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INTRODUCTION
L’idée que toute discipline se fait de la connaissance, notamment celle de toute
construction s’incluant dans une perspective universitaire ou théorico-pratique, même
violemment controversée ou solennellement partagée, fait indubitablement partie d’un champ
de réflexions qui n’exclut pas la perception d’un environnement mental. Une telle conception
répond à un besoin problématique suggéré sur un phénomène humain ou social, ou concernant
une entité réelle ou idéelle. C’est en effet à ce titre que des échanges ou concertations, des
constructions et déconstructions s’associent ou s’opposent entre elles, ou s’établissent dans
une intentionnalité épistémique. Cela se révèle d’autant plus évident qu’il s’impose d’en
prendre conscience, et donc d’en tenir compte, pour garder systématiquement une ligne de
conduite, aussi logiquement que possible. En effet, toute théorie de la connaissance, si elle est
fidèle aux exigences de la vérité, si elle marie sûrement l’objectivité scientifique qui lui est
proprement inhérente, lorsqu’elle s’offre en tant que guide d’un cheminement cognitif, ne
peut s’interdire une méthodologie dictée par la raison.
Mais, ici plutôt qu’ailleurs, le cheminement est bien théorico-pratique et l’on constatera,
au fil de l’écrit, que la logique pratique de nombreuses publications scientifiques contribue au
peaufinage de la présente perspective, ou rend claire la notion du rapport au savoir tout en
explicitant par là quelques aspérités de la perception socioscolaire. Il s’agit d’une théorie
épistémologiquement éprouvée, diversement analysée, fort suggestive mais partielle, qui
entend saisir les conditionnements psychosociologiques de l’école tels que perçus chez les
partenaires éducatifs, à savoir les parents et les apprenants. Il nous semble que les usagers de
l’école, notamment les élèves ou les apprenants, ne se rangeraient pas tous dans une
perception identique du contenu de la vie socioscolaire. La marginalisation ou les sentiments
de rejet, qui semblent toucher particulièrement les masses migrantes, affecteraient leur vision
de l’école ainsi que celle de leur milieu d’accueil.
En effet, dans la vie sociale, il est des phénomènes qui ne sont pas toujours simples à
expliquer ou à comprendre, mais qui ont des impacts sur les attitudes de l’individu ou du
groupe. La perception socioscolaire en fait distinctement partie. Elle intègre les
représentations de soi et d’autrui, de la société et des événements ou des faits ; et ce par le
biais, estimons-nous, d'une dynamique mécaniciste de cognition. Dans cette perspective, nous
nous sentons en droit de soutenir que la conscience perceptuelle constitue le moteur (ou la
mesure) dont dépendent les opinions ou jugements d’attribution causale liés aux
comportements. Conscience, perception et comportement n’étant donc pas opposables a
priori sur le plan cognitif, la tâche consiste à dépister les fondements conscients ou
inconscients des opinions et attitudes individuelles ou collectives envers l’instruction, et
mettre en exergue les conditionnements majeurs qui favorisent les dissonances cognitives
ainsi que les crises relationnelles qu’évoquent diverses théories concernant la problématique
éducative.
Dans le présent cheminement que nous proposons, l’on peut lire implicitement
l’esquisse d’un lien triadique (à la fois systémique, fonctionnel et interactionnel) qui se
construit entre la famille, l’école (ou la société) et les rapports à l’échec et à la réussite.
Autrement dit, à la base du lien triadique supposé entre l’école, la société et les perceptions
qu’élaborent les auteurs au sujet des familles, prolifèrent des malentendus complexes par
lesquels le conditionnement psychique a tendance d’interférer. Ainsi, les explications que
sollicitent ces malentendus seraient toutes fondées sur des rapports de l’individu ou du groupe
au savoir, à l’école, à la famille ou à la société. Tous les conditionnements qui semblent ainsi
mis en jeux, s’aimanteraient (du moins en théorie) par un mécanisme d’association et