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En effet, il est évident que pour financer une masse de chômeurs, plus grande en période de crise, et
qui de plus, se verrait octroyer une allocation plus importante, il faudra réduire le pouvoir d’achat des
travailleurs employés. La thèse consistant à stimuler l’activité économique par la consommation
deviendrait alors caduque.
Par contre, en considérant une vision dynamique du financement, on pourrait envisager un étalement
dans le temps de la charge fiscale liée à cette politique. On observerait alors une succession d’années
de déficit et d’années de surplus qui convergeraient vers un équilibre budgétaire à travers le temps. Il
deviendrait dès lors possible que l’on puisse, durant les périodes difficiles, accepter un déficit public,
occasionnant une dette, qui serait honorée lors de période de reprise économique. Dans ce cadre, ce
système d’assurance chômage pourrait être acceptable.
La seconde question d’importance est de savoir si une telle politique pourrait avoir un impact négatif
sur la recherche d’emploi. Il est évident, que l’allocation de chômage a un impact négatif sur la
recherche d’emploi mais cet impact s’accroit-il davantage durant les périodes où le chômage est plus
élevé ? Il s’avère qu’a priori, cet effet semble ambigu.
Certains modèles prédisent que les efforts de recherche d’emploi seraient moins importants lorsque
le taux de chômage est plus élevé. Cette hypothèse est contestée car ça ne serait apparemment pas
les efforts de recherche qui seraient moindre, mais tout simplement le nombre de poste à pourvoir
par rapport au nombre de chercheurs d’emploi qui serait trop faible. Les travailleurs cherchent donc
beaucoup, mais l’effet de leur recherche est moindre, dû à l’absence d’emploi disponible.
En d’autres termes, lorsque le taux de chômage est élevé, les efforts de recherche d’emploi n’ont que
peu d’effet sur l’emploi. Par contre, lorsque le taux de chômage est faible, en période de bonne
conjoncture économique, les efforts de recherche d’emploi ont beaucoup d’incidence sur l’obtention
de l’emploi. Sur base de cette constatation, il serait pertinent de réduire l’allocation de chômage en
période positive, afin de stimuler la recherche d’emploi et ainsi réduire le chômage. En période de
récession et de chômage élevé, une augmentation de l’allocation de chômage n’aurait que peu d’effet
sur la baisse de la création d’emploi liée à la diminution des efforts de recherche des chômeurs. Alors
que d’un autre côté, cette mesure permettrait rappelons-le, de stimuler la consommation afin de
relancer l’économie.
On observerait donc une diminution importante du taux de chômage en période florissante, et une
augmentation assez limitée du niveau de chômage en période de récession. Cela mènerait en
moyenne, à travers les cycles économiques, à une baisse du niveau général du chômage.
Il est important de mettre en évidence, qu’au-delà de ces considérations théoriques, les différents
arguments ont été appuyés par une multitude d’études scientifiques. Principalement, les études
démontrent que l’effet négatif lié au découragement des chômeurs dans leur recherche d’emploi est
significativement supérieurs lorsque le taux de chômage est bas, que lorsqu’il est élevé.
En pratique, sous quelle forme devrions-nous adopter ce type de système d’assurance chômage ?
Il est primordial que le système puisse être guidé par des critères économiques plutôt que politiques.
Une décision de modification de l’allocation de chômage émanant des autorités en place constitue
plusieurs problèmes. Premièrement, dans cette perspective, il est assez probable que la décision ne se
fasse pas en concordance avec la réalité économique, étant donné la possible lenteur administrative
liée à la collecte d’information, la prise de décision et la mise en œuvre de la mesure.