Marion LAVOREL, Margaux MAZEAS

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GIORDAN Elodie
BADE Laurie
07/02/11
Oncologie, R. de Crevoisier
poly de l'année dernière disponible sur le réseau pédagogique. Le prof a précisé que c'était un cours important
qui aborde des notions fondamentales.
Cancérogenèse et histoire naturelle des
cancers
La cancérogenèse est un processus qui se fait en plusieurs étapes. Il est important de le
connaître pour la prise en charge thérapeutique du patient. On va décrire les causes, les
évolutions morphologiques, génétiques et moléculaires.
Objectifs du cours:

comprendre le développement d'un cancer à partir d'une lésion précancéreuse (=
histoire naturelle)

connaître les mécanismes conduisant à l'invasion tumorale et aux métastases
I) Principales étapes de l’évolution d’une cellule
normale vers une cellule cancéreuse:
A) Gènes impliqués :
Plusieurs gènes sont impliqués dans la cancérogénèse :
- Oncogènes ou proto-oncogènes: normalement ils sont réprimés. Quand ils sont activés
ils stimulent la division cellulaire.
- Anti-oncogènes = gènes suppresseurs de tumeurs
- Gènes impliqués dans le maintien, l’intégrité et la réparation du génome. Ils ne
remplissent pas leur rôle lorsqu'ils sont mutés, ce qui entraine un cancer.
Normalement:
Etat pathologique :
Lors d'un cancer, les oncogènes vont s'exprimer de façon anormale, les antioncogènes
vont être mutés et ne seront donc pas fonctionnels.
B) Mécanismes de la cancérogénèse :
- Proto-oncogène : gène dominant, il y en a un sur chaque chromosome. L'expression d'un
seul des deux suffit à entraîner un processus de cancer.
- Anti-oncogène : gène récessif. Il faut l'inhibition des deux pour avoir un processus de
cancer.
Les oncogènes: sont responsables de la prolifération cellulaire. Ils codent pour des facteurs
de croissance, des récepteurs de facteurs de croissance. Ils régulent également les facteurs de
transcription ou des facteurs nucléaires. Ils sont responsables de transcription des petites
protéines G ou des sérine thréonine kinases situées sur la membrane plasmique. Ils sont donc
responsables de la multiplication cellulaire avec une action au niveau membranaire ou
nucléaire.
C) Pourquoi ces gènes s'expriment-ils?

Protooncogènes:
Il y a 3 mécanismes possibles:
1. mutation ponctuelle du gène:
exemple: le récepteur de facteur de croissance est produit en quantité normale mais il est
hyperactif.
On fait des thérapies ciblées: Herceptine (médicament donné en cas de cancer du sein) =
anticorps monoclonal qui cible spécifiquement la protéine HER2 responsable de la
multiplication cellulaire.
2. amplification génique
Le gène est amplifié et multiplié. Le gène est normal, la protéine qui en résulte aussi, mais sa
sécrétion est amplifiée.
3. réarrangement chromosomique
- soit il s'agit de 2 gènes côte à côte qui conduisent à la production d'une protéine normale en
quantité très élevée.
- soit il s'agit de la synthèse d'une protéine de fusion hyperactive (ex: hémopathie).
Thérapeutique ciblée: inhibe spécifiquement les protéines de fusion.

antioncogènes
Ce sont des gènes suppresseurs de tumeur.
Ils sont exprimés dans toutes les cellules normales.
S'ils sont altérés, il y a un cancer dans le cadre de maladie familiale ou sporadique.
Exemple: cancer du sein: BRCA1 et BRCA2 qui sont des gènes qui lorsqu'ils sont mutés, sont
responsables de la prolifération tumorale. 10 à 15% des cancers du sein sont dus à la mutation
de ces gènes.
D) Etapes de la cancérogénèse (multi-étapes)
3 étapes : Initiation, promotion et progression
 Dysplasie/ Cancers in situ : phase pré-clinique (asymptomatique), dépistage
 Cancers invasifs et métastases : phase clinique, traitement
La détectabilité du cancer se fait entre les deux.
E) Caractéristiques des cellules cancéreuses
 Immortalité: capacité indéfinie de prolifération (perte de la sénescence):
- Production autocrine de facteurs de croissance
- Surexpression des récepteurs pour les facteurs de croissance
- Mutation et activation constitutionnelle de ces récepteurs
- Dérépression du gène de la télomérase/ mécanismes de maintenance des télomères
 Résistance à l’apoptose: sécrétion autocrine de facteurs de survie cellulaire (IGF-1, IGF2, IL 3)
 Autonomisation (division cellulaire): indépendance vis-à-vis des signaux de prolifération
et insensibilité aux inhibiteurs physiologiques de la croissance cellulaire
 Capacité à induire une néo-angiogenèse
 Capacité d’invasion tissulaire et diffusion métastatique (perte de l’inhibition contact)
F) Mécanismes de l’invasion
Pression physique des cellules tumorales due à la croissance tumorale
 Réduction de l’adhésivité et de la cohésion des cellules tumorales
Perte de l’inhibition de contact
Production d’enzymes protéolytiques (collagénases, hydrolases, activateurs du
plasminogène): dégradation de la matrice extracellulaire
Remaniement de la trame conjonctive: stroma réaction
Formation de néo-vaisseaux: néo-angiogenèse
Migration des cellules tumorales
II) Histoire naturelle du cancer
A) Lésions précancéreuses et dysplasies
Lésions pré-cancéreuses :lésions associées à un risque significativement élevé d’une
évolution cancéreuse.
Ces lésions sont acquises ou héréditaires et leur détection se fait grâce à une exérèse ou à une
surveillance régulière.
Dysplasies : État précancéreux acquis d’un épithélium caractérisé par une association
d’anomalies de maturation, de différenciation et de multiplication, avec un respect de la
membrane basale (3 niveaux de prolifération différents : légere (1) , moyenne (2) , sévère (3))
Exemples: col utérin, vessie, estomac
L’évolution des dysplasies selon les facteurs environnementaux, immunitaires et génétiques:
3 possibilités : stabilité, récession, ou cancer (mais pas d’évolution obligatoire vers un
cancer).
B) Carcinome in situ
= carcinome intra épithélial, ou non-invasif.
C’est une prolifération de cellules épithéliales qui ne franchissent pas la membrane basale. Ici,
tout l’épithélium est atteint (aussi les couches superficielles).
Au niveau des épithéliums:
- malpighien: col utérin, peau, lèvres, bouche, larynx, bronches
- non-malpighien: glandes et canaux excréteurs (seins, colon), voies urinaires
On peut y observer un certain nombre d’altérations histologiques (densité cellulaire
augmentée, cytoplasme basophile, polymorphisme et anomalies nucléaires,…).
Ils peuvent être observés transitoirement, sans évolution secondaire vers un cancer invasif
(muqueuse utérine chez la femme enceinte)
Ils sont accessibles au dépistage (ex : frottis cervicaux).
Ils peuvent être traités (exérèse)
ils sont asymptomatiques.
Il existe des formes particulières à extension intra épithéliales :
- maladie de Paget du mamelon: extension de l'épithélium cutané du mamelon d'un
adénocarcinome mammaire
- mélanome d’extension superficielle: (superficial spreading melanoma): extension
initial intra-épidermique
C) Carcinome invasif
Carcinome micro-invasif : tout l’épithélium est atteint et la membrane basale est franchie.
Carcinome invasif : le tissu conjonctif est aussi envahi. Plus il est envahi, plus le pronostic
s’aggrave et le taux de guérison diminue.
Les cancers sont détectables à partir 1 cm3, ce qui correspond à 10^9 cellules.
imp: tout diagnostic de cancer se fait avec preuve histologique, sauf pour les tumeurs du tronc
cérébral.
Le carcinome invasif peut s’étendre par différents moyens :
- envahissement loco-régional d’un organe proche par contiguïté
- envahissement des vaisseaux (sanguins, lymphatiques)
- envahissement des gaines nerveuses (ex : cancer de la prostate)
- envahissement par voie canalaire (ex : cancer urothéliaux)
- métastases = foyers tumoraux secondaires
En fonction de l’extension tumorale, on aura différents symptômes :
- destruction d’un organe : insuffisance
- distension, effet de masse d’un organe : douleurs
- envahissement d’un organe creux : occlusion
- compression des vaisseaux (sanguins et lymphatiques) : oedèmes
compression nerveuse : douleurs
Syndrome para néoplasique:
On pourra avoir d’autres symptômes en fonction des secrétions que peuvent effectuer les
cellules cancéreuses dans la circulation sanguine, ce qui entraine une symptomatologie
particulières.
Ex : syndrome inflammatoire : interleukines sécrétées dans les cancers du rein
syndrome de féminisation : oestrogènes sécrétés dans les cancers de l’ovaire
hyponatrémie : ADH sécrétée dans les cancers bronchiques à petites cellules
D) Métastases
Ce sont des foyers néoplasiques situés à distance de la tumeur primitive, de même nature
qu’elle et sans relation de contiguïté avec elle.
Ex: métastases hépatiques, pulmonaires, osseuse. Dans l'os, on peut observer une ostéolyse
mais aussi une ostéocondensation (cancer de la prostate)
Le traitement sera systémique : on traitera le corps entier.
1. voies de dissémination :

Lymphatique (vaisseaux, ganglions) ++
C’est la voie la plus fréquente de dissémination des carcinomes, mélanomes.
Elle se fait dans les relais ganglionnaires de proche en proche.
NB : on peut voir un gros ganglion dans un cancer qui n’est pas cancéreux mais simplement
du à la réaction inflammatoire générée par la tumeur.
Ex : dissémination ganglionnaire dans l’adénocarcinome du sein. Le quadrant supero-externe
dissémine dans les ganglions axillaires. Le quadrant interne dissémine dans la chaîne
mammelonaire interne.

Hématogène ++
Voie très fréquente dans les carcinomes, et les sarcomes
Elle va vers les organes « filtres » comme le foie (cancer digestifs), les poumons, ou l’os
(cancer prostate, sein).

Neurogène
Via les fibres nerveuses.
Ex : cancer de la prostate

Par les cavités naturelles
Comme les cavités pleurales, péritonéales, articulaires, les espaces méningés et le LCR…

Iatrogène
Lors du trajet de ponctions,de biopsies (anecdotique)…
Ex : trajet d’une biopsie d’un ostéosarcome.
La dissémination dépendra du type de cancer et de sa localisation initiale.
2. types de migration hématogène
3. fréquence des métastases
Elle varie en fonction des tumeurs. Certains cancers ont tendance à donner des métastases,
d'autres non, cela n'a pas de valeur pronostique. En effet, certains cancers cérébraux non
curables avec 3% de survie après 5 ans ne donnent pas de métastases.
Ex : - Glioblastome : dissémine pas ou exceptionnellement
- Cancer bronchique à petites cellules : dissémine tout de suite, quasi systématiquement
4. Mode de présentation et évolution des métastases
Les métastases peuvent se présenter sous différents aspects : unique, multiples, diffuses.
Leurs apparitions peuvent être synchrone de la tumeur primitive (rarement) ou plus tardive,
dans l’évolution de la maladie (le plus souvent).
Leur évolution peut être plus ou moins rapide.
Ex : - cancer de la prostate métastatique : évolution lente
- cancer bronchique à petites cellules : évolution rapide
Elles peuvent être plus ou moins différenciées : intérêt de l’immuno-histochimie pour les
différencier de la tumeur primitive.
E. Dénominations
Conclusion
L'histoire naturelle et le développement du cancer doit impliquer un diagnostic histologique.
De plus, en fonction de la capacité à diffuser il faut réaliser un bilan d'extension.
Cela permet de mettre en place un traitement adapté et définir une stratégie thérapeutique.
-
Pour un cancer qui métastase rarement et dont les conséquences locales entraînent la
mort (ex : Glioblastome), le traitement sera local : chirurgie (surtout) et radiothérapie.
-
Pour un cancer qui métastase rapidement (ex : cancer bronchique à petites cellules), on
privilégiera le traitement systémique : chimiothérapie (surtout), hormonothérapie,
immunothérapie ou thérapeutique ciblée (pas de chirurgie).
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