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© Université de Liège - http://reflexions.ulg.ac.be/ - 19 April 2017
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100 kilomètres et nous pensons que des millions de comètes plus petites s'y trouvent également mais elles
sont trop petites pour être vues directement. De temps en temps, suite à une instabilité, l'une d'entre elles « se
décroche » de son orbite et passe dans notre ciel. Sa proximité soudaine avec le soleil fait sublimer sa glace en
surface, ce qui donne sa chevelure et sa queue. Bien au-delà de la ceinture de Kuiper, à une année-lumière,
se trouve enfin le nuage d'Oort, un réservoir sphérique centré sur le Soleil qui serait constitué de milliards de
comètes, qui orbitaient il y a bien longtemps entre les planètes géantes. » Mais il y a un peu plus de 4 milliards
d'années, une instabilité gravitationnelle créée par une résonance entre Jupiter et Saturne a réagencé les
planètes, éjectant ces milliards de comètes aux confins du système solaire, créant ce fameux nuage.
Et si l'origine des anneaux était ailleurs ?
Les petits corps du système solaire sont donc bien des résidus de la formation du système solaire. « Et de
plus en plus, explique l'astrophysicien, la différence catégorique entre comètes et astéroïdes est nuancée.
Des astronomes ont découvert des comètes dans la ceinture d'astéroïdes, d'autres affirment que certains
astéroïdes contiennent encore de l'eau, il y aurait un continuum entre les deux types d'objets. »
Pour encore davantage brouiller les pistes, entre les deux viennent se loger les centaures, comme Chariklo,
mi-astéroïdes, mi-comètes. Ces objets, évoluant entre les planètes géantes et constamment perturbés par
leur attraction, ont généralement une orbite plus instable, et se feront probablement éjecter de leur trajectoire
d'ici quelques milliers d'années. Ce qui laisse tout de même aux chercheurs un peu de temps pour les scruter
sous tous les angles.
« En attendant, le caractère hybride de Chariklo me pousse à imaginer une autre hypothèse pour expliquer
l'origine de ses anneaux, revient Emmanuel Jehin. Certains centaures présents dans la même région ont une
activité cométaire et, de temps en temps, une queue similaire à la queue des comètes. Sur Chariklo, ça n'a
jamais été observé. Mais je me demande s'il n'y aurait pas eu dans le passé une activité cométaire, une forme
d'explosion en surface qui aurait dégagé de la matière. Une partie de cette matière aurait pu être piégée et
maintenue en orbite. Chariklo est tout de même un astéroïde assez massif. »
Des similitudes avec la lune
En outre, cette collision créatrice d'anneaux rappelle l'hypothèse la plus probable expliquant la formation de la
lune. Il a effectivement pu y avoir une collision entre une petite planète et la Terre au moment de sa formation.
De la matière aurait été arrachée, se mettant à orbiter sous forme d'un anneau autour de notre planète. Ce
disque se serait ensuite aggloméré pour donner naissance à la lune. « Cependant, les anneaux de Chariklo
ne vont pas former un satellite, pas plus que les anneaux de Saturne, tempère le chercheur. Au moment de
la formation de la lune, la matière dans le système solaire était encore très chaude, et les roches, malléables.
Aujourd'hui, la matière est trop froide. D'ailleurs, la plupart des astéroïdes ne sont pas très compacts. On
pourrait presque les voir comme des gros tas de cailloux. »
L'œil sur l'anneau
Ce double anneau est donc une véritable découverte, que personne n'attendait. Comme toute découverte,
elle ouvre un tout nouveau pan dans l'étude des petits corps du système solaire. Quelle est la stabilité de
ces anneaux, comment sont-ils apparus, de quelle matière sont-ils composés, y a-t-il des satellites bergers
les confinant, ou faut-il revoir toute la théorie expliquant la stabilité gravitationnelle des anneaux, même
planétaires, y a-t-il d'autres petits corps pourvus d'anneaux de ce type ? « Avant, on ne les cherchait pas
spécialement, maintenant, on va le faire, se réjouit le chercheur. C'étaient des observations difficiles à réaliser,