BIOENERGETIQUE DE LA CONTRACTION MUSCULAIRE La contraction musculaire revient à l’hydrolyse de l’ATP (ATP ADP + Pi + énergie). L’énergie chimique produite par l’hydrolyse de l’ATP va être transformée en énergie mécanique. I. ORIGINE DE LA CONTRACTION contraction musculaire = glissement de la myosine sur l’actine diminution de la longueur du sarcomère (= zone limitée par 2 bandes H) raccourcissement du muscle A. AU REPOS Schéma : Bases structurales et fonctionnelles La tête de myosine est maintenue à distance de l’actine. Il n’y a pas contact entre l’ATP et son site sur l’actine car les molécules de Tropomyosine s’interposent. La tête de myosine présente une activité ATPase masquée. Cette activité ATPasique sera dévoilée lors de la liaison actine-myosine. 582663756 1/16 L’ATP est l’élément chimique qui permet la contraction musculaire, mais l’hydrolyse de l’ATP n’est pas possible au repos car la Tropomyosine empêche le contact entre la tête de myosine et l’actine. B. LORS DE LA CONTRACTION Schémas : Résumé des mécanismes de la contraction musculaire 582663756 2/16 Le potentiel d’action neuromusculaire provoque l’arrivée du Ca2+ aux myofibrilles. Le Ca2+ va se fixer sur la Troponine C. conséquences : déplacement de la troponine liaison actine-myosine action ATPase dévoilée levée hydrolyse de l’ATP contraction = Inclinaison des têtes de myosine diminution de l’angle qu’elle fait au repos avec la myosine (de 90° à 45°) L’hydrolyse de l’ATP est la transformation de l’énergie chimique en énergie mécanique ; c’est l’élément qui provoque la contraction. Schéma : La molécule d’ATP (Adénosine Triphosphate) Schéma : L’hydrolyse de l’ATP chaleur ATP + H2O ADP + Pi + énergie libre travail musculaire 582663756 3/16 Cependant, la concentration musculaire en ATP est faible (~ 5 mmoles/kg), ce qui ne permet d’effectuer des contractions que de quelques secondes. Pour que le muscle se contracte plus longtemps, il faut un apport suffisant en ATP ; il faut donc en resynthétiser. C’est là qu’interviennent les substrats énergétiques et les différentes voies métaboliques de dégradation de ces substrats. L’intervention des différentes voies métaboliques est conditionnée par la durée et l’intensité de l’effort. Cette intervention permet la resynthèse de l’ATP (qui est nécessaire à la contraction musculaire mais qui est présent en faible quantité dans le muscle). Selon la voie métabolique, certains substrats vont être utilisés préférentiellement (ex : les lipides pour les exercices de longue durée et de faible intensité ( aérobie)). II. SUBSTRATS ENERGETIQUES Tableau : Substrats disponibles chez un homme de 80kg ayant 25kg de muscles. Substrats Quantité (en kg) Energie disponible (en kJ) Triglycérides 12 446 500 Protéines (acides aminés libres) 6 78 250 0,060 0,400 638 4252 Substrats circulants (glucose, acides gras) 0,023 420 Phosphorylcréatine 0,087 17 ATP 0,076 3 Glycogène hépatique musculaire rq : Il faut éviter de faire des efforts de trop longue durée sous peine de puiser dans les réserves de protéines et de perdre ainsi de la masse musculaire. L’utilisation des substrats est fonction de l’intensité et de la durée de l’exercice. 582663756 4/16 III. PROCESSUS METABOLIQUES La resynthèse de l’ATP nécessite l’intervention des processus métaboliques : aérobie (présence d’oxygène) exercice de longue durée et de faible ou moyenne intensité anaérobie (absence ou manque d’oxygène) exercice de courte durée et de haute intensité Il existe un temps d’adaptation de la fonction respiratoire à l’exercice. Pour un exercice d’une durée de 2 à 3 min, l’oxygène est très peu utilisé pour procurer de l’énergie. Ce sont donc les processus anaérobies qui sont principalement utilisés. A. PROCESSUS METABOLIQUES ANAEROBIES Anaérobie alactique - absence d’O2 - pas de production d’acide lactique - intervient dès le début de l’exercice - efforts de 3 à 4’’ à intensité quasi-maximale Anaérobie lactique - manque d’O2 - production d’acide lactique - effort de haute intensité prolongé 1. ANAEROBIE ALACTIQUE La chute de concentration en ATP est évitée par 2 mécanismes : 1 mécanisme : er myokinase 2ADP AMP + ATP ([ATP] = 10-3 mmol/kg) Cette réaction est rendue possible grâce à une enzyme : la Myokinase. L’ADP étant présent en quantité négligeable, ce mécanisme ne va pouvoir assurer que quelques contractions musculaires. 582663756 5/16 2e mécanisme (réaction de Lohmann) : créatine phosphokinase ADP + P ATP + C ([CP] = 20 mmoles/kg) Cette réaction est permise par une enzyme : la Créatine Phosphokinase (CPK). La voie métabolique anaérobie alactique ne fait intervenir que les composés phosphorés ; l’oxygène n’intervient pas du tout, c’est pour cela qu’un effort de courte durée peut être réalisé en apnée. Caractéristiques de la voie anaérobie alactique : Inertie (temps nécessaire à une intervention optimale) : L’inertie est faible, la puissance (maximale) est obtenue instantanément. Puissance (faculté de produire la quantité d’énergie la plus importante en peu de temps) : L’exercice étant de courte durée, la puissance est très élevée, en particulier chez le sportif (% élevé de fibres rapides). Les concentrations en myokinase et créatine phosphokinase sont 2 fois plus élevées dans les fibres rapides que dans les fibres lentes. Capacité (quantité totale d’énergie disponible pour une voie métabolique) : La capacité est peu importante en raison des faibles concentrations en créatine phosphate qui ne permet la resynthèse de l’ATP que pour quelques secondes. La poursuite de l’exercice implique l’intervention d’autres voies métaboliques. 2. ANAEROBIE LACTIQUE La dégradation du glycogène produit des acides pyruviques puis des acides lactiques : c’est la glycolyse anaérobie. L’approvisionnement cellulaire de la glycolyse en résidu glucose a 2 origines : - la glycogénolyse : dégradation du glycogène intracellulaire. - l’entrée du glucose libre cellulaire ou apporté par la circulation. 582663756 6/16 La glycogénolyse glycogénolyse = dégradation du glycogène en glucose-1-phosphate Glycogène + Pi Glucose-1-phosphate + glycogène glycogène-phosphorylase La dégradation du glycogène (= glycogénolyse) fait intervenir une enzyme : la glycogènephosphorylase. Cette enzyme existe sous 2 formes au niveau du muscle squelettique : - phosphorylase active a (active en absence d’AMP et non-inhibée par la présence d’ATP) - phosphorylase inactive b (inhibée par la présence d’ATP et du glucose-6phosphate). La glycolyse Etymologie : vient du grec Glycos (= sucre) et de Lysis (= dissolution) La glycolyse est la dégradation du glucose (par voie aérobie et anaérobie). En présence d’oxygène (aérobie) : Glucose 2 molécules d’acide lactique 2ATP La glycolyse anaérobie exige la présence d’un accepteur d’hydrogène (NAD) : NAD + H2 NADH + H+ La concentration en NAD est peu importante (= 1 mmole/kg) ; elle permet un travail musculaire de moins d’une seconde. La poursuite de l’exercice implique la régénération de NAD à partir du NADH formé (selon les voies métaboliques différentes). en anaérobie : Par transfert d’un hydrogène du NADH à l’acide pyruvique pour donner l’acide lactique. en aérobie : L’hydrogène du NADH passe à l’intérieur de la mitochondrie (système de navette qui agit sur la perméabilité de la membrane mitochondriale au NADH). L’hydrogène est ensuite oxydé (chaîne respiratoire mitochondriale) pour donner l’ATP. 582663756 7/16 Caractéristiques de la voie anaérobie lactique : Inertie : L’inertie n’est pas négligeable (= 10 secondes), mais moins importante que ce qui était admis. Des ponctions biopsies montrent une augmentation importante de lactate après 10 secondes d’effort. Une simulation sur ordinateur des processus biochimiques montre une augmentation d’acide lactique dès la 5e seconde. Puissance : La puissance dépend de l’abondance enzymatique et de la typologie des fibres musculaires. L’activité glycolytique des fibres rapides est supérieure à celle des fibres lentes car la concentration en phosphorylase a et b et la concentration en créatine phosphate y sont plus élevées. Capacité : La capacité est faible car seules 2 molécules d’ATP sont formées. Conséquence de l’accumulation de lactate et de la baisse du pH ( augmentation de l’acidité) : intervention sur les processus enzymatiques : - inhibition de la phosphorylase - perturbation des propriétés contractiles (vitesse de contraction). B. PROCESSUS AEROBIES Ces processus font référence aux mécanismes d’oxydation des glucides et des lipides au niveau des mitochondries. C’est la source d’énergie la plus importante. 1. OXYDATION DES SUBSTRATS GLUCIDIQUES stade de l’acide pyruvique Dégradation du glucose décarboxylation (perte d’1 CO2) l’acide pyruvique subit une action PDH 582663756 Acétyl CoA cycle de Krebs 8/16 Schéma : La glycolyse aérobie et anaérobie Schéma : Le cycle de Krebs 582663756 9/16 rq : Exercice de haute intensité Utilisation du glycogène Production de lactate Acidification du milieu Action négative sur les enzymes Arrêt des réactions enzymatiques Arrêt de l’utilisation du glycogène Le rendement de la voie aérobie est très élevé (une molécule de glucose fournit 36 ATP, alors que dans la voie lactique elle ne produit que 2 ATP). L’autre avantage de cette voie est qu’elle ne produit aucun catabolite nocif à l’organisme (comme l’acide lactique) ; elle ne produit que H2O et CO2. Ce métabolisme est important au niveau des fibres lentes oxydatives. De manière générale, c’est l’intensité de l’exercice qui régule la participation des glucides : plus l’exercice est intense, plus les glucides seront utilisés. Schéma : Consommation de glycogène pour un exercice d’intensité croissante Consommation de glycogène Intensité 582663756 10/16 La consommation de glucose (= concentration artérielle en glucose - concentration veineuse en glucose) augmente fortement au début de l’exercice, puis de manière moins importante au bout de 10 minutes. Pour un exercice à charge constante, la captation de glucose augmente rapidement jusqu’à 10 minutes puis s’infléchie. Lors d’un exercice à charge croissante, la captation de glucose augmente en fonction de l’intensité de l’exercice (la différence artério-veineuse augmente). Schéma : Evolution des concentrations sanguines en glucose lors d’un effort d’intensité croissante exécuté sur bicyclette ergométrique La concentration artérielle reste constante grâce à la libération de glucose par le foie (qui est multipliée par 6). Cependant, les réserves en glucose du foie ne sont pas inépuisables. Au bout d’un certain temps d’effort, l’organisme va devoir faire appel à la glyconéogenèse au niveau du foie et du rein pour permettre la fabrication de glucose. Cette glyconéogenèse se fait à partir du lactate et du pyruvate (rôle important lors des exercices de longue durée). 582663756 11/16 Caractéristiques de la voie aérobie : Inertie : L’énergie est apportée dès le début de l’effort par oxydation grâce à l’oxygène fixé sur la myoglobine. Cependant, la quantité de myoglobine est faible. La sollicitation de la voie aérobie devient prépondérante au bout de 2 à 3 minutes (= temps d’adaptation cardio-respiratoire). Puissance : La puissance est inférieure à celle du métabolisme anaérobie lactique et alactique. Elle dépend de la quantité maximale d’O2 utilisé par la mitochondrie. L’entraînement agit sur cette puissance en augmentant la taille et le nombre de mitochondries. Le système cardio-respiratoire représente le facteur limitant ; il peut être amélioré par l’entraînement. Capacité : La capacité de cette voie est très importante (quasi-inépuisable). Elle dépend de la quantité de substrats énergétiques présents dans l’organisme. 2. DEPLETION GLYCOGENIQUE ET RESYNTHESE DU GLYCOGENE La concentration du muscle strié squelettique en glycogène varie de 5,9 à 20 g/kg. a) Au repos Le glycogène n’est pas utilisé en grande quantité au repos ni lors des exercices de faibles intensités. rq : Pour perdre en masse graisseuse, il faut faire de l’exercice à jeun, mais un exercice de faible intensité pour puiser dans les réserves de lipides (ex : marche). 582663756 12/16 b) Lors d’un exercice à charge croissante Schéma : Consommation du glycogène lors d’exercices d’intensités croissantes rq : Au-delà d’un effort égal à 100% de la VO2 max, l’effort n’est plus de type aérobie (à 100% de la VO2 max, les processus aérobies utilisent les ressources énergétiques de manière maximale ; au-delà, il faudra faire appel aux autres voies métaboliques pour fournir n’énergie complémentaire nécessaire à la réalisation de l’exercice). Schéma : Déplétion en glycogène (quadriceps) en mmoles d’unités glucosyls/kg de poids frais 582663756 13/16 La déplétion glycogénique est un facteur limitant à l’effort. La délétion glycogénique dépend de la puissance de l’exercice, c’est-à-dire à la fois de son intensité et de sa durée. L’épuisement des réserves en glycogène n’est un facteur limitant que dans des cas d’exercices particuliers (intensité supérieure à 70%, durée de 2 heures). Schéma : Contenu en glycogène musculaire au cours de l’effort intense Pour les exercices de type puissance, la déplétion en glycogène est plus importante au niveau des fibres blanches à contraction rapide. Au contraire, pour les exercices de type endurance, la déplétion glycogénique est plus importante chez les fibres rouges oxydatives à contraction lente. pas de contradiction : fibres lentes exercice d’endurance ; fibres rapides exercice de puissance. Au repos, fibres lentes et rapides ont la même quantité d’énergie. Mais la déplétion glycogénique est plus importante dans les fibres rapides pour les exercices intenses ; au contraire elle est plus importante dans les fibres lentes pour les exercices prolongés. c) Pendant la récupération La resynthèse du glycogène atteint 50% environ 5h et 100% en 48h après un exercice intense et prolongé. Au cours de l’exercice, la resynthèse du glycogène va se faire à partir du lactate formé (20% au niveau du foie et 75% au niveau musculaire). 582663756 14/16 3. OXYDATIONS DES SUBSTRATS LIPIDIQUES Les substrats lipidiques métabolisables à l’exercice sont : - les triglycérides (acides gras libres et glycérol qui n’intervient pas dans la production d’énergie) - les corps cétoniques - le cholestérol. Avantages de la lipolyse : - Elle permet une épargne du glycogène musculaire (réserves de triglycérides importantes) - Le rendement énergétique de la lipolyse est supérieur à celui de la glycolyse (…) rq : L’entraînement vise à repousser le seuil anaérobie afin de prolonger l’utilisation de la lipolyse et de repousser l’utilisation de la glycolyse qui provoque la production de lactate. a) Utilisation des lipides sanguins Lors d’exercices brefs et intenses, les lipides ne sont quasiment pas utilisés ; la captation des acides gras libres et des triglycérides par le muscle est peu modifiée. Pour des exercices sous-maximaux de longue durée, la captation s’élève significativement (la concentration en triglycérides baisse de 50%). Le problème est le suivant : L’hydrolyse des triglycérides par la lipolyse augmente le glycérol plasmatique. Mais le muscle ne possède pas de mécanismes nécessaires à son utilisation. Le glycérol participe indirectement à la glyconéogenèse hépatique. b) Utilisation des triglycérides hépatiques et musculaires Les triglycérides hépatiques sont peu mobilisables pour le métabolisme musculaire. Schéma : Teneur en triglycérides au cours d’épreuves de longue durée 582663756 15/16 Les triglycérides musculaires couvrent largement les besoins énergétiques. La déplétion peut atteindre 40% au niveau des fibres de type I (après un exercice de longue durée). 4. OXYDATION DES SUBSTRATS PROTIDIQUES L’oxydation des substrats protidiques (des acides aminés) n’intervient de façon significative que dans des conditions d’exercice exhaustif de longue durée et de dénutrition. 582663756 16/16