Après avoir été torturés, Missak Manouchian et ses camarades
sont livrés aux Allemands de la Geheime Feldpolizei (GFP) qui
exploitent l'affaire à des fins de propagande. Une parodie de
procès est menée de façon expéditive par le tribunal militaire
allemand du Grand-Paris le 19 février 1944 à l'hôtel Continental en
présence de journalistes. Répondant à leurs cris de haine racistes,
Manouchian se tourne vers eux et leur déclare « Vous avez hérité
la nationalité française, nous l'avons méritée. » La presse
collaborationniste dénoncera le « cynisme » d'accusés qui
assument pleinement les attentats qu'ils ont commis.
Dix des prévenus sont sélectionnés pour la composition de
l'Affiche rouge, sur laquelle apparaît l'expression « l'armée du
crime ». Le tribunal prononce vingt-trois condamnations à mort.
Figure d'une résistance armée, Missak Manouchian meurt fusillé
par les nazis à trente-sept ans au fort du Mont-Valérien le 21
février 1944 avec vingt-et-un de ses camarades de l'Affiche rouge,
pour la plupart « étrangers et nos frères pourtant », tandis
qu'Olga Bancic est transférée en Allemagne et décapitée à la
prison de Stuttgart le 10 mai 1944.
L'Affiche rouge
L'Affiche rouge a été créée par le service de propagande nazie en France
et devait servir à stigmatiser l'origine étrangère de la plupart des
membres de ce groupe, principalement des Arméniens et des Juifs
d'Europe de l'Est. Mais l'Affiche rouge, placardée sur les murs de Paris par
l'ennemi, produit l'effet contraire à celui escompté. Les visages des
résistants suscitent la sympathie et l'admiration. De nombreux anonymes
déposent des fleurs au pied des affiches et collent des bandeaux sur
lesquels on peut lire : « Oui, l’armée de la résistance », « Morts pour la
France », ou « Des martyrs ».
Les 23 membres du groupe Manouchian exécutés par les nazis :
Celestino Alfonso (Espagnol)
Olga Bancic (Roumaine juive)
Joseph Boczov (Boczor József ; Wolff Ferenc) (Hongrois juif)
Georges Cloarec (Français)
Rino Della Negra (Italien)
Thomas Elek (Elek Tamás) (Hongrois juif)
Maurice Fingercwajg (Polonais juif)
Spartaco Fontano (Italien)
Jonas Geduldig (Polonais juif)
Emeric Glasz (Békés (Glass) Imre) (Hongrois juif)