Mai 2001 LA PRISE EN CHARGE DES TOXICOMANES EN NOVEMBRE 1999 681 toxicomanes ont été recensés dans les structures sanitaires et sociales en novembre 1999. Il s’agit d’une population masculine, jeune, sans activité professionnelle pour les trois quarts d’entre eux. Comme au cours des enquêtes successives des années 90, l’héroïne, puis le cannabis, arrivent en tête des produits consommés. La proportion de toxicomanes ayant effectué des tests de dépistage, pour le VIH comme pour l’hépatite C, a fortement baissé entre 1997 et 1999. L’enquête réalisée en novembre 1999 fournit des informations sur les toxicomanes qui ont recours au système sanitaire et social. La définition du toxicomane retenue par l’enquête est la suivante: « toute personne ayant eu une consommation régulière et prolongée de produits illicites ou licites détournés de leur usage normal au cours des derniers mois ». Les usagers occasionnels et ponctuels sont exclus du champ de l’enquête. Le système sanitaire et social : une information particulière sur la toxicomanie Trois grands groupes d’établissements sont concernés par l’enquête : - les établissements spécialisés dans l’accueil et le traitement des toxicomanes : tous les patients suivis en novembre 1999 sont recensés - les établissements de santé, établissements publics généraux ou spécialisés en psychiatrie et maisons de santé pour maladies mentales : seules les personnes en hospitalisation complète, de jour ou de nuit, sont enquêtées ; les consultations n’entrent pas dans le champ de l’enquête - les établissements sociaux intervenant au niveau de la prévention, l’orientation ou l’hébergement des toxicomanes. Dans ces deux dernières structures, le choix d’inclure ou non une personne dans l’enquête dépend de la perception de la toxicomanie, de l’usage de drogue, et de la capacité pour les équipes de soins ou d’accueil de repérer le phénomène. La non réponse d’un établissement est en général liée au fait qu’il n’a pas suivi de toxicomanes en novembre. En Pays de la Loire, les 10 établissements spécialisés enquêtés ont renseigné l’enquête, recensant 500 toxicomanes. 18 établissements de santé sur 43 ont déclaré la présence de 147 toxicomanes à la date de l’enquête. Enfin, 14 établissements sociaux sur 40 ont fournit des informations sur 71 toxicomanes. La qualité des réponses (mesurée par le pourcentage de non-réponse à certaines questions) est particulièrement bonne dans les établissements spécialisés. Au total, l'étude porte sur 681 individus (ont été exclus ceux recensés dans les établissements de santé ou sociaux et simultanément pris en charge par un établissement spécialisé). Les résultats qui suivent portent sur les toxicomanes qui ont eu recours au système médico-social. Ils ne permettent pas d’obtenir directement une estimation de la prévalence de la toxicomanie en population générale. D’une part l’enquête ne couvre pas la totalité de l’offre de soins, en particulier la médecine ambulatoire, et d’autre part les toxicomanes ne sont pas forcément en contact avec les structures sanitaires et sociales. Une population jeune et masculine 80% des toxicomanes recensés en 1999 dans les structures ligériennes sont des hommes. L’âge moyen est de 29 ans dans les établissements spécialisés et de 27,4 ans dans les établissements de santé ; dans les établissements sociaux (CHRS non spécialisés et foyers), la population est plus jeune (23,3 ans en moyenne). Au niveau national, ces âges moyens sont légèrement supérieurs (respectivement de 30,7 ans, 30,9 ans et 24,4 ans). Au cours des enquêtes menées entre 1991 et 1999, le pourcentage d’hommes varie assez peu (entre 70 et 80%), et l’âge moyen des toxicomanes recensés dans l’ensemble des structures oscille entre 27,5 et 28,5 ans. Etablissements spécialisés Etablissements de santé Etablissements sociaux Moins de 20 ans 10,5 15,5 30,6 20 à 24 ans 16,2 32,8 48,4 25 à 29 ans 28,9 19,8 6,5 30 à 34 ans 21,2 11,2 3,2 35 à 39 ans 14,7 8,6 6,5 40 ans et plus 8,5 12,1 4,8 Total des répondants 100 100 100 Pourcentage d’hommes 79 83 88 Une forte proximité entre toxicomanes et structures Sur l’ensemble des trois groupes d’établissements enquêtés, 78% des toxicomanes recensés déclarent résider en Pays de la Loire, contre 89% deux ans auparavant (la baisse provenant essentiellement des non-réponses). Par département, la population se répartit comme suit : Département de résidence déclaré enquête 1999 effectifs Même département de résidence et d’accueil enquête 1997 % effectifs % % 1999 % 1997 Loire-Atlantique 186 27,3 213 34,2 93,6 97,2 Maine-et-Loire 134 19,7 139 22,3 99,3 97,8 Mayenne 40 5,9 29 4,7 97,5 100,0 Sarthe 85 12,5 89 14,3 96,5 98,9 Vendée 86 12,6 87 14,0 88,4 85,1 Hors région 69 10,1 57 9,1 Sans domicile fixe 16 2,3 6 1,0 Non réponse 65 9,5 3 0,5 Si on rapproche le département de résidence déclaré par le toxicomane et le département de l’établissement d’accueil, on constate que la proximité entre toxicomanes et structures est très forte dans tous les départements, en 1999 comme en 1997 ; elle est un peu moins marquée en Vendée. Seul un quart des toxicomanes recensés a une activité professionnelle La grande majorité des toxicomanes (90%) bénéficie d’un régime d’assurance maladie ; depuis 1994 (date de la première enquête où la question a été posée), ce taux est toujours supérieur à 85%. 20% d’entre eux déclarent bénéficier du RMI en 1999, taux en deçà du taux national. Entre 1994 (date où la question a été introduite) et 1999, le taux régional déclaré des bénéficiaires du RMI parmi les toxicomanes varie entre 19 et 27%. Les trois quarts des toxicomanes se déclarent sans activité professionnelle (proportion inchangée depuis 1995). Etablissements spécialisés Etablissements de santé Etablissements sociaux Actifs, dont : Activité des toxicomanes en 1999 28,8 12,9 18,5 Emploi salarié stable 11,0 3,4 - Emploi à durée déterminée 16,8 9,5 18,5 Inactifs, dont : 70,0 80,2 78,5 Chômeurs ayant déjà travaillé 25,6 22,4 46,2 Chômeurs n’ayant jamais travaillé 5,4 5,2 20,0 Elèves étudiants stagiaires non rém 14,6 19,0 3,1 Autres inactifs 24,2 33,6 9,2 6 8 2 Non réponses (en effectifs) En établissement spécialisé, c’est d’abord le patient lui-même qui est à l’origine de la prise en charge 46% des 500 patients recensés en établissement spécialisé se déclarent eux-même à l’origine de la prise en charge. Vient ensuite l’accueil dans le cadre d’une mesure judiciaire (dont l’injonction thérapeutique), puis le conseil de la famille ou des amis. Cette hiérarchie est quasiment la même qu’en 1997. Le patient Mesure judic Famille/amis Serv social Centre spéc médecin hôpital Autres et non-rép Enquête 99 46,4 11,8 10,8 8,6 7,0 5,2 3,4 6,8 Enquête 97 60,0 10,2 7,1 5,1 8,8 5,8 2,4 0,6 Il s’agit dans 44% des cas d’une première demande de traitement en 1999 (36% au niveau national). Pour les patients ayant déjà fait l’objet d’une prise en charge antérieure à l’enquête, la prise en charge est plutôt récente (un quart seulement des demandes date de plus de trois ans). L’héroïne en tête des premiers produits à l’origine de la prise en charge En Pays de la Loire, l’héroïne arrive en tête des premiers produits cités à l’origine de la prise en charge (que le patient soit sevré ou en traitement de substitution, ou qu’il consomme actuellement des produits) : elle est citée par 40% des 500 toxicomanes recensés en établissements spécialisés. Vient ensuite le cannabis, cité par un quart des enquêtés. En 1997, ces pourcentages étaient respectivement de 55% et 25%. La hiérarchie est la même au niveau national, mais les pourcentages sont assez différents : 64% des répondants déclarent l’héroïne comme premier produit à l’origine de la prise en charge, et 13% le cannabis. Depuis 1991, en Pays de la Loire, l’héroïne (d’abord) et le cannabis (ensuite) sont toujours les deux produits consommés cités les premiers par les toxicomanes en établissements spécialisés. Comme au niveau national, les consommateurs pour lesquels le cannabis est en premier à l’origine de la prise en charge sont, en 1999, plus jeunes d’environ 6 ans que ceux pour lesquels c’est l’héroïne. 1er produit à l’origine de la prise en charge Etablissements spécialisés effectif % Age moyen héroïne et autres opiacées - dont héroïne - dont dérivés de codéine 254 200 37 50,8 40,0 7,4 Cannabis Psychotropes Cocaïne Crack Drogues de synthèse Autres substances Alcool 127 11 12 4 7 1 22 25,4 2,2 2,4 0,8 1,4 0,2 4,4 23,2 Pas de produit consommé depuis 30 jours Non - réponse Ne sait pas Total 34 26 2 500 6,8 5,2 0,4 100,0 34,4 30,7 29,6 33,5 29,9 32,3 29,0 Sur les 275 toxicomanes ayant déclaré plusieurs produits à l’origine de la prise en charge, les deux associations de produits les plus fréquentes sont héroïne + cocaïne (16 %) et héroïne + cannabis (14 %). Comme au niveau national, la présence d’un traitement de substitution est plus fréquente dans les établissements spécialisés ; ceux qui en suivent un sont globalement plus âgés (31 ans en moyenne contre 26 ans pour ceux qui ne suivent pas de traitement). Etablissements spécialisés Etablissements de santé Etablissements sociaux 45,2 12,1 7,7 Méthadone 20,4 2,6 - Subutex 24,2 9,5 6,2 Autres 0,6 - 1,5 Sans traitement se substitution 47,0 65,5 60,0 Non-réponse ou ne sait pas 7,8 22,4 32,3 Traitement de substitution, dont : Baisse sensible de la proportion des toxicomanes ayant effectué un test de dépistage en 1999 Dans les établissements spécialisés et les établissements de santé, sont posées aux toxicomanes deux questions concernant les tests de sérologie VIH et hépatite C. Le taux global de non-réponse à ces questions est faible (respectivement 2% et 8% pour ces deux affections). Ces deux questions étaient déjà présentes à l’enquête de novembre 1997. En deux ans, la proportion de toxicomanes ayant effectué des tests de dépistage, pour le VIH comme pour l’hépatite C, a baissé d’environ 20 points en Pays de la Loire. Sérologie Etablissements spécialisés enquête 1999 Etablissements de santé enquête 1997 enquête 1999 enquête 1997 Sérologie VIH % de test de dépistage effectué 62,8 80,8 52,6 66,0 % de sérologie connue et déclarée 56,6 75,4 47,4 53,6 % de test de dépistage effectué 55,2 78,3 29,3 35,1 % de sérologie connue et déclarée 50,8 67,9 24,1 34,7 Sérologie VHC A l’enquête 1997, les proportions nationales de test de dépistage effectués pour le VIH étaient proches des proportions ligériennes (respectivement 80,6% et 79,8% pour les établissements spécialisés et pour les établissements de santé). En 1999, les proportions nationales restent élevées (respectivement 79,4% et 74,4%). Si on classe les régions françaises selon le pourcentage de statut sérologique connu et déclaré, la région des Pays de la Loire se situe au 19 ème rang sur 22 (en 1997, elle se situait au 7ème rang). Toutes structures confondues, l’évolution de la proportion de toxicomanes ayant effectué des tests de dépistage au cours des années 90 est assez heurtée (de même que le taux de non-réponse à ces questions, même s’il s’améliore les dernières années). Sérologie 1991 1992 1994 1995 1996 1997 1999 Sérologie VIH % de test de dépistage effectué 57,7 72,9 84,0 70,6 70,6 78,1 60,9 % de non-réponses 14,6 7,8 2,2 13,9 1,7 1,1 2,3 % de test de dépistage effectué 71,4 66,0 72,2 70,7 50,3 % de non-réponses 11,6 14,4 3,6 6,6 7,8 Sérologie Hépatite C Les patients ayant effectué un test de sérologie ont trois réponses possibles : résultat du test inconnu, séronégatif, et séropositif. On peut alors calculer une fourchette de prévalence de séropositivité parmi les toxicomanes, selon plusieurs hypothèses. Pour le VIH, l’hypothèse basse serait celle selon laquelle les toxicomanes dont le statut sérologique est inconnu sont séronégatifs ; l’hypothèse haute serait celle selon laquelle les toxicomanes dont le statut sérologique est inconnu se répartissent de la même façon que ceux dont le statut sérologique est connu. En 1999, le pourcentage de séropositifs au VIH parmi les toxicomanes serait ainsi compris entre 8,8 et 15,7% équivalente à celle observée au niveau national (11,8 – 16,1%). Pour l’hépatite C, l’hypothèse de séroprévalence serait celle selon laquelle les toxicomanes dont le statut sérologique est inconnu se répartissent de la même façon que ceux dont le statut sérologique est connu. Sous cette hypothèse, en 1999, le pourcentage de séropositifs au VHC parmi les toxicomanes serait de 51,8%. Il serait de 50,4% en établissement spécialisé, identique au niveau national (50,8%). En Pays de la Loire, cette proportion serait en augmentation constante depuis 1995 (sous la même hypothèse, le pourcentage de séropositifs au VHC y était alors de 27%). Ces fourchettes de prévalence de séropositivité peuvent être calculées pour toxicomanes utilisant ou ayant utilisé la voie intra-veineuse. Comme au niveau national, les taux sont alors plus élevés : entre 14,8 et 19,5% pour le VIH en 1999, et 62,1% pour l’hépatite C. Informations DRASS PAYS DE LA LOIRE - Service Statistique - Olivier JEAN MAN – 6 rue René Viviani – BP 86218 - 44262 NANTES Cedex 2 - 02 40 12 85 68