Approche cognitive des processus mnésiques Licence de psychologie, année 2004-2005, avec Mme Bonnefond. 1 Introduction : 1. Qu’est ce que la mémoire ? Elle constitue pour chacun d’entre nous une donnée immédiate de l’activité de notre esprit, elle permet de retenir les relations entre les différentes propriétés des objets, retenir certains épisodes de notre vie, reconnaître les visages familiers, les lieux connus. C’est grâce à elle qu’on aura des expériences subjectives, des capacités de communication, mode d’individualité, des capacités sociales. La mémoire est illustrée par une image spatiale de la bibliothèque où les souvenirs seraient rangés, classés comme les livres. La mémoire est considérée comme un système unitaire mais les choses sont plus complexes : il y a plusieurs systèmes qui vont couvrir des durées de stockage allant de quelques millisecondes à quelques minutes jusqu’à la durée complète de la vie. La mémoire présente plusieurs systèmes séparés mais interactifs, elle n’est pas monolithique. Tous ces systèmes permettent l’acquisition et la rétention des connaissances ainsi que la récupération de ces connaissances. 2. Rappel historique L’étude scientifique de la mémoire date de 1885 avec Ebbinghaus, et la méthode d’économie au réapprentissage (cf. Td). Ebbinghaus va appliquer les méthodes expérimentales à la mémoire et va travailler essentiellement sur lui et dans des conditions très strictes et extrêmement contrôlé. C’est aussi à cette période qu’apparaissent les 1ers traités mnémotechniques. Au environ de 1920 avec Watson c’est l’apparition de la psychologie scientifique et la naissance du béhaviorisme. Le concept de mémoire est considéré comme trop mentaliste, il y a eu une réelle confusion entre mémoire et apprentissage. Au environ de 1960 c’est l’émergence des sciences cognitives, l’intérêt pour la mémoire augmente à nouveau : la distinction à la mode est MCT, MLT. Au milieu des années 70, il y a l’idée d’un système multiple au sein même de la MLT. A la même époque les études faites en neuropsychologie et les études sur les patients non sains vont alimenter les connaissances dans les domaines de la mémoire. 1985-1990 : les questions relatives à la nature, au nombre de systèmes mnésiques deviennent plus intense. Elles occupent une place centrale en psychologie cognitive, neuropsychologie et neurobiologie. On a totalement abandonné l’idée d’un stock unique, le débat actuel porte vraiment sur le nombre et la nature des systèmes mnésiques. 3. Qu’est ce qu’un système de mémoire ? Un système de mémoire n’est ni des formes, ni des types de mémoires, pas non plus un processus mnésiques, une tâche mnésique, ni même une expression de la mémoire. Les formes et types de mémoire sont inclus dans les systèmes de mémoire mais attention l’inverse n’est pas forcément vraie. Ex : mémoire visuelle, sensorielle, auditive, procédurale, sémantique… C’est uniquement descriptif, on les utilise uniquement pour décrire des phénomènes empiriques et les organiser. 2 Un processus mnésique est une opération précise menée dans le but de parvenir à une performance mnésique. Ex : autorépétition, catégorisation, encodage, stratégies. Chaque système mnésique peut utiliser un ou plusieurs processus mnésiques mais à chaque processus mnésiques on n’associe pas un seul et unique système de mémoire. Les tâches mnésiques comprennent le rappel, la reconnaissance. Une tâche mnésique est un processus, une opération qui permet de récupérer une information qui a été préalablement encodée et stockée. Les expressions de la mémoire, on y retrouve les notions de mémoire explicite et de mémoire implicite. La mémoire explicite renvoie à la récupération consciente et intentionnelle, la mémoire implicite renvoie à l’utilisation non consciente et non intentionnel d’informations acquisses. Un système de mémoire se définit en terme de mécanismes cérébraux, de types d’informations traitées et de règles opératoires, Tulbing 1972. 3 La mémoire sensorielle 1. La mémoire visuelle 1.1 La mémoire iconique Les 1ères études sur la mémoire visuelle se sont plus concentrées sur la quantité d’information qu’on était capable de mémoriser en un regard. Ces études ont été facilitées avec l’invention d’un certain nombre d’outils dont le tachistoscope, qui permet la présentation d’informations visuelles dans des conditions parfaitement contrôlées. 1960 : Sperling présente à l’aide d’un tachistoscope pendant une durée courte (inférieur à 50 ms) un pattern de 3 lignes de 4 lettres. Ex : ATHO MUZI TITV On présente ensuite un fond blanc. Il y a deux conditions expérimentales : report complet : rappeler le plus grand nombre possible de lettres, report partiel : on associe à chaque ligne un son plus ou moins grave (L1 : son aigu, L2 : grave, L3 : très grave). Cette association est mémorisée avant l’expérience. Résultats Condition 1 : 4-5 lettres restituées => 33-42% des lettres, Condition 2 : 3 lettres sur 4 => 75% des lettres. Concrètement le sujet a une trace visuelle du pattern pendant un temps très court. Le temps qu’on restitue quelques lettres, la trace du pattern disparaît. Cette étude permet de mettre à jour la mémoire iconique. Cette mémoire est la toute ère 1 étape de la mémoire visuelle. Au bout de 250-300ms, le sujet n’a plus de trace visuelle, la vie de cette mémoire est très courte. C’est une mémoire qui est affectée par des variations de brillance, ou de luminosité, car si on donne à voir un flash lumineux après le pattern, le sujet n’en a plus aucune trace. 1.2 La mémoire visuelle à court terme 1969 : Posner présente 2 lettres de l’alphabet soit identique soit différente, soit minuscule soit majuscule. Ex : AA, Aa, AB, Ab … L’intervalle de présentation entre les deux lettres est soit nulle (simultanée) soit allant jusqu’à 2 secondes. On demande au sujet si les deux lettes présentées ont le même nom ou pas. Résultats présentation simultanée : réponse inférieure à 80 ms lorsque les lettres sont visuellement identique et de même nom par rapport à la condition ou les lettres sont visuellement différentes et de même nom. 4 Présentation différée : plus le délai de présentation augmente plus l’avantage induit par la similitude physique diminue voir disparaît. l’effet de la différence de forme visuelle est importante quand l’intervalle est nulle ou très faible et plus on augmente l’intervalle moins cette différence de forme intervient. Cette étude montre bien qu’il y a une trace visuelle qui a une durée de vie plus longue que dans le cadre de l’expérience de Sperling (quelques secondes). On a le temps d’encoder verbalement la lettre. 1.3 La mémoire visuelle à long terme 1965 : Nickerson présente 600 images à ses sujets, représentants des scènes et phénomènes variés. Il mesure la capacité de rétention à des intervalles de temps variés allant de une journée à une année. Il demandera une tâche de reconnaissance ; il mélangera les 600 images à 600 autres images et le sujet doit dire si il les reconnaît. Résultats : Après une journée : 92% de reconnaissance, après une année : 63% de reconnaissance. (Au dessus de 50% donc ce n’est pas du au hasard.) 2. Mémoire visuelle et imagerie mentale Tout le monde a tendance à croire que la mémoire visuelle se superpose à l’imagerie mentale. On peut cependant sûrement faire des distinctions au sein de ces deux phénomènes et donc cela suppose que ceux sont deux phénomènes différents. 2.1 Genèse des images mentales Il existe des modèles théoriques qui décrivent la genèse des images mentales, ils font intervenir des phénomènes complexes. Deux auteurs, Kosslyn et Cornoldi, se sont beaucoup intéressés à ce phénomène (9495). D’après ces auteurs, la genèse d’une image mentale n’est pas une simple activation d’une représentation qui serait déjà formaté, stocké en MLT. Ils suggèrent que lorsqu’on constitue une image complexe, on va d’abord sélectionner, confectionner un pattern global qui déterminera le contour général de cette image. Puis on va intégrer de façons séquentielles des unités perceptives de plus petits niveaux, également stockés en MLT. On a une forme globale qui s’enrichie d’unités perceptives de plus petits niveaux pour arriver à une image mentale plus fine, plus précise, plus enrichie. Ces patterns globaux sont solidement stockés en MLT, on ne stocke pas d’images mentales extrêmement détaillées, on les construit. Pourquoi ? principe d’économie, la récupération est plus difficile pour une image mentale détaillée et l’oubli est plus important. Elle est activée trop peu souvent pour être stable en MLT. 2.2 Trace visuelle 5 C’est essentiellement la MCT qui entre en jeu, les traces visuelles sont directement liées au fonctionnement de la MCT. Ceci ne veut pas dire qu’en MLT on ne stocke pas des propriétés sensorielles (visuelles) de stimuli. Ex : couleur, la madeleine de Proust. Dans la plupart des cas la mémoire visuelle, les traces visuelles s’éteignent et ce qui restera c’est le canevas générique, le squelette qui servira de base aux images mentales. Il faut distinguer la mémoire visuelle qui provient d’une image visuelle récente, trace visuelle, d’une image mentale qui est générée à partir d’informations stockées en MLT. Généralement, l’image mentale est plus abstraite que la trace visuelle, cette trace visuelle peut être sujette à des perceptions illusoires, à des renversements, des réinterprétations de l’objet perçu, ce qui ne peut pas se faire dans le cas d’images mentales. 6 Relation entre attention et mémoire A priori on pourrait se dire qu’attention et mémoire sont une et seule fonction car pour mémoriser l’information il faut y avoir prêté attention. L’un des précurseurs dans l’attention est James (1890). Il a posé les bases de certains mécanismes attentionnels. Ex : il évoque une situation où on est plongé dans un travail, une lecture ; un clocher sonne, on y prête attention seulement au dernier coup de cloche. On est capable de compter après coup le nombre de coup de cloches. Quel est le phénomène, la fonction qui sous tend cet exemple ? Ces exemples montrent qu’une attention consciente n’est pas forcément nécessaire pour encoder ou mémoriser des éléments en mémoire. Ceci dit ce n’est pas parce qu’il n’y a pas d’attention volontaire qu’il n’y a pas d’attention. Toute la question est de savoir quelle relation entretiennent la mémoire, l’attention et la conscience. 1. Mémoire et attention 1.1 1.1.1 Comment ces concepts ont émergé dans la psychologie moderne ? Le béhaviorisme Durant une 50aine d’année le courant du béhaviorisme n’a pas fait avancer les recherches dans les domaines de l’activité mentale. Ces concepts sont trop mentalistes et ne peuvent être étudiées que par l’introspection et donc à bannir de la recherche scientifique. Toute fois ils n’en ont pas nié l’existence. Pour Koffka, l’attention est une attitude globale non spécifique, non dirigé vers quelque chose en particulier. Dans sa façon de voir les choses, il ne fait aucune référence à la limite attentionnelle. Pour la mémoire, il donne comme exemple que si je parle à Alfred plutôt qu’à Bernard, c’est que j’ai rencontré Alfred hier et donc il est plus familier pour moi que Bernard. pour les béhavioristes, la mémoire va avoir une incidence sur notre comportement. La mémoire va avoir une incidence directe, influencer grandement notre champ comportemental. Koffka touche là la mémoire épisodique. Ces fonctions mentales supérieures d’attention et de mémoire se trouvent chez les béhavioristes. 1.1.2 La psychologie cognitive et le traitement de l’information. Il va falloir attendre l’avènement de la psychologie cognitive avec l’arrivé des théories de traitement de l’information. 1.2 1.2.1 Les théories attentionnelles La théorie du filtre sélectif de Donald Broadbent 7 C’est le 1er à avoir proposé un modèle combinant à la fois la mémoire et l’attention (1958). C’est lui qui formule la 1ère théorie complète de l’attention : il existe à l’entré du système cognitif un filtre qui va sélectionner les informations sur la base de leur caractéristiques physiques. Expérimentation : Mémorisation de deux séquences de chiffres présentés simultanément. Il va utiliser le paradigme de l’écoute dichotomique. On envoie des informations simultanément à l’oreille droite et à l’oreille gauche du sujet. On demande au sujet de se focaliser que sur l’un des deux messages. Il présente à ces sujets 3 paires de chiffres, et on lui demande de faire attention que à ce qu’il entend à l’oreille gauche par exemple. Résultats : le sujet en moyenne est capable de rappeler 4-5 chiffres. Normalement le sujet est capable d’en rappeler 7 plus ou moins 2 items. Ce qu’il y a de surprenant c’est la façon dont il va restituer les items (on lui demande de restituer les chiffres des deux oreilles). Il rappelle d’abord les chiffres présentés à l’oreille gauche, puis à l’oreille droite. Son rappel est organisé par oreille. Pour Broadbent ces résultats illustrent l’attention sélective, et pour lui la sélection des informations se fait sur la base de caractéristiques physiques, des canaux physiques par lesquels les informations ont été présentées. Le sujet sélectionne les informations en fonction de la provenance des informations. Les caractéristiques physiques peuvent aussi être la voix, des intensités sonores. Si les informations ne se distinguent pas sur des caractéristiques physiques le sujet a beaucoup plus de mal à réaliser la tâche , donc pour Broadbent le contenu sémantique n’est pas prise en compte. Le filtre se positionnera après la mémoire sensorielle très tôt dans le cheminement au sein du système cognitif. L’information entre dans le système cognitif, elle va d’abord par la mémoire sensorielle et y sera stocké un temps. Il n’y aura pas de transformation. L’attention n’agit pas à ce niveau pour Broadbent, c’est après avoir passé que les informations non pertinentes ont été éliminées. C’est seulement après qu’il y a un traitement sémantique qui va permettre à l’information qui a été sélectionnée de transiter vers une MCT pour dans un certain nombre de cas être confronter au contenu de la MLT et y être stocké ou non. Il y a une rétroaction entre MLT et filtre qui va donner des informations en terme d’expétation (attente particulière). Filtre Stimulus -> MS // -> traitement sémantique -> MCT -> MLT -> réponse Ce modèle est un modèle linéaire. 1.2.2 Anne Treisman Assez vite on s’est rendu compte que le modèle de Broadbent porte un certain nombre de problèmes puisque si on ne prête pas attention aucun traitement sémantique ne devrait se faire. Ex : on suit un cours, les personnes derrières parlent et on entend notre nom => détourne notre attention du cours vers les personnes. Il y a donc eu un traitement sémantique !!! Ce qui est opposé au modèle de Broadbent. Une étudiante, Anne Treisman, va tempérer 2 ans plus tard le modèle de Broadbent. 8 Elle utilise la tâche de filature : différentes informations arrivent à droite, à gauche, etc… les sujets doivent suivre l’histoire. En même temps des messages parasites sont présentés. Elle découvre que Broadbent a raison sur un point : les caractéristiques physiques aident le sujet à séparer les deux messages. Elle remarque cette tâche de manière aisée quand les messages se différencient sur des caractéristiques physiques. Cependant si les caractéristiques physiques sont les même, le sujet aura plus de mal à réaliser la tâche mais il va y arriver sur une base sémantique. Ceci est totalement incompatible avec un modèle de sélection précoce présenté par Broadbent. Le sujet est même capable après coup de remarquer dans le message parasite des autres. Treisman propose un nouveau modèle, ce qu’elle change finalement c’est la fonction de ce filtre. L’information qui n’a pas été sélectionnée ne sera pas rejetée mais atténuée. Dans les deux modèles le filtre se situe à un niveau très précoce. 1.2.3 Théorie de Deutsch et Deutsch : théorie de la sélection tardive Ils proposent en 1969 un nouveau modèle. Pour eux il n’y a pas de sélection précoce car l’attention entre en jeu bien après l’entré du message dans le processus cognitif. C’est quand l’information entre dans la MCT qu’une sélection a lieu et en fonction de cette sélection l’information sera traité plus ou moins profondément. Toute l’information qui nous parvient de notre environnement sera traitée mais l’attention n’intervient qu’au niveau de la sélection de la réponse. Toutes les modélisations linéaires ont posé des problèmes et seront remises en question : selon la méthodologie le temps de stockage dans les différentes mémoires va fluctuer. L’idée selon laquelle l’information sera stockée en mémoire sensorielle sous un format phonologique sera abandonnée. On se dirige de plus en plus vers une description en terme de processus en abandonnant de plus en plus la modélisation structurale. 1.2.4 Le modèle de la croix de Malte (Broadbent). Ce modèle date de 1984, il y décrit 4 registres et au centre une unité centrale qui reçoit les différentes informations et les renvoie aux registres. On trouve : - un registre sensoriel - un registre à court terme - un registre à long terme - un registre de sortie motrice L’information va aller et venir entre les différents registres sans suivre un schéma particulier, cheminement particulier. Problème : on ne retrouve plus de manière claire l’attention. L’attention aurait plutôt une fonction de sélection, la mémoire aurait plutôt une fonction de stockage et de reconnaissance L’attention n’aurait qu’un rôle modulateur de l’entré de l’information, elle est considérée pour ces modèles comme un processus stratégiques qui va sélectionner l’information de manière précoce avant la MCT (cf. 1.2.1 et 1.2.2) ou alors la sélection se fera de manière plus tardive (cf. 1.2.3). Il y a une 3e famille de modèle qui va considérer l’attention comme un processus central, c’est un processus de contrôle intégré à la MCT ou la MT. 9 théorie de Badley (cf. Td) avec l’administrateur central. 1.2.5 Théorie de Badley (cf. TD) 1.2.6 Le modèle de Cowan Il va introduire une nouvelle distinction : la mémoire activée et l’attention focalisée. Il suggère que l’attention focalisée ne va comprendre qu’une partie des éléments activés en mémoire. le nombre d’item retenu en MCT est beaucoup plus grand que ce que peut faire l’attention d’une attention focalisée à un moment donné. Il peut donc y avoir beaucoup d’informations activées en MCT en dehors de la conscience. Cowan distingue l’information activée consciente et l’information activée non consciente. Comment un élément peut être activé en mémoire ? Pourquoi l’un et pas l’autre ? L’item est attendu donc l’attention est focalisée sur cet item. Cet item a un seuil d’activation très bas, par ex : un item très pertinent dans le contexte, notre nom (seuil très bas en permanence). Ces items activés parviennent à la conscience. Une autre façon de voir : chaque entré va activer sa représentation mais certain degré d’activation ne seront pas suffisant pour que l’item accède au champs de la conscience. distinction entre stimulation supra et sous liminaire. C’est un modèle emboîté, la MLT dans laquelle se construit un sous registre la MCT et à l’intérieur de cette MCT certains items vont être sélectionné pour donner le focus attentionnel. Le registre sensoriel (stock mnésique) est extérieur à la MLT. Les informations vont de toute façon transiter par le registre sensoriel. Les stimuli habituels qui ne nécessite pas de focalisation attentionnelle. Les stimuli non habituels, par ex : très pertinent dans le contexte, vont parvenir jusqu’au focus attentionnel et provoque une action d’orientation ou réorientation de l’attention, permis par l’exécutif central, en fonction du contexte et attente du sujet. Le principal avantage de ce modèle est d’avoir intégré l’exécutif central. Ce modèle date de 84 et présente des failles. Il a du mal à rendre compte de cas neuropsychologiques. Ce modèle a parlé de la notion de conscience. 2. Mémoire et conscience Depuis une 10aine d’années, les auteurs se sont plus penchés sur la conscience. De façon général, un phénomène conscient permet à celui qui le vit de le restituer verbalement et donc de l’expliciter. Baars c’est plus particulièrement intéressé à tout ça (97). Il essaye de distinguer ces deux fonctions. Il part d’une remarque : en français comme en anglais on fait la différence entre regarder et voir, écouter et entendre, toucher et sentir. Finalement le 1er verbe de chaque paire décrit le cheminement à une expérience consciente. 10 On utilise les 1ers verbes pour devenir conscient des seconds : on va regarder pour voir, … La différence est entre sélectionner une expérience et être conscient de l’expériences sélectionnées. Dans le langage courant les 1ers verbes impliquent l’attention alors que les 2e la conscience. Finalement l’attention est quelque chose de beaucoup plus contrôlable et actif que la conscience, qui est une sorte de réceptacle des informations qui nous parviennent du monde. En réalité depuis le développement des techniques d’IRM on sait que la conscience est un processus actif traduit par la mise en jeu d’un grand nombre de structures cérébrales. Si on distingue ces deux mécanismes c’est qu’il y a bien des informations qui accèderont à la conscience et d’autres pas. Ex : mouvement des yeux, la direction que le regard prend, les fovéations sont des mécanismes non conscients. Par contre le résultat de ces mouvements des yeux est une expérience consciente. Baars, finalement, essaye de résumer ce que chacune de ces notions impliquent. l’attention implique des activités d’engagement ou de désengagement. Il y a la notion de contrôle entre les différentes informations compétitives qui peuvent entrer dans le système cognitif. La conscience : la meilleure façon de la mesurer c’est de recourir à la verbalisation, qui va permettre de vérifier d’une manière précise le vécu de l’évènement. On suppose qu’on a un organisme à construire, de quelles capacités doit on le doter pour qu’ils survivent ? - système sensoriel : canaux sensoriel de façon à être renseigner sur l’environnement. - Le système doit pouvoir regrouper les différentes sensations : c’est le binding. C’est un processus qui réalise l’intégration de ces différentes modalités sensorielles. - Ces différentes informations sensorielles unifiées en tout persistant suffisamment longtemps pour appeler à la rescousse d’autres fonctions cognitives qui lui permettent de réagir de façon adéquate. Pour Badley c’est typiquement la MT. - Pour qu’il accède à ce contenu signifiant, il lui faut la conscience. Et c’est dans ces termes là que Badley a relié la notion de mémoire à celle de conscience. L’outil qu’on utilise pour accéder, étudier la conscience est l’anesthésie. Tous ces anesthésiques ont en commun d’abolir partiellement ou totalement la conscience. Ils agissent directement sur le cortex frontal et entraînent des déficits, perturbations attentionnelles et décisionnelles. Peut on enregistrer de nouvelles informations sous anesthésie ? Il existe des expériences où des expérimentateurs ont administré des doses plus ou moins forte et on leur fait faire des tâches cognitives. 2 groupes de sujets sous anesthésie : - entend des noms de personnes qui n’existent pas - entend des réponses du trivial Une fois réveillé, on fait un test mnésique : - groupe 1 tâche de reconnaissance : est ce que les noms sont des noms de vrais personnes. 11 + d’erreur que groupe contrôle. - groupe 2 : répondent plus facilement que les autres sujets. Problème : les résultats sont souvent difficiles à reproduire. En fonction des individus à une dose identique les effets ne seront pas les mêmes, les différences interindividuelles ! Au sein même d’une séance expérimentale l’effet de l’anesthésique fluctue. En 94, une équipe a administré à des sujets volontaires des doses plus ou moins fortes d’anesthésiques. Puis l’expérimentateur lisait une liste de mots, les sujets devaient lever la main quand le mot était représenté une 2e fois. Les mots peuvent être séparé entre 0 et 16 mots. les sujets pouvaient avoir à mémoriser un nombre de mots supérieurs à l’empan. Résultats : plus les doses augmentent plus les performances diminuent. Ceci démontre que la MT est directement liée au niveau de conscience, qu’elle dépend de ce niveau. Si au réveil on leu fait passer une tâche de reconnaissance les sujets n’arrivent pas à reconnaître les mots présentés parmi d’autres mots. Autrement dit sous anesthésiques même si les sujets gardent un certain niveau de conscience ce n’est pas suffisant pour garder une trace en mémoire explicite. 12 Imagination Charcot décrit le cas d’une patiente à qu’il décrit sous hypnose qu’elle a eu un accident et qu’elle a été blessée à la hanche. A son réveil elle raconte cet accident qui aujourd’hui la fait beaucoup souffrir à la hanche. Charcot est néanmoins convaincu que l’intervention sous hypnose n’est pas forcément nécessaire pour avoir ce genre de souvenir. On peut tout à fait se constituer de faux souvenir par simple autosuggestion. 1. Le pouvoir de notre imagination, de l’imagination humaine Expérience (96) : Loftus. Quelles sont les conséquences de l’imagination de pseudo événements ? Sujets auxquels il pose des questions sur des événements de la vie quotidienne : ces événements se sont ils produit oui ou non quand ils étaient enfants ? Les sujets répondent sur des échelles allant de 1 à 8 (sûr pas produit jusqu’à sûre produit). Ex : vous avez brisé une vitre en passant la main à travers. Deux semaines plus tard on reconvoque le sujet et on lui suggère des scènes par rapport au pseudo événements. Et on leur pose des questions en rapport avec l’histoire. Puis on leur redonne le questionnaire. voir pour les items auxquels les sujets répondus non, sûr que ça ce n’est pas passé, si les histoires ont modifié les réponses. Résultats : une histoire d’une minute suffit à modifier le degré de probabilité de souvenir de l’événement. Le simple fait d’avoir imaginer de façon plus ou moins concrète suffit à modifier le fait que le sujet se souvient réellement de l’événement. Si c’était le cas il passerait de 1 à 8. Le simple fait d’avoir imaginé la scène la rend plus familière et à mauvais escient la rend plus à l’enfance qu’à l’imagination. inflation imaginative Il existe une forte corrélation entre la capacité, le fait de faire cette inflation imaginative et les scores obtenus à une échelle d’expérience dissociative. Echelle en 28 items et les sujets doivent dire combien de fois ça leur est arrivé. L’imagination peut avoir un effet direct sur la mémoire. Cette imagination peut également faire croire à quelqu’un qu’il a fait quelque chose dans un passé récent alors qu’il n’en est rien. Expérience Goff (96) Expérience en 3 étapes : une 1ère session d’encodage : l’expérimentateur va dire au sujet un certain nombre d’actions simples. Trois possibilités : - soit on demande au sujet de réaliser concrètement l’action - soit de les imaginer - soit on demande rien 2e session : on demande aux sujets d’imaginer d’action. 3e session : on redonne la liste de la 1ère session et on demande si oui ou non ils l’ont réalisé. 13 Résultats - imaginer : les sujets disent les avoir réalisé. - Il y a une corrélation entre le nombre de fois où le sujet à imaginer l’action et le fait que le sujet l’identifier comme une action effectivement réalisée. Finalement ces actions imaginées une ou deux fois acquièrent un sentiment de familiarité qui peut devenir indissociable de la réalité. La simple imagination d’une action, d’un événement va rendre cette action plus familière et cette familiarité va déplacer le degré de certitude du sujet que l’événement c’est réellement passé. Remarque : ces résultats s’obtiennent s’il y a un temps minimum et maximum entre les sessions. De quelle façon les faux souvenirs peuvent interférer dans les performances ? 2. Les rôles des processus associatifs dans la création de faux souvenirs Cette théorie préconise que certains problèmes mentaux peuvent s’expliquer par des liens hypothétiques (associations) et qui relient entre elles des représentations mentales. L’associationnisme a été considéré comme un outil très important au bénéfice de la mémoire, présente des avantages pour la rétention et restitution d’événements. Les psychologues expérimentaux se sont peu penchés sur ces phénomènes là d’erreurs de la mémoire. C’est relativement récemment que quelques personnes commencent à s’y intéresser. Roediger s’intéresse aux illusions mnésiques : rappeler un événement et d’opérer un certain nombre de déviances ou alors le rappel d’un événement qui n’a jamais existé. Dans les travaux réalisés sur ce thème, on trouve dans les années 70 Underwood qui a conceptualisé la réponse associative explicite. => Quand on va percevoir, entendre un mot, la représentation du mot va être activé et en même temps et de façon non intentionnelle va être activé la représentation du mot le plus fortement associé à ce mot. Il se demande dans quelle mesure le fait d’activer la représentation de ce mot fortement associé n’agira pas comme une source d’interférence dans une tâche de reconnaissance. => Fausse reconnaissance - fausse alarme. Expérience : donne aux sujets un liste de mots puis on va leur faire passer un test de reconnaissance. Dans la liste au départ, il y a deux types de mots : mots stimuli avec des mots associés forts et d’autre plus neutre. Dans la liste de la tâche de reconnaissance, on va retrouver les mots cibles et les mots associés. Résultats : les mots associés ne font plus l’objet de fausse reconnaissance que les mots plus neutres que au départ n’avaient pas un mot associé fort. Cette capacité implicite est un facteur critique dans les fausses reconnaissances. Comment les réponses associées implicites peuvent jouer sur les performances mnésiques dans la reconnaissance ? Déterminer les facteurs qui vont conduire à des distorsions ou des précisions dans le rappel oral. 14 3. Les distorsions et les précisions dans le rapport oral Bartlett va travailler sur la mémoire des histoires et va introduire la notion des schémas. Il utilise deux méthodologies différentes : - longitudinale - transversale Ces deux méthodologies commencent de la même manière, le sujet lit ou on lui lit une histoire d’une page et il doit la restituer oralement. Longitudinale : c’est le même sujet qu’on interroge à différents moments. Ce type de méthodologie produit des distorsions importantes entre l’histoire originale et les histoires qui suivent. Les distorsions touchent non seulement les éléments en tant que tel de l’histoire mais aussi directement la structure de l’histoire. Bartlett explique ces résultats en disant que finalement on arrive tous au départ avec une idée préconçue, un schéma de la forme que devrait prendre l’histoire. On essaye de faire coller dans ce schéma l’histoire qu’on nous raconte. Si l’histoire est en accord avec le schéma, les distorsions devraient être moins nombreuses. transversale : le meilleur exemple des distorsions possibles est l’effet de rumeur. Avec ce type d’expérience on s’est demandé si ce genre de distorsions était inévitable ou non, si certains matériels sont moins sensibles aux distorsions. Il y a certain type de matériel comme les comptines qui répondent à certain nombre de critères très stricts, c’est aussi le cas de la poésie épique, comme Baudelaire, qui n’induit pas de distorsions. Il y a d’une part la contrainte de rimes, d’allitération, de métrique (…), tous ces critères rendent le matériel moins sensible aux distorsions, il est moins possible de modifier ce matériel. Il y a un autre facteur qui peut aussi intervenir dans le rappel oral d’histoire : est ce qu’il n’y a pas certains peuples qui ne sont pas plus sensibles à la transmission orale des histoires. Expérience : expérimentateur présente avec un magnétophone 2 histoires : une histoire africaine et une histoire plus européenne. Il va constituer plusieurs groupes d’enfants qui vivent à la ville, qui sont scolarisés, et des enfants qui vivent dans un village plutôt illettrés (enfants africains) et des enfants américains. On demande aux enfants de rappeler l’histoire de manière la plus précise et stricte : rappel immédiat, une semaine et un mois plus tard. Résultats : il n’y a pas de différences entre les enfants africains et leurs performances sont nettement supérieures aux enfants américains. Explication : tradition culturelle, transmission orale des histoires. Les distorsions de rappel ne sont pas inévitables, elles sont nombreuses quand il s’agit d’une histoire avec une forme particulière. La tradition culturelle peut intervenir dans la précision de ce rappel oral. 4. Les témoignages visuels et la fausse reconnaissance On ne peut pas agir sur la façon dont une personne perçoit une scène. Par contre si on a un minimum de connaissance sur les processus mnésiques en jeu ça peut nous aider à aider la personne à récupérer les informations mémorisées et essayer en donnant des indices au sujet de limiter les fausses reconnaissances. 15 La majorité des théoriciens de la mémoire considère que nous stockons pour chaque évènement un plus ou moins grand nombre d’éléments directement ou non associé à cet évènement. Ex : contexte, caractéristiques sensorielles, émotions, sensations, … On va donc mémoriser l’événement et le contexte dans lequel on était, un certain nombre d’attribut sensoriel etc … La probabilité qu’a un sujet de récupérer l’événement mémorisé va directement dépendre du nombre d’indices qu’il est capable de récupérer ou qu’on lui fournit. Donc un témoin d’une scène aura plus de chance de se souvenir de la scène de manière précise si les indices qu’on va lui donner correspondront à la trace qu’il a en mémoire. principe d’encodage spécifique On doit donner au sujet des indices concordant à la trace mnésique, ceci augmentera la probabilité de rappeler le moment vécu. Il est pertinent de faire rappeler le sujet selon la modalité perceptive qui lui a permis de vivre l’événement. Si on replonge le sujet dans le contexte physique, ou émotionnel de l’événement, il se rappellera mieux l’événement. Expérience : on présente un film avec une scène de crime. On fait deux groupes : - rappeler le plus de détail de la scène du crime, - rappeler d’abord le contexte originel de la scène du crime puis les informations. Résultat : le 2e groupe rapporte beaucoup plus de détails que le 1er groupe. On fait venir les sujets pour une prise de connaissance des lieux, une prise de contact. Lorsque les sujets se trouvent dans la salle, une femme leur passe sous le nez et prend une calculatrice. La deuxième fois qu’ils viennent ils doivent faire le portrait robot de la femme. On fait plusieurs groupes : - même salle que la 1ère fois - salle différente On subdivise encore les groupes : - rappel du contexte plus des émotions - rien du tout Résultats : les sujets qui réalisent les portraits les plus précis sont ceux reconduits dans le contexte de départ et auquel on a demandé de rappeler le contexte environnementale et leur émotion. Ensuite on trouve les sujets dans la salle de la rencontre mais à qui on ne demande rien, la 3e performance concerne les sujets qui n’ont pas le contexte mais à qui on demande de restituer le contexte. Les moins bonnes performances sont celles des sujets qui sont dans une salle différente et à qui on n’a rien demandé du tout. Conclusion : si on donne un indice au sujet ses capacités mnésiques seront améliorées, si on cumule les indices ses capacités mnésiques seront d’autant plus améliorées. Les performances mnésiques du sujet seront non seulement dépendantes du nombre d’indices mais aussi de la qualité des indices. 16 Les différences interindividuelles en mémoire 1. En MT Il y a trois aspects de la MT qui font apparaître d’importantes différences interindividuelles : - l’empan mnésique - les performances dans le traitement de l’information - la capacité de la MT 1.1 L’empan mnésique Ebbinghaus a déjà observé qu’il pouvait assez facilement répété une liste de 7 items en une seule lecture, mais dès qu’il augmente la taille de la liste il fait plus de lectures. De ces travaux est née une tâche d’empan mnésique, elle permet les déclinaisons multiples. On donne aux sujets des listes de plus en plus longue en demandant au sujet après chaque présentation de restituer dans l’ordre la liste. A partir du moment où il ne peut plus restituer la liste dans l’ordre, on en déduit qu’il a atteint sa capacité maximale d’empan mnésique. Ceci est la tâche classique, mais il y a différentes versions. Globalement cette tâche suit les mêmes principes. Est-ce que les performances à une tâche d’empan sont elles liées à une autre tâche ? En 1887, on trouve des traces écrites montrant que dans une tâche d’empan mnésique classique, les performances sont meilleures chez des garçons et des filles 1ers de la classe et que des sujets « normaux » présentent de meilleures performances que des sujets dit « retardés mentaux ». Le lien qu’on essaye de mettre en évidence c’est le lien entre les performances de la tâche d’empan mnésique et l’intelligence. Ces tâches d’empan figure, notamment dans un certain nombre de tests d’intelligence. Binet, notamment, considère les performances à une tâche d’empan mnésique comme un indice de l’intelligence. A cette même époque, on trouve aussi des études qui ont essayé de voir s’il y a un lien entre le sexe et les performances à une tâche d’empan. Il y a 9 études qui rapportent une supériorité des filles, 6 études ne rapportent aucune supériorité et enfin 5 études rapportent une supériorité des garçons. Autant dire qu’il n’existe probablement pas de différence entre les sexes quant à l’empan mnésique. En 1940, Brenner a montré que des individus qui ont l’empan mnésique le plus long pour du matériel visuel étaient aussi les sujets qui avaient l’empan le plus long, le plus important pour du matériel auditif. Ce résultat a été confirmé de nombreuses fois jusque dans les années 90. Il est important car il illustre qu’il existe un mécanisme unique ou processus unique qui domine tous les types de tâches d’empan quelque soit le matériel présenté et utilisé pour présenter les stimuli. 17 Les résultats restent dans l’ensemble contradictoire, dans certaines études, qui utilisent la WAIS révisée, semblent plutôt en faveur de la relation entre les performances à un subtest d’empan, les différents sous tests et le QI général (que ce test permet de mesurer). Seulement d’autres éléments montrent qu’il n’y a aucune différence entre deux groupes d’enfants qui se différencient par 18 points dans le QI. Ce test d’empan est sans doute un bon test pour mettre en évidence les déficits particuliers mais sa prédictibilité en terme d’intelligence reste très pauvre. Concernant la relation entre intelligence et performance à une tâche d’empan, les études menées dessus restent contradictoires. Quelle hypothèse pourrait on avoir pour expliquer une relation entre intelligence et empan de chiffre ? Derrière cette idée d’une corrélation entre intelligence et empan, il y a l’idée que les sujets intelligents utiliseraient plus de stratégies que les sujets moins intelligents. Expérience : Deux conditions qui diffèrent par la pression temporelle de présentation de stimuli : - 1 chiffre/sec - 3 chiffre/sec Dans la 1ère condition, les sujets ont la possibilité d’utiliser des stratégies alors dans la 2e condition les sujets n’ont concrètement pas le temps d’établir une stratégie. Résultats : les différences interindividuelles se maintiennent. Expérience On fournit aux sujets une stratégie, il va dire à tous les sujets quelles stratégies utiliser pour améliorer leurs performances. On présente un chiffre/sec. On donne la stratégie de regrouper par deux ou par trois les chiffres. Résultats : les performances sont améliorées mais les différences interindividuelles persistent. Un autre auteur propose une autre explication pour expliquer ces différences interindividuelles (car l’hypothèse de l’intelligence ne tient pas la route) : l’aptitude d’identifications des items. Finalement les sujets qui ont une meilleure performance à une tâche d’empan mnésique sont ceux qui nomment, identifie le plus rapidement les objets, stimuli. 1.2 Les performances dans le traitement de l’information Le paradigme expérimental le plus utilisé pour mettre en évidence des différences interindividuelles en terme de traitements de l’information est le balayage visuel. On présente au sujet une liste de lettres ou de chiffres, après disparition des lettres ou chiffres, on présente au sujet une lettre ou un chiffre (stimulus cible) on demande au sujet de dire le plus rapidement possible si le chiffre ou la lettre était dans la liste. Le temps de balayage représente le temps de balayage mental en MCT. Certains auteurs ont là encore essayer de trouver des corrélations entre ce temps de balayage et des aptitudes verbales, mathématiques, mais jusqu’à aujourd’hui aucune corrélation nette n’a été mise en évidence entre le temps de balayage et une aptitude du sujet. Expérience : Tâche de Brown et Peterson. 18 On présente au sujet un trigramme de consonnes et entre la présentation du trigramme de consonnes et la tâche de rappel on donne une tâche interférente au sujet. Résultats : les sujets qui ont les meilleures performances aux tâches d’intelligence sont aussi les sujets qui ont les meilleures performances à cette tâche de reconnaissance, quelque soit le temps de la tâche d’interférence. Hypothèse : Ces sujets sont peut être moins sensibles à l’interférence. 1.3 La capacité de la MT L’expérience la plus classique c’est de donner au sujet une série de phrases indépendantes les unes des autres. Le sujet doit lire ces phrases à voix haute avec comme objectif de se souvenir du maximum de derniers mots de phrases. On lui fait une tâche de rappel avec l’idée que le nombre de mots qu’ils vont rappeler correspond à la capacité de leur MT. Résultats : il y a une forte corrélation entre cette capacité (nombre de mots rappelés) et leur aptitude verbale. Pour les auteurs, les sujets qui ont la plus grande capacité de MT passent moins de temps que les autres à lire les phrases et passent plus de temps à fixer visuellement le dernier mot de la phrase que les sujets présentant une MT de capacité faible. Les différences interindividuelles pourraient s’expliquer par un traitement de l’information différent. D’autres sont allés plus loin : l’utilisation des ressources attentionnelles en fonction des sujets ne se distribueraient pas de la même façon. Toutes ces questions restent ouvertes, l’idée qui domine en ce moment c’est que ces différences interindividuelles s’expliqueraient par un traitement de l’information différent en fonction de l’individu ou bien par l’utilisation de structures. 2. En MLT Si on considère que la MT est une sorte de bouton d’entrer en MLT, il suffit finalement de voir ce qui se passe en MT pour inférer ce qui se passe plus loin. Par exemple, si on considère la MT comme le libraire et la MLT comme la librairie, si on regarde l’activité de notre libraire on pourra savoir ce que notre librairie contient. Finalement la librairie peut aussi se distinguer par son classement, son contenue, les opérations qu’elle propose. La librairie en tant que telle peut finalement se définir en dehors de la seule activité de notre libraire. Il faut voir si indépendamment de notre MT on peut observer des variations dans notre MLT. On va retrouver nos 3 étapes : - encodage - stockage - récupération 2.1 Encodage De nombreux psychologues se sont penchés sur la façon, la manière dont les individus apprenaient. 19 On s’est rendu compte qu’il y a des différences qui pouvaient être lié à des différences d’aptitudes, de motivation, différences liées aux capacités ou aux connaissances. Par exemple, certaines personnes vont privilégier la compréhension générale, ils seront plutôt orientés vers la conclusion, ce qui va les amener à faire un travail plus profond. D’autres vont plutôt se concentrer sur les détails et s’orienter vers un aspect descriptif, processus plus superficiels. Les implications en terme d’apprentissage et de mémorisation sont énormes dans ces différences là. On s’est notamment intéressé à la relation entre les connaissances générales qu’on possède et l’apprentissage des faits. Plus on a de connaissances au départ plus on peut apprendre et plus on peut retenir. Cette relation est elle directe ou y a-t-il une variable intermédiaire ? Cette variable intermédiaire serait encore une fois l’utilisation de procédés mnémotechniques, de stratégies. Là aussi on retrouve des résultats plutôt contradictoires, certaines expériences montrent que même si on donne les procédés mnémotechniques aux sujets on trouve toujours encore des différences interindividuelles. D’autres études ont montré que les individus aux capacités intellectuelles plus faibles sont aussi les individus les plus sensibles à la qualité de l’enseignement. Finalement les individus qui ont des capacités intellectuelles plus élevées réélabore le contenu de l’enseignement. Concernant les connaissances spécifiques, quand dans un domaine particulier on a de nombreuses connaissances : Expérience : On a formé deux groupes un connaisseur de baseball et un non connaisseur. On demande aux sujets de lire puis de résumer un texte sur une partie fictive de baseball. On se rend compte que nos sujets amateurs de baseball sont les sujets capables de restituer le plus d’informations et qu’ils font des inférences (décrire dans une action particulière ce qui risque de se produire), ils organisent l’information de façon beaucoup plus adéquate que l’autre groupe. Lorsqu’on possède des connaissances spécifiques dans un domaine précis, on va pouvoir relier ces informations par sous buts, sur un plan fonctionnel de manière à les rendre plus faciles à mémoriser. 2.2 Stockage On a effectivement tendance en MLT à organiser l’information sur la base de similarité ou d’un point de vue fonctionnel. Plus on va être capable d’organiser l’information à mémoriser plus il y a de chances qu’on la retienne. Ex : tâche : donner aux sujets une liste de mots tantôt regrouper par catégories tantôt aléatoirement. Les sujets qui ont repéré qu’il existe des catégories et qui ont organisé les informations en catégorie sont les sujets qui ont les meilleures performances de rappel. Quand on va donne rune liste de mots à des sujets où aucune catégorisation n’est possible, on se rend compte qu’il existe néanmoins des différences interindividuelles. 20 La réponse qui pourrait répondre à cette question de différences interindividuelles reste ouverte. L’hypothèse serait que la rapidité d’accès à l’information en MLT pourrait expliquer ces différences interindividuelles. 2.3 Récupération Hunt va utiliser la tâche des lettres de Posner. Les sujets doivent dire sir elles sont physiquement identique ou identique par leurs noms. Les sujets qui ont les meilleures aptitudes verbales ne présentent quasiment pas de différence en terme de temps de réactions entre ces deux conditions : AA et Aa. Ceci suggère que ces sujets vont mettre en place des processus plus rapides, plus automatiques pour décoder l’information à partir de leur MT. 21 Les cas exceptionnels de mémoire En général ces gens là ont des aptitudes mnésiques exceptionnelles dans un domaine ciblé et beaucoup plus rarement un don tout azimut. Les études les plus fréquentes sont celle des joueurs d’échecs, par exemple dans une expérience on compare les performances de joueurs d’échecs experts et de novices. On leur présente un échiquier pendant 5 secondes, certains experts sont capables de mémoriser la place de 24 pièces alors qu’en moyenne les novices ne mémorisent que 4 pièces. Ceci n’est valable que si on leur présente un échiquier d’une vraie partie. Il relie cet échiquier à une autre partie en mémoire. Finalement avoir une mémoire extraordinaire dans un domaine particulier provient en 1er lieu de la somme de connaissances qu’on a dans ce domaine mais aussi de la manière dont on a organisé l’information. Il existe néanmoins des individus qui ont des capacités mnésiques vraiment exceptionnelles et qui ne se limitent pas à un domaine en particulier : les mnémonistes. Ceux sont en général des gens qui ont développé des stratégies mnésiques particulières. Le plus connu est de Schereshevski, c’est un russe qui a étudié pendant plus de 30 ans, il a utilisé 3 processus mnémotechniques : - il produisait une image mnésique extrêmement riche et variée. Il la combinait avec deux autres techniques. - Technique de localisation : placer les mots dans sa chambre. - Technique de la chaîne narrative : insérer les mots de la liste dans une histoire. Il pouvait ainsi acquérir en un temps record des sommes astronomiques de connaissances et de les mémoriser pendant un temps très long. Pour que la stratégie soit efficace, il faut l’utiliser, l’entraîner. 22