QUESTION 197 DOULEUR THORACIQUE AIGUE ET CHRONIQUE Module 12 Uro-Néphro-Pneumologie La douleur thoracique est un motif fréquent de consultation ou d’hospitalisation. Parmi les nombreuses étiologies possibles, le clinicien doit prioritairement identifier celles qui peuvent mettre en jeu le pronostic vital en particulier les syndromes coronariens aigus, la dissection aortique et l’embolie pulmonaire. Il faut distinguer deux grands cadres cliniques Les douleurs aiguës témoignant d’un processus évolutif sous-jacent de pronostic incertain. On regroupe dans ce cadre Les douleurs d’apparition récente ou les douleurs dont les caractères se sont modifiés récemment les douleurs associés à des signes de gravité (défaillance cardio-respiratoire ou troubles neurologiques) Le caractère aigu justifie la réalisation sans délai d’un bilan étiologique permettant une prise en charge adaptée de l’affection causale On les oppose aux douleurs chroniques dont le bilan peut être différé et réalisée en ambulatoire Dans tous les cas la démarche séméiologique initiale est essentielle pour établir le diagnostic DOULEURS THORACIQUES AIGUËS DEMARCHE DIAGNOSTIQUE Evaluation de la gravité du tableau clinique permettant d’orienter le patient vers une unité de soins intensifs Devant une douleur thoracique aiguë, il est indispensable de rechercher d’emblée Une insuffisance respiratoire aiguë une instabilité hémodynamique ou un état de choc une atteinte de la conscience Tous ces signes imposent des mesures thérapeutiques d’urgence : oxygénothérapie, remplissage vasculaire, etc.. L’analyse du contexte et des caractères de la douleur constitue l’étape essentielle du diagnostic (+++) les antécédents cardio-vasculaires : angine de poitrine , infarctus, hypertension artérielle, phlébite et/ou embolie pulmonaire respiratoires : Les facteurs de risques vasculaires : tabac, hyperlipidémie, diabète, alitement, chirurgie récente, voyage récent Traitements en cours : antiagrégants, anticoagulants Les caractères de la douleur sont à préciser: circonstances d’apparition à l’effort ou au repos le siège: médiothoracique antérieure évoquant un syndrome coronaire ou basithoracique postérieure ou latérale évoquant une pathologie pleuro-pulmonaire et irradiations vers le bras, le cou, la mâchoire évoquant l’infarctus du myocarde, irradiation vers le dos devant faire suspecter une dissection ou irradiation dans l’épaule homolatérale d’une douleur basi thoracique caractéristique d’une pathologie pleurale, radiculaire dont il faut préciser le trajet. Son type : brûlure, constriction, écrasement, … Son intensité :simple pesanteur ou à l’inverse douleur insupportable, syncopale Les facteurs influençant la douleur : aggravée ou non par les mouvements respiratoires, calmée par le décubitus latéral, l’antéflexion du tronc, sensibilité à la trinitrine Sa durée : essentielle pour les syndromes coronariens aigus et son évolution dans le temps facteurs modifiant la douleur (position, toux, antalgiques, respiration , pression du thorax, sensibilité à la trinitrine sublinguale, …), signes associés : fièvre, suppuration bronchique, hémoptysie… Un examen clinique complet (pouls, TA aux deux bras, examen cardio-respiratoire complet, examen neurologique) Un bilan complémentaire initial s’impose et guidera les indications des examens invasifs. Dans tous les cas ce bilan comportera Un électrocardiogramme avec enregistrement des dérivations postérieures, éventuellement la surveillance continue ECG pour dépister des troubles de repolarisation Une radiographie du thorax, Un bilan sanguin comprenant un dosage des Ddimères, des enzymes cardiaques (Troponine Ic, CPKMB…) Une gazométrie artérielle selon le contexte clinique D’autres examens sont fonction de l’orientation étiologique (échographie cardiaque, scintigraphie de ventilation et de perfusion, TDM spiralé). Le bilan d’une douleur thoracique chronique sera ordonné en fonction du contexte Question 197. Douleur thoracique aiguë et chronique Module 12 . Uro-Néphro-Pneumologie Service des maladies respiratoires et allergiques (Pr Lebargy) 2 qu’il s’agisse de l’angor instable ou de l’infarctus du myocarde avéré sont deux présentations d’un même phénomène correspondant à la rupture ou à l’érosion d’une plaque d’athérome. Il en résulte une agrégation plaquettaire puis la formation d’un thrombus totalement ou partiellement occlusif de l’artère coronaire. La durée et l’étendue de l’ischémie myocardique qui en résulte, dépendent de la nature du thrombus et de la durée de l’occlusion : ainsi les thrombus plaquettaires sont plus souvent associés à l’angor instable et aux infarctus sans onde Q tandis que les thrombus riches en fibrine sont généralement associés aux infarctus avec ondes Q. Douleur angineuse intense, prolongée, spontanée angor de novo angor crescendo angor post-infarctus ECG + Enzymes (CK-MB, Troponine I) Sus-décalage ST Absence de sus-décalage Stratification du risque Facteurs de risque vasculaire Angor récurrent ou persistant Persistance sous-décalage ST Elévation de la troponoine Ic Reperfusion coronaire en urgence Traitement médical Haut risque d’IDM Risque faible ou CI revascularisation Coronarographie Angioplastie Chirurgie Tableau 1. Algorithme syndromes coronaires aigus Poursuite Traitement médical décisionnel des LES PRINCIPALES ETIOLOGIES DES DOULEURS THORACIQUES AIGUËS LES CAUSES CARDIAQUES Les syndromes coronaires aigus Définition Les SCA sont secondaires à une athérosclérose coronaire dans la majorité des cas. Les accidents aigus, Présentation clinique La douleur thoracique possède les caractères des douleurs angineuses classiques : douleur thoracique antérieure, médiane, rétro-sternale, à type de constriction ou de brûlure, irradiant vers le cou, les mâchoires, l’épaule ou le bras gauche. Elle diffère de l’angor d’effort classique (ou angor stable) par certains caractères séméiologiques sa forte intensité sa survenue au repos sa durée prolongée (> 15 minutes) son insensibilité à la trinitrine la fréquence et la répétition des crises douloureuses : angor crescendo caractérisé par des modifications brutales et rapides d’un angor d’effort préexistant (augmentation de la fréquence des crises, survenue pour des efforts minimes) ou encore des circonstances de survenue particulières permettant de reconnaître l’angor de novo : apparition récente (< 1 mois) d’un angor d’effort ou l’angor post-infarctus immédiat : angor réapparaissant dans les 3 semaines après un infarctus. Toutes ces situations sont à haut risque d’évoluer vers la constitution d’un infarctus du myocarde. Ils justifient une hospitalisation et la réalisation d’un électrocardiogramme et d’un dosage des enzymes cardiaques (CPK-MB, Troponine) La prise en charge immédiate tient compte des données de l’ECG qui permet de séparer les SCA avec sus-décalage du segment ST et les SCA sans susdécalage du segment ST (+++) Les SCA avec sus-décalage de ST correspondent le plus souvent à un infarctus en voie de constitution. Ils résultent d’une occlusion complète d’une artère coronaire épicardique par un thrombus fibrinoplaquettaire. L’objectif est de rétablir le flux coronaire le plus rapidement possible afin de limiter l’étendue de la nécrose. L’aspect ECG est caractérisé initialement par des ondes T géantes puis très rapidement apparaît un sus-décalage de ST englobant l’onde T (Onde de Pardee). Ces anomalies sont localisées dans un territoire électrocardiographique et des anomalies en miroir sont observées dans les dérivations opposées Le dosage de troponine Ic confirmera a postériori la nécrose myocytaire (> 0,5 g/L) mais le Question 197. Douleur thoracique aiguë et chronique Module 12 . Uro-Néphro-Pneumologie Service des maladies respiratoires et allergiques (Pr Lebargy) 3 traitement est initié avant même l’obtention des résultats La stratégie thérapeutique consiste à associer un traitement médical visant à lutter contre les phénomènes de thrombose et un geste de revascularisation en urgence soit par fibrinolyse, soit par angioplastie coronaire. (tableau 1) SCA sans sus-décalage du segment ST correspondent soit une occlusion incomplète d’une artère coronaire par un thrombus fibrino-plaquettaire soit à des petites embolies distales d’emboles plaquettaires à l’origine de zones de micro nécrose authentifiées par une élévation du taux de la Tn Ic. Les anomalies électriques sont de trois types (i) sous-décalage du segment ST dont la persistance constitue un facteur de mauvais pronostic (ou de haut risque d’accident ischémique à court terme) (ii) inversion des ondes T (iii) ECG normal En cas de doute diagnostic (ECG normal, troubles de repolarisation non significatifs, BBG associé….), un monitorage ECG peut être utile pour surveiller l’apparition de troubles de repolarisation, parfois sans traduction clinique. A distance, si le doute persiste, une épreuve d’effort permettra d’authentifier la coronaropathie ; Le dosage des enzymes cardiaques (CK-MB, Tn Ic) sera réalisé à l’admission puis répété 4 à 6 heures après. La stratégie thérapeutique dépend de différents facteurs pronostiques. Dans tous les cas le traitement médical comportera un traitement antithrombotique associant Ac acétyl salicylique-clopidogrel (Plavix®)-HBPM. Chez les sujet à haut risque de complication ischémique à court terme, une coronarographie sera réalisée afin de réaliser un bilan lésionnel et choisir la méthode de revascularisation (chirurgie ou angioplastie). En cas de contre-indication à une revascularisation, seul le traitement médical est envisagé. La dissection aortique : Caractères séméiologiques La douleur débute brutalement et devient rapidement d’une intensité extrême. Elle est décrite comme une douleur médio-thoracique, profonde à type de brûlure ou de serrement irradiant dans les épaules puis le dos et enfin la région lombaire selon l’étendue de la dissection. Des signes neurologiques en foyer peuvent compléter le tableau clinique. Le diagnostic clinique s’appuie sur Le contexte : hypertension artérielle, maladie du tissu élastique (Marfan) Le caractère migrateur et descendant de la douleur L’apparition d’un souffle diastolique d’insuffisance aortique (inconstant) L’asymétrie des pouls et de la tension artérielle La normalité de l’ECG (sauf en cas de dissection coronaire associée) Le diagnostic est confirmé par complémentaires réalisés en urgence les examens Sur la radiographie de thorax, on note un élargissement du médiastin supérieur avec parfois un aspect en double contour du bouton aortique. L’échographie cardiaque trans-oesophagienne contribue au diagnostic en montrant la dissection de l’aorte ascendante ou les signes indirects (insuffisance aortique, épanchement péricardique) Mais c’est le scanner thoracique l’angio-IRM ou l’artériographie conventionnelle qui confirmeront la dissection, préciseront son étendue et orienteront le traitement chirurgical. La péricardite aiguë Caractères séméiologiques La douleur serait liée à l’inflammation de la plèvre pariétale adjacente au péricarde et donc plus fréquente lors des péricardites infectieuses (virales+++) La douleur est médio-thoracique antérieure, à type de brûlure majorée par la toux et l’inspiration profonde, calmée par l’antéflexion. A l’examen, la fièvre et le frottement péricardique orientent le diagnostic. La radiographie de thorax montre une cardiomégalie avec un aspect triangulaire et symétrique de l’ombre cardiaque (cœur en théière ou en carafe) et une disparition des opacités vasculaires des hiles. Les anomalies ECG associent une tachycardie sinusale, un sous décalage du segment PQ, un microvoltage et de troubles de repolarisation diffus (susdécalage en selle de chameau du segment ST). Le diagnostic sera confirmé par l’échographie cardiaque qui montre l’épanchement et évalue la compression des cavités cardiaques. Autres causes possibles prolapsus de la valve mitrale : douleur cardiaque atypique. Le diagnostic repose sur la perception d’un click protosystolique et sur l’aspect échographique de ballonisation de la valve mitrale myocardiopathie hypertrophique dont le diagnostic est échographique LES CAUSES RESPIRATOIRES Le pneumothorax : C’est un épanchement aérien dans la cavité pleurale le plus souvent spontané. La douleur thoracique survient brutalement parfois déclenchée par un effort ou le port d’une charge lourde. Elle est unilatérale, à type de point de côté, irradiant de manière inconstante dans l’épaule du même côté. Elle est accentuée par la toux et l’inspiration profonde. Plus rarement, la douleur est décrite comme une pesanteur médiothoracique. Il s’y associe une dyspnée dont l’intensité n’est pas toujours corrélée à l’abondance de l’épanchement. L’examen clinique constate, du côté du pneumothorax, une diminution de l’ampliation thoracique, une diminution ou une abolition du Question 197. Douleur thoracique aiguë et chronique Module 12 . Uro-Néphro-Pneumologie Service des maladies respiratoires et allergiques (Pr Lebargy) 4 murmure vésiculaire, une abolition des vibrations vocales et un tympanisme à la percussion. La radiographie montre en position debout, une visibilité anormale de la ligne capillaire, opacité linéaire fine de la plèvre viscérale séparée de la paroi thoracique par une clarté homogène dépourvue de structure parenchymateuse Certaines formes sont mal tolérées du fait du caractère compressif de l’épanchement ou d’une insuffisance respiratoire préexistante. Elles se traduisent par une polypnée superficielle (> 30/min), une cyanose, une contraction des scalènes, une tachycardie > 120/min, une turgescence des jugulaires. Sur la radiographie, on observe un refoulement du médiastin du côté opposé au pneumothorax affirmant son caractère compressif. Les signes de mauvaise tolérance imposent l’évacuation de l’épanchement sans délai. Les pleurésies : Les épanchements liquidiens lorsqu’ils sont inflammatoires (infection +++) peuvent être très douloureux. La douleur siège à la base de l’hémithorax, réalisant un point de côté et irradie vers l’épaule homolatérale. Ils s’accompagnent d’une toux sèche, quinteuse et d’une dyspnée d’intensité variable. La mise en évidence d’un syndrome pleural liquidien (diminution du MV, matité déclive) même discret a une bonne valeur diagnostique d’autant que les signes radiologiques sont parfois encore discrets (stade de diffusion d’une pleurésie infectieuse, ou épanchement de faible abondance au mieux visualisé par l’échographie pleurale). Le diagnostic sera confirmé par. La radiographie de thorax qui montre une opacité déclive, dense, homogène, à bord supérieur concave en haut et en dedans. La ponction exploratrice permettra d’analyser le liquide pleural et participera à l’enquête étiologique. Les pneumonies aiguës infectieuses La douleur est souvent liée à l’atteinte pleurale contiguë. Les caractères de la douleur sont proches de ceux de la douleur pleurale. Le diagnostic de pneumonie repose sur La présence d’un foyer alvéolaire clinique (diminution du MV, foyer de râles crépitants, matité suspendue) ou radiologique (opacité systématisée ou non avec bronchogramme aérien) La fièvre, l’hyperleucocytose inconstante et l’isolement d’un germe dans les hémocultures permettent habituellement d’établir le diagnostic. Les trachéo-bronchites aiguës : douleur à type de brûlure rétrosternale lors des efforts de toux. Le contexte grippal dans lequel elles surviennent suffit au diagnostic. LES AFFECTIONS VASCULAIRES PULMONAIRES L’embolie pulmonaire : la douleur thoracique est le plus souvent de type pleural en rapport avec un infarctus pulmonaire sous- pleural. Dans ce cas la douleur survient brutalement, perçue comme un point de côté lancinant, augmentée par la toux et l’inspiration profonde. Elle s’accompagne d’une dyspnée, d’une angoisse et d’une hémoptysie de sang noirâtre 24 à 48 heures plus tard (infarctus pulmonaire). Plus rarement, en cas d’embolie importante, la douleur peut être médiane, rétrosternale en rapport avec une hypertension artérielle pulmonaire. Le diagnostic repose sur Le contexte (chirurgie, plâtre, immobilisation) La positivité des D-dimères (> 0,5 g/L) La détection d'une thrombose veineuse des MI à l'échographie-doppler et/ou La mise en évidence de troubles de perfusion sans anomalie de ventilation sur la scintigraphie pulmonaire et/ou La présence de thrombus dans les artères pulmonaires sur le scanner hélicoïdal. LES AUTRES CAUSES Les douleurs pariétales Les fractures costales post-traumatiques ou secondaires à des efforts de toux. Le diagnostic repose sur le contexte et l’analyse du gril costal Le zona en particulier chez l’immunodéprimé : la douleur à type de brûlure, le trajet radiculaire et l’éruption vésiculeuse (parfois discrète) permettent d’établir le diagnostic. Les douleurs digestives Spasme œsophagien responsable parfois de douleurs pseudo-angineuses Syndrome de Mallory Weiss : fissuration de l’œsophage lors d’efforts de vomissements Syndrome de Boerhaave : rupture de l’œsophage dans la plèvre DOULEURS THORACIQUES CHRONIQUES LES DOULEURS CARDIO-VASCULAIRES L’angine de poitrine Typiquement, il s’agit d’une douleur médiothoracique, rétro sternale, à type de constriction ou de brûlure, irradiant dans le cou, la mâchoire ou le bras. Elle possède trois caractères essentiels : Elle est rythmée par l’effort : déclenchée par l’effort, elle cède à l’arrêt de celui-ci Elle est de brève durée cédant spontanément en 5 à 30 minutes Elles est habituellement sensible à la trinitrine cédant en moins de 5 minutes après une bouffée sub-linguale de Natispray® L’ECG L’ECG inter critique peut être strictement normal. Lorsque l’ECG est réalisé au moment des crises, il montre des troubles de repolarisation à type de sousdécalage du segment ST ou d’inversion des ondes T. Question 197. Douleur thoracique aiguë et chronique Module 12 . Uro-Néphro-Pneumologie Service des maladies respiratoires et allergiques (Pr Lebargy) 5 En cas de doute diagnostique ou lorsque l’ECG ne permet pas de déceler de troubles de repolarisation, une épreuve d’effort peut être réalisée, en l’absence de contre-indication (IDM récent, RAC serré, HTAP, tr du rythme ventriculaire, IVG décompensée). Elle est réalisée sur bicyclette ergométrique ou tapis roulant sous surveillance ECG, en milieu spécialisé. Les critères de positivité du test sont un sous-décalage de ST horizontal ou descendant > 1 mm d’une durée > 0,08sec après le point J. Les signes de gravité sont : l’apparition de troubles de repolarisation pour une faible charge (W < 60 Watts) ou une fréquence cardiaque < 100/min, un sous-décalage diffus dans toutes les précordiales ou durant plus de 6 min après arrêt de l’effort, enfin la survenue de troubles du rythme ventriculaire. L’existence de signe de gravité doit faire envisager une coronarographie sans délai. D’autres examens sont utiles au diagnostic et à la décision thérapeutique La scintigraphie myocardique d’effort au thallium recherche une hypofixation à l’effort disparaissant au repos. Elle permet d’évaluer le siège et l’étendue de l’ischémie myocardique. L’échographie d’effort ou de stress étudie la contraction des parois myocardiques en situation de stress reproduit par l’injection de doses croissantes de dobutamine. La coronarographie qui trouve ses indications en cas de signes de gravité à l’épreuve d’effort ou en cas de persistance d’un angor invalidant malgré un traitement médical bien conduit. Les autres causes cardio-vasculaires les cardiomyopathies hypertrophiques le rétrécissement aortique l’HTAP (+++) douleurs pseudo-angineuses survenant chez une femme jeune. Le diagnostic repose sur l’échographie cardiaque et le cathétérisme cardiaque droit qui permet de confirmer le type pré-capillaire de l’HTAP d’évaluer la gravité de l’HTAP (valeurs de la PAP systolique pouvant atteindre dans les formes sévères 80-90 mm Hg (N = 30 mm Hg) de réaliser un test de vaso-dilatation au NO (monoxyde d’azote) guidant la prise en charge thérapeutique. La péricardite chronique constrictive est rarement révélée par des douleurs thoraciques, plus souvent par des hépatalgies d’effort ou une dyspnée. Le diagnostic est affirmé par l’échographie cardiaque et le cathétérisme cardiaque droit (aspect en dip plateau) DOULEURS PLEURO-PULMONAIRES Les pleurodynies sont des douleurs latéro-thoraciques uni ou bilatérales, volontiers récidivantes habituellement en rapport avec un épaississement inflammatoire de la plèvre. Elles sont : secondaires à une pleurésie infectieuse associées à une maladie de système avec localisation pleurale (sarcoïdose, lupus, polyarthrite, Gougerot-Sjögren) secondaires à une pleurésie médicamenteuse ou plus rarement à une maladie périodique Toutefois, il s’agit d’un diagnostic d’élimination retenu après avoir formellement écarté une pathologie néoplasique Epanchements pleuraux néoplasiques Le cancer primitif (mésothéliome) est évoqué de principe chez les sujets ayant eu une exposition à l’amiante (celle-ci fait défaut dans 30 % des cas). La douleur thoracique est permanente, intense, rebelle aux antalgiques de classe 1 et 2. La radiographie de thorax et le scanner thoracique montrent un épaississement irrégulier, mamelonné de la plèvre. L’atteinte de la plèvre médiastinale et la réduction de volume pulmonaire sont évocateurs du diagnostic mais non spécifiques. Le diagnostic sera confirmé par la thoracoscopie. Les métastases pleurales sont également responsables de douleurs thoraciques chroniques. L’abondance de la pleurésie et son caractère hémorragique sont évocateurs mais le diagnostic sera confirmé par la biopsie pleurale à l’aiguille ou par thoracoscopie. Le cancer bronchique. Il peut s’agir d’une douleur thoracique par envahissement pariétal d’un syndrome de Pancoast-Tobias en rapport avec une tumeur du sulcus associant : une douleur scapulaire à irradiation cervico-brachiale (NCB C8-D1), un syndrome de Cl Bernard Horner (myosis, ptosis, énophtalmie), une lyse du col de la première côte) d’une douleur médiastinale liée à un envahissement médiastinal ou une péricardite néoplasique. La présence d’un syndrome médiastinal caractérisé (syndrome cave supérieur, paralysie récurentielle….) sont hautement évocateurs du diagnostic ; Le diagnostic lésionnel repose sur le scanner thoracique et sera confirmé par endoscopie bronchique et/ou médiastinoscopie. LES DOULEURS PARIETALES Costales : fractures, métastases, localisation du myélome Vertébrales : tumeurs vertébrales, spondilodiscites infectieuses Nerveuses : douleurs post-zoostériennes (importance de l’anamnèse), neurinome, compression médullaire Parties molles : sarcomes, myosite… Le diagnostic peut être aidé par le scanner thoracique, l’IRM et la scintigraphie osseuse. LES DOULEURS DIGESTIVES douleurs épigastriques ou thoraciques pouvant mimer une douleur angineuse. L’association à des symptômes digestifs (hocquet, hypersialorrhée, dysphagie) peuvent orienter vers l’origine digestive d la maladie. Les étiologies sont variées Spasme œsophagien, œsophagite, hernie hiatale cancer de l’oesophage objectivés par la fibroscopie Question 197. Douleur thoracique aiguë et chronique Module 12 . Uro-Néphro-Pneumologie Service des maladies respiratoires et allergiques (Pr Lebargy) 6 œsophagienne, la pH métrie ou la manométrie oesophagienne. Ulcère gastrique, gastrite mis en évidence par la fibroscopie gastrique Pathologie pancréatique (pancréatite chronique, cancer du pancréas) biliaire (cholécystite chronique, cancer vésiculaire) ou hépatique (tumeur du foie) dont les irradiations thoraciques peuvent induire en erreur. L’échographie abdominale et le scanner abdominal redresseront le diagnostic Question 197. Douleur thoracique aiguë et chronique Module 12 . Uro-Néphro-Pneumologie Service des maladies respiratoires et allergiques (Pr Lebargy)