Diagnostic différentiel des douleurs abdominales basses Douleur abdominale basse Colloque SMPR / 7 décembre 2011 douleur de la FID appendicite iléite teminale adénite mésentérique diverticulite du caecum colique néphrétique GEU rupture / torsion kyste de l’ovaire salpingite hématome du psoas hernie étranglée douleurs de la FIG diverticulite sigmoïdienne colite ischémique colite infectieuse /autre … colique néphrétique GEU rupture / torsion kyste de l’ovaire salpingite hématome du psoas hernie étranglée douleurs sus-pubienne infection urinaire prostatite globe vésical nécrobiose ou torsion d’un fibromyome utérin Dr. E. Andereggen, Service des Urgences Dr. M. Soulier-Lauper Que rechercher à l’anamnèse : Démarche diagnostique : Signes de gravité / affection potentiellement chirurgicale : • Douleur d’apparition récente • Douleur d’installation brutale ou rapidement progressive • Douleur inhabituelle • anamnèse Examen clinique « avez-vous déjà eu des douleurs semblables auparavant ? » • Douleur constante • Douleur non soulagée par la prise d’un antalgique Diagnostic Labo + Imagerie Cas clinique 1 Douleur de la FID chez la femme douleurs de la FID chez la femme (âge : 11 – 60 ans, moy. 28) • Jeune fille de 18 ans, sans antécédent médico-chirurgical qui se réveille vers minuit avec des douleurs abdominales diffuses et quelques nausées. appendicite épiplooique 2 % diverticulite sigmoïdienne 2 % autres 5 % occlusion grêle 3 % • Pas de constipation, selles normales, pas de fièvre, pas de malades dans l’entourage, pas de voyage récent, pas de dysurie, pas de contraception. colique néphrétique 3 % adénite més. iléite, colite 12 % • Status: abdomen souple, douleur à la palpation de l’épigastre, du flanc droit et de la fosse iliaque droite. Pas de défense, pas de détente, pas de signe du psoas. affection gynéco. 15 % • Labo: CRP 24. Leucos 8000 sans DG. Stix urinaire : leucos -, nitrites – , Hb+. TG négatif. appendicite 32 % douleurs non spécifiques 26 % 53 % rupture de kyste ovarien 20 % infection / inflammation 13 % torsion de l’ovaire 7 % tératome de l’ovaire 7 % autres • Rao PM, Obst Gyn 1999 Douleur FID chez la femme jeune - pathologies gynécologiques Douleur FID chez la femme jeune - pathologies gynécologiques Torsion d’un kyste ovarien : Grossesse extra-utérine • Toujours penser à la possibilité d’une grossesse chez une femme en âge de procréer. • • Modes de présentation : Retard de règles (2-4 sem) douleurs abdominales basses +/- métrorragies douleurs abdominales basses + lipothymie/syncope (GEU rompue!) risque multiplié x 3 si présence d’un stérilet • Cave: haut degré de suspicion d’hémorragie intra-abdominale si association « douleur abdominale + lipothymie/syncope » • Diagnostic : β-HCG (urine ou sérum) + échographie Dans la pratique, un TG urinaire positif est suffisant si on suspecte une GEU rompue (en principe tjs +) Présentation clinique : • Douleur d’installation brutale ou rapidement progressive • Douleur intense, constante • Nausées, vomissements • Urgence chirurgicale : délai > 6 heures ⇒ nécrose de l’ovaire • Diagnostic : échographie / Doppler Douleur FID chez la femme jeune - pathologies gynécologiques Douleur FID chez la femme jeune - pathologies gynécologiques Mittelschmerz : Rupture de kyste ovarien : • Le plus souvent, kyste folliculaire ou kyste du corps jaune • Douleur en relation avec l’ovulation : distension du follicule (normal) juste avant l’ovulation ou petit saignement au moment de l’ovulation. • Présentation clinique: • Douleur de début brutale, survenant souvent lors d’une activité physique ou lors de rapports sexuels • Parfois métrorragie modérée (chute taux hormones ovariennes) • Survient en milieu de cycle • Plus fréquent du côté D • • La douleur (glt. due à un saignement intra-ovarien ou dans le péritoine) peut persister, mais devient assez rapidement moins intense. Hémorragie sévère est rare. La douleur est en principe modérée et disparait après quelques heures, ou parfois quelques jours. • Douleur modérée à la palpation +/- défense - détente localisée. • Imagerie : échographie : liquide libre en quantité modérée dans le pelvis +/- kyste visible • Rupture non-compliquée : amélioration assez rapide de la symptomatologie douloureuse qui disparaît en quelques jours Appendicite Douleur FID chez la femme jeune - pathologies gynécologiques PID (pelvic inflammatory disease) /salpingite : • Douleur abdominale basse d’installation progressive ( ≠ rupture kyste ovarien) Clinique typique : • Bilatérale > unilat. • douleur initialement mal localisée ou péri-ombilicale, secondairement localisée en FID • Débute souvent au moment des règles ou juste après • état sub-fébrile • Fièvre, leucocytose dans 50% des cas • inappétance ± nausées,vomissements • Pertes vaginales = signe inconstant, métrorragie dans 1/3 des cas • Facteurs de risque Jeune âge Contraception orale Partenaires sexuels multiples Pas d’utilisation de préservatif • Séquelles: stérilité, ↑ risque GEU, douleurs pelviennes chroniques, ↑ risque ca. ovaire • Gonocoque, Chlamydia, … • examen clinique : douleur localisée en FID, défense et détente en FID mais … • diagnostic différentiel des douleurs de la FID chez la femme jeune … • « l’appendicite peut tout faire » Appendicite Appendicite Examen clinique : Appendice rétro-caecal : • Souvent pas de défense en FID • Douleur plus profonde • Parfois signe du Psoas + Appendice pelvien : No single feature or combination or feature is highly accurate predictor of acute appendicitis … (UpToDate 2011) • Douleur /défense au point de Mc Burney sensibilité 50-94 % spécificité 75-86% • Signe de Rovsing sensibilité 22-68% spécificité 79-97% • Signe du psoas (app rétrocaecale) sensibilité 13-42 % spécificité 79-97 % • Douleur plus bas que le point de Mc Burney • Symptômes urinaires fréquents (pollakiurie, dysurie) Point de Mc Burney Appendicite Appendicite Alvarado score Examen clinique : … although prediction rules based upon combinations of features may have some clinical utility (UpToDate 2011) Points • Alvarado score Symptômes Signes cliniques Labo TOTAL SCORE Migration de la douleur 1 Anorexie 1 Nausées - vomissements 1 Douleur à la palpation en FID 2 Douleur à la détente en FID 1 Température > 37.3° 1 Score développé avant l’utilisation large de l’imagerie, et en particulier du CT, pour le diagnostic d’app. Kalan M. Ann R Coll Surg Engl. 1994 Utilisent un score modifié (ne prend pas en compte la déviation gauche pour le calcul du score). Petit collectif (49 p.), prospectif. Pour un score ≥ 7 Valeur prédictive positive Faux + Valeur prédictive négative Leucocytose 2 Total (49) 85% 15% 62% Déviation gauche 1 Hommes (21) 93% 7% 50% 10 Femmes (17) 67% 33% 50% Enfants (11) 100% 0 100% Alvarado A. A practical score for the early diagnosis of acute appendicitis Am Emerg Med. 1986 Appendicite Alvarado score Appendicite Alvarado score Ce score peut-il être utilisé pour discriminer quels patients doivent être admis à l’hôpital et quels patients peuvent être renvoyés à domicile? McKay MD. The use of the clinical scoring system by Alvarado in the decision to perform computed tomography for acute appendicitis. Am J Emerg Med. 2007. …, using low Alvarado scores (<4) for discharge in patients with suspected appendicitis should be done with extreme caution and cannot be recommended given the current evidence. Etude rétrospective sur 150 patients admis dans un service d’urgences, dont 51 ont eu un diagnostic d’app. confirmé à l’examen histologique. Cole MA, Maldonado N. Evidence-based management of suspected appendicitis in the emergency department. Emerg Med Pract. Vol 13(10), oct 2011 Dans cette étude, les auteurs proposent : pas de CT si score ≤ 3 Pouget-Baudry et al. J Visc Surg 2010 avis chirurgical d’emblée si score ≥ 7 Gwynn LK et al. J Emerg Med 2001 CT si score entre 4 et 6 Yildrim E et al. Diagn Interv Radiol 2008 dans le but de diminuer le temps de passage dans le service des urgences et raccourcir le délai avant le diagnostic Appendicite Appendicitis Inflammatory Response Score Variables Score Vomiting 1 1 Pain in right inferior fossa Rebound tenderness or muscular defense light medium strong 1 2 3 Sum 5-8 . Indeterminat group. Inhospital active observation with rescoring /imaging or diagnostic laparoscopy according to local traditions. CRP : • CRP souvent normale si les symptômes datent de < 12 heures • Son intérêt réside surtout dans sa cinétique si on la dose de façon répétée 1 Body temperature > 38.5° PMN 70% - 84% ≥ 85% 1 2 WBC count 10.0-14.9 ≥15.0 1 2 CRP concentration 1 - 4.9 mg/l ≥ 5 mg/l 1 2 Sum Sum 0-4 : low probability. Outpatient follow-up if unalterated general condition Appendicite 0 - 12 Sum 9 - 12 : High probability. Surgical exploration is proposed. • Le diagnostic d’appendicite est rare chez les patient dont la CRP reste dans la norme lorsque le dosage est répété après 12 heures Albu E et al, Diagnostic value of C-reactive protein in acute appendicitis, Dis Col Rect 1994 73% des patients sans appendicite se trouvent dans le groupe « low-probability ». • CRP très élevée chez un patient qui présente une symptomatologie abdominale 67% des patients avec appendicite se trouvent dans le groupe « high-probability ». - fait suspecter une infection sévère - permet d’orienter la prise en charge (investigations à réaliser en fonction des plaintes) Andersson M and Andersson RE. The Appendicitis inflammatory response score: a tool for the diagnosis of acute appendicitis that outperforms the Alvarado Score. World J Surg 2008 Appendicite Imagerie : Leucocytes : • Appendicite Les leucocytes peuvent être dans la norme chez des patients qui ont une appendicite prouvée (chez env. 1/5 patient avec app.) • Sensibilité et spécificité : grande variabilité selon les études Coleman C. White blood cell count is a poor predictor of severity of disease in the diagnosis of appendicitis. Am Surg 1998. Tehrani HY. Markers of severe appendicitis. Am. Surg. 1999. • Leucocytose importante/ déviation gauche ⇒ infection bactérienne sévère. Mais du point de vue diagnostique, pas plus informatif que l’anamnèse et l’examen clinique… (sensibilité 35 - 98% / spécificité 71 -98%) On admet généralement une sensibilité de l’échographie ~ 75 % avec une valeur prédictive positive ~ 95% rem: moins performante chez patients avec surcharge pondérale • Scanner low-dose : Irradiation comparable à celle d’un ASP, avec une sensibilité de 88%, une valeur prédictive positive de 96% et une valeur prédictive négative de 99%. Sédiment urinaire : • Echographie : Poletti PA et al. Eur. Radiology. 2011. Le sédiment urinaire peut être pathologique (leucos, erythrocytes) dans 20-30 % des cas d’appendicite aiguë Scott JH et al. Abnormal urinary analysis in appendicitis, J Urol 1983 Appendicite rem: moins performant si BMI >30 ou < 18.5 • CT standard : Sensibilité, spécificité, VPP et VPN > 96 % Douleurs de la FID CT low-dose • L’anamnèse et l’examen clinique restent une première étape essentielle dans l’évaluation du patient. • L’observation du patient est une attitude légitime dans un certain nombre de situations. • Si on décide d’observer, il faut revoir le patient (< 24 heures) Cas clinique 2 • Patient de 57 ans, connu pour HTA, avec surcharge pondérale, qui a présenté 10 jours auparavant des douleurs abdominales sus-vésicales et dans les testicules. Il consulte un centre d’urgences où est effectué une RX de l’abdomen qui montre une coprostase importante. Lavement et prescription d’un laxatif. • Il consulte une semaine plus tard son médecin traitant pour persistance de douleurs abdominales , prédominant en FID, avec un état fébrile à 37.8°. Homme 57 ans, douleurs abdo. basses (FID): diagnostic différentiel douleur de la FID appendicite iléite teminale adénite mésentérique diverticulite du caecum colique néphrétique GEU rupture / torsion kyste de l’ovaire salpingite hématome du psoas hernie étranglée diverticulite sigmoïdienne colite ischémique colite infectieuse /autre … colique néphrétique GEU rupture / torsion kyste de l’ovaire salpingite hématome du psoas hernie étranglée infection urinaire prostatite globe vésical nécrobiose ou torsion d’un fibromyome utérin Homme 57 ans, douleurs abdo. basses (FID): diagnostic différentiel Homme 57 ans, douleurs abdo. basses (FID): quelle imagerie? • Examen clinique : douleur à palpation de la partie inférieure de l’abdomen, maximum en FID et sus-pubien, avec défense localisée. Le reste de l’abdomen est souple. Pas de globe vésical, TR sp. OGE sp. Il faut prendre en compte : • âge du patient Fréquence des pathologies différente en fonction de l’âge! • surcharge pondérale • Labo: leucos 13 000, nns 4%. CRP 115. • CT : examen de choix pour le diagnostic de diverticulite Si l’injection de contraste i-v n’est pas possible, l’examen reste très informatif si on donne du contraste digestif (rectal +/- oral) • Diagnostic différentiel : appendicite diverticulite sigmoïdienne colite autre • Quelle imagerie ? Diverticulite : le CT permet de • • • • Confirmer le diagnostic Exclure (ou mettre en évidence) un autre diagnostic Evaluer la sévérité de la maladie Guider la prise en charge Diverticulite Diverticulite Diverticulite Diverticulite Généralités : Sévérité • Classification d’ Ambrosetti o • 10 – 25 % des patients avec une maladie diverticulaire vont faire un épisode de diverticulite au cours de leur vie. Diverticulite modérée Epaississement (> 5 mm) localisé de la paroi du sigmoïde Inflammation limitée à la graisse péri-colique o • Incidence de la diverticulite tend à augmenter et tendance à la baisse de l’âge des patients au moment du premier épisode. • Rôle protecteur d’un régime riche en fibres. Ambrosetti. Dis Colon Rectum.2000 Diverticulite sévère Diverticulite modérée + un des éléments suivants : • Abcès • Air extra-luminal • Extravasation du produit de contraste • Classification de Hinchey Hinchey. Adv.Surg. 1978 Classification en 4 stades, chirurgicale, décrivant à l’origine un status per-opératoire. Peu adaptée à la majorité des diverticulites, qui nécessitent uniquement un traitement médical. Diverticulite Prise en charge Diverticulite Et si le patient ne répond pas au traitement ? • Ambulatoire possible pour une poussée modérée, chez un patient jeune, sans comorbidités : Antibiothérapie par ex: ciprofloxacine 2 x 500 mg/j et metronidazole 3 x 500 mg /j durée du traitement: minimum 10 jours Régime pauvre en fibres (pendant la phase aiguë) Antalgie Hospitalisation et antibiothérapie iv o o o o o Patients âgés Co-morbidités Fièvre élevée ou persistante Syndrome inflammatoire important Vomissements persistance d’un syndrome inflammatoire persistance ou récidive des douleurs • Indication à hospitaliser pour une antibiothérapie iv • Refaire une imagerie (CT) Récidive des douleurs : poussée non résolue ou nouvel épisode? • On considère qu’il s’agit d’un nouvel épisode si intervalle > 3 mois entre deux poussées aigües Diverticulite Et après guérison de l’épisode de diverticulite ? • Coloscopie 6 semaines après l’épisode, si pas de coloscopie récente. • Régime riche en fibres +/- mucilages : à conseiller 2-3 semaines après guérison de l’épisode. • Qui adresser au chirurgien ? Diverticulite Quand faut-il adresser le patient au chirurgien ? • Ce qui est actuellement toujours admis : Indication à une sigmoïdectomie élective • o Après un épisode de diverticulite sévère (= diverticulite compliquée) o Après deux épisodes de diverticulite documentés (importance du CT!) NB : Evolution dans les indications à la chirurgie élective Douleurs abdominales : Quelques pièges qu’il vaut mieux avoir à l’esprit ! • Prise d’antibiotiques : affection « décapitée » par le traitement ? • Patient âgé o la fièvre peut être modérée ou absente lors d’un processus infectieux o les signes d’irritation péritonéale peuvent être absents amyotrophie de la paroi abdominale ⇒ pas de défense • Corticoïdes, traitement immunosuppresseur : peuvent masquer/modifier la symptomatologie conséquence: patients qui peuvent avoir une affection sévère tout en restant relativement pauci-symptomatiques Take home messages • L’anamnèse et l’examen clinique restent une étape essentielle dans l’évaluation des patients qui présentent des douleurs abdominales. • L’observation peut être une attitude légitime dans un certain nombre de situations sans signe de gravité. Cette attitude impose en principe de revoir le patient dans un délai court. • En présence d’une évolution inhabituelle / défavorable, il faut savoir remettre en question son diagnostic ou penser à une possible complication.