Pour lire la publication de Mme Sylvie Auger, audiologiste

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difficulté à suivre une conversation en milieu bruyant.
Nous conviendrons qu’il serait difficile d’établir une
intervention de réadaptation auditive adéquate à partir
de cette seule donnée.
C’est pourquoi, si nous voulons vraiment intervenir de façon
adéquate et efficace avec un plan de réadaptation indivi-
dualisé valable auprès de notre clientèle présentant des
problèmes d’équilibre, nous devons évaluer la fonction
vestibulaire et l’équilibre fonctionnel avec d’autres outils
que la vidéonystagmographie.
C’est avec cet objectif que plusieurs tests et questionnaires
ont été développés pour évaluer l’équilibre fonctionnel et la
situation de handicap vécue par les personnes atteintes de
problèmes d’équilibre. À l’
American Institute of Balance
, il y
a deux épreuves en particulier qui ont été mises au point et
qui permettent d’aller chercher une information précieuse
sur le fonctionnement du réflexe vestibulo-oculaire et
l’équilibre postural, en un très court laps de temps et à un
coût très raisonnable.
Le premier de ces tests est le SOP de Gans©-
Gans Sensory
Organization Performance test
ou, en français, le TPOS : test
de performance de l’organisation sensorielle de Gans©.
Ce test, mis au point en 1992, combine des mesures de la
stabilité posturale du Romberg, du CTSIB et du Fukuda et est
un outil d’évaluation de l’équilibre qui est très sensible aux
déficits vestibulaires.
On utilise quatre conditions de la version modifiée du
Romberg soit : la position debout, jambes écartées à la
largeur des épaules, les yeux ouverts puis les yeux fermés
et l’on note la stabilité pour une période de vingt secondes
dans chacune des deux conditions. La deuxième partie du
test est toujours en position debout mais avec les pieds
placés en tandem, avec les yeux ouverts puis les yeux
fermés et là encore, on note la stabilité pour une période
Bourse Raymond Hétu 2005
Sylvie Auger, MOA , audiologiste
En février 2004, j’ai eu l’occasion de participer à un atelier de formation à la fois théorique et
pratique sur l’évaluation et la réadaptation des personnes présentant des problèmes d’équilibre
d’origine vestibulaire. Cet atelier était offert à l’
American Institute of Balance
.
Le DrRichard Gans, Ph.D., audiologiste, propriétaire-fondateur de l’institut et conférencier
principal de cet atelier, a plus de vingt ans d’expérience clinique dans ce domaine et, à ce titre,
nous offre une approche très pragmatique et partage avec nous de façon très généreuse son
propre bagage d’expériences personnelles auprès de cette clientèle.
Aujourd’hui, j’aimerais vous présenter deux outils cliniques afin que l’évaluation des clientèles
présentant des problèmes d’équilibre vous apparaisse comme étant réalisable dans votre propre
milieu de pratique.
Les symptômes
Les problèmes d’équilibre s’expriment de bien des façons et vont de la simple
sensation de marcher sur un nuage ou de flottement
(light-headedeness)
à
la perte d’équilibre, en passant par les étourdissements spontanés ou associés
à l’exécution de mouvements pour arriver aux vertiges, accompagnés ou
non de nausées.
Au moment de l’histoire de cas, s’il y a mention d’un épisode initial où le problème
s’est manifesté pour la première fois, c’est habituellement la signature d’une
dysfonction vestibulaire. Lorsque c’est le cas, nous pouvons intervenir, en tant
qu’audiologiste. Par contre, si les problèmes d’équilibre sont d’une origine autre
que vestibulaire, alors le traitement et/ou le suivi de réadaptation se feront par
d’autres professionnels.
Les outils diagnostiques
Un des premiers outils diagnostiques dans l’évaluation du système vestibulaire de
l’oreille interne est l’électronystagmographie ou sa version plus moderne, de plus
en plus utilisée, la vidéonystagmographie. Cette méthode de mesure consiste à
provoquer, par irrigation calorique (eau chaude/eau froide ou air chaud/air froid)
un déplacement des fluides au niveau du canal horizontal du labyrinthe, ce qui
déclenche un nystagmus grâce au réflexe vestibulo-oculaire. On mesure
l’intensité du nystagmus en degrés/secondes et on les compare d’une oreille à
l’autre. Jusqu’à récemment, avant l’apparition de la mesure du potentiel
otolithique, c’était la seule mesure où l’on pouvait isoler la fonction de chacun des
labyrinthes séparément, comme lorsque l’on mesure l’audition sous écouteurs par
rapport à une mesure en champ libre.
Cependant, il faut se rappeler que l’épreuve calorique de la VNG ou de l’ENG ne
donne une information de la fonction vestibulaire qu’au niveau du canal horizontal
et qu’en basses fréquences 0.003 Hz, ce qui correspond à des mouvements lents
que nous n’exécutons pas dans la vie quotidienne. En effet, les mouvements
naturels se retrouvent plutôt dans la zone de fréquence allant de 0,05 Hz à 5 Hz.
Pour faire un parallèle avec un domaine qui nous est plus familier, lorsque
l’épreuve calorique est terminée, les conclusions que l’on en tire sur le plan
fonctionnel pour la personne sont aussi valides et complètes que lorsque nous
mesurons un seuil auditif à 250 Hz chez un patient qui se plaint d’éprouver de la
Hommage
Mme Sylvie Auger, audiologiste
lauréate de la Bourse
Raymond-Hétu 2005
de vingt secondes, dans chacune des deux
conditions. Les deux épreuves basées sur le
CTSIB se passent sur le coussin sur lequel le
patient monte et se tient debout avec les
jambes écartées à la largeur des épaules, dans
un premier temps avec les yeux ouverts puis,
ensuite, avec les yeux fermés, toujours pour
des périodes respectives de vingt secondes.
Le Fukuda est une épreuve de marche sur
place pendant vingt secondes, avec les yeux
fermés et en montant bien les genoux. Ici on
observe si le patient est capable de rester sur
place ou s’il a tendance à avancer ou à tourner
ou dériver vers un côté ou l’autre. L’ensemble
des résultats permet de dégager des patrons
types de dysfonction vestibulaire ou de
problème d’équilibre d’origine centrale ou
multifactorielle. Le TPOS est un outil qui peut
aussi bien être utilisé en dépistage, en
diagnostic ou pour évaluer l’efficacité d’une
intervention de réadaptation. Il ne prend que
dix minutes à administrer, n’est pas invasif et
ne requiert comme matériel qu’un minimum
d’espace pour se tenir debout, et d’un coussin,
idéalement recouvert d’un matériel neutre au
niveau kinesthésique.
Le second est le CDVAT©-
Computerized
Dynamic Visual Acuity Test
ou le TAVDI : test
d’acuité visuelle dynamique informatisé. Ce test
a été mis au point au départ pour les astro-
nautes de la NASA ; on leur demandait de lire
des chiffres et des lettres sur un moniteur alors
qu’ils couraient sur un tapis roulant. La version
clinique mise au point par le DrGans et son
équipe est moins exigeante physiquement et
permet de tester les gens qui ont une mobilité
réduite car on leur demande de lire des chiffres
qui défilent sur le moniteur de l’ordinateur à
raison de cinq chiffres par présentation qui
dure trois secondes. La police des chiffres
varie, ce qui permet d’éliminer la simulation
d’un problème. La première série de dix chiffres
se lit en position assise, à deux mètres de
l’écran pour établir la référence.
La deuxième série de chiffres se lit en hochant
la tête de haut en bas à un rythme prédéterminé
défini par un son produit par l’ordinateur (un
peu comme un métronome). La troisième série
de chiffres se lit en hochant la tête de haut en
bas. Ce test vient vérifier le système vestibulaire
autour de la fréquence de 1 Hz. S’il y a une
différence significative de performance entre la
condition initiale et l’une ou l’autre des condi-
tions de lecture avec hochements de tête, alors
cela permet de mettre en évidence la présence
d’oscillopsie, ce qui indique un problème de
dysfonction vestibulaire unie ou bilatérale selon
le cas, non compensée. Ici encore, cet examen
se fait dans un laps de temps d’environ dix
minutes, n’est pas invasif et est très informatif
sur les difficultés quotidiennes que peut vivre le
patient. Il permet ainsi de planifier une interven-
tion spécifique visant à réduire ces difficultés.
Pourquoi se donner la peine de consacrer ces
vingt à trente minutes de plus à nos patients qui
se plaignent de symptômes vestibulaires ? Afin
de mieux les orienter ensuite vers la réadapta-
tion et de leur donner un counseling plus
efficace. En effet, s’il ressort de nos résultats
que le problème d’équilibre est d’origine
vestibulaire, à ce moment-là, la réadaptation
vestibulaire ou des manœuvres de reposition-
nement seront les avenues d’intervention à
privilégier et pourront être exécutées par
un/une audiologiste. Si, par contre, il ressort de
notre évaluation ou de notre dépistage que le
problème est davantage d’origine multifacto-
rielle ou centrale, alors la réadaptation devra
se faire avec des objectifs de substitution et
non pas seulement d’adaptation, sous sur-
veillance étroite d’un physiothérapeute ou d’un
kinésiothérapeute afin qu’en tout temps, la
personne soit en sécurité.
De plus, en apprivoisant le diagnostic et la
réadaptation de la fonction vestibulaire, nous
complétons notre intervention audiologique en
allant explorer « l’autre partie » de l’oreille
interne. Pour nos patients dont les problèmes
d’équilibre récurrents affectent terriblement
leur qualité de vie, quelques minutes de plus
passées avec nous pourraient complètement
transformer cette réalité. Alors… Osons la
réadaptation vestibulaire ! Pour plus d’infor-
mations concernant ces épreuves cliniques et
l’évaluation des vertiges et des problèmes
d’équilibre, vous pouvez me contacter ou
encore consulter le site Internet de l’Institut :
www.dizzy.com.
Hommage
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