Année 2007 Pour le DIPLÔME EN OSTÉOPATHIE (D.O.) Présenté et soutenu publiquement Le 26 septembre 2007 À Montréal Par GODIN, Mélanie Née le 6 octobre 1977 à Montréal, Canada Et SIMARD, Patricia Née le 19 juillet 1973 à Montréal, Canada Une référence en ostéopathie : le traitement de la symphyse sphéno-basilaire. Conceptualisation thérapeutique ostéopathique chez le nouveau-né et chez l’adulte. Membres du jury Président : Assesseurs : Directeur du mémoire: VOYER, Guy D.O. MICHEL, Daniel D.O. DELANGE, Carla D.O. BRISSETTE, Robert D.O. LE, Minh Tan D.O. DURAND, Véronique D.O. NOËL ROCH, Manon D.O. VOYER, Guy D.O. Année 2007 Pour le DIPLÔME EN OSTÉOPATHIE (D.O.) Présenté et soutenu publiquement Le 26 septembre 2007 À Montréal Par GODIN, Mélanie Née le 6 octobre 1977 à Montréal, Canada Et SIMARD, Patricia Née le 19 juillet 1973 à Montréal, Canada Une référence en ostéopathie : le traitement de la symphyse sphéno-basilaire. Conceptualisation thérapeutique ostéopathique chez le nouveau-né et chez l’adulte. Membres du jury Président : Assesseurs : Directeur du mémoire: VOYER, Guy D.O. MICHEL, Daniel D.O. DELANGE, Carla D.O. BRISSETTE, Robert D.O. LE, Minh Tan D.O. DURAND, Véronique D.O. NOËL ROCH, Manon D.O. VOYER, Guy D.O. 3 Remerciements Nous tenons à remercier d’abord et avant tout nos parents pour leur dévouement et leurs nombreux encouragements. Merci à ma fidèle partenaire et amie sincère qui a toujours été là pour moi depuis le tout début, autant dans les moments heureux que les plus difficiles. Un merci tout spécial à tous ceux qui ont activement pris part à l’élaboration de ce mémoire. Merci à notre directeur de mémoire, Guy Voyer, pour ta grande implication, tes heures incomptées afin de nous diriger, nous épauler et nous remettre le système sympathique en bon état lors de nos nombreux fous rires. Au fil de ces nombreuses années, nous avons bénéficié de la qualité de ton enseignement et de tes nombreuses connaissances. Tu as su nous transmettre une nouvelle philosophie, tant thérapeutique que personnelle. Merci pour cette passion. Nous espérons la livrer à notre tour avec la même intensité. 4 Résumé Plus de 100 ans après sa fondation par Andrew Taylor Still D.O., l’ostéopathie est encore des plus vivante aujourd’hui. Tous deux élèves de A.T. Still D.O., John Martin Littlejohn D.O. a apporté à l’ostéopathie sa justification physiologique et William Garner Sutherland D.O. a élaboré le concept de mobilité crânienne. Ces pionniers avaient compris l’importance de mettre en lien les différentes sciences relatives à l’être humain telles que l’embryologie, l’anatomie, la biomécanique et la physiologie pour traiter selon le paradigme de la complexité. Bien que l’ostéopathie ait conservé les fondements donnés par ces pionniers, elle a su s’adapter aux connaissances scientifiques actuelles. Étant une science des rapports, l’ostéopathie met en relation l’ensemble des connaissances médicales afin de traiter l’individu et non pas seulement une pathologie : elle traite donc une cause et non pas un syndrome et en ce sens, l’ostéopathie se doit d’être préventive autant que curative. Au cours de la vie, la boîte crânienne évolue; nous serons donc à même de la modeler pour prévenir d’importantes pathologies. C’est pourquoi le traitement crânien chez le nouveau-né nous apparaît primordial. La symphyse sphéno-basilaire est une articulation importante sur l’axe médian du crâne puisqu’elle est en contiguïté tant avec les os de la face qu’avec la calvaria et le rachis cervical. Si elle est lésée, cela aura des conséquences sur différentes structures telles que, entre autres, la cavité orbitaire et nasale, l’hypophyse et les membranes crâniennes. Nous nous attarderons sur l’anatomie relationnelle de la symphyse sphéno-basilaire du nourrisson et de l’adulte ainsi que sur leur biomécanique respective. Nous expliquerons les différents stades d’évolution de l’ossification et les répercutions thérapeutiques. Par les différences majeures entre le crâne du nouveau-né et celui de l’adulte, nous serons en mesure d’expliquer l’importance d’une méthodologie adaptée à l’âge du patient. Nous conceptualiserons une chaîne de traitement possible construite en fonction d’une lésion de la symphyse sphéno-basilaire chez le nouveau-né et chez l’adulte. 5 Abstract Over a hundred years after its foundation by Andrew Taylor Still D.O., osteopathy is, in our present time and more than ever, still alive. John Martin Littlejohn D.O., a student of A.T. Still D.O., brought to osteopathy its physiological justification and William Garner Sutherland D.O. elaborated the cranial mobility concept. Those pioneers understood the importance to link the many different sciences related to the human body such as embryology, anatomy, biomechanics and physiology to treat in respect of complex paradigm. Even if osteopathy conserved its pioneer’s foundations it has adapted itself to actual scientific knowledge. By connecting many different sciences, osteopathy link all together the medical knowledge’s in order to treat an individual but not the pathology therefore the cause and not the syndrome. Osteopathy must be preventive as much as curative. By being in total evolution, we will therefore be able to model the cranial bowl to prevent important pathology. That is why we think that the cranial treatment for new born is primordial. La spheno-basilar symphysis is an important joint on the median axe of the crane due to the fact that it is in contiguity with the facial bones as much as it is with the calvarias and the cervical rachis. If it is damaged, consequences will follow on different structures such as orbit and nasal cavity, pituitary gland, cranial membranes etc…We will linger therefore on the relational anatomy of the spheno-basilar symphysis of the infant and the adult as well as on their respective biomechanics. We will explain the different stages of evolution of the ossification and the therapeutically repercussions. With the major differences between the new born and the adult crane we will be in position to explain the importance of an adapted methodology according the age of the patient. We will propose you a chain of possible treatment built in function of a spheno-basilar symphysis lesion for new born and adult. 6 Table des matières REMERCIEMENTS .............................................................................................................................. 3 RÉSUMÉ ................................................................................................................................................ 4 ABSTRACT ............................................................................................................................................ 5 TABLE DES MATIÈRES...................................................................................................................... 6 1 PROBLÉMATIQUE THÉORIQUE ............................................................................................. 8 2 PROBLÉMATIQUE PRATIQUE................................................................................................. 8 3 L’OSTÉOPATHIE CRÂNIENNE : DE STILL À AUJOURD’HUI........................................... 9 4 INTÉRÊT DE L’EMBRYOLOGIE EN OSTÉOPATHIE ......................................................... 11 4.1 5 6 Embryologie spécifique à la SSB........................................................................................................... 12 ANATOMIE RELATIONNELLE CHEZ L’ENFANT.............................................................. 16 5.1 Généralités sur les fontanelles, sutures et synchondroses.................................................................... 17 5.2 Le sphénoïde .......................................................................................................................................... 18 5.3 L’occiput ................................................................................................................................................ 23 5.4 Le frontal................................................................................................................................................ 25 5.5 Le temporal ............................................................................................................................................ 26 5.6 Le pariétal .............................................................................................................................................. 26 BIOMÉCANIQUE DU CRÂNE DU BÉBÉ ............................................................................... 27 6.1 Relation du frontal par rapport au basi-pré-sphénoïde, ali-pré-sphénoïde et ali-post-sphénoïde ...... 27 6.2 Relation du basi-post-sphénoïde par rapport au basi-pré-sphénoïde et ali-post-sphénoïde ................ 28 6.3 Relation du basi-post-sphénoïde par rapport au basi-occipital ............................................................ 28 7 7 6.4 Relation du basi-occipital par rapport aux exo-occipitaux .................................................................. 28 6.5 Relation des exo-occipitaux par rapport au supra-occipital................................................................. 28 6.6 Relation des supra-occipitaux par rapport aux inter-pariétaux........................................................... 28 6.7 Relation de l’inter-pariétal par rapport aux pariétaux ......................................................................... 29 6.8 Relation des exo-occipitaux par rapport à C1....................................................................................... 29 PHYSIOLOGIE DES MOUVEMENTS DES OS DU CRÂNE ................................................. 31 7.1 8 9 10 Mouvement lemniscatoire...................................................................................................................... 31 ANATOMIE DESCRIPTIVE DE LA SSB DE L’ADULTE...................................................... 37 8.1 Sphénoïde............................................................................................................................................... 37 8.2 Occipital ................................................................................................................................................. 45 BIOMÉCANIQUE DU CRÂNE DE L’ADULTE ...................................................................... 50 9.1 Conception biomécanique ..................................................................................................................... 50 9.2 Analyse des mouvements de tous les os du crâne par rapport à deux os; l’occiput et le sphénoïde ... 51 9.3 Conception liquidienne.......................................................................................................................... 57 9.3.1 Phénomène de la roue dentée........................................................................................................ 57 9.3.2 Mouvement lemniscatoire ............................................................................................................. 62 TECHNO-MÉTHODOLOGIE DU TRAITEMENT DE L’ENFANT ET DE L’ADULTE ..... 63 10.1 Conceptualisation d’une chaîne de traitement chez le nouveau-né ................................................ 64 10.2 Conceptualisation d’une chaîne de traitement chez l’adulte........................................................... 89 CONCLUSION ................................................................................................................................... 113 BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................................. 114 8 1 Problématique théorique Le traitement crânien est enseigné de façon très différente selon les écoles et les modes référents. Il semblerait par ailleurs que certaines évolutions conceptuelles soient devenues quelque peu dogmatiques. Ayant suivi plusieurs formations, nous nous sommes rendu compte que le principe de la mobilité de la symphyse sphéno-basilaire était complètement différent selon les établissements, passant d’une méthodologie des plus ésotériques pour arriver à une affirmation mécaniciste très stricte et fermée. En partant, il nous a semblé logique de se poser plusieurs problématiques théoriques : • si, embryologiquement et à la naissance, il existe une articulation (même plusieurs nettement définies), c’est que le mouvement existe; • si un mouvement existe, il doit se justifier de façon biomécanique; • si la mobilité intrinsèque de la symphyse sphéno-basilaire existe telle qu’elle est présentée par le schéma pédagogique de la roue dentée, cela sous-entend un mouvement uniquement intracellulaire et intra-spongieux, car l’ossification d’une symphyse de plusieurs centimètres cubes ne peut avoir de réel mouvement mécanique. La perception d’un tel mouvement cellulaire intrinsèque étant de l’ordre de 10 microns, il nous paraît impossible, quelle que soit la finesse de la palpation de l’ostéopathe, de percevoir ce mouvement. Même si nous acceptons la composante subjective de l’écoute1, il nous paraît intéressant de nous questionner en ce sens. Tout au long de notre mémoire, par l’embryologie, par une anatomie relationnelle précise du bébé et de l’adulte et par une biomécanique suivant les stades d’évolution des os du crâne, nous amènerons le constat qu’il est impossible de suivre la même voie pour traiter le crâne d’un bébé, d’un enfant, d’un adolescent ou d’un adulte. 2 Problématique pratique La symphyse sphéno-basilaire, comme toute articulation, a une croissance et une évolution. Sa structure se modifiera au cours des différents stades, de l’embryon à l’enfant, puis de l’adolescent à l’adulte pour atteindre une ossification complète. Ces modifications anatomiques et biomécaniques amèneront donc une méthodologie thérapeutique différente. 1 VOYER, GUY. L’écoute et le toucher, notes de cours, non publié, Académie Sutherland, Montréal, Canada, 2002. 9 3 L’ostéopathie crânienne : de Still à aujourd’hui Fondateur de l’ostéopathie, Andrew Taylor Still (D.O.)2 était avant tout un anatomiste avant tout et ne mettait rien au-dessus de l’ingénierie de la structure osseuse, où l’ostéopathie débute et se termine par l’anatomie. « Comme je l’ai dit, une connaissance de l’anatomie avec ses applications couvre chaque centimètre de terrain nécessaire à vous qualifier pour devenir un ostéopathe habile et efficace, lorsque vous allez dans le monde pour combattre la maladie. »1 Au tout début, l’ostéopathie était centrée sur l’approche orthopédique. Par la suite, John Martin Littlejohn (D.O.)3 a été celui qui a donné à l’ostéopathie sa justification physiologique. C’est d’ailleurs lui qui est à l’origine du concept somato-viscéral et viscéro-somatique. Cependant, son grand axe de recherche a été la colonne vertébrale, tant du point de vue mécanique (axes, points pivots et interactions entre les divers segments) que du point de vue métamérique. Alors que pour Still la structure gouverne la fonction, pour Littlejohn, c’est la fonction qui gouverne la structure. William Garner Sutherland (D.O.)4 a quant à lui élaboré un nouveau concept : l’existence d’une mobilité crânienne. C'est au cours de ses études qu'il dit avoir eu sa première intuition de la mobilité des os du crâne : L'idée germa en contemplant les os désarticulés d'un crâne exposé dans le hall nord du bâtiment de l'A. T. Still Infirmary. Les surfaces articulaires de ces os me semblèrent par leur contour destinées pour une mobilité articulaire…5 C'est alors que Sutherland se mit, à l'aide d'une pointe de canif, à désarticuler des crânes. Stupéfait, Sutherland ne peut prouver l'immobilité. Il entreprend alors, manuels de mécanique en main, de faire l'inventaire précis de chaque os, de chaque surface, de chaque angle, de chaque trou, etc. et d'analyser les gouttières, engrenages, charnières, crochets, poulies, points d'appui et autres dessins, qui sembleraient sans objet dans un dôme inflexible. Obsédé par sa découverte, il garda pour lui de nombreuses années le fruit de ses recherches. 2 STILL, ANDREW TAYLOR. Philosophie de l’ostéopathie, Vannes, Éditions Sully, chapitre 1, 1999, p. 23. J.M. LITTLEJOHN (1865-1947) Élève de Still, il a donné à l’ostéopathie sa justification physiologique. 4 W.G SUTHERLAND (1873-1954). D’abord journaliste, il fut par la suite élève de Still. C’est à lui que nous devons la découverte de la mobilité crânienne. 5 En ligne au : http://www.osteopathie-france.net/Principes/sutherland.htm 3 10 Sutherland a développé une théorie et une approche impliquant la mobilité de la boîte crânienne. Après avoir testé et mis à l’épreuve sur lui-même sa théorie en se créant des lésions par la compression ou la déformation de certaines parties de son crâne, il a développé l’idée qu’il pouvait y avoir une relation entre les souffrances du corps et les diverses dysfonctions de mobilité reliées à une ou plusieurs parties du crâne. Notons qu’Harold Magoun (D.O.)6, Viola Frymann (D.O.)7 et Tom Schooley (D.O.)8 sont tous des élèves directs de Sutherland. Ce sont d’ailleurs les premiers ostéopathes américains à enseigner l’ostéopathie crânienne hors des frontières américaines et à des non-médecins. De nos jours, l’ostéopathie crânienne a pris différentes orientations, dont nous pouvons citer quelques grandes lignes qui ont renforcé notre problématique théorique. L’ampleur de la simplification de la méthodologie crânienne faite aux États-Unis par John E. Upledger (D.O.)9 implique certaines restrictions quant à son utilisation unilatérale puisque le mouvement crânien, amené par plus d’une soixantaine d’articulations, a été simplifié à quelques mouvements principaux seulement. Principalement fait sur des enfants, le travail crânien de Viola Frymann est sûrement à considérer vu les dizaines d’années pendant lesquelles elle a effectué ces pratiques. Ce travail sur les enfants aurait sans doute mérité une plus grande attention scientifique et biomécanique. Au Canada, le travail crânien s’oriente de plus en plus vers des validations ésotériques. Une autre approche biomécanique nous paraît intéressante à approfondir. Aujourd’hui, les bases de notre formation crânienne ne reposent pas que sur l’écoute, mais aussi sur la biomécanique des os du crâne et surtout, pour ce qui est des enfants, de l’évolution des sutures, des fontanelles et des synchondroses, de l’embryon à l’adulte. 6 MAGOUN, HAROLD IVES D.O. L’ostéopathie dans la sphère crânienne, Montréal, Édition Spirale, 1994. FRYMANN, VIOLA D.O. née en 1921 est diplômée en 1949 du «College of Osteopathic Physicians and Surgeons» de Los Angeles «est considérée par ses pairs comme une légende vivante du leadership médical ostéopathique» 8 SCHOOLEY, TOM D.O., élève direct de W.G Sutherland D.O.. Il fut un des premiers ostéopathes américains à accepter d'enseigner l'ostéopathie crânienne hors des frontières américaines et à des non-médecins. 9 UPLEDGER, JOHN E D.O. auteur de la thérapie crânio-sacrée, il a participé à la vulgarisation de l’ostéopathie crânienne aux état-unis et au Canada (plusieurs milliers d’élèves) 7 11 4 Intérêt de l’embryologie en ostéopathie De tout temps le spectacle émouvant de la naissance d’un nouvel être a sollicité l’attention des esprits. Pénétrer le chemin secret qui, à partir d’un germe à peine visible, aboutit à la réalisation d’un organisme semblable à ses parents a longtemps paru inaccessible. C’est seulement au début du XIXe siècle que cette aspiration s’est concrétisée sur le plan scientifique, par l’embryologie. L’embryologie est l’étude des transformations successives de l’œuf et de l’embryon, depuis la fécondation jusqu’à la fin de la huitième semaine de la vie intra-utérine. L’évolution de cette science a été influencée par les théories transformistes qui voyaient dans le développement individuel une récapitulation abrégée des phases parcourues par l’espèce. Le développement embryonnaire ne se fait pas de façon continue, mais il est caractérisé par des remaniements incessants au cours desquels des organes apparaissent et s’épanouissent alors que d’autres, malgré une différenciation déjà avancée, disparaissent, laissant seulement des vestiges, témoins de leur éphémère existence. L’apprentissage de cette science nous permettra de comprendre l’origine des différents tissus et organes et d’assimiler les liens directs et indirects entre les différentes structures composant le corps. De même, elle obligera l’ostéopathe à avoir une approche adaptée au nouveau-né puisque les tissus de ce dernier sont encore en pleine évolution. On sait qu’à la naissance, le crâne du nouveau-né comporte des différences majeures avec celui de l’adulte. Chez le nourrisson, il y a présence de plusieurs synchondroses qui s’ossifieront chronologiquement jusqu’à l’âge adulte. Le traitement de ces synchondroses aura un impact majeur sur la constitution définitive du crâne. Par ces modifications préventives, il y aura une plus grande liberté crânienne et le futur adulte évitera donc de développer plusieurs problématiques telles que rhinites, sinusites, troubles hormonaux, troubles oculaires, etc. L’embryologie vient appuyer et donne une base scientifique au travail de l’ostéopathe. William Garner Sutherland lui-même s’est inspiré de cette embryologie lorsqu’il s’interrogeait sur la possibilité d’un mouvement crânien. Il s’est souvenu que la base du crâne avait une origine cartilagineuse alors que la voûte était membraneuse. Il pensait que la mobilité de la base pouvait fournir de la flexibilité à la voûte. C’est à partir de ses observations qu’il commença à expérimenter sur lui-même. 12 De sa conception à sa mort, l’être humain fait partie intégrante d’un tout : nous devons donc tenir compte de ce tout. Si la machine est compliquée, l’être humain, lui, est de toute évidence bien plus complexe encore. Nous le considèrerons dans la globalité de sa complexité10, de l’ensemble au détail et du détail à l’ensemble, et nous appliquerons, par ce fait, le principe même de la philosophie de l’ostéopathie. 4.1 Embryologie spécifique à la SSB Le squelette se développe à partir du mésoblaste para-axial, de la lame latérale et de la crête neurale. Les cellules de la crête neurale, dans la région céphalique, se différencient en mésenchyme et participent à la formation des os de la face, tandis que les somites et somatomères occipitaux formeront la plus grande partie de la voûte et de la base du crâne, le neurocrâne. Cette induction neuromatricielle est fondamentale à considérer en ostéopathie. Fig. 15 – Formation du cœlome intra-embryonnaire 23e jour Fig. 16 – Apparition des somatomères 25e jour Légende Fig. 15 Section transversale de l'embryon à 23 jours montrant les premières lacunes du futur cœlome intraembryonnaire. 1 2 3 4 5 6 mésoblaste para-axial mésoblaste intermédiaire mésoblaste latéral processus notochordal bord sectionné de l'amnios cœlome intra-embryonnaire 7 8 9 10 entoblaste ectoblaste somatopleure et ectoblaste splanchnopleure et entoblaste Fig. 16 Section transversale et vision dorsale vers 25 jours montrant les condensations du mésoblaste para-axial (formant les somatomères) et intermédiaire. Tiré de : VOYER, GUY. « Embryologie générale », notes du cours fascias généraux, Académie Sutherland, 2002. 10 MORIN, EDGAR. Introduction à la pensée complexe, Prague, Éditions Odéon, 1974. 13 Le neurocrâne peut lui-même être subdivisé en deux parties : le neurocrâne membraneux, décrivant la formation des os plats qui entourent le cerveau, la voûte crânienne et le neurocrâne cartilagineux, décrivant le développement de la base du crâne. La croissance des os plats de la voûte est caractérisée par la formation de spicules osseux en « paquets d’épingles », qui vont progressivement proliférer, de façon radiée, des points d’ossification primitifs vers la périphérie. La croissance de ces os de membranes, au cours de la vie fœtale et post-natale, se fait par apposition de nouvelles couches à la surface extérieure et résorption ostéoclastique simultanée à la surface intérieure. Tiré de : LANGMAN, JAN. Embryologie médicale, 6e édition, Paris, Pradel, p. 158. Il est évident que l’ostéopathie fœtale et du nouveau-né doit être en ce sens maîtrisée par l’ostéopathe. Pour ce qui est des os de la base, comme le sphénoïde et l’occiput, ils sont initialement constitués d’éléments cartilagineux séparés. En avant de l’extrémité de la notochorde, qui se termine au voisinage de la selle turcique et de l’hypophyse, ces cartilages proviennent des cellules de la crête neurale. Plus en arrière, ils proviennent du mésoblaste para-axial. Ces cartilages vont par la suite 14 fusionner et effectuer une ossification endochondrale pour former la base du crâne. La portion basilaire de l’os occipital est formée par le cartilage parachordal et les corps de trois sclérotomes occipitaux. À la partie antérieure de la plaque parachordale se trouvent les cartilages hypophysaires ou polaires, flanquant l’hypophyse, et les trabeculae cranii. Ces cartilages fusionnent ensuite pour former le corps du sphénoïde et l’ethmoïde. De cette façon se forme une lame médiane de cartilages allongés, s’étendant de la région nasale au bord antérieur du trou occipital. Tiré de : LANGMAN, JAN. Embryologie médicale, 6e édition, Paris, Pradel, p. 160. 15 Un certain nombre d’autres condensations mésenchymateuses prennent naissance de chaque côté de cette lame médiane. La plus antérieure d’entre elles, l’aile orbitaire, donne naissance à la petite aile du sphénoïde. En arrière, elle est suivie par l’aile temporale, qui donne naissance à la grande aile du sphénoïde. Ces éléments fusionnent ensuite entre eux ainsi qu’avec la lame médiane, sauf au niveau des orifices livrant passage aux nerfs crâniens. Commençant leur formation en céphalique, les premières vertèbres (ethmoïde, sphénoïde et occiput) ont donc plus de temps pour se développer et se perfectionner comparativement aux vertèbres coccygiennes. 16 5 Anatomie relationnelle chez l’enfant Étant une science du lien, l’ostéopathie est justifiée par son concept de globalité. L’anatomie descriptive n’a donc de sens que dans ses rapports. C’est pour cela qu’il nous apparaît intéressant de s’attarder sur l’anatomie relationnelle du nourrisson. On sait qu’à la naissance, le crâne du nouveau-né comporte des différences majeures par rapport à celui de l’adulte. Chez le nourrisson, il y a plusieurs synchondroses qui s’ossifieront chronologiquement jusqu’à l’âge adulte. Le traitement de ces synchondroses nous permet de modeler et structurer le crâne pour que chacune de ses composantes (structures osseuses, nerfs, artères, veines, lymphatiques et fasciae) soit libre. Ainsi, nous aurons un impact majeur sur la constitution définitive du crâne. Par ces modifications préventives ou correctives, une plus grande liberté crânienne sera présente. En outre, toutes les lésions post-natales, parfois dues à l’accouchement, demandent à être corrigées dans les plus brefs délais. La période au cours de laquelle les lésions doivent être corrigées, la logique et le bon sens veulent que ce soit le plus tôt possible, de manière à éviter à ces enfants de souffrir. Madame Frymann préconise idéalement la correction dans les premières 24 heures, une seule séance étant alors suffisante. Entre le 15e jour et le premier mois, les corrections seront encore efficaces, mais en moyenne trois séances seront alors nécessaires. Après cette date, selon Sutherland, un des pères fondateurs de l'ostéopathie, des lésions de fibrose s'installent, des œdèmes se constituent et la remise en fonction du liquide céphalo-rachidien sera beaucoup plus difficile, plus longue et plus aléatoire. Retarder l'âge d'un traitement d'ostéopathie crânienne chez le nouveau-né constitue une véritable aberration.11 L’ostéopathe se doit d’avoir une approche adaptée au nouveau-né puisque les tissus de ce dernier sont encore en pleine évolution. Il est primordial d’organiser notre savoir dans une vue complexe, de dupliquer les différentes structures en ayant en tête la chronologie de l’ossification pour pouvoir mettre en phase les priorités de traitement et ainsi d’être efficient. On doit donc toujours traiter le crâne du nouveau-né en ayant en tête le crâne de l’enfant, le crâne de l’enfant en ayant en tête le crâne de l’adolescent : d’où l’importance de connaître l’évolution des différentes sutures et synchondroses. 11 BACCICHETTI, YVES. « Pratique de l'ostéopathie », entrevue faite le 29 septembre 2006, Chambre nationale des ostéopathes, en ligne au www.cnosteo.com/osteo/nourrisson.html. 17 En tenant compte de cette évolution, on sera en mesure de gérer le court, le moyen et le long terme. Notre but étant de normaliser toutes ces articulations pour donner une équilibration, une liberté dans les différentes composantes d’ossification du crâne du bébé. 5.1 Généralités sur les fontanelles, sutures et synchondroses Il existe des espaces suturaux cartilagineux, les synchondroses, et des espaces suturaux membraneux, les sutures. Les sutures et les synchondroses sont celles qui n’existent plus chez l’adulte. Une suture se définit par deux os en rapport tandis qu’une fontanelle se définit par plus de deux os en rapports. Il existe six fontanelles principales : • la fontanelle antérieure ou bregmatique, qui termine son organisation entre 18 et 24 mois; • la fontanelle postérieure ou lambdatique, qui se ferme vers l’âge de trois mois; • deux fontanelles mastoïdiennes ou astériques, dont ossification est complétée à 12 mois; • deux fontanelles sphénoïdales ou ptériques, qui seront fermées vers six mois; et trois fontanelles accessoires : • la fontanelle glabellaire; • la fontanelle métopique, qui commence à se fermer dès l’âge de deux ans et dont la fermeture est définitive dans 90 % des cas à l’âge de trois ans et dans 100 % des cas à 10 ans; • la fontanelle pariétale. Ces connaissances sont fondamentales en ostéopathie, puisqu’elles justifient la présence d’une mobilité interosseuse et des membranes sous-jacentes lors de tout traitement ostéopathique. L’anatomie du sphénoïde et de l’occiput du nouveau-né ne ressemble pas à celle de l’adulte. Chez le bébé, le sphénoïde est composé de six os, six parties reliées par différentes sutures et synchondroses. Il en est de même au niveau occipital, puisqu’il y a quatre parties osseuses. Le traitement du sphénoïde, de l’occiput et de la symphyse sphéno-basilaire passe donc par la mobilisation et la correction de leurs différentes composantes. 18 5.2 Le sphénoïde Tiré de : VOYER, GUY. Cours de crânien 2, Académie Sutherland, 2004, 19 Le sphénoïde fait son apparition au 3e mois de la vie fœtale et se développe par 13 points d’ossification. Le pré-sphénoïde est formé par points d’ossification. Le point rostral apparaît à la fin du 5e mois sur la ligne médiane. Le post-sphénoïde (ou basi-sphénoïde) est constitué de huit points d’ossification. Tiré de : VOYER, GUY. « Le sphénoïde et l’occiput », notes du cours de crânien, Académie Sutherland, 2003. Le sphénoïde se compose de deux parties : Le pré-sphénoïde (sphénoïde antérieur) : Il comprend la partie antérieure du corps du sphénoïde, appelé basi-pré-sphénoïde, qui porte deux expansions, les ali-pré-sphénoïdes, futures petites ailes. Entre le basi-pré-sphénoïde et le frontal se trouve la synchondrose fronto-basi-pré-sphénoïde. Entre ali et basi-pré-sphénoïde se trouve parfois la synchondrose ali-basi-pré-sphénoïde. 20 Entre le pré-sphénoïde et le post-sphénoïde se trouve la synchondrose inter-sphénoïdale. Celle-ci s’ossifiera dans la première année et formera le corps du sphénoïde en jumelant la partie basi-pré-sphénoïde à la partie basi-post-sphénoïde. À noter qu’il n’existe pas de tissu cicatriciel au niveau de la suture inter-sphénoïdale. 21 Le post-sphénoïde (sphénoïde postérieur) : Il comprend les ali-post-sphénoïdes, futures grandes ailes et ailes externes de la ptérygoïde. Entre l’ali-post-sphénoïde et le basi-post-sphénoïde se trouve la synchondrose ali-basipost-sphénoïdale. Cette suture s’efface dans les jours ou les semaines qui suivent la naissance. Dans les premières semaines suivant la naissance jusqu’à environ 2 ou 3 ans, les synchondroses ali-basi-post-sphénoïdale, ali-basi-pré-sphénoïde et inter-spénoïdale seront ossifiées. Il n’y aura donc plus de mouvement intrinsèque au sphénoïde. Le basi-post-sphénoïde est séparé du basi-occipital par la synchondrose sphéno-occipitale. Celle-ci commence à se fermer à la puberté, vers 15 ou 16 ans. Elle se fermera plus rapidement chez les filles que chez les garçons. Il peut exister un tissu cicatriciel au niveau de cette synchondrose jusqu’à l’âge de 25 ans. Tant que ce tissu cicatriciel sera présent, il permettra un mouvement entre le basi-post-sphénoïde et le basi-occipital. 22 Tiré de : VOYER, GUY. « Le sphénoïde et l’occiput », notes du cours de crânien, Académie Sutherland, 2003. La selle turcique, importante puisqu’elle accueille la glande pituitaire, est à peine dessinée à la naissance. L’édification osseuse de cette région se fait à partir d’un point osseux particulier, le rostrum. La région sellaire (selle turcique) et le jugum sphénoïdalae sont constitués vers l’âge de quatre mois. Les processus clinoïdes antérieurs sont définis vers cinq ans et atteignent leur maturation complète entre 10 et 18 ans. Les cornets de Bertin restent indépendants jusqu’à l’âge de 10 ans, époque vers laquelle ils se soudent au corps de l’os. Le sinus sphénoïdal est primitivement creusé dans le cornet de Bertin, puis il devient interosseux. Les sinus sphénoïdaux apparaissent vers trois ans et sont à maturation vers 15 ans. Ces différents constats sur le développement chronologique du sphénoïde nous mènent sur le même processus de réflexion ostéopathique que celui que nous avons fait par rapport à l’occiput. Nous devons, en tant qu’ostéopathes, considérer l’âge du bébé pour adapter notre thérapeutique à son évolution crânienne. 23 5.3 L’occiput Tiré de : VOYER, GUY. Cours de crânien 3, Académie Sutherland, 2004. 24 L’occipital se développe par l’intermédiaire de six points d’ossification. Un point basilaire ou basi-occipital; deux points latéraux ou exo-occipitaux et trois points pour l’écaille, dont un inférieur et médian et deux supérieurs et latéraux. Percé sur la ligne médiane par un orifice ovalaire appelé trou occipital, l’os est constitué par rapport à cet orifice par quatre pièces osseuses : le basi-occipital, les exo-occipitaux (deux) et la portion pré-squameuse. Tiré de : VOYER, GUY. « Le sphénoïde et l’occiput », notes du cours de crânien, Académie Sutherland, 2003. 25 Le basi-occipital et en lien avec le basi-post-sphénoïde par l’intermédiaire de la synchondrose occipito-sphénoïdale. Les exo-occipitaux (deux) sont situés de part et d’autre du foramen magnum et séparés du basi-occipital par la synchondrose intra-occipitale antérieure, qui se ferme entre quatre et sept ans. L’occiput sera donc constitué d’une seule pièce vers l’âge de sept ans. La future écaille occipitale se compose elle-même de 4 parties : les supra-occipitaux (2) et les inter-pariétaux (deux). Les supra-occipitaux sont séparés des exo-occipitaux par la synchondrose occipitale postérieure, ou charnière de Budin, qui se ferme vers deux ou trois ans. Cette charnière joue un rôle mécanique important dans les accouchements avec présentation du sommet. Elle permet un mouvement de bascule de l’écaille. Les supra-occipitaux sont séparés entre eux par la synchondrose cérébelleuse médiane et séparés des inter-pariétaux par la sutura mendosa, qui persiste quelques semaines, voire quelques mois post-partum. Les inter-pariétaux sont séparés par la synchondrose occipitale médiane. Dès l’ossification de ces différentes synchondroses, il n’y aura plus de mouvement intrinsèque possible dans l’occiput. On peut d’ores et déjà noter que nos traitements ostéopathiques devront s’adapter à l’âge réel de l’enfant, puis finalement à son âge physiologique. 5.4 Le frontal L’écaille du frontal est divisée en deux par la suture métopique, qui sera présente jusqu’à environ 10 ans. La présence de cette suture provoque un mouvement d’invagination inter-frontal lors de l’inspire. La suture fronto-sphénoïdale permet une mobilité entre la lame horizontale du frontal et le corps du sphénoïde. Elle est importante, car elle intervient sur la base du sphénoïde. Elle se ferme vers l’âge de deux ans. Le mouvement fronto-sphénoïdal peut se comparer à celui de l’adulte. Selon la forme du crâne, cette mobilité peut ne pas exister chez les enfants. Dans la réalité, ce contact n’est parfois pas fronto-sphénoïdal, mais fronto-ethmoïdal. 26 5.5 Le temporal Il est constitué de trois sutures, la suture pétro-squameuse (rocher-écaille), la suture pétrotympanique et la suture tympano-squameuse. La région mastoïdienne de l’os temporal n’est pas développée chez le nouveau-né. Celle-ci commence sa pneumatisation vers 14 ou 15 mois. La totalité de la mastoïde sera pneumatisée à l’âge de cinq ans. Lorsque, radiologiquement, cette région n’est pas organisée à quatre ans, on soupçonne une pathologique pouvant amener des problèmes d’audition et d’équilibre. 5.6 Le pariétal Os de la calvaria pur, qui n’est pas constitué de diploé, table interne et table externe. C’est un seul tissu fibreux complètement mou. 27 6 Biomécanique du crâne du bébé En ostéopathie, nous intégrons toujours l’être humain dans son ensemble et son environnement. « La chaîne n’a de solidité que celle de son maillon le plus faible. »12 C’est dire que cette interactivité est primordiale à l’équilibre de l’organisme. Si un des éléments constitutifs de la chaîne est faible, c’est l’ensemble qui sera affecté. Le corps cherchera des compensations pour garder son équilibre, son homéostasie. Pour nous, l’ostéopathie doit à sa base respecter le concept d’interactivité entre les différents éléments d’un tout. Toutes les parcelles d’un individu sont en constante interaction due à leurs continuités ou contiguïtés. Nous ne pouvons donc pas traiter le corps sans avoir au préalable étudié l’anatomie relationnelle de ses composantes. 6.1 Relation du frontal par rapport au basi-pré-sphénoïde, ali-pré-sphénoïde et ali-post-sphénoïde Le frontal recule, s’invagine au niveau de la suture métopique, les branches latérales externes s’ouvrent latéralement (ouverture de la partie supérieure de l’orbite), ouverture bregmatique. Le basi-pré-sphénoïde et le basi-post-sphénoïde s’avancent et descendent en absolu. Le basi-pré-sphénoïde recule par rapport aux ali-pré-sphénoïdes. Le basi-post-sphénoïde monte relativement au basi-pré-sphénoïde et aux ali-post-sphénoïdes. Les ali-pré-sphénoïdes et les ali-post-sphénoïdes s’avancent et descendent en absolu. Les ali-pré-sphénoïdes montent relativement aux ali-post-sphénoïdes. Les ali-post-sphénoïdes reculent relativement aux ali-pré-sphénoïdes. Ces mouvements créent une mise en tension de la faux et de la tente du cerveau. 12 VOYER, GUY. « Étirements myofasciaux », Cours de 1re année donné à l’Académie Sutherland, Montréal, Canada, du 19 au 22 janvier 2002. 28 6.2 Relation du basi-post-sphénoïde par rapport au basi-pré-sphénoïde et alipost-sphénoïde Le basi-pré-sphénoïde et le basi-post-sphénoïde s’avancent et descendent en absolu. Le basi-post-sphénoïde monte relativement au basi-pré-sphénoïde et aux ali-post-sphénoïdes. Les ali-post-sphénoïdes s’avancent et descendent en absolu. Si on induit un mouvement lemniscatoire plus horizontal, le travail sera dirigé sur le basipré-sphénoïde. Si on induit un mouvement lemniscatoire plus vertical, le travail sera dirigé sur le basi-post-sphénoïde. 6.3 Relation du basi-post-sphénoïde par rapport au basi-occipital Le basi-post-sphénoïde s’avance et descend en absolu. Le basi-occipital descend et s’avance en absolu. 6.4 Relation du basi-occipital par rapport aux exo-occipitaux Le basi-occipital descend et s’avance en absolu. Les exo-occipitaux descendent, s’avancent et s’ouvrent latéralement (ouverture latérale du foramen magnum) en absolu. Le basioccipital monte relativement aux exo-occipitaux. 6.5 Relation des exo-occipitaux par rapport au supra-occipital Les exo-occipitaux descendent, s’avancent et s’ouvrent latéralement (ouverture latérale du foramen magnum) en absolu. Les supra-occipitaux descendent, reculent et s’ouvrent latéralement (ouverture postérieure du foramen magnum) en absolu. Les exo-occipitaux montent relativement aux supra-occipitaux. 6.6 Relation des supra-occipitaux par rapport aux inter-pariétaux Les supra-occipitaux descendent, reculent et s’ouvrent latéralement (ouverture postérieure du foramen magnum) en absolu. Les inter-pariétaux descendent, reculent et s’ouvrent latéralement en absolu. Les supraoccipitaux montent relativement aux inter-pariétaux. 29 L’os épactal, ou wormien, est un os surnuméraire parfois présent dans la suture lambdoïde, dont la base est limitée par les astérions. Tiré de : JANSSENS, PAUL A. ET RAOUL J.L. PERROT. Précis d’anthropologie descriptive et métrique du squelette, 2006-2007. En ligne au http://anthropologie-et-paleopathologie.univ-lyon1.fr. 6.7 Relation de l’inter-pariétal par rapport aux pariétaux Les inter-pariétaux descendent, reculent et s’ouvrent latéralement en absolu. Les pariétaux reculent, s’ouvrent postérieurement (ouverture de lambda), s’invaginent antérieurement (ouverture de bregma). 6.8 Relation des exo-occipitaux par rapport à C1 Translation antéro-postérieure condylienne créant une ouverture du même côté. F°occipitale : translation antérieure des condyles donc ouverture antérieure. E°occipitale : translation postérieure des condyles donc ouverture postérieure. Le travail analytique chez le bébé se fait toujours de façon bilatérale et symétrique, puisqu’il y a des synchondroses intermédiaires; cela permet d’éviter les compensations par les synchondroses du côté opposé. 30 L’intérêt de ce rappel consiste à établir une référence dans la localisation des divers éléments anatomiques et dans la sensation du mouvement entre le crâne d’un adulte et celui d’un nouveau-né, entre la normalité et la pathologie. Il est donc indispensable qu’un ostéopathe maîtrise cette anatomie relationnelle spécifique à l’âge du patient. 31 7 Physiologie des mouvements des os du crâne 7.1 Mouvement lemniscatoire Les fondements de l’ostéopathie des anciens sont encore d’actualité. Nous devons les adapter aux connaissances anatomiques, physiologiques et biomécaniques d’aujourd’hui sans en pervertir l’esprit. Dans les trente dernières années, avec plus de 7 000 heures de dissection humaine, Marc Pick (diplômé et membre de l’International Craniopathic Society) nous a prouvé, dans un de ces nombreux ouvrages, qu’il n’y a pas de mouvement mécanique possible dans la symphyse sphénobasilaire chez l’adulte, mais bien une résilience : This articulation is not actually a sutural junction but a synchondrosisbased symphysis. With this structure, the approach used in this text of disengagement and reengagement is not applicable. (…) Located in the center of the base of the cranial vault between the posterior body of the sphenoid and the anterior basilar surface of the occiput, this articulation is primarily a synchondrosis-based symphysis until the middle of the second decade of life. After the twenty-fifth year, cancellous bone infiltration obliterates the symphysis junction and fuses the occiput with the sphenoid. Consequently, the pratitioner is concerned with that articulation’s realignment prior to its obliteration. After its ossification, the prationner’s focus shifts toward addressing the release of tension in the trabeculae of the symphysis. […] To address each of these distortions the practitioner must keep in mind that this structure is not a suture, and that it becomes ossified after the twentyfifth year of life. However, the anterior two-thirds of the sphenoid’s body is a sinus cavity while the posterior third as well as the occiput’s basilar portion is composed of spongy bone. This means that the junction has a certain degree of pliability and is capable of reacting to outside forces through its sinus trabecular association.13 Il ne faut donc pas chercher un mouvement qui soit identique à celui que l’on retrouve dans les autres articulations du corps. Il y a seulement une résilience, une combinaison de légers rebonds ou plutôt une souplesse de l’articulation. Plus l’os est vivant, plus il y aura de résilience. Pour que le traitement crânien puisse avoir une réelle efficacité, sa méthodologie progressera ainsi : intention, duplication, attention, induction et normalisation lemniscatoire.14 13 14 PICK, MARC G. Cranial Sutures : Analysis, Morphology and Manipulative Strategies, Eastland Press, pp. 422-424. VOYER, GUY. Fascias généraux, notes de cours, non publié, Académie Sutherland, Montréal, Canada, 2002, page 85. 32 L’intention est le but même que l’on se propose d’atteindre, l’objectif visé. La duplication, c’est d’abord de pouvoir se faire une représentation corticale en trois dimensions de nos connaissances anatomiques; ensuite, d’être en mesure de rechercher cet élément anatomique dans le vivant afin de le percevoir en posant les mains. Plus l’anatomie sera acquise, plus il sera aisé de dupliquer. L’attention consiste à avoir la capacité d’adapter nos connaissances théoriques aux variations morphologiques de chaque individu. L’induction est le fait d’exagérer ou de freiner un mouvement dans le but d’y créer un délai et ainsi de le normaliser. On ne fait pas qu’écouter le mouvement en attendant qu’il se normalise de lui-même : on lui donne une direction, une dynamique. La normalisation lemniscatoire, ou « lemniscate, est un terme qui provient en français du latin lemniscatus, tiré du grec lemnos, signifiant ruban. Chaque fois que deux éléments en mouvement, dans le cosmos, sur la Terre ou dans le corps humain ou animal seront en rapport l’un avec l’autre, il y a un point d’équilibre commun aux deux, nommé la lemniscate. La lemniscate est symboliquement représentée par le chiffre 8, ou plutôt par deux boucles qui se croisent au milieu; le point de croisement est pris comme point de balance. Chez l’humain, nous pouvons facilement étudier des mouvements lemniscatoires interosseux à un rythme de 10 à 14 fois par minutes. Comme l’explique Martin Dale dans son ouvrage Lemniscate de compensations structurelles et C.P. McConnell dans Les lemniscates sensorielles et fonctionnelles, le corps est une succession de lemniscates. En effet, chaque os exécute ce mouvement lemniscatoire par rapport à son ou ses voisins. Une perturbation de l’un d’entre eux se répercute non seulement localement, mais sur le corps entier. »15 La normalisation consistera à retrouver le point d’équilibre de la lemniscate de la région travaillée. 15 DALE, MARTIN, MC CONNELL, C.P., tiré de VOYER, GUY. La base des mouvements de type respiratoire primaire, notes de cours, non publié, Académie Sutherland, Montréal, Canada, 2002. 33 Le mouvement est dominé par deux grands principes : • une biomécanique du crâne, influencée par des éléments interactifs : os, membranes, fasciae, muscles, ligaments, articulations, sinus, etc. : la mobilité; • le principe d’une impulsion rythmique qui existe à l’intérieur du système craniosacré : mouvement respiratoire primaire (MRP) : la motilité. Encore une fois, nous désirons souligner l’importance en ostéopathie des liens entre les différents éléments constituants un système, et même un ensemble de systèmes : un être humain. Ces différents éléments sont en interaction de par leur continuité ou contiguïté. Il convient normalement de traiter d’abord la mobilité, de libérer les différents tissus mous, normaliser une articulation, etc., pour ensuite normaliser la motilité, soit le mouvement intrinsèque. En respect avec la philosophie de l’ostéopathie, nous allons sans arrêt mettre en interaction ces deux éléments. Pour coordonner la mobilité à la motilité, l’ostéopathie crânienne traditionnelle s’appuie sur cinq principes16 : 1. Le mouvement propre à la moelle épinière et à l’ensemble du cerveau On observe en effet qu’il y a des mouvements dans le crâne, indépendants du rythme cardiaque. Ils sont souvent synchrones, mais indépendants du rythme respiratoire (pulmonaire). De plus, un 4e rythme a été remarqué. Celui-ci émet des ondes qui sont indépendantes des ondes des impulsions électroencéphalographiques. Le débat est donc : il existe une mobilité inhérente à la moelle épinière et au cerveau, mais qui de quoi dépend-elle? Est-ce que tous les rythmes qu’on connaît sont en rapport avec cette mobilité propre à la moelle épinière et au cerveau ou bien sont-ils complètement indépendants? Lors du développement embryonnaire, le tube neural s’enroule comme deux cornes de bélier pour déterminer le cortex cérébral. On peut donc imaginer que le rythme de cet enroulement, associé à la multiplication des cellules du système nerveux, est à la base de la motilité cranio-sacrée. Puisque ce rythme se produit au travers des cellules 16 RICHARD, RAYMOND D.O., auteur de L’ostéopathie crânienne, diplômé en 1978 en nouvelle-zélande. 34 nerveuses, on comprend qu’il soit en rapport avec tout le reste du corps. C’est le principe qu’a retenu Sutherland pour déterminer le MRP, en précisant que celui-ci ne peut s’analyser que sur le vivant. On l’appelle MRP puisqu’il apparaît dans les 1ers mois de la vie in utero, et peut se maintenir au maximum 3 heures après la mort. 2. La fluctuation du LCR (liquide céphalo-rachidien) Il y a deux phases lemniscatoires se chevauchant et n’ayant ni début ni fin. Cette lemniscate est combiné en deux phases : une phase d’inspire (flexion, RE, expansion) et une phase d’expire (extension, RI, réduction). Dans la phase d’inspire, il se produit une concentration du LCR dans les ventricules en même temps qu’une succion liquidienne, ce qui produit une augmentation de la concentration électrolytique périphérique. Le tissu sera alors plus concentré. Il se produit une dépolymérisation macromoléculaire provoquant une augmentation de la quantité d’eau libre. Les liquides quant à eux deviendront plus fluides et plus perméables. La matrice devient électronégative. Les fibres de la matrice collagénique seront donc plus libres, plus souples, puisqu’elles sont en phase d’expansion. L’ouverture de la matrice collagénique se manifestera sur les membranes intracrâniennes, sur les parois veineuses et lymphatiques. Cette phase d’expansion et d’ouverture correspond à une phase d’échange. Dans la phase d’expire, c’est l’inverse. On va chasser les liquides du LCR dans les espaces intercellulaires. Il se produit donc une diminution de la concentration électrolytique. L’eau sera liée, et ce sera la phase colloïdale où toutes ces eaux vont se fixer sur les racines glucidiques de toutes les macromolécules. La racine carbonée va permettre de fixer les H2O. Puisque le sucre est un glucose, C6H2O6, il y aura alors appel d’une racine carbonée de H2 modifiant la structure glucidique et éliminant de l’eau. Le tissu sera moins liquide, restreignant les échanges. Il n’y a pas de rythme synchrone dans le corps, puisque la mobilité du liquide est une mobilité ondulatoire (la vague). À l’instant T, on est donc à la fois dans une phase d’expansion dans une partie du corps et dans une phase de réduction dans une autre partie du corps. Entre deux parties du corps, il y a un délai, qui est celui de la 35 progression de l’onde (ondulation que l’on pourrait comparer à l’effet du caillou jeté dans l’eau). C’est donc une mobilité ondulatoire. Le seul moment où le corps est en état d’équilibre est la mort. 3. La mobilité des membranes intra-crâniennes et intra-spinales Cette mobilité a premièrement un rôle mécanique, servant d’étui de protection et d’amortisseur. Son deuxième rôle primordial intervient par son degré de tension sur le drainage, pompage des sinus veineux. Par exemple, c’est la tension de la faux du cerveau et de la tente du cervelet qui va pomper le sinus longitudinal, mais l’inverse est vrai aussi. L’inertie circulatoire dans les sinus veineux va jouer sur la tension des membranes. Plus la pression liquidienne dans les sinus est importante, plus les tensions membranaires sont importantes. Parfois, il y a inadéquation entre les deux : la pression est trop grande et les membranes ne sont pas assez élastiques, amenant des hémorragies cérébrales. Nous pouvons ainsi faire le constat d’une interaction entre chacune des structures : « la structure gouverne la fonction et réciproquement ».17 La mobilisation du LCR est en constante interaction avec les membranes duremériennes. Les sept dures-mères du cerveau sont : tente pituitaire, cavum de Meckel, tente du nerf optique, tente du nerf olfactif, faux du cerveau, tente du cervelet et faux du cervelet. C’est sept dures-mères sont en fait des expansions auxquelles on donne des noms différents selon leur orientation. 4. La mobilité intrinsèque du sacrum entre les os iliaques En plus du lien existant entre le crâne et le sacrum, il existe un lien entre les iliaques et le sacrum. La mobilité des 22 axes du bassin18 va aussi intervenir sur la tension de la dure-mère, d’où l’intérêt de ne pas dissocier le travail crânien du travail du bassin. Comment corriger une tension des membranes crânienne sans corriger au préalable une lésion pelvienne? 17 18 WERNHAM, JOHN. « General Osteopathic Treatment », cours, ESO, Maidstone Kent, GB. VOYER, GUY. Séminaire d’été de 2e année, Académie Sutherland, Montréal, Canada, 2003. 36 5. L’interactivité cranio-sacrée. Nous savons que la mobilité des os du crâne ainsi que la relation liquidienne entre les nombreux os, espaces et membranes ainsi que le mouvement respiratoire primaire existe depuis le 1er trimestre intra-utérin. Ces différents éléments interagissent et constituent un mouvement fondamental à la base de l’interaction cranio-sacrée. Les connexions cranio-sacrées (core link) sont le lien entre les mouvements du sacrum et de l’occiput. Les attaches de la dure-mère spinale sont en continuité avec les duresmères cérébrales se faisant au niveau de C0, C1, C2, C3 puis au niveau de L5, S1, S2 ainsi qu’à chaque étage vertébral par les ligaments dentelés. La dure-mère se prolonge du crâne au sacrum. Elle est d’une élasticité réduite, transmettant de manière interactive les mouvements du crâne au sacrum et/ou l’inverse. Nous pouvons prendre un exemple classique de lésion, soit celle faite par l’utilisation d’une ventouse lors d’un accouchement naturel. Cette succion provoquée par la ventouse sur le crâne du bébé développe une force d’aspiration 250 fois plus grande que les pressions normalement subies lors de l’accouchement. Cette aspiration induit sans contredit des lésions au niveau du crâne, mais aussi sur le sacrum par le biais de la dure-mère. À ce stade d’évolution, la dure-mère est encore en ébauche de construction. L’ostéopathe devra donc corriger autant le crâne que la dure-mère et le sacrum. Quant aux dangers que fait courir l'ostéopathie crânienne chez les nourrissons, ceux-ci sont inexistants dès lors que les règles d'ostéopathie crânienne sont respectées par le praticien. Les forces utilisées sont de l'ordre de 50 g chez l'adulte et l'enfant et 20 g chez le nourrisson. L'utilisation de forceps ou de ventouses met en jeu des forces de 7 kg, soit 350 fois supérieures. Il est alors aisé de concevoir la gravité des lésions que pourront provoquer un accouchement dystocique ou l'utilisation de forceps et de ventouses. Tout retard apporté aux corrections ne sera que préjudiciable et préconiser un traitement différé constitue une faute.19 19 BACCICHETTI, YVES. « Pratique de l'ostéopathie », entrevue faite le 29 septembre 2006, Chambre nationale des ostéopathes, en ligne, www.cnosteo.com/osteo/nourrisson.html. 37 8 Anatomie descriptive de la SSB de l’adulte En connaissant l’anatomie, nous sommes en mesure de dupliquer et de comprendre l’impact des diverses structures anatomiques sur la biomécanique crânienne. « Nous vous enseignons l’anatomie dans toutes ses branches, pour que vous puissiez vous forger une image vivante et la conserver sans cesse présente à l’esprit, afin de voir toutes les articulations, tous les ligaments, muscles, glandes, artères, veines, lymphatiques, fascias superficiels et profonds -, tous les organes, leur approvisionnement, ce qu’ils doivent faire, pourquoi on attend d’eux qu’ils jouent un rôle, et ce qui arriverait si ce rôle n’était pas joué complètement et en temps utile. Je ne me prive pas de dire à mes étudiants de toujours garder leur esprit plein d’images du corps normal et anormal lorsqu’ils traitent l’affligé. »20 C’est pourquoi nous aborderons ce chapitre en décrivant les différents rapports du sphénoïde et de l’occiput avec les structures nerveuses, artérielles, veineuses, musculaires, ligamentaires et fasciales. 8.1 Sphénoïde Le sphénoïde est un os rayonné, impair, médian et symétrique. Il est compris entre l’ethmoïde et le frontal en avant, les temporaux et l’occiput en arrière. 20 STILL, A.T. Philosophie de l’ostéopathie, Vannes, Éditions Sully, 1999 chapitre 1, pages 20-21. 38 Tiré de : VOYER, GUY. « Le sphénoïde et l’occiput », notes du cours de crânien, Académie Sutherland, 2003. Le corps du sphénoïde présente plusieurs gouttières, notamment la gouttière olfactive, qui permet le passage du nerf olfactif (celui-ci, dans sa portion antérieure, est logé sous la tente olfactive et reçoit des filets olfactifs qui ont traversé la lame criblée de l’ethmoïde) et la gouttière optique, qui correspond au chiasma optique, lui-même formé par la réunion des deux nerfs optiques. La gouttière du sinus coronaire. Le sinus coronaire est placé dans la tente de l’hypophyse et est formé de deux arcs : l’antérieur fait communiquer les deux sinus caverneux, le postérieur chemine en avant de la lame quadrilatère du sphénoïde. Le sinus caverneux, principal sinus de la base, est placé sur le flanc de la selle turcique et du corps du sphénoïde. Il est compris dans le cavum de Meckel. Il est formé de deux courants : l’un latéral, qui unit le sinus sphéno-pariétal au sinus pétreux supérieur, l’autre médial, qui entoure la carotide interne intra-caverneuse et communique avec le courant médial opposé. Il reçoit les veines ophtalmiques, qui se jettent en arrière dans le sinus occipital transverse. 39 Le sinus caverneux est complètement enveloppé par du tissu dure-mérien qui vient principalement de la tente du cervelet, de la lame pituitaire, des cordes de Willis et du plancher du sinus. Les rapports intrinsèques du sinus caverneux sont principalement avec les cordes de Willis, qui sont elles-mêmes en rapport étroit avec les filets sympathiques et avec des filets artériels (artères hypophysaires). De plus, le sinus est en lien avec la carotide interne par le biais du ligament de Trolard, avec le nerf trochléaire par le biais du ligament de Langer ainsi qu’avec le nerf moteur oculaire commun, le nerf pathétique, la branche ophtalmique de Willis et le nerf maxillaire supérieur (branche du trijumeau). Si nous voulons respecter un des principes de Still, soit que « le rôle de l’artère est absolu »21, ce travail de drainage des sinus devient primordial. Le rôle des sinus est de nettoyer les tissus nerveux, les membranes. Un bon drainage créera donc un appel de sang artériel pour une meilleure irrigation du système. Il y aura alors une influence locale, mais aussi systémique puisque le SNC est directement relié au fonctionnement du SNP et SNA. Le cavum de Meckel est une loge fibreuse due au dédoublement de la dure-mère. Il contient le nerf trijumeau, le ganglion de Gasser et ses trois branches périphériques. Sa paroi supérieure est renforcée par des fibres issues de la tente du cervelet et renferme, dans son épaisseur, des veines en relation avec le plan superficiel du sinus caverneux. Le ganglion de Gasser étant situé près du sommet du rocher, à la jonction sphéno-pétreuse, on constate encore une fois l’intérêt d’un bon mouvement SSB pour une fonction adéquate du trijumeau. Le corps du sphénoïde présente aussi la selle turcique logeant l’hypophyse, la plus importante de toutes les glandes endocrines. L’édification osseuse de cette région se fait à partir d’un point osseux particulier, le rostrum. Le jugum sphénoïdal ne sera définitivement développé que vers l’âge de quatre mois, d’où l’intérêt de travailler ostéopathiquement cette loge osseuse avant quatre mois. Les extrémités latérales du tubercule de la selle turcique présentent les apophyses clinoïdes moyennes : insertion du bord antérieur de la tente hypophysaire. Son bord postérieur s’insère sur les apophyses clinoïdes postérieures. 21 STILL, Andrew-Taylor, AUTOBIOGRAPHIE (1828-1917), Broché, éditions Sully, 1998. 40 Tiré de : VOYER, GUY. « Le sphénoïde et l’occiput », notes du cours de crânien, Académie Sutherland, 2003. Cette région est bien entendu en interaction directe avec les membranes intra-crâniennes, l’hypophyse ayant pour toit la tente de l’hypophyse. C’est donc dire qu’il existe une interaction directe entre les tensions des membranes et l’efficacité du fonctionnement du système hormonal. Le système hormonal est à la fois le système hormonal propre et le principal gestionnaire des interactions avec les systèmes sympathiques et parasympathiques, le système adrénergique ou cholinergique (stimuler/inhiber le cœur, la digestion, etc.), le système gynécologique, le système d’élimination (transpiration, perspiration ou miction), le système rénal (rétention de l’eau (ADH) ou l’élimination) ou même les humeurs et la gestion émotionnelle. Il est absolument primordial de traiter cette région chez un nouveau-né pour que l’hypophyse puisse être libre. La jonction entre la surface quadrilatère et la gouttière basilaire de l’occipital se nomme le clivus de Blumenbach. Ce dernier est le lien cicatriciel de la synchondrose sphéno-occipitale, lien qui sera complètement résorbé à la fin de son ossification, vers 25 ans. Les bords latéraux du 41 clivus de Blumenbach présentent deux échancrures : une supérieure pour le passage du nerf moteur oculaire commun, 3e nerf crânien, et une inférieure pour le sinus pétreux inférieur. Le corps du sphénoïde est creusé de deux cavités : ce sont les sinus sphénoïdaux. Ils sont séparés l’un de l’autre par le septum inter-sinusien. Chaque sinus sphénoïdal s’ouvre en avant dans la fosse nasale correspondante par un orifice : l’ostium sphénoïdal. La petite aile du sphénoïde donne insertion au releveur supérieur de la paupière et au muscle grand oblique de l’œil à sa face inférieure près de la fente sphénoïdale. Son bord postérieur se prolonge vers l’arrière et l’intérieur par l’apophyse clinoïde antérieure, point d’insertion de la petite circonférence de la tente du cervelet. Le canal optique est creusé obliquement à la base de la petite aile du sphénoïde, créant une communication entre la boîte crânienne et l’orbite. L’orifice postérieur du canal optique est crânien, l’orifice antérieur est orbitaire, livrant passage au nerf optique et à l’artère ophtalmique pour gagner le chiasma optique. Il semble donc important de normaliser le sphénoïde pour s’assurer d’une fonction oculaire adéquate. Le lien entre la structure du sphénoïde et la fonction oculaire est encore un excellent exemple de la philosophie ostéopathique de notre maître A.T. Still quand il affirmait que « la structure gouverne la fonction ».22 La grande aile du sphénoïde : La crête sphéno-temporale donne insertion, en dehors, aux fibres aponévrotiques du muscle temporal ainsi qu’au faisceau supérieur du muscle ptérygoïdien externe, en dedans. Sur le tubercule du sphénoïde, il y a insertion des fibres du muscle temporal et du ligament ptérygoïdien antérieur. L’épine du sphénoïde, sur sa partie externe, donne insertion aux ligaments sphénomaxillaire et latéral interne de l’ATM. Sur sa partie interne, on trouve l’aponévrose interptérygoïdiene, le ligament ptérygo-épineux de Civinini et le faisceau sphénoïdal du muscle 22 STILL, Andrew-Taylor, AUTOBIOGRAPHIE (1828-1917), Broché, éditions Sully,1998 42 péristaphylin externe. Au niveau de sa base, on trouve le muscle du marteau, le ligament antérieur du marteau, le ligament suspenseur latéral du pharynx (ligament pétro-salpingopharyngien d’Escat). Tiré de : VOYER, GUY. « Le sphénoïde et l’occiput », notes du cours de crânien, Académie Sutherland, 2003. Au niveau de la racine de la grande aile, on trouve le tubercule de Zinn, point d’attache du tendon de Zinn (des muscles droits de l’œil). Les fosses sphéno-temporales sont perforées par de nombreux orifices : La fente sphénoïdale est une déhiscence osseuse entre les ailes du sphénoïde, plus précisément entre le bord postérieur de la petite aile et le bord supérieur de la grande aile. La fente sphénoïdale sert d’insertion à l’anneau de Zinn ainsi qu’au muscle droit externe. Elle fait communiquer l’orbite avec l’étage moyen de la base du crâne et livre passage dans sa portion renflée aux nerfs moteur oculaire commun (III), moteur oculaire externe (VI) et nasal (du V) ainsi qu’à la racine sympathique du ganglion ophtalmique (connexion somato-émotionnelle) et à 43 la veine ophtalmique et, dans sa portion effilée, aux nerfs pathétique (IV), frontal et lacrymal ainsi qu’au rameau orbitaire de la branche antérieure de l’artère méningée moyenne. Le trou grand rond est traversé par le nerf maxillaire supérieur et par les veines de Nühn (qui se jettent dans le sinus caverneux et dans le plexus ptérygoïdien). Le trou ovale est traversé par le nerf maxillaire inférieur (branche du V), qui devient extra-crânien, accompagné de l’artère petite méningée. Le trou ovale a un axe parallèle à l’axe pétreux : s’il y a une lésion de l’axe pétreux, il y aura donc une fermeture antérieure ou postérieure du trou ovale. Le trou de Vésale, médian au trou ovale, laisse passer la veine de Merkel. Cette veine fait communiquer le sinus caverneux avec le plexus ptérygoïdien. Le trou petit rond sert au passage de l’artère méningée moyenne, de ses veines satellites et du rameau récurent méningé de Luschka, issu du nerf maxillaire inférieur (branche du V). Médial à ce dernier se trouve le canal innominé d’Arnold, où s’engage le nerf pétreux superficiel, branche du nerf facial, le petit nerf pétreux profond, branche du nerf de Jacobson, elle-même branche du nerf glosso-pharyngien. Le trou déchiré antérieur, comblé par la membrana obturatoria foraminis laceri de Grüber, livre passage au nerf vidien et au sinus pétro-occipital d’Englisch. Le trou est divisé en deux par la lingula où passent en interne l’artère carotide interne, le plexus veineux, le plexus sympathique et péricarotidien. En externe de la lingula, on trouve le nerf vidien avec le rameau méningé de l’artère pharyngienne ascendante. À la partie interne de la racine interne de l’apophyse ptérygoïde, on retrouve l’apophyse vaginale présentant le canal ptérygo-palatin, dans lequel passent l’artère ptérygo-palatine et le nerf pharyngien de Bock. Au niveau de la racine externe se présente le canal vidien, où s’engagent le nerf vidien et l’artère vidienne. L’apophyse ptérygoïde présente une zone d’insertion pour le muscle ptérygoïdien externe sur l’aile externe. Au niveau de la partie interne de l’aile externe, on note l’insertion du muscle ptérygoïdien interne. 44 L’épine du sphénoïde, le ligament ptérygo-épineux de Civinini, l’aile externe de la ptérygoïde ainsi que le ligament de Hyrtl délimitent l’orifice de Civinini, comblé par l’aponévrose inter-ptérygoïdienne. Il livre passage aux nerfs auriculo-temporal, lingual et dentaire inférieur (branches du nerf maxillaire inférieur). Tiré de : VOYER, GUY. « Le sphénoïde et l’occiput », notes du cours de crânien, Académie Sutherland, 2003. 45 Bien que ce ne soit le but principal de notre mémoire, il est difficile de parler du porus crotaphitico buccinatorius sans penser à l’intérêt de la normalisation de ce dernier tant par le travail des tissus mous intra-buccaux que par celui de la mobilité intra-crânienne du sphénoïde pour soulager le nerf méningé moyen. Souvent comprimé, ce nerf entraîne des migraines effroyables. Il serait peut-être intéressant de faire une étude pour savoir si le traitement préventif des lésions sphénoïdales du nouveau-né ne serait pas une bonne technique de prévention des migraines. Le trou de Hyrtl, ou porus crotaphitico buccinatorius, délimité par le ligament de Hyrtl, croise l’aire du trou ovale dans lequel s’engagent les trois nerfs temporaux profonds : temporomassétérin, temporo-buccinateur et temporal profond moyen. La partie interne du trou de Hyrtl correspond à la gouttière tubaire, partie terminale de la trompe d’Eustache. Le bord postérieur du trou de Hyrtl donne insertion au ligament tympano-ptérygo-maxillaire de Leblanc et au faisceau sphénoïdal du péristaphylin externe. Le crochet de l’aile interne, ou hamulus, donne insertion au faisceau ptérygoïdien du constricteur supérieur du pharynx ainsi qu’au faisceau ptérygo-palatin du pharyngo-staphylin et au ligament ptérygo-maxillaire. La fossette scaphoïde donne insertion au muscle ptérygoïdien interne. Cette zone est en interaction avec la fonction oto-rhinolaryngologique. 8.2 Occipital On ne peut dissocier l’occiput du rachis cervical supérieur (charnière cranio-rachidienne) auquel il est réuni par plusieurs muscles et ligaments. En plus d’avoir une interaction directe avec l’atlas et l’axis, plusieurs structures anatomiques décrites plus bas prennent insertion, d’une part, sur l’occiput et, d’autre part, sur les autres niveaux vertébraux. Un déplacement sur n’importe quel étage vertébral aura un impact sur la tension de ces structures et, donc, sur la mobilité et la qualité de mouvement de la SSB. Partie basilaire Le LVCA, ou ligament longitudinal, s’insère sur le tubercule pharyngien de l’occipital et sur la face antérieure des corps vertébraux jusqu’aux vertèbres lombaires. 46 De chaque côté du tubercule, on trouve une crête où s’insère le petit droit antérieur de la tête. Devant cette crête, sur une surface rugueuse, le grand droit antérieur de la tête prend insertion. De la partie antérieure du trou occipital à l’arc antérieur de l’atlas s’insère la membrane atlanto-occipitale antérieure, tandis que la membrane atlanto-occipitale postérieure s’y insère sur la partie postérieure. En bordure du foramen magnum, à la face interne, il y a insertion du ligament de l’apex, de la dent de l’axis (ligament occipito-odontoïdien médian) et du ligament transverso-occipital. Tiré de : VOYER, GUY. « Le sphénoïde et l’occiput », notes du cours de crânien, Académie Sutherland, 2003. À la face externe, en bordure du foramen magnum, on trouve insertion des ligaments alaires (occipito-odontoïdien latéral) et du faisceau latéral de la membrana tectoria. Cette membrane est en continuité avec la dure-mère crânienne et rachidienne et se poursuit par la membrana tectoria au niveau de la face postérieure de l’articulation sacro-coccygienne. Il y a donc un lien entre le sacrum et l’occiput. La membrana tectoria tient le rôle de barrière de transition entre les mouvements de flexion et d’extension occipitales qui vont se répercuter sur tout le trajet vertébral jusqu’au sacrum. La torsion qui va se manifester au niveau sacré apportera un déséquilibre sur la SSB. 47 Toutes ses attaches au pourtour du trou occipital vont venir influencer le positionnement de l’occiput, de la SSB. Tiré de : VOYER, GUY. « Le sphénoïde et l’occiput », notes du cours de crânien, Académie Sutherland, 2003. Le nerf hypoglosse traverse la base du crâne par le canal condylien antérieur. Une lésion d’extension de la SSB aura un impact direct sur le XII, où la motricité de la langue sera affectée. À la partie postérieure de la fosse condylaire se fixe le ligament atlanto-occipital latéral. Le trou déchiré postérieur est limité par deux saillies occipitales, le processus intra-jugulaire en avant et le processus jugulaire en arrière, et par deux processus analogues au niveau de l’os temporal. Le processus jugulaire donne insertion au muscle droit latéral de la tête. Le foramen jugulaire est séparé en trois loges : dans la loge antérieure passent le nerf glosso-pharyngien et le sinus pétreux inférieur; dans la loge moyenne passent le nerf vague, le nerf accessoire et l’artère méningée postérieure; et dans la loge postérieure se trouve l’origine de la veine jugulaire interne, prolongement extra-crânien du sinus sigmoïde. Encore une fois, lien entre les sinus veineux, le système artériel tient donc de la qualité de l’irrigation crânienne et la relation avec les différents nerfs crâniens. Le sinus pétreux inférieur devient extra-crânien juste au-dessus du processus intra-jugulaire. 48 À la face interne de l’os occipital, on retrouve la fossette sigmoïde contenant la partie terminale du sinus sigmoïde. Le trou déchiré postérieur, ou foramen jugulaire, est d’une importance fondamentale, ne serait-ce que par son interaction pétro-occipitale (ligaments pétro-occipital), la présence de la veine jugulaire interne ainsi que les différents nerfs crâniens y passant. Par contre, il n’est pas dans notre sujet de détailler ceci. Tiré de : VOYER, GUY. « Le sphénoïde et l’occiput », notes du cours de crânien, Académie Sutherland, 2003. Écaille À la face externe de l’écaille, au niveau de la protubérance externe (inion) s’insère le ligament nucal. Sur la partie horizontale, au niveau des lignes courbes occipitales, s’insèrent plusieurs muscles : le trapèze, le sterno-cléido-occipito-mastoïdien, le splénius de la tête, le ventre occipital du muscle occipito-frontal, le grand complexus, le petit oblique de la tête, le petit droit postérieur de la tête et le grand droit postérieur de la tête. 49 Tiré de : VOYER, GUY. « Le sphénoïde et l’occiput », notes du cours de crânien, Académie Sutherland, 2003. Foramen magnum Il fait communiquer la boîte crânienne avec le canal rachidien, donnant passage au névraxe, et plus particulièrement au bulbe rachidien, accompagné de chaque côté par les artères et les veines vertébrales et par les racines du nerf accessoire. Le foramen magnum est le siège de la transition anatomique descriptive des dures-mères crânienne et rachidienne par le biais de la membrana tectoria. Lors du traitement des membranes et de la mobilisation cranio-sacrée, il conviendra d’en tenir compte. En effet, il existe une continuité du lobe postérieur du ventricule latéral jusqu’à l’abouchement du fascia présacral. Notons qu’il faudra normaliser l’ensemble des structures présentes afin de respecter la totalité des maillons de la chaîne : la corne temporale, la corne occipitale et la corne frontale des ventricules latéraux, le canal de Monro, le troisième ventricule, l’aqueduc de Sylvius, le quatrième ventricule, le cinquième ventricule (Arantius), les espaces inter-radiculaire et épidural et le sixième ventricule (Kraüse). Ceci est encore un excellent exemple de l’intérêt en ostéopathie de la maîtrise de l’anatomie relationnelle dans le cadre d’une normalisation de la totalité du liquide céphalo-rachidien en respectant l’anatomie relationnelle d’une chaîne ventriculaire. On comprend pourquoi le classique travail sacré devient un travail (C2SC) cranio-spinosacro-coccygien. 50 9 Biomécanique du crâne de l’adulte 9.1 Conception biomécanique La biomécanique sera en perpétuel remaniement selon l’évolution des différentes sutures et synchondroses des os du crâne. Le mouvement crânien a un moteur quantitatif, le temporal, et un moteur qualitatif, la SSB. Le temporal est l’os pivot du crâne puisqu’il est en contact autant avec les os de la face (l’arcade zygomatique s’articule avec le malaire, qui est considéré comme le ménisque entre les os de la face) qu’avec les os de la voûte. Il est le seul os qui fait une connexion externe et interne, par le biais du rocher. Le temporal a des connexions avec les artères, les veines et les nerfs importants du crâne. Le temporal a une connexion étroite avec l’équilibre postural du corps par des informations neuroceptives et par les mises en tension qu’on aura sur la chaîne des muscles postérieurs (splenius capiti et coli, etc., donc C0-temporal). C’est le temporal qui va gérer par rapport au centre de gravité de la tête les connexions sur l’appui antérieur (par le biais du diaphragme stylien, le bouquet de Riolan). La SSB a un rôle qualitatif sur le mouvement crânien puisqu’elle est l’axe du mouvement antéro-postérieur, dû à son rapport aux différentes membranes crâniennes. Tel que décrit, la SSB a de nombreux liens tant avec son environnement direct (crânien) qu’indirect (extra-crânien). Lorsqu’on veut normaliser la sphéno-basilaire, il faut donc toujours garder en tête tout son environnement. On ne peut dissocier le sphénoïde et l’occiput de son environnement. 51 Axes de mouvements vus par Altieri23 • O1 O’1 : Axe vertical sphénoïdal. S’il y a une lésion, on obtiendra un mouvement de balayage postérieur, occipital. • O2 O’2 : Axe vertical occipital. S’il y a lésion, on obtiendra un balayage antérieur, sphénoïdal. • O3 O’3 : Mouvement de rotation pure, sans balayage. • C’g C’d : Axe transverse du sphénoïde. Mouvement de flexion/extension du sphénoïde. • Tg Td : Axe transverse de l’occiput. Mouvement de flexion/extension de l’occiput. • XO : Axe sagittal médian du sphénoïde. • OY : Axe sagittal médian de l’occiput. 9.2 Analyse des mouvements de tous les os du crâne par rapport à deux os; l’occiput et le sphénoïde Mouvement de l’occiput par rapport au rachis Flexion/Extension Exemple : Flexion/Extension de C0/C1 • Il y a translation antéro-postérieure condylienne créant une ouverture du même côté. Exemple : F° occipitale : translation antérieure des condyles donc ouverture antérieure E° occipitale : translation postérieure des condyles donc ouverture postérieure Ce sont les condyles qui vont mettre une tension antérieure ou postérieure selon le mouvement. La membrana tectoria est mise en tension dans l’extension, puisque les condyles s’ouvrent. Elle est donc un facteur de limitation de l’ouverture postérieure (flexion articulaire). 23 ALTIERI, Professeur au collège d’étiopathie de Genève (Suisse), extrait du cours de VOYER, GUY. Biomécanique du crâne, notes de cours, non publié, Académie Sutherland, Montréal, Canada, 2002, page 87-92 . 52 Rotation Exemple : Rotation gauche C0/C1 Le condyle gauche fait : • une extension (relative globale), annulation de la courbure du rachis cervical supérieur; • une translation postérieure; • une inclinaison controlatérale associée à une flexion absolue (inclinaison droite associée à une flexion absolue droite pour cet exemple), expansion du ligament alaire gauche et des insertions gauche de la membrana tectoria. • La SSB migre en avant et vers la droite. • Il y a une rotation relative de C2 par un enroulement des tissus autour de l’odontoïde. La lésion de rotation va entraîner une inclinaison controlatérale. La rotation veut induire une translation homolatérale, mais à cause de l’orientation des tissus (membrana tectoria, des tendons postérieurs, du fascia postérieur, du septum nucal, etc.), le côté droit se rétractera tandis qu’on obtiendra une expansion du côté gauche, provoquant une inclinaison controlatérale. Inclinaison latérale Exemple : Inclinaison latérale droite de C0/C1 • Translation postéro-interne du condyle droit; • Rotation homolatérale; • Mise en tension des éléments postérieurs au condyle droit qui entraînera une mise en tension forcée (à l’extérieur du rail articulaire). La lésion en inclinaison latérale va entraîner une rotation homolatérale. Une inclinaison créera des ouvertures tissulaires entraînant une microrotation homolatérale. 53 L’orientation en bas et vers l’avant des condyles ainsi que les tissus mous disposés en arc de cercle fait que l’inclinaison latérale droite entraîne une rotation droite. À noter que si le degré d’amplitude de la rotation droite est trop ample les tissus mous dépasseront leur cap de mouvement articulaire et feront donc une inclinaison controlatérale. Une lésion traumatique directe sera une lésion de rotation tandis qu’une lésion chronique, durable, posturale, psychologique, de long terme, qui envoie des perturbations importantes, amènera une lésion en inclinaison latérale. Translation (T°) Exemple : Translation G • inclinaison latérale droite; • rotation homolatérale; • condyle droit fait une translation postéro-interne. Une translation potentielle existante du rachis peut entraîner un déséquilibre de l’expansion dure-mérienne sur son axe longitudinal. Elle va se manifester par une plus grande expansion d’un côté que de l’autre, d’où une exagération de la translation. Lorsqu’il y a une expansion dure-mérienne plus importante d’un côté, il y aura donc une réduction ou une expansion moins importante de l’autre côté, entraînant une inclinaison homolatérale et un mouvement d’extension. Cette lésion de translation peut être exagérée par une perturbation somato-émotionnelle qui se manifeste par des tensions déséquilibrées au niveau des ganglions stellaires et des ganglions cervico-supérieurs ou par une lésion traumatique, structurelle. 54 Mouvement de l’occiput par rapport au pariétal et au temporal RE temporale : • le temporal se postériorise et va en dehors absolu; • le pariétal est entraîné en RE et en postérieur absolu (donc avancée relative du temporal); • flexion occipitale; • ouverture de l’astérion; • latéralement, mise en tension de la grande courbure de la tente du cervelet; • postérieurement, mise en tension de la faux du cerveau. C0/temporal (mastoïdienne) : Trois articulations : • Articulation jugulaire/C0 : Prise comme point d’appui. • Articulation C0/mastoïde proprement dite : au niveau supérieur; dépend de la taille des biseaux suture taillée au dépend de la table externe au niveau 1/3 inférieur; suture taillée au dépend de la table interne En RE temporale : ouverture de la squame temporale, la mastoïde va en avant, en bas et en dedans. Le temporal recule en absolu, mais avance relativement à l’occiput. Suture pétro-occipitale (au niveau du trou déchiré postérieur) Il y a un fibro-cartilage : articulation formée avec la face postéro-inférieure du rocher et de la partie postérieure de l’apophyse basilaire de l’occiput. À noter que le point pivot sur l’axe jugulaire détermine un mouvement des trois articulations temporo-occipitales en même temps. 55 Tiré de : VOYER, GUY. Cours de crânien 2, Académie Sutherland, 2004. Mouvement du sphénoïde par rapport au frontal Le sphénoïde plonge en bas et en avant en absolu. Les ptérygoïdes montent et reculent relativement. Les petites ailes et le corps du sphénoïde montent relativement aux grandes ailes. Le bord antérieur et supérieur des petites ailes du sphénoïde se désengage par rapport à la partie correspondante du frontal. Le frontal monte et recule en absolu. Il en résulte une augmentation du volume de l’orbite (ouverture de la partie supérieure de la cavité orbitaire). 56 Les apophyses orbitaires externes s’ouvrent latéralement et s’avancent relativement. La suture métopique s’invagine par l’entremise de la crista gali qui est tirée en arrière par la faux du cerveau. Tiré de : VOYER, GUY. Cours de crânien 2, Académie Sutherland, 2004. 57 Mouvement de la SSB La SSB se travaille chez l’adulte sur un seul axe : l’axe nasion/opistion, puisqu’il n’y a qu’un seul os qui existe, « l’os sphéno-occipital ». « Le mouvement de la sphéno-basilaire existe, chez l’adulte mais pas le mouvement intra-sphéno-basilaire (ossification de la suture sphénooccipitale entre 20 et 25 ans). La SSB a une propriété de flexibilité plutôt qu’une mobilité articulaire. La motilité chez l’adulte est proportionnelle à la faculté de se comprimer et à la flexibilité de l’os. »24 Rotation postérieure (axe 02 0’2) (axe de rotation occipitale) Mouvement primaire C0 Balayage antérieur balayage sphénoïdal Lésion occipitale Rotation antérieure (axe 01 0’1) (axe de rotation sphénoïdale) Mouvement primaire sphénoïde Balayage postérieur balayage occipital Lésion sphénoïdale Rotation sphéno-basilaire (axe 03 0’3) (axe vertical passant par point 0) (axe de rotation SSB) Sans balayage Lésion SSB 9.3 Conception liquidienne 9.3.1 Phénomène de la roue dentée Dans plusieurs écoles réputées, l’enseignement est dirigé sur la capacité de sentir les mouvements intrinsèques à la sphéno-basilaire chez l’adulte. Nous venons d’expliquer plus haut que cette articulation, passé l’âge de 25 ans environ, est complètement ossifiée et ne présente même plus de tissus cicatriciels résiduels. L’ostéopathie a perdu beaucoup de sa crédibilité à cause de ses considérations non scientifiques. 24 MAGOUN, H. I. L’ostéopathie dans la sphère crânienne, Montréal, Édition Spirale, 1994, chapitre 3, p. 50. 58 Comment pourrions-nous sentir un mouvement intrinsèque à la SSB? Ce mouvement à été estimée à une valeur de 8 à 10 microns, ce qui revient à dire que l’ostéopathe est capable de sentir entre son pouce et son index la présence d’un globule rouge (7-8 microns) ou alors parfois deux globules rouges superposés, soit 14 microns, comme cela était enseigné à la Faculté d’odontologie de Lille, en association avec le CNRS (Centre nationale de recherche scientifique).25 Bien que l’on n’ait pas de perception des mouvements intrinsèques à la sphéno-basilaire chez l’adulte, il n’en demeure pas moins qu’il existe un mouvement sphéno-basilaire qui, lui, est perceptible par les mains de l’ostéopathe. Sutherland a expliqué le mouvement physiologique des composants osseux du crâne comme faisant partie d’une unité fonctionnelle reliée au mécanisme respiratoire primaire. Les os médians, comme l’occiput et le sphénoïde, se mobilisent autour d’un axe transversal lors de la flexion. Ceci est permis par la résilience toujours présente de la symphyse sphéno-basilaire et il en résulte une légère inclinaison de cette articulation vers le vertex. Il y a aussi des variations de forme et de dimension du crâne. En même temps, les os périphériques ont réagi avec une séquence de mouvements interdépendants comme les rouages d’une montre. Lors de la flexion de l’occiput, les temporaux et les pariétaux font une rotation externe. Lors de la flexion du sphénoïde, les deux parties du frontal et tous les os de la face, à l’exception du maxillaire inférieur, font une rotation externe. Lors de l’extension, le contraire se produit. Donc, la flexion et l’extension de la symphyse sphéno-basilaire, pour être normales, doivent être accompagnées d’un système défini de mécanismes compensatoires.26 Ce concept pertinent dans les sensations que tous les ostéopathes retrouvent a été excellemment imagé par le phénomène de la roue dentée. Cependant, au cours des années, ces explications et images pédagogiques ont eu le malheur d’être transformées comme une vérité biomécanique. Comme nous l’avons dit, la crédibilité de l’ostéopathie en a souffert. Dans les mains de l’ostéopathe, la sensation d’une mobilité de l’articulation sphéno-basilaire est presque identique à la sensation du mouvement lemniscatoire (motilité) du bloc sphéno-basilaire, mais il n’en demeure pas moins que, biomécaniquement, ce soit complètement différent. 25 BACCICHETTI, YVES. « Pratique de l'ostéopathie », entrevue faite le 29 septembre 2006, Chambre nationale des ostéopathes, en ligne, www.cnosteo.com/osteo/nourrisson.html. 26 MAGOUN, H. I. L’ostéopathie dans la sphère crânienne, Montréal, Édition Spirale, 1994, chapitre 3, p. 45. 59 Dans la phase d’inspire du mouvement lemniscatoire, les grandes ailes du sphénoïde descendent en bas et en avant. Il y a une translation antérieure des condyles de l’occiput avec une postériorisation et une expansion latérale de l’écaille, résultant en une ouverture lambdatique. En même temps, l’ensemble de la SSB translate en bas et en avant. Les mouvements lemniscatoires justifient une priorité du sphénoïde par rapport à l’occiput lors de l’inspire (en rouge sur le schéma). Le sphénoïde initie et produit un mouvement plus grand suivant l’axe de la lemniscate. C’est par cette lancée que l’occiput viendra terminer la phase d’inspire, pour prendre le rôle d’initiateur dans la phase d’expire (en bleu sur le schéma) suivi par derrière par le sphénoïde. 60 61 La vie consiste en un mouvement dynamique. Le corps humain est en constante recherche d’équilibre. La lemniscate n’y fait pas exception. À l’opposé, l’équilibre parfait du corps équivaut à la statique, donc à la mort. 62 9.3.2 Mouvement lemniscatoire Nous ne reprendrons pas tout ce qui a été décrit au chapitre 7.1, pages 30 à 35. Mais nous insistons à nouveau pour reprendre les travaux de Marc Pick, Guy Voyer, C.P. McConnell, Martin Dale et de bien d’autres qui ont mis en évidence l’intérêt du mouvement lemniscatoire déterminant tant la mobilité que la motilité des différentes parties du corps donc du crâne pour ce qui nous intéresse dans ce mémoire. 63 10 Techno-méthodologie du traitement de l’enfant et de l’adulte La naissance est la période la plus critique dans la vie de chaque individu. Une légère anomalie du pelvis maternel peut produire un modelage excessif du crâne de l’enfant. Une présentation anormale est une source de trouble bien connue par la suite, apportant des forces indésirables à supporter sur la délicate structure crânienne, souvent avec des résultats tragiques. Les blessures à la naissance sont inséparablement liées, dans toute une liste de hasards qui attendent l’enfant grandissant, tels que rhinites, sinusites, troubles hormonaux, troubles oculaires, « bavements » excessifs, défauts de langage, épilepsie, etc. Les schémas crâniens et vertébraux sont inséparables. Beaucoup de courbures apparaissant dans l’enfance ont leur base dans des blessures crâniennes à la naissance. Des troubles du mécanisme de tension réciproque des méninges crâniennes peuvent amener des défauts permanents à partir de l’interférence avec la circulation veineuse et le mouvement libre des os. Notre premier devoir en tant qu’ostéopathes se trouve dans le domaine de la médecine préventive, spécialement chez les bébés. Nous devons être toujours en alerte pour reconnaître très tôt les symptômes suggestifs, pour donner la considération voulue à la signification d’aberrations et de signes subcliniques mineurs, qui ne sont tous, trop souvent, qu’effleurés rapidement et écartés par le médecin en dépit de l’appréhension de la mère. C’est notre responsabilité précise de voir que le bébé va bien. Sutherland a trouvé que chez l’enfant nouveau-né, la plus douce intervention peut replacer les éléments distordus. Il a souligné l’importance d’accomplir ce travail tout de suite après la naissance et de ne pas permettre à la lésion de s’installer pour ainsi éviter des déformations plus tardives. Ceci est une des contributions de la médecine ostéopathique qui devrait être donnée dans le monde de la connaissance médicale tout entier, car il est vrai, ainsi que Pope l’a écrit, que « comme la jeune pousse est inclinée, l’arbre le sera aussi ».27 27 VOYER, GUY. Fascias généraux, notes de cours, non publié, Académie Sutherland, Montréal, Canada, 2002. 64 La méthodologie du traitement consiste en un principe de chaîne. Une chaîne se construit entre différentes structures ayant des rapports anatomiques de continuité ou de contiguïté. En libérant chacun des maillons de la chaîne, on évite ainsi les compensations possibles à distance. D’un patient à l’autre et en cours de traitement, la chaîne se modifiera en fonction des restrictions ressenties par l’ostéopathe. « La chaîne n’a de solidité que celle de son maillon le plus faible. »28 10.1 Conceptualisation d’une chaîne de traitement chez le nouveau-né Le principe de traitement repose d’abord sur un temps d’écoute en prenant une référence proximale et distale de la pseudo articulation. Après cette écoute, on normalise en créant un délai dans l’expansion ou la réduction. Il est d’autant plus facile de le sentir chez le bébé lorsqu’il crie ou pleure. En effet, « les expériences de Nyström ont mis en évidence les changements causés dans la forme de la boîte crânienne de l’enfant par la poussée qu’exerce sur la surface endocrânienne l’accroissement de la pression sanguine provoquée par des cris. Nyström a constaté en effet, sur des enfants âgés de 13 et 16 mois, que le diamètre transversal de la boîte crânienne de 0,5 à 1 mm lorsque l’enfant crie, tandis que le diamètre antéro-postérieur diminue dans les mêmes proportions. Or, comme le dit avec raison Pope, les changements de forme de la boîte crânienne retentissent sur la faux du cerveau et sur la tente du cervelet sous forme de tractions qui déterminent l’orientation de certains faisceaux de ces membranes. »29 Voici la justification de la construction de la chaîne du nouveau-né : 1. Écoute générale Elle consiste en une prise de contact générale avec les tissus afin de déterminer l’orientation du traitement. Elle permet de sentir l’endroit où il y a la plus grande restriction de mobilité pour ensuite traiter l’environnement d’abord, la lésion ensuite. 28 VOYER, GUY. « Étirements myofasciaux », Cours de 1re année donné à l’Académie Sutherland, Montréal, Canada, du 19 au 22 janvier 2002. 29 ROUVIÈRE, anatomie de l’appareil locomoteur, dans VOYER, GUY. Fascias généraux, notes de cours, non publié, Académie Sutherland, Montréal, Canada, 2002, p. 40. 65 2. Normalisation du fascia du splénius complexus Prenant insertion de l’occiput à T8-T9, il met donc en lien la boîte crânienne avec le rachis dorsal. 3. Normalisation du fascia du levator scapulae Plus transversal, il est situé entre l’occiput, le rachis cervical et la ceinture scapulaire. 4. Normalisation du fascia du cuculaire Anciennement cuculus (Léonard de Vinci), il s’agit de normaliser le fascia du trapèze supérieur. 5. Normalisation du fascia pariéto-temporal Prenant insertion de manière forte au niveau crânien, ce tissu fascial est donc à normaliser pour permettre la libération des contraintes tissulaires exercées sur le pariétal et le temporal, tout deux faisant parti de l’environnement de la symphyse sphéno-basilaire. 6. Pompage de C0/C1/C2 L’articulation C1-C2 ne pouvant être dissociée de l’occiput tant par ses attaches myofasciales, ligamentaires que par sa structure mécanique, il convient donc de la normaliser. 7. Normalisation des exo-occipitaux par rapport à C1 Chez le nouveau-né, les exo-occipitaux sont les portions osseuses de l’occiput en contact direct avec C1. C’est donc par leur intermédiaire qu’il peut y avoir une transmission du rachis cervical supérieur vers le sacrum (lésion descendante) ou des exo-occipitaux vers le crâne (lésion montante). 8. Normalisation des exo-occipitaux par rapport à la mastoïde Le but est de normaliser la synchondrose occipito-mastoïdienne. 66 9. Normalisation des inter-pariétaux par rapport aux pariétaux Le but est de normaliser la suture lamboïde. 10. Normalisation du pariétal par rapport à l’ali-post-sphénoïde Le but est de normaliser la fontanelle ptérique. 11. Normalisation des frontaux par rapport au basi-pré-sphénoïde Le but est de normaliser la synchondrose fronto-sphénoïdale. 12. Normalisation des frontaux par rapport aux ali-pré-sphénoïdes Le but est de normaliser la synchondrose fronto- ali-pré-sphénoïde 13. Normalisation des frontaux par rapport aux ali-post-sphénoïdes Le but est de normaliser la synchondrose fronto- ali-post-sphénoïde 14. Normalisation du basi-occipital par rapport aux exo-occipitaux Le but est de normaliser la synchondrose inter-occipitale antérieure. 15. Normalisation exo-occipitaux par rapport au supra-occipital Le but est de normaliser la synchondrose inter-occipitale postérieure. 16. Normalisation des supra-occipitaux par rapport aux inter-pariétaux À la naissance, ces différentes parties sont encore séparées par des synchondroses qui s’ossifieront dès les premières semaines, voire les premiers mois, pour former l’occiput définitif. Il sera primordial de les normaliser pour éviter des lésions intra-osseuses. Donc, normalisation de la suture mendosa. 17. Normalisation du basi-pré-sphénoïde par rapport à l’ali-pré-sphénoïde Le but est de normaliser la synchondrose basi-ali-pré-sphénoïdale. 67 18. Normalisation du basi-pré-sphénoïde par rapport au basi-post-sphénoïde Le but est de normaliser la synchondrose inter-sphénoïdale. 19. Normalisation du basi-post-sphénoïde par rapport à l’ali-post-sphénoïde Comme pour l’occiput, nous nous devons de normaliser les 6 parties du sphénoïde pour éviter des lésions intra-osseuses. Donc, normalisation de la synchondrose basi-ali-postsphénoïdale. 20. Normalisation du basi-occipital par rapport au basi-post-sphénoïde Comme nous l’avons décrit précédemment, la synchondrose sphéno-occipitale commence son ossification à la puberté pour la terminer vers l’âge de 25 ans. Cette synchondrose disparaîtra complètement. C’est pourquoi il n’y aura qu’une motilité sphéno-basilaire et non plus une mobilité au niveau de l’articulation sphéno-basilaire. D’où l’intérêt de les normaliser avant leur ossification complète. 21. Normalisation de la dure-mère rachidienne Afin d’éviter les compensations sur une possible chaîne descendante et pour consolider le travail déjà effectué, la normalisation de la dure-mère est tout indiquée. 68 1. Écoute générale Patient (Pt) Décubitus Action Écoute des mouvements interactifs entre les différents os de la voûte et de la face. Remarques : Thérapeute (TP) Prise bilatérale : • I : de part et d’autre de la suture métopique • MCP du II : ali-post-sphénoïde • II : zygoma • III : gonion • IV : région mastoïdienne • V : exo-occipitaux • Thénar et hypothénar : sur l’axe antéro-médian/ /postérolatéral du pariétal Photos 69 2. Normalisation du fascia du splénius complexus Patient (Pt) Décubitus avec la tête en rotation homolatérale Thérapeute (TP) Prise unilatérale : Main céphalique : • I : ali-post-sphénoïde • II : basi-C0 • MCP II squame temporale • III : exo-C0 • IV : supra-C0 • V : inter-parétal Main caudale : • III : couvre le rebord latéral des lames homolatérales jusqu’à D8-D9 ; sur le splénius complexus Action Normalisation lemniscatoire longitudinale du fascia. Le fascia du splénius complexus est un fascia de mouvement, il est donc dans le même sens que les fibres du muscle. Remarques : Photos 70 3. Normalisation du fascia du levator scapulae Patient (Pt) Décubitus avec la tête en rotation homolatérale Thérapeute (TP) Prise unilatérale : Main céphalique : • I : ali-post-sphénoïde • II : basi-C0 • MCP II squame temporale • III : exo-C0 • IV : supra-C0 • V : inter-parétal Main caudale : • II : rebord spinal de l’omoplate • III : sur l’épine de l’omoplate • MCP III : au niveau de l’angle supéro-interne de l’omoplate Action Normalisation lemniscatoire dans le sens des fibres; oblique vers le bas et l’extérieur. Le fascia du levator scapulae est un fascia de mouvement, il est donc dans le même sens que les fibres du muscle. Remarques : Photos 71 4. Normalisation du fascia du cuculaire Patient (Pt) Décubitus avec la tête en rotation homolatérale Thérapeute (TP) Prise unilatérale : Main céphalique : • I : ali-post-sphénoïde • II : basi-C0 • MCP II squame temporale • III : exo-C0 • IV : supra-C0 • V : inter-parétal Main caudale : • II : au-dessus de l’épine de l’omoplate • III et IV : corps musculaire Action Normalisation lemniscatoire dans le sens des fibres; légèrement oblique vers le bas et l’extérieur. Le fascia cuculaire est un fascia de mouvement, il est donc dans le même sens que les fibres du muscle. Remarques : Photos 72 5. Normalisation du fascia pariéto-temporal Patient (Pt) Décubitus Prise bilatérale : • I : de part et d’autre de la suture métopique • II et III : branche zygomatique du temporal • IV : en direction de la mastoïde • V : supra-C0 • MCPs : au-dessus de la suture pariéto-temporale Action Normalisation en ouverture transversale avec les MCPs et un allongement longitudinal entre les MCPs et le II et le III. Remarques : Thérapeute (TP) Photos 73 6. Pompage de C0/C1/C2 Patient (Pt) Décubitus, tête en rotation Action Suivre la lemniscate céphalocaudale en créant d’abord une ouverture C0-C1 du côté ciel en ayant un point fixe relatif avec la main terre. La main ciel devient le point fixe relatif pour créer une ouverture C0C1 du côté terre. On termine la lemniscate en laissant revenir d’abord le côté ciel puis le côté terre. Remarques : Thérapeute (TP) Prise unilatérale Main ciel : • I : ali-post-sphénoïde • II : zygoma, • III : gonion • IV : en direction du basi-C0 • V : exo-C0 Main terre : • I : squame temporale • II : ali-post-sphénoïde • III: zygoma • IV : mandibule Photos 74 7. Normalisation des exo-occipitaux par rapport à C1 Patient (Pt) Décubitus Action Écoute et normalisation en créant un délai entre les exo-occipitaux et C1 dans l’expansion ou la réduction. Remarques : Thérapeute (TP) Prise bilatérale • I : ali-post-sphénoïde • MCP II : squame temporale • II : exo-C0 • III : C1 • IV : supra-C0 • V : inter-pariétal Photos 75 8. Normalisation des exo-occipitaux par rapport à la mastoïde Patient (Pt) Décubitus Action Écoute et normalisation en créant un délai entre les exo-occipitaux et les mastoïdes dans l’expansion ou la réduction. Remarques : Thérapeute (TP) Prise bilatérale • I : anté-mastoïde • II : rétro-mastoïde • III : exo-C0 • IV : supra-C0 • V : inter-pariétal • Thénar et hypothénar : pariétaux Photos 76 9. Normalisation des inter-pariétaux par rapport aux pariétaux Patient (Pt) Décubitus Action Écoute et normalisation en créant un délai entre les inter-pariétaux et les pariétaux dans l’expansion ou la réduction. Remarques : Thérapeute (TP) Prise bilatérale • I : sur les pariétaux, rétro-bregmatique • II : fontanelle ptérique • III : en direction du CAE (conduit auditif externe) • IV : fontanelle mastoïdienne • V : fontanelle lambdatique Photos 77 10. Normalisation du pariétal par rapport à l’ali-post-sphénoïde Patient (Pt) Décubitus Action Écoute et normalisation en créant un délai entre les pariétaux et les alipost-sphénoïdes dans l’expansion ou la réduction. Remarques : Thérapeute (TP) Prise bilatérale • I : sur le frontal, de part et d’autre de la suture métopique • II : sur les ali-post-sphénoïdes • III : couvre le CAE (conduit auditif externe) • IV : région mastoïdienne • V : inter-pariétal • Thénar et hypothénar : sur les pariétaux, axe antéromédian/postéro-latéral Photos 78 11. Normalisation des frontaux par rapport au basi-pré-sphénoïde Patient (Pt) Décubitus Action Écoute et normalisation en créant un délai entre les frontaux et le basipré-sphénoïde dans l’expansion ou la réduction. Puisque nous ne pouvons avoir une écoute directe, le travail se fera en relatif. L’intention, l’attention, la duplication et l’induction seront donc primordiales pour ce type de travail. Remarques : Thérapeute (TP) Prise bilatérale • I : sur le frontal, de part et d’autre de la suture métopique • II : sur les ali-post-sphénoïdes • III : couvre le CAE (conduit auditif externe) • IV : région mastoïdienne • V : inter-pariétal • Thénar et hypothénar : sur les pariétaux, axe antéromédian/postéro-latéral Photos 79 12. Normalisation des frontaux par rapport aux ali-pré-sphénoïdes Patient (Pt) Décubitus Action Écoute et normalisation en créant un délai entre les frontaux et le basipré-sphénoïde dans l’expansion ou la réduction. Puisque nous ne pouvons avoir une écoute directe, le travail se fera en relatif. L’intention, l’attention, la duplication et l’induction seront donc primordiales pour ce type de travail. Remarques : Thérapeute (TP) Prise bilatérale • I : sur le frontal, de part et d’autre de la suture métopique • II : sur les ali-post-sphénoïdes • III : couvre le CAE (conduit auditif externe) • IV : région mastoïdienne • V : inter-pariétal • Thénar et hypothénar : sur les pariétaux, axe antéromédian/postéro-latéral Photos 80 13. Normalisation des frontaux par rapport aux ali-post-sphénoïdes Patient (Pt) Décubitus Action Écoute et normalisation en créant un délai entre les frontaux et les alipost-sphénoïde dans l’expansion ou la réduction. Puisque nous ne pouvons avoir une écoute directe, le travail se fera en relatif. L’intention, l’attention, la duplication et l’induction seront donc primordiales pour ce type de travail. Remarques : Thérapeute (TP) Prise bilatérale • I : sur le frontal, de part et d’autre de la suture métopique • II : sur les ali-post-sphénoïdes • III : couvre le CAE (conduit auditif externe) • IV : région mastoïdienne • V : inter-pariétal • Thénar et hypothénar : sur les pariétaux, axe antéromédian/postéro-latéral Photos 81 14. Normalisation du basi-occipital par rapport aux exo-occipitaux Patient (Pt) Décubitus Action Écoute et normalisation en créant un délai pour jouer sur la tension du foramen magnum. Remarques : Thérapeute (TP) Prise bilatérale • I : ali-post-sphénoïde • MCP II : squame temporale • II : en direction du basi-C0 • III : exo-C0 • IV : supra-C0 • V : inter-pariétal Photos 82 15. Normalisation des exo-occipitaux par rapport au supra-occipital Patient (Pt) Décubitus Action Écoute et normalisation en créant un délai pour jouer sur la tension du foramen magnum. Remarques : Thérapeute (TP) Prise bilatérale • I : ali-post-sphénoïde • MCP II : squame temporale • II : en direction du basi-C0 • III : exo-C0 • IV : supra-C0 • V : inter-pariétal Photos 83 16. Normalisation des supra-occipitaux par rapport aux inter-pariétaux Patient (Pt) Décubitus Action Écoute et normalisation en créant un délai entre les supra-occipitaux et les inter-pariétaux dans l’expansion ou la réduction. Remarques : Thérapeute (TP) Prise bilatérale • I : ali-post-sphénoïde • Thénar et hypothénar : pariétaux, dans l’axe antéroexterne/postéro-interne • II : exo-C0 • III : supra-C0 • IV et V: inter-pariétal Photos 84 17. Normalisation du basi-pré-sphénoïde par rapport à l’ali-pré-sphénoïde Patient (Pt) Thérapeute (TP) Action Prise bilatérale : • I : sur le frontal, anté-bregmatique • II : ali-post-sphénoïde • III : apophyse styloïde • IV : exo-occipitaux • V : supra-C0 • Thénar et hypothénar : sur l’axe antéro-médian/postéro-latéral du pariétal Photos Décubitus Écoute et normalisation en créant un délai entre le basi-pré-sphénoïde et l’ali-pré-sphénoïde dans l’expansion ou la réduction. Puisque nous ne pouvons avoir une écoute directe, le travail se fera en relatif. L’intention, l’attention, la duplication et l’induction seront donc primordiales pour ce type de travail. Remarques : 85 18. Normalisation du basi-pré-sphénoïde par rapport au basi-post-sphénoïde Patient (Pt) Thérapeute (TP) Action Prise bilatérale : • I : sur le frontal, anté-bregmatique • II : ali-post-sphénoïde • III : apophyse styloïde • IV : exo-occipitaux • V : supra-C0 • Thénar et hypothénar : sur l’axe antéro-médian/postéro-latéral du pariétal Photos Décubitus Écoute et normalisation en créant un délai entre le basi-pré-sphénoïde et le basi-post-sphénoïde dans l’expansion ou la réduction. Puisque nous ne pouvons avoir une écoute directe, le travail se fera en relatif. L’intention, l’attention, la duplication et l’induction seront donc primordiales pour ce type de travail. Remarques : 86 19. Normalisation du basi-post-sphénoïde par rapport à l’ali-post-sphénoïde Patient (Pt) Thérapeute (TP) Action Prise bilatérale : • I : sur le frontal, anté-bregmatique • II : ali-post-sphénoïde • III : apophyse styloïde • IV : exo-occipitaux • V : supra-C0 • Thénar et hypothénar : sur l’axe antéro-médian/postéro-latéral du pariétal Photos Décubitus Écoute et normalisation en créant un délai entre le basi-post-sphénoïde et l’ali-post-sphénoïde dans l’expansion ou la réduction. Puisque nous ne pouvons avoir une écoute directe, le travail se fera en relatif. L’intention, l’attention, la duplication et l’induction seront donc primordiales pour ce type de travail. Remarques : 87 20. Normalisation du basi-occipital par rapport au basi-post-sphénoïde Patient (Pt) Thérapeute (TP) Action Prise bilatérale : • I : sur le frontal, anté-bregmatique • II : ali-post-sphénoïde • III : apophyse styloïde • IV : exo-occipitaux • V : supra-C0 • Thénar et hypothénar : sur l’axe antéro-médian/postéro-latéral du pariétal Photos Décubitus Écoute et normalisation en créant un délai entre le basi-C0 et le basi-postsphénoïde dans l’expansion ou la réduction. Puisque nous ne pouvons avoir une écoute directe, le travail se fera en relatif. L’intention, l’attention, la duplication et l’induction seront donc primordiales pour ce type de travail Remarques : 88 21. Normalisation de la dure-mère rachidienne Patient (Pt) Décubitus, position fœtale Action Inspire Suivre la flexion du sacrum et freiner la flexion de C0. Expire Suivre l’extension de C0 et freiner l’extension du sacrum. Remarques : Thérapeute (TP) Main céphalique : en coupe au niveau C0-C1-C2-C3, direction céphalique Main caudale : en coupe sur sacrum, avec les deux éminences au niveau L4-L5 et III en regard du coccyx, direction caudale. Photos 89 10.2 Conceptualisation d’une chaîne de traitement chez l’adulte Dans un premier temps, la normalisation chez l’adulte va débuter par une écoute générale pour resituer la symphyse sphéno-basilaire dans son environnement crânien avant de l’évaluer de manière spécifique. En outre, cela nous permettra de chercher quels sont les éléments en lésion parrticipant à la perturbation de la symphyse sphéno-basilaire. C’est bien entendu, l’environnement qu’il conviendra de normaliser avant de focaliser sur le traitement en décompression de la SSB. Cette décompression permettra d’éviter des lésions intrinsèques entre le sphénoïde et l’occiput. La normalisation se fait en créant des délais entre les os, soit en induisant le mouvement ou en le freinant, dans sa phase d’inspire ou d’expire. Il résultera donc de ce travail une liberté de mouvement pour ainsi éviter des lésions d’expansion (de flexion ou de rotation externe) ou de réduction (d’extension ou de rotation interne). Ces lésions peuvent avoir comme conséquence la fermeture des orifices ou loges, comprimant le contenu vasculaire et nerveux qui les pénètrent ou les longent. Détermination de chaîne de traitement chez l’adulte : 1. Écoute générale Elle consiste en une prise de contact générale avec les tissus afin de déterminer l’orientation du traitement. Elle permet de sentir l’endroit où il y a la plus grande restriction de mobilité pour ensuite traiter l’environnement d’abord, la lésion ensuite. 2. Normalisation du fascia du splénius complexus Prenant insertion de l’occiput à T8-T9, il met donc en lien la boîte crânienne avec le rachis dorsal. 3. Normalisation du fascia du levator scapulae Plus transversal, il est situé entre l’occiput, le rachis cervical et la ceinture scapulaire. 90 4. Normalisation du fascia du cuculaire Anciennement cuculus (Léonard de Vinci), il s’agit de normaliser le fascia du trapèze supérieur. Il prend insertion de manière forte au niveau crânien, ce tissu fascial est donc à normaliser pour permettre la libération des contraintes tissulaires exercées sur l’occiput. 5. Normalisation du fascia pharyngo-basilaire Le pharynx est un conduit musculo-membraneux en forme de gouttière ouverte vers l'avant, appliqué sur la face antérieure du rachis cervical, de la base du crâne à la sixième vertèbre cervicale. Cette gouttière pharyngée est constituée d'une paroi musculaire striée (constricteurs supérieur, moyen et inférieur) doublée d'aponévroses sur ses deux faces. Les deux aponévroses pharyngées se réunissent pour former une lame dense, le fascia pharyngobasilaire, qui va s'insérer sur la base du crâne. Cette insertion sur l'apophyse basilaire de l'occipital et sur les parties voisines dessine un trapèze à base postérieure avec deux prolongements latéraux. La grande base postérieure relie les deux épines du sphénoïde en passant sur le tubercule de l'occipital. Latéralement, l'insertion va de l'épine du sphénoïde à la racine de l'aile interne de la ptérygoïde.30 6. Normalisation du ligament alaire De même qu’il serait illusoire de vouloir déplacer un bateau sans lever l’ancre, il serait fortement traumatisant de vouloir normaliser un occiput ou de faire une manipulation de C2 sans avoir au préalable relâché les deux ligaments alaires. Il est en effet aisé de dire que l’Atlas supporte la tête ; mais encore ne faut-il pas oublier que la stabilité de ce soutien dépend pour une grande partie des ligaments alaires.31 30 PHARABOZ, C. Anatomie et pathologie du massif facial et des régions profondes de la face, en ligne au www.abcdent.fr. 31 VOYER, GUY. En ligne au www.guyvoyer.com/bulletins/bulletin_nov05.htm. 91 Tiré de : NETTER, FRANK H. Atlas of Human Anatomy, Édition Ciba-Geigy Corporation, p. 15. 7. Pompage C0-C1-C2 L’articulation C1-C2 ne pouvant être dissociée de l’occiput tant par ses attaches myofasciales ou ligamentaires que par sa structure mécanique, il convient donc de la normaliser. 8. Normalisation du foramen magnum Livrant passage au bulbe rachidien, aux deux artères vertébrales, aux artères spinales antérieures et aux racines médullaires des deux nerfs spinaux, le foramen magnum se doit d’être bien dans l’axe. Ces artères irriguent le SNC. En normalisant le foramen magnum, on respecte un des grands principes de l’ostéopathie : « Le rôle de l’artère est absolue. »32 32 STILL, Andrew-Taylor, AUTOBIOGRAPHIE (1828-1917), Broché, éditions Sully, 1998. 92 9. Normalisation de C0/mastoïde Cette normalisation aura pour but d’ouvrir le trou déchiré postérieur et ainsi libérer les structures suivantes : veine jugulaire interne et les nerfs glosso-pharyngien, spinal et vague. 10. Normalisation du fascia pariéto-temporal Prenant insertion de manière forte au niveau crânien, ce tissu fascial est donc à normaliser pour permettre la libération des contraintes tissulaires exercées sur le temporal et le pariétal, environnement immédiat de la symphyse sphéno-basilaire. 11. Normalisation en ouverture C0/pariétal Cette normalisation a pour but la décompression de la suture lambdatique. 12. Normalisation de la grande aile du sphénoïde (bilatérale) Cette normalisation aura pour but d’ouvrir le canal optique livrant passage au nerf optique, à l’artère ophtalmique 13. Pompage des sinus sphénoïdaux Cavité aérique du sphénoïde, l'ouverture du sinus sphénoïdal s'effectue à l'intérieur de la paroi postérieure de la fosse nasale. L’atteinte de ce sinus peut avoir des conséquences sur le nerf optique et les nerfs moteurs de l'œil et, plus grave, favoriser la méningite. Sa libération est donc essentielle. 14. Décompression du pivot sphéno-squameux 15. Normalisation en ouverture pariéto-sphénoïdale 16. Normalisation en ouverture fronto-sphénoïdale Les temporaux, les pariétaux et les frontaux font partie intégrante de l’environnement immédiat de la symphyse sphéno-basilaire. Pour faire en sorte de libérer complètement la symphyse sphéno-basilaire, nous devons d’abord libérer ses rapports. 17. Normalisation des trois points hauts énergétiques lambdatiques 93 Le travail en densité permet de travailler la qualité du tissu osseux. 18. Traitement en décompression de la SSB Le but de cette technique est de s’assurer de la libération complète de la symphyse sphéno-basilaire, qu’il n’y a plus de restriction sur celle-ci. 19. Normalisation de la dure-mère rachidienne Afin d’éviter les compensations sur une possible chaîne descendante et pour consolider le travail déjà effectué, la normalisation de la dure-mère est tout indiquée. 94 1. Écoute générale Patient (Pt) Décubitus Action Écoute du mouvement global des os du crâne et de la face. Remarques : Thérapeute (TP) Prise bilatérale : • I : G.A.S. • II : zygoma • III : vers le gonion • IV : mastoïde • V : C0 Photos 95 1. Normalisation du splénius complexus Patient (Pt) Procubitus avec la tête en rotation homolatérale Action Normalisation directe. Remarques : Thérapeute (TP) Main céphalique : • I : sur grande aile du sphénoïde • II et III : sur le temporal et occiput Main caudale : • III et IV : sur le splénius complexus au niveau D7-D8-D9 Photos 96 2. Normalisation de l’elevator scapulae Patient (Pt) Procubitus avec la tête en rotation homolatérale Action Normalisation directe. Remarques : Thérapeute (TP) Main céphalique : • MCP du V : grande aile du sphénoïde • II : occiput • III : temporal Main caudale : • I et III : enveloppent l’angle supérieur de l’omoplate • II : dans la direction des fibres du fascia. Photos 97 3. Normalisation du cuculaire Patient (Pt) Procubitus avec la tête en rotation homolatérale Action Mouvement lemniscatoire du fascia. Remarques : Thérapeute (TP) Main céphalique. : • MCP II : sur la G.A.S. et zygoma Main caudale : • dans la direction des fibres du fascia Photos 98 4. Normalisation du fascia pharyngo-basilaire Patient (Pt) Thérapeute (TP) Décubitus Main céphalique : • I et III : en pince au niveau zygoma (en référence) Main caudale : • III; en crochet derrière les muscles constricteurs du pharynx Action Mise en tension du muscle constricteur jusqu’à sentir un relâchement. Faire sur le constricteur supérieur, moyen et inférieur. Remarques : Photo 99 5. Normalisation du ligament alaire Patient (Pt) Décubitus Mains sous les fesses Thérapeute (TP) Main céphalique : • I et III : sur les zygomas Main caudale : • II ou III : intra-buccal, sur le ligament alaire Action Photos Mettre en tension le ligament et maintenir la tension jusqu’à sentir un relâchement. Refaire cette normalisation en prenant comme point de référence : • branche zygomatique du frontal; • G.A.S. Remarques : *Se fait chez les enfants, à partir de l’âge de deux ans. Pour trouver le ligament, introduire le doigt vers le fond de la gorge jusqu’à sentir l’apophyse odontoïde, puis glisser le doigt en latéral. 100 6. Pompage de C0/C1/C2 Patient (Pt) Décubitus Action Suivre la lemniscate céphalocaudale en créant d’abord une ouverture C0-C1 du côté ciel en ayant un point fixe relatif avec la main terre. La main ciel devient le point fixe relatif pour créer une ouverture C0C1 du côté terre. On termine la lemniscate en laissant revenir d’abord le côté ciel puis le côté terre. Cette normalisation peut être faite en actif en demandant au patient, lors de l’inspiration, de sortir la langue et de regarder vers céphalique. Remarques : Thérapeute (TP) Main céphalique : • I : G.A.S. • II-III : mandibule, en direction gonion • IV : vers l’opisthion • V : vers l’inion Main caudale : • II: G.A.S. • IV : mandibule • I : temporal Photos 101 7. Normalisation du foramen magnum Patient (Pt) Décubitus Action Thérapeute (TP) Prise bilatérale : • I : G.A.S. • II : mastoïde (ou en direction du basion) • III : vers l’opisthion • IV; vers l’inion • V; vers le point de sussiniaque Photos Suivre la lemniscate transverse dans un plan horizontal, en respectant la lemniscate de la S.S.B. On travaille sur l’hémicourbure postérieure du foramen magnum. Les doigts III et IV jouent sur la tension du foramen magnum (sur son ouverture). / Remarques : 102 8. Normalisation de C0/mastoïde Patient (Pt) Décubitus Action Thérapeute (TP) Prise bilatérale : • I : rétro-mastoïdien • II : en direction du basion • III : en direction de l’opisthion • IV : en direction de l’inion • V : en direction du point de sussiniaque • C0 repose sur les mains Photos Inspire On accompagne la flexion occipitale en laissant aller la rotation externe des temporaux. Expire On freine l’extension occipitale et on laisse faire la rotation interne des temporaux. Remarques : But : décollement de C0 par rapport aux temporaux. 103 9. Normalisation fascia pariéto-temporal Patient (Pt) Thérapeute (TP) Décubitus Prise bilatérale : • I : squame du frontal • II et III : arc zygomatique du temporal • IV : direction de la mastoïde • V : C0 • MCP’s au-dessus de la suture temporale Action Normalisation en deux temps : Mise en tension du paquet adipeux. Normalisation liquidienne. Remarques : Photos 104 10. Normalisation en ouverture de C0/pariétal Patient (Pt) Thérapeute (TP) Décubitus Action Prise bilatérale : • I : C0 (derrière le lambda) • II : devant le lambda • III : apex (pariétal) • IV : derrière la sut. coronale, en direction du bregma • V : G.A.S. Photos Inspire On suit la flexion, avec le léger retard naturel des pariétaux. Expire On freine l’extension de C0 et on suit la rotation interne des pariétaux. Remarques : Priorité : travail lemniscatoire de la S.S.B. → senti gigantesque parce que nous sommes placés au bout du bras de levier. 105 11. Normalisation de la grande aile du sphénoïde (bilatérale) Patient (Pt) Décubitus Action Thérapeute (TP) Prise bilatérale : • I : G.A.S. • II : vers le basion • III : vers l’opisthion • IV : vers l’inion • V : vers le point de sussiniaque • II à V sont sur C0 Photos Inspire Suivre les mouvements. Expire On limite le retour deC0. Remarques : Notre intérêt : mobilisation du sphénoïde en relation avec C0. 106 12. Pompage des sinus sphénoïdaux Patient (Pt) Thérapeute (TP) Décubitus Action Inspire On induit la flexion du sphénoïde et on freine la flexion palatinovomérienne. Expire On freine l’extension du sphénoïde et on induit l’extension palatinovomérienne. Travail en densité. Remarques : Main céphalique : • I et III : en pince au niveau G.A.S. • MCP II : sur glabelle (en fulcrum) Main caudale : • III intra-buccal au niveau cruciforme • II et IV : sur les zygomas (en fulcrum) Photos 107 13. Décompression du pivot sphéno-squameux Patient (Pt) Thérapeute (TP) Décubitus Action Inspire Lors de la flexion du sphénoïde et de la rotation externe du temporal (ouverture sphéno-squameuse), mise en tension du fascia avec le IV. Expire On maintient la tension et on la relâche à la fin du mouvement. Remarques : Main céphalique : • I et II : en pince au niveau arc zygomatique du temporal • III : mastoïde • IV et V : sur l’écaille du temporal et/ou C0 Main caudale : • IV ou V : intra-buccal au niveau du fascia inter-ptérygoïdien • I-III en pince au niveau G.A.S. Photos 108 14. Normalisation en ouverture pariéto-sphénoïdale Patient (Pt) Décubitus Action Inspire On suit la flexion sphénoïdale et la rotation externe du pariétal. Expire On freine la rotation interne du temporal, on freine l’extension du sphénoïde. Remarques : Thérapeute (TP) Main céphalique : • MCP’s : sur l’axe antéro-latéral/postéro-médian du pariétal • I en fulcrum sur le frontal Main caudale : • I : G.A.S. • autres doigts au niveau squame et mastoïde • IV : conduit auditif externe Photos 109 15. Normalisation en ouverture fronto-sphénoïdale Patient (Pt) Thérapeute (TP) Décubitus Action Inspire On suit les mouvements. Expire On freine l’extension du sphénoïde et on freine l’extension du frontal. Remarques : Prise bilatérale : • II : frontal • I : en avant ou en arrière de la suture coronale • III : G.A.S. • IV : arcade zygomatique • V : en direction de la mastoïde Photos 110 16. Normalisation trois points hauts énergétiques lambdatiques Patient (Pt) Décubitus Coussin sous la tête Action Travail en densité entre la main céphalique et la main caudale. Remarques : Thérapeute (TP) Main céphalique : • I et II : sur les pariétaux, devant lambda • III : C0 Main caudale : • III : intra-buccal au niveau cruciforme Photos 111 17. Traitement en décompression de la SSB Patient (Pt) Décubitus Action Évaluer et normaliser chaque mouvement lemniscatoire de la SSB: • • • • flexion/extension rotation inclinaison latérale translation Remarques : Thérapeute (TP) Prise bilatérale : • I : G.A.S. • II : zygoma • III : gonion • IV : mastoïde • V : C0 Photos 112 18. Normalisation de la dure-mère rachidienne Patient (Pt) Latérocubitus, position fœtale. Action Inspire Suivre la flexion du sacrum et freiner la flexion de C0. Expire Suivre l’extension de C0 et freiner l’extension du sacrum. Remarques : Thérapeute (TP) Main céphalique : • en coupe au niveau C0-C1-C2-C3, direction céphalique Main caudale : • en coupe sur sacrum, avec les deux éminences au niveau L4L5 et III en regard du coccyx Photos 113 Conclusion Par ses recherches, Sutherland a mis en évidence l’existence de la mobilité crânienne. Pédagogiquement, il avait utilisé l’image de la roue dentée pour expliquer la dynamique de la symphyse sphéno-basilare. Avec les années, cette image est apparue comme étant une vérité. Le danger est que cette image pédagogique risque de se transformer en dogme qu’on ne cherchera plus à justifier, ni anatomiquement, ni biomécaniquement. Nous avons choisi de rétablir ces faits pour que l’ostéopathie crânienne puisse de nouveau être basée sur une anatomie et une biomécanique précises, et ce, avec les connaissances d’aujourd’hui. Nous avons essayé de valider, embryologiquement, anatomiquement et biomécaniquement, l’élaboration d’une techno-méthodologie propre à la normalisation de la symphyse sphéno-basilaire de l’adulte, mais surtout du nouveau-né. Notre pratique clinique quotidienne nous permet de valider ce travail. Le but de notre mémoire était bien, après réflexion, de ne pas rester dans une démarche théorique, mais de conceptualiser une techno-méthodologie pratique. Il serait sans aucun doute intéressant qu’un traitement puisse valider notre approche dans le futur. travail de recherche efficient de notre 114 Bibliographie 1. ALTIERI, Professeur au collège d’étiopathie de Genève (Suisse), extrait du cours de VOYER, GUY. Biomécanique du crâne, notes de cours, non publié, Académie Sutherland, Montréal, Canada, 2002, page 87-92 . 2. BACCICHETTI, YVES. « Pratique de l'ostéopathie », entrevue faite le 29 septembre 2006, Chambre nationale des ostéopathes, en ligne, www.cnosteo.com/osteo/nourrisson.html. 3. BOUCHET, A. ET J. CUILLERET. Anatomie topographique descriptive et fonctionnelle 1, Paris, Édition Simep, 1991. 4. DALE, MARTIN, C.P., Lemniscate de compensations structurelles, tiré de VOYER, GUY. La base des mouvements de type respiratoire primaire, notes de cours, non publié, Académie Sutherland, Montréal, Canada, 2002. 5. DUPONT, PAUL. Les glandes endocrines et notre santé, France, Édition Diffusion Rosicrucienne, 1997. 6. JANSSENS, PAUL A. ET RAOUL J. L. PERROT. Précis d’anthropologie descriptive et métrique du squelette, 2006-2007. En ligne au http://anthropologie-et-paleopathologie.univlyon1.fr. 7. LAGMAN, JAN ET T.-W. SADLER. Embryologie médicale, 6e édition, Paris, Édition Pradel, chapitre 9, 1996, pp. 157-162. 8. MC CONNELL, C.P., Les lemnisactes sensorielles et fonctionnelles, tiré de VOYER, GUY. La base des mouvements de type respiratoire primaire, notes de cours, non publié, Académie Sutherland, Montréal, Canada, 2002. 9. MAGOUN, HAROLD IVES. L’ostéopathie dans la sphère crânienne, Montréal, Édition Spirale, 1994. 10. MORIN, EDGAR. Introduction à la pensée complexe, Prague, Éditions Odéon, 1974. 11. NETTER, FRANK H. Atlas of Human Anatomy, Summit, Ciba-Geigy Corporation, 1989. 12. PHARABOZ, C. Anatomie et pathologie du massif facial et des régions profondes de la face, en ligne au www.abcdent.fr. 13. PICK, MARC G. Cranial Sutures : Analysis, Morphology and Manipulative Strategies, Eastland Press, pp. 422-424. 14. RICHARD, RAYMOND, L’ostéopathie crânienne. 15. STILL, A.T. Philosophie de l’ostéopathie, Vannes, Éditions Sully, 1999. 16. STILL, Andrew-Taylor, Autobiographie (1828-1917), Broché, Éditions Sully, 1998. 17. VOYER, GUY. Biomécanique du crâne, notes de cours, non publié, Académie Sutherland, Montréal, Canada, 2002. 18. VOYER, GUY. Cours de crânien, notes de cours, non publié, Académie Sutherland, 3e année, Montréal, Canada, 2003. 115 19. VOYER, GUY. Fascias généraux, notes de cours, non publié, Académie Sutherland, Montréal, Canada, 2002. 20. VOYER, GUY. Histoire de l’ostéopathie 1, 2 et 3, notes de cours, non publié, Académie Sutherland, Montréal, Canada, 2001. 21. VOYER, GUY. La base des mouvements de type respiratoire primaire, notes de cours, non publié, Académie Sutherland, Montréal, Canada, 2002. 22. VOYER, GUY. Les bases du traitement ostéopathique général, notes de cours, non publié, Académie Sutherland, Montréal, Canada, 2002. 23. VOYER, GUY. Paradigme de la complexité, notes de cours, non publié, Académie Sutherland, Canada, 2001. 24. VOYER, GUY. Principe de l’ostéopathie, notes de cours, non publié, Académie Sutherland, Montréal, Canada, 2003. 25. WERNHAM, JOHN. « General Osteopathic Treatment », cours, ESO, Maidstone Kent, GB.