confiance.pdf page consultée le 10/08/2005. 221 HENRIE,M., 220 La réciprocité (jeu gagnant-gagnant) : J'accepte de donner mes idées au groupe, mais j'attends que les autres membres en fassent autant ; La paternité (identité, reconnaissance) : J'accepte de donner une bonne idée à mon entreprise, et de voir cette dernière transformée en une innovation majeure, mais je ne tolèrerais jamais de voir l'idée signée du nom de mon chef à la place du mien ; La rétroaction (feed-back du système) : L'erreur est la première source d'apprentissage ; à condition d'avoir un feed-back du système. Dans un groupe, l'erreur doit être admise, c'est un signe très fort de la confiance et du fonctionnement effectif du groupe. En revanche on ne devrait jamais laisser quelqu'un la dissimuler ; Le sens (unité de langage, de valeurs) : Une connaissance strictement personnelle ne peut être partagée que par l'utilisation d'un code et d'une syntaxe connue d'un groupe social. En outre, il est important que le système d’incitations, de motivation et de promotion du personnel prenne en considération les efforts déployés par chacun pour partager un savoir, capitaliser sur une expérience ou diffuser une bonne pratique. De telles mesures, seraient à même de faire de la gestion du savoir une pratique courante au sein du Ministère. 6-3-2-2 Eléments en relation avec la dimension stratégique La dimension stratégique concerne en premier lieu, le choix du type de stratégie à déployer et l’usage qui sera fait des ressources intellectuelles de l’organisation224. Cette phase correspond chez d’autres auteurs (Wiig, Skyrme..) à l’Identification des priorités KM et à la cartographie des connaissances. Ces éléments dépendent en premier des objectifs assignés à la stratégie. a- Objectifs de la stratégie Il est évident que la stratégie globale du Ministère en matière de gestion du savoir se base sur des objectifs liés à la création, à la capitalisation et au transfert du savoir. Il n’en reste pas moins que chaque direction devrait définir, dans le cadre de cette stratégie, ses propres objectifs, qui découlent essentiellement des résultats du Knowledge Audit et des orientations stratégiques de la Direction. Ces objectifs une fois définis, conduiraient ensuite au lancement des projets pilotes qui permettraient de répondre à ces objectifs. 224 MOINGEON, B., PERRIN, A. Op.Cit. 221 b- Type de stratégie à adopter Il s’agit de choisir entre la mise en place d’une stratégie orientée codification, ayant pour objectif de mieux utiliser le savoir existant et de procéder à sa formalisation ; et une stratégie orientée personnalisation, et dont l’objectif est d’encourager le contact interpersonnel, afin de favoriser la création de nouveaux savoirs et la conversion des nouvelles idées en produits et services. (Connect Vs Collect) Le choix du type de stratégie dépend du type de produits et services offerts par l’organisation et du type de savoir utilisé225. La codification sera adoptée lorsqu’il s’agit de produits et services prédéfinis et normalisés, avec une utilisation accrue de savoirs explicites. La personnalisation sera préférée dans le cas où le savoir tacite prend de l’importance, et où les produits et services sont plus basés sur l’innovation. Aussi, pour le Ministère des Finances, conduire une stratégie visant à identifier, à capitaliser et à utiliser le savoir existant, constitue-t-il une voie incontournable pour assurer une meilleure efficacité de gestion et éviter la déperdition des connaissances stratégiques internes (savoir ce qui est su et éviter de réinventer la roue), essentiellement pour les processus à caractère répétitif où le savoir explicit est le plus dominant. La création de nouveaux savoirs et la concrétisation des idées proposées par le personnel, représentent également un créneau important pour le ministère, vu l’évolution continue de l’environnement national et international. Des processus comme la conception de publications et de sites web ainsi que la conduite d’études et d’enquêtes seraient des processus appropriés pour l’application d’une stratégie de personnalisation. Toutefois, la combinaison des deux stratégies au niveau d’un même processus reste déconseillée par les auteurs. En effet, Hansen et al. Avaient identifié un taux d’échec important chez des organisations ayant tenté d’exceller dans les deux types de stratégies. « When we initially looked at how consulting companies manage knowledge, we found that they all used both the codification and the personalization approaches. When we dug deeper, however, we found that effective firms excelled by focusing on one of the strategies and using the other in a supporting role. They did not try to use both approaches to an equal degree. »226 c- Cartographie des savoirs (knowledge mapping) 225 AUSTRALIE, Primary Health Care Research & Information Service, Knowledge management: Maintaining organisational memory. In JournalWatch, May 2002 –http://dev.phcris.org.au/publications/jwatch/JWMay2002.pdf page visitée le 06/09/2005 226 HANSEN MT, NOHRIA N, TIERNEY, T. Op. Cit. 222 La cartographie des connaissances s’intègre à un processus plus global d’audit du savoir, qui passe par l’évaluation de la culture de l’organisation et l’analyse des flux de connaissances et des réseaux sociaux. Il recourt à la cartographie des connaissances pour repérer les lacunes existantes en matière de savoir. Cartographier les connaissances du Ministère, reviendrait à notre avis, à procéder, au sein de chaque direction, à l’identification des savoirs clé, nécessaires à l’accomplissement des fonctions opérationnelles, à la localisation des experts et au repérage des contenus sous-exploités. i- Identification des savoirs clé L’identification des savoirs clé au niveau de chaque direction est une étape primordiale pour la mise en place d’une gestion des connaissances. Un savoir sera considéré comme « savoir clé » s’il détermine l’atteinte des objectifs stratégiques de l’entité en question. Il peut être : - explicite (chiffre, rapport, tableau…) ou Tacite (contact, appréciation, intuition) ; - Sur le système (réalisation d’audit, Elaboration de la revue de presse, ) ou au sein du système (source d’information, expérience, contacts, …). Pour chaque processus, une fiche sera créée, elle: - recensera les savoirs requis pour la réalisation des tâches ; - mentionnera s’ils sont existants ou manquants ; - signalera un classement des savoirs identifiés suivant leur degré d’importance par rapport aux objectifs du processus en question. 223 Exemple : Fonction : Gestion des achats pour l’administration Centrale, Sur la fiche d’identification des savoirs clé, les savoirs exigés par la fonction sont listés par ordre d’importance. Une confrontation avec l’existant du terrain s’impose ensuite pour vérifier si les savoirs identifiés comme nécessaires sont disponibles, et si des mesures sont prises pour les capitaliser (quand ils existent) ou pour les acquérir le cas échéant. Le tableau suivant illustre cette identification des savoirs : Fiche d’identification des savoirs clé Fonction : Gestion des Achats du Ministère Processus : Elaboration du programme prévisionnel des achats Savoirs identifiés Disponibles Formalisés Non Mesures Mesures à disponibles prises 1. Aptitude à utiliser la Oui Non prendre Guide morasse budgétaire ; d’usage de la morasse 2. Aptitude à établir un Oui Non Formaliser la programme méthode prévisionnel ; utilisée. 3. Contacts des Oui Non Liste correspondants au de contact niveau des directions. 4.Capitalisation sur les Oui Non Base donnée programmes de Rapport analytique prévisionnels précédents. Tableau n° 14 : Exemple d’une fiche d’identification des savoirs clés. On constate d’après le tableau ci-dessus, que tous les savoirs identifiés comme nécessaires, au niveau du processus exemple, sont disponibles, mais sont souvent propres aux personnes qui les détiennent. Il convient donc de les formaliser et de les capitaliser en créant les outils nécessaires (guide, rapport analytique, liste de contacts partagée, méthode d’élaboration du programme formalisée… ). Ces outils seront signalés sur le site Intranet afin que les services similaires dans d’autres directions puissent les exploiter. 224 ii- Localisation des experts La localisation d’expert peut s’effectuer en parallèle avec l’identification des savoirs clés. Pour chaque processus, une personne ou deux seront identifiées comme étant Les experts du processus ou même d’une partie du processus, en posant la question, qui est le plus à même de faire… Une note de 1 à 2 sera affectée à l’expert identifié signifiant que : Note 1 : l’expert est unique à posséder ce savoir ; dans ce cas, une mesure de capitalisation s’avère urgente, soit : pour un savoir explicite, en créant les outils nécessaires (listes, guides, …), soit pour un savoir tacite, en désignant une personne pour l’accompagnement de l’expert et l’apprentissage au fur et à mesure. Note 2 : au moins deux personnes possèdent ce savoir. Dans ce cas, seule la création d’outils de capitalisation est nécessaire. Fiche d’identification des savoirs clé Fonction : Gestion des Achats du Ministère Processus : Elaboration du programme prévisionnel des achats Savoirs identifiés Disponibles Personnes note expertes Aptitude à utiliser de la morasse Oui prévisionnel ; Mesures s prises à prendre Guide d’usage Oui Contacts des correspondants au niveau des directions. Mesure disponibles - budgétaire ; Aptitude à établir un programme Non Oui M. FFF Mme GGG 2 - de la morasse Formaliser la méthode. Liste de contact 1 Accompagneme nt de la personne pour établir des Capitalisation sur les programmes Oui contacts prévisionnels précédents. personnels. Base de Rapport donnée analytique Tableau n°15 : Exemple d’une fiche d’identification des experts et des savoirs clés. 225 La localisation de ces experts permettra de constituer un système de localisation de l’expertise aboutissant à un répertoire d’experts, permettant de retrouver des personnes clés qui ont acquis de l’expérience et des connaissances importantes dans des champs précis. A l’occasion de chaque mouvement du personnel, départ à la retraite …, la consultation de ce répertoire indiquera si cette personne est un expert dans son domaine, et si des mesures de capitalisation ont été prises pour pérenniser son expertise, en procédant également à la mise à jour régulière de ce répertoire L’automatisation de ce répertoire et sa mise en ligne sur l’intranet du Ministère permettraient à chacun de définir un profil suivant lequel la recherche multicritère fournirait une liste des experts correspondants. Cette automatisation est actuellement prise en charge par des outils logiciels tels que227: Agilience - Expertise Finder - www.agilience.com Kamoon - Kamoon Connect Solution - www.kamoon.com Participate - Participate Enterprise 3 - www.participate.com Sopheon - Accolade Q&A Center – www.sopheon.com Tacit - ActiveNet - www.tacit.com La vocation de tels outils est de faciliter la recherche d’experts susceptibles d’aider un individu en lui faisant partager ses connaissances. Au-delà de la simple recherche d’experts, un système de localisation d’expertise gère la mise en relation des individus et peut capitaliser les échanges. Aussi, cet outil serait-il particulièrement utile pour mettre en liaison les compétences des différents services du Ministère, centraux et extérieurs. La mise en place d’un tel système pourrait être couplée à l’usage des blogs personnel, pour voir apparaître à coté des noms retrouvés d’experts, leurs sites web professionnel, où sont retracées expériences, conseils et bonnes pratiques. de toute évidence, de telles réalisations ne peuvent avoir lieu, sans une forte volonté de partage de l’nformation et des connaissances parmi le personnel du Ministère. 227 Exemples cités par Gille BALMISSE sur son site http://www.gillesbalmisse.com/ page consultée le 12/06/2005 226 iii- Repérage des contenus inexploités (BD, Intranets, Projets…) Le repérage des gisements de savoirs ou « repositories » devrait se faire pour chaque entité administrative, et non par processus, car souvent, des collections documentaires sont crées hors processus, vu qu’elles répondent à des besoins diversifiés, souvent plus larges qu’un processus ou une fonction, on peut citer à titre d’exemple : - Les recueils thématiques crées par métier : Assurances, Contrôle, Ressources Humaines…) ; - Les contenus affichés sur les intranets des directions ; - Les projets qui permettent la constitution d’une documentation parallèle. Le tableau suivant offre l’exemple d’une fiche permettant le repérage de contenus sous exploités au sein d’une direction donnée : Entité administrative : Direction … Type du contenu : Intranet Description Support Usage Cible Mode Observation Mesure à prendre d’archivage Site intranet Electronique Consultation Personnel de la Par cumul direction Absence de Concevoir un base de système d’archivage données pour pour les documents gérer du site avec les possibilité de documents recherche du site et multicritères. permettre Evolution vers un des portail utile pour le recherches. travail quotidien (procédures, méthodes de travail, comment faire pour…). Tableau n° 16 : Exemple d’une fiche de repérage des contenus inexploités A l’issu de la collecte des données sur les savoirs, les experts et les contenus de la direction, une analyse détaillées s’impose, en vue d’une part, de lister les outils à créer pour capitaliser sur les savoirs existants, et d’autre part, de proposer les mesures à 227 prendre en vue d’acquérir les savoirs manquants. La centralisation de ces réflexions à l’échelle du Ministère, s’impose ensuite en vue de trouver des pistes communes et d’éviter la déperdition des efforts. 6-3-2-3 Eléments en relation avec la dimension organisationnelle Au niveau de la dimension organisationnelle, Moingeon et Perrin228 considèrent qu’il s’agit en priorité de formaliser les rôles dédiés au KM en répondant à la question : qui fait quoi en matière de KM ? (Unité centrale de KM, Knowledge Chief Officer…), et de repenser les structures de l’organisation afin de favoriser la création et le partage des connaissances. La création d’une entité centrale de gestion des connaissances au sein du département semble constituer un premier pas vers la fédération des efforts à déployer en matière de Knowledge Management. a- Création de l’Unité de Gestion des Connaissances (UGC) La création d’une entité chargée d’organiser la fonction KM au sein du Ministère se justifie par la nécessité de disposer d’une équipe dédiée au projet, d’abord, dans ses phases d’implémentation afin de veiller à la définition de la stratégie, des priorités et des projets pilotes à initier ; ensuite, durant les phases suivantes pour assurer la coordination des actions des différents relais au sein des directions et pour évaluer l’impact de la pratique du KM au sein du Ministère. En effet, bien que Denning229considère qu’il n’existe pas d’organisation type pour la fonction de KM, il est toutefois nécessaire d’avoir : - Une unité centrale de coordination ayant la responsabilité de coordonner et de suivre le processus de changement dans l’organisation ; - Des relais couvrant toute l’organisation ; - Des communautés de pratiques ou Help Desks comme outils ; - L’habilité à prendre des décisions quant à la politique générale de l’organisation. Aussi, L’Unité de Gestion des Connaissances (UGC) aurait-elle pour mission de : - Définir les orientations stratégiques en matière de gestion du savoir, par rapport aux orientations globales du Ministère (approche Top-down) 228 MOINGEON,B., PERRIN, A. Op. Cit. DENNING, S. Strategy of Knowledge Management, [en ligne] http://www.stevedenning.com/stategy_knowledge_sharing.html page visitée le 02/05/2004. page visitée le 25/03/2005 229 228 - Orienter les actions en matière de gestion du savoir en centralisant les retours d’information quant à l’état du savoir au niveau du Ministère et sur les besoins des différentes catégories du personnel (approche Bottom-Up). Des outils informationnels devraient permettre de localiser les expertises, les bases de données et les expériences cumulées à l’échelle du département. b- Place de L’Unité de Gestion des Connaissances dans l’organigramme du Ministère La place de l’UGC dans l’organigramme reste un choix stratégique, à établir par le département. Denning230 précise qu’il n’y a pas de réponse clé, chaque organisation devrait situer l’unité de gestion des connaissances selon sa politique et ses préoccupations. Pour le Ministère des Finances et de la Privatisation, nous proposons que cette entité soit attachée à la Direction des Affaires Administratives et Générales (DAAG). Cette position lui permettrait de bénéficier : - d’une visibilité et d’un pouvoir horizontal de décision, vu le caractère transverse des attributions de la DAAG ; - des ressources humaines et logistiques de la direction, ainsi que d’une des comités transverses du Ministère ; - des expertises développées au sein de la direction en matière de formation, de communication et de systèmes d’information. c- L’équipe de l’UGC L’équipe de l’UGC est une équipe multidisciplinaire, elle devrait regrouper d’une part, des profils spécialisés dans les métiers du Ministère (Macro-économie, finances et comptabilités publiques,…) et d’autre part, des spécialistes dans les domaines annexes (Droit, management, informatique, communication…), et ce, afin d’assurer la complémentarité des différents membres de l’équipe. D’une dizaine de personnes au plus, cette équipe, dédiée à plein temps, se charge d’assurer une gestion systématique et cohérente des connaissances au sein du Ministère. Il s’agit de : 230 DENNING, S. Strategy of Knowledge Management. Op. Cit. 229 - Veiller à la définition des objectifs stratégiques en matière de gestion des Connaissances et qui découler aussi bien des orientations stratégiques du Ministère, que des conclusions tirées suite aux cartographies du savoir, réalisées au sein de chaque Directions ; - Valider les choix stratégiques en coordination avec la direction concernée (décideurs et gestionnaires) ; - Coordonner et guider les efforts entrepris par les relais de l’UGC au niveau des directions. Les projets initiés par chaque relais sont consolidés au niveau de l’UGC et ce, afin de : - - Estimer leur pertinence et leur faisabilité, - Capitaliser sur les initiatives déjà entreprises au niveau d’autres directions ; - Allouer les ressources nécessaires, humaines, budgétaires, logistiques ; Procéder à la centralisation des produits générés par ces projets afin de permettre leur utilisation par tout le Ministère (répertoire d’experts, guides méthodologiques, bonnes pratiques…). Définir les orientations straté stratégiques en KM Située au niveau de la DAAG (vision transverse) TopTop-down Équipe pluridisciplinaire Relais au niveau des directions UGC Unité de Gestion des Connaissances BottomBottom-Up Orienter les actions Recueillir les besoins centraliser les outils Figure n° 15 : Missions de l’UGC au sein du Ministère 230 d- Les équipes KM au niveau des directions Au niveau de chaque direction, l’équipe chargée de la gestion des connaissances se compose : - du knowledge manager, comme chef d’équipe, chargé de coordonner les efforts et d’assurer la liaison avec l’UGC. - des membres de l’équipe, qui sont également les représentants de la direction au sein des comités transverses du Ministère. i- Présentation des comités transverses du Ministère Afin de mener à bien leurs attributions transverses, plusieurs entités de la DAAG sollicitent auprès des directions du Ministère de désigner un interlocuteur permanent chargé d’une fonction donnée. Cette désignation peut être faite dans le cadre d’un projet délimité dans le temps (ex. création du catalogue collectif du Ministère, ce projet avait requis la mise en réseau de tous les responsables de centres de documentation du Ministère), ou au service d’une activité récurrente, exigeant la concertation continue autour d’une même activité (ex. le Comité Internet/Intranet qui rassembles les chargés de communication du Ministère autour des préoccupations relatives aux sites Internet et Intranet du Ministère). Les comités formalisés sont les suivants : - Le Comité Internet intranet : Créé en 2002, il regroupe mensuellement les responsables communication des différentes directions et a pour objectifs de : - Coordonner la publication de documents sur les sites Internet et Intranet du Ministère, avec les différentes directions ; - Veiller au respect de la charte graphique ; Veiller à l’harmonisation et à la synchronisation des informations publiées sur les différents sites des directions. - Le Comité pédagogique de la Formation : regroupe 12 responsables formations (1 représentant de chaque direction) en plus des 5 responsables de la formation à la DAAG. Son objectif est de collecter les besoins en formation des différentes directions, et d’aboutir à l’élaboration du plan de formation transverse. Ce comité se réunit 4 fois par an. - Le Comité stratégique des systèmes d’information : Crée depuis 2000, il regroupe des représentants des services informatiques des directions. Parmi ses objectifs : coordonner 231 les efforts en matière de réseaux informatiques, œuvrer pour la réduction des coûts et la fiabilisation du support. - Le Comité de la sécurité informatique : Il a été crée en 2005 pour assurer la collaboration en matière de sécurité informatique à l’échelle de ministère. Les réunions de ces deux comités sont irrégulières. Quant aux réseaux non formalisés, il s’agit principalement des : - Responsables Documentation - Responsables Archives - Responsables Ressources Humaines Qu’ils soient formels ou informels, les membre de ces comités agissent certes de façon horizontale (dans le cas de comités formalisés), ce qui leur offre une vue transverse de ce qui se fait au niveau du Ministère. Cependant, aucune interaction n’existe au niveau interne de chaque direction entre les membres de plusieurs comités (responsable formation, responsable Communication, responsable informatique…). Cette situation crée des silos entre ces comités et empêche l’émergence d’une vision globale et intégrée des fonctions transverses du Ministère. ii- Les équipes KM au niveau des directions Afin de remédier à ce « cloisonnement » entre les différentes fonctions transverses, il serait intéressant que l’équipe KM de chaque direction soit constituée des membres de ces comités transverses. La mise en relation de ces différents membres offrirait à la fonction KM une synergie d’action et une vue précise des points clés de la Direction. Celle-ci disposerait ainsi d’une équipe support, dont les activités seraient complémentaires au diagnostic « métier » opéré par le knowledge manager en collaboration avec les gestionnaires de la Direction. Ainsi, l’équipe KM de la direction serait constituée des responsables suivants (au sens fonctionnel du terme et non hiérarchique) : - Responsable communication (également responsable Intranet/Internet); - Responsable documentation - Responsable archives - Responsable Formation ; - Responsable Informatique ; - Responsable Ressources Humaines ; 232 Le schéma présenté ci-dessous illustre cette composition horizontale et le regroupement vertical en équipe KM au sein des directions. Organisation des équipes KM au sein des Directions Direction 1 Direction 2 DAAG Direction 3 Direction i Resp. Com Resp. Com Resp. Doc Resp. Doc Resp. sites web Resp. sites web UGC Resp. Com Resp. Com Resp. Doc Resp. Doc Resp. sites web Resp. sites web Resp. RH Resp.RH DRH Resp.RH Resp. RH Resp. Formation Resp.Formation DFC Resp.Formation Resp. Formation Responsable informatique Responsable informatique Responsable informatique Responsable informatique DCI DI Équipe KM de la direction Figure n° 16 : Constitution des équipes KM des directions du Ministère. iii- Les kowledge managers au niveau des directions du Ministère Le knowledge manager est le leader de l’équipe KM de la Direction, il est désigné parmi les cadres les plus dynamiques de la direction, disposant d’une vue assez globale du métier de cette entité, de ses attributions et de ses modes d’organisation. Son profil est lié aussi bien aux métiers du Ministère qu’aux aspects techniques de la gestion de l’information et de la connaissance et à l’informatique. La mission principale du Knowledge Manager est de veiller à la gestion cohérente et intégrée des connaissances de la direction, en harmonie avec les orientations stratégiques de la direction et celles du Ministère. Son action au niveau de la direction suit les étapes suivantes : - Sensibilisation du management et du personnel, afin de gagner leur adhésion ; il s’agit d’attirer leur attention aussi bien sur l’importance de 233 la gestion des connaissances, que sur la nécessité d’entreprendre des mesures facilitant la création et le partage des connaissances (aplatir les hiérarchies, créer des espaces d’échanges et de partage des connaissances, offrir des opportunités pour l’expression des nouvelles idées et l’innovation en matière de « façons de faire ». - Etablissement d’un diagnostic général de l’état des connaissances au sein de la direction. Il s’agit de procéder par étape, en réalisant une étude des besoins, un audit informationnel, puis un audit du savoir (knowledge audit) au niveau de chaque entité de la direction, ce qui permet de tracer la cartographie des informations et connaissances utilisées et/ou requises par l’ensemble des services de la direction. - Coordonner son action avec l’équipe KM. Les membres de cette équipe lui offriraient des vues thématiques concernant leurs fonctions respectives. Les échanges établis entre eux permettraient de mener des actions plus réfléchies. - Etablir les priorités stratégiques à la lumière des résultats du diagnostic et des orientations de la direction. Ces choix seraient faits en réflexion commune entre le Knowledge Manager, les membres de l’équipe KM et les décideurs de la direction. - Communiquer ces choix stratégiques à l’Unité de Gestion des Connaissances au niveau de la DAAG. Après consolidation des besoins de toutes des directions. Cette cellule procédera au lancement de projets transverses. - Les projets considérés comme propres à la direction concernée seront lancés par cette direction. Les produits issus de ces projets, ainsi que les leçons apprises (réussites et échecs, méthodes employées, participants aux projets) seront capitalisées au niveau de l’Unité de Gestion des Connaissance. 234 Organisation de la fonction KM pour une direction exemple DAAG UGC Coordination des actions des équipes des directions Identification des priorités stratégiques en matière de KM pour le MFP Identification des priorités stratégiques en KM pour la direction Direction i Équipe KM Knowledge manager Orientations stratégiques du Ministère Orientations stratégiques de la Direction Resp. Com Resp. Doc Résultats de la cartographie des connaissances Resp. RH… Système d’information Figure n° 17 : Organisation de la fonction KM au sein du Ministère iv- Le rôle de la DAAG : La structuration de la Direction autour de fonctions de support (formation, communication, informatique, Organisation) en parallèle des fonctions métier de la Direction (Budget et comptabilité, Logistique, GRH) offre une infrastructure pouvant permettre : D’assister l’UGC dans l’accomplissement de ses missions ; D’assister les knowledge managers et leurs équipes en vue de renforcer une fonction transverse donnée (formation, communication, informatique…) ; De suivre la conduite des chantiers à caractère transverses en matière de gestion des connaissances en collaboration avec les différents knowledge managers des directions et leurs équipes. e- Repenser les structures de l’organisation En plus de la formalisation des rôles dédiés au Knowledge Management, c’est en fait l’ensemble de la structure et des modes de fonctionnement de l’entreprise qui doivent 235 être repensés afin de faciliter création et partage des connaissances. Moingeon et Perrin précisent qu’il s’agit des éléments suivants : un fonctionnement en équipes transversales autours de projets ; peu de niveaux hiérarchiques ; un nombre limité de procédures formalisées ; un décloisonnement des entités avec des salariés organisés en réseau ; l’existence de communautés de pratiques. L’organisation en mode projet étant déjà en place au niveau du Ministère, il s’agit essentiellement de favoriser sa généralisation à toutes les directions, surtout celles à réseaux, et son accompagnement en matière de capitalisation des bonnes pratiques et de revue de projet (Project Review) en vue de détecter les causes éventuelles des échecs ou des retards constatés. D’autre part, les communautés de pratiques constituent des outils efficaces de gestion des connaissances, à travers lequel les membres partagent leurs expériences, s’échangent les meilleures pratiques qu’ils ont pu observer et font connaître les démarches et outils qu’ils ont développés. Ces communautés rassemblent sur la base du volontariat, des individus partageant la même passion (pour un métier, un produit, une technologie…), adoptant un fonctionnement proche des organisations associatives. Les membres d’une communauté de pratiques définissent leurs propres règles de fonctionnement ainsi que leurs objectifs, ils n’attendent de l’organisation q’un soutien logistique, Intranet, bulletin interne… et l’autorisation de consacrer une partie de leur temps à l’animation de la communauté231. A titre d’exemple, Xerox, avec le projet EUREKA, fut un pionnier en la matière en favorisant l’émergence d’un groupe de pratiques impliquant tous les réparateurs de photocopieurs partageant une expertise pratique bien supérieure aux recommandations théoriques contenues dans les processus de réparation. Au niveau du Ministère, le point de départ serait d’identifier les réseaux formels et informels et de diagnostiquer les lacunes éventuelles en vue de promouvoir la constitution et la formalisation de communautés de praticiens tels que les Financiers, les Statisticiens, les Economistes, les Informaticiens , les Informatistes … En se créant des espaces communs sur l’intranet, ces groupes favoriseront la création de connaissances et le partage des expériences. MOINGEON, B. «Gestion des connaissances et entreprise apprenante ». In. Peut-on former les dirigeants ? L’apport de la recherche. Moingeon B. (éd.) 2003. p.193. 231 236 Par ailleurs, le travail en mode projet s’avère l’un des moteurs clé de la création des connaissances. Les structures projets permettent de susciter l’apprentissage par Orienté métier Gestion du contenu interactions entre des individus -ou des groupes dotés de connaissances spécialisées. Selon Torandeau, « les structures - Weblogs professionnels - Localisation d’experts fondées sur les projets et processus - Produits de la capitalisation paraissent plus susceptibles Fonctionnaires Cartographie des savoirs d’apprendre et decontenus générer des progrès continus » 232. Expertise Usagers Intranet UGC Savoir-faire Partenaires Communautés de pratiques Connaissances Échange d’expériences Meilleures pratiques Transfert des compétences Figure n° 18 : Présentation du système de gestion des connaissances proposé pour le Ministère 6-3-2-4 Eléments en relation avec la dimension technologique Composante la plus tangible, c’est celle qui a davantage retenu l’attention des organisations depuis l’avènement du KM. Deux approches se présentent 233 : une consistant principalement à favoriser la codification des connaissances, afin de les rendre accessibles et utilisables par le personnel, et l’autre, consistant à mettre l’accent sur « la personnalisation » en encourageant le dialogue entre les employés, afin d’inciter la création et le transfert de connaissances. A chacune de ces deux approches correspondent les outils appropriés et dont l’utilisation reste liée à des processus organisationnels et cognitifs qu’il convient de développer en parallèle. Au niveau du Ministère, l’infrastructure technologique étant déjà en place, c’est essentiellement la prise en compte de l’apport des TIC à la création, à la capitalisation et au partage des connaissances qui permettrait de fructifier leur usage. 232 233 TORANDEAU, J-C. Op. Cit. MOINGEON, B., PERRIN, A. Op. Cit. 237 D’innombrables applications sont rendues possibles par les technologies de l’information : portail Intranet et outils collaboratifs, messagerie, forums, outils de formation en ligne, outils de workflow… La littérature abonde d’exemples, mais une précision est souvent soulignée par les auteurs, c’est la nécessité de se focaliser sur le personnel et sur ses besoins pour la réalisation de ses tâches quotidiennes234. Il s’agit de : Se focaliser sur les besoins des usagers, et non sur les promesses de la technologie (Focuses on user needs – not technology promises) ; Soutenir les objectifs et les processus de l’organisation (Directly supports the organization’s goals and processes) ; Favoriser la collaboration et le travail en communautés (Enables collaboration and communities) ; Permettre l’apprentissage, l’innovation et le partage des meilleures pratiques. (Inspires learning, innovation and new thinking through sharing best practices); Met en exergue les réalisations des équipes du terrain. (Promotes and delivers bottom-line results). A un niveau plus opérationnel, la gestion de l’information constitue un préalable de taille à la gestion des connaissances. Qu’il s’agisse de gisements d’information au niveau des sites Internet et Intranet, ou des rapports, dossiers et bases de données isolés, l’information est souvent sous exploitée au sein du Ministère. Elle est souvent volatile, éphémère et utilisée ad hoc pour les besoins de l’instant. Le souci d’archiver correspond généralement à un stockage en masse rendant difficile une exploitation future. Aussi, est-il important de repenser la gestion de l’information au sein du Ministère, d’abord en identifiant l’information stratégique et celle nécessaire à la prise de décision afin d’améliorer son traitement, puis en optimisant l’exploitation des outils déjà existants : fonctionnalités de recherches dans les archives des sites web, intégration des bases de données juridiques du Ministère, Centralisation des données macroéconomiques…et enfin en procédant à la mise à jour régulière des informations et des savoirs codifiés et stockés : « As the company knowledge asset changes, methods and procedures are required to update the system to reflect the new knowledge and to delete the invalidated knowledge sources »235. SARNOFF, A.,WIMMER,T. “Knowledge Management and Intranets. Putting People First”. In Points of Views. BursonMarteller. N°7, Winter 2002-2003. pp 1-4. http://www.burson-marsteller.com/pdf/knowledge_pov.pdf 235 HENRIE, HEDGEPETH, Op. Cit. 234 238 Par ailleurs, l’investissement technologique nécessaire pour supporter une stratégie de gestion des connaissances, dépend du type de stratégie adoptée. Il sera d’autant plus lourd que les besoins de codifications seront ressentis, offrant au personnel des gisements de documents et d’information accessible à distance, avec des possibilités sophistiquées de recherche. Pour une stratégie orientée personnalisation, l’investissement est plus léger et consiste à développer des systèmes liant les personnes entre elles et permettant de rechercher des experts. 239 Conclusion L’analyse des environnements internes et externes du Ministère des Finances et de la Privatisation, et de la Direction des Affaires Administratives et Générales, nous a offert un champ fertile à la proposition d’une stratégie de gestion des connaissances pour le Ministère. Par ailleurs, l’évaluation du degré de maturité en matière de Knowledge Management constitue à notre avis une étape préalable, permettant à l’organisation de se situer par rapport au concept et aux pratiques en cours. Devant la diversité des modèles proposés par les auteurs et les consultants pour la mise en œuvre de la stratégie KM, nous avons opté pour le Modèle du « Learning Mix », dont les auteurs nous ont confirmé l’applicabilité u secteur public. Composé de quatre dimensions, le modèle précité offre une vision intégrale de tous les aspects de l’organisation. Ainsi, au niveau de la dimension culturelle, il est nécessaire de favoriser le développement, au sein du Ministère, d’une vision autour de la gestion des connaissances, et d’obtenir l’adhésion du Management, de créer un environnement de confiance et de communication autour des rôles et fonctions qu’occupe le personnel en se basant sur la responsabilisation individuelles, de mettre en place un système de motivation pour inciter le personnel à la gestion du savoir à l’échelle individuelle et collective, et de démontrer les apports du KM à l’ensemble du personnel. La dimension stratégique concerne de son côté, la définition des objectifs par rapport aux orientations stratégiques de l’organisation et le choix du type de stratégie à déployer (exploitation Vs exploration) ainsi que l’usage qui sera fait des ressources intellectuelles de l’organisation. Concernant ce dernier point, une cartographie des savoirs est proposée, incluant d’une part l’identification des savoirs clé et des experts et d’autre part le repérage des contenus inexploités et l’optimisation de leur usage. Au niveau de la dimension organisationnelle, la création au sein de la DAAG d’une entité centrale pour la gestion des connaissances permettra d’agir transversalement et de fédérer les efforts déployés au niveau des équipes chargées de la gestion des connaissances au sein des directions. Ces équipe seront chargées de sensibiliser le personnel, de cartographier le savoir au sein de leurs direction et de remonter les outils 240 crées et les actions entreprises en vue d’une centralisation et un accès partagé pour tout le Ministère. En outre, des mesures organisationnelles favorisant la création et le partage des connaissances s’imposent, dont essentiellement l’organisation des équipes en mode projet et l’initiation de communautés de pratiques. Enfin, la dimension technologique appelle plus à une focalisation sur les besoins du personnel et des usagers qu’à des investissements supplémentaires en technologies. L’exploitation et la capitalisation des gisements existants ainsi que l’amélioration des systèmes de gestion de l’information constituent les préalables à un système global de gestion des connaissances au sein du Ministère. 241 CONCLUSION GENERALE De plus en plus, la connaissance et la compétence constituent des ressources clé déterminant les performances des organisations. Le Ministère des Finances et de la Privatisation a été précurseur dans le lancement du processus de réforme administrative, et plusieurs projets inscrits dans ses programmes stratégiques, mettent en œuvre des actions liées aux systèmes d’information, à la communication et à la gestion et au développement des compétences. Ces actions constitueraient les prémisses d’une gestion des connaissances au sein du département. L’étude que nous avons menées durant la période 2003-2005 a eu pour objectif principal, de vérifier dans quelle mesure les projets de modernisation transverses inscrits au Plan d’Action Stratégique 2003, de la Direction des Affaires Administratives et Générale, permettent de mettre en œuvre les bases d’une gestion des connaissances au sein du Ministère des Finances et de la Privatisation. Elle a visé, en deuxième lieu, la proposition des grandes lignes d’une stratégie pour la gestion du savoir au sein du Ministère. 1re objectif : Présentation des projets objets de l’étude et des produits qui en résultent ; Les vingt projets objets de l’étude permettent la mise en œuvre de trente cinq produits, dont 40% permettent d’offrir des services d’information et se présentent aussi bien sur supports papier (42%) qu’électroniques (40%). Les autres produits mettent en œuvre des procédures ou une réorganisation administrative. 89% des outils produits par les projets sont destinés au personnel du Ministère, dont la plus grande partie (42%) le couvre en totalité, Les usagers du Ministère bénéficiant de 11% de l’ensemble des produits à travers, notamment, l’enquête de satisfaction et le site Internet. D’autre part, les projets objets de notre étude suscitent essentiellement des actions d’information et de consultation (54%), d’applications de procédures (23%) et de prise de décision (17%). Ils sont en grande partie largement diffusés soit par le biais des sites Internet et/ou Intranet (26%), soit en diffusion libre (14%), essentiellement pour les publications. 242 Les produits constituant des outils de travail (Applications informatiques, référentiel des compétences) représentent 11% de l’ensemble des produits. La diffusion sur demande concerne 9% des produits et permet de répondre à des demandes d’information, (accueil, veille) et de formation à distance par le biais de l’Intranet. 2ème objectif : Etude des projets par rapport aux critères relatifs à la Gestion des Connaissances ; Quatre critères définis à la lumière de la revue de littérature sur le concept «Knowledge Management» nous ont permis de percevoir comment les projets objets de notre étude agissent sur l’état du savoir au niveau du Ministère. Il s’agit des critères suivants : 1- Les éléments du Capital Intellectuel, à savoir : le Capital Humain, le Capital Processus et le Capital Environnement ; 2- Les processus de gestion des connaissances : Création, capitalisation et transfert ; 3- Les modes de conversion des connaissances : Combinaison, intériorisation, extériorisation et socialisation ; 4- Les types de connaissances : sur le système, au sein du système. La collecte des données relatives aux projets s’est basée d’une part sur les documents relatifs aux projets et d’autre part, sur une enquête par interview qui a ciblé les chefs des projets objets de l’étude. La catégorisation des projets par rapport au Capital Intellectuel a permis de constater une nette dominance de ceux relatifs au Capital Processus (55%), suivis de projets relatifs au Capital Humain (30%). Les projets en liaison avec le Capital Environnement ne représentent que 15% de l’ensemble des projets. Cette prédominance de projets au sein du Capital Processus reviendrait d’une part, à la tendance actuelle à formaliser la communication interne et externe du Ministère et d’autre part à la volonté de maîtriser les processus pour les mettre à plat, les codifier et les automatiser. 243 Au niveau du Capital Humain, à côté d’un développement remarquable des actions de transfert des connaissances favorisées notamment par les publications, les sites intranet et Internet et la formation, des efforts restent à déployer afin de promouvoir la création de connaissances et ce, par l’initiation de changements culturels : communication, échanges, innovation ; et de changement des modes de management : autonomie, responsabilisation, nouvelles méthodes de travail et organisation transversale en mode projet. Bien que des avancées soient déjà réalisées au sein du Ministère, un cadre global, formalisé et réfléchi permettrait de fructifier ces efforts. Par ailleurs, les projets étudiés favorisent une dynamique de conversion des connaissances au niveau du Capital Humain (combinaison, intériorisation et extériorisation représentent 33% chacune) ce qui témoignerait d’une prise de conscience de l’élément humain au sein du Ministère. Au niveau du Capital Processus, les projets favorisent création, capitalisation et transfert de connaissances. Cette diversité d’actions reflète une forte activité de production des connaissances, d’autant plus que la combinaison de savoirs est la plus dominante (73%), à côté de l’extériorisation, ce qui témoigne d’une tendance affirmée pour la formalisation de savoirs tacites. L’absence de projets permettant l’intériorisation du savoir (au sein du Capital Processus, signale le risque de submersion de l’organisation par des connaissances produites mais mal assimilées (information overload)236, ce qui pourrait être comblé par des actions visant l’optimisation des outils de traitement de l’information (ex. moteurs de recherche, catalogues…), et l’intégration des connaissances explicites dans les pratiques de l’organisation (ex. discussion de rapports d’activité, mise en application d’études, réalisation participative des chartes…). Au niveau du Capital Environnement, on note l’absence de projets relatifs à la capitalisation de savoir provenant de l’environnement, ce qui interpelle la conduite d’une étude globale des partenaires du Ministère et des points de contacts existants au sein du département. 236 NONAKA, I., TAKEUCHI, H, « The Knowledge-Creating Company. How Japanese Companies Create the Dynamics of Innovation. Op. Cit., p. 82. 244 Cette étude permettrait de cerner les sources externes de connaissances et d’identifier les outils déjà créés au sein du Ministère. Il revient ensuite aux gestionnaires de les enrichir par les appréciations objectives et subjectives du personnel (ex. Efficacité et réactivité d’un fournisseur, position d’un journal...)et à constituer une documentation sur les partenaires les plus sollicités (organisations internationales, Bureaux d’études, Ministères des finances étrangers…), de façon à appuyer la prise de décision et les départs en mission. En outre, de nouveaux partenariats, notamment avec les entreprises, les instituts de recherche et les universités seraient à même d’assurer au Ministère de nouvelles sources de connaissances. D’autre part, la totalité des projets relatifs au Capital Environnement favorisent une extériorisation des connaissances. Ce qui témoigne d’une volonté de cerner l’environnement et de maîtriser les relations avec les partenaires et les usagers (enquête de satisfaction, système d’accueil, relations médias). Les autres modes de conversion restent à développer, en l’occurrence, la combinaison, qui revient à utiliser les données collectées pour produire de nouvelles connaissances (exploitation des mémoires, rapports de missions,...) et l’intériorisation qui revient à assimiler les signaux provenant de l’extérieur (méthodes de travail, meilleures pratiques, expériences,…), et à les intégrer dans les pratiques organisationnelles du Ministère. Concernant le type de connaissances favorisées par les projets, elles sont « sur le système » pour 95% des projets étudiés, décrivant et accompagnant le déroulement des processus du Ministère (chartes, guides, publications, enquête). Ce constat pourrait trouver explication dans la nature transverse des projets étudiés. Il est toutefois recommandé d’étudier les besoins communs aux directions, traitant les aspects métiers et pouvant faire l’objet de projets transverses. En guise de conclusion par rapport à notre hypothèse de base sur la pratique spontanée du Knowledge Management au sein du Ministère des Finances et de la Privatisation, nous pouvons confirmer –dans la mesure du champ de l’étude- que le département connaît une importante activité de création, de capitalisation et de transfert des connaissances. Il s’agit cependant, d’une connaissance : 245 Sur le système, décrivant les activités et les évènements, par opposition à une connaissance intégrée au métier et permettant d’améliorer la performance administrative, d’où la nécessité d’accorder plus d’intérêt à la gestion des connaissances métier, surtout celles revêtant un caractère stratégique pour le Ministère ; Explicite, d’où la nécessité d’accorder une attention particulière à la formalisation des savoirs tacites, qui constituent le moteur de l’activité administrative, et de déployer des efforts pour favoriser l’intériorisation de ces connaissances explicites par le personnel afin de les intégrer au processus de l’administration ; Destinée massivement au personnel, d’où l’importance d’optimiser les outils de gestion de l’information, afin de faciliter le repérage de l’information et éviter les stockages massifs. Des mesures culturelles et organisationnelles permettraient d’encourager le partage horizontal des connaissances sont à initier. Il s’agit à titre d’exemples de : la création et l’animation de communautés de pratiques, l’utilisation du concept de blog à caractère professionnel, la récompense des efforts de partage de connaissances… 3ème objectif : Proposer les contours d’une stratégie de gestion des connaissances pour le Département des Finances. La mise en place d’une stratégie de gestion des connaissances permettrait d’offrir un cadre global, où les efforts déployés seraient plus canalisés et mieux exploités et mis en valeur. Dans ce sens, l’analyse des environnements internes et externes du Ministère des Finances et de la Privatisation, et de la Direction des Affaires Administratives et Générales, nous a révélé les principales forces et opportunités à saisir et faiblesses et lacunes à combler en vue de proposer les éléments d’une stratégie de gestion des connaissances. La mise en place d’une telle stratégie reste, cependant, tributaire d’une évaluation du degré de maturité du Ministère en matière de Knowledge Management « Knowledge Management Maturity level », ce qui constitue, à l’unanimité des auteurs, une étape préalable, permettant à l’organisation de se situer par rapport au concept et aux pratiques en cours. 246 Devant la diversité des modèles proposés par les auteurs et les consultants pour la mise en œuvre de la stratégie KM, nous avons opté pour le Modèle « Learning Mix », dont les auteurs nous ont confirmé l’applicabilité au secteur public. Ce modèle offre une vision intégrale des dimensions culturelle, stratégique, organisationnelle et technologique de l’organisation. Ainsi, au niveau de la dimension culturelle, il est nécessaire de favoriser le développement au sein du Ministère d’une vision autour de la gestion des connaissances et d’obtenir l’adhésion du Management. La création d’un environnement de confiance pour le partage des connaissances, la responsabilisation individuelle, ainsi que la mise en place d’un système de motivation basé sur les efforts de partage des expériences et des meilleures pratiques, permettraient d’inciter le personnel à la gestion du savoir à l’échelle individuelle et collective. La dimension stratégique concerne de son côté, la définition des objectifs par rapport aux orientations stratégiques de l’organisation et le choix du type de stratégie à déployer (exploitation Vs exploration), ainsi que l’usage qui sera fait des ressources intellectuelles de l’organisation. Concernant ce dernier point, une cartographie des savoirs est proposée, incluant l’identification à la fois des savoirs clé et des experts du Ministère, ainsi que le repérage des contenus sous exploités et l’optimisation de leur usage. Au niveau de la dimension organisationnelle, la création au sein de la DAAG d’une entité centrale pour la gestion des connaissances permettra d’agir transversalement et de fédérer les efforts déployés au niveau des équipes chargées de la gestion des connaissances au sein des directions. Chapotées chacune par un Knowledge Manager, ces équipes puiseraient leur personnel au sein des comités déjà existants au sein du Ministère (comité de formation, comité Internet/Intranet…), et se chargeraient de sensibiliser le personnel, de cartographier le savoir au sein de leurs directions et de remonter les outils crées et les actions entreprises, en vue d’une centralisation et d’un accès partagé pour tout le Ministère. 247 En outre, des mesures organisationnelles favorisant la création et le partage des connaissances s’imposent, dont essentiellement l’organisation des équipes en mode projet et l’initiation de communautés de pratiques. Enfin, la dimension technologique, appelle plus à une focalisation sur les besoins du personnel et des usagers, qu’à des investissements supplémentaires en technologies. L’exploitation et la capitalisation des contenus informationnels existants ainsi que l’amélioration des systèmes de gestion de l’information, constituent les préalables à un système global de gestion des connaissances au sein du Ministère. En guise de conclusion, il serait utile de rappeler qu’à travers la présente recherche, nous aspirons à l’initiation d’une série de travaux autour de ce nouveau concept. Il s’agit à titre d’exemple d’approfondir l’analyse des axes suivants : - La formalisation des méthodes de capitalisation des projets de modernisation, - L’analyse des pratiques de partage d’expérience de populations jugées à forte valeur ajoutée au sein du Ministère (juristes, économistes, informaticiens, chargés de communication,…) et ce, en complément aux études des besoins réalisées préalablement dans le cadre de mémoires du Cycle des Informatistes Spécialisés. Des études peuvent également être conduites en vue d’améliorer l’apport de certains outils à la gestion des connaissances au sein du Ministère des Finances et de la Privatisation. Il s’agit par exemple de : - L’amélioration du contenu du site Intranet du département ; - Le recentrage des services d’information autour des besoins opérationnels des services du ministère (recueil juridiques, indicateurs macroéconomiques…) ; - L’étude des moyens à mettre en place pour initier les communautés de pratiques et les weblogs personnels à caractère professionnels au sein du Ministère. Enfin, il serait important de rappeler que ces travaux seraient difficiles à entreprendre en l’absence d’un cours dédié au « Knowledge Management » au niveau du cursus des deux cycles de formation de l’Ecole des Sciences de l’Information. Il serait ainsi primordial de pousser la réflexion vers l’institution de cours et de séminaires relatifs notamment à « La gestion des connaissances au sein des projets », « Le partage des connaissances et les technologies de l’information et de la communication », ou encore « Les stratégies de gestion des connaissances au sein du secteur public ». 248 - Bibliographie et webographie générales Monographies : Giard, V. Gestion de projets. Economica : Paris, 1991. Hajji, N. L’insertion du Maroc dans la société de l’information et du savoir : Pour une nouvelle vision. Casablanca : Afrique orient, 2001. Leroy, F. « Apprentissage organisationnel et stratégie ». In. Repenser la stratégie, fondements et perspectives, dirigé par Hérvé Laroche et Jean-Pierre Nioche. Paris : Vuibert, 1998. Moingeon, B. « Gestion des connaissances et entreprise apprenante ». In. Peut-on former les dirigeants ? L’apport de la recherche. Moingeon B. (éd.) 2003. Nonaka, I et Takeuchi, H. 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Il s’agit de la collecte, du traitement documentaire et de la numérisation. Des notes de services de toutes les Directions du MFP et organismes sous tutelle ; Des circulaires du Ministre des Finances et de la Privatisation ; Des circulaires du 1er Ministre ; Des circulaires du Ministre de la Modernisation des Secteurs publics. Elle intègrera en outre, tous les textes réglementaires ayant trait aux activités du Ministère, ainsi que ceux d’intérêt général tels que la Constitution, le Statut de la Fonction Publique, le Décret des marchés publics,… Année de réalisation : 2003-2004 Produits : Base de données documentaire (texte en Pdf) Support : Electronique (1750 enregistrements en fin novembre 2005) Utilisateurs Cible : Personnel du Ministère Moyen d’accès : Intranet du Ministère, recherche multicritères Mise à jour : Ajout systématique des nouvelles notes et circulaires Intitulé du projet : 2- Réalisation du Répertoire téléphonique du Ministère Division : Division de la communication et de l’Information Objectifs : permet de retrouver les coordonnées d’un responsable au sein du Ministère (Services centraux et extérieurs). Il s’agit de l’édition d’un répertoire téléphonique du MFP, tiré en 10.000 exemplaires. Une application informatique a été développée pour faciliter la recherche des coordonnées des responsables du MFP, et permet une mise à jour rapide et facile du répertoire 258 Cette nouvelle édition comprend des éléments d’information supplémentaires, à savoir : Les adresses électroniques de l’ensemble des responsables ; Les coordonnées des responsables des structures régionales des directions à réseaux ; Année de réalisation : 2003 Produits : Base de donnée du répertoire téléphonique. Répertoire sur papier (à partir de la base de données) Support : Papier et électronique Utilisateurs Cible : Version papier : Responsables du Ministère Version électronique : Personnel et usagers externes Moyen de diffusion : Document papier : Directement diffusé aux responsables Base de données : accessible sur les portails Internet et Intranet du Ministère. Intitulé du projet : 3- Elaboration de la charte d’archivage Division : DCI Objectifs : disposer d’une référence unifiée et normalisée pour la gestion des archives au Ministère. La Charte d’Archivage du Ministère définira les archives et la chaîne d’archivage au Ministère depuis la création des documents à leur archivage définitif ou élimination en passant par le traitement, la communication et les calendriers de conservation. Année de réalisation : 2005 Produits : Charte d’archivage Support : Papier Utilisateurs Cible : Responsables archivage Moyen de diffusion : Directement livrée aux intéressés Intitulé du projet : 4- Réalisation du kit projets Division : DCI Objectifs : recenser et présenter des informations sur les projets initiés au sein du Ministère. Année de réalisation : en cours Produits : Kit projets (document recensant les grands projets du Ministère) 259 Support : Papier Utilisateurs Cible : Personnel du Ministère Moyen de diffusion : Largement diffusé Intitulé du projet : 5- Réalisation du Guide du fonctionnaire Division : DCI Objectifs : fournir toute l’information utile au fonctionnaire au sein du Ministère : services sociaux, procédures diverses… Année de réalisation : 2005 Produits : Guide du fonctionnaire Support : Papier Utilisateurs Cible : Personnel du Ministère Moyen de diffusion : Diffusé aux fonctionnaires et aux nouvelles recrues. Intitulé du projet : 6- Réalisation du Guide du Ministère Division : DCI Objectifs : présenter les attributions et les organigrammes du Ministère, de ses Directions et des organismes sous tutelle Année de réalisation : 2005 Produits : Guide du Ministère Support : Papier (réalisé en deux formats A4 tiré en 7000 exemplaires et 30*54 cm tiré en 700 exemplaires) Utilisateurs Cible : Responsables du Ministère + certains Organismes ex. Ambassades. Moyen de diffusion : Directement diffusé aux intéressés. Intitulé du projet : 7- Veille informationnelle pour le Ministère Division : Division de la communication et de l’Information Objectifs : répondre aux requêtes des cadres et responsables du Ministère en rapport avec leurs activités professionnelles (il s’agit en réalité d’un service de recherche d’information, plutôt que d’une veille informationnelle). Année de réalisation : 2003 Produits : - Service de réponse aux requêtes - Base de donnée bibliographique (adresses de sites Internet) Support : Electronique Utilisateurs Cible : Service de veille : Cadres et responsables du Ministère Base de données archive : tout le personnel 260 Moyen d’accès : Intranet du Ministère. Intitulé du projet : 8- Diffusion Sélective de l’Information (DSI) Division : Division de la communication et de l’Information Objectifs : Vise à satisfaire les besoins informationnels des cadres et responsables du Ministère suivant des profils préétablis. Année de réalisation : 2003 Produits : Service de DSI Base de données archives Support : Electronique Utilisateurs Cible : Cadres et Responsables Moyen de diffusion : Le document est directement envoyé aux intéressés (par profil), les archives cumulées sont accessibles sur l’Intranet du Ministère. Intitulé du projet : 9- Catalogue Collectif Virtuel (CCV) Division : DCI Objectifs : Constituer un catalogue collectif des collections disponibles au sein des entités documentaires du Ministère. Année de réalisation : 2004 Produits : - Rapport sur la normalisation de la gestion des unités documentaires du Ministère - Base de données constituée des références bibliographiques de toutes les collections du Ministère. (près de 8000 références bibliographique en fin novembre 2005) - Protocole de fonctionnement237 - Le site CCV Finances - Dépliant Support : Papier : Rapport, Dépliant Electronique : Base de données documentaires, Site CCV- Finances Procédure : Protocole de fonctionnement. Utilisateurs Cible : Personnel du Ministère (utilisation prévue sur Internet) Moyen de diffusion : Intranet du Ministère (Extranet du centre de documentation du Ministère (CDM)) Site Internet du Ministère, Recherche multicritère Communication externe, 4 projets Intitulé du projet : 1- Développement de relations avec les Médias 237 Le protocole de fonctionnement, le site CCV et le dépliant ne figurent pas dans la liste des produits étudiés, vu que leur conception n’était pas prévue à la date de l’étude. 261 Division : DCI Objectifs : Ce projet a pour objectif d’élaborer un fichier sur les médias et en organisant des points de presse pour assurer la communication. Un mémoire a été réalisé en parallèle avec le projet visant l’élaboration d’une stratégie Médias pour le Ministère. Année de réalisation : 2004 Produits : Fichier Médias. Stratégie médias du Ministère Support : Electronique (Fichier) Papier (Mémoire) Utilisateurs Cible : - Le fichier Médias : Personnel du service des Relations Publiques - La stratégie médias : Décideurs du Ministère pour. Moyen de diffusion : Accès à la base de donnée au niveau du service des Relations Publiques. Intitulé du projet : 2- Enquête de satisfactions auprès des usagers du Ministère (Sondage d’opinion auprès des publics présents aux Forums et Salons des Grandes Ecoles, ayant connu la participation du MFP) Division : DCI Objectifs : Evaluer l’image de marque du Ministère auprès des usagers externes (Lauréats des grandes écoles). Année de réalisation : 2002-2003 Produits : Rapport de sondage support : Papier Utilisateurs Cible : Les décideurs Moyen de diffusion : Directement diffusé (pour prise de décision) Intitulé du projet : 3- Développement du système d’accueil Division : DCI Objectifs : Améliorer la qualité de l’accueil au niveau des entrées du Ministère. Année de réalisation : 2004 Produits : Application informatique au niveau des points d’accueil, permettant de repérer les entités administratives et les fonctionnaires ; Amélioration du service d’accueil ; Définition des procédures de l’accueil ; 262 Livret d’accueil : brochure de présentation du Ministère et de ses entrées ; Pratiques pour un accueil de qualité : Guide à l’usage des chargés de l’accueil238. Support : Service d’accueil : Service Application informatique : Electronique Procédures de l’accueil : procédure Guide et Brochure : papier Papier Utilisateurs Cible : Service d’accueil : Usagers internes et externes du Ministère. Application informatique : Agents chargées de l’accueil Procédures de l’accueil : Décideurs, Brochure : Personnel et visiteurs externes, Guide : Personnel et agents chargés de l’accueil. Moyen de diffusion : Points d’accueil (entrées du Ministère et standard téléphonique) Intitulé du projet : 4- Réalisation d’une charte graphique pour le site Internet du Ministère Division : DCI Objectifs : définir une nouvelle charte graphique pour le site Internet et restructurer le contenu présenté au niveau du site. rendre le portail Internet plus ergonomique et plus convivial ; développer une identité visuelle pour faciliter l’identification des productions du Ministère ; faciliter l’accès au contenu du site à un large public ; permettre l’accès personnalisé par profil ; dynamiser les fonctionnalités du site. Le site Web du Ministère est un portail thématique véhiculant une panoplie d’informations en rapport les métiers du Ministère. Il offre plusieurs services permettant d’effectuer des transactions à distance et de télécharger des formulaires administratifs, notamment avec l’Administration des Douanes et Impôts Indirects et la Direction Générale des Impôts. La procédure, le livret et le guide d’accueil ne figurent pas dans la liste des produits étudiés, vu que leur conception n’était pas prévue à la date de l’étude. 238 263 Année de réalisation : 2003 Produits : - Document spécifiant la charte graphique - Nouvelle présentation du site Support : document Papier et pages Web Utilisateurs Cible : Usagers du portail Internet du Ministère. Moyen de diffusion : la charte graphique est communiquée aux gestionnaires du portail ; la nouvelle présentation est évidemment destinée aux usagers du site. Communication interne, 2 projets Intitulé du projet : Développement de l’Intranet du Ministère Division : DCI Objectifs : Construire le portail intranet du Ministère et offrir au personnel du Ministère une source d’information riche et fiable donnant accès au à l’actualité du Ministère, aux documents et formulaires, aux services personnalisés. La principale nouveauté apportée par la restructuration du portail est la personnalisation du contenu, dans la mesure ou chaque usager accède après authentification à une page d’accueil dont le contenu est adapté à son profil. Ce dernier est déterminé par la direction d’appartenance (accès aux informations concernant sa direction) et par son niveau hiérarchique (accès aux dossiers administratifs des équipes subordonnées). Le contenu du portail est structuré suivant trois domaines : Informationnel : véhiculé par les rubriques «communication», « Documentation», «Activités » et «Annonces et avis » ; Décisionnel : la rubrique «tableaux de bord» permet aux responsables d’avoir une idée sur le budget et l’évolution des engagements afin de rationaliser leurs décisions ; Transactionnel : permet d’effectuer des transactions en ligne telles que : Demande de fournitures ; Réservation de véhicules ; Gestion des stocks ; Gestion du Parc-Auto ; Demande de congé… En outre, une rubrique «Nouvelles technologies» offre aux utilisateurs des services de veille technologique et téléchargement de logiciels. Ce site offre, par ailleurs, des services de messagerie électronique et permet ainsi au personnel de créer son propre compte e-mail et de le consulter en ligne. 264 Des sites dédiés aux grands projets du Ministère sont accessible depuis la page d’accueil du portail. Par ailleurs, l’accès aux documents publiés sur le site reste séquentiel en l’absence d’une base de données pour la gestion documentaire. Année de réalisation : 2002 Produits : Portail Intranet Support : Electronique Utilisateurs Cible : Personnel du Ministère Moyen de diffusion : Intranet Intitulé du projet : 2- Elaboration d’une charte de communication pour le Ministère Division : DCI Objectifs : Année de réalisation : 2005 Produits : Charte de communication Support : papier Utilisateurs Cible : Directeurs Moyen de diffusion : Directement diffusée aux personnes concernées, Intranet239 Publications, 2 projets Intitulé du projet : 1- Amélioration de la revue AL Maliya Division : DCI Objectifs : Améliorer la qualité de la revue du Ministère Année de réalisation : 2002 Produits : Revue Almalya dans sa nouvelle présentation Support : Papier (Trimestrielle, tirée à 8000 exemplaires par numéro). Utilisateurs Cible : Personnel du Ministère, autres organismes Moyen de diffusion : Large diffusion Intitulé du projet : 2- Réalisation d’une revue électronique Division : DCI Objectifs : Réaliser une revue électronique interne accessible sur l’Intranet du Ministère et fournissant des informations actualisées et diverses sur la vie du Ministère, les faits marquants, les nouveaux services sociaux. N.B. : les anciens numéros ne sont pas accessibles. Année de réalisation : 2003 Ce mode de diffusion n’a pas été prise en compte lors de l’analyse des produits, vue qu’il s’agit d’une action planifiée à une date postérieure à la période de l’étude. 239 265 Produits : Revue électronique Support : Electronique Utilisateurs Cible : Personnel du Ministère Moyen de diffusion : Intranet Formation et Gestion des Ressources Humaines, 3 projets Intitulé du projet : 1- Mise en place d’un dispositif de formation à distance Division : Division de la Formation et de la Coopération (DFC) Objectifs : Mettre en place un système de formation continue à distance pour le personnel du Ministère. Année de réalisation : 2003 Produits : Service de formation à distance Support : Electronique Utilisateurs Cible : Personnel du Ministère Moyen de diffusion : Internet et Intranet Intitulé du projet : 2- Système Intégré de Gestion des Ressources Humaines (GISRH). Intervenants : Division des Ressources Humaines, Division informatique, Consultant Objectifs : Mettre en œuvre un système intégré de gestion des Ressources Humaines Année de réalisation : 2004-2006 Produits : Système intégré Support : Electronique Utilisateurs Cible : Personnel du Ministère Moyen de diffusion : Intranet Intitulé du projet : 3- Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences (GPEC) Division : Division de l’Organisation et de la Programmation (DOP) Objectifs : L’amélioration de l’organisation du travail au sein des structures ; L’identification des postes de travail et l’élaboration des manuels de description des postes ; Le suivi des évolutions des activités, des postes et des effectifs ; L’analyse des besoins futurs en compétences ; La réduction des écarts entre les besoins prévisionnels en compétences et les ressources disponibles. Les travaux menés au sein de la DAAG ont permis d’identifier 144 postes de travail qui ont été ramenés à 90, suite à la réingénierie des processus correspondants. Un nouvel organigramme DAAG a été validé, comprenant 29 services au lieu des 33 de 266 départ. Année de réalisation : 2003-2004 Produits : Référentiel des compétences et réorganisation de la Direction. Réorganisation administrative Guide méthodologique Support : Mesures organisationnelles Utilisateurs Cible : Personnel du Ministère Moyen de diffusion : Application par le Management 267 Annexe n° 4 : Guide d’interview Guide d’interview Intitulé du projet : Chef du projet : 1- Quels sont les principaux objectifs de ce projet ? …………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………. …………………………………………………………………………. 2- Veuillez SVP confirmer que les actions ci-dessous sont celles réalisées ou prévue dans le cadre du projet en question (veuillez mentionner les différences le cas échéant). 3- Quel est le degré d’avancement du projet (veuillez indiquer le n° de la dernière action réalisée) …………………………………………………………………………………………………… ………… 4- Quel est le produit final de ce projet ? (plusieurs réponses possibles) Service Document papier Document numérique Base de données Procédure Etude, analyse 5- A quel public ce produit est-il destiné ? (plusieurs réponses possibles) Les décideurs 268 Les gestionnaires spécialisés L’ensemble du personnel Les usagers externes Les organismes partenaires du Ministères svp………………………………………………… Autres……………………………………………………………… ………………… 6- 5- Pour quelle fin d’utilisation ? (plusieurs réponses possibles) Consultation et utilisation Application Sensibilisation Apprentissage Création, Publication Communication, Echange Evaluation Prise de décision Autre ………………………………………… 6- Quel est le mode d’accès des utilisateurs au produit ? 1. le produit est directement diffusé aux personnes concernées 2. le produit est largement diffusé 3. les utilisateurs accèdent eux mêmes au produit via des outils : Intranet Bureau ou unité administrative Internet 269 (détailler