La Vierge Marie est ici représentée debout, en pied et de profil. Elle n’est plus
assise sur un trône comme une reine (Vierge en majesté).
Elle ne nous regarde même pas, elle ne cherche qu’à apporter son amour de mère à son
enfant. L’enfant Jésus ne s’occupe pas plus du spectateur, son regard est dirigé vers sa
mère. Nous voyons donc que, par rapport aux Primitifs, les peintres du début de la
Renaissance s’attachent davantage à retranscrire les sentiments humains en jouant sur
l’expressivité du visage. Les personnages ne sont plus figés mais témoignent d’une réelle
humanité.
Ainsi, l’enfant n’est plus un adulte en miniature, mais est un véritable bébé. Nous voyons
qu’il est lourd, et un ange adolescent (sans doute Jean Baptiste), reconnaissable à ses
ailes en plumes de paon rehaussées d’or, est venu le soutenir.
La construction n’est plus tout à fait pyramidale mais presque diagonale, ovale, se
rapprochant de la mandorle.
Le décor en arrière-fond est tout à fait novateur et quelque peu énigmatique. Ici, pas de
fond d’or ni de paysage comme dans les autres tableaux de la salle, mais un jardin muré,
généralement associé à la pureté, la virginité de Marie. Le livre posé sur une table derrière
l’ange, s’il témoigne d’une maîtrise encore imparfaite de la perspective, est cependant
assez moderne.
La guirlande placée au-dessus de la Vierge est, elle aussi, tout à fait originale. En fait, il
semblerait que cette guirlande soit inspirée des guirlandes représentées sur les
sarcophages anciens. Ce détail n’en est donc pas un puisqu’il montre l’intérêt que portent
les hommes de la Renaissance, les humanistes, à l’Antiquité.
Le travail des détails, notamment la fluidité des drapés et la transparence des tissus,
témoigne, enfin, de l’évolution dans les manières de peindre.
Tout cela concoure à faire de l’œuvre de Botticelli l’une des œuvres majeures du Palais
Fesch ; elle incarne le passage de l’art du Moyen Age à celui de la Renaissance, un
moment de l’histoire qui se préparait depuis déjà quelques années.
L’humanisme conduit les peintres à aborder des sujets plus proches des
préoccupations humaines, donc plus variés. En plus de la peinture religieuse, ils illustrent
des épisodes de la vie des dieux grecs et romains (mythologie), peignent des natures
mortes (fruits, fleurs et objets) et des allégories (personnages représentant des idées, des
saisons, des vertus …), font également des portraits. Ainsi, c’est à la Renaissance que
naissent ce que nous nommons les genres picturaux, qui sont par ordre décroissant
d’importance : la peinture d’histoire (dont la peinture religieuse fait partie), le portrait, le
paysage, la scène de genre (ou peinture de genre), la nature morte.
Peintures vénitiennes (second étage) :
L’Homme au gant , Tiziano Vecellio, dit Titien
Dans le portrait de l’Homme au gant de Titien, on peut apprécier les nouvelles
façons de montrer les choses et les gens. Le portrait, né à Florence au XVe siècle, devient
un art de cour au XVIe siècle. Titien s’impose comme un portraitiste exceptionnel : ses
portraits mettent en évidence la psychologie, la personnalité du sujet.
En suivant l’exemple de Léonard de Vinci, de sa célèbre Joconde et de son sourire, Titien
travaille surtout sur les regards et l’expression, ce qui rend le personnage presque vivant.
Ce portrait nous donne l’impression que les yeux du jeune homme nous suivent dans nos