Reboul Olivier, La philosophie de l`éducation, P

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Reboul émet l’hypothèse selon laquelle nous pratiquons tous la philosophie de
l’éducation à partir du moment où l’on s’interroge sur les fins de l’éducation. Le
principe de ce livre est donc de poser des questions, ayant trait à l’éducation
scolaire, sans pour autant prétendre y apporter des réponses exactes.
L’ouvrage est divisé en sept chapitres qui sont eux-mêmes détaillés en plusieurs
sous-chapitres. La lecture et la compréhension du raisonnement de l’auteur n’en sont
donc que facilitées.
Le premier chapitre : « Introduction à la philosophie de l’éducation », et le
dernier : « En guise de conclusion », regroupent des explications et justifications de
Reboul quant aux choix et aux méthodes des thèses exposées.
Le chapitre II « Q’est-ce que l’éducation ? » pose les bases de ce qu’est une
éducation ainsi que l’importance et la nécessité qu’elle représente pour l’homme.
Page 22 : « Bref, si le contenu de l’éducation est variable, la nécessité d’être éduqué
est universelle, car elle est inhérente à l’homme. La nature humaine est ce qui exige
d’être éduqué ; elle est aussi ce qui fait que l’éducation ne peut pas tout.
Inversement, si l’éducation ne peut pas tout, on ne peut rien sans elle. »
Le troisième chapitre : « Les institutions éducatives » permet de définir trois
institutions éducatives ainsi que leur fonction, tout en soulevant certaines critiques à
leur égard.
1/ La famille : première éducation qui consiste à « élever » l’enfant avant tout
enseignement intellectuel et raisonné, n’est-elle pas à l’heure actuelle déficitaire ? Il
semble que non et ses fonctions propres de d’éducation et de protection tendent
même à se renforcer.
2/ L’école : représente un établissement mais surtout une institution qui dispense
l’enseignement fondamental, identique pour tous les enfants, et sans finalités
professionnelles, suscite toujours de nombreux débats. L’auteur s’est intéressé à
deux critiques : le caractère obligatoire de celle-ci ainsi que son monopole ;
l’obligation est une garantie de protection des enfants dans le but de leur enseigner
des savoirs scolaires, l’école s’est donc octroyé un monopole qui est exclusif.
3/ L’université : c’est une institution qui allie l’enseignement supérieur à la recherche
fondamentale. Mais qu’est ce qui caractérise l’enseignement universitaire et la
recherche ? L’université enseigne des savoirs qui se font et les enseigne en les
faisant ; c’est le seul lieu où la critique est institutionnelle. Sa tâche première est de
préserver une identité culturelle.
Le quatrième chapitre : « La pédagogie et ses antinomies » sert en quelque sorte
de transition pour amener le lecteur à se préparer aux questions éthiques et
politiques qui vont suivre dans les autres chapitres.
Cette partie permet de mieux définir le terme pédagogie et de se familiariser avec les
problèmes qui lui sont liés. La pédagogie est profondément idéologique et consiste
en un art d’enseigner et d’éduquer un savoir-faire qui s’apprend surtout par la
pratique.
Pour éviter le dogmatisme il faut prendre conscience qu’il n’y a pas une pédagogie
mais plusieurs. D’un point de vue pratique, il est difficile pour un pédagogue
d’appréhender chez l’élève un juste milieu entre la nécessité et le désir d’apprendre.
La pédagogie du secret (motivation de l’éduqué en lui cachant des savoirs afin qu’il
fasse l’effort de chercher, de comprendre) peut s’appliquer à beaucoup
d’enseignement. Il faut également favoriser l’acquisition de compétences, compromis
plausible entre la transmission de modèles et le respect de la spontanéité de l’élève
pour éviter de faire de ce dernier un être soumis sans créativité. La pédagogie s’est
également dotée de nouveaux supports technologiques (E.A.O…) qui peuvent non
pas supprimer l’enseignant mais le libérer des tâches ingrates. Cependant le danger
est d’utiliser les nouveaux outils pour contrôler les résultats de l’éducation : or ces
derniers ne prennent nullement en compte le qualitatif qui fait partie intégrante de
l’éducation. Un résultat réellement éducatif est durable et profond, ainsi la
progression éducative est-elle faite de détours plutôt que de ruptures forcées
(prônées par le courant classique).
Le cinquième chapitre est consacré à « L’autorité » Le rapport vertical entre
éducateur et éduqué instaure une corrélation avec l’autorité. Mais cette dernière estelle légitime ?
Reboul distingue six cas de figures qui légitiment l’autorité : celle du contrat, de
l’expert, de l’arbitre, du modèle, de leader et enfin celle du Roi-Père. Les tenants de
l’éducation nouvelle s’opposent à ceux de l’éducation classique en ce sens qu’ils
prétendent remplacer l’autorité des modèles par celle des contrats ; mais ce qui est
surtout néfaste est l’autorité imposée par la contrainte. Le but de l’éducation est
d’être capable d’apprendre par ses propres moyens sans maître, d’aller de la
contrainte à l’auto contrainte, donc de devenir adulte.
La troisième sous partie pose des principes pertinents sur l’éducation dans une
société démocratique ; pour former des démocrates il est préférable : d’utiliser
l’autorité du contrat, que l’enseignement fondamental de tous dure le plus longtemps
possible et qu’il soit objectif.
Le chapitre six : « La rigueur », est une sorte d’approfondissement du chapitre
précédent en s’attachant toutefois davantage au concept même de rigueur : « c’est
une sévérité ou une cohérence douloureuse ou frustrante pour ceux qui la subissent,
mais qui se prétend justifié ».En éducation on la retrouve surtout dans les sociétés
« traditionnelles » ou alors il y a fort longtemps. Rousseau rejette cette rigueur
humiliante et arbitraire qu’exerce l’homme sur l’homme. Mais apprendre la rigueur,
qui est également une valeur, c’est apprendre à devenir adulte.
Le dernier chapitre s’intitule : [[« Les valeurs et l’éducation ». L’auteur pose le
postulat selon lequel il n’y a pas d’éducation sans valeur ; mais toute valeur est
relative, elle dépend du lieu et de l’ époque, et elle n’est jamais que ce que chacun
pense. Si l’on impose des valeurs on est dans l’endoctrinement. La valeur est « ce
qui vaut la peine », c'est-à-dire ce qui mérite un sacrifice, ainsi on n’apprend rien si
on ne renonce pas à quelque chose. On peut alors parler du caractère sacré de
l’enseignement. Toute éducation demande un effort, de la part de l’apprenant. Mais
qu’est-ce qui mérite un tel sacrifice et quel savoir scolaire enseigné ? Celui qui unit et
qui libère : par là même, c’est celui qui intègre un individu d’une façon durable dans
une communauté ; mais il ne faut pas omettre que l’enseignement intellectuel est
libérateur dans la mesure où il est transférable et qu’il fait agir. Ainsi on libère par
l’action.
Ces critères incitent à une pédagogie de l’intégration tout en privilégiant l’esprit
critique et l’originalité.
La théorie de l’auteur s’orienterait vers des savoirs gratuits, sans utilité économique
et professionnelle. L’école serait donc un luxe, sans pour autant être inutile : « que
tous les jeunes puissent avoir droit à ce luxe, et le plus longtemps possible, est sans
qu’aucun en soit exclu, n’est ce pas par excellence la marque de la démocratie ? »
(Page 112).
Citations tirées de l’ouvrage :
Kant : « On doit prouver à l’enfant qu’on exerce sur lui une contrainte qui le conduit à
l’usage de sa propre liberté ». p 76
« L’éducation est l’ensemble des procédés qui permettent à tout enfant humain
d’accéder progressivement à la culture, l’accès à la culture étant ce qui distingue
l’homme de l’animal ». p 25
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