Vascularisation artérielle de l¶acétabulum. Implications dans les

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,PSOLFDWLRQVGDQVOHVRVWpRWRPLHVSpUL
DFpWDEXODLUHV
M. BECK, M. LEUNIG, T. ELLIS, J.B. SLEDGE ET R. GANZ
,QWURGXFWLRQ
La nécrose avasculaire du fragment acétabulaire est l’un des arguments principaux
des opposants aux techniques d’ostéotomies juxta-acétabulaires [13, 15]. La
nécrose avasculaire a été rapportée après utilisation des ostéotomies périacétabulaires de rotation chez l’adulte [9, 12, 19, 20, 22, 23] et avec l’ostéotomie
bernoise péri-acétabulaire quand la section inférieure est intra-articulaire,
interrompant le rameau acétabulaire de l’artère obturatrice [11]. Des études
précédentes ont suggéré que la seule vascularisation persistant après une
ostéotomie péri-acétabulaire soit l’artère obturatrice [12, 13]. Cependant, il
n’existe pas de publication concernant la vascularisation après ostéotomie périacétabulaire bernoise.
Le but de cette étude était d’examiner la vascularisation de l’acétabulum et tout
particulièrement les conséquences de l’ostéotomie péri-acétabulaire bernoise [6,
17, 18].
0DWpULHOHWPpWKRGH
La vascularisation du fragment péri-acétabulaire a été étudiée sur des cadavres
frais âgés de 60 à 85 ans après injection d’environ 250 ml de latex coloré en vert
dans l’aorte abdominale. Le remplissage optimal des artères, même très petites,
fut considéré comme obtenu lorsque la coloration de la peau des orteils virait à
celle du latex injecté. Les hanches qui avaient subi des interventions précédentes
dans la zone qui nous intéressait avaient été exclues de l’étude. Des radiographies
n’ont pas été réalisées mais, selon leur apparence clinique, aucune hanche n’était
dysplasique. Au cours des dissections réalisées pour une étude anatomique du
muscle petit fessier [1], l’importance de l’artère glutéale supérieure pour la
vascularisation de l’acétabulum a été reconnue et l’étude vasculaire a été étendue
1
aux versants inférieur et interne de l’acétabulum. Ainsi l’anatomie de l’artère
glutéale supérieure a été étudiée sur 16 hanches, et sur 5 de ces hanches a
également été étudiée la vascularisation fournie par l’artère glutéale inférieure,
l’artère obturatrice, les artères circonflexes fémorales médiale et latérale et leurs
anastomoses. Pour compléter la compréhension de l’anatomie vasculaire, la
vascularisation du versant interne du bassin a été étudiée sur 4 autres hanches.
Après avoir terminé l’étude anatomique, une ostéotomie péri-acétabulaire
bernoise [6, 17, 18] fut réalisée sur deux hanches après injection des artères avec
du latex coloré, pour confirmer les résultats obtenus par l’étude anatomique.
Après ostéotomie de l’épine iliaque antérieure et supérieure, le muscle iliaque
était ruginé du versant interne du bassin. Les tendons direct et réfléchi du muscle
droit de la cuisse étaient sectionnés et la capsule articulaire était préparée. En
pénétrant dans l’espace situé entre la capsule et le muscle obturateur externe,
l’incisure infra-acétabulaire (située au-dessous de la corne postérieure) était
palpée et une ostéotomie incomplète de l’ischium était réalisée. Après
l’ostéotomie complète de la branche supérieure du pubis, les muscles abducteurs
étaient ruginés sur largeur d’environ 3 cm, de la crête inter-épineuses jusqu’à la
grande échancrure ischiatique pour mettre en place un écarteur destiné à protéger
les parties molles, et l’ilium était ostéotomisé. A partir de l’intérieur, l’ostéotomie
était ensuite complétée dans la région de la surface quadrilatère. Le fragment était
mobilisé et fixé avec une correction substantielle (20° d’abduction et 20° de
flexion). Les hanches étaient ensuite disséquées et la vascularisation restante du
fragment péri-acétabulaire était étudiée.
5pVXOWDWV
$UWqUHJOXWpDOHVXSpULHXUH
Après avoir abandonné sa branche superficielle, la branche profonde se divisait en
quatre rameaux : supérieur, inférieur, supra-acétabulaire et acétabulaire (fig. 1).
Le rameau supérieur (1,5 à 2 mm de diamètre) suivait le bord supérieur du muscle
petit fessier jusqu’à l’épine iliaque antérieure et supérieure où il s’anastomosait
avec des rameaux des artères circonflexes iliaques profonde et superficielle et de
2
l’artère ilio-lombaire. Le rameau inférieur (de 0,5 à 2 mm de diamètre) cheminait
avec le nerf glutéal supérieur sur le versant latéral du muscle petit fessier jusqu’au
muscle tenseur du fascia lata et s’anastomosait avec la branche ascendante de
l’artère circonflexe fémorale latérale.
Le rameau supra-acétabulaire (de 1 à 1,5 mm de diamètre) cheminait à l’intérieur
du corps charnu du muscle petit fessier jusqu’au toit de l’acétabulum, rejoignait le
rameau acétabulaire et se poursuivait jusqu’à la crête inter-épineuse. A ce niveau,
il s’anastomosait avec des branches de l’artère ilio-lombaire et de la branche
ascendante de l’artère circonflexe fémorale latérale (fig. 2). Le rameau supraacétabulaire naissait directement de la branche profonde sur 4 spécimens, du
rameau supérieur sur 3 spécimens, du rameau inférieur sur 8 spécimens et il
manquait sur 1 spécimen.
Le rameau acétabulaire (de 1 mm de diamètre), suivait le bord inférieur du muscle
petit fessier pour atteindre la partie postéro-supérieure de l’acétabulum et se
continuait sur environ 1,5 à 2 cm jusqu’au bord du toit de l’acétabulum. Il
s’anastomosait avec le rameau supra-acétabulaire à mi-distance environ du toit de
l’acétabulum. Il naissait dans tous les cas de la branche profonde.
$UWqUHJOXWpDOHLQIpULHXUH
L’artère glutéale inférieure naissait au-dessous du muscle piriforme et se divisait
en une branche pour le nerf sciatique, une branche pour le muscle piriforme et
deux ou trois petits vaisseaux de 0,5 à 0,8 mm de diamètre pour la paroi
postérieure. Quatre des cinq hanches disséquées montraient des anastomoses avec
l’artère glutéale supérieure au niveau de la partie postéro-supérieure de
l’acétabulum. L’anastomose avec la branche postérieure de l’artère obturatrice fut
trouvée dans l’incisure infra-acétabulaire dans tous nos spécimens.
$UWqUHFLUFRQIOH[HIpPRUDOHPpGLDOH
La branche profonde de l’artère circonflexe fémorale médiale abandonnait deux
branches de 0,5 mm de diamètre à l’acétabulum. L’une vascularisait également la
partie antérieure et inférieure de la capsule articulaire. L’autre cheminait le long
du bord latéral du muscle pectiné, vascularisait la partie antéro-inférieure de
3
l’acétabulum (fig. 3) et se poursuivait jusqu’à l’éminence ilio-pectinée où elle
s’anastomosait avec des branches de l’artère ilio-lombaire. Sur deux des cinq
hanches, une anastomose l’unissait au rameau acétabulaire de l’artère obturatrice.
$UWqUHREWXUDWULFH
L’artère obturatrice naissait dans 3 cas du tronc antérieur et dans 1 cas de l’artère
iliaque interne même au niveau de sa bifurcation en troncs antérieur et postérieur.
Elle cheminait au-dessous de la ligne innominée et abandonnait 3 ou 4 branches à
la lame quadrilatère et à la branche supérieure du pubis. Sur 1 hanche une
anastomose l’unissait à l’artère épigastrique inférieure. A sa sortie du canal
obturateur, l’artère obturatrice se divisait en un rameau acétabulaire pour la fosse
acétabulaire, un rameau postérieur et un rameau antérieur. Le rameau acétabulaire
(de 1 mm de diamètre) pénétrait l’articulation par l’incisure acétabulaire, audessous du ligament transverse. Dans la fosse acétabulaire elle se divisait en une
branche destinée au ligament de la tête fémorale et 3 à 5 branches pour le plancher
de l’acétabulum. Le rameau postérieur courrait le long du bord du foramen obturé
et abandonnait une branche à la partie inférieure de l’acétabulum qui
s’anastomosait avec l’artère glutéale inférieure au niveau de l’incisure infraacétabulaire. Le rameau antérieur vascularisait le muscle obturateur externe et la
branche supérieure du pubis. Il n’y avait pas d’anastomose en avant avec l’artère
glutéale supérieure. Sur deux des cinq hanches, elle s’anastomosait avec l’artère
circonflexe fémorale médiale.
4XDWULqPHDUWqUHORPEDLUH
La quatrième artère lombaire, de 1 à 1,5 mm de diamètre, naissait de l’artère
iliaque interne, proximalement à la bifurcation des artères iliaques interne et
externe. Elle passait entre les muscles psoas et iliaque et se divisait en deux
branches principales. Une branche suivait la crête iliaque et s’anastomosait en
avant avec des branches de l’artère circonflexe iliaque profonde. L’autre branche
se ramifiait en plusieurs branches sur le muscle iliaque, certaines perforant le
muscle et vascularisant l’os sous-jacent.
4
$UWqUHLOLRORPEDLUH
L’artère ilio-lombaire naissait du tronc postérieur sur trois hanches et de l’artère
obturatrice sur la dernière. En plus de son rameau final, elle se divisait en une
branche superficielle (de 1 à 1,5 de diamètre) sur le versant péritonéal du muscle
iliaque et en une branche profonde (de 1 à 1,5 mm de diamètre) pour la
vascularisation de l’os coxal. La branche profonde se divisait en trois rameaux
parmi lesquels l’artère nourricière de l’os coxal était la plus large (fig. 4). Le
rameau supérieur gagnait l’épine iliaque antérieure et supérieure et s’anastomosait
avec l’artère glutéale supérieure et les artères circonflexes iliaques superficielle et
profonde. Le rameau inférieur courait le long du bord du pelvis et gagnait l’épine
iliaque antérieure et inférieure et l’éminence ilio-pectinée. En regard de l’épine
iliaque antérieure et inférieure, le rameau inférieur s’anastomosait avec le rameau
supra-acétabulaire de l’artère glutéale supérieure et avec la branche descendante
de l’artère circonflexe fémorale latérale. En regard de l’éminence ilio-pectinée, il
s’anastomosait avec des branches de l’artère circonflexe fémorale médiale (fig. 3).
Sur deux des quatre hanches, l’artère nourricière de l’acétabulum pénétrait l’os 1
centimètre en avant de l’articulation sacro-iliaque et en dehors du bord du pelvis.
Sur deux autres hanches, l’artère nourricière pénétrait l’os environ 1 centimètre en
dedans du bord du pelvis. Sur une de ces hanches, l’artère ilio-lombaire naissait
de l’artère obturatrice. Les branches destinées à la crête inter-épineuse et à
l’éminence ilio-pectinée (rameau inférieur de l’artère ilio-lombaire) étaient
fournies par l’artère obturatrice sur ces deux hanches.
9DVFXODULVDWLRQDSUqVRVWpRWRPLHSpULDFpWDEXODLUH
Sur les deux hanches, la vascularisation du fragment acétabulaire était toujours
assurée par les rameaux supra-acétabulaire et acétabulaire de l’artère glutéale
supérieure, les branches acétabulaires de l’artère glutéale inférieure (fig. 5) et
l’artère obturatrice. La participation issue de la quatrième artère lombaire, de
l’artère ilio-lombaire et des branches de l’artère obturatrice pour l’os coxal et la
lame quadrilatère avait été interrompue au cours de l’abord et des coupes supraacétabulaire et rétro-acétabulaire. Au cours de la voie d’abord de la capsule, les
tendons direct et réfléchi du muscle droit de la cuisse étaient détachés,
interrompant l’anastomose avec la branche ascendante de la l’artère circonflexe
5
fémorale latérale. En arrière et en bas, l’anastomose entre l’artère glutéale
inférieure et l’artère obturatrice au niveau de l’incisure infra-acétabulaire avait été
interrompue par l’ostéotomie de l’ischium. Nous n’avons pas fait de remarque
particulière sur la vascularisation que fournissait encore l’artère circonflexe
fémorale médiale à la paroi antérieure. Ensuite, la couverture antérieure et latérale
était augmentée de 20°, ce qui aboutissait à la création d’un vide antérieur
d’environ 1,5 cm. Les vaisseaux qui jusque là avaient été préservés, restaient tous
intacts, les rameaux acétabulaires de l’artère glutéale supérieure et de l’artère
glutéale inférieure étaient légèrement étirés. Dans les deux cas cependant, le
rameau supra-acétabulaire était protégé dans le muscle petit fessier qui évitait une
traction sur ce vaisseau.
Un schéma d’étude anatomique est présenté à la fig. 6.
'LVFXVVLRQ
L’étude a été réalisée pour préciser la vascularisation de l’acétabulum et tout
particulièrement ses implications dans l’ostéotomie péri-acétabulaire bernoise.
Très tôt au cours des dissections, nous avons reconnu l’importance de l’artère
glutéale supérieure et de la voie d’abord chirurgicale sur sa vascularisation. C’est
pourquoi la vascularisation fournie par l’artère glutéale supérieure a été étudiée
sur 16 hanches et, sur 5 d’entre elles, nous avons également étudié la
vascularisation de la partie inférieure de l’acétabulum. La vascularisation issue de
la face interne du bassin n’a été étudiée que sur 4 hanches. La raison en est que
l’ostéotomie péri-acétabulaire bernoise est habituellement réalisée par une voie
d’abord de Smith-Petersen modifiée, au cours de laquelle les parties molles sont
détachées à partir de l’intérieur du bassin. Il s’ensuit que la vascularisation intrapelvienne fournie par l’artère ilio-lombaire et la quatrième artère lombaire est
inévitablement interrompue et cela était donc d’un intérêt mineur pour notre
étude.
Les résultats de l’étude présente sont basés sur la dissection de hanches non
dysplasiques. Dans la majorité des hanches dysplasiques, les résultats en auraient
été les mêmes. En cas de dysplasie sévère avec hanche luxée, on peut supposer
des modification de trajet des vaisseaux sanguins.
6
L’importance de l’artère glutéale supérieure pour la vascularisation du toit de
l’acétabulum est bien connue [5, 13, 25]. La présence d’une artère « supraacétabulaire » a été décrite par von Lanz [14] et, à la suite du travail de Bergoin et
Louis [2], Letournel et Judet [16] ont décrit une « artère du toit de
l’acétabulum ».Cependant, la division de la branche profonde en quatre rameaux
(supérieur, inférieur, supra-acétabulaire et acétabulaire) et l’importance des
rameaux supra-acétabulaires et acétabulaires pour la vascularisation du toit de
l’acétabulum n’avaient pas encore été décrites. Les rapports étroits des rameaux
acétabulaire et supra-acétabulaire avec le muscle petit fessier, et en particulier le
trajet intra-musculaire du rameau supra-acétabulaire, protègent ses vaisseaux au
cours de la chirurgie et du déplacement des fragments acétabulaires. L’artère
glutéale inférieure abandonne 2 ou 3 branches à la paroi postérieure. Si l’on en
juge par le petit diamètre de ces vaisseaux, leur contribution à la vascularisation
acétabulaire semble moins importante ; cependant, elles n’anastomosent avec le
système de l’artère glutéale supérieure et de l’artère obturatrice. Après une
ostéotomie péri-acétabulaire, la vascularisation fournit par l’artère glutéale
inférieure reste intacte (fig. 5).
Sur la base de l’étude anatomique, on peut évaluer les modifications de la
vascularisation sanguine créées par l’ostéotomie péri-acétabulaire et ceci a été
confirmé par les dissections ultérieures. Dans le présent travail, une correction
variant de modérée à substantielle, avec une augmentation de la couverture
antérieure et latérale de 20° chacune, a été réalisée. A ce stade, alors qu’il y avait
un espace antérieur entre les fragments d’environ 1,5 cm, les rameaux
acétabulaires de l’artère glutéale supérieure et de l’artère glutéale inférieure
étaient légèrement étirés. Le rameau supra-acétabulaire, qui court à l’intérieur du
muscle petit fessier, était bien protégé et ne semblait pas être sous tension
excessive(fig. 5). Les effets de la correction sur les vaisseaux sanguins étaient
difficiles à appréhender car le latex altère les propriétés mécaniques des vaisseaux
sanguins. Bien que même les petites banches acétabulaires de l’artère glutéale
supérieure et de l’artère glutéale inférieure restent intactes après la correction,
d’éventuelles altérations des propriétés mécaniques et le petit nombre
7
d’ostéotomies réalisées rendent contestables nos conclusions sur la perméabilité
de ces vaisseaux après ostéotomie.
L’évaluation per-opératoire de la vascularisation sanguine par Doppler laser
montrait seulement une petite modification de la vascularisation entre le moment
de l’ostéotomie et la mobilisation du fragment acétabulaire [8]. Ceci laisse à
penser que la vascularisation acétabulaire fournie par les vaisseaux principaux
n’est pas altérée de façon significative par le déplacement au cours de la
correction.
La vascularisation de la partie inférieure de l’acétabulum par l’artère obturatrice
après qu’elle a émergé du foramen obturé, reste intacte comme d’autres l’ont
décrit [12, 13]. Pour protéger l’artère obturatrice, la désinsertion du muscle iliaque
doit être réalisée strictement de façon sous-périostée et ne doit pas s’étendre dans
le foramen obturé. Si l’ostéotomie est réalisée à travers l’U radiologique, la
branche acétabulaire est sectionnée et si, de plus, les muscles abducteurs sont
désinsérés, une nécrose avasculaire du fragment acétabulaire peut survenir [11].
La vascularisation fournie par l’artère circonflexe fémorale médiale à la paroi
antérieure correspond aux descriptions préalables [10] et, en raison de son trajet et
de sa position, elle reste intacte au cours de l’ostéotomie péri-acétabulaire.
La vascularisation artérielle fournie par l’artère iliaque interne et ses branches est
extrêmement variable [7, 13, 24]. Ceci s’est vérifié sur nos dissections qui ont
montré l’origine variable de l’artère obturatrice et de l’artère ilio-lombaire. Le
foramen nourricier principal est habituellement décrit comme situé en avant de
l’articulation sacro-iliaque et latérale au bord du pelvis [4, 7, 14]. Cependant dans
notre étude, sur deux des quatre hanches, le foramen nourricier principal était
situé en dedans du bord du pelvis. Quand son point d’entrée est latéral au bord du
pelvis, l’artère peut habituellement être visualisée au cours de l’intervention et
être coagulée. Cependant, quand elle est médiale, l’artère ne peut pas être vue et
l’hémorragie survenant de sa partie intra-osseuse après ostéotomie iliaque peut
être importante.
8
Le risque de nécrose avasculaire du fragment acétabulaire après ostéotomie juxtaacétabulaire est l’un des principaux arguments les opposant à cette technique [15].
Le risque de nécrose avasculaire a été considéré comme improbable chez l’enfant
[3]. Cependant, toutes les techniques de réorientation, qu’elles soient proches ou
réalisées à distance de l’acétabulum, qu’elles soient basées sur une ou plusieurs
ostéotomies, interrompent forcément la vascularisation issue de l’artère iliolombaire et destinée au fragment supra-acétabulaire. En utilisant la vélocimétrie
Doppler laser, Hempfing et al. [8] ont montré que la vascularisation intra-osseuse
diminuait d’environ 40 % dans cette région quand le vaisseau pénétrant l’os coxal
était coagulé après exposition sélective.
Pour les ostéotomies acétabulaires de rotation réalisées par une voie d’abord
latérale ou postéro-latérale [12], et pour les autres ostéotomies péri-acétabulaires
où le versant externe du bassin est exposé jusqu’à la capsule articulaire [13], la
vascularisation du fragment acétabulaire n’est plus assurée que par l’artère
obturatrice et, si le fragment acétabulaire est trop fin, une nécrose avasculaire peut
survenir [12, 22, 23].
La modification de l’ostéotomie péri-acétabulaire bernoise réalisée par deux
incisions [15] ou par une voie d’abord ilio-inguinale a l’avantage de conserver
l’anastomose entre le rameau supra-acétabulaire et la branche ascendante de
l’artère circonflexe fémorale latérale (fig. 2), mais, avec la technique à deux
incisions, la vascularisation issue de l’artère glutéale inférieure et probablement
du rameau acétabulaire de l’artère glutéale supérieure est interrompue. L’avantage
de la voie d’abord de Smith-Petersen modifiée est l’exposition de la capsule
articulaire qui permet une capsulotomie antérieure pour la correction du conflit
antérieur entre fémur et acétabulum [21]. Pour nous, la capsulotomie antérieure
est obligatoire [21], c’est un facteur important pour obtenir un bon résultat qui
l’emporte sur la préservation de la vascularisation capsulaire. Cependant, la
vascularisation de la capsule articulaire et sa contribution à la vascularisation des
fragments acétabulaires n’est pas connue et pourrait être l’objet d’études
ultérieures.
9
La réalisation préalable d’une butée arthroplastique ou d’une ostéotomie de Chiari
compromet la vascularisation apportée par l’artère glutéale supérieure et la
vascularisation du fragment acétabulaire ne dépendra plus que de l’artère
obturatrice et des vaisseaux amenés à la paroi antérieure par la l’artère circonflexe
fémorale médiale (fig. 3).
Nos dissections ont montré que, en réalisant toutes les sections à partir du versant
interne du pelvis [17, 18], la vascularisation de l’acétabulum est maintenue par
l’artère obturatrice, par les branches supra-acétabulaire et acétabulaire de l’artère
glutéale supérieure. Même la rugination des abducteurs sur une largeur de 3 cm,
permet de conserver ses vaisseaux intacts. Ceci a également été montré par la
vélocimétrie Doppler laser qui ne montre pas de modification du flux sanguin au
cours de cette étape chirurgicale [8]. C’est pourquoi nous recommandons de
réaliser les techniques d’ostéotomies péri-acétabulaires de réorientation et
spécialement les sections supra-et rétro acétabulaires de l’intérieur du pelvis en
conservant un pont osseux supra-acétabulaire de 2 à 2,5 cm. Ceci permet une
vascularisation suffisante du fragment acétabulaire.
/pJHQGHVGHVILJXUHV
)LJ Vue latérale d’une hanche gauche après ablation du muscle moyen fessier et d’une partie
du muscle petit fessier. Dans la grande échancrure sciatique (), l’artère glutéale supérieure se
divise en rameaux supérieur (), inférieur (), supra-acétabulaire () et acétabulaire (). Le
quadrant postérieur du muscle petit fessier () a été conservé pour montrer le trajet intramusculaire du rameau supra-acétabulaire qui, après s’être anastomosé avec le rameau acétabulaire,
gagne l’épine iliaque antérieure et inférieure (). Le muscle piriforme () a été récliné vers le bas
après résection de son tendon. 9, le tendon réfléchi du muscle droit de la cuisse
)LJ Vue antéro-latérale de la hanche droite. Le rameau supra-acétabulaire de l’artère glutéale
supérieure () chemine sur le toit de l’acétabulum et s’anastomose avec la branche ascendante de
la LSCA () dans la région de l’épine iliaque antérieure et inférieure (). , Tendon réfléchi du
muscle droit de la cuisse ; , capsule articulaire
)LJ Vue antérieure de la hanche droite. La MSCA () abandonne deux branches à la paroi
antérieure. L’anastomose qui l’unit au rameau inférieur de l’artère ilio-lombaire () chemine en
dedans de l’épine iliaque antérieure et inférieure (). , Tête fémorale ; , capsule articulaire
détachée et réclinée. Le rameau inférieur de l’artère ilio-lombaire () s’anastomose avec le rameau
supra-acétabulaire () de l’artère glutéale supérieure dans la région de la crête inter-épineuse
)LJ Vue antérieure de la partie interne du bassin sur une hanche droite. L’artère ilio-lombaire
() naît en même temps que l’artère obturatrice () du tronc postérieur . L’artère nourricière ()
pénètre l’os coxal en avant du bord du pelvis. , Vaisseau destiné au muscle iliaque ; , rameau
10
supérieur destiné à la crête inter épineuse ; , rameau inférieur destiné à l’épine iliaque antérieure
et inférieur et à l’éminence ilio-pectinée
)LJ Fragment acétabulaire d’une hanche gauche en position corrigée avec un écart
interfragmentaire de 1,5 à 2 cm à la partie la plus antérieure de l’ostéotomie supra-acétabulaire. La
partie proximale du fémur a été enlevée. La vascularisation restante provient des rameaux supraacétabulaire () et acétabulaire () de l’artère glutéale supérieure et des branches acétabulaires ()
de l’artère glutéale inférieure
)LJ$%$ Diagramme de la vascularisation du versant externe de l’acétabulum de la hanche
droite. La contribution de la MSCA et de ses branches à la partie antérieure et inférieure de
l’acétabulum n’est pas représentée. % Vascularisation intra-pelvienne. Les artères viscérales n’ont
pas été représentées
7UDGXFWLRQ&)RQWDLQH
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