Le dernier Symposium de l’AEP Les rats sont réellement intoxiqués et

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Écho des congrès
Association of European Psychiatrists
13-14 novembre 1999, Strasbourg
F. Demathieu*
Le dernier Symposium de l’AEP
(Association of European Psychiatrists)
qui s’est tenu à Strasbourg les 13 et
14 novembre 1999 avait pour thème :
“Alcoolisme et toxicomanie”. Divers
sujets ont été abordés tant dans le domaine de la recherche que dans celui du traitement.
En ce qui concerne les toxicomanies, le
Pr Schoffelmeer (Amsterdam) préfère
parler de “sensibilisation comportementale” plutôt que de tolérance. Une seule
injection d’un taux élevé d’amphétamine
chez des rats qui ont déjà été traités
entraîne une réponse importante du cerveau (pour les amphétamines, la morphine et l’alcool, la réponse est la même). Le
comportement de recherche à tout prix
de la drogue dont fait preuve le rat
démontre une vraie sensibilisation comportementale ; il faudrait, en conséquence, chercher un réajustement chimique
du traitement .
Le Dr Spanagel (Munich) a créé un
modèle animal d’intoxication à l’alcool
où sont reproduites des conduites d’alcoolisme avec épisodes d’abstinence
répétés. On voit alors que l’effet de
manque est plus important chez les animaux qui ont déjà eu plusieurs épisodes
d’abstinence.
* Bourg-la-Reine.
Act. Méd. Int. - Psychiatrie (17) - n° 3 - mars 2000
Les rats sont réellement intoxiqués et
montrent clairement des signes d’anxiété. Plus le manque est important, plus
l’anxiété augmente.
La validation pharmacologique entérine
le fait que les injections de naltrexone ou
d’acamprosate ne devraient pas être
continues, car il se produit alors des
effets secondaires importants.
Le Dr Verheul (Amsterdam) a traité de la
fréquence des troubles de la personnalité
chez les toxicomanes, en mettant en relief
certains troubles pathologiques qui permettent de séparer ce qui est du ressort du
biologique de ce qui appartient à l’environnement – par exemple une fragilité de
la personnalité liée à de l’impulsivité.
Le Pr Adès (Paris) a posé le problème du
trouble psychiatrique secondaire et d’une
relation génétique entre addiction et
trouble psychiatrique.
Parmi les données épidémiologiques,
quelques-unes sont à signaler :
– 80 % des syndromes dépressifs découlent d’une addiction ; les symptômes
dépressifs disparaissent alors au bout
d’un certain temps de sevrage ;
– un essai réalisé sur les personnes phobiques à qui l’on fait prendre une dose
d’alcool pour les désinhiber révèle que
c’est l’anticipation de l’effet de l’alcool
qui permet la libération ;
– de plus, il est connu que les personnalités antisociales (ou psychopathiques)
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fournissent un contingent important de
toxicomanes.
Le Pr Crome (Wolverhampton) a rappelé
les différentes prises en charge psychologiques chez les toxicomanes. Il est intéressant de constater que les thérapies les
plus efficaces sont celles qui coûtent le
moins cher, comme les sociothérapies ou
l’entraînement au management du stress
(théorie cognitive).
Il a signalé que le projet Match – huit
années de suivi des alcooliques aux
États-Unis – se poursuit maintenant au
Royaume-Uni.
La pharmacologie de l’alcoolisme était
traitée par le Pr Berglund (Malmö). Les
études et les suivis à long terme sur les
alcooliques montrent que les benzodiazépines ont une meilleure incidence sur
l’abstinence, alors que la naltrexone et
l’acamprosate sont efficaces dans la
résolution de la dépendance.
Une conférence de presse organisée par
Merck Lipha Santé a permis la présentation de sa brochure “Medical education
in alcohol and alcohol problems – an
european perspective”, réalisée à l’issue
d’une réunion d’experts qui s’était tenue
à Lisbonne en 1998.
Elle met l’accent sur la nécessité de l’enseignement de l’alcoologie dans les
études médicales et signale des différences dans la reconnaissance du fait
alcoologique au sein des divers pays
européens.
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