1. - Les ouvrages critiques
Si vous choisissez un seul ouvrage d’initiation à la lecture du théâtre, lisez :
Anne UBERSFELD, Lire le théâtre, tome I
(Belin Sup, lettres, 2000)
Ce livre est cité à plusieurs reprises dans les Rapports des jurys.
Il est considéré par les jurys comme un ouvrage canonique pour comprendre les modes
réels de fonctionnement du discours théâtral sur scène, et pour éviter à un lecteur
textocentrique de priver l’œuvre théâtrale de toute sa dimension scénique.
Insistant, dans l’analyse des évolutions, revirements, renversements auxquels se plaît la
scène théâtrale, sur « les conditions nouvelles de la parole », et sur l’émergence de nouvelles
situations d’énonciation, cet ouvrage offre les moyens d’une focalisation véritablement
théâtrale, résolument contemporaine, sur la scène du concours, conformément aux
programmes de vos futures classes et aux attentes des jurys.
Ainsi, l’explication d’un texte de théâtre débouche sur une proposition de mise en
scène concrète, qui résume spectaculairement et synthétise toutes les analyses littéraires,
proposées au jury en tant que spectateur virtuel.
L’intérêt du livre de A. Ubersfeld, c’est de montrer que le texte de théâtre tout
entier contient dans chacun de ses mots, fussent-ils les plus anodins en apparence, des
indications scéniques internes, des didascalies implicites, à forte teneur impérative à
l’égard du metteur en scène.
Le théâtre serait ainsi le lieu d’une triple énonciation : l’énonciation du
dramaturge s’adresse d’abord au metteur en scène, avant que soit mise en œuvre la
double énonciation des personnages, entendus en même temps par les personnages
présents sur scène et par les spectateurs.
Vous l’avez compris, expliquer un texte de théâtre au concours, c’est avoir la
lecture professionnelle, aiguisée et perspicace, d’un metteur en scène.
Votre explication doit constituer une représentation du sens du texte.
Selon A. Ubersfeld, chaque mention de ce que voit un personnage sur scène ouvre
sur « l’autre scène » d’un théâtre dans le théâtre, que votre explication a pour fonction
de révéler. C’est pourquoi la réflexion selon laquelle « tout se passe comme si la tâche du
metteur en scène était précisément de montrer visuellement les situations de langage et par
extension les positions discursives » s’adapte parfaitement à cette dramaturgie virtuelle que
constitue l’énonciation explicative au concours.