Sylvain LACLIAS
sylvain.laclias@credit-agricole-sa.fr
N° 15/01 – Janvier 2015
le montant des crédits adossés à (garantis par) des
actifs immobiliers est assez élevé ; de 20% à 25%
des prêts bancaires selon les estimations ;
les gouvernements locaux (dont la dette est estimée
à environ 32% du PIB, et sur laquelle 17% et 12%
arriveront à échéance respectivement en 2015 et
2016) tirent une large partie de leurs revenus
(environ 35% en 2013) des ventes de terrains ;
l’immobilier est en lien étroit avec de nombreux pans
de l’économie ; il pèse environ 13% du PIB en
incluant la construction, et 33% du PIB (selon le FMI)
en comptant les autres secteurs très dépendants de
ces deux-là (acier, ciment et autres matériaux de
construction, machines et équipements…) ; il
représente aussi 19% de l'investissement total et
66% des actifs des ménages (impliquant un effet de
richesse potentiellement négatif).
Bref, d’une sévère correction sur les prix des logements à
un cercle vicieux entre détérioration financière et
ralentissement de l'activité économique, le pas pourrait
être assez rapidement franchi…
Les secteurs les plus fragiles (industrie lourde,
développeurs immobiliers) sont les plus affectés par
l'éclatement de la bulle, et connaissent une restructuration
à marche forcée. Le taux de CDL grimpe à 5-10% du
portefeuille de crédit des banques, voire plus.
L'investissement marque brutalement et nettement le pas ;
ceux liés à l'urbanisation, à l'environnement et aux
services sont tout de même moins touchés. La
consommation fléchit aussi assez sensiblement (via un
effet de richesse négatif).
Pékin répond énergiquement, notamment par des
mesures budgétaires (investissements d'infrastructures,
incitations fiscales à la consommation et à
l’investissement) et une politique de change assez
agressive (dépréciation marquée du yuan). Mais cela
n’empêche pas la croissance du PIB de ralentir
rapidement à 5%, voire un peu en dessous, et de rester à
ce niveau pendant deux à trois trimestres avant de
remonter vers 6% l'année suivante.
Et avec quelles conséquences globales ?
Les bourses mondiales corrigent à la baisse ; assez
rapidement, en sur-réagissant dans un premier temps,
mais modérément dans l’ensemble, une fois la période de
sur-réaction passée (Hongkong et quelques autres
bourses asiatiques pourraient, néanmoins, être plus
sévèrement et durablement affectées). Les investisseurs
internationaux sont aussi plus adverses au risque. Sans
retomber au niveau de 2012-2013, le taux à 10 ans
américain demeure inférieur à son niveau d’équilibre de
moyen terme.
Le dollar bénéficie d'un mouvement de flight-to-quality. De
plus, les exportations vers la Chine représentent une part
plus importante des économies de la zone euro que de
l’économie américaine, et le ralentissement de la Chine
implique une moindre diversification des réserves vers la
devise européenne. L’euro se déprécie contre le billet vert
et tombe à 1,10 USD/EUR, avant de se redresser
légèrement l'année suivante.
La demande mondiale de pétrole se tasse un peu plus, de
plusieurs centaines de milliers de barils par jour au moins.
Le cours du brut baisse significativement, à 40 USD par
baril en moyenne sur l’ensemble de 2015, provoquant une
réaction de l’OPEP et de l’Arabie Saoudite, comme en
2009. Parallèlement, cette chute freine la production de
pétrole de schiste aux Etats-Unis. Du coup, les prix du
pétrole remontent progressivement, sur une période de
douze à vingt-quatre mois, autour de 80 USD par baril.
L’économie américaine souffre moins du ralentissement des
exportations vers la Chine que du fléchissement de la
demande en provenance des autres pays d’Asie et, plus
généralement, du reste du monde. La baisse des marchés
boursiers mondiaux l’affecte aussi. Mais dans l’ensemble,
les retombées sont modestes, voire assez faibles ;
notamment parce qu’en partie contrebalancées par la
baisse du prix du pétrole. La croissance des Etats-Unis
ralentit, mais d’un ou deux dixièmes de point de
pourcentage seulement. Cette situation conduit néanmoins
la Fed à temporiser le resserrement de sa politique
monétaire.
La zone euro souffre un peu plus (que les Etats-Unis) de
l’affaiblissement de la demande en provenance de Chine et
des autres pays d’Asie. La dépréciation de l’euro face au
dollar permet toutefois de contrebalancer partiellement cet
effet négatif (sur les exportations). La chute du cours du brut
a aussi un effet amortisseur sur l’activité économique. Au
final, la croissance dans la zone euro ralentit d’environ un
quart de point de pourcentage ; l’Allemagne et l’Italie sont
les plus touchés. La BCE pourrait accélérer sa politique
d’assouplissement quantitatif.
Scénario 1 2015 2016
Croissance du PIB Chine 5,0 5,5-6,0
USD/CNY (moy. annuelle) 6,80 6,50
Fed Funds (fin d'année) 0,25 0,75-1,0
USD/EUR (moy. annuelle) 1,05 1,10
Croissance du PIB US 2,7 2,8
taux refi de la BCE 0,00 0,00
Croissance du PIB zone Euro 0,8 1,3
Croissance du PIB émergents (hors Chine) 2,8 3,9
Brent (USD/b) 40 60
Chine : provenance des importations*
Asie
Afrique
Europe
Amérique latine
Amérique du Nord
Océanie