La passé composé narratif : une analyse discursive de L’Étranger de Camus Le texte de Molendijk et Swart parle du roman L’Etranger de Camus en faisant une analyse discursive comment il utilise le passé composé (PC) narratif. Le PC du français est toujours une forme verbale à laquelle correspond le schéma reichenbachien E-R, S. Le fait que R coïncide avec S implique que l’événement est vu à partir du « hic et nunc » du narrateur et donc la perspective est située à S. Camus utilise le PC au lieu de passé simple (PS) et donc il est obligé d’employer d’autres moyens que ceux qui concernent la forme temporelle du verbe pour indiquer que l’histoire avance. Avant de s’adresser à Camus, ils ont expliqué le parfait en anglais, en néerlandais et en français. Pour rendre compte de la différence entre le Simple Past (SP) et le Present Perfect (PP) de l’anglais, Reichenbach fait appel à la notion de point référentiel (R). Dans le cas de SP, R coïncide avec E (event time/événement), ce qui donne lieu à la structure E, R-S et pour le PP, Reichenbach a proposé le schéma E-R, S. Pour les séquences narratives ce temps verbal est moins approprié, ce qui peut être expliqué que le PP s’utilise peu quand on raconte une histoire. McCawley distingue 4 types de PP : 1. le type universel, 2. le type existentiel, 3. le type résultatif, et 4. le type « nouvelle fraîche ». Le Voltooid Tegenwoordige Tijd (VTT) du néerlandais connaît des emplois existentiels et résultatifs et à cet égard le PC est plus proche du VTT que le PP. Le PP de l’anglais est incompatible avec des adverbes qui localisent E dans le temps et ces adverbes de temps sont incapables de spécifier l’événement E qui est rapporté par le parfait. Et donc c’est l’anglais qui est plutôt un cas exceptionnel. La condition qui est supplémentaire en l’anglais ne se retrouve pas dans d’autres langues comme le français et le néerlandais, mais dans d’autres cas ce sont les parfaits du néerlandais et de l’anglais qui vont ensemble comme dans les subordonnées temporelles introduites par when/toen/quand. Le français est seul à accepter le parfait dans un contexte narratif et des contextes discursifs où il y a mouvement de R. Le PC serait un temps simple du passé dans un contexte narratif. Pour savoir si ce sont l’anglais et le néerlandais qui présentent le cas défaut du parfait ou si c’est le français Molendijk et Swart posent que les contraintes sur l’emploi narratif du parfait dans des langues comme l’anglais et le néerlandais n’ont rien à voir avec le schéma E-R, S. Et donc ils proposent pour le VTT et le PP de formuler une condition qui défend l’établissement d’une relation temporelle entre l’événement en question et d’autres événements et le PC n’est soumis à cette condition supplémentaire. Leur analyse soulève deux questions qui sont basées sur l’emploi du PC narratif par Albert Camus : 1. quels sont les arguments en faveur du maintien du schéma reichenbachien dans le cas de l’emploi narratif du PC et 2. quelle est la règle qui permet de raconter une histoire au PC. Selon Boogaart (1999), l’acceptabilité du PC dans les subordonnées temporelles introduites par quand est un argument en faveur de la caractérisation du PC comme un temps du passé plutôt qu’un véritable parfait et donc ces arguments concernent la compatibilité du PC avec les adverbes déictiques. Le roman contient beaucoup d’exemples qui illustrent la compatibilité du PC avec les adverbes déictiques. Le PS ne se combine guère avec les adverbes déictiques. La progression temporelle n’implique pas nécessairement que R ne puisse être situé à S, contrairement à ce qu’ont stipulé Kamp et Rohrer (1983) et le fait que S et R puissent « bouger »en même temps constitue un argument en faveur que R se situe invariablement à S quand on regarde l’incompatibilité de la combinaison PC + adverbe de perspective. Et un adverbe comme maintenant connaît un emploi impliquant que l’événement est vu à partir de la perspective du « protagoniste ». Le PC ne se combine guère avec maintenant ce phénomène s’explique naturellement si on défend l’idée que R ne se situe jamais avant S dans le cas du PC et donc il y a un conflit entre maintenant, qui situe R avant S et le PC qui situe invariablement à S. La postériorité est quand la relation temporelle établie entre deux phrases au PC, le recouvrement temporel indique deux événements racontés au PC et l’inversion temporelle c’est le rapport temporel qui relie deux phrases au PC. Ces trois choses formulent une règle d’interprétation discursive qui stipule que le PC n’introduit aucun ordre temporel et c’est ce qui fait la distinction entre le PC et PS. A partir de cela Molendijk et Swart montrent que le PS ne permet jamais l’ordre inverse, même dans le cas de la présence d’une structure de causalité et que le fait que le PC permet facilement l’ordre inverse suggère qu’il n’a pas d’interprétation narrative par défaut. La différence essentielle entre le PC et le PS est basée sur le fait que le PC n’est pas narratif de nature. Donc ils formulent cette caractérisation du PC dans un cadre théorique qui utilise la structure rhétorique pour exprimer la cohérence du discours et dans ce cadre, les règles d’interprétation pour la structure temporelle du discours narratif peuvent être formulées. La narration mène obligatoirement à une relation temporelle de postériorité et la règle dit que le PC n’introduit pas de relation rhétorique. Il n’impose pas d’ordre temporel car c’est un temps « neutre ». L’étude de L’Etranger montre que Camus utilise également la sémantique lexicale des compléments adverbiaux et des adverbes que certaines structures rhétoriques et extralinguistiques pour créer la structure temporelle. Car le fait que le PC est neutre oblige Camus à faire un emploi abondant d’expressions non-verbales qui marquent la progression temporelle. Le roman contient aussi assez beaucoup d’expressions qui marquent l’écoulement du temps et les verbes dits transitionnels. Vet (1980) établie une distinction entre ces types de verbes, un qui est transitionnel et l’autre qui est non-transitionnel. Un verbe transitionnel décrit la transition entre deux états ce qu’on appelle l’état présupposé et l’état impliqué. Dans L’Etranger on rencontre souvent des phrases qui renvoient à un état qui correspond à ce qui est impliqué dans une phrase précédente contenant un verbe transitionnel. Camus utilise aussi le scénario pour introduire un ordre temporel. La notion de scénario est en quelque sorte une généralisation de la relation d’occasion et il consiste en une série d’actions stéréotypes qui font partie de la vie quotidienne. L’auteur les utilise afin de signaler que les événements du scénario ne doivent pas être conçus comme les événements principaux du récit. En d’autres termes, Camus utilise la structure temporelle du scénario pour créer le pivot d’une structure narrative. Et donc Molendijk et Swart conclurent qu’un narrateur désireux de raconter une histoire au PC est obligé d’utiliser des moyens linguistiques et non-linguistiques autres que la forme temporelle du verbe. Nom : Khadija Badouri Studentnummer : 3179001 TK4 Prof : B. Le Bruyn