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Préface
Depuis de nombreuses années, les naturalistes adhérents au club Nature du Comité local
d'action sociale de Gif se sont consacrés à l'étude de la faune et de la flore du parc, et ont attiré
l'attention des responsables du CNRS pour obtenir les mesures propres à en assurer le maintien.
Ce travail persévérant, opiniâtre et méticuleux s'est concrétisé en 1995 par la publication
d'une première brochure faisant un état le plus complet possible de la richesse biologique du
domaine; plus de cent espèces d'oiseaux, vingt-sept espèces de mammifères, huit de reptiles et
d'amphibiens, des centaines d'insectes et plusieurs dizaines d'arbres de collection et de végétaux
remarquables ! L'ensemble représente sur le plan biologique un microcosme préservé de ce que
comptait la région jusqu'à ces dernières années.
Devant le succès de cette première édition, une seconde fut réalisée en 1998, et, en cette
année 2002, nous avons pensé utile de proposer cette troisième édition mise à jour et enrichie de
nombreuses photos venant compléter les remarquables dessins à la plume de Sylvie Meyer.
Nul doute que cette troisième édition connaîtra le même succès que les deux précédentes.
Les travaux du club Nature vont prochainement se concrétiser par un arrêté préfectoral de
mise en "réserve naturelle volontaire" d'une partie du parc.
Doté d'un conseil scientifique et d'un plan de gestion, en plein accord avec l'Office national
des forêts, cette "réserve naturelle volontaire", référencée au niveau national, aura pour vocation
essentielle d'assurer par un entretien adéquat, la pérennité de la faune et de la flore naturelle du
domaine.
Par ces mesures, le CNRS souhaite apporter sa collaboration à une œuvre de conservation de
la biodiversité, mais aussi permettre à ceux qui le souhaitent la découverte d'un milieu
étonnamment riche ainsi qu'un plaisir esthétique et culturel de grande qualité.
Raymond Duval Délégué régional de 1996 à 2001
Jean-Paul Caressa Délégué régional
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Sommaire
Le domaine de Gif: un patrimoine naturel à protéger
p5
Plan du domaine
p6
Les origines du domaine : le château de Button et son parc
p8
L'histoire géologique
p 15
Les sols et la végétation
p 18
Le climat
p 20
Les champignons
p 22
La flore herbacée
p 26
Les plantes mellifères
p 35
Les vers
p 44
Les mollusques
p 45
Les arthropodes
p 47
Les papillons
p 60
Les drosophiles
p 64
Les insectes et leur milieu
p 66
Les amphibiens
p 71
Les reptiles
p 74
Les oiseaux
p 78
Les mammifères
p 92
3
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Le domaine de Gif: un patrimoine naturel à protéger
Cette brochure est le résultat d'un travail d'équipe entrepris depuis plusieurs années par les
naturalistes du club CAES Gif-Nature.
Elle a pour but essentiel d'attirer l'attention de l'administration du C.N.R.S., du personnel et
des visiteurs, sur la richesse biologique du parc.
A moins de 30 kilomètres de Paris, sur 65 hectares, le domaine de Gif est appelé, autant et
même plus que par le passé, à rester une enclave de nature protégée, rendue de plus en plus
précieuse par l'urbanisation croissante.
Le classement en réserve naturelle volontaire va dans ce sens.
Son intérêt, essentiel en botanique et en entomologie, se trouvera certainement encore
renforcé dans l'avenir par des travaux plus précis.
Le parc s'intègre dans un ensemble biologique constitué par:
- les zones humides des vallées de la Mérantaise et de l'Yvette, comportant des prairies
(Moulin de la Tuilerie), des marais (de l'Abbaye), des bassins de retenue (Aulnette, Coupières,
Gif-Bures).
- le domaine de l'INRA à Bures.
- les versants boisés (au Nord, de Villiers-le-Bâcle à Orsay; au Sud,
de Saint-Rémy à Bures; entre Yvette et Mérantaise, le bois d'Aigrefoin).
L'ensemble de ces différents milieux représente près de 400 hectares. Une gestion attentive à
l'écologie permettra dans l'avenir d'observer des espèces de plantes et d'animaux qui auront
vraisemblablement disparu ailleurs dans la région. L'importance scientifique et culturelle d'un tel
ensemble s'en trouvera encore renforcée.
Puisse ce message être entendu et compris.
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Les origines du domaine
Le château de Button et son parc
En 1657, Pierre III de Mérault achète les terres sises à Gif sur le domaine de Button,
propriété initiale de la famille Villetain, Seigneurs de Gif depuis trois siècles, puis de gendre en
gendre, celle de Michel Lucas, Seigneur de Saclay qui, endetté, doit vendre le domaine.
Pierre III de Mérault, anobli par achats de fiefs nobles et de charges de magistrature, est
Seigneur de Gif, d'Orgement, de Moulon, de la FolieRigault, de la Folie-Jaudoi et autres fiefs
partant du plateau de Gometz, coulant vers la vallée, remontant sur Villiers-le-Bacle, Saclay,
Toussus-le-Noble, vers Paris jusqu'à Sèvres puisque l'actuelle Manufacture de Sèvres est
construite sur une terre des Seigneurs de Gif. Il a le titre de Vicomte de Gif et Vicomte hérédital
de Châteaufort.
Le domaine, ceint de murs, aurait couru au sud, au-dessus du bras mort de la Mérantaise et à
mi-hauteur, entre les jardins de l'actuelle rue Amodru et l'Yvette; à l'ouest au niveau de l'actuelle
avenue de la Terrasse (qui était le chemin de Button) puis au nord, vers Belle-Image; vers l'est, il
se trouvait augmenté de 10 à 15 hectares. Le domaine et la propriété représentaient environ 100
hectares de vignes, bois, aulnaies, taillis, prés, champs, un four, un pressoir, un ou deux moulins
(tous banaux). Le Seigneur avait droit de basse et moyenne justice plus le droit de "mets de
mariage" (l'épousée lui apportant les meilleurs mets servis lors du repas de noce).
Le chemin de Button était la seule route conduisant vers Saclay, Châteaufort, Versailles.
Bien que propriété des différents Seigneurs de Gif, chacun pouvait l'emprunter.
La propriété comprenait: un grand logis situé sans doute vers l'actuelle balustrade; devant, la
"basse-cour" c'est-à-dire une grande cour bordée par des bâtiments nécessaires au service du
grand logis et à l'exploitation des terres; du logement du fermier situé près de la porte de la cour
et la chapelle. En face, un parterre, puis un potager, un petit jardin derrière l'église du bourg et un
autre derrière la chapelle du domaine (le long de l'actuelle rue Neuve) et le parc constitué de
vignes, taillis et terres labourables.
A cette époque, Gif comptait environ 900 âmes, artisans, cultivateurs et commerçants, tous
redevables en taille, chapons, poules et autres corvées. Quatre chemins conduisaient vers
Chevreuse, Palaiseau, Limours et Versailles. Le bourg était clos de murs.
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Le petit-fils de Pierre de Mérault, Claude de Mérault, hérite du domaine de Gif en 1754. Il
décide alors de construire un château digne de sa position et de ses fonctions: Lieutenant du Roy
(Louis XV), au gouvernement du comté de Bourgogne, il avait tous les pouvoirs militaires en
l'absence du gouverneur dans cette contrée appelée Franche-Comté, conquête majeure de Louis
XIV et de ses fameux dragons.
Claude de Mérault vient d'acquérir la terre de Frileuse la Rouge, opulente, portant un grand
logis, des communs, un bel accès magnifiquement ordonnancé, un fruitier traité à la française, un
potager. Cette acquisition lui coûte fort cher mais il estime devoir à son rang et à son agrément de
posséder un château. Il confie à Pierre Desmaisons, architecte du roi, d'en dessiner les plans.
Pierre Desmaisons, membre de l'Académie, sera anobli en 1769 avec le titre de baron. Il
s'honorera de la réfection du Palais de Justice de Paris après son incendie. Il est l'auteur de la
superbe grille qui en ferme la cour encore de nos jours. Le portail de l'église des Théatins, 26 rue
de Lille à Paris, est également son oeuvre.
Le parc est dessiné par Pillet, admirateur de Le Nôtre.
De part et d'autre du château, de longs parterres adoucis d'arabesques ou "broderies"
encadrent une allée centrale interrompue de pelouses ovales. Des cheminements en étoile varient
la rigueur du grand axe. Une longue pièce d'eau prend place au niveau du grand parterre de
l'ancien logis. Cette imposante perspective descend vers l'actuelle terrasse con.struite au XIXe
siècle. Côté Belle-Image, on aménage une autre perspective plus simple mais raffinée encadrant
un imposant rectangle planté d'arbres. Il se situerait maintenant côté église et rue Neuve.
Parc et château attendront 1771 pour être achevés: Claude de Mérault, endetté, meurt en
1757. Ce sera Charles-Louis Débonnaire, cousin au huitième degré, qui disposera du château et
en continuera la construction.
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Nous ignorons tout des diverses transformations du parc sous les différents propriétaires du
château. Il semble que la terrasse fut construite dans la seconde moitié du XIXe siècle, peut-être
par Monsieur Juigne, ainsi que l'actuel bassin ovale. L'ordonnancement actuel reprend les grandes
lignes du parc du XVIIIe siècle. Certains arbres: Cèdre bleu (Cedrus atlantica), Séquoias
(Sequoia sempervirens, Sequoiadendron giganteum), Sapin de Douglas (Pseudotsuga menziesii),
Tilleul argenté (Tilia argentea), Cèdre de Chypre (Cedrus libani), certains Marronniers d'Inde
(Aesculus hippocastanum) et un Genévrier (Juniperus communis) sont les témoins d'une époque
où les propriétaires de grands domaines peuplaient leurs parcs d'essences "exotiques" pour
sacrifier à la mode romantique. Il en reste quelques arbres parmi les plus âgés, dont les tilleuls et
marronniers qui agrémentent la perspective du château. Les marronniers, choisis pour leur
floraison rose, appartiennent à la variété rubicunda, la moins commune. De la plantation initiale
datent probablement aussi quelques magnifiques platanes, de somptueux cèdres qui tendent à être
peu à peu remplacés. La cime de ceux qui limitent la prairie, côté Est, sert quelquefois de
perchoir au Héron cendré, inattendu sur cet observatoire'. Plusieurs séquoias, à l'écorce tendre
devenue rougeâtre sous les griffes des écureuils et les becs des pics, avaient été plantés en
bordure de la rue Vatonne. On peut penser que tous ces ancêtres ne survivront pas longtemps. Les
séquoias, peu protégés des intempéries et enracinés dans un sol remanié et instable, résistent mal
aux tempêtes. Le grand âge est en train d'ébranler les plus vieux tilleuls et marronniers dont la
base pourrie sert de refuge à d'étonnantes colonies de punaises rouge et noir appelées
"gendarmes" (Pyrrhocoris apterus).
Deux ensembles du jardin d'agrément retiennent l'attention: la fontaine et son cèdre pleureur,
prolongés vers le château par le massif de rhododendrons; le jardin de fleurs autour de son bassin
ovale. Au moment où la mode voulait que les jardins s'enrichissent des espèces exotiques
rapportées par bateau de pays lointains, l'architecte a voulu réunir là une subtile collection
d'espèces de Conifères, ifs (Taxus baccata) et genévriers, dont les silhouettes élégantes forment
en toile de fond un décor toujours vert alors qu'au premier plan ont été regroupés des arbres et
arbustes qui assurent une floraison continue du printemps à l'automne. L'orangerie (à proximité
de l'actuelle salle de la Terrasse) constituait le complément indispensable pour agrémenter cet
ensemble prestigieux en toute saison. Les amateurs de beaux jardins regretteront qu'elle ait été
détournée vers un usage moins "romantique" en 1985.
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L'acquisition de la partie boisée naturelle, montant le long de la côte de Belle-Image et
représentant un peu plus de 10 hectares, est le fait de Monsieur Aubry, le 7 février 1910. La partie
la plus abrupte de cette forêt occupe une aire qui, en raison de sa pente, n'a probablement jamais
été défrichée ni cultivée. Par contre elle a été plantée de châtaigniers associés aux chênes
pédonculés, et comporte peu d'arbres centenaires. On peut penser qu'elle a fait l'objet d'une
exploitation en taillis qui fournissait du bois de chauffage, et des piquets, au terme de rotations
d'une vingtaine d'années. Les châtaigniers coupés fournissent alors de vigoureux rejets de
remplacement.
La partie basse de cette forêt paraît avoir été conduite en futaie jardinée. Dans cet endroit qui
comporte de beaux arbres, le maître du domaine a eu l'intention de favoriser la pousse de sujets
destinés à être abattus lorsqu'ils atteignent 150 ans environ pour utiliser leur bois en menuiserie
ou ébénisterie (les sujets coupés en 1993 avaient 120 ans environ). C'est probablement dans ce
but qu'ont été plantés les beaux chênes, hêtres et peut-être aussi quelques merisiers, entre l'allée
cavalière et la rue Vatonne. Sur leur tronc, un anonyme du XXe siècle s'évertue à graver ses
initiales "GR" en détruisant minutieusement chaque semaine le liège qui tend à combler sa
signature. Ce sous-bois jardiné est ici, comme partout, un lieu de prédilection pour de très
nombreuses espèces de Champignons. Dans ses parties les plus éclairées, il est le support d'une
population étonnamment dense de Jacinthe des bois. Cette plante bulbeuse, en pleine expansion à
cet endroit, couvre en avril le sous-bois d'un tapis bleu intense, qui a laissé stupéfaits maints
visiteurs étrangers. A proximité existe aussi une station plus réduite de la belle Digitale pourpre
(Digitalis purpurea) qui réapparaît à chaque clairière.
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La lisière de cette forêt, dans la partie où elle jouxte le parc d'agrément, a fait l'objet de soins
particuliers pour rendre harmonieuse la transition entre le domaine boisé et le parc. Les
silhouettes toujours vertes des cèdres au fond du parc ferment le champ visuel du promeneur qui
remonte l'allée principale. Quelques très beaux chênes ou châtaigniers ont été plantés en suivant
un plan désinvolte où le paysagiste laisserait progressivement l'initiative à la nature - mais cette
transition a été minutieusement préparée. Les châtaigniers en bouquet au fond du parc ont été
entretenus dans leur jeune âge et quelquefois greffés par rapprochement pour prendre cette
silhouette épanouie dont nous bénéficions. On retrouve ailleurs dans Gif de très beaux platanes'
en bouquet plantés selon le même mode et à la même époque. Arbre vénérable, le grand Saule
blanc (Salix alba) dans la cour de l'ancienne ferme de Chamort (moulin au XIXe siècle) fut planté
en 1920.
Sur les bords de cette forêt jardinée ont été introduites ultérieurement quelques espèces qui
n'appartenaient pas à la collection initiale: quelques micocouliers dont les baies rougissent les
cours des écoles méditerranéennes mais qui n'arrivent jamais ici à maturité; des lauriers tins
(Viburnum tin us) également méridionaux, des lauriers de Bohême, un arbousier (Arbutus
unedo), quelques sapins et épicéas, une rangée d'hickorys (Carya sp.) et des chênes rouges
d'Amérique (Quercus rubra).
Ici comme partout, le domaine de prestige permet les petits profits.
On se demande d'où viennent les cueilleurs de houx, laurier, petit-houx (ou "fragon") dont
les baies rouges iront enluminer les décors de Noël. Quelques buis et houx atteignent d'ailleurs
des dimensions remarquables pour ces espèces et il n'est pas impossible qu'ils aient été introduits
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à la première plantation du parc (on a décrit des sujets qui ont atteint 300 ans). Les châtaignes ont
probablement été ramassées plus systématiquement qu'elles ne le sont maintenant. L'amateur aura
soin de chercher les sujets greffés porteurs de beaux fruits (ils sont très peu nombreux et ne datent
pas de la plantation initiale). On se souviendra aussi qu'à l'époque où l'étude de la physiologie des
insectes était à l'honneur (1950 à 1970), on venait cueillir dans le sous-bois les ronces et le lierre
qui servaient à nourrir les phasmes en élevage dans les laboratoires parisiens.
Les champignons peuvent figurer dans l'énumération des petits profits. Le cueilleur doit être
attentif car, à côté d'espèces excellentes, on trouve une remarquable collection d'Amanites dont
les plus dangereuses ne sont pas les moins abondantes. Amateurs, ouvrez vos atlas mycologiques.
Le 3 juin 1946, le C.N.R.S. acquiert le château et son domaine de 67 hectares pour la somme
de 12,5 millions de francs de l'époque, plus 1,5 million pour les meubles le garnissant. Il s'engage
à conserver le domaine en son état, à garder le personnel travaillant au château jusqu'à l'âge de la
retraite. Frédéric Joliot-Curie, à cette époque, est à la tête du nouveau C.N.R.S. Il est l'ami de
Jacques Noetzlin, propriétaire du château, qui ne désire pas conserver ce domaine. Tous deux
suivent les cours de physique de Jean Perrin. Le C.N.R.S. cherche un emplacement pour installer
des laboratoires de recherche, au calme, pas trop éloigné de Paris et bénéficiant de moyens de
transport pratiques. Gif semblait le lieu idéal. Ainsi le château de Button devient propriété du
C.N.R.S. Un "châtelain" s'en va ... les chercheurs arrivent.
Depuis cette date, le C.N.R.S. a, du mieux qu'il a pu, compte tenu des charges de
maintenance et des moyens limités dont il dispose, entretenu et amélioré le château et son parc,
les bois et les rives de la Mérantaise. Cette petite rivière prend sa source dans la vallée de
Châteaufort et compte cinq moulins sur son cours: moulins du XVIIIe dits "en cascades",
toujours présents mais non actifs et plus ou moins bien entretenus par leurs propriétaires. Certains
arbres centenaires ont disparu, soit du seul fait de leur âge, soit de celui d'agressions extérieures:
tempê- tes, orages ou maladies. La roseraie créée par la famille Noetzlin et fortement colorée par
les fleurs des massifs s'est un peu modifiée; les massifs sont moins garnis en fleurs; les bassins ne
furent remis en état et en eau que récemment. La balustrade côté avenue de la Terrasse a été
restaurée. Le domaine est classé "Refuge" pour les oiseaux depuis 1991. Les jacinthes bleues
reviennent chaque printemps et certaines plantes médicinales feraient le bonheur des herboristes
amateurs. Parfois des arbres sont abattus par nécessité mais vite remplacés par de jeunes plants
qui deviendront grands ... pour nos petits-enfants.
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L'histoire géologique
Le parc du C.N.R.S. s'étend sur le versant qui descend du plateau de Saclay vers le confluent
de la Mérantaise et de l'Yvette.
Sa partie ouest, limitée au nord-est par la RN 306 (côte de Belle Image) occupe surtout le bas
de versant en pente modérée et la vallée de la Mérantaise, alors que sa moitié est comporte une
étroite bande du plateau, le haut de versant très pentu puis un replat dans l'axe du château jusqu'à
la rue Vatonne.
Cette géomorphologie est commandée par la nature des roches d'âge tertiaire qui forment
l'armature de la vallée. Trois ensembles de couches, pratiquement horizontales se succèdent de
bas en haut, donc dans l'ordre chronologique de leur dépôt.
1- un ensemble argilo-calcaire épais d'une trentaine de mètres à partir du niveau actuel de
l'Yvette et de la Mérantaise (de 65 à 90 mètres d'altitude environ). Il s'agit du sommet du calcaire
de Champigny, des marnes dites supragypseuses, de l'argile verte et des marnes à huîtres. C'est
sur ces niveaux que sont implantés tous les bâtiments. Leur niveau supérieur est marqué par le
replat cité plus haut (perspective du château) dû à la relative dureté de ces sédiments.
2- les sables de Fontainebleau, plus meubles et plus perméables, forment une couche épaisse
d'environ 50 m (entre 95 et 145 m d'altitude) abruptement entaillée par l'érosion. Ces sables ont
été éimentés en grès à leur sommet, sous forme de bancs discontinus orientés approximativement
est-ouest, sur une épaisseur de 2 à 5 mètres. L'un d'entre eux, disloqué en blocs tombés dans les
versants, est recoupé par la vallée.
3- la "dalle" d'argile à meulière et des sables de Lozère, épaisse de quelques mètres (alt. 145
à 155 m environ), qui résulte de l'altération sur place du calcaire de Beauce, décarbonaté et
silicifié sous climat tropical. Cette transformation s'est produite à la fin du tertiaire après le dépôt
des sables argileux de Lozère, venus du Massif Central par le fleuve pré-Loire pré-Seine. C'est
cette couche qui forme l'entablement du plateau du Hurepoix qui se prolonge au Sud par la
Beauce.
Ces formations géologiques structurantes n'affleurent jamais, sauf à la faveur de carrières ou
d'excavations creusées pour la construction de bâtiments, car elles sont recouvertes de formations
dites superficielles mises en place au quaternaire. Elles sont épaisses de quelques décimètres à 2
ou 3 mètres et constituées de matériaux d'origines diverses:
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1- les limons des plateaux (on devrait dire loess) sont des sédiments d'origine lointaine (Sud
de la France) apportés par le vent sous forme de "pluies" de poussières, lors d'épisodes
climatiques froids sans végétation. Lorsqu'ils sont épais (plateau de Saclay), ils donnent des sols
propices à la grande culture. Dans le parc, ils sont localisés à la frange Nord, plate et se terminent
en biseau au-dessus du sommet du versant.
2- les colluvions ou dépôts de pente recouvrent la quasi-totalité du domaine. Elles se sont
mises en place sous forme de coulées boueuses qui ont dévalé les pentes à plusieurs reprises
pendant les périodes interglaciaires. A un endroit donné, leur composition est un mélange de tous
les matériaux situés plus haut (limons, argile et cailloux de meulière, blocs de grès, sable de
Fontainebleau, marnes). Le sable, facilement mobilisé, est toujours le composant principal, mais
d'un endroit à l'autre, les proportions de chaque roche d'origine varient et il en résulte une grande
diversité de détail dans la répartition des colluvions.
3- les alluvions sont uniquement celles de la Mérantaise, le domaine n'atteignant pas l'Yvette.
Contrairement aux colluvions, qui ont subi un transport limité et transversal par rapport à la
vallée, les alluvions ont été apportées par la rivière dans le sens longitudinal et les matériaux
constitutifs proviennent de parties diversement éloignées de l'amont du bassin versant. Elles sont
aussi à dominante sableuse, mais la proportion d'éléments fins (limons et argile) y est en
moyenne plus importante que dans les colluvions. Les alluvions occupent la partie plate qui borde
la rivière et leur limite d'extension est difficile à distinguer de celle des colluvions, les deux types
de formations ayant pu se superposer à plusieurs reprises au cours des divers épisodes de leur
mise en place.
Le territoire du domaine a donc subi de grandes variations pendant les 40 derniers millions
d'années. Les sédiments marneux les plus anciens, cachés par les alluvions, proviennent de
lagunes saumâtres contemporaines du gypse du Nord parisien. Cet épisode côtier se termine par
les argiles vertes, couche peu épaisse mais bien repérable dans la région, pour laisser place à un
grand golfe de la mer stampienne (d'Etampes) ouvert vers Rouen au bord duquel Chartres, Sens,
Reims auraient pu être des stations balnéaires. Au fond de ce golfe s'est déposée pendant 8
millions d'années l'imposante couche de sable de Fontainebleau, constituée des matériaux
quartzeux résultant de l'érosion de granites du Massif Central. Après le retrait de cette mer (la
dernière pour la région), est survenue une période aride où la surface des sables a été modelée en
dunes dans lesquelles se sont indurés les grès, par des processus encore incomplètement élucidés.
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Le lac de Beauce a ensuite ennoyé toute la région en déposant le calcaire bien connu, mince chez
nous (quelques mètres) et beaucoup plus épais au Sud. Une longue période continentale a permis
une érosion karstique (de -26 à -5 millions d'années: époque miocène) après laquelle sont arrivés
les sables argileux de Lozère, dont la transformation a conduit au remplacement du calcaire par la
meulière, enrobée dans une matrice argileuse multicolore. Les derniers millions d'années (ère
quaternaire) ont été marqués par 4 glaciations, alternant avec des périodes interglaciaires. Si Gif
n'a jamais connu de glaciers, son territoire a subi un climat froid dit périglaciaire où le sol, gelé
pendant une bonne partie de l'année a néanmoins connu des périodes de débâcle permettant le
creusement des vallées et la mise en place des colluvions. Les limons et l'essentiel des alluvions
actuellement visibles datent de la fin de la dernière glaciation (-10000 ans environ), le
réchauffement du climat ayant permis l'installation d'un végétation favorable à la stabilisation du
substrat.
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Les sols et la végétation
Les sols occupent la partie superficielle de la surface terrestre. Leur épaisseur moyenne est
de l'ordre du mètre. Ils résultent de la modification d'une roche-mère par 3 processus simultanés:
- l'altération physico-chimique de la roche-mère (par exemple fragmentation sous l'effet du
gel/dégel, dissolution des carbonates par les eaux chargées de gaz carbonique, altération des
argiles).
- l'apport de matière organique par la végétation, qui conduit à l'intégration d'humus à la
matrice minérale, mélange qui s'opère grâce à la faune du sol.
- des migrations sous l'influence des eaux de percolation. Ces eaux transportent soit des
éléments solubles (anions, cations) soit des éléments colloïdaux s'ils sont dispersés (argiles par
exemple).
Il n'a pas été fait d'étude pédologique dans le domaine, mais la connaissance du substrat
géologique, l'observation de la végétation et l'expérience des territoires voisins bien connus
(campus de l'Université Paris-Sud, bois de la Tête Ronde ... ) permettent de prévoir les principaux
types représentés.
Dans la partie boisée, essentiellement établie sur les versants, les rochesmères sont pour
l'essentiel des colluvions à dominante sableuse.
Si elles sont acides et dépourvues de calcium, les sols qui s'y forment sont lessivés, (c'est-àdire que les argiles et le fer, dispersés, ont migré vers le bas et se sont accumulés en un horizon
(=strate) compact et rouge.
Parfois même, la pauvreté des litières en azote, en calcium et leur richesse en tanins sont
telles que s'installe une podzolisation c'est-à-dire un processus qui se traduit par la dégradation du
peu d'argile existante et la migration de petites molécules phénoliques. Les peuplements de
conifères ou les landes à Ericacées peuvent être responsables de l'évolution des sols peu
tamponnés, déjà lessivés vers un état podzolique, très peu fertile. Il est probable que les chênaieschâtaigneraies à sous-bois de Canche flexueuse, Carex à pilules et Fougère-aigle sont installées
sur des sols lessivés podzoliques à divers degrés d'évolution. Ce même type de végétation peut se
retrouver sur le plateau là où affleurent l'argile à meulière ou les sables de Lozère, roches-mères
très acides. On ne trouve cependant pas la Fougèreaigle qui ne peut pas développer ses rhizomes
dans les substrats compacts. Le lessivage du sol y est difficile à percevoir vu l'importante quantité
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d'argile, par contre la podzolisation peut s'y remarquer.
Si le limon existe sur le plateau, ou s'il entre d'une manière significative dans les colluvions
des versants, il se développe alors des sols bruns quelquefois faiblement lessivés mais dans
lesquels le peu de calcium qu'ils contiennent sont suffisants pour floculer les argiles, insolubiliser
les oxydes de fer et empêcher ainsi leur lessivage. Dans ce cas la végétation forestière vire à la
chênaie-charmaie à sous-bois de Jacinthe, Sceau de Salomon, Anémone sylvie, Ficaire ... qui
donnent une abondante floraison printanière.
Cette même végétation se développerait plus bas, où elle s'enrichirait de Frêne, Merisier,
Erables, feuillus dits précieux et exigeants quant à la fertilité du sol. Les activités humaines ont
fait que la forêt a été remplacée par des gazons, massifs, plantations et bâtiments. Les sols qui les
supportent, toujours établis dans les roches-mères colluviales, sont cependant enrichis en calcium
voire en calcaire puisque le dépôts de pente sont au contact des marnes. Les sols en question sont
pour la plupart des sols bruns modaux ou calciques. Localement, on peut cependant observer une
végétation acidiphile (Canche précoce et caryophyllée ainsi que le très rare Trèfle souterrain) qui
s'est sans doute développée à la faveur de remblais sableux.
Les sols du fond de vallée, sur roche-mère alluviale, présentent la particularité d'être baignés
par la nappe phréatique de la Mérantaise, laquelle peut être atteinte en creusant à faible
profondeur comme le montre la mare du restaurant. Ce sont des sols dits hydromorphes, dont la
partie immergée en permanence se reconnaît à sa couleur gris bleuté due à la réduction du fer.
Au-dessus, dans la zone de battement annuel de la nappe, coexistent le fer ferreux et des taches
rouille de fer ferrique, à l'état oxydé. La végétation liée à ces sols est une aulnaie-frênaie à
grandes herbes si on laisse se développer une forêt mais dans le cas du domaine, c'est la prairie
qui est maintenue par le fauchage: aux graminées se mêlent quelques plantes indicatrices
d'humidité comme la Reine des prés ou l'Eupatoire chanvrine.
Au total, le parc du CNRS comporte une diversité importante de sols qui, associée à
plusieurs modes d'occupation de l'espace, induit l'existence de nombreux habitats. Ceci explique
la richesse de la flore et de la faune qu'on peut y observer.
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Le climat
Le domaine de Gif bénéficie du climat océanique atténué du centre du bassin parisien
(macroclimat séquanien), légèrement modifié par la situation topographique (mésoclimat des
petites vallées du Hurepoix). En outre, en chaque point du parc, selon la pente, la position par
rapport aux boisements, aux bâtiments ou à l'eau, se manifestent des modifications de la lumière,
du régime thermique ou de l'hygrométrie qui caractérisent des microclimats parfois contrastés.
Le climat séquanien est tempéré (température moyenne 10,4°C), et peu pluvieux (672 mm en
moyenne pour les 42 dernières années). Son caractère océanique se manifeste par une faible
amplitude thermique entre le mois le plus chaud (juillet, 18,2°C) et le mois le plus froid (janvier,
3°C), ainsi que par des précipitations plus importantes en automne-hiver (354 mm) qu'en
printemps-été (324 mm). Il représente un terme de passage vers le climat à tendance continentale
de l'est de la France à hiver plus rude et à pluviosité plus estivale.
Le climat des vallées ·encaissées du Hurepoix, comme celles de la Mérantaise et de l'Yvette,
se différencie de celui des plateaux par des modifications surtout thermiques, perceptibles en
hiver et au printemps par la plus grande fréquence des gelées (descente des masses d'air froid plus
denses) et par les plus fortes chaleurs d'été, dues au relatif confinement. Quant aux microclimats,
ils sont aussi variés que l'occupation du sol, mais l'exposition des talus au sud ou au sud-ouest se
traduit par l'existence de plusieurs stations chaudes et sèches, favorables à des plantes xérophiles
ou à quelques reptiles.
Il semble se manifester une plus grande fréquence d'années chaudes (ou plus exactement non
froides) et d'événements violents (précipitations du 21/01/95, de juillet 2000, de juillet 2001),
dont la tempête dévastatrice du 26/12/99 est l'exemple le plus mémorable. Cette tendance va dans
le sens des changements prévus par les climatologues, mais elle pourrait n'être aussi que la
manifestation de la variabilité naturelle de tous les paramètres d'un climat globalement stable à
long terme. Il faut signaler que la tempête a eu des effets plutôt favorables à la biodiversité,
notamment par la création de trouées forestières où ont pu se développer nombre d'espèces
héliophiles et par l'apport d'une grande quantité de matériel ligneux livré à la faune
saprolignicole.
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Les champignons
Les Champignons ont longtemps été considérés comme l'un des plus grands groupes du
règne végétal. Les progrès récents en biologie ont contraint les scientifiques a créer un nouveau
règne, celui des Champignons dont l'ensemble constitue la fonge, parallèlement à celui de la flore
et de la faune. On rencontre des champignons partout et ils représentent pour l'homme un apport tantôt bénéfique, tantôt malfaisant. La plupart d'entre eux sont fugaces, ou peu
visibles. D'autres, microscopiques, sont, avec les bactéries, les grands destructeurs de la matière
organique morte, en libérant les minéraux. Ils contribuent à la formation de l'humus et
maintiennent la fertilité mais peuvent être aussi parasites ou agents de diverses pourritures. Ces
micro-organismes ont également largement contribué à la fabrication d'antibiotiques et
d'enzymes.
A côté de ces champignons microscopiques, partout présents mais souvent ignorés, on
compte environ 3 000 espèces de Champignons de dimension assez grande que l'on classe
communément sous le nom de Champignons supérieurs. Leur emploi dans l'alimentation
humaine est une pratique fort ancienne, particulièrement en France, où elle a de nombreux
adeptes. Le parc, avec ses pelouses et sa forêt, est un lieu favorable. Quelques espèces
comestibles sont recherchées par les amateurs. Nous citerons, d'abord, la Pleurote en forme
d'huîtres (Pleurotus ostreatus) qui vient dès le printemps ainsi que la Morille commune ou grise
(Morchella vulgaris) devenue très rare, et, dans la mousse exposée au sud, l'Hygrophore de mars
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(Hygrophorus marzuolus). Puis viennent le Marasme des Oréades ou faux Mousseron
(Marasmius oreades) en "ronds de sorcière" sur les pelouses, à ne pas confondre avec certains
Cortinaires (Cortinarius pl.sp.), et le Tricholome de la Saint Georges (Tricholoma georgii).
En été, suivant le temps, on peut trouver les Amanites mais, attention, seules sont
comestibles l'Amanite engainée (Amanita vaginata), qui n'a pas d'anneau, et l'Amanite vineuse
(Amanita rubescens). Cette dernière peut être confondue avec l'Amanite panthère (Amanita
pantherina), fréquente dans le parc et très vénéneuse.
Parmi les Russules présentes à cette saison, la Russule charbonnière (Russula cyanoxantha)
est un bon comestible. Sur les pelouses vous trouverez aisément le Rosé des prés, autrement
nommé Agaric champêtre (Agaricus campestris). Si vous ramassez l'Agaric des bois (Agaricus
silvicola), qui devient jaune pâle au froissement, ne le confondez pas avec l'Agaric jaunissant
(Agaricus xanthoderma), également assez commun, qui devient jaune vif au toucher et qui, lui,
est toxique.
Les mois de septembre et d'octobre voient venir le Cèpe de Bordeaux (Boletus edulis) et
autres Bolets, les Tricholomes: Tricholome petite colombe (Tricholoma colombetta) et, le plus
commun, le Pied bleu (Tricholoma amethystinum), la Lépiote élevée ou Coulemelle (Lepiota
procera), meilleure que la Lépiote déguenillée (Lépiota rhacodes), et le Clitocybe nébuleux
(Clitocyba nebularis), parfois mal supporté.
En résumé, les espèces comestibles sont largement présentes mais on rencontre également
des espèces très toxiques, voire mortelles, comme l'Amanite tue-mouche (Amanita muscaria) et
l'Amanite phalloïde (Amanita phalloides). L'Amanite citrine (Amanita citrina) n'est pas
vénéneuse mais se confond facilement avec l'Amanite vireuse (Amanita virosa), très toxique.
En dehors de ces espèces communes, on trouve aussi dans le parc des espèces sans intérêt
pour le cuisinier, mais quelquefois assez rares, comme la Pézize du Cèdre (Sepultaria sumner!),
un curieux champignon "souterrain" vu en avril 1987 au pied du cèdre situé près du restaurant du
personnel. A la même époque, aucune pézize ne fut décelée sous d'autres cèdres du parc, et
depuis, nulle ne fut revue à l'endroit cité. Pour l'oeil peu exercé, elle est d'abord invisible parce
que presqu'enterrée; elle attire la curiosité du passant lorsque le tubercule qui la constitue et
affleure à peine le sol arrive à maturité, s'ouvre et se découpe en lobes déchiquetés, velus à
l'extérieur, de couleur crème plus ou moins foncée à l'intérieur. Les ouvrages spécialisés la disent
comestible. Cette espèce strictement liée aux Cèdres a suivi ces arbres lors de leur implantation
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en France.
Les champignons étant dépourvus de chlorophylle, ils ne peuvent pas effectuer de
photosynthèse (processus biochimique permettant aux végétaux de fabriquer de la matière
organique à l'aide de la lumière). On les dit hétérotrophes, comme les animaux. Leur nutrition
peut être assurée de trois manières différentes correspondant à trois modes de vie des espèces:
- Saprophytisme: nutrition par absorption directe des substances libérées par la matière
organique sur laquelle ils se développent (bois mort, litière de feuilles, cadavres, excréments).
- Parasitisme: nutrition aux dépens d'individus vivants (végétaux, animaux ou même autres
champignons).
- Symbiose avec mutualisme: association à bénéfice réciproque avec un autre organisme,
chacun des deux partenaires profitant l'un de l'autre. Les exemples de symbioses faisant intervenir
des champignons sont nombreux: arbres-mycorrhizes, lichens (algue-champignon).
S'accommodant de ressources nutritives très diverses, ces organismes révèlent un monde
infiniment complexe, qui comme tel, nécessite un minimum d'attention pour ne pas être détruit
par l'action de l'homme.
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La flore herbacée
Le domaine de Gif offre aux plantes herbacées trois grands types de milieux: le sous-bois, la
prairie sèche et la prairie humide. A noter que 25 espèces du campus trouvent là leur seule
localité giffoise actuelle.
1) Le sous-bois
La flore du sous-bois est sans doute la moins riche par le nombre d'espèces mais certaines
sont originales:
Le Gaillet gratteron (Galium aparine, Rubiacées). Les feuilles et les fruits, petites boules
vertes, sont couverts de poils crochus qui les fixent aux vêtements ou au pelage des animaux, ce
qui assure la dissémination de l'espèce.
La Stellaire holostée (Stellaria holostea, Caryophyllacées). Elle se rencontre surtout en
lisière, sa floraison blanche remarquable débute en avril-mai.
Le Navet du Diable (Bryonia dioica, Cucurbitacées) n'est pas strictement inféodé au sousbois, il se rencontre aussi au pied des haies. C'est une vivace dioïque, dont les pieds sont mâles ou
femelles. Ne mangez pas ce "navet", il est vénéneux (surtout les fruits)! Vivace à rhizome, le
Sceau de 5alomon multiflore (Polygonatum multiflorum, Liliacées) est une plante médicinale
utilisée pour soigner les contusions. Jadis, les fleurs distillées comme eau de toilette servaient à
retirer les points noirs de la peau. Quant au Muguet des bois (Convallaria majalis, Liliacées), c'est
une petite printanière très connue, mais attention, notre porte-bonheur contient des poisons
cardiaques.
La Chélidoine, ou "herbe aux verrues" (Chelidonium majus, papavéracées) est une plante
fragile poussant souvent dans les trous de murs. Son nom latin dériverait du grec "khelidon" qui
signifie hirondelle. La sève jaune, comme ses petites fleurs, réduirait les verrues en huit jours. La
Benoîte commune (Geum urbanum, Rosacées) était utilisée autrefois par les Romains comme
l'est la quinine actuellement. La Ficaire (Ranunculus ficaria, Renonculacées) est une petite plante
vivace vénéneuse dont les racines bulbeuses étaient utilisées pour guérir les hémorroïdes. Vous la
reconnaîtrez au début du printemps à ses fleurs jaune vif dont la tige est souvent très courte. Les
feuilles brillantes sont vert foncé. La Véronique Petit-Chêne (Veronica chamaedrys,
Scrofulariacées) possède une jolie floraison bleue à partir d'avril; on la rencontre essentiellement
en lisière.
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Le Gléchome faux-lierre (Glechoma hederacea, Labiées), est une petite vivace discrète
fréquente également en lisière.
Le Bugle (Ajuga reptans, Labiées) est une vivace émettant en tous sens des rejets rampants.
Ses fleurs mauves en forme de petits cornets sont groupées en haut d'une courte tige. Elle est
aussi cultivée.
L'Oxalis petite-oseille (Oxalis acetosefla, Oxalidacées), qui ressemble au trèfle par ses
feuilles mais possède des fleurs blanches printanières, peut se manger en salade.
L'Ail des Ours (AIlium ursinum, Liliacées), également comestible, se signale par son odeur
et par l'importance de ses tapis.
La Jacinthe des bois (Hyacinthoides non-scripta, Liliacées) ne se présente plus, tant ses
floraisons printanières vous ravissent. Prenez garde, le piétinement des feuilles est plus nuisible à
la plante que sa cueillette.
L'Arum (Arum maculatum, Aracées) se signale par une odeur de charogne qui attire les
insectes et les mouches en particulier. Ses fruits rouges groupés en haut de la tige se remarquent à
la fin de l'été alors que les feuilles ont disparu.
La petite Anémone sylvie (Anemone nemorosa, Renonculacées) épanouit ses fleurs blanches
au printemps. Elle forme des tapis relativement denses.
La Digitale (Digitalis purpurea, Scrofulariacées) est la fleur de lisière ou de clairière par
excellence; ses superbes fleurs pourpres ne doivent pas faire oublier que la plante contient un
violent poison cardiaque.
Le Lamier blanc (Lamium album, Labiées), appelé aussi Ortie blan
che, est une plante médicinale. Ses jeunes pousses sont comestibles. Le Lamier pourpre
(Lamium purpureum) est aussi commun dans les jardins.
La Fougère aigle (Pteridium aquilinum, Ptéridophytes). Cette très grande fougère est
commune, elle sert encore de litière dans certaines régions de France. La Langue de cerf
(Asplenium scolopendrium, Ptéridophytes), assez rare petite fougère à feuilles entières souvent
accrochée à la roche ou aux vieux murs humides, peut être cultivée en plante d'intérieur.
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2) La prairie sèche
Ce milieu compte un nombre d'espèces bien plus important que le sous-bois. La taille des
plantes varie de quelques centimètres pour la Petite Centaurée (Centaurium erythraea,
Gentianacées) aux minuscules fleurs roses, à près de deux mètres pour la Molène (Verbascum
thapsus, Scrofulariacées). Cette géante aux grandes grappes jaunes dressées est capable de
prospérer sur les sols les plus secs.
La Pimprenelle (Sanguisorba minor, Rosacées) dont les jeunes pousses se consomment en
salade est appréciée par bon nombre d'herbivores.
La Petite Oseille (Rumex acetosella, Polygonacées) est un indicateur de sable. Elle n'a pas
les vertus culinaires de sa grande soeur mais ses inflorescences rougeâtres ont beaucoup de
charme.
La Pâquerette (Bellis perennis, Astéracées) inutile de présenter
cette petite fleur dont les feuilles sont comestibles en salade. La Marguerite (Leucanthemum
vulgare) fut une plante médicinale. Le Pissenlit (Taraxacum officinale), dont les racines séchées,
grillées et broyées, sont un succédané de café, est une plante médicinale utilisée pour ses vertus
diurétiques (d'où son nom évocateur... ). Selon la légende, l'Achillée millefeuille (Achillea
millefolium) fut employée comme plante médicinale depuis qu'Achille l'utilisa pour soigner ses
blessures.
Le Serpolet (Thymus serpyllum, Labiées) est une plante odorante aux tiges couchées formant
des coussins; mellifère et condimentaire, on la trouve en abondance sur la pelouse entre les
bâtiments 13 et 14. La tonte régulière favorise ce peuplement.
Le Casse-pierre (Saxifraga granulata, Saxifragacées). Très jolie petite vivace printanière aux
nombreuses bulbilles semblant préférer les pelouses mi-sèches du domaine.
Le Lotier corniculé (Lotus corniculatus, Fabacées). Bon producteur de nectar, les papillons le
butinent volontiers, les abeilles aussi.
La Linaire commune (Linaria vulgaris, Scrofulariacées). Les fleurs ressemblant à de
minuscules Gueules-de-Loup sont parfaitement adaptées aux abeilles dont la langue
suffisamment longue peut atteindre le nectar situé au fond de la corolle.
La Mauve musquée (Malva moschata, Malvacées). Par temps chaud, ou si l'on touche ses
feuilles, elle dégage un délicat parfum musqué.
Le Coquelicot (Papaver rhoeas, Papavéracées). Plante très connue produisant un suc laiteux
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blanchâtre qui est un latex.
Le Poivre des murailles (Sedum acre, Crassulacées). Ancienne plante médicinale, également
plante cultivée.
La Carotte sauvage (Daucus carota, Ombellifères). La Carotte sauvage a eu de multiples
usages à travers les âges. Les dames du XVIIe siècle en faisaient des coiffures seyantes, ses
graines étaient utilisées contre la toux, les coliques et le hoquet. On prenait des infusions de
Carotte sauvage contre la flatulence. Enfin, on en tirait une teinture verte. C'est une plante qui se
plait dans un milieu intermédiaire entre la prairie sèche et la prairie humide.
3) La prairie humide
Aux abords de la Mérantaise et des bassins de retenue, ces zones sont souvent perturbées
parleur entretien. Pourtant la diversité des espèces y est importante, en particulier sur les berges
du ruisseau.
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La Cardamine des prés (Cardamine pratensis, Brassicacées). C'est l'une des premières fleurs
de ce milieu. Elle constitue la nourriture de la chenille du Papillon Aurore (Anthocharis
cardamines). Les jeunes pousses sont comestibles (quoique piquantes !).
Le Lychnis à fleur de coucou (Silene flos-cuculi, Caryophyllacées).
Superbe fleur rose de la famille de l'oeillet. Sortes de minuscules cigales rouge et noir, les
Cercopidés pondent fréquemment leurs oeufs sur cette plante. Les larves se nourrissent des sucs
végétaux et terminent leur développement dans une enveloppe de mousse qu'elles fabriquent.
Autrefois, ces enveloppes mousseuses ou "crachats de coucous" étaient prises pour une
manifestation diabolique.
Le Populage ((alpha palustris, Renonculacées). Jadis, on lui attribuait des propriétés
merveilleuses: suspendu dans les couloirs il était censé éloigner les sorcières et protéger de la
foudre. Il fleurit très tôt en saison le long de la Mérantaise.
La
Valériane
officinale
(Valeriana
officinalis,
Valérianacées).
Sédatif
nerveux,
antispasmodique, elle est soi-disant recherchée par les chats qui seraient attirés par la forte odeur
de ses racines.
La Grande Consoude (Symphytum officinale, Borraginacées). Cette plante imposante est
connue depuis 2000 ans pour ses exceptionnelles propriétés médicinales, notamment pour traiter
les fractures. Les pommades à base de Grande Consoude soignent très efficacement les coupures.
C'est un engrais organique précieux car ses feuilles ont une haute teneur en potassium.
La Menthe à feuilles rondes (Mentha suaveolens, Labiées). Plante merveilleusement
parfumée quand on la froisse. Une autre menthe des milieux humides est la Menthe aquatique
(Mentha aquatica) dont les fleurs sont généralement couvertes de papillons et d'abeilles car c'est
une plante à nectar par excellence.
L'Herbe-aux-goutteux (Aegopodium podagraria, Ombellifères). Plante médicinale employée
autrefois contre la goutte et les rhumatismes d'où son nom. Feuilles comestibles, comparables aux
épinards.
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La Salicaire (Lythrum salicaria, Lythracées). Autrefois, elle était utilisée pour tanner le cuir
en raison de sa forte teneur en tanins. De nos jours, elle est employée pour ses propriétés
médicinales, pour nettoyer les plaies, en gargarisme et en bain d'yeux.
Le Cresson de cheval (Veronica beccabunga, Scrofulariacées). Comestible en salade bien
que de goût plus amer que le Cresson de fontaine. Plante jadis recommandée contre le scorbut.
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Le Bouton d'or (Ranunculus acris, Renonculacées). Signe d'une prairie "non améliorée",
puisqu'il n'est pas un bon fourrage.
Le groupe des roseaux comprend une série de plantes appartenant en fait à des familles
différentes.
- Les Laîches (Carex), Scirpes (Scirpus) et Souchets (Cyperus) sont des Cypéracées.
- Les Joncs (Juncus) et les Luzules (Luzula) sont des Juncacées.
- Les Massettes (Typha) sont des Typhacées.
- Quant aux vrais roseaux, ce sont des Poacées : le petit (Phalaris arundicacea) et le grand
(Phragmites australis) ... Les représentants de cette dernière famille sont omniprésents dans tous
les milieux du domaine. Certaines sont vivaces, d'autres annuelles, elles ont une durée de vie très
variable. Pour bon nombre d'entre nous, ce n'est que de "l'herbe", et pourtant de mai à juillet,
lorsque la plupart de ces plantes fleurissent, on peut voir combien elles diffèrent les unes des
autres. Dactyle (Dactylis), Ray-grass (Lolium perenne), Pâturins (Poa), Fléoles (Phleum),
Fétuques (Festuca), Vulpins (Alopecurus), Chiendent (Elytrigia), etc., ont chacun leur
personnalité.
La Flouve odorante (Anthoxanthum odoratum), vivace, est l'une des premières à fleurir;
aromatique à l'état sec, c'est elle qui donne à la prairie son parfum de foin fraîchement coupé.
Toutes ces "mauvaises herbes" méritent que nous les respections. Un observateur attentif
saura y voir des merveilles ...
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Les plantes mellifères
Si un grand nombre de fleurs ont besoin des insectes pour assurer leur fécondation et, par la
suite, la formation des fruits et des graines, de nombreux insectes, appartenant aux ordres des
Coléoptères, des Diptères, des Lépidoptères et surtout des Hyménoptères, visitent les fleurs pour
y chercher leur nourriture propre ou celle de leur progéniture, sous la forme de nectar et de
pollen.
Aubépine (Crataegus sp.pl., Rosacées). Cet arbuste buissonnant comprend de nombreuses
espèces dont les plus courantes (monogyna, laevigata, azarolus) fleurissent en mai et juin. La
sécrétion de nectar et la production de pollen sont faibles, ce qui pourrait expliquer les visites
irrégulières des abeilles domestiques sur les fleurs.
Buis (Buxus sempervirens, Buxacées). Les fleurs (en mars et avril) de cet arbuste à feuilles
persistantes sont très visitées par les abeilles, surtout pour leur pollen. Le miel monofloral,
verdâtre, au goût un peu amer, est prisé des connaisseurs.
Merisier (Prunus avium, Rosacées). Les fleurs (avril-mai) fournissent un nectar abondant et
du pollen. Le miel a des propriétés reminéralisantes.
Châtaignier (Castanea sativa, Fagacées). La floraison massive de cet arbre en juin et juillet
permet aux abeilles de faire d'importantes récoltes de nectar et de pollen. Miel brun et épais, à
goût de châtaigne, très diversement apprécié, utilisé également en biscuiterie et en confiserie.
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Epilobe (Epilobium hirsutum, Oenothéracées). Cette plante vivace fleurit de juin à octobre et
fournit un nectar abondant.
Erables (Acer sp.pl., Acéracées). Les fleurs, au printemps, sont très mellifères et les feuilles
exsudent, par temps chaud, un miellat d'assez bonne qualité. Le miel, clair, est d'un goût très fin
et agréablement parfumé.
Lierre (Hedera helix, Araliacées). Fleurit en septembre et octobre.
Bien que les fleurs produisent du pollen en abondance, les abeilles récoltent essentiellement
le nectar qui constitue une provision hivernale pour la ruche.
Lotier corniculé (Lotus corniculatus, Fabacées). Les fleurs, d'avril à août, fournissent un
nectar abondant et de bonne qualité.
Marronnier (Aesculus hippocastanum, Hippocastanées). Nectar et pollen sont abondamment
produits par les fleurs en avril.
Mélilot (Melilotus officinalis, Fabacées). Cette plante bisannuelle des friches fleurit de juin à
septembre. Le miel, clair et légèrement verdâtre, a un goût qui rappelle la fleur d'oranger.
Mélisse (Melissa officinalis, Labiées). Plante vivace, aromatique et officinale, très mellifère
et appréciée des abeilles. Les fleurs, les tiges et les feuilles de mélisse dégagent un parfum qui a
la propriété de les attirer d'assez loin. Le procédé est connu depuis I:Antiquité: les apiculteurs
d'alors utilisaient la mélisse pour attirer les essaims et les capturer.
Menthes (Mentha spica ta, suaveolens, sylvestris, sativa, arvensis, .. Labiées). Bien que la
floraison de cette plante vivace commence en juin, c'est en août et septembre, lorsque les fleurs
ont des corolles plus courtes et des nectaires plus accessibles, qu'elles sont bien visitées par les
abeilles. Le miel, ambré, garde le goût et le parfum de la plante.
La Moutarde (Sinapis arvensis, Crucifères) est une plante annuelle qui fleurit de mai à
septembre. Toutes les variétés de moutarde sont très mellifères.
Noisetier (Carylus avellana, Bétulacées). En février et mars, les fleurs mâles (ou "chatons")
fournissent aux abeilles d'importantes quantités de pollen.
Orme (Ulmus minor, Ulmacées) et Peupliers (Populus sp.pl., Salicacées). La floraison de ces
arbres, en mars, permet aux abeilles de récolter du pollen dès la reprise de leur activité
printanière.
Pissenlit (Taraxacum officinale, Astéracées). Les fleurs fournissent de grandes quantités de
nectar et de pollen, et sont très visitées par les abeilles de mars jusqu'à l'automne. Miel jaune
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foncé au goût amer.
Pommier (Malus communis, Rosacées). Arbre fruitier mellifère (nectar, pollen) en raison de
sa floraison abondante et prolongée (avril-mai). Miel clair, légèrement ambré, dont l'arôme et le
goût rappellent légèrement ceux de la pomme. La production de pommes est étroitement liée à la
pollinisation des fleurs par les insectes, notamment les abeilles.
Prunellier (Prunus spinosa, Rosacées). Bien que les fleurs (avril-mai) de cet arbuste sécrètent
un nectar abondant, elles sont peu visitées par les abeilles.
Robinier (Robinia pseudoacacia, Fabacées). Les fleurs très odorantes (mai-juin) ne sécrètent
du nectar que lorsque la température dépasse 18 à 20° C. Le miel est jaune clair, son arôme et sa
saveur rappellent un peu la fleur d'oranger.
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Ronces (Rubus sp.pl., Rosacées). Bien que les ronces commencent à fleurir en juin, les
abeilles ne les visitent qu'en août et septembre. Le nectar est très épais et les abeilles ont du mal à
le prélever; néanmoins, il constitue un bon appoint pour les provisions d'hiver de la ruche.
Sapin (Abies alba, Abiétacées). Le sapin produit du miellat que les abeilles recueillent sur les
aiguilles où il se forme en gouttelettes parfois abondantes. L'exsudation de ce liquide sucré se
produit surtout pendant les journées chaudes, de juillet à septembre. Le miel de miellat est épais,
pâteux, difficile à extraire.
Saule marsault et Saule blanc (Salix capraea et 5. alba, Salicacées).
Les saules commencent à fleurir fin février, et leur floraison s'étend jusqu'au début avril.
C'est l'une des grandes ressources des abeilles, pour le pollen abondant et précoce nécessaire à
l'élevage du couvain.
Serpolet et Thym (Thymus serpyllum et T. vulgaris, Labiées) sont des plantes aromatiques
fleurissant d'avril à septembre, riches en nectar et très visitées par les abeilles.
Tilleuls (Tilia sp.pl., Tiliacées). Les fleurs (en juin et juillet) des différentes espèces de
tilleuls sont mellifères. Le nectar peut être abondant s'il a plu avant la floraison. Les fleurs
produisent également du pollen et les feuilles du miellat, ceux qui ont un tilleul dans leur jardin le
savent. Le miel de tilleul, de couleur orangé foncé ou brun, a une saveur fade; il rappelle le
parfum de la fleur et possède des propriétés thérapeutiques calmantes et somnifères.
Trèfle blanc (Trifolium repens, Fabacées). Les fleurs, de mai à septembre, offrent un nectar
de très bonne qualité très apprécié par les abeilles. Le miel, de couleur blanche à ambrée, a une
saveur douce. On le considère comme l'un des meilleurs miels du monde.
Troène (Ligustrum vulgare, Oléacées). Arbrisseau mellifère dont les fleurs, de mai à juillet,
sécrètent un nectar plus apprécié par les abeilles que par les apiculteurs.
Verge d'or (Solidago virga-aurea, Astéracées). Toutes les verges d'or, de juillet à septembre,
sont mellifères et pollinifères, mais la production de nectar est irrégulière et sa récolte constitue
une provision d'hiver pour les colonies d'abeilles.
Vignes vierges (Parthenocissus sppl., Vitacées). La vigne vierge est mellifère et pollinifère.
Ses fleurs, en juillet et en août, sont très visitées par les abeilles.
Les plantes mellifères mentionnées dans ces quelques pages constituent l'essentiel des
ressources alimentaires que les abeilles domestiques peuvent trouver dans le parc et les terrains
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avoisinants. Mais cette liste est incomplète. Un inventaire floristique plus méticuleux mériterait
d'être entrepris. De même, nous nous sommes contentés de prendre l'Abeille domestique comme
insecte pollinisateur de référence. D'autres insectes interviennent, de façon parfois plus efficace,
dans la pollinisation des plantes citées. Des observations plus complètes sur les activités de la
faune pollinisatrice devraient nous permettre d'élaborer un catalogue des relations plantes insectes pollinisateurs dans cette diversité de biotopes que nous offre le parc.
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Les vers
Discrets, peu étudiés, la plupart des vers vivent dans les sols. Ce sont les Nématodes (vers
ronds) et les Lombrics (vers annelés). Pourtant, d'autres vers, qu'un observateur attentif saura
découvrir dans le domaine de G if, méritent notre attention.
Les Planaires sont des vers plats (Plathelminthes) prédateurs ou détritivores que l'on trouve
en abondance dans les bassins; leur taille n'excède pas 12 mm et leur corps est souvent
translucide.
Les Enchytrés sont des vers annelés (Annélides oligochètes) ressemblant à des lombrics
en miniature. Ils peuvent pulluler dans les terreaux et sous les écorces pourries où ils
constituent une source de nourriture pour divers prédateurs invertébrés et vertébrés.
Des petites sangsues (Annélides hirudinées) nagent dans les pièces d'eau; citons en
particulier Haemopis sanguisuga qui se nourrit des mollusques aquatiques et se comporte en
ectoparasite en suçant le sang des grenouilles.
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Les mollusques
Les Mollusques, principalement des Gastéropodes, sont peu nombreux dans le domaine,
surtout dans la partie haute sans doute à cause du manque de calcium. On trouve quelques
Escargots de Bourgogne (Helix pomatia) le long des bordures de bois. Les rares individus encore
présents sont les rescapés (ou les descendants des rescapés) d'un ramassage excessif effectué
pendant quelques années, et dont la population a eu beaucoup de mal à se remettre. Le Petit-Gris
(Helix aspersa) semble absent, ainsi que l'Escargot des jardins (Helix hortensis). Cette absence
peut s'expliquer simplement par les herbicides répandus sur les allées le long des buis et dans les
massifs.
On peut rencontrer quelques belles et grosses Limaces rouges (Arion rufus) le long de la
Mérantaise et bien plus rarement sa variété noire, hôte habituel des régions plus élevées et plus
fraîches. Egalement présente, la Limace des jardins (Arion hortensis) est discrètement cachée
sous les pierres pendant la journée
La Limace grise ou Loche (Limax maximus), qui a la particularité de s'accoupler à
l'extrémité d'un fil de mucus de soixante centimètres, est elle aussi très rare. Ce n'est pas un
hasard sÎ ces animaux arrivent à se maintenir avec difficulté le long de la rivière aux berges peu
fauchées et non traitées.
Dans l'eau des bassins deux espèces aquatiques ont été observées:
- La Limnée des étangs (Limnaea stagnalis), omnivore, détritivore, particulièrement
abondante dans le miroir du château, où ses excréments favorisaient le développement de fortes
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populations de daphnies (Daphnia pulex), petit crustacé, avant que les poissons ne soient
introduits.
- Quelques Physes des fontaines (Physa fontinalis) sont encore présentes dans les bassins
d'arrosage en très petite quantité. Il est remarquable que l'on ne trouve jamais de Gastéropodes
aquatiques dans la Mérantaise ou dans les mares qu'elle alimente. Ces mollusques supportent en
effet très mal les pollutions; la présence de chlorure de sodium et de métaux lourds dans l’eau
empêche tout peuplement, ces animaux sont d'excellents indicateurs de la qualité du milieu.
En dehors des Gastéropodes, des Moules d'eau douce dont nous n'avons pas pu déterminer
l'espèce avec précision (Unio pictorum ou Anodonta antina) sont encore présentes dans les mares
bien qu'en voie de raréfaction rapide, sans doute pour les mêmes raisons.
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Les arthropodes
Les Arthropodes sont des animaux à corps segmenté et à pattes articulées, les plus communs
étant les insectes, les mille-pattes, les crustacés, les araignées et les acariens. Dans le monde
vivant actuel, ils représentent le groupe naturel le plus riche en espèces: environ un million
d'espèces ont été décrites, dont plus des trois-quarts sont des Insectes. Ils abondent tout autant
dans les milieux aquatiques, surtout marins (Crustacés principalement), que dans les milieux
terrestres (Insectes principalement). Sur les continents, les espèces d'Arthropodes sont bien plus
nombreuses dans les régions chaudes et humides que dans nos régions tempérées.
Sur les 65 hectares du domaine de Gif, de la bordure du plateau de Saclay au cours de la
Mérantaise, les peuplements d'Arthropodes se sont diversifiés dans plusieurs milieux qui leur
sont favorables: (1) bordure nord et nord-est du bois, sur le bord du plateau; (2) pente boisée; les
formations de meulière, de sable et de grès, anfractueuses ou faciles à creuser, sont très
perméables et vite essorées après la pluie du fait de leur exposition au sud et au sud-ouest; (3)
terrasses aménagées à l'est et à l'ouest du château, avec des pentes variées; elles sont bien
protégées sur leur pourtour et bordées de bosquets refuges; (4) pièces d'eaux dormantes:
médaillon de la roseraie récemment mis en eau, miroir du château, mare du restaurant du
personnel et petits étangs de la Mérantaise; (5) ruisseau de la Mérantaise.
Ces milieux sont plus ou moins soumis aux activités humaines: traitements épisodiques par
des pesticides en lisière du bois; récents abattages d'arbres; fauchage périodique des prairies;
rejets constants ou accidentels d'effluents dans la mare du restaurant et la Mérantaise en amont du
domaine; pêche dans les petits étangs. Le miroir du château étant trop souvent envahi d'algues et
de plantes aquatiques, la faune d'Arthropodes y est considérablement appauvrie.
Les espaces entretenus par les jardiniers du domaine, les serres et les divers bâtiments du
Centre, offrent des abris temporaires ou permanents à de nombreuses espèces d'Arthropodes
terrestres (corniches et rebords des toits, encadrements des fenêtres, etc).
Quel que soit l'état des milieux cités, les marges et les lisières situées aux interfaces sont
recherchées par divers arthropodes qui y vivent constamment ou pendant une partie de leur cycle
biologique: lisières du bois, bosquets de la grande terrasse, vieux murs, talus aménagés, bordures
de la mare, des étangs et du ruisseau. Aussi est-il souhaitable de limiter au maximum les
interventions humaines sur ces milieux de transition, par exemple en espaçant les fauchages des
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talus comme cela est pratiqué depuis quelques années à la demande des membres de notre club.
Dans ce chapitre, les espèces d'Arthropodes citées sont les plus communes de toutes celles
qu'un naturaliste peut observer, chasser, piéger ou récolter puis déterminer à l'aide d'ouvrages
spécialisés. La liste présentée correspond aux Arthropodes qui ont été observés ou capturés et
déterminés au moins une fois dans le domaine pendant les dix dernières années. Elle n'est donc
pas exhaustive et tous les amateurs sont invités à faire connaître leurs observations. Les
Arthropodes cités ont été observés ou capturés à diverses périodes de l'année, mais les indications
de saison ne seront généralement pas fournies dans ce texte. Faute d'avoir pu examiner de près les
oiseaux et mammifères du parc, les arthropodes parasites (ectoparasites en particulier) de ces
vertébrés ne seront pas évoqués.
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Les espèces d'Arthropodes sont présentées ici par ordre systématique, leur milieu est précisé
et leur biologie brièvement évoquée. N'oublions pas que beaucoup d'Oiseaux dépendent
d'Arthropodes - surtout d'insectes pour leur nourriture: nuire aux uns revient à être néfaste aux
autres.
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LES ARACHNIDES
Ces arthropodes, en majorité prédateurs, sont pourvus d'appendices buccaux appelés
chélicères; ils sont dépourvus d'antennes.
Les Pseudoscorpions
Ces prédateurs de petite taille (2 ou 3 mm), dépourvus de la "queue" caractéristique des
scorpions, vivent sous les écorces et les pierres, dans la mousse et les litières du bois. Les espèces
les plus courantes sont des Chernètes.
Les Acariens
Dans les mousses du bois, les composts et les résidus de fauchage, les adultes de diverses
espèces de Gamasides mènent une vie libre - les nymphes se fixent sur le corps des insectes de
ces milieux.
Les Oribatides, aux formes globuleuses et à cuticule coriace et colorée, abondent parmi les
mousses et les litières du bois; leur taille est souvent inférieure au millimètre.
Parmi les Tarsonémides, les minuscules Eriophyes tiliae provoquent la formation de galles
ressemblant à des petites cornes vertes puis rouges sur les feuilles des tilleuls.
Les Thrombidiides ont des modes de vie très variés. Les Bdella, de couleur rouge vif, sont
communs dans les mousses et sous les pierres. Les Tétranyques, ou "Araignées rouges" des
jardiniers, tissent des réseaux de fils sous les feuilles de diverses plantes: tilleuls, charmes,
pommiers et plusieurs espèces de plantes cultivées.
Vivant dans un habitat inhabituel pour des Arachnides, des acariens aquatiques, les
Hydrachnides, nagent dans les pièces d'eau du parc.
Les Opilions
De régime omnivore ou carnivore et surtout actifs la nuit, les plus connus sont les Faucheux
(Phalangium opilio) aux pattes très longues et grêles, qui déambulent sur les vieux murs, les
herbes des pelouses, la litière du sous-bois. Contrairement aux Araignées, la limite entre
céphalothorax et abdomen est indistincte, le corps semble n'être formé que d'une "boule", les
chélicères n'ont pas de glande venimeuse.
Les Araignées
Toutes prédatrices, elles usent de modes de chasse très variés, le plus commun étant la
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capture des proies à l'aide d'une toile de soie. Cette soie est sécrétée par plusieurs glandes puis
extrudée par des filières situées à l'extrémité de l'abdomen.
Certaines possèdent, à l'avant des filières, une plaque criblée qui extrude de très fins fils de
soie à reflets bleuâtres. Elles tissent des toiles irrégulières avec de profonds puits de retraite, soit
dans les vieux murs, sous les pierres et les écorces (Amaurobius), soit sur les arbres et les feuilles
des arbustes (Dictyna).
Chez d'autres, la soie n'est extrudée que par les filières. Cet ensemble est de loin le plus riche
en espèces.
Sous les pierres et les fragments de bois morts, les Dysdères sont spécialisées dans la chasse
aux Cloportes. Dans les trous des vieux murs et des écorces d'arbres, les toiles des Ségestries
ressemblent à des entonnoirs aux bords prolongés par une collerette de longs fils rayonnants. A
l'intérieur des bâtiments, les Pholques, aux pattes longues et grêles, construisent leur toile
irrégulière dans le coin supérieur d'embrasures. Sous les pierres des lieux secs, les Drassodes
restent le jour dans une loge de soie et n'en sortent que la nuit pour chasser. Les Zelotes, au corps
brun foncé, vivent sous les pierres et dans les lichens du bois. Les Chiracanthium chassent parmi
les plantes basses. Se cachant le jour sous les écorces sèches, les Clubiones replient les feuilles et
tissent le cocon contenant les oeufs entre les faces internes du limbe replié. Dans les herbes des
lieux les plus humides du parc, vivent les minuscules Zora.
Les Thomisides ou "Araignées-crabes" guettent leur proie sur les plantes où leur coloration,
vive ou terne selon les espèces, les rend difficiles à repérer.
Les Salticides ou "Araignées sauteuses", de petite taille, repèrent les insectes (petites
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mouches en particulier) grâce à leurs deux gros yeux antérieurs et bondissent sur eux en
s'assurant contre les chutes par un fil de soie.
Les Lycosides ou "Araignées-loups" courent sur les litières du bois où elles chassent leurs
proies pendant la journée. Les femelles adultes se reconnaissent au cocon de soie fixé à leurs
filières, ce cocon contenant les oeufs embryon nés.
Les Agélénides construisent des toiles irrégulières pourvues de tunnels de retraite. De
mauvaise réputation alors qu'elle est utile (capture de moustiques, de mouches), la Tégénaire
domestique vit dans les parties des bâtiments rarement nettoyées, c'est "l'araignée des maisons"
par excellence.
Les petits Théridiides, qui tissent des toiles irrégulières dans les plantes basses, sont surtout
représentées par le genre Theridion.
Les Aranéides sont les plus communes des araignées dites Orbitèles car elles construisent des
toiles régulières, géométriques - ici sur un cadre vertical construit entre des rameaux d'arbustes,
des plantes élevées ou le cadre des fenêtres. Les espèces les plus communes du domaine
appartiennent aux genres Araneus, Araniella, Cyclosa, Zygiella.
Les Tétragnathides sont également des Araignées Orbitèles. Leur corps est plus allongé que
celui des Aranéides, les pattes longues et grêles sont disposées au repos près de l'axe du corps.
Ces Araignées construisent leur toile surtout dans les lieux humides.
Les minuscules Linyphiides tissent parmi les plantes de petites nappes horizontales sous
lesquelles elles se tiennent à l'affût, les pattes vers le haut. Ces toiles ne se voient guère qu'après
le dépôt de rosée.
Les arthropodes pourvus d'antennes et de mandibules Ils comprennent deux grands
ensembles:
Les Crustacés - arthropodes surtout aquatiques dont au moins certains appendices sont
biramés.
Les Myriapodes et les Insectes - arthropodes surtout terrestres dont les appendices sont
typiquement uniramés.
LES CRUSTACES
Les Crustacés aquatiques sont fortement dépendants de la qualité des eaux. Il y a une dizaine
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d'années, le miroir du château était riche en minuscules Crustacés (taille de l'ordre du millimètre):
des Cladocères (les Daphnies: "Puces d'eau"), des Copépodes et des Ostracodes. Ces petits
arthropodes repeupleraient ce bassin s'il était nettoyé aussi régulièrement qu'auparavant.
Des Crustacés nettement plus gros (taille de l'ordre du centimètre) vivent sur les débris divers
qui jonchent le fond de la Mérantaise, ce sont des Amphipodes Gammarides et des Isopodes
Asellides; ces espèces caractérisent des eaux riches en matières organiques, ce sont donc des
indicateurs biologiques de pollution.
Les Crustacés terrestres sont des Isopodes Oniscides appelés communément cloportes.
Surtout actifs la nuit, ils vivent dans divers milieux humides riches en matières organiques en
décomposition, en particulier sous les écorces de troncs cariés et les feuilles des litières du bois.
LES MYRIAPODES
Les Diplopodes ou Millipèdes, omnivores ou détritivores, se déplacent lentement; ce sont les
mille-pattes les plus faciles à observer. La plupart sont de taille moyenne, leur cuticule
tégumentaire est calcifiée et donc très dure. Les Iules, au corps cylindrique, se disposent en
spirale quand elles sont dérangées. Dans les mêmes circonstances, les Gloméris, communs dans
le bois, se roulent en boule régulière. Les Polydesmes vivent dans les mêmes milieux, leurs arcs
dorsaux sont aplatis, sculptés et rugueux au toucher. Les Polyxènes, de 2 à 4 mm de long
seulement, sont les exceptions des Diplopodes: leur corps d'aspect fragile est bordé de bouquets
de minuscules soies plumeuses; ils déambulent sous les pierres, sur les vieux murs, sous les
écailles superficielles des écorces de platanes.
Les Chilopodes ou Centipèdes, tous actifs prédateurs, se déplacent très vite et sont difficiles
à saisir (pour les plus gros individus, attention à la morsure et l'injection de venin par les
forcipules). Dans le bois, les Lithobies s'enfuient quand on soulève une grosse pierre ou l'écorce
de troncs cariés. Se réfugiant le jour dans les anfractuosités humides, les Cryptops décampent
quand on soulève un châssis ou un pot de fleurs. Les Géophiles, au long corps grêle et flexueux,
chassent leurs proies dans les interstices des horizons superficiels des sols.
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LES INSECTES
Comme dans tous les milieux continentaux, tant aquatiques que terrestres, ils représentent la
plus importante fraction des espèces d'Arthropodes.
1) Les Insectes primitivement dépourvus d'ailes.
Leur développement s'effectue sans métamorphose, l'adulte continue à muer toute sa vie, ce
qui est exceptionnel chez les Insectes.
Collemboles. Très originaux par leur forme et d'aspect fragile, ils sautent quand ils sont
dérangés par détente de l'appendice fourchu qui termine leur abdomen. La plupart d'entre eux ont
un corps nettement segmenté (Arthropléones), ils vivent dans la litière du bois, dans les mousses
et les horizons superficiels du sol. D'autres Collemboles, minuscules, à forme globuleuse et à
segmentation peu distincte (Symphypléones), vivent sur les herbes qu'ils broutent.
Archéognathes. Par beau temps, des Machilis se chauffent sur les rochers; s'ils sont dérangés,
ils sautent en détendant brutalement leur corps allongé et terminé par trois longs filaments
pluriarticulés.
2) Les Insectes dont l'adulte est typiquement pourvu d'ailes.
a) Les insectes dont les jeunes ont des ébauches alaires externes et dont la métamorphose est
brève et assez simple.
Odonates. Ces insectes sont d'actifs prédateurs, tant à l'état adulte qu'à l'état larvaire. Les
larves étant aquatiques, ils sont moins nombreux depuis la dégradation de la qualité des eaux
dormantes et de la Mérantaise
Les Zygoptères ou Demoiselles, au corps élancé, ne s'éloignent guère du bord des eaux, au
contraire des Anisoptères, Aeschnes et Libellules, de plus grande taille, au corps plus massif et au
vol puissant, qui patrouillent par beau temps dans tout le parc.
Blattes. Sur la litière et les plantes basses du bois, courent de petites blattes difficiles à
attraper. Vu leur habitat, ces insectes ne sont nullement nuisibles, contrairement aux blattes
"domestiques".
Orthoptères. Dans le même habitat que les blattes des litières, vivent de petits Grillons des
bois. Des Grillons champêtres creusent leurs terriers dans les pentes exposées au sud et couvertes
d'herbe courte. De petites Sauterelles vertes du genre Leprophyes déambulent sur les herbes et les
feuilles des arbustes, elles sautent à la moindre alerte.
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Dermaptères. Les Forficules ou "Perce-oreilles" sont communs sous les pierres et les
fragments de bois ou d'écorces. Au fond de leur terrier, les femelles protègent et lèchent leurs
oeufs pendant toute la durée de l'incubation.
Psocoptères. Ces insectes délicats au thorax bossu volent surtout au printemps et en fin d'été
dans les parties ensoleillées du bois.
Hétéroptères: Punaises. Ces insectes aux pièces buccales piqueuses sont, soit prédateurs, soit
phytophages. Les punaises vivant en pleine eau (nèpes, carises, naucores et notonectes) ou
patinant sur la surface (Gerris, Velia) sont moins nombreuses qu'auparavant. Les punaises
terrestres sont surtout des Mirides (sur les herbes des pelouses) et des Pentatomides (sur diverses
plantes). Les autres familles sont représentées par moins d'espèces, mais certaines sont
communes, comme les "Gendarmes" (Pyrrhocoris apterus) aux vives couleurs rouge et noir qui se
rassemblent en grand nombre dès les premiers beaux jours, surtout au pied des Tilleuls.
Homoptères. Ces insectes, aux pièces buccales piqueuses comme les Punaises, ponctionnent
la sève élaborée de plantes très diverses. Sur les plantes herbacées, des Delphacides et des
Jassides, qui ressemblent à de minuscules cigales, sautent dès qu'on les dérange. Plus petits
encore, les Psylles recherchent surtout arbustes ou arbres fruitiers. Recouverts d'une fine poudre
blanche de cire, les Aleurodes ressemblent à de minuscules moucherons blancs; cette "Mouche
blanche" des jardiniers peut pulluler dans les serres et nécessiter des traitements insecticides. Les
Pucerons se multiplient au printemps sur diverses plantes du parc; des Pemphigiens provoquent
par leur piqûre la formation d'une galle en forme de bourse ou d'hélice sur le pétiole des feuilles
de peupliers. De petites Cochenilles blanches du genre Orthezia se déplacent lentement sur les
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feuilles des Orties.
b) Les insectes dont les larves ont des ébauches alaires internes et dont la métamorphose est
longue et complexe.
Névroptères. Les larves et les adultes des chrysopes dévorent les pucerons - les adultes
entrent dans les bâtiments à l'approche de l'hiver où l'on remarque leurs yeux mordorés.
Coléoptères.
Diverses espèces aquatiques vivaient dans le miroir du château, elles repeupleraient les
pièces d'eau si celles-ci étaient entretenues. Les espèces terrestres sont très nombreuses, seules les
plus communes seront citées. Les Carabides du parc sont tous prédateurs, ils chassent en courant
sur le sol, surtout le soir. Les Histérides, au corps aplati noir, brillant et très dur, chassent dans
différentes matières en décomposition. Des Silphides et des Scaphidiides explorent les lieux
riches en matières organiques et en champignons. Les Staphylinides chassent surtout au sol, ils
relèvent l'extrémité de l'abdomen dès qu'ils sont inquiétés et certains émettent alors des
substances irritantes. Les Lucanides, dont les larves vivent dans le bois carié, sont les Dorcus et
les lucanes (dont le mâle est appelé Cerf-volant). Les Scarabéides fréquentent surtout les arbustes
et les arbres fruitiers, les adultes ressemblent à de petits hannetons, les larves sont de petits vers
blancs. Les Cantharides, au corps mou, sont très communs, surtout sur les fleurs et près du bois.
Les Lampyres chassent les petits escargots, le mâle est ailé, la femelle aptère, elle attire les mâles
par sa lumière - c'est le ver luisant des belles soirées d'été. Les Buprestides ne sont actifs que par
temps ensoleillé. Les adultes des Elatérides se reconnaissent à leur mode de saut original (par
déclic) - les larves vivent dans le sol et rongent les racines ("Taupins") ou chassent sous l'écorce
de troncs cariés. Les Clérides, au corps vivement coloré, visitent les fleurs où ils chassent. Les
Mélyrides ne sont représentés que par les petits Malachius aux belles couleurs. Les Uleiota sont
des Cucujides au corps très aplati qui vivent entre le tronc et l'écorce d'arbres morts. Les
Coccinelles les plus communes sont les Adalia et la Coccinelle à sept points elles dévorent les
pucerons. Les Mycétophages vivent dans les champignons qui poussent sur les arbres
(polypores). Les Ténébrionides, au corps de couleur terne, affectionnent les lieux secs. Les
Oedémères, d'un beau bleu-vert métallique, sont fréquents sur les fleurs.
Les Coléoptères des cinq familles suivantes sont phytophages, tant adultes qu'à l'état larvaire,
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d'où le nom donné à cet ensemble:
Phytophagoïdes. Ils consomment des tissus et organes végétaux très divers:
feuilles, bourgeons, cambium des plantes ligneuses, etc. Les Cérambycides du parc sont de
taille modeste mais de formes et de couleurs élégantes. Les Chrysomélides dévorent les feuilles
de diverses plantes auxquelles elles sont souvent étroitement inféodées. Les Curculionides ou
Charançons appartiennent à une famille qui comprend à elle seule environ 70 000 espèces
actuelles décrites (l'ensemble de tous les Vertébrés: environ 4S 000 espèces). Les Apionides
ressemblent à de minuscules Charançons aux couleurs vives. Les Scolytides sont rares dans le
parc, leurs larves rongent le cambium d'arbres affaiblis ou malades.
Hyménoptères.
Les Symphytes, dont les larves ressemblent à de petites chenilles, sont représentés par des
Argides et surtout par des Tenthrèdes aux belles couleurs. Les Pétiolés regroupent les autres
Hyménoptères. Les Cynipides, au cycle biologique complexe, sont repérables par la galle de
forme spécifique que provoque la ponte puis le développement de la larve (ou des larves), en
particulier sur les églantiers (la galle "chevelue" est appelée bédégar) et surtout sur les feuilles
des chênes (selon l'espèce de Cynipide, galles sphériques ou lenticulaires). Tout un ensemble de
familles (Ichneumonides, Braconides + familles des Chalcidoïdes, Serphoïdes et Scélionoïdes)
est représenté par des insectes dont la femelle pond sur le corps où à l'intérieur du corps (voire
d'un oeuf) d'un insecte hôte qui servira de nourriture vivante à la larve de l'espèce parasite. Ce
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sont d'efficaces régulateurs des populations d'insectes ravageurs dont plusieurs espèces sont
élevées de par le monde en conditions semi-industrielles pour la lutte biologique. L'inventaire de
ces insectes du domaine reste à faire.
Des Hyménoptères Chrysidides volent dans les endroits les plus ensoleillés, ils sont appelés
"Guêpes coucou" du fait que la femelle pond dans le nid d'une guêpe ou d'une abeille solitaire.
Les Vespides, ou "Guêpes vraies" sont assez rares dans le parc; leurs colonies sont peu
populeuses. Plusieurs espèces de Fourmis ont été répertoriées, la plus commune étant la petite
"Fourmi des pharaons", originaire d'Afrique tropicale, qui vit dans les anciens bâtiments du
Centre. Très actives par beau temps, les femelles des Pompilides chassent des araignées, leur
injectent un venin paralysant, les transportent jusqu'à un abri et pondent sur leur corps. Les
femelles des Sphécides chassent des arthropodes, insectes surtout, les paralysent, les cachent dans
un nid déjà aménagé puis pondent. Les Apoïdes, ou Abeilles au sens plus large du mot, insectes
tous floricoles et le plus souvent solitaires, ont été répertoriés: Collétides, Halictides, Andrénides,
Mellitides, Mégachilides, Anthophorides et Apides, dont plus de vingt espèces de Bourdons et
l'Abeille domestique, Apis mellifera.
Mécoptères. Les panorpes, dont les mâles sont appelés "mouchesscorpions" du fait que
l'extrémité de leur abdomen, qui est renflée et de forme complexe, est dressée vers le haut, sont
communs dans les parties les plus humides du parc. Les larves, qui ressemblent à de petites
chenilles, vivent dans les litières du bois.
Lépidoptères. De nombreuses espèces peuvent être observées en plein jour dans le parc,
surtout par temps ensoleillé - mais certaines Phalènes volent même quand il pleut. Des membres
du Club ont répertorié plus de trente espèces de Rhopalocères, Lépidoptères souvent vivement
colorés et dont les antennes se terminent par une petite massue: Hespérides, Piérides, Lycénides,
Nymphalides et Satyrides. Autres espèces diurnes, les Zygènes aux vives couleurs contrastées ne
s'envolent que si on approche de très près.
De très nombreux Lépidoptères ont une activité crépusculaire ou nocturne. Près de trois cents
espèces ont été répertoriées pendant huit années consécutives par capture de ces insectes avec
deux pièges lumineux près du bois au nord de l'Université d'Orsay: Drépanides, Lasiocampides,
Notodontides, Lymantriides, Arctiides et surtout Géométrides (Phalènes) et Noctuides
(Noctuelles). Tous ces insectes sont de bons voiliers et sont tout aussi bien représentés dans le
parc que dans le bois d'Orsay situé à moins de trois kilomètres.
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Divers autres Lépidoptères sont surtout remarqués par leurs chenilles. Celles des
Géométrides arpentent de manière caractéristique diverses plantes, certaines s'immobilisant
comme des brindilles dès qu'on les approche. Certaines années, les chenilles de la Tordeuse verte
du Chêne pendent sous les feuilles de cet arbre au bout d'un long fil de soie. Les minuscules
chenilles de la Tischérie bordée creusent des mines caractéristiques entre les épidermes des
feuilles des ronces du sous-bois.
Diptères. Qu'elles soient terrestres ou aquatiques, les larves de la plupart des espèces du parc
sont détritivores, plus rarement prédatrices, omnivores ou phytophages. Les Nématocères, aux
antennes de plus de 6 articles et en général longues et fines, sont nombreux. Les Tipulides aux
pattes longues et grêles volent lourdement. Les Trichocérides leur ressemblent mais sont plus
petits et plus frêles. Les Mycétophilides sont communs à l'automne dans le bois, de même que les
Scia rides. Les minuscules Cécidomyiides sont surtout repérés par les galles que provoquent la
ponte et le développement de la larve sur diverses plantes - les adultes de diverses espèces sont
capturés au piège lumineux, de même que des Psychodides du genre Pericoma, qui ressemblent à
de minuscules papillons. Les Culicides ou Moustiques sont communs - les mâles sont floricoles,
seules les femelles piquent et sucent le sang. Les Chironomides ressemblent à de petits
moustiques mais ne piquent pas. Les Bibionides (mouches de la Saint-Marc), aux antennes
courtes et au corps trapu pour des Nématocères, volent lourdement au printemps, les pattes
pendant sous le corps.
Les adultes des Brachycères, aux antennes de six articles au maximum (de rares exceptions),
ressemblent plus ou moins à ce que nous appelons "mouches". Les Stratiomyiides au corps
brillant fréquentent les lieux humides et ensoleillés. Les Rhagionides et les Asilides capturent et
dévorent des insectes, de même que les Empidides et les Dolichopodides. Les Bombyliides au
corps recouvert de fourrure volent au printemps près des petites pentes sèches et ensoleillées du
bois. Les Lonchoptérides aux ailes terminées en pointe sont surtout actives le soir. Les Syrphides,
souvent brillamment colorées (certaines espèces sont mimétiques de guêpes et de bourdons),
butinent les fleurs par beau temps - ces mouches volent fréquemment sur place au soleil. Les
Platystomatides, les Otitides, les Sciomyzides, les Dryomyzides et les Opomyzides sont de petites
mouches des lieux les plus humides du parc. Les larves des Agromyzides minent des feuilles de
manière spécifique. Les adultes des Anthomyiides, les Fanniides et les Muscides (par exemple la
Mouche domestique) sont de taille moyenne, alors que les Calliphorides (par exemple la Mouche
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bleue) et les Sarcophagides (par exemple la Mouche à damier) sont nettement plus grandes. Les
femelles des Tachinides pondent sur divers arthropodes, insectes surtout, leurs larves pénètrent
dans l'hôte et le dévorent vivant. Ces mouches contribuent donc au contrôle des populations
d'insectes nuisibles aux cultures.
L'exposition au sud-ouest des pentes du parc et la diversité des biotopes expliquent que tous
les grands ensembles d'Arthropodes terrestres soient bien représentés dans le domaine de Gif.
Comme ces animaux sont de petite taille et vivent souvent cachés, leur inventaire en est à ses
débuts.
Les papillons
De 1986 à 1990 les populations de papillons du domaine ont sensiblement décliné. Une
action de protection a alors été lancée: création de zones refuges, gestion plus souple du fauchage
des pelouses.
Le résultat peut être considéré comme très positif, même s'il faut aussi faire la part d'une
succession d'années chaudes favorables. Presque toutes les espèces du parc sont redevenues plus
abondantes, et certaines ont reparu alors qu'elles n'avaient pas été observées dans le région depuis
au moins une dizaine d'années.
C'est bien sûr dans les zones les plus calmes que l'on a le plus de chances d'observer le
maximum d'espèces.
Dans les allées boisées, on rencontre le Tircis (pararge aegeria), petit papillon marron avec
des taches jaunes, un des plus communs.
Une autre espèce régulièrement présente entre les laboratoires est un petit papillon bleu:
l'Azuré des Nerpruns (Celastrina argiolus). Il évolue surtout près du restaurant (bâtiment 20) et
autour du château.
Dans les lieux plus dégagés, au printemps, un petit papillon, l'Aurore (Anthocharis
cardamines), dont les mâles ont des taches orange vif, est redevenu très commun. Il préfère les
lieux légèrement ombragés mais est courant sur toutes les pelouses.
Une autre espèce, peut-être un peu plus rare, et qui vole surtout au printemps, est le Citron
(Gonepteryx rhamm). Le mâle, jaune vif, est souvent le premier papillon rencontré au sortir de
l'hiver.
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Plusieurs espèces de papillons blancs existent dans le parc, la seule qui soit très commune est
la Piéride de la Rave (Pieris rapae) qui, de mai à octobre, occupe toutes les pentes fleuries.
Des Satyrides, de couleur marron clair, se rencontrent souvent sur les pelouses, le Procris
(Coenonympha pamphilus) et le Myrtil (Maniola jurtina). Ces deux papillons peuvent être
observés durant toute la belle saison.
Deux Lycènes, l'un bleu pour le mâle et marron pour la femelle et l'autre doré avec des points
noirs, sont communs. Le premier, l'Azuré de la Bugrane (Polyommatus icarus), traverse souvent
les pelouses et vole près de la mare du restaurant. Le second, le Bronzé (Lycaena phlaeas), est un
des papillons dont les effectifs ont considérablement augmenté. Sa chenille se développe sur des
oseilles sauvages, plantes qui ont le temps de se développer dès que le fauchage des talus est
moins fréquent. On le trouve près du restaurant et surtout le long de l'allée entre le bâtiment 13 et
le bâtiment 10.
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La plante pionnière qui se réinstalle rapidement dès que l'on ne fauche plus sur les sols
eutrophisés est la Grande Ortie (Urtica dioica). Cette plante, souvent considérée comme peu
sympathique de par ses propriétés urticantes, est pourtant capitale pour la survie de nos Vanesses
puisque six espèces présentes dans le parc s'en nourrissent. Trois d'entre elles sont communes, le
Vulcain (Vanessa atalanta), noir brillant à bandes rouges, la Petite Tortue (Aglais urticae) orange
vif à taches noires, et, surtout le superbe Paon du jour (lnachis io), rouge foncé profond avec
quatre "yeux" bleu violet. Pour observer ces papillons au vol rapide, il suffit de trouver les
plantes les plus nectarifères telles que les buddleias. Sur ces arbustes à grappes de fleurs violettes
ou blanches on voit occasionnellement deux autres espèces se développant sur les orties, le Cblanc (Polygonia c-album), ocre orangé avec des points noirs et une découpe d'ailes très
tourmentée, et plus rarement la Belle Dame (Cynthia cardui), orange pâle avec des taches noires
et blanches. La dernière espèce vivant sur les orties est une espèce très rare du parc, la Carte
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géographique (Araschnia levana). C'est une espèce de lisière de forêt, elle a été observée à
quelques reprises près de la N 306 au-dessus du parc entre les bâtiments 26 et 27.
Les espèces suivantes sont nettement plus rares. Cette situation devrait être améliorée par la
poursuite d'une gestion plus souple des espaces verts et par la sauvegarde de friches autour de
certains laboratoires, sur les rives de la Mérantaise et dans les allées forestières.
Deux papillons blancs proches parents de la Piéride de la Rave volent dans le parc, la Piéride
du Navet (Pieris napi) et la Piéride du Chou (Pieris brassicae). La première espèce est encore
fréquente autour de tous les bâtiments en bordure de forêt. La seconde, bien que très connue des
biologistes, était devenue rarissime en Ile-de-France. De nombreuses observations sont
rassurantes pour sa survie; en dehors des grandes plantations de choux, ce papillon est toujours
peu abondant dans la nature.
On peut trouver trois espèces de Satyrides, papillons marrons, très localisées. Deux espèces
cohabitent au-dessus du bâtiment 17, l'Ariane (Dira maera) et la Mégère (Dira megera), et une
autre espèce se rencontre près de certaines lisières de la forêt, l'Amaryllis (Pyronia tithonus); la
survie de cette dernière espèce dépend du maintien des haies naturelles le long des allées.
D'autres espèces exigent aussi des haies pour survivre, c'est le cas de trois de nos Théclas,
petits papillons caudés bruns. Celui du Chêne (Quercusia quercus), avec des reflets violets, et
celu i de la Ronce (Callophrys rubi), avec son revers d'ailes vert vif, restent assez courants même
si ce sont des espèces discrètes. Par contre celui du Bouleau (Thecla betulae), avec son revers
orange vif, reste à un niveau de population très bas, voire inquiétant. Une espèce voisine des
Azurés vit dans le parc, l'Argus brun (Aricia agestis), il ne semble subsister que sur la pelouse
entre les bâtiments 13 et 14.
Quelques espèces rares sont menacées. Si on veut les maintenir ou les voir revenir à un
niveau autre qu'anecdotique, il faudra absolument préserver les plantes auxquelles elles sont liées.
Deux espèces sont rarissimes. La Piéride de la Moutarde (Leptidea sinapis), petit papillon blanc à
l'aspect fragile, a été aperçue dans les allées forestières, mais ne semble pas trouver dans le parc
des conditions convenables à son développement.
L'autre espèce rarissime est le Petit Sylvain (Limenitis camilla), ce papillon noir à bandes
blanches, avec un superbe revers d'ocres mélangés est typiquement forestier. Pour espérer le voir
plus fréquemment (deux observations en 1986 et 1991), il suffirait simplement de laisser
prospérer quelques ronciers et des chèvrefeuilles au lieu de débroussailler systématiquement
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toutes les allées forestières.
Afin de terminer ce point sur la situation des papillons, il nous faut parler de trois espèces qui
sont revenues récemment.
Le Morio (Nymphalis antiopa) n'avait pas été recensé dans la vallée de Chevreuse depuis une
quinzaine d'années. Ce papillon de grande taille (8 cm d'envergure), marron velouté avec des
bordures crème, devrait être observé à nouveau au sortir de l'hiver. En effet, comme beaucoup de
Vanesses, il hiverne à l'état adulte et sort de sa léthargie dès les premières journées chaudes. Le
Petit Nacré (Issoria lathonia) a été particulièrement commun entre le château et le bâtiment 10.
De nombreux individus volent près du restaurant en juillet et août. Ce petit papillon, ocre clair
avec des points noirs et au revers des taches nacrées très brillantes, redeviendra un hôte habituel
si on préserve la zone ombragée où poussent les violettes, plantes nourricières de la chenille.
Le papillon le plus connu parce que le plus visible, revenu après une absence de cinq ans, est
le Machaon (Papilio machaon). Ce grand papillon jaune et noir est symbolique de la faune
française puisqu'il existe partout sur notre territoire. Sa chenille se nourrit de Carotte sauvage,
plante peu ornementale donc fréquemment arrachée ou fauchée. Il aura suffi de laisser quelques
zones où pousse cette plante pour le voir revenir voler au-dessus de toutes les pelouses.
Les drosophiles
Le parc recèle une riche faune de Diptères Drosophilidae, petites mouches discrètes. Six
genres (Amiota, Drosophila, Hirtodrosophila, Leucophenga, Scaptodrosophila et Scaptomyza) et
vingt huit espèces ont d'ores et déjà été inventoriés. Précisons qu'il s'agit de la faune paléarctique
autochtone et non de la liste des individus échappés des élevages de laboratoire. Le bâtiment 13,
par exemple, maintient à lui seul une bonne centaine d'espèces originaires des régions tropicales.
S'il arrive que des fuyards soient occasionnellement recapturés, aucune espèce allochtone n'a
jamais encore pu implanter de population durable.
Si cette faune locale de Drosophilidae peut paraître sans commune mesure face aux 2500
espèces connues dans le monde, elle ne représente pas moins de 40% des espèces de la faune
européenne et plus de la moitié de la faune française qui totalise quarante cinq espèces. On trouve
dans le domaine du C.N.R.S. vingt quatre des trente espèces des genres Drosophila,
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Hirtodrosophila et Scaptodrosophila recensées en France. Trois sous-genres du genre Drosophila
sur les quatres présents dans la région paléarctique y sont représentés: sous-genres Dorsilopha,
Drosophila et Sophophora.
La plupart des espèces de Drosophila sont, dans le parc de Gif comme dans la totalité de la
région paléarctique, fondamentalement mycophages et se reproduisent dans une grande variété de
champignons. Des observations écologiques intéressantes ont pu être faites à Gif sur Drosophila
confusa. Chez cette espèce en effet, les gîtes larvaires et les "territoires" d'accouplement sont
distincts, évoquant le phénomène de "lek" connu chez les oiseaux. Il n'existe pas de mot français
vraiment approprié pour traduire le terme de lek qui correspond à une zone où les mâles d'une
espèce vont s'agréger et entrer en compétition les uns avec les autres pour l'accès aux
emplacements privilégiés, d'où ils attireront plus efficacement les femelles en vue de
l'accouplement. Sur le domaine de Gif les femelles de Drosophila confusa pondent dans des
champignons du genre Pleurotus, mais sont attirées par les mâles qui se concentrent et paradent à
la surface inférieure des polypores, des champignons ligneux impropres à la ponte et au
développement larvaire. Chaque mâle y défend un territoire virtuel, ce qui se traduit par un
espacement relativement régulier des individus les uns par rapport aux autres. Regardez
attentivement sous les polypores du parc, vous aurez peut-être la chance assez exceptionnelle
d'assister non seulement aux manifestations territoriales des mâles mais aussi au comportement
reproducteur complexe de cette petite mouche orangée aux yeux rouges.
C'est aussi dans le parc de Gif qu'a été découvert un gîte larvaire nouveau et important, au
moins localement, pour Drosophila subobscura et, dans une moindre mesure D. obscura, deux
espèces dominantes de la faune paléarctique (le groupe obscura est particulièrement bien
représenté dans le parc avec sept espèces): il s'agit des infrutescences méricarpiques ("grappe" de
fruits soudés entre eux) de Magnolia grandiflora importé du sud-est des Etats-Unis (le Magnolia à
feuilles persistantes). Les femelles de ces deux espèces pondent sur les infrutescences en début de
décomposition sur l'arbre, peu de temps avant la chute, ou au sol. (Notons ici qu'une espèce
indéterminée de Diptère Anthomyiidae a également été obtenue par émergences des
infrutescences de Magnolia). En revanche, il n'a pu encore être prouvé que D. subobscura se
reproduit à Gif comme en Angleterre dans les fruits en décomposition de Sorbier. Drosophila
helvetica (également du groupe obscura) est très abondante à Gif, mais aucun de ses gîtes
larvaires n'a, jusqu'à présent, été identifié. Soulignons aussi la grande abondance de
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Scaptodrosophila deflexa, représentant un genre essentiellement localisé dans les régions
chaudes; elle survit à l'hiver parisien grâce à une diapause larvaire. Mais là encore, nous ne
savons pas où se trouvent les larves dans la nature.
L'importante faune locale de Drosophilidae est un élément majeur de la biodiversité du
domaine du C.N.R.S. La présence d'une espèce du genre Leucophenga, excessivement rare en
Europe, est à souligner et montre, à elle seule, combien le parc est un endroit privilégié pour son
patrimoine naturel et mérite, à ce titre, d'être préservé. Il ne fait pas de doute que d'autres
"découvertes" restent à faire et que la liste des drosophiles ne tardera pas à s'enrichir d'ici peu.
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Les insectes et leur milieu
La richesse en espèces végétales présentes dans le parc du C.N.R.S. offre une grande variété
de niches écologiques aux insectes.
Les feuilles sont exploitées par des Coléoptères. Dans leur épaisseur, entre les deux
épidermes, se développent des larves de Buprestides (Trachys), de Chrysomélides (Hispides) et
de Curculionides (Rhynchaenus), qui creusent des galeries. Sur la surface des feuilles vivent toute
une série de phytophages: des Curculionidés tels que la Phyllobie argentée (Phyllobius
argentatus), le Charançon des glands (Curculio glandium), le Hanneton des bois (Melolontha
hippocastam), et divers Taupins (Elatéridés) dont les larves vivent dans le bois carié. Le
Coléoptère le plus typique des chênaies est probablement le Cerf-volant (Lucanus cervus) chez
lequel le dimorphisme sexuel est très prononcé: avec ses grandes mandibules en forme de bois de
cerf, le mâle est très différent de la femelle. La larve vit pendant cinq années dans le bois
décomposé des vieilles souches, le plus souvent de chênes.
Lucane (ou cerf-volant) mâle (Lucanus cervus)
Un certain nombre d'espèces de Coléoptères jouent un rôle prédateur important dans les bois.
Les plus remarquables sont des Carabidés, les Calosomes (Calosoma sycophanta et C. Inquisitor),
qui sont des prédateurs de chenilles défoliatrices. Les Carabes sont des prédateurs omnivores
capables de s'attaquer à des proies relativement volumineuses (grosses chenilles, larves de
Tipulidés, Mollusques, etc.). Les Staphylinidés sont des prédateurs actifs de petits Arthropodes
tels que les Collemboles, Acariens, Diptères et leurs larves, Araignées, etc. Les Cléridés,
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prédateurs de Scolytidés (Coléoptères xylophages qui creusent des réseaux de galeries sous
l'écorce de nombreuses espèces d'arbres), sont surtout communs sur les résineux. Les Coccinelles
jouent un rôle important comme prédateurs de Cochenilles et de Pucerons.
Les bois sont aussi l'occasion de rencontrer des Cynipidés. Ces Hyménoptères ressemblent à
de minuscules guêpes, mais plus encore que l'insecte adulte, on connaît leurs galles. La femelle
du Cynipidé pique le tissu végétal et y dépose un oeuf. L'embryon et la larve sécrètent des
substances qui entraînent une prolifération très particulière des tissus dont la larve se nourrit à
l'intérieur de la galle. Les galles les plus connues apparaissant sur les chênes sont les "noix de
galles" sphériques situées sur la face inférieure des feuilles et dues au Cynips des galles du chêne
(Cynips quercusfolil). Un autre Cynipidé, le Cynips aptère (Biorrhiza aptera), produit d'une part
une galle rouge en forme de tubercule sur les jeunes rameaux de chêne et d'autre part, une petite
galle bulbeuse sur les racines du même arbre.
C'est en raison de leur régime alimentaire que les Fourmis (Hyménoptères) jouent un rôle
important dans les bois. Ces insectes parcourent les Conifères à la recherche de Pucerons de la
famille des Lachnidés qui rejettent du miellat. Quand elles rencontrent au cours de leurs
pérégrinations des chenilles de Tenthrèdes ou de la Tordeuse du Chêne, elles les dévorent sans
hésiter.
La masse du feuillage des bois constitue un domaine de prédilection de nombreux
Lépidoptères nocturnes (Hétérocères): le Dragon (Harpyia milhausen), que l'on voit voler d'avril
à août et dont les chenilles vivent surtout sur le Chêne; la Crête de coq (Ptilodon capucina) vole
d'avril à septembre et les plantes-hôtes sont le Chêne, le Hêtre, l'Orme, le Bouleau, le Charme, le
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Peuplier; le Bombyx du Hêtre (Stauropus fagi) fréquente les bois de hêtres, de chênes, de
bouleaux et de nombreux feuillus, de mai à fin août. Au printemps, on peut observer de petites
chenilles accrochées à des fils de soie, il s'agit de Chenilles arpenteuses (Géométridés), ainsi
appelées à cause de leur mode de déplacement. La chenille du Céladon (Campaea margaritata) vit
sur divers feuillus; l'Hibernie défeuillante (Erannis defoliaria), en juin sur les chênes; la Phalène
du Marronnier (Alsophila aescularia) qui apparaît au premier printemps; la Grande Nayade
(Geometra papilionaria) fréquente la plupart des bois. Le Bombyx disparate (Lymantria dispar)
est très commun, de fin juin à août, sur la plupart des arbres, les chenilles passent même des
espèces à feuilles caduques aux conifères. Les noisetiers, saules et tilleuls hébergent bon nombre
de petits Géométrides telles que la Marginée (Lomaspilis marginata), l'Acidalie candide (Asthena
albulata). On peut rencontrer également la Numérie poudrée (Plagodis pulveraria) sur les saules
et les aubépines, la Phalène du Sureau (Ourapteryx sambucaria) sur les sureaux, les saules, les
tilleuls, les chèvrefeuilles. Sur les chênes, on assiste périodiquement à la pullulation d'un petit
papillon vert, la Tordeuse du Chêne (Tortrix viridana), dont les chenilles consomment au
printemps les jeunes feuilles.
D'autres papillons butinent les fleurs, et les Sphingides se montrent les plus spécialisés.
Voiliers rapides et habiles, ils peuvent voler au point fixe devant une fleur et y introduire leur
trompe sans se poser. C'est le cas du Moro-sphinx (Macroglossum stellatarum) qui butine les
fleurs dans les haies et les jardins. Le Citron (Gonepteryx rhamni) et la grande Piéride du Chou
(Pieris brassicae) montrent une prédilection marquée potJr les fleurs dont la couleur va du bleu au
violet pourpre, alors que la Petite tortue (Aglais urticae) préfère nettement celles qui sont
orangées. Le Sphinx du Liseron (Agrius convolvuli) est un visiteur crépusculaire des fleurs des
jardins et des prairies. Le Sphinx de la Vigne (Deilephila elpenor) vole le soir sur différentes
fleurs odoriférantes (chèvrefeuilles, valérianes, verveines), utilisant à la fois sa vue et son odorat.
Le parc, c'est aussi le domaine de nombreux autres insectes anthophiles. Par les belles
journées du printemps et de l'été, c'est un va-et-vient ininterrompu de butineurs: vol apparemment
cahotant des papillons, vol précis et affairé des abeilles, sociales ou solitaires, et des bourdons. Si
ces insectes visitent les fleurs, c'est qu'ils y trouvent leur nourriture. Et d'abord le pollen. Les
abeilles domestiques le rapportent à la ruche, fixé à leur pattes postérieures en pelotes jaunes ou
orangées; elles en font l'aliment de leurs larves. D'autres le mangent sur place: ainsi ces petits
Hannetons et ces belles Cétoines dorées qu'on trouve parfois sur les roses. Mais surtout les
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insectes sont friands de nectar. Ce liquide sucré se trouve généralement au fond des corolles. Il
peut être sécrété par les parties les plus diverses de la fleur (sépales, pétales, base du
réceptacle...). Les Apoïdes (Abeille domestique, nombreuses espèces d'Abeilles solitaires et de
Bourdons) le transforment en miel. Les Papillons en font leur principale nourriture. Souvent
l'insecte ne visite qu'une espèce, au moins pour un temps. Il semble qu'il se dirige d'abord à la
vue. Il vole droit sur la corolle dont la couleur lui est familière, associée pour lui au souvenir du
nectar ou du pollen. A mesure qu'il s'en rapproche, il perçoit de plus en plus nettement son
parfum; il se pose ou s'éloigne suivant qu'il a reconnu ou non l'odeur caractéristique de l'espèce.
Certaines fleurs sont ornées de stries ou de ponctuations colorées. Ce sont de véritables signaux à
nectar qui guident le visiteur à faible distance. Ainsi, la fleur du Marronnier commun, quand elle
est jeune, porte des taches jaunes. Quand le pistil est fécondé, le nectar se tarit et les taches
deviennent rouges. L'insecte ne pénètre pas dans les fleurs où s'est produit le changement de
coloration.
Les systèmes utilisés par les plantes pour attirer les insectes pollinisateurs sont complexes et
variés; ils sont le reflet d'une longue co-évolution qui a entraîné la spécificité et le
perfectionnement des transports de pollen d'une fleur à l'autre.
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Les amphibiens
Comme les Reptiles, les Amphibiens encore présents sur le domaine figurent parmi les
espèces les plus directement menacées par la transformation ou la disparition de leurs biotopes.
L'assèchement des zones humides, les pollutions insidieuses et croissantes des eaux, les
pesticides, ont déjà entraîné la diminution ou la disparition de nombreuses populations. Six
espèces peuvent être observées, mais pour chacune d'elles, le nombre d'individus est faible. Les
populations sont morcelées et fragiles.
Le Crapaud commun (Bufo bufo) et la Grenouille verte (Rana esculenta), encore
relativement abondants, se reproduisent dans les trois mares du domaine et dans le miroir du
château.
La Grenouille rousse (Rana temporaria) est la première à descendre du parc pour venir
pondre, dès février, dans la mare du restaurant. Les quelques grenouilles rieuses (Rana ridibunda)
aperçues dans le parc ont été malencontreusement relâchées par les laboratoires; cette espèce vit
dans le midi de la France, la Péninsule Ibérique et le Maghreb.
Le Triton vulgaire, ou Triton ponctué (Triturus vulgaris vulgaris\ est encore présent dans le
domaine. Le Triton palmé (Triturus helveticus helveticus) ne subsiste plus que par quelques
exemplaires qui viennent se reproduire dans le miroir du château, où l'introduction
malencontreuse, mais volontaire, de poissons carnivores ne leur permet plus de se multiplier. La
Salamandre terrestre (Salamandra salamandra terrestris) certainement présente autrefois, n'existe
plus. De grande taille (jusqu'à vingt centimètres) sa lenteur la rend très vulnérable. Elle ne se rend
dans l'eau qu'au moment de l'éclosion des oeufs, qu'elle incube dans un "utérus". Les derniers
crapauds accoucheurs (Alytes obstetricans), aux moeurs si particulières, ont chanté pour la
dernière fois il y a une douzaine d'années dans les meulières, le long de l'avenue Emile Thuau.
A deux reprises et à la même époque, des pontes de Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus)
ont été vues dans le miroir du château. L'animal, petit et discret, n'a jamais été observé.
Outre les problèmes de pesticides, les Amphibiens, durant leur phase aquatique, souffrent du
réempoissonnement excessif des mares pour la pêche. On peut admettre que les deux plus
grandes pièces d'eau soient réservées à cette activité de loisir, mais il est indispensable de ne pas
repeupler artificiellement en poissons la mare du restaurant et les bassins du parc.
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Les reptiles
Peu connus, mal aimés, souvent redoutés, les Reptiles figurent parmi les espèces les plus
menacées du parc. Encore plus que les Amphibiens, ils ont souffert de la transformation ou de la
suppression de leurs biotopes. La destruction des haies, vieux murs, souches, friches, les a privés
de leurs abris indispensables. Les traitements par herbicides et les fauchaisons ont eu raison des
petits animaux dont ils se nourrissent; le morcellement des populations les a fragilisés et bien
souvent, la mortalité n'étant pas compensée par la reproduction, les peuplements ne se sont pas
renouvelés.
Le Lézard des murailles (Podarcis muralis), peu exigeant, devrait être plus abondant sur le
campus où on ne rencontre que quelques individus près de certains laboratoires, en particulier le
long du mur de terrasse du bâtiment 13.
Le Lézard des souches (Lacerta agilis), gris brun, beaucoup plus gros que le précédent, a
probablement disparu: on ne l'a pas revu depuis près de dix ans. Il était la proie principale de la
Couleuvre coronelle.
Le Lézard vert (Lacerta viridis), porté disparu depuis plusieurs années, a été revu récemment
à proximité du bâtiment 18. Il en existait autrefois de magnifiques exemplaires sur la pelouse des
bâtiments 12 et 16.
L'Orvet (Anguis fragilis), qui n'est pas un serpent mais un lézard sans pattes, peut être encore
assez couramment rencontré. Avec la Couleuvre à collier, c'est le reptile le mieux représenté. Son
alimentation à base de limaces, cloportes, lombrics est facile à trouver. Il vit en partie sous terre
et le fait qu'il soit peu spécialisé lui assure une meilleure adaptation. Les principaux ennemis de
l'orvet restent les tondeuses et outils de jardinage; car, si l'orvet perd facilement sa queue pour
cause de capture ou d'émotions fortes (autotomie), il est bien évident que l'animal découpé par
une lame ne peut survivre.
La Coronelle lisse (Coronella austriaca) peut être facilement confondue avec la Vipère aspic
en raison de sa taille (50 à 70 cm) et de sa coloration beige marron. Capturée à la main, la
Coronelle peut mordre, mais cette morsure est dérisoire et totalement inoffensive. Elle était
autrefois bien représentée en bordure des bois de châtaigniers et dans les sablons à genêts, où elle
trouvait le soleil, les souches comme abris et les nombreux lézards dont elle se nourrissait
presque exclusivement.
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Comme l'Orvet et la Vipère aspic, la Coronelle lisse met au monde quatre à douze petits
parfaitement formés.
Coronelle lisse (Coronella austriaca) capturant un lézard des souches (Lacerta agilis)
Ce mode de reproduction est une adaptation à des climats froids, puisque cette espèce est
présente jusqu'en Scandinavie, à la limite du cercle polaire. A cette latitude, la reproduction n'a
lieu que tous les deux ou trois ans. Elle a pratiquement disparu du domaine de Gif en même
temps que sa proie favorite, le Lézard des souches.
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La Couleuvre à collier (Natrix natrix) était appelée autrefois "Couleuvre des dames" pour la
douceur de son caractère. Elle ne présente aucun risque de morsure. Inquiétée, elle peut tout au
plus siffler bruyamment et vider le contenu malodorant de son cloaque.
Elle mime parfois une attaque gueule fermée. Elle peut aussi simuler la mort, gueule ouverte
et langue pendante, puis s'esquiver rapidement si on ne la touche plus. Parfaitement inoffensive,
c'est la reine du bluff!
Elle est le seul serpent rencontré couramment. De teinte gris verdâtre avec des petites taches
noires, elle est facile à identifier car elle possède presque toujours deux taches jaune vif derrière
la tête, particulièrement visibles. Ces deux taches jaunes devraient être le passeport pour sa vie.
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Chaque année, à plusieurs reprises, elle est observée sur le domaine, à proximité de l'eau,
parfois dans le parc. Des nouveau-nés ont même été trouvés avenue de la Terrasse et à la porte
Sud Mérantaise ainsi qu'au bâtiment 17. La mise en place des gros blocs de grès autour des mares
a été bénéfique pour elle. Malheureusement, des individus (au moins quatre adultes en 1992),
sont tués chaque été par ignorance ou par bêtise.
L'élément essentiel pour la conservation des reptiles serait le réaménagement des talus depuis
le bâtiment 12 jusqu'au bâtiment 19.
La zone d'ensoleillement ainsi recréée constituerait un biotope de qualité pour ces animaux,
le développement de leurs œufs et l'abondance des proies dont ils se nourrissent étant alors
assurés.
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Les oiseaux
Le domaine du C.N.R.S. offre aux oiseaux une diversité de milieux peu commune dans notre
région: une aire "urbanisée" autour des bâtiments, un parc riche en pelouses et buissons, des
zones humides (mares, bassins, cours d'eau), une petite prairie, et bien sûr, une forêt diversifiée
composée de futaies, de taillis, avec un sous-bois riche et quelques résineux. Composé de
bâtiments anciens et modernes, le groupe des laboratoires offre aux oiseaux citadins un milieu
préservé où ils sont peu dérangés pendant leur nidification. Plus de 100 espèces peuvent être
observées.
Symboles d'un environnement urbain riche, les hirondelles animent de leur ballet les abords
des constructions dès le retour du printemps. La première arrivée est l'Hirondelle de cheminée
(Hirundo rustica), petit diable noir à gorge et front rouges, dont la longue queue fourchue dépasse
souvent du nid en terre en forme de coupe.
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Le restaurant (bâtiment 20) abrite plusieurs couples qui reviennent chaque année occuper le
même nid. Encore plus citadine, l'Hirondelle de fenêtre (Delichon urbica), noire et blanche,
construit un nid en terre dont l'ouverture, très petite, ne permet que le passage de l'oiseau, on la
trouve surtout sous les avancées de toits. Le bâtiment 26 accueille au début de l'automne de
grands rassemblements d'Hirondelles de fenêtre, se reposant au soleil avant d'entreprendre le long
voyage qui leur permettra de passer l'hiver au sud du Sahara, où elles retrouveront une nourriture
abondante. Ces deux Hirondelles sont de grandes consommatrices d'insectes volants qu'elles
chassent au-dessus des mares et des pelouses, elles souffrent donc beaucoup des traitements
insecticides qui empoisonnent leur nourriture.
Petit lutin des toits, le Rouge-queue noir (Phoenieurus ochruros) est un oiseau de montagne
qui a su s'adapter à l'univers minéral constitué par nos habitations. On le trouve toujours perché,
agitant nerveusement sa queue et décollant brusquement pour attraper un insecte passant trop
près. Le retour printanier du Rouge-queue n'est pas salué comme celui des Hirondelles, même si
ce discret passereau est un des premiers migrateurs qui rythme de son chant grinçant nos petits
matins encore frileux. Chaque construction du campus héberge un couple de rouge-queues.
Certains meurent parfois, emprisonnés dans les conduits de cheminées: il serait nécessaire
d'obstruer d'une grille ces pièges responsables de morts inutiles.
Comme partout en. France, le Moineau domestique (Passer domesticus) profite des
nombreuses cavités des bâtiments pour nicher. En hiver, ces sédentaires citadins se disputent les
miettes de pain que vous leur distribuez.
Le parc, autour des bâtiments et du château, est un jardin de 22 hectares dans lequel les
oiseaux trouvent une multitude de milieux favorables, à l'abri des chiens et surtout des chats qui
dépeuplent les espaces verts urbains.
La "vedette" de nos pelouses est sans conteste le Merle (Turdus merula), présent sur tout le
campus et spécialiste de la récolte des vers de terre. Son régime alimentaire devient plus
végétarien à la mauvaise saison où il se régale de baies de Lierre et de Pyracantha. Sa proche
cousine la Grive musicienne (Turdus philornelos) est également adepte des pelouses bordées de
buissons, paysage dans lequel son plumage beige tacheté de brun la camoufle lorsqu'elle ne court
pas en tous sens à la recherche d'escargots et de vers. Son chant puissant, trop haché pour être
vraiment musical (chaque "strophe" est répétée deux ou trois fois), est émis par le mâle du haut
d'un arbre ou d'un toit, alors que la femelle couve ses quatre ou cinq oeufs bleu clair, cachée sur
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son nid au fond d'un buisson. Les grives nous quittent au début de l'hiver pour rejoindre le sud de
l'Espagne. Comme beaucoup de passereaux, elles voyagent essentiellement de nuit en compagnie
d'autres espèces; cela leur permet de se nourrir au sol pendant la journée et de se protéger de leurs
principaux prédateurs (Epervier, Faucon pèlerin) dont elles traversent les territoires de chasse.
Elles sont parmi les premiers migrateurs à revenir au printemps en mars - avril.
Petit elfe surtout remarqué à la mauvaise saison, le Rouge-gorge (Erithacus rubecula) fait
également partie du paysage, tant sa familiarité nous étonne; un peu de graisse déposée sur le
rebord de la fenêtre, quelques graines jetées sur la neige peuvent l'aider à passer les jours trop
rigoureux. Toujours solitaires, les mâles de Rouge-gorge défendent leur territoire en toute saison
et chantent dès le premier rayon de soleil.
Qui connaît l'Accenteur mouchet (Prunella moduralis)? Ce petit oiseau marron à tête grise
est sans doute l'hôte le plus méconnu de notre parc; il est pourtant présent partout, dans les
buissons et les haies. Discret, presque toujours à terre, l'Accenteur mouchet cherche sur le sol et
dans la végétation basse les insectes dont il se nourrit. Son petit nid en forme de coupe est
également près du sol et le doux chant du mâle se reconnaît par sa fin souvent interrogative.
Cherchez sur le sol l'Accenteur mouchet, son omniprésence fait de lui un des oiseaux les plus
communs du domaine.
Le parc paysager du C.N.R.S. comprend une roseraie, agrémentée d'un petit bassin, et de
divers arbres fruitiers surtout regroupés autour des bâtiments administratifs. Ces milieux attirent,
entre autres, "l'oiseau fleur", le plus coloré des passereaux du parc, le Bouvreuil pivoine (Pyrrhula
pyrrhula). Celui qui n'a jamais vu de bouvreuil ignore en partie le sens du mot "beauté". Le mâle
de cet oiseau timide a le dos gris, la tête noire et le ventre d'un rose pivoine éclatant, velouté
comme une pêche mûrie au soleil; la femelle possède les mêmes couleurs en plus terne, évitant
ainsi d'attirer sur elle les prédateurs éventuels durant la couvaison. Spécialiste de la dégustation
des noyaux, le Bouvreuil est doté d'un bec court et puissant, il ne se fait remarquer que par les
appels flûtés qu'il lance en vol; son chant est plutôt insignifiant.
Les prairies sèches constituent un milieu rare sur le domaine de Gif, il en existe pourtant
deux petites: une près des serres du service des espaces verts et l'autre entre la route et la
Mérantaise, en face du bâtiment 33. Ces prairies attirent les chardonnerets qui passent surtout lors
de leur migration, en automne et au printemps. Le Chardonneret élégant (Carduelis carduelis) est
aussi surnommé le "clown des jardins" tellement son plumage évoque un maquillage coloré,
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mélange de jaune, de rouge, de noir et de blanc. Ce petit oiseau se nourrit surtout des graines des
chardons et des cardères dont il épluche les têtes patiemment.
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Les zones humides du domaine sont certes limitées mais leur présence est capitale pour
l'avifaune du parc. Les étendues d'eau calme, lorsque la végétation des berges est préservée,
offrent à la Poule d'eau (Gallinula chloropus) des sites de nidification à l'abri des prédateurs. Les
poules d'eau sont de précieux destructeurs de larves d'insectes aquatiques et limitent égaIement la
prolifération des lentilles d'eau. La mare du restaurant a accueilli quelques couples qui ont pu se
reproduire malgré de fréquents dérangements.
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Les Canards colverts (Anas platyrhynchos) sont les hôtes fréquents des mares et étangs du
domaine. Glanant leur nourriture sur les pelouses ou dans l'eau, ils sont peu craintifs et
parviennent à nicher à l'abri des buissons, sur le sol, sans être inquiétés.
La Mérantaise est un cours d'eau tranquille, régulé par quelques bassins de retenue situés en
amont du domaine. Malheureusement très pollué par les effluents domestiques (évacuation des
eaux sales par le "tout à la rivière"), ce ruisseau permet toutefois la survie et la reproduction bien que cela ne soit pas confirmé - d'un des plus beaux oiseaux européens: le Martin pêcheur
(Alceda atthis). En se promenant
le long de la Mérantaise, près des tennis et du restaurant, on peut avoir la chance d'apercevoir
une flèche bleue traverser le ruisseau pour aller se poser sur une branche basse d'un aulne de la
rive, guettant un petit poisson insouciant, une épinoche sans doute. Le Martin-pêcheur est peu
craintif mais reste prudent et, s'il n'est pas dérangé, passe inaperçu malgré ses couleurs vives. Une
nidification certaine de ce bel oiseau pourrait être obtenue sur le campus par un petit
aménagement des berges; en effet, le couple choisit de creuser son nid dans la terre meuble de la
rive et les sites favorables deviennent de plus en plus rares dans la région.
Présente partout en France dès le retour des beaux jours, la Bergeronnette grise (Motacilla
alba) parcourt les pelouses à la recherche d'insectes, hochant sa longue queue en permanence et
décollant brusquement pour happer un papillon. Les couples choisissent pour nicher un buisson
plutôt bas sur la rive d'un ruisseau ou d'un étang, la pose de nichoirs appropriés sur les berges de
la Mérantaise leur permettrait de se reproduire plus facilement dans le domaine protégé que nous
leur offrons.
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Les arbres plantés sur les berges ainsi que la végétation des bords de mare accueillent
plusieurs espèces de Fauvettes et de Pouillots, grands consommateurs d'insectes, qui, même s'ils
nichent loin de ces zones humides, y trouvent une abondante source de nourriture leur permettant
d'effectuer dans les meilleures conditions leur long voyage migratoire.
Le plus grand oiseau observé sur le domaine est sans conteste le Héron cendré (Ardea
cinerea). Cet échassier, très menacé dans les années 70, a vu ses effectifs quintupler grâce à une
protection totale. Le Héron cendré pêche essentiellement les poissons malades, donc plus faciles
à attraper, dans les étendues d'eau dormante ne dépassant pas 50 centimètres de profondeur. Une
surveillance du niveau des mares pourrait permettre aux hérons d'assainir les populations de
poissons et de voir peut-être un jour ce grand oiseau construire son nid dans un des arbres du
domaine.
Si tous les milieux naturels qui forment le domaine du C.N.R.S. sont importants, la plus
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grande partie du parc est composée de forêt. Riche écologiquement et esthétiquement diversifiée,
cette forêt est, de plus, incluse dans un ensemble de domaines forestiers voisins; cela permet des
échanges de populations et la nidification d'espèces nécessitant un territoire étendu. Les oiseaux
les plus inféodés aux milieux forestiers sont sans nul doute les Pics.
Le Pic vert (Picus viridis) (on dit aussi "Pivert") est le plus connu; bien que n'étant pas le
plus commun, il se montre souvent à découvert. Vous pourrez observer le Pic vert à terre,
cherchant dans les pelouses les fourmis dont il se régale, prenez garde de ne pas l'effrayer, s'il
prend peur il s'envolera vers l'arbre le plus proche en lançant son cri d'alarme qui ressemble à un
éclat de rire.
Les trois autres Pics que l'on peut observer dans le parc sont plus discrets et ne se posent à
terre que très rarement. Le Pic épeiche (Dendrocopos major) damassé de blanc et de noir avec
une tache rouge derrière la tête laisse rarement entendre son cri ,mais son tambourinement contre
le tronc des arbres creux est caractéristique au printemps. Ces coups secs et rapides sont en fait
un appel du mâle voulant attirer les femelles, il arrive d'ailleurs que le Pic épeiche apprécie la
sonorité des volets et clôtures des habitations situées en bordure de forêt et finisse par les réduire
en miettes! Creusant une cavité dans les arbres affaiblis ou malades pour s'y reproduire, les Pics
fournissent à d'autres oiseaux et à quelques mammifères des nichoirs naturels.
Le petit cousin du Pic épeiche est le Pic épeichette (Dendrocopos minor), modèle réduit du
premier et souvent visible sur les branches fines, au faîte des grands arbres ou dans les taillis. Cet
oiseau a été choisi pour représenter notre club car sa présence est le signe d'une forêt saine et
diversifiée. Les Pics sont entièrement dépendants de la forêt: il leur faut de vieux arbres pour y
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creuser leur cavité de reproduction et pour s'y nourrir de larves d'insectes xylophages. Comme le
reconnaissent les forestiers, il est important que leur t'êrritoire renferme quelques arbres morts
afin de constituer une réserve de nourriture.
Arrivé depuis 1995, le farouche Pic noir (Dryocopus martius), de la taille d'un corbeau freux,
s'est installé dans la partie la plus sauvage du domaine; d'où chaque printemps, il délimite son
territoire par ses tambourinements.
Les Corvidés, corneilles et geais, trouvent également dans la forêt la nourriture et la
protection dont ils ont besoin. Le rôle d'éboueur que tient la Corneille noire (Corvus corone) n'est
plus à démontrer, elle débarrasse le sous-bois des cadavres de petits mammifères qui pourraient
devenir des sources d'infection. Le Geai des chênes (Garrulus glandarius) est, comme son nom
l'indique, spécialiste de la consommation de glands. Loin de nuire à la reproduction de l'arbre "roi
des forêts", ce superbe oiseau rosé taché de bleu vif sur l'aile, enterre des glands en automne pour
s'en nourrir en hiver; mais le Geai a, comme chacun le sait, une cervelle d'oiseau, il oublie
l'emplacement de ses cachettes et ainsi contribue à disséminer les graines qui n'auraient pas pu
germer à l'ombre du sous-bois.
La Sittelle torchepot (Sitta europaea), ailleurs craintive et timide, a vite compris que le
domaine forestier du C.N.R.S. était une zone protégée. Ce petit oiseau orange et bleuté niche
dans les cavités des Pics mais aussi dans les nichoirs disposés à son intention dans le parc, elle
cimente avec de la boue l'entrée de son logis afin d'en réduire le diamètre. Grande consommatrice
de chenilles - elle contribue à assainir la forêt -la Sittelle est le seul oiseau "grimpant" le long des
troncs qui en redescend la tête en bas. Pendant l'hiver, les sittelles ont besoin de votre aide et
viendront déguster des graines de tournesol sur le rebord de vos fenêtres.
Elles se mêleront alors aux reines de l'acrobatie, aux princesses des jardins, les inépuisables
mésanges. Sur les six espèces de Mésanges que compte le domaine, la plus familière, et la plus
grosse, est la Mésange charbonnière (Parus major). Vivant aussi bien dans la forêt que dans le
parc paysager, ce petit oiseau bleu-ardoise et jaune rayé de noir, est l'hôte le plus fréquent des
nichoirs artificiels, certaines nichent même sur le rebord des fenêtres, à moins d'un mètre des
blouses blanches qui s'agitent! La Mésange bleue (Parus caeruleus) est plus petite, plus colorée et
parcourt volontiers les fines branches des bouleaux afin d'y picorer les insectes qui s'y cachent,
elle détruit ainsi quantité de pucerons.
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Un habitant discret de la forêt ne se fait remarquer qu'en automne et au printemps, lorsque de
chauds hululements emplissent le soir, ce sont les chouettes hulottes (Strix aluco) qui se parlent.
La plus grosse Chouette française se montre rarement, elle niche dans les arbres creux et se
nourrit des petits mammifères dont elle limite efficacement les populations. Protégée depuis
1972, comme tous les rapaces, elle jouit encore d'une mauvaise réputation, son seul tort aux yeux
des ignorants étant de chasser la nuit. La présence d'arbres morts est indispensable à son
maintien, notre voeu le plus cher étant que sa petite cousine, la Chouette chevêche (Athene
noctua), s'installe aussi un jour dans la forêt, même si cela ne constitue pas son domaine de
prédilection. La Chouette hulotte n'est pas le seul rapace nichant sur le terrain du C.N.R.S.,
puisque depuis plusieurs années le Faucon crécerelle (Falco tinnunculus) s'y reproduit aussi.
Le domaine de Gif est placé dans un couloir migratoire large de moins d'un kilomètre qui
passe entre les étangs de Saclay et Vauhallan, en direction de Saint-Chéron puis de la Sologne.
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Chaque année, début novembre et début mars, les Giffois voient et entendent les oies cendrées
(Anser anser), elles ne s'arrêtent pas, préférant se poser sur les étangs aux abords plus dégagés.
Certains migrateurs profitent de la tranquillité du domaine pour faire de courtes haltes: les
mésanges à longue queue (Aegithalos caudatus) volent de buisson en buisson, les chardonnerets
glanent les graines sur les grandes cardères, la Bondrée apivore (Pernis apivorus), grand rapace
ressemblant à la buse, s'arrête dans le bois pour déterrer les nids de guêpes afin de manger les
larves.
La diversité des milieux et de la végétation permet au domaine du C.N.R.S. d'abriter une
extraordinaire variété d'oiseaux, au moins 100 espèces. Nous pouvons aider à maintenir cette
richesse en respectant les mesures de protection indispensables. Le Club CAES Gif Nature
continuera à assurer la pose et l'entretien des nichoirs, organisera un nourrissage hivernal
éventuel et continuera à préconiser un aménagement de la végétation. Le spectacle de la nature se
déroule sous vos yeux, les oiseaux en sont les principaux acteurs, aidez-les à vous éblouir.
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Les mammifères
Des Insectivores aux Ongulés, tous les groupes de Mammifères européens sont représentés
dans le parc.
La présence et la diversité des espèces s'expliquent, d'une part par la variété des milieux qui
leur sont offerts: espaces boisés, végétation basse et arbustive, zones humides, murs, pentes et
talus, d'autre part par la relative tranquillité des lieux due, en grande partie à une fréquentation
humaine faible et localisée.
L'observation des Mammifères, pour autant passionnante qu'elle
soit, n'est pas chose aisée et nécessite une bonne connaissance de l'animal.
Chaque espèce occupant un milieu particulier, on recherchera de préférence le Campagnol
des champs et agreste, la Musaraigne carrelet et la Taupe dans les zones de prairie. Les bois du
parc intéresseront le Mulot, l'Ecureuil et le Campagnol roussâtre. Le Chevreuil utilise
indépendamment ces deux derniers milieux. La zone humide que représente la Mérantaise est
fréquentée par le Campagnol amphibie.
Chaque espèce voit par ailleurs son activité rythmée par des cycles saisonniers et journaliers;
certaines comme les Chauves-souris sont nocturnes et ne sont actives qu'à la belle saison, d'autres
comme l'Ecureuil sont essentiellement diurnes et actives toute l'année. En complément à la
connaissance de l'animal, la recherche des indices de présence s'avère indispensable du fait de la
discrétion de la plupart de nos Mammifères. Ces indices peuvent se présenter sous plusieurs
formes: traces de pas, crottes, traces sur les végétaux, coulées, gîtes, terriers, nids, etc., qui
permettent dans certains cas une détermination précise.
Les Insectivores
La Taupe (Talpa europaea) se rencontre dans les prairies à sol profond, meuble et bien
drainé. De moeurs souterraines, sa présence se caractérise par des monticules de terre expulsée à
la surface pouvant mesurer 30 cm de diamètre à la base. A la fois diurne et nocturne, sa vie est
rythmée par des phases d'activité et de repos alternées sur 24 heures et ceci tout au long de
l'année.
Le Hérisson (Erinaceus europaeus) a une prédilection pour les bois de feuillus, les prairies,
les haies et les friches. On peut découvrir son nid dans un tas de bois, une haie ou un roncier. Il
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est constitué de feuilles mortes auxquelles s'ajoutent des débris végétaux et forme une boule
parfois importante. Le nid est aménagé en vue de l'hibernation; l'activité du Hérisson est
crépusculaire et nocturne.
La Musaraigne carrelet (Sorex araneus). Son habitat concerne les milieux où la couverture
végétale du sol est épaisse; elle délaisse les endroits trop secs. Les indices de présence se limitent
aux cadavres d'animaux morts par prédation. On pourra déceler sa présence par les petits cris
qu'elle pousse. Son activité est continue, avec un pic au crépuscule, la nuit et le matin pour se
réduire dans la journée. Toutes les Musaraignes du genre Sorex ont l'extrémité des dents rouge.
La musaraigne musette (Crocidura russula) aime les terrains relativement secs, assez
découverts. Comme pour Sorex araneus, les indices sont limités. L'activité serait plus nocturne
que chez l'espèce précédente. Toutes les Musaraignes du genre
Crocidura ont les dents entièrement blanches.
Les Chiroptères (Chauves-souris)
Tous nos Chiroptères sont hibernants et ne sont donc actifs qu'à la belle saison. Les indices
de présence sont les crottes tombées au sol (essentiellement constituées de restes d'insectes) ainsi
que les cris audibles que l'on peut entendre dans les gîtes de reproduction.
Le Murin de Daubenton (Myotis daubentom). C'est une espèce liée aux plans d'eau. Elle
hiberne l'hiver dans les arbres creux et les greniers. Lors de la chasse, elle effectue des vols
circulaires à la surface des d'eaux calmes. Espèce nocturne, son envergure est de 24 - 27 cm.
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Le Murin à moustaches (Myotis mystacinus) chasse surtout sur les parcs et jardins. Son vol
est rapide et sinueux, entre 2 et 6 m de hauteur. Anthropophile, il colonise les bâtiments d'où il
sort au crépuscule. Ses quartiers d'hiver se trouvent dans les caves et les galeries. De petite taille,
son envergure atteint 19 à 22 cm.
Le Murin de Natterer (Myotis natteren) affectionne les bois et les zones humides. Son vol est
bas (1 à 4 m) et lent. Ses quartiers d'hiver sont établis dans les fissures de galeries, de caves, il se
tient parfois suspendu aux parois et au plafond. A la belle saison, il utilisera de préférence les
arbres creux ou les greniers. Cette espèce part en chasse à la nuit tombée. Son envergure atteint
les 24 - 28 cm.
Le territoire de chasse de la Sérotine commune (Eptesicus serotinus) se trouve en lisière de
bois, ou au-dessus des prairies. Elle vole à 6 - 10 mètres de haut en décrivant des grands cercles.
Ses gîtes d'hiver se situent dans des caves, fentes de poutres, dans les greniers, tas de bois. On la
trouve en été dans les combles et dans les fissures de charpentes. Elle sort tôt le soir, souvent
avant le crépuscule. Son envergure atteint 31 à 38 cm.
La Noctule commune (Nyctalus noctula) est une espèce sylvestre.
Elle chasse au-dessus des bois avant le crépuscule, parfois en compagnie des martinets. Son
vol est rapide, à 10 - 40 mètres de hauteur avec des crochets et des piqués impressionnants,
effectuant des cercles pouvant atteindre 100 mètres de diamètre. Les gîtes d'hiver et d'été se
trouvent dans les arbres creux. C'est une espèce de grande taille, elle mesure de 32 à 40 cm
d'envergure.
Les terrains de chasse de la Pipistrelle commune (Pipistrellus pipistrellus) se trouvent dans
les bois, les lisières, autour des lampadaires. Les gîtes d'hiver se situent dans les caves, les fentes
de murs. En été, on la trouve dans toutes les fissures accessibles ... de l'extérieur. Cette espèce
sort tôt, parfois avant le coucher du soleil. Son vol est rapide, en crochets, précis, entre 5 et 10
mètres de hauteur. C'est la plus petite, mais aussi la plus connue, des chauves-souris d'Europe,
elle mesure 18 à 24 cm d'envergure.
L'Oreillard (Plecotus auritus - P. austriacus) chasse en lisière et dans les bois clairs, son vol
est souple, à faible hauteur, lent et balancé. Il peut faire du vol sur place. Gîte en hiver dans les
caves et les bâtiments, en été dans les greniers. C'est une espèce strictement nocturne de 24 à 29
cm d'envergure.
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Les Rongeurs
Le populaire Ecureuil roux (Sciurus vulgaris) est une espèce forestière, appréciant
indifféremment les feuillus et les conifères. On peut apercevoir son nid: construit à l'enfourchure
d'un arbre, il est globuleux et mesure 20 à 50 cm de diamètre. L'entrée se trouve sur le côté. La
paroi tapissée d'herbes sèches et de rameaux entrelacés lui donne souvent l'aspect d'une boule de
feuilles mortes. On trouvera également les reliefs de ses repas: noisettes fendues en deux parties
égales, cônes de pin dont les écailles ont été coupées irrégulièrement. L'écureuil a une activité
diurne répartie sur toute l'année sauf par certains grands froids hivernaux.
La Souris domestique (Mus musculus) habite surtout les constructions humaines; néanmoins
elle vit également dans les zones cultivées et les haies. Dans les habitations et les constructions,
on découvrira des crottes noires de 7 mm déposées lors de ses passages, le plus souvent le long
d'un mur. L'activité de la Souris domestique ou Souris grise est essentiellement nocturne tout le
long de l'année.
Le Mulot sylvestre (Apodemus sylvestris) occupe tous les types d'habitats avec une
préférence pour ceux boisés. Il creuse des galeries, en général plus profondes que celles des
Campagnols. Ses crottes ressemblent à celles de la Souris. Le Mulot, contrairement aux
Campagnols, se déplace par bonds et laisse par temps de neige les traces des deux pattes
postérieures et de la queue. Il mange les noix et les noisettes en forant un trou aux contours
réguliers sur le côté du fruit. L'espèce est essentiellement nocturne et active toute l'année.
Le Surmulot (Rattus norvegicus) , ubiquiste par excellence, est fortement lié à l'homme et à
ses activités. Tous les habitats lui sont propices pourvu qu'ils lui fournissent une certaine
humidité. Les entrées des galeries sont souvent visibles et mesurent 8 à 10 cm de diamètre; les
crottes, brun-noir, mesurent 17 mm et 6 mm de diamètre et sont déposées parfois en grand
nombre à l'endroit ou à proximité des lieux de nourrissage. Le Surmulot est actif la nuit, mais
peut aussi l'être le jour en cas de forte densité de la population.
Le Campagnol amphibie (Arvicola sapidus) est inféodé aux rives des milieux aquatiques. De
taille identique au Surmulot, il s'en distingue par des oreilles cachées dans le pelage, un museau
arrondi et une courte queue. Les indices de présence les plus fréquents sont les terriers qu'il
creuse dans les berges. Il est actif toute l'année, de jour comme de nuit.
Les Lagomorphes
Le Lapin de garenne (Oryctolagus cuniculus) a fait récemment un timide retour après
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plusieurs décennies d'absence.
Les Ongulés
Animal de plaine et de zones boisées, le Chevreuil (Capreolus capreolus) s'est adapté à de
nombreux milieux. Sa présence se signale par des crottes (appelées "moquettes") qu'il laisse en
paquets lors de ses déplacements. De teinte verte, mesurant 1A sur 0,8 cm, elles présentent une
partie pointue, l'autre extrémité étant formée d'une petite dépression. Le Chevreuil a deux
périodes d'activité, l'une au crépuscule, l'autre avant l'aube. Son observation n'est pas rare, même
en plein jour, sur les pelouses devant le château.
Le Sanglier (Sus scrofa) est un habitant des bois et des zones humides. Les indices de
présence se signalent par des traces de pas marquant l'empreinte des deux parties du sabot puis,
plus en arrière et excentrée, la marque des onglons qui caractérise le Sanglier. L'activité de cet
animal est essentiellement nocturne. Plusieurs animaux ont été observés en hiver ces dernières
années vers le Centre Aéré et au fond du parc aux abords du bâtiment 5.
Les Carnivores
L'habitat de la Belette (Mustela nivalis) est très variable et dépend en grande partie de la
présence des petits rongeurs dont elle se nourrit. Néanmoins, elle a une certaine prédilection pour
les haies, les friches et les éboulis. Les indices de sa présence sont des crottes de 2 à 3 mm
déposées sur une éminence (pierre, souche, etc.). Elles sont torsadées et effilées à une extrémité,
la confusion avec les laissées d'hermine (peu ou pas présente dans la région) étant toujours
possible. La période d'activité est diurne et nocturne.
On trouve la Fouine (Martes faina) dans les bois et les taillis, mais elle occupe aussi les
combles de bâtiments. Les crottes (ou laissées) de la fouine ont le même aspect torsadé que celles
de la belette mais s'en distinguent par une taille nettement supérieure (4 à 10 cm de long pour 1
cm de large), elles contiennent des poils de petits rongeurs, parfois uniquement des noyaux de
cerise ou de fruits d'églantier en hiver, les colorant d'une teinte orange vif. Elles sont souvent
déposées sur un promontoire rocheux, mur, muret ou pierre. L'activité de la Fouine est nocturne,
ce qui en fait un animal souvent ignoré. Elle est relativement fréquente sur le domaine.
Le Renard (Vulpes vulpes) utilise les milieux les plus divers, bois, taillis,
prairies, etc. On peut trouver son gîte dans un fourré, sous un buisson bas, une dépression
assez large est dans ce cas bien visible. Au hasard des sentiers, l'on pourra découvrir ses crottes,
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plus épaisses que celles de la Fouine, elles ne présentent pas de torsades et se distinguent de
celles du Chien par la présence de poils de rongeurs et par une odeur musquée caractéristique.
L'activité du Renard est crépusculaire et nocturne.
La liste ci-dessus n'est pas exhaustive, d'autres prospections étant encore à envisager.
L'absence des Campagnols roussâtre, des champs et agreste, du Lérot ou du Muscardin n'est peut
être dû qu'au manque de prospection. Parmi les insectivores, on peut espérer la présence de la
Musaraigne pygmée. Celle du Rat noir et du Rat des moissons, si elle était confirmée,
augmenterait davantage la diversité et la richesse du parc en mammifères sauvages.
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Dix mesures pour le parc
Parmi les recommandations qui demandent le minimum de moyens humains et budgétaires et
qui sont compatibles avec le maintien d'un aménagement agréable autour du château et des autres
bâtiments, il est raisonnable de proposer:
- Conserver le maximum de types de végétation et de diversité dans les espèces.
- Tondre les pelouses le moins possible, à 5 cm du sol, après floraison et assurer une rotation
des fauchaisons.
- Garder les pelouses en pente ainsi que les bords de rivières et de mares non fauchés au
moins jusqu'en août.
- N'utiliser que des pesticides spécifiques non rémanents.
- Conserver de vieux arbres creux ( au besoin en les étêtant par mesure de sécurité), laisser
les souches en place dans les bois ainsi que quelques tas de branches dans les lieux isolés.
- Ne pas introduire de poissons dans le miroir du château et dans le "médaillon" de la
roseraie afin de permettre la reproduction des Amphibiens.
- Ne pas couper les orties lorsque cela n'est pas indispensable.
- Entretenir des talus ensoleillés le long des bâtiments en bordure des bois.
- Maintenir l'emplacement de l'ancienne décharge sans arbres, couvert de graminées et de
plantes à baies.
- Ne pas tailler ni élaguer après la pousse des feuilles.
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Rédactions
- Mesdames: Conreur, Gautier, Meyer, Paillette, Poiret, Scheidecker.
- Messieurs: Batelier, Berreur, Bressac, Conreur, Cosson, Dumont, Ezat, Guittet, Lachaise,
Legal, le Maire, Mitou, Pétavy, Pouvreau, Thoret.
Crédits photos:
- Parc National de la Haute Vallée de Chevreuse
- Service photos du CNRS
- Messieurs: Conreur, Corbeaux, Dreuillaux, Dubreuil, D. Guénard,
Guittet, Gulia, Horellou, B. Lacaze, E. Tchakhotine, O. Thoret.
Toutes les illustrations originales et inédites sont de Mademoiselle Sylvie Meyer.
Conception et réalisation:
Service d'information et de communication: Mesdames Deniziot, Michaud.
Correction arts graphiques: Monsieur Magnifique. Coordination: Monsieur Dumont.
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