A la fin du XVIIIème siècle, une controverse oppose l’abbé Needham, partisan de la
génération spontanée et l’abbé Spallanzani qui ne partage pas ses opinions. Des
expérimentations sont effectuées par l’un et l’autre savants sans parvenir à faire abandonner le
paradigme de la génération spontanée. Il faut attendre le XIXème siècle et Louis Pasteur
(1822-1895) pour mettre un point final à l’ère de la génération spontanée par une
démonstration célèbre de 1862, consécutive à la publication par Pouchet en 1859, d’un traité
de 700 pages sur les “ preuves ” de la génération spontanée. Parallèlement à cette controverse,
une nouvelle révolution scientifique se préparait : la théorie de l’évolution.
2) La théorie de l’Evolution
Le premier à énoncer l’idée d’évolution des espèces est certainement Lamarck (1744-
1859) dont le nom est attaché à la théorie des caractères acquis. Il faut cependant attendre
Darwin (1809-1882) et la théorie de la sélection naturelle pour que la compréhension du
phénomène de l’évolution prenne ses lettres de noblesse. Après le darwinisme initial, la
théorie est enrichie par la découverte de la génétique par Mendel et Hugo de Vries puis par les
travaux de Morgan en génétique des populations. A partir de 1940, la théorie synthétique de
l’évolution voit le jour avec Huxley qui lui donne ce nom mais aussi avec Mayr, Simpson,
Stebbins. Cette théorie reste à l’heure actuelle la théorie de référence concernant l’explication
des mécanismes de l’évolution malgré quelques essais épisodiques de renouveau. Basée sur la
sélection naturelle, elle utilise conjointement les données de la paléontologie, de l’anatomie
comparée de la génétique, de la biostratigraphie, de l’écologie. En bref, elle explique que des
variations génétiques de petite taille et aléatoires, les mutations, fournissent à l’espèce ne
variabilité inépuisable que la sélection naturelle ajoute constamment aux conditions de
l’environnement. Donc une adaptation constante de l’espèce conduit à des progrès continus et
graduels. Cette sélection ne joue pas le rôle d’un simple tamis , mais elle possède un pouvoir
sélectif de suscitation et d’organisation des potentialités du génome. Les progrès techniques
actuels et la connaissance moléculaire du génome, notamment des gènes du développement
laissent entrevoir cependant de nouveaux mécanismes explicatifs2. Par ailleurs, la théorie de
l’évolution préside également l’explication des origines de la vie, soumise à la sélection de
certains types moléculaires. Dans le paragraphe consacré à l’évolution biologique, nous
tenterons de donner les jalons des théories explicatives des origines de la vie et de l’évolution
biologique.
3) Les origines de la vie
A partir des années 1920, la notion d’évolution biologique est étendue à la matière
inanimée et c’est alors que prend forme le début d’une explication scientifique de l’origine de
la vie3. En1922, Oparin expose quelques hypothèses sur la manière dont les premières
cellules vivantes auraient pu se former à la surface de la Terre. Son ouvrage publié en 1924 ne
connaît aucun succès. En 1929, le Britannique Haldane publie indépendamment un ouvrage
exposant à peu près les mêmes principes mais il n’a pas plus de succès. Globalement, il était
2 Voir Chaline, J., 1999. Les Horloges du Vivant, Hachette Ed.
3 Auparavant, la question de l'origine de la vie n'est que rarement abordée par les scientifiques, même si Darwin
y fait allusion en 1871, lorsqu’il écrit “ .On dit fréquemment que toutes les conditions pour la primo
production d’un organisme vivant existent encore aujourd’hui et qu’elles ont toujours existé. Mais si
(attention, c’est un très grand si !) dans quelque mare chaude contenant toutes sortes de sels ammoniaqués et
phosphorés il pouvait se former, grâce entre autres, à la lumière, à la chaleur ou à l’électricité, etc., une
protéine prête à subir d’autres modification plus complexes, cette protéine serait de nos jours, instantanément
dévorée ou absorbée, ce qui n’aurait aucunement été le cas avant la formation es êtres vivants. ”(cité par
Leroy, F., 1993, L’origine de la vie, Biocosmos Centre éd.)