Innervation du muscle multifide lombaire

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UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL
MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE,
d’IMAGERIE et de MORPHOGENESE
2013-2014
UNIVERSITE DE NANTES
Innervation du muscle multifide lombaire
Par
FERRER Mélissa
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES
Président du jury :
Pr. O. HAMEL
Enseignants :
Pr. R. ROBERT
Pr. O. ARMSTRONG
Pr. A. HAMEL
Dr. S. PLOTEAU
Référents :
Pr. Antoine HAMEL, Pr. Kevin BUFFENOIR-BILLET
Laboratoire :
S. LAGIER
Y. BLIN
1
UNIVERSITE DE NANTES
FACULTE DE MEDECINE
MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES
UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL
MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE,
d’IMAGERIE et de MORPHOGENESE
2013-2014
UNIVERSITE DE NANTES
Innervation du muscle multifide lombaire
Par
FERRER Mélissa
LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES
Président du jury :
Pr. O. HAMEL
Enseignants :
Pr. R. ROBERT
Pr. O. ARMSTRONG
Pr. A. HAMEL
Dr. S. PLOTEAU
Référents :
Pr. Antoine HAMEL, Pr. Kevin BUFFENOIR-BILLET
Laboratoire :
S. LAGIER
Y. BLIN
2
Remerciements
Au Professeur Kevin Buffenoir-Billet, pour m’avoir proposé ce sujet passionnant et pour avoir
répondu présent à chaque fois que j’eus besoin d’aide. Tout ce temps consacré à m’aider, de mes
dissections jusqu’à la rédaction de mon mémoire, m’a encouragée à mener à terme mes travaux.
Au Professeur Olivier Hamel, pour m’avoir rendu service lors de notre deuxième année d’étude :
les leçons que j’en ai tirées me seront utiles tout au long de mon exercice professionnel. Je suis
également reconnaissante pour les conseils apportés à la vue de mes dissections qui m’ont permis
d’avancer, ainsi que pour la considération et l’attention portées à l’égard des élèves dans le cadre
d’un master à la hauteur de sa réputation.
Au Professeur Jean-Michel Rogez, pour nous avoir initiés à sa passion devenue la nôtre, et pour
nous avoir fait comprendre que dans cette discipline tout s’explique.
Aux Professeurs d’Anatomie de Nantes, pour permettre à des étudiants de mener des travaux de
recherche dans le domaine qu’ils affectionnent.
Au Docteur Pierre-Marie Longis, pour m’accueillir en salle sur des opérations remarquables, et
pour m’avoir aidée à trouver des images de radio-anatomie.
Aux Orthopédistes du service et leurs Internes, pour leur disponibilité et leur pédagogie.
À mes camarades du laboratoire, en particulier à Pauline et Amélie, pour leur soutien moral.
À Messieurs Stéphane Lagier et Yvan Blin pour leur collaboration technique.
À mes proches, pour leur soutien.
À mes deux nièces, Inès Gassama et Maxine Pamen-Ferrer, avec tout mon amour et ma fierté.
3
Au Professeur Antoine Hamel,
Au cours des trois dernières années, vous nous avez préparés à un métier difficile qui ne
laisse aucune place à l’approximation, grâce à la précision dont vous avez fait preuve lors de
l’exercice de vos fonctions. Vous fûtes ainsi l’un des piliers de notre formation de premier cycle, de
par la qualité de vos enseignements et l’étendue de vos connaissances.
Exigent à l’égard de vos élèves, vous avez su nous faire progresser plus rapidement qu’aucun autre
enseignant.
Je n’oublierai pas l’attention portée sur mon travail, et la raison qui m’a poussée à choisir
cette région.
Je suis convaincue que vos méthodes concourront, en temps voulu, à faire de nous de
meilleurs praticiens.
Voyez en ces quelques lignes, Monsieur, l’expression de mon sincère respect.
4
Sommaire
Introduction
6
Matériels et méthodes
7
7
o Matériels
o Méthodes
Résultats
o Plans de dissection de la superficie à la profondeur
9
o Les rameaux dorsaux lombaires
14
o Trajets nerveux
17
20
23
24
o Terminaisons
o Variation anatomique
o Radioanatomie
Discussion
o Anatomie fonctionnelle : le nerf inter-épineux et le muscle multifide
o Comparaison de voies d’abord de laminectomie lombaire
25
25
Références
28
Résumé
29
5
Introduction
La portion lombaire du muscle multifide est actuellement au centre de plusieurs sujets d’étude,
qu’elles soient interventionnelles ou observationnelles. L’exploitation de ces études suppose une
bonne connaissance de l’anatomie de ce muscle, et en particulier de son innervation.
Le muscle multifide lombaire, qualifié de spino-transversaire par une équipe australienne, est le plus
volumineux muscle para-vertébral de la région lombaire. De sa morphologie métamérisée découle
son innervation dont la particularité est d’être répartie de manière uni-segmentaire [4]. Non content
d’être un excellent extenseur du rachis lombaire, il joue un rôle majeur dans la stabilité de celui-ci
lors des mouvements de rotation axiale du rachis thoraco-lombal [5].
Embryologiquement, la formation du rameau dorsal lombaire est consécutive à la migration dorsale
de la portion épimérique d’un myotome lombaire (à l’origine des muscles intrinsèques du dos) [3]. La
branche médiale de ce rameau innervera les structures molles de la gouttière para-vertébrale, et en
particulier le muscle multifide, la branche intermédiaire prendra en charge le muscle longissimus du
thorax, tandis que la branche latérale se destinera au muscle ilio-costal des lombes [1].
Les neurochirurgiens disposent actuellement pour leurs laminectomies de deux voies d’abord
majeures du rachis lombaire : l’abord inter-myolamaire nécessitant la désinsertion médiale des
muscles para-vertébraux, et l’abord mini-invasif dit transmusculaire décrit initialement par Wiltse [6-8]
consistant à passer entre les fibres du muscle multifide lombaire. Les données de la littérature ne
faisant acte d’aucune description comparative des lésions nerveuses engendrées lors de ces deux
procédures, et après constatation de douleurs postopératoires accrues lors de l’abord intermyolamaire par rapport à l’abord mini-invasif, cette étude a été menée afin de fournir des bases
anatomiques à la comparaison des deux voies d’abord.
Ces travaux de dissection ont donc pour objectif de mettre en évidence l’innervation du muscle
multifide dans sa portion lombaire, afin de comparer deux voies d’abord de laminectomie lombaire :
la voie mini-invasive de Wiltse et la voie inter-myolamaire.
6
Matériels et méthodes
I. Matériels
o Sujets
Sujet n°1 – femme de 83 ans et 3 mois - formolée – côtés droit et gauche
Sujet n°2 – homme de 77 ans et 0 mois – frais – côtés droit et gauche
Sujet n°3 – femme de 73 ans et 11 mois – formolée – côtés droit et gauche
o Instruments
- manche de bistouri n°4 et lames 23
- pinces à disséquer
- ciseaux
- burin et marteau
- pince gouge
- scies
II. Méthodes
o Préparation des sujets formolés
Après amputation des membres, les sujets 1 et 3 sont placés en décubitus ventral. L’incision est
réalisée sur la ligne médiane en regard du processus épineux de la neuvième vertèbre thoracique
jusqu’en regard de la quatrième vertèbre sacrée. Puis l’incision est élargie en H et la dissection est
réalisée plan par plan.
o Préparation du sujet frais
Le sujet 2 est placé en décubitus dorsal et une incision en H est réalisée de l’appendice xiphoïde
jusqu’à la symphyse pubienne. La cavité péritonéale et l’espace rétro-péritonéal sont retirés pour
donner accès à la paroi postérieure de l’abdomen. Le rachis est scié au niveau de la douzième
vertèbre thoracique, les membres inférieurs sont amputés, puis le muscle grand psoas est retiré.
Le sujet 2 est initialement étudié en abord antérieur : les corps vertébraux sont retirés ainsi que le
ligament longitudinal postérieur afin d’avoir accès à la dure mère et au départ des racines spinales.
Une fois les muscles carré des lombes et inter-épineux enlevés, les rameaux dorsaux peuvent être
mis en évidence. À droite le bloc pédiculo-transverse des vertèbres lombaires est coupé.
Ensuite la branche médiale des rameaux dorsaux est suivie en abord postérieur.
7
o Dissection de la branche médiale du rameau dorsal lombaire
La branche médiale est identifiée lors de son passage à la face latérale du massif articulaire de la
vertèbre lombaire sous-jacente. Elle est ensuite suivie jusqu’au ligament mamillo-accessoire, qui sera
sectionné avec précaution afin de ne pas endommager le nerf. Pour mettre en évidence le trajet de
la branche médiale du rameau dorsal jusqu’à sa terminaison en regard du ligament inter-épineux, il
convient de préconiser des petites incisions musculaires répétées. En effet, ce nerf changeant de
plan antéro-postérieur, sa dissection requiert une démarche lente mais peu invasive. Ainsi, la
branche médiale du rameau dorsal et ses rameaux sont suivis millimètre par millimètre.
8
Résultats
I. Plans de dissection de la superficie à la profondeur
o Rapports postéro-latéraux
Le fascia thoraco-lombal encerclait étroitement les muscles para-vertébraux lombaires. Son feuillet
superficiel épais et nacré, tirait sa résistance de l’obliquité différente de ses fibres. Ce feuillet était
perforé latéralement par les rameaux cutanés des artères lombales.
Son ablation mit en évidence les muscles érecteurs du rachis de la région lombaire, constituant le
principal rapport postérieur et latéral du muscle multifide. Ces muscles étaient : médialement le
muscle longissimus du thorax et latéralement le muscle ilio-costal des lombes.
Pour parvenir au plan du muscle multifide, la dissection des muscles érecteurs du rachis était une
étape délicate au cours de laquelle une attention particulière devait être portée à la face latérale des
massifs articulaires des vertèbres lombaires afin de ne pas endommager les branches médiales des
rameaux dorsaux.
DPI
LT
IC
Crânial
Latéral
OE
FTL
fGMd
GMx
B
A
Figure 1 : A. Vue dorsale du feuillet superficiel du fascia thoraco-lombal (FTL). GMx : muscle glutéus maximus, fGMd : fascia
du muscle glutéus medius, OE : muscle oblique externe de l’abdomen, DPI : muscle dentelé postérieur et inférieur B. Ablation
du feuillet superficiel du fascia thoraco-lombal et du muscle dentelé postérieur et inférieur. LT : muscle longissimus du
thorax, IC : muscle ilio-costal des lombes.
9
Ventral
Latéral
muscle grand psoas
corps
vertébral
muscle carré des lombes
feuillet profond du
FTL
muscle multifide
muscles érecteurs du
rachis
feuillet superficiel du FTL
Figure 2 : Schéma d’une coupe transversale passant par le corps vertébral de la vertèbre L3 montrant la région paravertébrale. FTL : fascia thoraco-lombal.
o Le muscle multifide
Le muscle multifide lombaire était composé de cinq faisceaux constituant un ensemble homogène.
Son volume augmentait dans le sens crânio-caudal pour atteindre son maximum au niveau de la
jonction lombo-sacrée, qu’il pontait. Chaque faisceau était constitué de deux types de fibres
musculaires : les fibres courtes et les fibres longues.
Les fibres courtes étaient plus profondes et équivalaient aux muscles rotateurs du segment
thoracique. Elles s’inséraient à la face postérieure de chaque lame vertébrale. Elles se terminaient à
la face supéro-dorsale du tubercule mamillaire de la deuxième vertèbre lombaire sous-jacente. Les
fibres ‘laminaires’ issues des métamères L4 et L5 se terminaient respectivement sur le processus
articulaire de la vertèbre S1, et à la face dorsale du sacrum (au-dessus du premier foramen sacré).
Les fibres longues étaient plus superficielles et constituaient la majeure partie du muscle.
Elles s’inséraient sur chaque processus épineux lombaire par un tendon commun avant de diverger
caudalement et latéralement pour se terminer sur les processus mamillaires, le sacrum ou la crête
iliaque.
Ces cinq faisceaux s’organisaient dans le plan frontal de telle sorte que les premiers fussent en
position latérale par rapport aux derniers.
10
Crânial
Latéral
ligament inter-épineux
muscle multifide lombaire
muscle inter-épineux
Figure 3 : Schéma du muscle multifide lombaire à
gauche, et des branches médiales des rameaux
dorsaux lombaires à droite.
11
Crânial
Latéral
muscle multifide
lombaire
ligament
sur-épineux
muscle glutéus
maximus
Figure 4 : Photo d’une vue postérieure du muscle multifide lombaire.
12
o Gouttière para-vertébrale
Le muscle multifide lombaire se logeait dans la gouttière para-vertébrale : dans l’espace ménagé
entre les processus épineux (médialement), les lames, et les processus transverses (ventralement)
des vertèbres lombaires.
Sur le plan ligamentaire, des structures importantes participaient à la délimitation de cette
gouttière :
- le ligament sur-épineux, très solide, était tendu entre les extrémités des processus épineux
- le ligament inter-épineux était tendu du bord inférieur d’un processus épineux au bord
supérieur du processus épineux sous-jacent
- le ligament inter-transversaire était tendu entre les extrémités des processus transverses
Les muscles inter-épineux étaient des rapports médiaux du muscle multifide : ils s’inséraient sur les
processus épineux des vertèbres lombaires, de chaque côté des ligaments inter-épineux.
Les muscles inter-transversaires étaient tendus du bord inférieur d’un processus transverse au bord
supérieur du processus transverse sous-jacent. Ces muscles étaient les rapports latéraux des
rameaux dorsaux lombaires.
Figure 5 : Photo des rapports osseux des trois premières branches médiales des rameaux dorsaux lombaires, jusqu’à leur
terminaison en nerf inter-épineux. bm : branche médiale.
Crânial
rameaux articulaires
Dorsal
capsule articulaire
bm L1
bm L2
nerfs interépineux
bm L3
13
II. Les rameaux dorsaux lombaires
Les racines de la queue de cheval cheminaient dans le canal vertébral en suivant un trajet vertical.
Ces racines nerveuses étaient accolées deux à deux par une fine couche de pie-mère : ces binômes
correspondaient à la racine ventrale motrice et dorsale sensitive d’un hémi-métamère médullaire.
Celles-ci sortaient du canal vertébral en traversant la partie crâniale d’un foramen inter-vertébral,
avant de s’unir en amont du ganglion spinal pour donner naissance à la racine spinale.
La racine spinale avait un trajet très court vers le bas et vers le dehors, puis elle se terminait en deux
rameaux : ventral et dorsal.
Les rameaux ventraux des racines spinales lombaires s’entremêlaient entre les deux faisceaux du
muscle grand psoas et étaient ainsi à l’origine du plexus lombal.
Les rameaux dorsaux, plus grêles, passaient au-dessus du processus transverse de la vertèbre sousjacente avec une direction postérieure et caudale. Ils étaient à cet endroit un rapport médial intime
des muscles inter-transversaires. Ces rameaux se divisaient alors en trois branches (médiale, latérale
et intermédiaire), excepté au niveau du métamère L5 où les rameaux dorsaux se terminaient en deux
branches uniquement (médiale et intermédiaire). La division des rameaux dorsaux admettait des
variations interindividuelles importantes, mais il est cependant possible d’en donner une description
modale (cf figure 6).
L’innervation du muscle multifide était issue des branches médiales des rameaux dorsaux. Ainsi, ces
branches ont été suivies jusqu’à leur terminaison.
Dorsal
bm
bm
bl
bi
Latéral
PM
bi
bl
GS
Figure 6 : Schéma des rameaux dorsaux lombaires en vue supérieure : la disposition modale des rameaux L1 et L2 à gauche,
et des rameaux L3 et L4 à droite. bm : branche médiale, bi : branche intermédiaire, bl : branche latérale, PM : processus
mamillaire, GS : ganglion spinal.
14
Crânial
Latéral
bl
dure-mère
bi
bm
bl
bi
bl
bm
bm
bi
Figure 7 : Photo d’une vue antérieure des rameaux dorsaux L1 à L3 droits. bm : branche médiale, bi : branche intermédiaire,
bl : branche latérale.
15
Section du
pédicule de la
vertèbre L3
Figure 8 : Photo d’une vue ventrale du rameau
dorsal L4 droit
Crânial
Médial
Section du pédicule
vertébral L4
bm
bl
16
bi
III. Trajets nerveux
o De L1 à L4
Après avoir croisé la racine du processus transverse de la vertèbre sous-jacente, la branche médiale
du rameau dorsal cheminait à la face latérale de son massif articulaire. On nota la présence de
rameaux destinés à la capsule de l’articulation zygapophysaire crâniale.
Puis la branche médiale du rameau dorsal prenait une direction médiale pour passer en avant d’une
arcade fibreuse, tendue du processus mamillaire au processus accessoire de la vertèbre lombaire : le
ligament mamillo-accessoire. Ce ligament était fin mais solide, et permettait d’accoler le nerf contre
la vertèbre.
Une fois arrivées au sein de la gouttière para-vertébrale, les branches médiales des rameaux dorsaux
empruntaient des trajectoires particulières afin d’innerver leur faisceau du muscle multifide,
s’insérant sur le processus épineux de la vertèbre du même métamère. En effet, la branche médiale
L1 pénétrait très rapidement dans le premier faisceau du muscle multifide, tandis que les branches
médiales L2 à L4 contournaient ventralement les faisceaux issus des métamères sus-jacents pour
pénétrer au sein de celui de leur métamère d’origine.
Ces nerfs libéraient alors de multiples branches motrices très fines et de directions diverses (vers le
haut ou vers le bas voire vers l’arrière).
o De L5
Au niveau de L5, la branche médiale du rameau dorsal cheminait à la face supérieure de l’aileron
sacré, puis longeait la face latérale du massif articulaire de S1 où elle libérait des branches destinées
à la capsule de l’articulation inter-apophysaire. Lors de son trajet à la face dorsale du sacrum, dirigé
vers le bas et le dedans, elle contournait les quatre premiers faisceaux du muscle multifide à leur
face ventrale, pour atteindre le cinquième et dernier faisceau.
17
Crânial
Dorsal
Figure 9 : Photo d’une vue latérale de la branche médiale du rameau dorsal L1 droit : ses multiples branches pénètrent très
rapidement dans le premier faisceau du muscle multifide afin d’innerver les fibres musculaires.
Processus mamillaire
de la vertèbre L2
section du processus
transverse de la
vertèbre L2
rameaux
moteurs
branche médiale L1
muscle multifide
18
rameau dorsal L5
branche médiale L5
section de la
crête iliaque
branche
intermédiaire
L5
Crânial
Ventral
Figure 10 : Photo d’une vue latérale de la branche médiale du rameau dorsal L5 droit.
19
IV. Terminaisons
Les branches médiales des rameaux dorsaux de L1 à L4 terminaient leur trajectoire, par une branche
dite inter-épineuse, dans l’espace inter-épineux délimité entre la première et la deuxième vertèbres
lombaires sous-jacentes.
Cette branche inter-épineuse donnait deux rameaux : un superficiel moteur et un profond sensitif. Le
rameau profond libérait des branches perforantes destinées au ligament inter-épineux adjacent ;
tandis que le rameau superficiel donnait des branches motrices innervant le muscle inter-épineux
correspondant.
À titre d’exemple, le nerf inter-épineux L1 se terminait par un rameau superficiel innervant le muscle
inter-épineux L2-L3, et un rameau profond destiné au ligament inter-épineux L2-L3.
La branche médiale du rameau dorsal L5 se terminait au sein du cinquième faisceau du muscle
multifide en donnant quatre ou cinq branches motrices.
20
Crânial
Ventral
rameau moteur
nerf interépineux
rameau
sensitif
LIE
Figure 11 : Photo d’une vue latérale de la branche médiale du rameau dorsal L1 droit : sa terminaison en nerf inter-épineux
est mise en évidence, en particulier les branches perforantes destinées au ligament inter-épineux L2-L3. LIE : ligament interépineux.
21
Crânial
Dorsal
rameau
sensitif
processus
mamillaire de
la vertèbre L4
bm L3
LIE
rameau moteur
Figure 12 : Photo d’une vue latérale de la branche médiale du rameau dorsal L3 gauche, montrant sa terminaison en nerf
inter-épineux. bm L3 : branche médiale L3, LIE : ligament inter-épineux.
22
V. Variation anatomique
Les deux branches médiales L4 du sujet frais, dont la cinquième vertèbre lombaire avait subi une
sacralisation bilatérale, se terminaient au sein du quatrième faisceau du muscle multifide par quatre
branches motrices. Aucune branche inter-épineuse n’a été observée à ce niveau chez le sujet frais.
Crânial
Ventral
Figure 13 : Photo d’une vue latérale de la branche médiale du rameau dorsal L4 droit, montrant sa terminaison motrice
pour le quatrième faisceau du muscle multifide.
branches
terminales
motrices
branche médiale L4
section de la
crête iliaque
23
Ventral
Gauche
VI. Radio-anatomie
A
B
Figure 14 : Scanners passant par la vertèbre L5 A. Image normale d’une patiente de 40 ans B. Image d’un patient atteint
d’une scoliose sur infirmité motrice d’origine cérébrale néonatale : l’infiltration du muscle multifide est contemporaine de
son amyotrophie.
Le muscle multifide est un muscle volumineux très bien visible au scanner. À la hauteur de la
vertèbre L5, sa densité peut aisément être comparée à celle des muscles de l’éventail des fessiers. Il
est physiologique sur le scanner d’observer une zone hypo-dense interposée entre la lame vertébrale
et le muscle multifide : elle correspond à une fine couche de tissu adipeux dans laquelle cheminent
des éléments vasculo-nerveux.
Cependant lors de lésions nerveuses, qu’elles soient centrales ou périphériques, la perte de
trophicité du muscle multifide peut être responsable de son amyotrophie qui se traduit au scanner
par une infiltration graisseuse intra-musculaire (zones hypo-denses).
24
Discussion
I. Anatomie fonctionnelle : le nerf inter-épineux et le muscle multifide lombaire
o Le nerf inter-épineux
Le nerf inter-épineux est un nerf mixte, dont le contingent moteur prend en charge le muscle interépineux et le contingent sensitif se destine au ligament inter-épineux.
Cette sensibilité ligamentaire s’avère être de natures proprioceptives consciente et inconsciente. Elle
permettrait de manière inconsciente d’informer le cervelet de l’état de tension du ligament interépineux afin d’évaluer le degré de flexion du rachis lombaire. Cette voie empruntant le tractus spinocérébelleux dorsal participerait ainsi à la lutte contre les déséquilibres. De plus, cette sensibilité
proprioceptive permettrait consciemment de transmettre la palesthésie et, d’une moindre mesure,
le sens arthrocinétique. Cette voie emprunte les cordons dorsaux de la moelle spinale pour atteindre
le thalamus contro-latéral.
Cependant, les informations proprioceptives véhiculées par le nerf inter-épineux puis par la branche
médiale du rameau dorsal, peuvent être transmises aux deutoneurones constituant la voie spinothalamique controlatérale afin de signaler une sensation douloureuse de type somatique au
thalamus.
o Le muscle multifide lombaire
Le muscle multifide semble jouer un rôle majeur dans la stabilité du rachis lombaire lors de la
rotation axiale du rachis thoraco-lombaire [5].
Son implication directe dans le mouvement de rotation axiale du rachis lombaire est rendue peu
probable par la modestie de la composante horizontale du vecteur force du muscle multifide. De fait,
cette composante ne suffit pas à engendrer une force de cisaillement du disque intervertébral,
nécessaire à la rotation axiale lombaire après l’impaction de l’articulation inter-apophysaire [2].
En revanche, la stabilité du rachis thoraco-lombaire lors des mouvements de rotation axiale dépend
des muscles para-vertébraux comme le muscle multifide. En effet, les meilleurs rotateurs axiaux du
rachis thoracique, sont les muscles de la paroi antéro-latérale de l’abdomen. Or, lors de leur
contraction ils ont également une action non désirée de flexion du tronc. La flexion lombaire sera
contrée par le tonus du muscle multifide, qui lutte ainsi contre les mouvements « anormaux » [2].
II. Comparaison de voies d’abord de laminectomie lombaire
Trois abords postérieurs du rachis lombaire sont à ce jour décrits : l’approche de Watkins qui consiste
à passer entre les muscles carré des lombes ventralement et érecteurs du rachis dorsalement,
l’approche de Wiltse se servant du plan de clivage entre les muscles longissimus du thorax
latéralement et multifide médialement afin de passer entre les fibres de ce dernier, et enfin
l’approche inter-myolamaire nécessitant la désinsertion médiale des muscles para-vertébraux. Les
procédures indiquées pour les laminectomies sont les voies inter-myolamaire et mini-invasive de
Wiltse.
25
o Procédures chirurgicales
Lors d’un abord inter-myolamaire les processus épineux des vertèbres lombaires sont mis à nu par la
désinsertion au bistouri des muscles para-vertébraux et en particulier le muscle multifide lombaire.
Cette procédure relativement invasive peut engendrer entre autres des lésions des ligaments interépineux et sur-épineux. Après avoir rabattu la masse musculaire, les lames vertébrales sont
accessibles de manière relativement simple et intuitive.
L’abord mini-invasif fut décrit initialement par le Dr Wiltse dans son aspect technique [7-8], puis par
une équipe française dans ses aspects anatomiques [6]. Celui-ci consiste à trouver, grâce aux artères
perforantes le traversant, le plan de clivage entre les muscles longissimus du thorax latéralement et
multifide médialement. À l’aide de l’index, la masse musculaire des érecteurs du rachis peut être
rabattue latéralement afin de découvrir les massifs articulaires lombaires. La particularité de cet
abord, lui valant d’être qualifié de transmusculaire, réside dans sa trajectoire : à l’aide du doigt un
chemin est ménagé entre les fibres du muscles multifide lombaire afin de donner accès aux lames
vertébrales. L’utilisation de cette procédure requiert cependant une meilleure maitrise de l’anatomie
de la région lombaire.
o Lésions nerveuses
Lors de la voie inter-myolamaire le nerf inter-épineux est sectionné par la lame de bistouri, tandis
que la voie mini-invasive ne lèse très probablement que quelques branches motrices de la branche
médiale du rameau dorsal.
Ventral
Latéral
Figure 15 : Schéma comparatif des lésions nerveuses induites lors de la voie inter-myolamaire (à gauche) et de la voie miniinvasive (à droite). Sur cette coupe passant par le corps vertébral et le processus épineux L2, deux branches médiales sont
sectionnées : l’origine de la branche médiale L2 et le nerf inter-épineux de la branche médiale L1.
26
o Force et limites
Cette étude nous donne un argument de compréhension des plaintes fonctionnelles postopératoires
des patients opérés par laminectomie selon une des deux voies d’abord étudiées.
En effet, la douleur accrue des patients ayant subi l’abord inter-myolamaire peut être corrélée à la
section du nerf inter-épineux chargé de transmettre la sensibilité proprioceptive du ligament interépineux correspondant. Au contraire, la voie mini-invasive n’engendre que des lésions nerveuses
mineures potentiellement récupérables.
Cependant, seules les lésions nerveuses furent explorées au cours de cette étude, délaissant ainsi des
éléments importants tel que le rôle du muscle multifide dans la stabilité du rachis lombaire ou
encore l’impact des lésions vasculaires.
Il est aujourd’hui admis que le point d’application des forces du muscle multifide lombaire se situe au
niveau de son origine : le processus épineux de la vertèbre lombaire. Etant donné que la voie intermyolamaire consiste à libérer ces processus épineux de leurs insertions musculaires, il est probable
de constater chez les patients opérés une perte de fonction du muscle multifide. Comme évoqué
précédemment, le rôle de ce muscle dans la stabilité du rachis lombaire est important et de telles
lésions pourraient être à l’origine d’instabilités en position de charge. Il serait donc intéressant
d’étudier les caractéristiques de la douleur postopératoire de ces patients afin de déterminer la part
qui incombe aux lésions nerveuses et celle attribuée aux lésions musculaires. Ainsi une douleur
accentuée lors des mouvements de rotation axiale du tronc serait favorable à l’hypothèse d’une
instabilité.
De plus, les lésions vasculaires induites lors de ces procédures peuvent être à l’origine d’un trouble
de la cicatrisation des tissus mous lésés, responsable d’une douleur rachidienne. Enfin, les
saignements sont visiblement moins importants lors de l’abord mini-invasif, ce qui laisse penser que
les lésions vasculaires sont moindres. Pour explorer ces vaisseaux, une étude anatomique avec
injection des artères lombaires serait adéquate.
27
References
1. Bogduk N, Wilson AS, Tynan W (1982) The human lumbar dorsal rami. J Anat 134(Pt 2):383-97
2. Bogduk N (2013) Clinical and radiological anatomy of the lumbar spine. Elsevier ltd, Oxford
3. Larsen WJ, Dhem A (2003) Human embryology. De Boeck DL, Bruxelles
4. Macintosh JE, Valencia F, Bogduk N, Munro RR (1986) The morphology of the human lumbar
multifidus. Clin Biomech 1(4):196-204 doi: 10.1016/0268-0033(86)90146-4
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INNERVATION DU MUSCLE MULTIFIDE :
Laboratoire d’anatomie - Faculté de médecine de Nantes
BUT :
Cette étude anatomique fut menée afin de comparer les lésions nerveuses induites lors de
deux voies d’abord de laminectomie : la voie inter-myolamaire et la voie mini-invasive de
Wiltse.
MATERIELS ET METHODES :
Cette étude a été réalisée sur la base de six dissections, effectuées sur trois sujets de 73ans à
83 ans. Les dissections ont été effectuées plan par plan en abord postérieur jusqu’au plan du
muscle multifide. Sur le sujet frais, les rameaux dorsaux lombaires ont été identifiés à leur
origine en abord antérieur.
RESULTATS :
L’innervation du muscle multifide lombaire, issue de la branche médiale des rameaux
dorsaux, a la particularité d’être répartie de manière unisegmentaire. Ces branches médiales se
terminent par le nerf inter-épineux, dont le contingent moteur innerve le muscle inter-épineux,
et le contingent sensitif se destine à la proprioception du ligament inter-épineux
CONCLUSION :
L’étude de l’innervation du muscle multifide lombaire a permis de mettre au point sa
systématisation, offrant ainsi une base anatomique pour la compréhension de ses applications
cliniques actuelles. En effet, la connaissance des lésions nerveuses induites lors de ces
procédures chirurgicales donne un premier élément de compréhension des algies
postopératoires accrues lors de la voie inter-myolamaire.
Mots clés : multifidus, rameau dorsal, nerf inter-épineux, abord de Wiltse, abord intermyolamaire
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