MODULE PSYCHIATRIE Les états dépressifs Dr LAUQUIN 14 Septembre 2005 I) INTRODUCTION Dépression : symptômes qui représentent un sentiment de tristesse pathologique. Syndrome (ensemble de symptômes) qui désigne une maladie. La maladie dépressive : particularité étiologique et évolutives. Registre des troubles de l'humeur ou thymie. Humeur ou thymie : résultant de l'ensemble des contenus affectifs d'un individu, qui varie selon trois types de variations de l'humeur : o euphorie o tristesse o émoussement affectif (absence d'humeur, de réaction) l'humeur pathologique : humeur inadaptée à l'ambiance générale II) EPIDEMIOLOGIE A) Mortalité L'espérance de vie des patients déprimées et réduites essentiellement dues au suicide cause indirecte : dénutrition, déshydratation risque d'alcoolisme B) Morbidité Prévalence du trouble : (pathologies plus fréquemment retrouvées) nombre de cas dans une population déterminée, 10 % d'une population générale évolution dans le temps : de plus en plus de patients déprimés selon l'OMS C) Caractéristiques sociaux démographiques Sexe :*2 pour les femmes âge : différence de présentation selon l'âge, prévalence vers 20-50 ans statut marital : moins de risques que les célibataires, intérêts dans la prise en charge niveau social : pas de distinction autre facteur : plus fréquents dans les milieux ruraux III) SEMIOLOGIE DU SYNDROME DEPRESSIF TYPE Association clinique de symptômes cliniques : o émotionnelles o psychomoteurs o conatifs o cognitifs o végétatifs A) Humeur dépressive Sentiment mal explicable qui tranche avec le vécu habituel qui se traduit par : o tristesse pouvant aller jusqu'à l'abattement, désespoir, découragement voir une douleur morale très importante (tableau mélancolique). Elle se met en place malgré soi, non contrôlables, persiste dans le temps. La personne déprimée ne sera pas sensible à la réassurance des proches, inconsolable. Dysphorie : humeur instable, irascible, vécu de tensions internes. Émoussement affectif : sentiment lassitude à l'extrême, la différence affective, anhédonie affective. S'accompagne d'angoisse, de culpabilité. Labilité, variation de l'humeur dans la journée, dépressive au maximum au matin avec tendance à s'atténuer au fur et à mesure de la journée. B) Symptômes psychomoteurs 1) Moteur Ralentissement à tous les niveaux : o attitude (porte sur lui la tristesse) o marche lente o geste rare o discours lent, monocorde, pauvre o mimique figée 2) Psychique Les pensées sont pauvres, les idées peu nombreuses ou alors de rumination de tristesse fatigable « j'ai la tête vide », « je n’arrive plus à réfléchir » 3) Agitation anxieuse Désordonnée, mais stérile risque suicidaire plus important C) Troubles conatifs Ensemble des symptômes procédant d'une baisse de capacité d'efforts et d'initiation. Baisse de la volonté. Sentiment de fatigue importante, asthénie perte d'énergie passivité aboulie : toutes ces capacités éteintes incurie : total laisser-aller D) Troubles cognitifs 1) Fonctions cognitives globales Troubles de la concentration (exemple : lecture) troubles de l'attention troubles de la mémoire 2) Représentation et contenu de la pensée Sentiment d'infériorité, impuissance, échec pessimisme projection dans l'avenir inexistante ou sombre perte de l'estime de soi auto dépréciation, auto dévalorisation pensées négatives pensée d'auto accusation, de honte (formes graves mélancoliques) 3) Altérations pathologiques des raisonnements Troubles du jugement rigide dans sa pensée (ne sert à rien de le rassurer) pessimisme dans le raisonnement prépondérance des interprétations négatives E) Troubles végétatifs Précèdent souvent les autres troubles asthénie : fatigabilité à l'effort troubles du sommeil : constant, insomnie, difficulté à l'endormissement, réveils nocturnes précoces avec impossibilité de se rendormir. Qualité du sommeil à évaluer, réveils difficiles, douloureux. Inversement des hypersomnies non récupératrices. Perturbations de l'appétit : pas de goût, de désirs, baisse du plaisir de manger. Perte de poids car ne mange plus beaucoup. Inversement une hyperphagie exceptionnelle. Troubles sexuels : ralentissement entraînant une angoisse, une culpabilité. Baisse de la libido, désintérêt, pouvant aller jusqu'au dégoût. Troubles digestifs : ralentissement l'amélioration de ses troubles permet d'évaluer le traitement F) Anxiété associée Symptômes fréquents, quasi constant ce qui entraîne le passage à l'acte (risque) IV) FORMES CLINIQUES A) Selon l'intensité Légère : symptômes modérés sévère : symptômes sévères B) Formes symptomatiques Dépression anxieuse, agitée : irritabilité voire agressivité, risques de raptus suicidaire plus important. Dépressions hostiles. Dépression inhibée, ralenti : ralentissement important. Mélancolie : délirante, douleur morale intense, idée de perte, ruine, honte, faute, déchéance (idées délirantes), incurabilité intense, refus des soins, amaigrissement, incurie marquée. Dépression d'allure psychotique : hallucination délirante, persécution (souvent chez la personne âgée) dépression masquée : par les autres symptômes autres que la dépression (exemple : insomnies, perte de poids, asthénie) dépression selon l'âge : les symptômes sont différents. La personne âgée a beaucoup de plaintes somatiques, peut donner un tableau pseudo confessionnel (désorientation temporo-spatiale), lien dépression, démence à ne pas associer systématique, beaucoup d'angoisse chez la personne âgée, risque suicidaire important. Chez l'adolescent forme souvent masquer, aspect comportemental. Dépressions post-partum (différent du baby blues normal dans 90 % des cas) qui dure dans le temps, relations à l'enfant perturbé. Dépression saisonnière : idée de récurrence chaque année selon la saison, souvent en fin de l'automne début de l'hiver (baisse de la luminosité) qui s'améliore avec le retour des beaux jours. dysthymie : constance de l'humeur dépressive, font dépressif. V) CLASSIFICATION INTERNATIONNALE VI) ETIOPATHOGENIE (multi factoriel) A) Facteurs génétiques Il semble qu'il y a des familles de déprimer, vulnérabilité génétique. B) Facteurs biologiques Dérèglements biologiques neurotransmission perturbée, déficits en sérotonine (neurotransmetteurs des connexions synaptiques) C) Facteurs sociaux environnementaux Peut être un facteur déclenchant événements stressants VII) EVOLUTION – PRONOSTIC Souvent évolution favorable normalement guérisons naturelles au bout de six mois majorité des cas pas de récidive sinon risque supplémentaire pour faire un deuxième accès dépressif (retour à la normale entre deux accès) évolution sous traitement favorable au bout d'un mois (nette amélioration) consolider l'amélioration sur six mois, un an, deux ans. Si nombreuses récidives traitement à vie facteur de mauvais pronostic : o âge (> 50 ans) o célibataires (seule, sans environnement) o socio-économique (bas niveau, risque) o personnalité (nature anxieuse, fragile) o autres maladies associées VIII) THERAPEUTIQUES A) Biologiques 1) Les antidépresseurs tricycliques Premier découvert : ANAFRANYL* o effets indésirables important : hypotension artérielle, somnolence formes graves en hospitalisation 2) Les antidépresseurs IMAO Plus beaucoup utilisé 3) Les antidépresseurs inhibiteurs de la sérotonine PROZAC*, DEROXAT*, SEROPRAM* inhibent la recapture de la sérotonine au niveau des synapses bien toléré o effets indésirables : digestifs (nausées, vomissements...), à prendre au milieu des repas ; effet sédatif (préférer la prise de soir) laissons pas efficace immédiatement, effet au bout de 15 jours, 3 semaines (prescriptions de benzodiazépines afin de pallier ces trois semaines : XANAX*, TEMESTA*, TRANXENE* = anxiolytiques, diminue le risque de passage à l'acte suicidaire) arrêt par diminution progressive (pas de réelle dépendance) mais faire attention durée du traitement = 6 mois ou plus B) Psychothérapies De soutien, d'accompagnement éduquer, informer individuel mais aussi familial entretien pour expliquer C) Autres 1) Sismothérapie électro convulsivo thérapie lors de formes graves, mélancolie effets indésirables : troubles de la mémoire 2) thymo-régulateur Thérapie réservée à des formes récurrentes de dépression LYTIUM*, DEPAMIDE*, TEGRETOL* 3) Photothérapie, luminothérapie Réservé aux formes saisonnières de dépression.