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à Saint-Raphaël
1913, beau xe
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À la veille de la guerre, la ville est très cosmopolite et certains quartiers comptent jusqu’à
49 % d’étrangers: une importante colonie anglaise s’est établie dans le riche quartier ré-
sidentiel de Valescure où une église anglicane a été construite en 1900 (ainsi qu’un golf),
tandis que les carrières du Dramont ont attiré d’abord une communauté belge, puis de nom-
breux Italiens venus de Gênes, Parme et de la Toscane, qui fuyaient la misère dans leur pays.
En 1905, un instituteur laïque féru de sport, Albert Camatte, fraternise avec un groupe de
jeunes Anglais hivernants, récemment installés dans la ville. Leur passion commune? Le
football. C’est la naissance du très cosmopolite Stade raphaëlois, composé d’agents im-
mobiliers, de préparateurs en pharmacie, d’employés italiens des mines du Dramont. Dans
l’équipe type, près de la moitié des joueurs sont anglais ou franco-anglais: c’est le cas des
trois frères Sergent, dont deux ont pratiqué le football à l’université d’Oxford et l’un a joué
en équipe de France. L’équipe arbore un maillot rouge avec une étoile blanche, symbole
d’une belle entente qui les mènera à la victoire de la coupe de France en 1912.
Dans la ville, la cohabitation s’est organisée et des équipements ont été construits pour faire
face à l’accroissement de la population. Les projets de création d’écoles dans les quartiers
de Boulouris et Agay, évoqués dans les délibérations municipales de 1913, attestent de la
vitalité démographique de la ville.
L’équipe du Stade raphaëlois en 1912. (Duranton)
La licence de
Victor Sergent.
(Duranton)
Cette transformation fondamentale de la ville, c’est en effet à l’ancien maire, Félix
Martin et à son architecte de prédilection, Pierre Aublé, qu’on la doit. Durant
les années de son mandat de maire (1878-1895), cet ingénieur des Ponts et
Chaussées, qui a auparavant dirigé les travaux des Chemins de fer du Sud, a
organisé la mutation: 200 villas ont été construites, 67 kilomètres de voies carrossables
créées, et les eaux de la Siagnole amenées au moyen d’un aqueduc fermé d’une trentaine
de kilomètres. Ainsi parée de ses nouveaux atours, Saint-Raphaël est apparue sans rougir
en 1882 dans les pages de la revue Les stations hivernales et balnéaires de France.
Les délibérations du conseil municipal en 1913 montrent à quel point
lorientation donnée presque trente ans plus tôt par Félix Martin reste
encore dactualité à la veille de la guerre.
Une vision politique :
Saint-Raphaël,
station balnéaire
En page de droite:
Illustration parue
dans la brochure
Les Guides du
Touriste
, 1902.
(Archives municipales)