UNIVERSITE DE NANTES FACULTE DE MEDECINE MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE, d’IMAGERIE et de MORPHOGENESE 2013-2014 UNIVERSITE DE NANTES Le nerf hypoglosse (XII) Par Gonzague Guillaumet LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES Président du jury : Pr. O. HAMEL Enseignants : Pr. R. ROBERT Pr. O. ARMSTRONG Pr. A. HAMEL Dr. S. PLOTEAU Référent: Pr. O. HAMEL Laboratoire : S. LAGIER Y. BLIN UNIVERSITE DE NANTES FACULTE DE MEDECINE MASTER I SCIENCES BIOLOGIQUES ET MEDICALES UNITE D’ENSEIGNEMENT OPTIONNEL MEMOIRE REALISE dans le cadre du CERTIFICAT d’ANATOMIE, d’IMAGERIE et de MORPHOGENESE 2013-2014 UNIVERSITE DE NANTES Le nerf hypoglosse (XII) Par Gonzague Guillaumet LABORATOIRE D’ANATOMIE DE LA FACULTE DE MEDECINE DE NANTES Président du jury : Pr. O. HAMEL Enseignants : Pr. R. ROBERT Pr. O. ARMSTRONG Pr. A. HAMEL Dr. S. PLOTEAU Référent: Pr. O. HAMEL Laboratoire : S. LAGIER Y. BLIN Remerciements - A nos professeurs d’anatomie Rogez J-M., Robert R., Hamel A., Hamel O., Armstrong O. et Ploteau S. qui ont su nous faire apprécier l’anatomie dès la première année de nos études de médecine - Au professeur Hamel O., pour m’avoir donné ce sujet et sa disponibilité - Au professeur Malard O., pour son aide précieuse - A Messieurs Lagier S. et Blin Y., pour leurs conseils et leur aide tout au long de l’année - A mes camarades du master anatomie. Table des matières Introduction I. Embryologie 1. Mise en place des noyaux des nerfs crâniens 2. Développement de la langue II. Rappels anatomiques 1. 2. 3. 4. 5. 6. Le noyau hypoglosse Emergence du tronc cérébral Le canal de l’hypoglosse La région cervicale L’anse cervicale Distribution dans la langue III. Matériels et méthodes 1. Matériels 2. Méthodes IV. Résultats V. Discussion Références Introduction Bien que le nerf hypoglosse, douzième paire des nerfs crâniens, ne soit que purement moteur, il reste néanmoins indispensable pour la phonation, la déglutition ou encore la mastication. En effet, il est responsable de l’innervation de seize des dix-sept muscles que la langue comporte. Avant d’atteindre la langue, le XII réalise plusieurs anastomoses avec deux autres nerfs crâniens, le V3 et le X, et établit des contacts étroits avec les premières racines du plexus cervical. L’objectif des dissections réalisées a été d’étudier la systématisation du nerf hypoglosse avant son entrée dans la langue, ainsi que de mettre en évidence les rapports qu’il réalise avec l’anse cervicale, avec le nerf vague ou encore avec le ganglion cervical supérieur. I. Embryologie La localisation du noyau hypoglosse dans le bulbe rachidien permet de rappeler l’embryologie du tronc cérébral et des noyaux qu’il comporte. Les noyaux des nerfs crâniens sont en rapport avec le plancher du quatrième ventricule et seule l’embryologie permet d’expliquer cette répartition particulière. De même, l’étude du développement de la langue semble indispensable pour mieux comprendre l’organisation de la motricité de celle-ci. 1. Mise en place des noyaux des nerfs crâniens Afin de comprendre l’organisation du bulbe rachidien, nous allons d’abord rappeler celle de la moelle spinale. En effet, la mise en place des nerfs crâniens est très similaire à celle des nerfs périphériques. Les cellules du tube neural se multiplient et se rassemblent en colonnes pour constituer les lames alaires dorsalement et les lames fondamentales ventralement, séparées deux à deux par le sillon limitant. Chaque amas cellulaire aura un rôle distinct, la lame alaire aura une fonction sensitive tandis que la lame fondamentale sera chargée de la motricité. Au niveau du myélencéphale, l’organisation initiale en quatre colonnes est identique. Toute fois, l’ouverture dorsale du quatrième ventricule provoque la migration des lames alaires de sorte que celles-ci se retrouvent localisées sur les bords latéraux des lames fondamentales. Les noyaux des nerfs crâniens constituent ainsi des reliefs visibles sur le plancher du quatrième ventricule. Les lames fondamentales se divisent alors en trois colonnes et les lames alaires en quatre. La présence de ces sept agrégats cellulaires est due aux différentes fonctions occupées par les nerfs crâniens. Le nerf hypoglosse n’ayant qu’une fonction somato-motrice, son noyau est situé dans la colonne motrice la plus médiale dans la moelle allongée. Dorsal 4ème ventricule Latéral Lame alaire Noyau hypoglosse Lame fondamentale XII Moelle spinale Moelle allongée 2. Développement de la langue Dès la quatrième semaine, les quatre premiers arcs pharyngiens participent au développement de la langue. Les deux tiers antérieurs de la muqueuse linguale proviennent de trois bourgeons issus du premier arc branchial : deux renflements linguaux latéraux et un renflement médian ou tuberculum impar. Tandis que, le tiers postérieur provient de l’éminence hypopharyngienne qui est un renflement issu des troisième et quatrième arcs pharyngiens. Les récepteurs du goût sont quand à eux dérivés de l’endoderme de l’intestin pharyngien. Les somites occipitaux sont à l’origine de tous les muscles de la langue, excepté le muscle palato-glosse. La mise en place de la langue est presque achevée au cours de la douzième semaine de développement. Crânial Latéral Bourgeons latéraux du premier arc branchial Corps de la langue Foramen caecum Tuberculum impar Eminence hypopharyngienne Epiglotte 4ème semaine de développement 12ème semaine de développement II. Rappels anatomiques Comme la majorité des nerfs crâniens, la systématisation du nerf hypoglosse révèle une partie intracrânienne et une partie extracrânienne. Son issue de la boite crânienne est permise par le canal de l’hypoglosse ou canal condylien antérieur. Avant d’atteindre l’hémi-langue ipsilatérale, il réalise un trajet à concavité antéro-supérieure et est en rapport avec de nombreux éléments neurologiques, vasculaires et musculaires qu’il est nécessaire de rappeler. Nerf hypoglosse Première et deuxième racines cervicales Nerf du muscle génio-hyoïdien Nerf du muscle thyro-hyoïdien Nerfs du ventre antérieur et postérieur du muscle omohyoïdien Nerf du muscle sterno-hyoïdien Nerf du muscle sternothyroïdien 1. Le noyau hypoglosse Il s’étend sur toute la longueur du bulbe rachidien et forme un relief triangulaire sur le plancher du quatrième ventricule : le trigone de l’hypoglosse. Il est limité en dedans par le sillon médian et en dehors par le noyau du nerf vague (X). Il reçoit ces informations motrices en provenance du pied de la circonvolution frontale ascendante controlatérale par l’intermédiaire du faisceau cortico-nucléaire. Sa vascularisation est assurée par l’artère spinale antérieure et l’artère vertébrale [6]. 2. Emergence du tronc cérébral Les fibres issues du noyau cheminent entre le faisceau pyramidal et le noyau olivaire et émergent dans le sillon antérolatéral du tronc cérébral sous la forme de dix à douze radicules. elles se regroupent ensuite en un ou deux troncs pour traverser la duremère. Une branche issue de l’artère vertébrale ou de l’artère spinale antérieure se place sur leur face antérieure réalisant ainsi la vascularisation de la portion intra crânienne du nerf hypoglosse [6]. 3. Le canal de l’hypoglosse Situé en avant et en dehors du condyle occipital, le canal de l’hypoglosse permet le passage du nerf en direction de la région cervicale. Au sein de ce canal long d’environ un centimètre [5], il donne un rameau méningé récurrent (de Luschka) et est accompagné d’une branche de l’artère pharyngienne ascendante qui participe à sa vascularisation. 4. Dans la région cervicale Le trajet cervical et la complexité des rapports qu’il engendre peuvent être détaillés selon trois espaces : - l’espace rétrostylien Au sein de cette région, limitée par le ventre postérieur du digastrique en dehors, le constricteur supérieur du pharynx en dedans et les muscles styloïdiens en avant [8], le nerf hypoglosse a une trajectoire oblique vers l’avant et le dehors. Il n’est pas le seul nerf crânien présent puisque les nerfs vague, accessoire et glosso-pharyngien sont également de passage. Le nerf hypoglosse chemine entre le bord inférieur du ganglion supérieur du X et le bord supérieur du ganglion cervical supérieur. Il échange des fibres nerveuses avec ces deux derniers au cours de ce trajet. C’est aussi dans cet espace qu’un rameau de la première racine spinale s’accole au nerf hypoglosse afin d’innerver les muscles infra hyoïdiens par l’intermédiaire de l’anse cervicale. Crânial al Médial Ganglion supérieur du X Nerf hypoglosse Nerf accessoire Ganglion cervical supérieur - l’espace carotidien Le nerf hypoglosse chemine entre la jugulaire interne en dehors et les artères carotides interne et externe en dedans, croisant cette dernière au niveau de la naissance de l’artère faciale. La racine supérieure de l’anse cervicale nait en regard du bord antérieur de l’artère carotide interne et possède un trajet vertical pour participer à la constitution de l’anse cervicale. Plusieurs rameaux vasculaires décrits par Valentin [4] quittent aussi le XII en direction de l ‘axe jugulo-carotidien. - l’espace sous mandibulaire Le nerf hypoglosse passe en dedans du muscle stylo-hyoïdien et du tendon intermédiaire du digastrique. Il se place ensuite entre les muscles hyoglosse et mylo-hyoïdien en se situant sur la face externe du premier dont il est responsable de l’innervation. Il est accompagné d’une veine satellite issue du tronc thyro-linguo-facial de Farabeuf. Deux rameaux issus du plexus cervical s’individualisent peu avant l’entrée du XII dans la langue, le premier à destination du muscle thyro-hyoïdien et le second pour le muscle génio-hyoïdien. Tout comme la région rétrostylienne, cet espace est aussi un lieu d’anastomoses de fibres nerveuses entre le nerf hypoglosse et un autre nerf crânien : le V3 par l’intermédiaire du nerf lingual. La vascularisation du XII dans la région cervicale est assurée successivement par des branches de l’artère pharyngienne ascendante, de branches issues de la carotide externe et par de nombreux vaisseaux issus de l’artère linguale [6]. 5. L’anse cervicale Elle est composée de deux racines, une supérieure et une inférieure qui se rejoignent pour former une anse à concavité supérieure. Les trois premières racines cervicales (C1, C2 et C3) participent à sa constitution, C1 abandonnant un rameau en direction du nerf hypoglosse avec lequel il chemine. La racine supérieure de l’anse cervicale naît dans l’espace carotidien alors que la racine inférieure est formée par des rameaux issus des racines C2 et C3. La racine supérieure est responsable de l’innervation des muscles sterno-thyroïdien, sterno-cléïdo-hyoïdien et du ventre antérieur de l’omo-hyoïdien en donnant trois à quatre fibres nerveuses, et la racine inférieure émet un rameau nerveux pour le ventre postérieur du muscle omo-hyoïdien. Crânial Dorsal Nerf lingual Première racine spinale Nerf hypoglosse Racines supérieure et inférieure de l’anse Nerf géniohyoïdien Nerf thyrohyoïdien Nerfs du ventre antérieur et postérieur du m. omo-hyoïdien Nerf sternohyoïdien 6. Distribution dans la langue La langue est constituée de dix-sept muscles répartis en huit paires et un muscle impair. Le nerf hypoglosse rejoint l’artère linguale sur le bord antérieur du hyoglosse après que celle-ci est cheminée en dedans du muscle mylo-hyoïdien. Tous deux pénètrent dans la musculature linguale et les rameaux terminaux du XII se répartissent en direction de chaque muscle. Les deux nerfs hypoglosses sont donc en charge chacun d’une hémi-langue. Cependant, ils mettent en commun plusieurs fibres nerveuses afin d’assurer une synchronisation des mouvements de la langue [4]. III. Matériels et méthodes 1. Matériels Porte lames et lames n°15 et 23 Ciseaux à bouts ronds Ciseaux à bouts pointus Pinces à dissection Pinces à dissection à griffes Pinces Kocher Pinces gouge Curette Scie à main Scie à ruban Fraiseuse Lunettes grossissantes x 2,5 2. Méthodes Les travaux ont été réalisés sur trois sujets : - un premier sujet non formolé de sexe masculin âgé de 82 ans un second sujet formolé de sexe masculin âgé de 91 ans et un troisième sujet non formolé et injecté de sexe masculin âgé de 76 ans. Pour visualiser le départ du XII du tronc cérébral et son entrée dans le canal de l’hypoglosse, il a été nécessaire d’ouvrir la boite crânienne à l’aide de la scie à ruban et d’extraire l’ensemble de l’encéphale à l’exception des trois étages du tronc cérébral. La visualisation du plancher du 4ème ventricule s’est faite après incision du voile médullaire. La fraiseuse a ensuite rendu accessible le contenu du canal de l’hypoglosse au travers de l’os occipital. L’abord de la région cervicale a été réalisé après incision au porte lame n°23 du pourtour inférieur du pavillon de l’oreille, de la région mandibulaire et submandibulaire. La parotide a ensuite été réséquée dans sa totalité afin de visualiser l’espace rétrostylien. Le système veineux cervical a été conservé puis réséqué afin de montrer l’axe artériel carotidien. L’étude approfondie de la région submandibulaire a été facilitée après avoir enlevé l’hémi-mandibule à la scie à main en sectionnant la branche montante et la branche horizontale et incisé au porte-lame n°23 les muscles masséter, ptérygoïdien médial et latéral. De même que la parotide, la glande submandibulaire et ses vaisseaux sont retirés pour poursuivre le trajet du XII avant son entrée dans le plancher buccal. L’individualisation des rameaux nerveux en direction des muscles génio-hyoïdiens et du nerf lingual a nécessité l’utilisation de lunettes grossissantes. Crânial Ventral Vue latérale gauche du volet cutané réalisé La troisième et dernière pièce a été injectée au latex néoprène après cathétérisation des artères carotides communes et vertébrales. Cette technique consiste en l’injection d’une solution de latex puis d’acide acétique. Le but étant de mettre en évidence les rapports entre l’artère linguale et le nerf hypoglosse au niveau du plancher buccal puisque celle-ci joue un rôle important dans sa vascularisation dans cette région. IV. Résultats Les dissections réalisées ont eu pour but d ‘étudier l’anatomie du nerf hypoglosse de son origine dans le tronc cérébral à son entrée dans le plancher buccal. Crânial Latéral Trigone de l’hypoglosse Foramen jugulaire Artère cérébelleuse inféropostérieure Nerf hypoglosse Photo n°1 : vue postérieure du tronc cérébral Cette vue postérieure permet de localiser le relief du noyau hypoglosse, le trigone de l’hypoglosse. Elle révèle aussi la direction oblique vers le bas et le dehors des radicules pour se diriger dans le canal de l’hypoglosse en traversant la dure-mère. Crânial Latéral Radicules de l’hypoglosse Artère spinale antérieure Artère cérébelleuse inféro-postérieure Photo n°2 : vue antérieure du tronc cérébral Le but de cette photographie était de montrer sur une vue antérieure l’origine des radicules du nerf hypoglosse dans le sillon antéro-latéral, ainsi que leurs rapports directs avant d’atteindre le canal de l’hypoglosse. Parmi les éléments vasculaires distinguables, nous pouvons souligner la présence de l’artère cérébelleuse inféropostérieure qui chemine sur le bord inférieur des radicules mais aussi l’artère spinale antérieure dont nous voyons les départs de branches vasculaires en direction des radicules du nerf hypoglosse. Crânial Ventral Artère pharyngienne ascendante Branche de l’artère pharyngienne ascendante dans le canal de l’hypoglosse Nerf hypoglosse Première racine cervicale Photo n°3 : vue latérale gauche du canall hypoglosse Nous remarquons sur cette photographie que les radicules ont fusionné, à la sortie du canal, pour former le nerf hypoglosse. Le second élément présent est artériel, il s’agit d’une branche de l’artère pharyngienne ascendante, tandis qu’une seconde branche se dirige vers le canal carotidien. Nous pouvons aussi noter la proximité de la première racine C1 avec le nerf hypoglosse dès sa sortie du rachis cervical. Crânial Dorsal Nerf glossopharyngien Nerf accessoire Nerf hypoglosse Première racine cervicale Nerf vague Ganglion cervical supérieur Photo n°4 : vue latérale droite de la région rétrostylienne L’étude de la région cervicale et plus précisément de l’espace rétrostylien montre la richesse de l’environnement du nerf hypoglosse. Sur cette vue latérale, nous avons sectionné la veine jugulaire interne afin de montrer la proximité entre le XII et le plexus cervical. Nous pouvons distinguer que la première racine spinale, C1, donne des fibres en direction du nerf hypoglosse mais aussi pour C2, de même C2 pour C3. Plusieurs autres éléments nerveux sont visibles tels que le ganglion cervical supérieur, le nerf vague ou encore le nerf glosso-pharyngien. Crânial Ventral Anastomoses XII-IX Nerf accessoire Nerf vague Nerf hypoglosse Anastomoses XII-ganglion cervical supérieur Racine supérieure de l’anse cervicale Ganglion cervical supérieur Photo n°5 : vue latérale droite de la région rétrostylienne La dissection approfondie de l’espace rétrostylien à l’aide de lunette grossissante (x 2,5) permet d’individualiser les anastomoses réalisées entre d’une part le nerf hypoglosse et le nerf vague et d’autre part entre le XII et le ganglion cervical supérieur. Crânial Dorsal Artère et veine faciales Nerf accessoire Racine supérieure de l’anse cervicale Glande submandibulaire Racines inférieures de l’anse cervicale Photo n°6 : vue latérale droite de la région carotidienne En poursuivant le trajet du nerf hypoglosse, nous nous retrouvons maintenant dans la région jugulo-carotidienne. L’élément central de cette photographie est l’anse cervicale qui descend jusqu’au cartilage thyroïde. Nous remarquons bien que la racine supérieure passe en dedans du tronc thyro-linguo-facial alors que la racine inférieure est issue directement du plexus cervical et peut être doublée. Le nerf hypoglosse n’est pas visible puisque masqué par le muscle digastrique, la veine jugulaire interne et la glande submandibulaire. Crânial Dorsal Racine supérieure de l’anse cervicale Muscle mylohyoïdien Tronc thyolinguo-facial Nerf du m. thyro-hyoïdien Muscle hyo-glosse Photo n°7 : vue latérale droite de la région submandibulaire La résection de la glande submandibulaire permet l’accès au nerf hypoglosse. Celui-ci chemine entre les muscles hyo-glosse en dedans et mylo-hyoïdien en dehors. Pour permettre la visualisation du XII, nous avons sectionné le tronc thyro-linguo-facial de Farabeuf. Cette photographie montre bien le départ du nerf responsable de l’innervation du muscle thyro-hyoïdien. Sur les deux derniers sujets, la distance entre la naissance de la racine supérieure de l’anse cervicale et le nerf du muscle thyro-hyoïdien était de 1,5 cm. L’artère linguale est un élément important à étudier puisqu’elle est un rapport direct du XII dans la langue. Elle chemine à la face interne du muscle hyo-glosse. Crânial Dorsal Branche montante de la mandibule (sectionnée) Muscle styloglosse (sectionné) Racine supérieure de l’anse cervicale Nerf hypoglosse Nerf vague Artère thyroïdienne supérieure Racines inférieures de l’anse cervicale Photo n°8 : vue latérale droite de la région submandibulaire Afin d’étudier plus précisément le trajet submandibulaire du nerf hypoglosse, nous avons sectionné l’hémi mandibule droite ainsi que la veine jugulaire interne et le muscle mylo-hyoïdien. Le nerf hypoglosse chemine sur la face externe du muscle hyoglosse et donne des fibres nerveuses en charge de son innervation. Le trajet concave vers le haut du XII est bien mis en évidence de même que son passage en dehors de l’axe artériel carotidien. Crânial Dorsal Nerf lingual Artère linguale Nerf hypoglosse Muscle hyo-glosse Muscle génio-glosse Nerf du m. génio-glosse Photo n°9 : vue latérale droite de la région submandibulaire En utilisant de nouveau les lunettes grossissantes, les rameaux nerveux en charge de l’innervation du muscle hyo-glosse sont mis en évidence. Un autre rameau s’individualise du bord inférieur du nerf pour innerver le muscle génio-hyoïdien. L’artère linguale et le nerf hypoglosse se rejoignent en avant du muscle hyoglosse pour pénétrer dans la musculature intrinsèque de la langue. Le nerf lingual, issu de la branche mandibulaire du trijumeau, chemine au dessus du XII sur la face externe du hyoglosse. Nous observons la proximité entre des rameaux du nerf hypoglosse et le lingual. V. Discussion Le nerf hypoglosse permet l’innervation motrice de la langue. Toutefois, au cours de son trajet dans le canal de l’hypoglosse et dans la région cervicale, il émet plusieurs branches collatérales en direction de muscles ou d’autres éléments neurologiques. Les dissections réalisées dans la région rétrostylienne ont permis la mise en évidence des anastomoses du nerf hypoglosse avec le nerf vague, mais aussi avec le ganglion cervical supérieur. Mais il faut rappeler qu’il en existe plusieurs autres avec notamment avec le nerf lingual ou le XII controlatéral qu’il serait tout aussi intéressant d’étudier. En plus de ces deux anastomoses, nous avons pu montrer le lien qu’établit le nerf hypoglosse avec le plexus cervical et la position de l’anse cervicale dans la région carotidienne. La première racine cervicale ne réalise pas d’anastomose avec le XII puisque ses rameaux nerveux accompagnent seulement le nerf hypoglosse afin d’assurer l’innervation des muscles infra-hyoïdiens et du muscle génio-hyoïdien. Les atteintes du nerf hypoglosse peuvent se révéler très handicapantes et ceci est dû au rôle de la langue dans la mastication, la phonation ou la déglutition. Parmi les principales causes de lésions du XII, il faut mettre en avant trois types, vasculaires, tumoraux ou infectieux qui peuvent atteindre l’ensemble du nerf. Il est très fréquent que l’atteinte du XII ne soit pas isolée mais associées à des lésions touchant d’autres nerfs crâniens. On peut citer le syndrome de Collet-Sicard qui se traduit par une atteinte du IX, X, XI et XII, ou bien encore le syndrome de Villaret qui associe l’atteinte des mêmes nerfs crâniens et un syndrome de Claude Bernard-Horner. La principale étiologie de ces syndromes rétrostyliens est tumorale. Du point de vue clinique, ces syndromes révèleront en ce qui concerne la langue une déviation du coté sain au repos et une déviation du côté atteint lors de la protraction. Enfin, le nerf hypoglosse peut être utilisé lors de chirurgie dans le cadre d’une paralysie faciale périphérique en réalisant une anastomose des troncs nerveux XII-VII. Plusieurs techniques sont utilisées, il peut s’agir d’une anastomose entre le VII lésé et la racine supérieure de l’anse cervicale, d’une anastomose après section partielle du tronc nerveux de l’hypoglosse dans la région carotidienne ou encore d’une anastomose après la réalisation d’une encoche dans le tronc du XII et insertion du tronc facial lésé [13]. Les résultats nécessitent dans tous les cas de la rééducation et sont plus importants dans l’étage inférieur de la face. En cas de section complète du nerf hypoglosse pour l’anastomose, il en résulte une paralysie de l’hémi-langue homolatérale. Références 1) Larsen W. Embryologie Humaine. Maloine, 2003, 568 p. 2) Atlas de poche d’Embryologie. Paris : Flammarion ; 1994, 385 p. 3) Université de Nantes. Développement de l’appareil digestif. [En ligne]. http://umvf.univ-nantes.fr/histologie-et-embryologiemedicales/enseignement/embryo_11/site/html/cours.pdf. Consulté le 25 mai 2014. 4) Paturet G. Traité d’Anatomie humaine tome IV. Paris : Masson et Cie ; 1964, 1183 p. 5) Sappey Ph C. Traité d’Anatomie descriptive Tome II Première partie. Paris : Masson ; 1952. 6) Leblanc A. Système Nerveux Encéphalo-Périphérique. Berlin : Springer. 2001, 433 p. 7) Doyon D, Marsot-Dupuch K, Francke J-P, Benoudiba F, Domengie F. Les Nerfs Crâniens. 2ème édition. Issy-les-Moulineaux : Elsevier Masson ; 2006, 273 p. 8) Lazorthes G. Le Système Nerveux Périphérique. 3ème édition. Paris : Masson, 1981, 387 p. 9) Hanaway J, Mokthar H, Thomas A, Melville P. Atlas du Cerveau : un guide visuel du système nerveux central humain. Traduction de la 1ère édition. Paris : Be Boeck Université ; 2001, 249 p. 10) Kamina P. Anatomie Clinique tome II. 3ème édition. Paris : Maloine. 2009, 405 p. 11) Kamina P. Anatomie Clinique tome V. 2ème édition. Paris : Maloine. 2009, 430 p. 12) Tran Ba Huy P. O.R.L. Paris: Ellipses. 1996, 510 p. 13) Portmann M. Traité de Technique Chirurgicale O.R.L. et Cervico-Faciale tome I. 2ème édition. Paris: Masson; 1986, 466 p. 14) Geibprasert S, Pongpech S, Armstrong D, Krings T. Dangerous Extracranial– Intracranial Anastomoses and Supply to the Cranial Nerves: Vessels the Neurointerventionalist Needs to Know. AJNR Am J Neuroradiol. Sep 2009 : 1459-1468. RESUME LE NERF HYPOGLOSSE Laboratoire d’anatomie – Faculté de médecine de Nantes BUT Le nerf hypoglosse est chargé d’assurer l’innervation des muscles de la langue, il est donc indispensable pour la mastication, la déglutition et la phonation. Au cours de son trajet, le XII réalise plusieurs anastomoses avec le nerf lingual, le nerf vague et donne des rameaux pour le ganglion cervical supérieur avant d’atteindre la langue. Mais, il est aussi en rapport étroit avec le plexus cervical et l’anse cervical. L’objectif de ce mémoire a été de rendre compte des anastomoses situées dans l’espace rétrostylien et d’étudier les rapports du nerf avant son entrée dans la langue. MATÉRIELS ET MÉTHODES Cinq dissections sur trois sujets de sexe masculin ont été réalisées. Elles ont été effectuées sur un sujet frais, un sujet formolé et un dernier frais et injecté au latex néoprène afin de mettre en évidence les rapports du nerf hypoglosse avec l’artère linguale dans la région submandibulaire. RÉSULTATS Les dissections réalisées ont permis de visualiser les anastomoses du XII avec le X et avec le ganglion cervical supérieur, et d’étudier la situation de l’anse cervicale dans la région carotidienne. Les travaux se sont limités au trajet du nerf hypoglosse avant son entrée dans la langue et à la localisation de son noyau dans le plancher du 4ème ventricule, ainsi qu’au contenu du canal de l’hypoglosse. CONCLUSION Avant d’atteindre les muscles intrinsèques de la langue, le nerf hypoglosse effectue un trajet intracrânien et extra-crânien au cours duquel il réalise des anastomoses dont seules présentes dans l’espace rétrostylien ont été mis en évidence. Mais il en existe deux autres avec le nerf lingual et le XII controlatéral. Mots clés : nerf hypoglosse, anastomoses nerveuses, canal hypoglosse, langue.