De la parenté des parents Fabienne Bergmann www.traduc71.com Les mots apparentés par une même étymologie, forment une famille. En français, ils dérivent d'un même radical – pas toujours évident – en hébreu, ils viennent d'une même racine, pas toujours évidente non plus. Prenons pour exemple le mot "parent". En français, le mot s'emploie au pluriel pour désigner "le père et la mère" ou la "parenté en général" et au singulier pour désigner "une personne de la famille". En hébreu, le mot ( הורהhoré), au sens de père ou de mère, s'emploie aussi bien au singulier qu'au pluriel − ( הוריםhorim) − et pour accompagner une classe d'enfants en excursion, par exemple, l'école s'adresse indifféremment aux pères et aux mères et demande un ( הורה מלווהhoré melavé). Mais de quoi parlons-nous ? Le Petit Robert nous explique que le mot "parent" est issu du latin parentem, accusatif de parens, parentis « le père ou la mère », de parere, « produire; engendrer ». La famille latine a donné parenté et parentèle, parentales, parturiente, parturition et puerpéral… Le français a formé parental et parentalité, coparent, coparentalité, homoparental et monoparental, apparenter. Ce qui apparait de cette énumération de ses membres est que tous les mots de la famille impliquent une idée de filiation, ce qui, me direz-vous, est bien naturel puisque c'est là la mission première des parents et ce qui les définit en tant que tels. Mais si le parent français correspond au הורהhébraïque, les familles elles ne s'apparentent pas. La famille hébraïque, issue de la racine '( י' ר' יyod, resh, yod) comprend le verbe ( ַלהֲרֹותleharot), à la forme paal, signifiant concevoir, imaginer, mais aussi le verbe ( לְ הֹורֹותlehorot), à la forme hifil, qui équivaut à ordonner, commander, mais aussi à instruire, enseigner, fixer des règles. Les mots ( הוראהhoraa) signifiant enseignement, directive, précepte, signification et ( תורהTora), le Pentateuque, appartiennent à cette même famille. Notons que le mot תורהest à la fois la Tora elle-même, l'ensemble des commandements, un terme générique désignant l'ensemble de la littérature sacrée, et il s'emploie aussi pour désigner une théorie savante, qu'elle soit économique, mathématique ou autre, une partie théorique d'une discipline ou une science. La psychologie, par exemple est souvent définie comme ( תורת הנפשtorat hanéfesh), la science de l'âme. Cette filiation du mot ( הורהhoré) est révélatrice de la vocation parentale, toute faite de responsabilité. Le parent hébreu se doit d'enseigner, de fixer des règles – et donc des limites. Car être parents ne tient pas seulement à mettre au monde des enfants. La véritable vocation de l'état parental repose sur l'éducation, la transmission d'un savoir, d'une tradition. תֹורת ִּאמֶּ ָך ַ ( ְׁשמַ ע בְ נִּ י מּוסַ ר אָ בִּ יָך וְ אַ ל ִּתטֹּ ׁשshema beni moussar avikha veal titoch torat imékha), Ecoute, mon fils, les remontrances de ton père, ne délaisse pas l'enseignement de ta mère, nous disent les Proverbes (I : 8). Nous sommes loin des parents-copains, qui veulent se mettre sur le même pied que leur progéniture. Fin psychologue, l'hébreu !