Microsoft Word - CONTRIBUTION ARF UE 2020

publicité
ARF
ASSOCIATION DES RÉGIONS DE FRANCE ■
CONTRIBUTION DES REGIONS FRANÇAISES RELATIVE A LA REVISION
DE LA STRATEGIE EUROPE 2020
RAPPEL DU CONTEXTE
Les Régions françaises saluent l'initiative de la Commission européenne visant à évaluer la
stratégie Europe 2020 à mi-parcours et à consulter l'ensemble des acteurs concernés. Cette
étape, dans un contexte de crise économique et financière, devra permettre une mise en œuvre
davantage en prise avec les territoires dans le respect du principe de subsidiarité tout en
renforçant l'appropriation et la visibilité de la stratégie par les citoyens. La révision doit également
permettre d'accroitre les moyens nécessaires à la reprise de la croissance tout en réorientant
l'Europe comme l'a proposé la France dans sa contribution au Conseil européen des 26 et 27
juin derniers. Toutes les dimensions de la Stratégie devant être traitées, le débat doit permettre
d'accroitre la participation des acteurs régionaux et locaux dans la mise en œuvre de la Stratégie
comme l'ont souligné la déclaration d'Athènes adoptée par le Comité des Régions le 7 mars
2014 ainsi que la communication de la Commission sur l'Etat des lieux de la stratégie Europe
2020 du 5 mars dernier.
Cette révision devra par ailleurs prendre en compte les conséquences de la crise qui ont
nécessité des mesures fortes et immédiates en complément des objectifs de long terme de la
stratégie Europe 2020. A cet égard, les Régions françaises saluent la volonté du nouveau
président de la Commission européenne - Jean-Claude Juncker - de lancer un plan de 300
milliards € pour la croissance et l'emploi. Elles espèrent toutefois que ces fonds seront mis à
profit pour promouvoir la recherche, l'innovation et le développement économique dans les
territoires et ne seront pas limités au déploiement de nouveaux instruments d'ingénièrie
financière.
D'une manière générale, les Régions françaises estiment qu'une stratégie de croissance durable
et inclusive doit continuer de reposer de manière équilibrée sur les trois piliers de la Stratégie
Europe 2020 : économique, social, environnemental tout en veillant à améliorer et simplifier la
gouvernance de la stratégie.
1
I. La dimension économique : la croissance intelligente
Dans un contexte d'instabilité macroéconomique et de concurrence internationale sans cesse
grandissante, les Régions françaises saluent la volonté de la Commission européenne de
soutenir la recherche et l'innovation en tant que levier de croissance, tel qu'exprimé par la
communication de la Commission européenne « Recherche et Innovation comme sources de
croissance renouvelée » du 10 juin 2014.
Les Régions françaises se félicitent des efforts entrepris par l'UE pour une politique industrielle
renforcée et du maintien de l'objectif de porter la part de l'industrie à 20 % du PIB d'ici à 2020.
Elles rappellent leur rôle grandissant dans le financement de la recherche et de
l'innovation en tant que principaux acteurs du développement économique, se trouvant au
centre de l'écosystème de l'innovation sur leur territoire, en y investissant plus de 2,5 milliards
d'euros entre 2011 et 2013I. Devenues autorités de gestion du FEDER, du FEADER et d'une
partie du FSE pour la période 2014-2020, les Régions auront à cœur de poursuivre cet
engagement en faisant de ces fonds les instruments de réalisation de la stratégie Europe 2020
sur leurs territoires, dans la continuité de la période 2007-2013.
1. État des lieux des objectifs politiques de la Stratégie
Les Régions françaises saluent les progrès observés dans le déploiement des initiatives phares
lancées par l'Union européenne pour soutenir une croissance intelligente en Europe.
Les Régions françaises encouragent notamment l'Union à poursuivre les ambitions qu'elle s'est
fixée en bâtissant une Union de l'innovation la plus inclusive possible.
Les Régions françaises saluent la montée en puissance de la politique industrielle dans
l'agenda de l'Union européenne, comme en témoigne la communication de la Commission
européenne « Pour une renaissance industrielle européenne » présentée le 22 janvier 2014.
Elles appellent à la mise en place d'une véritable politique industrielle au niveau européen, qui
associerait pleinement le niveau régional, échelle d'action pertinente pour le développement des
chaînes de valeur industrielles de demain pour accompagner la croissance des PME et
augmenter le nombre d'Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI). Ces efforts viendraient conforter
l'action déterminante des Régions en soutien à ces entreprises et aux clusters qui font le tissu
industriel de leur territoire.
I
Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche (2014) ; Le financement de la recherche
et du transfert de technologie par les collectivités territoriales (enquête réalisée en 2013).
2
À ce titre, elles saluent également l'ensemble des orientations prises en matière de
transports reprenant les objectifs définis dans la stratégie Europe 2020 : que ce soit le Livre
blanc sur les transports, le programme Horizon 2020 ou le nouvel instrument financier permettant
le développement du réseau transeuropéen de transport revisité, le Mécanisme pour
l'interconnexion en Europe, ces programmes tendent à revitaliser l'industrie en Europe pour
permettre la croissance économique et la création d'emplois sur nos territoires.
Elles se réjouissent des 13 objectifs ambitieux formulés dans l'Agenda numérique pour
l'Europe, et se félicitent de la volonté réitérée de la nouvelle Commission de parachever un
marché européen du numérique. Les moyens accordés pour mettre en œuvre l'agenda
numérique sur les territoires sont cependant insuffisants.
Les Régions françaises déplorent en effet le manque d'ambition dans les ressources allouées au
volet numérique du Mécanisme pour l'interconnexion en Europe, qui était le mieux à même
d'accompagner l'effort de numérisation des territoires. En revanche, elles sont satisfaites de la
décision de la Commission d'autoriser le financement des infrastructures de très haut débit dans
le cadre du FEDER.
Elles sont favorables à ce que la politique de recherche et d'innovation réponde à l'ensemble des
défis économiques, environnementaux mais également sociétaux de l'UE.
Compte tenu du contexte macroéconomique actuel, les Régions françaises s'inquiètent
cependant du manque de moyens mis à disposition pour atteindre l'objectif d'investissement
de 3% du PIB dans la recherche et l'innovation.
2. Outils
Les Régions françaises rappellent aux décideurs européens que la réussite d'une croissance
intelligente ne peut se faire sans intégration des collectivités territoriales dans le
déploiement et la mise en œuvre de ces outils européens car ces dernières sont au cœur
de l'écosystème de l'innovation sur leur territoire avec notamment les « S3 ». Elles
encouragent ainsi à prendre davantage en compte la dimension territoriale des outils déployés
par les initiatives phares d'Europe 2020.
Libérer le champ des possibles en matière de financement européen de la recherche et de
l'innovation
Les Régions françaises saluent la nette réorientation du Cadre financier pluriannuel 20142020 en faveur de la recherche et de l'innovation. Le nouveau programme- cadre pour la
Recherche et l'innovation « Horizon 2020 », doté de 80 milliards d'euros, offre de réelles
opportunités de financement pour les projets qui préparent la croissance de demain. C'est
pourquoi les Régions françaises seront particulièrement vigilantes à ce qu'Horizon 2020 ne soit
pas affecté par d'éventuelles restrictions budgétaires.
3
Par ailleurs, les Régions françaises regrettent l'abandon de la dimension régionale
dans ce nouveau programme, qu'avait portée l'initiative « Régions de la connaissance » dans la
période précédente. Elles souhaitent que l'ancrage territorial opéré dans certains des nouveaux
outils au service de la Stratégie, à savoir les Partenariats européens d'innovation (PEI) et les
Communautés d'innovation et de connaissance (KIC), soit poursuivi et approfondi.
Afin d'accroître l'impact des financements européens à l'échelle territoriale, les Régions
françaises, nouvellement autorités de gestion du FEDER, du FEADER et d'une partie du FSE,
appellent à faire aboutir la faisabilité des synergies interfonds initiées dans le nouveau cadre
financier de l'Union. Complexes dans la pratique, ces dernières sont néanmoins un levier d'action
non-négligeable pour la croissance, mais requièrent un cadre de mise en œuvre plus abouti et
adapté aux réalités territoriales.
Par ailleurs, les Régions françaises constatent la montée en puissance des interventions
de la Banque européenne d'investissement (BEI), notamment auprès des petites et moyennes
entreprises. Elles appellent ainsi au développement de mesures permettant une meilleure
appropriation de ces outils par les territoires.
Enfin, parce que les seuils caractérisant les PME et limitant les leviers d'action associés
constituent un frein à l'émergence d'Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI) et à la poursuite de
leur développement, alors qu'elles sont déterminantes pour la croissance et pour l'emploi, les
Régions françaises renouvellent leur souhait d'élever les plafonds.
Accompagner la mise en œuvre effective des stratégies de spécialisation intelligente
Les Régions françaises ont élaboré des stratégies de spécialisation intelligente (S3), condition ex
ante pour l'adoption de leurs Programmes Opérationnels FEDER-FSE, et qui offrent un levier
d'action important pour soutenir une croissance intelligente dans les territoires. Dans ce contexte,
elles s'interrogent sur le positionnement, le rôle et les modalités de fonctionnement
actuelles de la Plateforme « S3 » installée à Séville.
II. La dimension sociale : la croissance inclusive
Les Régions françaises rappellent leur attachement à la lutte contre les inégalités sociales qui
passe, notamment, par l'accès du plus grand nombre à l'éducation et à la formation et par la lutte
contre l'exclusion sociale. Elles rappellent leur rôle prépondérant dans le domaine de la formation
et de l'apprentissage et se réjouissent des nouvelles compétences et des nouveaux moyens qui
leur sont conférés avec le transfert de l'autorité de gestion des fonds structurels.
Les Régions françaises se félicitent des résultats atteints en France dans le domaine de
l'éducation mais notent que depuis le lancement de la stratégie Europe 2020, le chômage des
jeunes de 15 à 24 ans n'a cessé d'augmenter, dépassant les 25% dans 13 régions françaises. La
révision de la stratégie Europe 2020 doit donc se faire à l'aune de ce constat alarmant.
4
1. objectifs
Les Régions françaises se réjouissent que la France ait atteint et même dépassé les objectifs
fixés par la stratégie Europe 2020 en matière de décrochage scolaire (9,7% en 2013) et de
diplômés de l'enseignement supérieur chez les 30-34 ans (44% en 2013). Ces résultats
encourageants doivent conduire l'Union européenne à fixer des objectifs plus ambitieux encore et
les Régions françaises renouvellent leur vœu de voir l'Union européenne se fixer l'objectif de
60% d'une classe d'âge diplômée de l'enseignement supérieur. Par ailleurs, au vu des difficultés
rencontrées par les jeunes dans leur transition du système éducatif vers le marché du travail, la
lutte contre le décrochage scolaire doit rester une priorité pour l'Union européenne et bénéficier
d'une attention et de moyens accrus.
Malgré les résultats positifs enregistrés dans le domaine de l'éducation, les Régions françaises
déplorent que le taux d'emploi en France (69,3% en 2012) reste en deçà de l'objectif fixé par
l'Union européenne. Le chômage touche tout particulièrement les jeunes avec un taux de
chômage des 15-24 ans s'élevant à 23,8% en France.
Partant de ce constat préoccupant et qui concerne une majorité d'Etats membres, les Régions
françaises estiment que la révision de la stratégie Europe 2020 doit intégrer cette nouvelle
priorité et fixer un objectif chiffré correspondant. Ce dernier serait dès lors une déclinaison d'un
objectif plus général en matière d'emploi.
Il est d'autant plus important de continuer à lutter contre le chômage que celui-ci constitue un
facteur majeur d'exclusion sociale. Les Régions françaises rappellent leur engagement en faveur
de l'insertion sociale des publics les plus vulnérables.
Les Régions françaises souhaitent également rappeler la dimension sociale des politiques de
mobilité durable qui doivent permettre de lutter contre les inégalités d'accès aux différents modes
de transport et donc à l'emploi. Dans cette optique, la révision prochaine du Livre blanc sur les
Transports, qui sera engagée dans la législature 20142020, pourrait mieux inclure cette
dimension d'inclusion sociale des politiques de mobilité durable.
Les Régions françaises souhaitent aussi rappeler leur attachement à la culture et à la création
qui jouent aujourd'hui un rôle essentiel dans la croissance européenne et la création d'emploi
mais sont surtout des vecteurs de solidarité et de citoyenneté au sein de l'Union européenne.
2. outils
Face à ces constats, les Régions françaises se réjouissent de l'adoption et de la mise en œuvre
du programme Erasmus+ qui donnera l'opportunité à un plus grand nombre de jeunes
Européens d'effectuer une mobilité dans l'Union européenne. Les Régions françaises rappellent
leur rôle de financeur mais aussi d'animateur et de prescripteur de la mobilité européenne sur
leur territoire.
5
L'étude d'impact du programme Erasmus, publiée en septembre 2014 par la Commission
européenne, démontre les bénéfices d'une expérience de mobilité étudiante sur l'employabilité
des jeunes. Il a ainsi été prouvé que, cinq ans après l'obtention de leur diplôme, le taux de
chômage des étudiants Erasmus est 23% inférieur à celui des étudiants « non mobiles ». Les
Régions françaises espèrent que ce nouveau programme permettra de confirmer les bons
résultats déjà obtenus par les programmes européens de mobilité et appellent l'Union
européenne à maintenir ses efforts financiers dans ce domaine. Elles souhaitent également que
le financement de la mobilité des demandeurs d'emploi, qui n'est plus éligible dans le cadre
d'Erasmus+, le soit dans le cadre du FSE.
Les Régions françaises saluent la réactivité de l'Union européenne avec l'adoption de la garantie
jeunesse et de l'initiative pour l'emploi des jeunes (IEJ). Bien qu'il soit encore trop tôt pour
évaluer l'impact concret de ces mesures, elles se félicitent que la mise en œuvre et l'utilisation
des fonds IEJ impliquent l'échelon régional et viennent répondre aux besoins des territoires. Elles
se réjouissent également que, conformément à leur demande, elles soient devenues
gestionnaires d'une partie des fonds FSE. Les Régions françaises rappellent en effet leur
capacité à assurer la coordination des différents acteurs publics et des partenaires sociaux pour
organiser la prise en charge des candidats à la formation. Elles pourront ainsi poursuivre leurs
efforts et mener des projets ambitieux en matière de formation professionnelle tout au long de la
vie et participer à la réalisation des objectifs fixés.
Les Régions françaises exigent que la pérennité du financement soit assurée après 2015. La
lutte contre le chômage des jeunes demande en effet des efforts continus et de long terme. Elles
déplorent également les délais de mise en œuvre de l'outil IEJ. Alors que tous les fonds
disponibles doivent être engagés en 2014 et 2015, peu de projets ont pu démarrer à ce jour car
les Régions sont toujours en attente de l'adoption des programmes. Il faudra enfin que les
mesures prises puissent faire l'objet d'une évaluation et que les meilleures pratiques soient
diffusées dans l'ensemble de l'Union européenne.
Les Régions françaises attirent l'attention sur l'importance de faciliter le passage du système
éducatif au monde du travail. A cette fin, elles contribuent à la mise en place d'outils sur leurs
territoires (école de la 2ème chance, service public régional de l'orientation) et demandent que ces
efforts trouvent un écho dans la stratégie Europe 2020 révisée. De plus, l'économie sociale et
solidaire (ESS) représente un secteur majeur pour plusieurs Régions et apporte une réponse au
problème du chômage. Il est vital que l'Union européenne donne une légitimité à ce secteur non
seulement d'un point de vue juridique (en lui créant un statut européen) mais également en
favorisant la prise d'initiative et en accompagnant les entrepreneurs sociaux dans la mise en
place de leurs activités.
Les Régions françaises constatent enfin le manque de visibilité des initiatives phares de la
stratégie Europe 2020 (Jeunesse en mouvement ; Stratégie pour des compétences nouvelles et
des emplois) et s'interrogent sur la pertinence de ces outils.
6
Elles préconisent une meilleure articulation entre les objectifs chiffrés de la stratégie et les
programmes d'action communautaire. De la même manière, il serait bénéfique que des initiatives
telles que le cadre de référence pour des stages de qualité ou la communication de la
Commission sur les emplois verts soient elles aussi explicitement liées à la stratégie Europe
2020 et ses objectifs.
III. La dimension environnementale : la croissance durable
Les Régions françaises rappellent leur attachement à la politique de lutte contre le changement
climatique, et saluent les directives sur les Energies renouvelables, l'Efficacité énergétique ou
encore l'Efficacité énergétique dans les bâtiments ou encore la directive sur les carburants
alternatifs dont la transposition entraine une évolution majeure des politiques publiques
nationales.
Elles saluent à cet égard, la traduction concrète de la directive Efficacité énergétique par le
système des certificats d'économie d'énergie qui permettent de financer nombre d'opérations de
rénovation énergtique mais aussi la formation des professionnels intervenants sur ces chantiers.
Les Régions françaises regrettent en revanche que le système européen d'échange de quotas
d'émission n'ait pas pu atteindre ses objectifs. Elles plaident à cet égard pour un
renchérissement du prix de la tonne de CO2 qui produirait des effets au-delà même du
mécanisme européen, notamment en donnant une valeur de référence au carbone dans la
politique fiscale française.
Les Régions françaises regrettent également que les nouvelles lignes directrices de la
Commission en matière de soutien public aux énergies renouvelables ne tiennent pas
suffisamment compte de la maturité des différentes filières. Ainsi, la suppression progressive des
tarifs d'achat pour le photovoltaïque est préjudiciable dans certains Etats, dont la France, où
cette filière reste extrêmement fragile.
De nombreuses Régions françaises ont participé depuis le Sommet de Johannesburg de 2002
aux négociations climatiques internationales, impliquant les collectivités territoriales, la plupart à
travers des réseaux internationaux tels que NRG4SD (Network of Regional Governments for
Sustainable Development), ICLEI (International Council for Local Ecological Initiative), CGLU
(Cités et Gouvernements locaux unis) ou, plus récemment, The Climate Group, et plus
spécifiquement sa branche States and Regions Alliance.
Les Régions françaises entendent également jouer un rôle de premier plan dans la mobilisation
des autorités et gouvernements locaux en vue de la COP 21 du Paris - Le Bourget en 2015 .
Elles seront ainsi présentes à la COP 20 de Lima pour y promouvoir un « Agenda positif » des
autorités locales en vue du rendez-vous de décembre 2015. A l'initiative des Régions françaises,
un certain nombre d'événements réunissant des collectivités locales du monde entier
ponctueront ainsi le chemin vers la COP 21.
7
Les Régions ont un rôle pionnier à jouer dans la mise en œuvre de ces politiques européennes ;
elles sont le premier niveau de prospective, de planification et d'expérimentation des nouvelles
stratégies à venir en matière de gestion des ressources et de changement climatique, et de
construction d'une économie verte. Ainsi, plusieurs d'entre elles bâtissent des scénarii sur la
troisième révolution industrielle, les Territoires à Energie positive, le financement innovant de
l'efficacité énergétique et des énergies renouvelables, le développement de politiques de mobilité
durable et innovante... A ce titre, les Régions sont des acteurs essentiels de la mise en œuvre de
la Stratégie Europe 2020, qu'elles ont largement déclinée dans leurs politiques de sobriété
énergétique et de réduction de l'empreinte carbone des territoires. Ainsi, elles mettent en place à
la fois une approche alternative des déplacements autour de la mobilité décarbonnée, l'autopartage, le covoiturage et les systèmes d'information voyageurs.., tout en apportant une attention
particulière à la performance énergétique et environnementale à travers leurs projets
d'aménagement. Dans cette perspective, les Régions françaises soutiennent plus que
jamais le développement d'une véritable offre en matière de transport ferroviaire pour les
voyageurs et les marchandises et appellent l'Union européenne à en faire de même.
En matière de coopération décentralisée, elles souhaitent également développer un rôle de chef
de file, coordonnant les initiatives citoyennes et le développement des mécanismes de
financement innovants, en particulier dans ce domaine du changement climatique.
Les lois de décentralisation françaises renforcent les compétences des Régions françaises aussi
bien en matière de politiques climatiques (actions en faveur des transports durables, mesures
d'adaptation au changement climatique, lutte plus largement contre la pollution atmosphérique.),
qu'énergétiques (soutien à la rénovation du bâti, aux smart grids, aux nouvelles filières
d'énergies renouvelables) que des politiques de recherche et d'innovation, notamment en faveur
de l'économie circulaire.
1. Objectifs
Les Régions françaises se félicitent des résultats atteints en France dans le domaine de la
stratégie Europe 2020 en ce qui concerne le changement climatique, tout particulièrement
l'efficacité énergétique.
La France qui accueillera, en 2015, la conférence internationale des parties à la Convention
cadre des Nations Unies sur le changement climatique, plaide pour un objectif de baisse de 40 %
de GES en 2030 par rapport au niveau de 1990.
Mais en matière d'énergies renouvelables (EnR), la France faisait partie des quelques pays de
l'UE à n'avoir pas atteint l'objectif d'étape pour 2011-2012 fixé à 10,7 % d'EnR dans son bouquet
énergétique.
8
A l'inverse, en matière d'efficacité énergétique la France est dans le peloton de tête avec
l'Allemagne, le Danemark et l'Espagne (pays qui ont réalisé de gros progrès dans ce domaine).
Aussi, les Régions françaises appuient la Commission dans sa volonté de bien réussir
conjointement les trois objectifs du paquet énergie-climat, de ne pas abandonner le
développement des énergies renouvelables, et l'appui des chaînes de valeur de filières
émergentes, pour lesquelles des programmes de RDI, de déploiement des smart grids et de
modernisation des réseaux d'énergie devront être développés. Les Régions françaises
constatent qu'à la lumière des données disponibles, l'UE dans son ensemble n'est sur la voie
d'atteindre que les objectifs contraignants qu'elle s'est fixés - en matière de réduction des
émissions de GES et de déploiement des énergies renouvelables - et sera vraisemblablement
en-deçà de sa cible non contraignante - en matière d'efficacité énergétique. Les Régions
françaises considèrent donc que, dans la mesure où les trois objectifs climatiques se renforcent
mutuellement, seules des cibles contraignantes et déclinées à l'échelle nationale, voire régionale,
sont susceptibles d'encourager réellement la transition énergétique de l'Europe et de ses
territoires.
Les Régions françaises se fixent des objectifs énergétiques et climatiques ambitieux, bien
souvent plus ambitieux que les engagements nationaux français, pour 2020 et 2050 au travers
des Schémas régionaux Climat Air Energie. Elles réaffirment la nécessité de mesures
ambitieuses d'adaptation au changement climatique, tant en matière de coopération
extérieure en faveur des régions les plus vulnérables (notamment par la lutte contre la
déforestation, et la prise en compte des migrants climatiques), de programmes de RDI
(notamment la modélisation au niveau régional), que de développement spatial en Europe
(aménagement des côtes, accompagnement de l'évolution de la biodiversité, risques sur
l'approvisionnement alimentaire).
Elles se prononcent également en faveur d'un objectif (contraignant) d'efficacité énergétique
ambitieux.
Pour mémoire, le projet de loi sur la transition énergétique, en cours d'adoption en France,
vise à atteindre les grands objectifs suivants:
-
réduire les émissions de gaz à effets de serre afin de contribuer à l'objectif européen
d'une baisse de 40 % en 2030 par rapport à 1990 ;
-
réduire la consommation énergétique finale de 20% en 2030 et de 50 % en 2050 par
rapport à 2012 ;
-
réduire la consommation énergétique finale des énergies fossiles de 30 % en 2030
par rapport à 2012
-
porter, en 2030, la part des énergies renouvelables à 32 % de la
consommation finale brute d'énergie ;
9
porter la part du nucléaire dans la production d'électricité à 50 % à l'horizon 2025.
2. Outils supplémentaires de Europe 2020
Les Régions soutiennent en outre la volonté de l'Union européenne d'améliorer l'utilisation des
ressources, exprimée à travers l'initiative phare « l'Europe économe en ressources ». Elles
appuient le développement de la stratégie en faveur de l'économie circulaire lancée en juillet
2014, mais souhaitent que celle-ci ne soit pas limitée à la modification de la directive cadre
déchets, et se traduise par un appui à des projets d'économie verte et d'éco-innovation, en
faisant prévaloir l'utilisation des matières premières endogènes au territoire de l'Union
européenne, et en appuyant la législation sur le verdissement des produits et process industriels.
En 2011, l'Union européenne s'est dotée d'une Stratégie ambitieuse visant à enrayer d'ici 2020 la
perte dramatique de biodiversité que connaît la planète. Compte tenu du rôle décisif de la
biodiversité pour assurer la fonctionnalité des écosystèmes, et partant, l'efficacité des
innombrables services que ces écosystèmes rendent aux sociétés humaines (adaptation au
changement climatique, prévention des risques, sécurité alimentaire, etc.), il est pertinent
d'intégrer pleinement une dimension et un objectif liés à la préservation et à la restauration du
capital naturel dans la Stratégie Europe 2020. La création par l'Union européenne d'un cadre de
référence pour la monétisation des services éco-systémiques constituerait un vrai plus.
IV. La gouvernance de la stratégie
Les Régions françaises estiment que la consolidation budgétaire a réduit l'effort concernant
les objectifs Europe 2020 et les investissements qui devaient y être associés. Elles jugent
très préoccupants les résultats concernant l'emploi et l'inclusion sociale de même que les
perspectives de croissance économique particulièrement faibles.
La mise en œuvre du Semestre européen et l'adoption de recommandations par pays a
cependant permis d'encourager la convergence budgétaire. Malgré le rôle positif de ce
semestre européen dans le calendrier économique de l'UE, les réponses de court terme
ont parfois pris l'ascendant sur des mesures de consolidation de long terme.
Dès lors, la réussite de la stratégie nécessite encore davantage de clarification des compétences
et du rôle des différents niveaux d'intervention publique (communautaire, national et régional). A
ce titre, les Régions accueillent favorablement la démarche du semestre européen qui permet de
partager les objectifs de la stratégie à tous les niveaux.
10
1. Objectifs
Si les Régions françaises ne sont pas favorables à l'élaboration de nouveaux objectifs
élargis à d'autres domaines, elles appellent néanmoins de leurs vœux, dans le cadre de la
politique en faveur de l'environnement, la définition d'un objectif de biodiversité.
Elles restent également convaincues qu'il faut renforcer la dimension territoriale de la Stratégie
Europe 2020, en adaptant davantage les objectifs européens et nationaux aux réalités
régionales et en préservant le principe de subsidiarité avec pour seul objectif de délivrer
des résultats concrets et lisibles pour les citoyens européens.
Au niveau communautaire, les Régions françaises estiment que le Comité des Régions doit
être associé de manière systématique par la Commission et par voie de consultation à
l'exercice d'examen annuel de la croissance en amont du semestre européen.
Elles souhaitent que les modalités de suivi de la stratégie soient renforcées, notamment en
assurant la cohérence des outils de sa mise en œuvre (PNR, recommandations pays,
recommandation pour la zone euro) avec les objectifs du semestre européen, à savoir assurer
une surveillance des politiques budgétaires, prévenir les déséquilibres macro-économiques
excessifs et prendre en compte les implications sociales des différentes politiques menées. Les
Régions françaises plaident également pour un suivi plus systématique de la mise en œuvre
des initiatives phares par la Commission, notamment dans ses propositions de
recommandations.
En ce qui concerne la procédure budgétaire de l'Union européenne stricto sensu, les Régions
françaises demandent sa modification afin que les crédits non dépensés au titre d'une politique
communautaire soient attribués à une autre politique et non reversés aux Etats membres.
Les Régions françaises estiment nécessaire que les Etats membres prennent encore davantage
en compte les diversités territoriales dans les PNR. A cet égard, elles ont veillé de leur côté,
pendant cette première phase de programmation, à ce que les programmes opérationnels soient
compatibles avec le programme national de réforme.
Elles demandent que les recommandations aux Etats membres proposées par la Commission
tiennent davantage compte de la répartition des compétences dans les différents États
membres et qu'elles consacrent un paragraphe à la gouvernance à plusieurs niveaux de la
Stratégie.
En guise de conclusion, les Régions françaises souhaitent que cette révision à mi- parcours de
la stratégie Europe 2020 pose les fondations d'une future stratégie qui mettra l'avenir des jeunes
Européens au cœur des priorités de l'Union.
11
Elles insistent sur l'importance d'assurer une cohésion territoriale en Europe qui ne laisse aucun
citoyen en marge et assure la croissance et la prospérité de tous.
Elles rappellent enfin leur attachement à un projet européen défenseur d'un modèle de société
équilibrée et de services publics de qualité et de proximité.
12
Téléchargement