Les racines, la face cachée des plantes – Géraldine PICOT – Mai 2013
2. Rôle de stockage
Chez de nombreuses plantes, les parties souterraines servent d’organes de réserve pour la mauvaise saison. Du
printemps à l’automne, elles se gonflent de sucres (sous forme d’amidon, parfois d’inuline) acheminés par la
sève élaborée, produit de la photosynthèse qui se réalise dans les feuilles. Cette énergie ainsi mise en réserve
permettra au végétal de prendre un départ précoce l’année suivante et donc de produire rapidement ses fleurs,
ses fruits et ses graines.
Ce stockage racinaire concerne surtout les plantes pérennes et les plantes bisannuelles. D’ailleurs, la plupart
des végétaux dont les racines sont comestibles sont bisannuels : sorties d’une graine au printemps, elles
développent la première année seulement des feuilles et une racine qui se remplit de réserves. Dès le début de
la seconde année, la hampe florale pointe hors de terre et son développement épuise la racine qui devient
rapidement ligneuse. Les fleurs apparaissent, puis les fruits, et la plante meurt, son cycle de deux ans accompli.
Si l’on veut en consommer la racine, il est indispensable de la récolter entre la fin de la première année et le
début de la seconde (avant la floraison), après quoi elle devient inutilisable. Cela peut poser une difficulté
d’identification, car à ce stade la plante n’a pas encore de fleurs ni de fruits, il faut savoir la reconnaître avec
ses feuilles.
L’homme se nourrit de ces organes de stockage, de plantes sauvages ou plantes cultivées. Certains animaux
en sont également friands, comme les sangliers : on observe sur les pelouses montagnardes des zones où la
terre a été retournée par ces omnivores à la recherche de bulbes de crocus.
3. Reproduction végétative
La reproduction sexuée des plantes permet un brassage génétique et donc augmente leur chance de s’adapter
aux variations du biotope : rencontre de la semence mâle avec la semence femelle, donnant naissance à une
graine par fécondation, futur nouvel individu. Mais c’est en fait la multiplication végétative (ou reproduction
asexuée, qui génère des clones) que les végétaux utilisent le plus, car elle leur permet de se propager dans
l’espace très rapidement (exemple des rhizomes) ou de survivre à un terrain et un climat difficile (exemple des
stolons dans les éboulis, ou du marcottage de l’épicéa dans la zone de combat).
Le rhizome est un organe spécialisé de la multiplication végétative : cette tige
souterraine pérenne croit horizontalement, ce qui lui permet d’émettre de
nouveaux individus aériens à mesure qu’elle avance. Le rhizome peut dans
certains cas s'enfoncer profondément dans le sol et se ramifier
considérablement ; la plante peut ainsi proliférer rapidement, c'est le cas par
exemple du chiendent officinal (Elytrigia repens) ou de l’égopode (Aegopodium
podagraria). Si on coupe la plante, elle est capable de repartir et se
redévelopper à partir d’un morceau de rhizome. Certaines plantes rhizomateuses
creuses et à croissance rapide peuvent coloniser de grands espaces, comme la
renouée du Japon que l’on voit se développer au bord des cours d’eau.
Les stolons sont des tiges rampantes à la surface du sol (ou parfois sous terre),
sur lesquelles prennent naissances des racines (on les appelle alors "racines adventives"). C’est le cas du
fraisier des bois, où le bourgeon terminal s’enracine et donne naissance à un nouveau pied : la plante se
multiplie ainsi de manière végétative, en se déplaçant de place en place.
Enfin certaines plantes, comme le robinier faux-acacia, émettent de jeunes
pieds sur les côtés à partir de leurs racines traçantes : on les appelle
"drageons" (c’est un type de rejets, à partir des racines et non de la tige).
Drageon
Source : www.oldbookillustrations.com/documents-
references/2008/04/14/marcottage/
Source : www.gypsyscholarship.blogspot.
fr/2012/07/rhizome-of-life.html