Topologie algébrique 25 Bruno BIGONNET 2 Recollements d’espaces topologiques. 2.0 Introduction Considérons l’espace topologique X constitué par le plan R 2 privé de deux points que nous appellerons « les trous de X ». On peut décomposer X en deux bandes ouvertes, V et V , 1 2 horizontales ou verticales suivant la disposition a V des trous, de façon à ce que chacune d’entre V 1 2 trou a elles ne comporte qu’un seul trou. Il est facile a de vérifier que chacune de ces deux bandes est 2 homéomorphe à R \ { (0, 0)} a et donc que (proposition 1.26) π (V ) et 1 π (V ) sont tous deux isomorphes à (Z# +). 1 1 2 Considérons un lacet λ de X. Trois cas se présentent ; a) λ n’enserre aucun b) des deux trous. λ enserre un seul des deux trous. c) λ enserre les deux trous. Dans tous les cas, on peut décomposer λ en deux lacets dont chacun a est contenu dans l’un des V . On peut donc associer à la classe 〈λ〉 de i λ le « produit formel » d’un élément de π (V ) et d’un élément de π (V ). 1 1 1 2 On aurait tendance à penser que π (X) est isomorphe au produit libre π (V ) 1 1 * π (V ) 1 2 ≈ 1 (Z# +) * (Z# +). Le théorème de Van Kampen démontre et généralise cette impression. Sa version pour les groupes ne s’applique qu’à certains recouvrements ouverts. 26 Recollements d’espaces topologiques. 2.1 Le théorème de Van Kampen pour les groupoïdes Notations a Soit X un espace topologique muni d’un recouvrement a des ouverts connexes par arcs. { Va } a∈A par a Pour tout élément a de A, on notera j le morphisme de groupoïdes a .. .. de π1 V vers π1 X image par le foncteur de Poincaré de l‘inclua sion j : V i X. Rappelons que, pour tout chemin χ de V , j a a transforme la classe 〈〈χ〉〉 de χ dans V On notera * a∈A a a a en la classe 〈χ〉 de χ dans X. .. .. π1 V le produit libre des groupoïdes π1 V et φ a .. l’inclusion de π1 V dans a * a∈A a { ja } a∈A. a On notera J le morphisme de groupoïdes de induit par la famille a .. π1 V , * a∈A .. .. π1 V vers π1 X a Rappelons que : ∀ a ∈ A, De plus, la restriction de J aux unités est l’identité de X. Jφ a = j . a a Considérons maintenant un couple (a, b) d’éléments de A. On notera .. .. i le morphisme de groupoïdes de π1 V ∩ V vers π1 V , image ab a b b par le foncteur de Poincaré de l’inclusion i : V ∩ V i V . ab Il est facile de vérifier que j i b ab et j i a ba a b a b sont tous deux égaux à l’ima- ge par le foncteur de Poincaré de l’inclusion V ∩ V i X et donc a b .. -1 que, pour tout élément 〈χ〉 de π1 V ∩ V , φ i (〈λ〉) • φ i (〈λ〉 ) a b a ba b ab appartient au noyau de J. Proposition 2.1.1 Soit X un espace topologique muni d’un recouvrement a par des ouverts connexes par arcs. { Va} a∈A a Alors, avec les notations introduites ci-dessus, J est surjectif. Topologie algébrique 27 .. Soit 〈χ〉 un élément de π1 X . En utilisant le même procédé topologique que dans la proposition 1.19 on décompose le chemin χ en une succession χ = γ • γ • ... • γ 1 2 i, 1 ≤ i ≤ p, le chemin γ p a de chemins de X tels que, pour tout soit contenu dans un V i . a(i) Il est alors immédiat que ; 〈χ〉 = J 〈〈γ 〉〉 ∗ 〈〈γ 〉〉 ∗ ... ∗ 〈〈γ 〉〉 , 1 2 p .. π1 V défini par : Considérons le sous-ensemble N de a a∈A .. -1 N := φ i (〈χ〉) • φ i (〈χ〉 ) (a, b) ∈ A × A, 〈χ〉 ∈ π1 V ∩ V a ba b ab a b * { } . On a remarqué, en introduisant les notations, que N est contenu dans le noyau de J. Proposition 2.1.2 Soit X un espace topologique muni d’un recouvrement a { Va} a∈A par des ouverts connexes par arcs. a Alors, avec les notations introduites ci-dessus, le noyau a de J coïncide avec le sous-groupoïde distingué de .. π1 V engendré par N, a a * a∈A Notons [N] le sous-groupoïde distingué de * a∈A .. π1 V engendré par N, a On sait déjà que : [N] ⊂ Ker J. On va montrer que KerJ [N] est banal En fait, puisque J induit l’identité sur X, son noyau est un multi.. π1 V groupe contenu dans le multigroupe d’isotropie de a * a∈A Donnons-nous un élément ω = 〈χ 〉〉 ∗ 〈〈χ 〉〉 ∗ ... ∗ 〈〈χ 〉〉 du noyau de J. 1 2 p La donnée de ω équivaut à celle d’un lacet χ = χ • χ • ... • χ la succession des chemins un certain V a(i) χ i 1≤ i ≤ p 1 2 p formé de dont chacun est contenu dans ; de plus, en notant x l’extrémité de µ, on a ; 〈µ〉 = 〈χ 〉 • 〈χ 〉 • ... • 〈χ 〉 = 〈ο 〉. 1 2 p x Soit donc Λ : I × I f X une application qui met en relation µ avec a le lacet constant ο x : t d x. L’idée de la démonstration est de construire, à partir de Λ, une suite 28 Recollements d’espaces topologiques. j ω d’éléments de 1≤ j≤ q * a∈A q 1 ω a telle que : ≡ ω ( [N] ) ; ω = ο j+1 ∀ j, 1 ≤ j ≤ q-1, ω et : .. π1 V Première étape j ≡ ω ( [N] ) . a La première étape consiste à décomposer Λ, considérée comme un chea min de l’espace topologique des lacets de X d’extrémité x, en une suca cession de tels chemins dont les bornes consécutives (qui sont, rappelons-le, des lacets de X) ne diffèrent entre elles que par une déforma- a a tion dans l’un des V . a Par une construction topologique analogue à celle utilisée dans la propoa sition 1.19, on exhibe deux subdivisions 0 = s 0 = t 0 rectangle R tain V := jk . 1 m = 1 et n j −1 , sj ] × [t k −1 , t k ] soit contenue dans un cer- Quitte à la raffiner, on peut de plus supposer que la sub- b(j, k) division [s < s <…< s = 1 de l’intervalle I telles que l’image par Λ du < t <…< t 1 0 est plus fine que celle qui sert à décomposer µ en s j 1≤ j≤ m χ • χ • ... • χ . Autrement dit : on peut identifier la restriction de µ à un 1 2 p [s intervalle j −1 , sj ] avec la restriction d’un certain χ i à ce même inter- valle. On a ainsi obtenu un « découpage » du pavé I × I suivant les reca tangles R . Dans la figure, on a représenté le cas où m = 5 et n = 4. jk 1=t 4 R t R 42 L’idée est de choisir pour éta43 pes successives de la décom- 3 position de Λ les lacets formés de la composition de Λ t 2 t 1 0=s et des différentes successions R 0 R 11 s 1 des côtés (verticaux ou hori- 12 s 2 s 3 s 4 s = 1 zontaux) consécutifs des rec5 tangles R . On en a représenté deux en pointillés dans la figure 1 cijk dessus. Afin de préciser, on introduit les notations suivantes : jk 1≤i ≤k γ i est le composé de Λ et du côté horizontal supérieur du rectangle R ji Topologie algébrique 29 jk (1 ≤ k = i-1) γ est le composé de Λ et du côté vertical droit du reck +1 tangle R jk jk k+2 ≤ i ≤ m+1 γ i est le composé de Λ et du côté horizontal inférieur du rectangle R . j i-1 j0 γ 1 est le composé de Λ et du côté vertical gauche du rectangle R . (0 = k = i-1) j1 Puis, pour chaque couple d’indices (j, k), 1 ≤ j ≤ n, 0 ≤ k ≤ m, on définit jk le lacet η par : η jk a jk jk jk := γ 1 • γ 2 • …. • γ m +1. jk Autrement dit, pour tout couple d’indices (j, k) différents de zéro, η est a le lacet de X qui résulte de la composition de Λ avec le chemin de I × I a de source (0, t ) et de but (1, t j j-1 ) qui emprunte successivement les cô- tés horizontaux supérieurs des rectangles R , R j1 j2 .…, R , puis le côté jk vertical droit de ce dernier rectangle et enfin les côtés horizontaux inféa rieurs des rectangles R De même η ,.…, R j k+1 j0 a est la composition de Λ avec le chemin de I × I de source (0, t ) et de but (1, t j j-1 vertical gauche de R gles R ,.…, R j1 . jm j1 ) qui emprunte successivement le côté puis les côtés horizontaux inférieurs des rectan- . jm On introduit ici une notation un peu délicate : pour chaque triplet d’ina dices (i, j, k), 1 ≤ i ≤ m+1, 1 ≤ j ≤ n, 0 ≤ k ≤ m soit a(i, j, k) l’élément de Α tel que V a a(i, j, k) contienne le rectangle qui figure dans la définition jk jk de γ i . On notera alors 〈〈 γ i 〉〉 la classe de γ i jk dans V a(i, j, k) . Seconde étape jk Soit, pour tout couple d’indices (j, k), 1 ≤ j ≤ n, 0 ≤ k ≤ m, l’élément ω .. jk π1 V défini par : ω := 〈〈 γ 1jk 〉〉 ∗ 〈〈 γ 2jk 〉〉 ∗ ... ∗ 〈〈 γ mjk+1〉〉. de a * a∈A On a ainsi obtenu une suite h ω 1 ≤ h ≤ (m+1)n d’éléments de a I l nous faut maintenant montrer les relations (1) * a∈A On a utilisé le dénombrement (j, k) d (m+1)( j-1) + k+1. a a π V . 1 a 30 Recollements d’espaces topologiques. Compte tenu des diverses hypothèses et définitions, il est facile de véria 10 fier que les chemins qui composent ω a peuvent être regroupés par pa- quets de façon à redonner ω = 〈χ 〉〉 ∗ 〈〈χ 〉〉 ∗ ... ∗ 〈〈χ 〉〉 nm aisé de voir que : ω 1 2 Il est tout aussi p = 〈ο 〉. x h+1 Il nous reste à montrer que ; ∀ h, 1 ≤ h ≤ q-1, ω h ≡ ω ( [N] ) 43 η Il nous faut traiter deux cas : (i) ∀ j, 1 ≤ j ≤ n-1, jm (j+1)0 ω ≡ ω ( [N] ) η (ii) ∀ (j, k), 1 ≤ j ≤ n, 0 ≤ k ≤ m-1, jk ω j(k+1) ≡ ω η ( [N] ) (voir la figure ci-contre). η R 42 R 42 43 20 15 R Traitons d’abord le second cas. 11 R 12 Soit un couple d’indices (j, k), 1 ≤ j ≤ n, 0 ≤ k ≤ m-1. Ainsi que l’on peut jk j(k+1) le voir sur la figure ci-dessus, ω e( ω ne diffèrent que par les chemins associés aux côtés du rectangle R . j(k+1) Posons b := a (j, k) et c := a (j, k+1). Considérons le chemin Par construction, γ chemin de V ∩ V b c jk .est k +1 R que par définition, la classe a jk R jk qui figure dans ω .. est un élément de π1 V . b de jk . k +1 un tandis jk γ k +1 γ γ jk jk jk k +1 γ j (k +1) k +1 j(k+1) j (k +1) jk γ k +2 k +2 jk γ dans k +1 γ Notons 〈〈 γ 〉〉 cette dernière et 〈〈 γ 〉〉 la classe de k +1 b k +1 c .. π1 V . Soit enfin ω̃ jk l’élément de π V obtenu en remplaçant c 1 a * a∈A jk 〈〈 γ 〉〉 k +1 b par jk 〈〈 γ 〉〉 k +1 c jk dans ω . Il est tout aussi aisé de voir qu’il existe deux éléments α et β du groua .. π poïde V tels que l’ on ait les égalités suivantes : 1 a * a∈A ω̃ jk = α ∗ 〈〈 γ jk 〉〉 k +1 c ∗ 〈〈 γ jk 〉〉 k +2 c ∗β Topologie algébrique j(k+1) ω = 31 α ∗ 〈〈 γ Le rectangle R j(k+1) ω̃ jk = ω ∗ 〈〈 γ j (k +1) 〉〉 k +2 c ∗ β étant simplement connexe et l’application Λ étant continue, on a : 〈〈 γ D’où : j (k +1) 〉〉 k +1 c jk 〉〉 k +1 c j(k+1) ∗ 〈〈 γ jk 〉〉 k +2 c 〈〈 γ = jk et finalement : ω j (k +1) 〉〉 k +1 c j(k+1) ω ≡ jm ∗ 〈〈 γ ( [N] ). (j+1)0 Traitons le premier cas : ∀ j, 1 ≤ j ≤ n-1, ω j (k +1) 〉〉 . k +2 c ≡ ω a ( [N] ). En se reportant à la figure 2, on verra que, mis à part les chemins consa jm tants associés aux côtés verticaux, ω a (j+1)0 et ω sont composés des classes des mêmes chemins. Ils ne diffèrent que parce que ces classes a ne sont pas calculées dans les mêmes voisinages. Ils sont donc équivaa lents modulo [N]. a Exemple 2.1.3 Si A et B sont deux ouverts disjoints d’un espace topologique a .. .. .. X alors π1 A ∪ B ≈ π1 A u π1 B Comme mentionné à l’exemple 1 donné dans l’annexe algébrique 2, on .. .. .. .. π1 B ≈ π1 A u π1 B . a : π1 A * D’autre part, dans ce cas N = ∅ et, par suite, [N] est réduit aux a .. .. π1 B . D’où le résultat. unités de π1 A * Exemple 2.1.4 (retour sur la proposition 1.19) Reprenons l’exemple. évoqué dans la figure ci-contre. Soient V et W ces deux étoiles ouvertes du plan. π V ∪ W ≈ 1 (Z +). La démonstration repose sur les trois faits d’ordre topologique suivants : (1) V et W étant connexes par arcs, puisque V ∩ W est non vide, V ∪ W est connexe par arcs. (2) Les étoiles V et W sont évidemment étoilées, donc simplement connexes. 32 (3) Recollements d’espaces topologiques. V ∩ W comporte deux composantes connexes (par arcs). qui sont toutes deux simplement connexes. On prie le lecteur de noter que le reste de la démonstration est, grâce au théorème précédent, de nature strictement algébrique. D’après la proposition 1.14 , le fait (1) entraîne qu’il est licite d’employer la notation π V ∪ W . 1 D’après les propositions 1.18 et 1.17, le fait (2) entraîne que les groua .. .. poïdes π1 (V) et π1 (W) sont banals, c'est à dire respectivement isoa morphes à V × V et à W × W. L’exemple 2 donné dans l’annexe algébria .. .. que 2 fournit la description de π1 (V) * π1 (W). .. .. Rappelons que π1 (V) * π1 (W) s’identifie à l’ensemble qui contient, d’une part les couples de la forme (x, x), x ∈ V ∪ W, qui sont les unités de ce a groupoïde et d’autre part les éléments (x , y ), … , (x , y ) du grou1 1 p p poïde (V × V) (W × W) dont les termes appartiennent alternativement à (V × V) et à (W × W) et qui ne comportent aucune unité. Insistons sur le .. .. fait que pour tout élément (x , y ), … , (x , y ) de π1 (V) * π1 (W) avec 1 1 p p p ≥ 2 pour tout indice i , 1 ≤ i ≤ p-1, y et x sont des éléments de i i+1 V u W dont l’un est censé appartenir à V et l’autre à W, mais qui correspondent au même élément de V ∩ W. Notons C et C 1 2 a a les deux composantes connexes de V ∩ W et choisis- sons arbitrairement un point z 1 de C 1 et un point z 2 de C . 2 Puisque V ∪ W est connexe par arcs, il est licite de considérer π (V ∪ W) 1 .. comme le groupe d’isotropie de π1 (V ∪ W) au point z . 1 D’après le théorème de Van Kampen, on a : .. .. .. π1 (V ∪ W) ≈ π1 (V) * π1 (W ) . [N ] a Après avoir remarqué que, d’après l’exemple 1 ci-dessus, on a : a .. π1 (V ∩ W) ≈ C × C u C × C , 1 1 2 2 il est facile de vérifier que, dans ce cas, la relation d’équivalence engendrée par N coïncide avec la relation d’équivalence engendrée sur le Topologie algébrique .. groupoïde π1 (V) comme suit. * 33 .. a π1(W) par la relation R définie sur (V × V) u (W × W) a (x , y ) R (x , y ) ‹fi 1 1 2 2 Ces deux couples correspondent au même C × 1 élément de C u C × C 1 2 2 a Lemme π V ∪ W, z est isomorphe au sous-groupe Η du groupe 1 1 .. .. d’isotropie de π1(V) * π1(W) en z dont les éléments sont en1 gendrés par les quatre éléments suivants de (V × V) u (W × W) : a z 1 , z ; 2 V z 1 , z ; 2 W z 2 , z ; 1 V z 2 , z . 1 W De plus H est isomorphe à (Z, +). Remarquons que les éléments de H distincts de l’unité z , z ne 1 1 peuvent prendre que deux formes : a ou bien z , z z , z z , z z , z ….. z , z z , z 1 2 V 2 1 W 1 2 V 2 1 W 1 2 V 2 1 W p fois z , 1 z z , 2 V 2 z 1 W ou bien z , z z , z z , z z , z ,….. z , z z , z 1 2 W 2 1 V 1 2 W 2 1 V 1 2 W 2 1 V p fois z , z 1 z , 2 W 2 z 1 V Notons le premier élément ϕ(p) et le second ϕ(-p). On laisse au lecteur le soin de montrer que l’application ϕ ainsi définie est un isomorphisme de groupes de Z sur H. Un élément de H n’est congru qu’à lui-même modulo [N] . Supposons en effet que deux éléments distincts ϕ(p) et ϕ(q) de H sont congrus modulo [N] . Leur « quotient », ϕ (p) ϕ(q) = ϕ(p-q) de-1 vrait donc appartentr à [N] et, par suite, comprendre des termes appartenant à C × C u C × C distinct des unités. 1 1 2 2 impossible, par définition de H. a y Ceci est 34 Recollements d’espaces topologiques. .. Tout élément du groupe d’isotropie de π1 (V) congru à un élément de H modulo [N] . Soit par exemple z , y y , 1 2 V 2 y 3 W .. π1 (W) en z * est 1 a ….. y p-1 , z 1 U un tel élé- ment. Le U du dernier couple désigne V ou W selon que p est pair ou impair. Traitons tout d‘abord les deux premiers couples : z , y y , y . v 2 3 W appartient à C ou à C . 1 Deux cas se présentent selon que y z , 1 y ∈C 2 1 y y , 2 V 2 y 3 W = 2 z , 1 2 1 y , z z , 2 V 2 1 W 1 y 2 y 3 W . ≡ z , y y , z z , y [N] 1 2 V 2 1 V 1 3 W = z , y 1 3 W y ∈C 2 2 z , 1 y y , 2 V 2 y 3 W = z , z z , y y , y 1 2 V 2 2 V 2 3 W ≡ z , z z , y y , y [Ν] 1 2 V 2 2 W 2 3 W = z , z z , y 1 2 V 2 3 W On constate que, modulo [N] , on peut remplacer le y 2 l’élément z , y y , 1 2 V 2 y 3 W ….. y , p-1 z 1 V par z 1 dans ou z . Il est 2 facile de vérifier qu’il en est de même pour tous les autres y . i La conclusion de la démonstration est immédiate. Exemple 2.1.5 (Retour au cercle) On peut retrouver le résultat 1.24 par une démarche analogue à celle de l’exemple précédent. On utilise un recouvrement de S 1 par deux arcs ouverts qui se chevauchent, comme dans la figure ci-contre. Ces deux ouverts et leur intersection ont les mêmes propriétés topologiques que leurs homologues de l’exemple précédent. Topologie algébrique 35 2.2 Le théorème de Van Kampen pour les groupes Soit X un espace topologique muni d’un recouvrement a { Va} a∈A par des ouverts connexes par arcs. le théorème 2.1.2 fournit une description a de .. .. .. π1 (X) à l’aide des π1 V , En théorie, le groupoïde π1(X) comporte toute a l’information relative aux divers groupes π X, x , x décrivant X, 1 En fait, le lecteur attentif aura remarqué que même dans le cas très simple de 2.1.4, le calcul des groupes fondamentaux n’est pas immédiat. Le théorème de Van Kampen pour les groupes permet, moyennant une hypothèse supplémentaire à propos du recouvrement, de calculer directement le groupe fondamental. Définition Soit X un espace topologique. a On appellera recouvrement de Van Kampen au sens large de X un recouvrement ouvert { Va } a∈A a de X tel que : - Pour tout élément a de A, V - IV a ∈A a a soit connexe par arcs. ≠ ∅. - Pour tout élément (a, b) de A × A, V ∩ V a b soit connexe par arcs. On appellera recouvrement de Van Kampen de X un recouvrement de Van Kampen au sens large { Va } a∈A a de X qui de plus vérifie : - Pour tout élément (a, b, c) de A × A × A, V ∩ V ∩ V a par arcs. b c est connexe a Notations Soit X un espace topologique muni d’un recouvrement de Van Kampen a au sens large { Va } a∈A. On montre facilement que X est connexe par arcs. 36 Recollements d’espaces topologiques. Par hypothèse, il existe un point x 0 de X qui appartient à tous les ou- verts du recouvrement. Tous les espaces topologiques que nous utilisea rons seront connexes par arcs et contiendront x . 0 Il est donc licite de convenir que tous les calculs de groupes fondamentaux et de morphismes de groupes se feront en prenant le point x 0 base. a pour S On utilise les mêmes symboles que dans la section précédente consacrée aux groupoïdes, Le lecteur est donc invité à la vigilance. Pour tout élément a de A, on notera j a le morphisme de groupes de π V vers π X image par le foncteur de Poincaré en x de l’in1 a 1 0 clusion j : V i X. Rappelons que, pour tout lacet λ de V , j a a transforme la classe 〈〈λ〉〉 de λ dans V On notera * a∈A l’inclusion de a a a en la classe 〈λ〉 de λ dans X. π V le produit libre des groupes π V et φ 1 a 1 a a π V dans 1 a π V , 1 a * a∈A On notera J le morphisme de groupes de induit par la famille { ja } a∈A. * a∈A π V vers π X 1 a 1 Jφ Rappelons que : ∀ a ∈ A, a = j . a Considérons maintenant un couple (a, b) d’éléments de A. On notera a le morphisme de groupes de π V ∩ V vers π V , image par ab 1 a b 1 b le foncteur de Poincaré en x de l’inclusion i : V ∩ V i V . i 0 Il est facile de vérifier que j i b ab ab et j i ge par le foncteur de Poincaré en x a ba 0 a b b sont tous deux égaux à l’ima- de l’inclusion V ∩ V i X et a b -1 donc que, pour tout élément 〈λ〉 de π V ∩ V , φ i (〈λ〉) • φ i (〈λ〉 ) 1 a b a ba b ab appartient au noyau de J. Topologie algébrique 37 Proposition 2.2.1 Soit X un espace topologique muni d’un recouvrement de Van a { Va } a∈A. Kampen au sens large Alors, avec les notations introduites ci-dessus, J est surjectif. Soit 〈λ〉 un élément de π X . 1 En utilisant le même procédé topologique que dans la proposition 1.19 a on décompose le lacet λ en une succession λ = γ • γ • ... • γ 1 2 chemins de X tels que, pour tout i, 1 ≤ i ≤ p, le chemin γ tenu dans un V a b soit x i la fin de γ i i Dans la décomposition i µ p -1 entre γ et γ i := η p-1 -1 soit con- i (et le début de γ i+1 ). Tous étant par hypothèse connexes par arcs, il existe, pour tout i, 1 ≤ i ≤ p-1, un chemin η de V η •η de . a(i) Pour tout i, 1 ≤ i ≤ p, les V ∩ V p ( •γ p (+1 γ • γ • ... • γ 1 2 a((+1) qui relie x à x . i 0 de λ, on peut alors intercaler p et pour 2 ≤ i ≤ p-1, µ 2 ∩ V . Si bien qu’en posant : µ : = γ • η , un lacet µ = µ • µ • ... • µ 1 a(i) p i 1 -1 •γ i-1 i := η 1 1 • η , on obtient ι formé de la succession des lacets µ dont chacun est contenu dans V a(i) et tel que : 〈λ〉 = 〈µ〉. i 1≤ i ≤ p On voit alors facilement que 〈µ〉 = J 〈〈µ 〉〉 ∗ 〈〈µ 〉〉 ∗ ... ∗ 〈〈µ 〉〉 , ce 1 2 p qui achève la démonstration. a Dans l’exemple ci-contre, on a évoqué le cas de trois ouverts du plan que l’on a dessiné en blanc. Les chemins intercalaires η i sont au nombre de deux et sont dessinés en lignes droites. On a doublé ces dernières pour rappeler que les chemins qu’elles représentent sont parcourus dans les deux sens. Considérons le sous-ensemble N de * a∈A π V défini par : 1 a 38 N := Recollements d’espaces topologiques. {φ i -1 a ba (〈λ〉) • φ i (〈λ〉 ) (a, b) ∈ A × A, b ab } 〈λ〉 ∈ π V ∩ V . 1 a b On a remarqué, en introduisant les notations, que N est contenu dans le noyau de J. Proposition 2.2.2 (théorème de Van Kampen) Soit X un espace topologique muni d’un recoua { Va } a∈A. vrement de Van Kampen au sens strict Alors le noyau de J coïncide avec le sous-groupe distingué de * a∈A π V engendré par N. 1 a Notons [N] le sous-groupe distingué de π V engendré par N. 1 a * a∈A On sait déjà que : [N] ⊂ Ker J. On va montrer que : KerJ [N] = 0. Donnons-nous un élément ω = 〈〈µ 〉〉 ∗ 〈〈µ 〉〉 ∗ ... ∗ 〈〈µ 〉〉 du noyau de J. 1 2 p La donnée de ω équivaut à celle d’un lacet µ = µ • µ • ... • µ µ i 1≤ i ≤ p la succession des lacets certain V a(i) 1 2 p formé de dont chacun est contenu dans un 〈µ〉 = 〈µ 〉 • 〈µ 〉 • ... • 〈µ 〉 = 〈ο〉. ; de plus : 1 2 p Soit donc Λ : I × I f X une application qui met en relation µ avec a le lacet constant ο : t d x . 0 L’idée de la démonstration est de construire, à partir de Λ, une suite j d’éléments de π V telle que : ω 1 a 1≤ j≤ q * a∈A 1 ω et : q ≡ ω ( [N] ) ; ω = ο j+1 ∀ j, 1 ≤ j ≤ q-1, ω j ≡ ω ( [N] ) (1) Première étape La première étape consiste à décomposer Λ, considérée comme un chea min de l’espace topologique des lacets de X d’extrémité x , en une suc0 cession de tels chemins dont les bornes consécutives (qui sont, rappelons-le, des lacets de X) ne différent entre elles que par une déforma- a a tion dans l’un des V . a Par une construction topologique analogue à celle utilisée dans la propoa Topologie algébrique 39 sition 1.19, on exhibe deux subdivisions 0 = s et 0 = t < t <…< t 0 1 du rectangle R tain V . j −1 < s <…< s 1 m =1 = 1 de l’intervalle I telles que l’image par Λ , sj ] × [t k −1 , t k ] soit contenue dans un cer- Quitte à la raffiner, on peut de plus supposer que la sub- b(j, k) division [s := jk n 0 est plus fine que celle qui sert à décomposer µ en s j 1≤ j≤ m µ • µ • ... • µ , Autrement dit : on peut identifier la restriction de µ à un intervalle , sj 1 2 p [s j −1 ] avec la restriction d’un certain µ i à ce même inter- valle. On a ainsi obtenu un « découpage » du pavé I × I suivant les reca tangles R . Dans la figure, on a représenté le cas où m = 5 et n = 4. jk L’idée est de choisir pour étapes successives de la décomposition de Λ les lacets formés de la composition de Λ et des différentes successions des côtés (verticaux ou horizontaux) consécutifs des rectangles R . a jk 1=t 4 R t R 42 On en a représenté deux en 43 pointillés dans la figure 1 ci- 3 contre. t Pour des raisons qui apparai- 2 t R 1 0=s 0 R 11 s tront bientôt, on tire parti de la continuité de Λ pour défors = 1 mer légèrement le découpage 5 12 s 1 2 s s 3 4 précédent en déplaçant les côtés verticaux de certains des rectangles R telle sorte que : jk dans au plus trois R b) Chacun des R -1 R 42 R 43 a a) Un point de I × I soit contenu Λ a de jk jk Q ; soit contenu dans R 11 R 12 V . b(j, k) La figure 2 ci-dessus à droite illustre une déformation de ce genre appliquée au cas évoqué précédemment. Précisons l’expression « certains des rectangles » utilisée plus haut. On a laisse inchangés les rectangles de la rangée horizontale du bas, c'est à a 40 Recollements d’espaces topologiques. { R1k ; 1 ≤ k ≤ m } , puis on déforme les rectangles intérieurs des dire les rangées paires. a jk Soit, pour tout couple d’indices (j, k) différents de zéro, η a le lacet de X qui résulte de la composition de Λ avec le chemin de I × I de source a (0, t ) et de but (1, t j j-1 ) qui emprunte successivement les côtés hori- zontaux supérieurs des rectangles R , R j1 j2 .…, R , puis le côté vertical jk droit de ce dernier rectangle puis les côtés horizontaux inférieurs des rectangles R j k+1 j0 ,.…, R a . jm Soit encore η la composition de Λ avec le chemin de I × I de source a (0, t ) et de but (1, t j j-1 gauche de R j1 ) qui emprunte successivement le côté vertical puis les côtés horizontaux inférieurs des rectangles 43 R ,.…, R η η j1 R 42 42 R . jm La figure 3 ci-contre illustre ces 43 définitions lorsqu’on les applique au cas évoqué précédemment. η η 20 15 Pour chaque couple d’indices (j, k), 1 ≤ j ≤ n, 0 ≤ k ≤ m, il est R 11 R jk facile de vérifier que le lacet η 12 jk jk jk se décompose en une succession γ 1 • γ 2 • …. • γ m +1 de m+1 chemins dont la description détaillée suit : jk 1≤ι ≤k γ i est le composé de Λ et du côté horizontal supérieur du rectangle R . (1 ≤ k = i-1) γ est le composé de Λ et du côté vertical droit du reck +1 tangle R . ji jk jk jk k+2 ≤ ι ≤ m+1 γ i est le composé de Λ et du côté horizontal inférieur du rectangle R . (0 = k = i-1) j i-1 j0 γ 1 est le composé de Λ et du côté vertical gauche du rectangle R . j1 Seconde étape Pour tout couple d’indices (j, k), 1 ≤ j ≤ n, 0 ≤ k ≤ m, jk jk élément ω de π V à chaque η . 1 a * a∈A on va associer un Topologie algébrique 41 Pour ce faire, on commence par dresser la liste de tous les sommets des a rectangles R . On appellera ces points des « sommets ». Grâce à la léjk gère déformation que nous avons fait subir aux rectangles R , chacun jk de ces points est le sommet d’au plus trois rectangles. L’image d’un sommet par Λ appartient donc à l’intersection des trois ouverts du recouvrement qui correspondent à ces trois rectangles. Le recouvrement étant un recouvrement de Van Kampen, on peut associer à chacun de ces sommets un chemin qui a pour source son image par Λ, qui a pour but x et qui est contenu dans l’intersection des 0 trois ouverts du recouvrement qu’on lui a associé un peu plus tôt. Pour abréger on appellera par la suite ce chemin le « raccord » associé au sommet. et » Si l’image d’un sommet par Λ est x , (comme, par 0 exemple, pour certains des sommets du bas du pavé) on lui associe le a lacet cons-tant pour raccord. a Pour tout triplet d’indices (i, j, k) , 1 ≤ i ≤ m+1, 1 ≤ j ≤ n, 0 ≤ k ≤ m soit a(i, j, k) l’élément de Α tel que V a contienne le rectangle qui figu- a(i, j, k) jk re dans la définition de γ i . En encadrant γ i jk avec l’inverse du raccord associé à sa source et le a raccord associé à son but, ces deux derniers chemins étant contenus dans V , on obtient un lacet µi jk a(i, j, k) de V a(i, j, k) a représentant jk l’élément 〈〈µi 〉〉 de π V 1 a(i, j, k) jk ω On pose ensuite : jk jk jk := 〈〈µ1 〉〉 ∗ 〈〈µ 2 〉〉 ∗ .,. ∗ 〈〈µm +1〉〉 On a ainsi obtenu une suite h ω 1 ≤ h ≤ (m+1)n d’éléments de On a utilisé le dénombrement (j, k) d (m+1)( j-1) + k+1. a I l nous faut maintenant montrer les relations (1). * a∈A π V . 1 a a a Compte tenu des diverses hypothèses et définitions, il est facile de véria 10 fier que les lacets qui composent ω a peuvent être regroupés par pa- quets de façon à redonner ω = 〈〈µ 〉〉 ∗ 〈〈µ 〉〉 ∗ ... ∗ 〈〈µ 〉〉 . Il est tout aussi 1 nm aisé de voir que : ω = 〈ο〉. 2 p 42 Recollements d’espaces topologiques. h+1 ∀ h, 1 ≤ h ≤ q-1, ω Il nous reste à montrer que : h ≡ ω ( [N] ) jm Il nous faut traiter deux cas : (i) ∀ j, 1 ≤ j ≤ n-1, ω et (ii) ∀ (j, k), 1 ≤ j ≤ n, 0 ≤ k ≤ m-1, jk ω j(k+1) ≡ ω (j+1)0 ≡ ω ( [N] ) ( [N] ) (voir figure 3) a a Traitons d’abord le second cas. Soit un couple d’indices (j, k), 1 ≤ j ≤ n, jk j(k+1) 0 ≤ k ≤ m-1. Ainsi que l’on peut le voir sur la figure 3, ω e( ω diffèrent que par les lacets associés aux côtés du rectangle R k +1 R avec les deux raccords as- R jk . j(k+1) Posons b := a (j, k) et c := a (j, k+1). Considérons le lacet µ rappelons-le, est obtenu en jk encadrant le chemin γ ne jk k +1 γ qui, j (k +1) k +1 j(k+1) sociés à ses bornes. jk k +1 a Par construction, µ un lacet de V ∩ V b est γ tandis c que par définition, la classe de µ de π V . 1 b µ jk jk k +1 jk 〉〉 k +1 b γ jk γ k +2 qui figure dans ω cette dernière et 〈〈µ j (k +1) k +2 est un élément jk 〉〉 k +1 c la classe de dans π V . 1 c jk k +1 Soit enfin ω̃ 〈〈µ Notons 〈〈µ jk k +1 jk 〉〉 k +1 b jk * l’élément de par 〈〈µ jk 〉〉 k +1 c a∈A jk π V obtenu en remplaçant 1 a dans ω . jk Il est facile de vérifier que : ω ≡ ω̃ jk ( [N] ). Il est tout aussi aisé de voir qu’il existe deux éléments α et β du groua * pe a∈A π V tels que, en notant respectivement ρ et ρ les rac1 a 1 2 cords associés aux sommets supérieur gauche et inférieur droit du reca tangle R ω̃ jk j(k+1) ω j(k+1) , on ait les égalités suivantes : α∗ ρ = = α∗ρ Le rectangle R 1 j(k+1) -1 1 -1 ∗ jk 〉〉 ∗ k +1 c j (k +1) 〈〈 γ 〉〉 ∗ k +1 c ∗ 〈〈 γ jk 〉〉 ∗ k +2 c j (k +1) 〈〈 γ 〉〉 k +2 c 〈〈 γ ρ ∗β 2 ∗ ρ ∗β 2 étant simplement connexe et l’application Λ étant continue, on a : 〈〈 γ jk 〉〉 k +1 c ∗ 〈〈 γ jk 〉〉 k +2 c = 〈〈 γ j (k +1) 〉〉 k +1 c ∗ 〈〈 γ j (k +1) 〉〉 . k +2 c Topologie algébrique ω̃ D’où : jk = ω 43 j(k+1) jk et finalement : ω j(k+1) ω ≡ jm Traitons le premier cas : ∀ j, 1 ≤ j ≤ n-1, ω ≡ ω Les sommets inférieurs des rectangles R , R j) mets supérieurs des rectangles R (j+1) ) (j+1) 2 subdivision de la ligne horizontale t = t j jm ω peut alors décomposer j2 , R ( [N] ). (j+1)0 ,…,R ,…,R a ( [N] ). jm (j+1)m a et les somforment une de I × I. (voir figure 3) On (j+1)0 et ω * tient ainsi deux éléments de a∈A suivant cette subdivision. On ob π V qui sont composés des clas1 a ses des mêmes lacets. Ils ne diffèrent que parce que les classes ne sont a pas calculées dans les mêmes voisinages. Ils sont donc équivalents modulo [N]. On notera que l’hypothèse selon laquelle { Va } a∈A est un recouvrement a de Van Kampen au sens strict sert à choisir les raccords de façon à poua voir associer à chaque côté commun à deux des rectangles R ij un lacet qui soit contenu dans l’intersection des membres du recouvrement assoa ciés à ces rectangles. a Le lecteur est invité à comparer cette démonstration avec celle de 2.1.2. 2.3 Applications du théorème de Van Kampen Exemple du début 2.3.1 Considérons l’espace topologique X constitué par le plan R 2 privé de deux points que nous appellerons « les trous de X ». Alors : π (X) ≈ Z 1 * Z.# a V 1 V 1 2 comme le montre la fia 2 sont homéomorphes à R \ Il vient, d’après la proposition 1.26, {V , V } 1 a V et V gure ci-contre. Comme ces derniers 2 trou Il est facile de vérifier que Décomposons X en deux ouverts 2 π V ≈ 1 1 π V ≈ 1 2 {(0, 0)}, Z. ; constitue un recovrement de Van Kampen au sens large de X. Puisqu’il est réduit à deux éléments, il est 44 Recollements d’espaces topologiques. clair que c‘est aussi un recovrement de Van Kampen au sens strict. D’autre part, comme on le voit sur la figure, V ∩ V 1 {0} ; connexe. Dans ce cas, on a donc : N = π (X) ≈ cédent, 1 π 1 V 1 π V 1 2 * ≈ Z 2 est simplement a d’après le théorème pré- * Z. Contre-exemple 2.3.2 3 {(x, y, z) ; z > 0} } {(x, y, z) ∈ X ; z < 12 } . Soit X l’ouvert de R constiitué du demi-espace { privé du demi-cercle C := 2 Soit Y l’ouvert de X défini par ; Y = Soit φ : π (Y) f π (X) 1 π (X) ≈ Alors : a 1 par le foncteur de Poincaré. 1 l’image de l’inclusion Y i X a π (Y) ≈ Z 2 (0, y, z) : y + z = 1 . Z 1 φ : (i, j) d i – j * Z#; a) Calcul de π (X). 1 Notons X 1 de la droite 3 l’ouvert de R constitué du demi-espace { (0, y, 1) : y∈R }. {(x, y, z) ; z > 0} privé Soit l‘application f de R × R * vers lui-même z + définie par : y 2 2 f (y, z) = y + z ctg , z f (y, z) y2 + z 2 Ou, si l’on préfère, étant donné un point (y, z) de y a R × R * , on définit f(M) comme + l’intersection de la droite paralléle à l’axe des « z » et tangente au cercle centré en contient M M et de la droite qui passe par O et par M. O qui Il est facile de voir qu’une construction géométrique « réciproque » permet de définir l’inverse de f. Puisque f et son inverse sont le fruit de constructions « à la règle et au compas », elles sont toutes deux continues. donc un homéomorphisme de X sur X . 1 D’après la proposition 1.22, π (X) ≈ π (X ). 1 1 1 a 1 × f induit R Topologie algébrique 45 est homéomorphe à R × R × R * \ (0, 1) . Donc, d’après les + propositions 1.23 et 1.26 , π (X) ≈ π (X ) ≈ Z. X 1 1 1 1 b) Calcul de π (Y). 1 2 Rebaptisons Z l’espace topologique constitué par le plan R privé de deux points que nous avons évoqué à la proposition précédente. ] [ Il est facile de vérifier que Y est homéomorphe à Z × 0, 12 . Donc, d’après les propositions 1.22, 1.23 et la proposition précédente, on a : π (Y) ≈ Z 1 * Z.# a c) Calcul de φ. {z }, 0, 0. 1 et M et 4 1 éléments de P ∩ C dans l’ordre des ordonnées croissantes. Soient P le plan 1 4 = le point Soient les éléments 〈λ〉 et 〈µ〉 Y Y M 0 Y 2 les a de π (Y) = π (Y, M ) qui correspondent 1 1 0 respectivement aux éléments (1, 0) et (0, -1) de Z sentants de 〈λ〉 M est un lacet λ d’extrémité M , 0 * Z# .ccL’un des repré- qui décrit une seule fois le périmètre d’un cercle situé dans le plan P, de centre M 1 et ce, dans le sens direct. des représentants de 〈µ〉 d’extrémité M a M 0 et qui passe par Y a De même l’un est un lacet µ, qui décrit une seule fois le 0a périmètre d’un cercle situé dans le plan P, a de centre M et qui passe par 2 M 0 et ce, dans le sens inverse. Dans la figure ci-dessus on peut voir λ et µ en bleu respectivement en haut, à gauche et en bas, à droite. Comme on a cherché à le suggérer dans la figure, les deux cercles bleus horizontaux qui sont de sens opposés se transfornent l'un en l'autre en pivotant autour de M 0 a tout en suivant C. On en déduit que λ et µ ont la même classe dans π (X, M ), Puisque 〈λ〉 1 0 X correspond à l’élément 1 de Z, on a : φ (0, -1) = φ (1, 0) = 1. Le résultat provient alors du fait que φ est un morphisme de groupes. 46 Recollements d’espaces topologiques. Exemple 2.3.3 Notons C le cercle horizontal de rayon 1 contenu dans R 3 centré à l’origine. Alors π R \ C ≈ Z. 1 Soient a, 0 < a < 1 et C a 1 et C 2 3 et les ouverts de C représentés ci-contre. Posons : U = R × ] -a, +∞ [ × R, 1 U V 2 1 V = R× ] -∞, a [ = U \ C 1 = U 2 2 × R, et 1 \ C . 2 Il est facile de vérifier que V , V 1 et V 2 2 et leur intersection sont tous trois connexes par arcs. V a 1 sont donc les membres d’un recouvrement de Van Kampen au a 3 sens strict de R \ C. a) Calcul de π (V ) et de π (V ) . 1 1 1 2 Comme on tente de le figurer ci–contre, V bre d’une partition de R × ] -a, +∞ [ , a 1 est un mem- Par une construction analogue à celle du a) de la proposition précédente, on peut donc montrer que V est homéomorphe à R × ] -a, 1 [ ∪ ] 1, +∞ [ × R. sitions 1.23 et 1.26 , π (V ) ≈ Z. 1 π (V 1 1 D’après les propo- 1 π (V ) ≈ Z. On montrerait d’une façon analogue que : b) Calcul de 1 1 2 ∩ V ) et de N. 2 Comme au b) de la proposition précédente, il est facile de vérifier que V a ∩ V est homéomorphe à Z × ] -a, α [ , d’où : π (V ∩ V ) ≈ Z 1 2 1 2 1 * Z#. De façon analogue au c) de la proposition précédente, on montre que les a a morphismes φ : π (V ∩ V ) f π (V ) et φ : π (V ∩ V ) f π (V ) 1 1 1 2 1 1 correspondent tous deux au morphisme { 2 Z * 1 1 2 Z# f Z i*j d i - j 1 2 Topologie algébrique 47 Il est donc facile de vérifier que N correspond à { i * -i : } i∈Z , c) Conclusion Un simple calcul algébrique montre que : D’après 2.2.2 , 3 π R \ C 1 ≈ Z. Z * Z# [N ] ≈ Z.