Elles empruntent le trajet du nerf
pudendal. Prenant en charge la peau
de la marge anale, du pénis et des
bourses ou du clitoris et des lèvres,
de la région intermédiaire corres-
pondant au noyau fibreux central du
périnée, ces fibres suivent ensuite le
trajet du nerf pudendal dans le canal
pudendal d’Alcock tout d’abord,
constitué par un dédoublement du
fascia du muscle obturateur interne,
se plaçant ensuite dans un plan
supra-levatorien à leur sortie du
canal. Elles contournent alors la
partie distale du ligament sacro-
épineux ou l’épine sciatique, se
plaçant médialement par rapport au
nerf sciatique et se placent dans la
région glutéale dans le canal infra-
piriforme. Ensuite, ces fibres
confluent vers leurs racines d’origine
majoritairement S3 parfois S2 et S4 et
pénètrent les trous sacrés pour
remonter dans la queue de cheval et
gagner la partie terminale sacrale de
la moelle spinale.
Au cours de leur trajet, ces fibres
rencontrent des obstacles qui sont
maintenant bien connus : le canal
pudendal d’Alcock lui-même dont le
fascia peut être épaissi et sténoser le
nerf, le processus falciforme du
ligament sacro-tubéral qui peut
plaquer le nerf notamment à la partie
dorsale du canal d’Alcock, la pince
ligamentaire dans la portion rétro-
spinale entre ligament sacro-épineux
et le ligament sacro-tubéral où le nerf
peut être pris dans une véritable
pince.
Nous avons déjà dit qu’elles
pouvaient être médiées par le nerf
pudendal dont un tiers des fibres
environ appartiennent à ce
contingent. Cela explique certaines
sensations végétatives avec des
douleurs irradiantes, pluri-méta-
mériques, responsables notamment
de sensation de fesses froides, de
scrotum froid de sensation de corps
étranger intrarectal ou intravaginal.
Par ailleurs ces fibres vont émaner
des structures périnéales, gagner les
lames sacro-recto-génito-pubiennes
qui sont une condensation infra-
péritonéale supra-levatorienne de
mésenchyme noyant les vaisseaux et
les nerfs. Ces fibres convergent dans
le ganglion pré-viscéral qui est le
ganglion hypo-gastrique inférieur
qui collecte ces fibres et les envoie
dans la chaîne ganglionnaire latéro-
vertébrale ortho-sympathique d’une
part, dans le nerf hypo-gastrique et le
plexus hypo-gastrique supérieur
d’HOVELACQUE situé en avant du
promontoire en pré-aortique d’autre
part.
Ces fibres ortho-sympathiques vont
nécessairement gagner la chaîne
latéro-vertébrale. Le mode de
migration de ces fibres se fait autour
des artères qu’elles empruntent et
habillent d’un fin treillis. La plupart
des convergence se fait au niveau de
la jonction thoraco-lombaire et
notamment à l’étage L1L2.
Les fibres ortho-sympathiques ont
alors le devoir de quitter la chaîne
latéro-vertébrale pour gagner une
racine sensitive et donc dorsale avant
leur pénétration dans la moelle. Nous
comprendrons cette nécessité dans
les paragraphes suivants. Précisons
ici que les douleurs somatiques sont
bien localisées, de façon radiculaire
ou ici tronculaire alors que les
douleurs végétatives, captées par
plusieurs racines sont diffuses,
plurimétamériques.
La racine dorsale aborde donc la
moelle spinale. Sont mêlées les fibres
extéroceptives somatiques d’origine
cutanée, les fibres proprioceptives
d’origine musculaire, osseuse
tendineuse et ligamentaire, les fibres
végétatives à la fois médiées par les
nerfs somatiques et notamment par
le nerf pudendal qui nous intéresse
ici et par les fibres d’origine viscérale
que nous avons déjà vues et qui ont
quitté la chaîne latéro-vertébrale
(Figure 1).
Dans la moelle les fibres extéroceptives
d’origine cutanée s’arrêtent au niveau
de l’apex de la corne grise dorsale. Les
fibres proprioceptives rejoignent
l’isthme. Les fibres intéroceptives
gagnent la base(Figure 2). Il y a donc
trois tissus embryonnaires ectoderme,
mésoderme, et endoderme ; trois
sensibilités extéroceptive, proprioce-
ptive et intéroceptive ; et trois douleurs
possibles d’origine cutanée, d’origine
musculaire, d’origine viscérale. Ces
fibres peuvent donc transmettre la
douleur or il n’existe qu’un faisceau
nociceptif : le tractus spino-thalamique.
Les trois fibres précédemment citées
III - DANS LA MOELLE SPINALE
b) Les fibres ortho-sympathiques
a) Les fibres somatiques
II – TRAJET DES FIBRES
SENSITIVES AVANT LEUR
ENTRÉE DANS LA MOELLE
AVIS D’EXPERT
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N°4 Novembre 2006
Bases Anatomiques des Algies Périnéales
Figure 1 : Les trois feuillets embryon-
naires Les fibres exteroceptives (1) ,
proprioceptives (2) et interoceptives
pénètrent la corne grise dorsale de la
moelle via la racine dorsale. Les trois
feuillets embryonnaires (ectoderme,
mésoderme et endoderme) transmet-
tent donc des influx douloureux.