La vérité __________________________________________________________________________________________ Qu’est-ce que la vérité ? Du latin « verus » signifiant vrai, véritable, réel, la vérité s’oppose à la fausseté et désigne le caractère de ce qui est vrai. Même s’il s’efforce de le restituer avec fidélité, le vrai n’est pourtant pas le réel. En effet, alors que la réalité est par définition indépendante de l’homme, la vérité est toujours de l’ordre du discours ou de la représentation. En effet, une chose ne peut pas être vraie ou fausse : soit elle est, soit elle n’est pas. Ainsi, si je dis « Il ne pleut pas » alors qu’il pleut, la pluie ne va pas s’interrompre et c’est bien mon affirmation qui est fausse tandis que la pluie continue à être et inversement. On qualifie de dogmatique une philosophie qui affirme certaines vérités et sceptique celle qui considère que l’homme ne peut rien atteindre de vrai ou de certain. De fait, la recherche de la vérité pour le sceptique est difficile et non spontanée. « La réalité n’est qu’elle-même et il est absurde de demander si elle est vraie ou fausse » Whitehead Vérité formelle et vérité matérielle : On ne peut dire quelque chose de vrai qu’en respectant certaines règles (comme le principe de non-contradiction). Ces règles sont celles de la logique et ne s’appliquent qu’aux discours sans objet (comme les mathématiques). On parle alors de vérité formelle car elle ne considère que la forme du discours, sa cohérence interne. On parle dans ce cas de vérité de raison. Lorsque le discours se rapporte à des choses du monde, il convient de s’assurer que les termes et les symboles utilisés sont adaptés à ce que je saisis du monde. Cette vérité matérielle (ou empirique) suppose ainsi qu’un symbole correspond à chaque élément de l’expérience. On parle dans ce cas de vérité de faits. « Il n’est pas possible de concevoir jamais que la même chose est et n’est pas » (principe de non-contradiction) Aristote Le critère de la vérité : Pour les sceptiques, le critère de la vérité est insaisissable. En effet, une preuve se fondant toujours sur une autre et comme il est impossible de démontrer à l’infini, il est donc impossible la vérité d’une idée. Pour les cartésiens, la vérité est une certitude. Ils considèrent que le critère de la vérité est la clarté et la distinction car seule une idée claire et distincte peut-être certaine et indubitable. En effet, le propre de la vérité est d’abolir le doute et d’imposer la certitude. Pour Spinoza, la vérité se reconnaît d’elle-même dans l’évidence de sa manifestation. Elle est donc son propre critère et s’auto-manifeste. « Il est impossible de savoir s’il existe quelque chose de vrai » Sextus Empiricus (sceptique) La vérité scientifique : La science s’oppose à l’opinion en ce sens qu’elle n’est pas fondée sur la perception immédiate des choses où sur ce que Bachelard appelle, « l’expérience première ». Claude Bernard a définit le processus permettant d’atteindre la vérité scientifique : il s’agit tout d’abord de prendre connaissance par l’observation des faits à analyser. Il faut ensuite élaborer une hypothèse qui permettent de les expliquer ou de les lier les uns aux autres. Enfin, il faut vérifier l’hypothèse en mettant en place une ou plusieurs expériences afin de s’assurer que les conséquences que l’ont peut tirer par déduction sont en accord avec ce que l’on observe. Cependant, la déduction n’est qu’un moyen de s’assurer de la validité d’un raisonnement et non d’obtenir des vérités. En effet, même si contrairement à l’induction, elle permet de conclure rigoureusement, elle ne permet cependant que de réfuter une idée de manière certaine. Popper définit ainsi le critère de faisabilité. Il désigne la capacité d’une théorie à être réfutée. L’échec de la falsification est donc une victoire de sa scientificité. Pour Popper, la vérité scientifique n’est donc une « vérisimilitude » qui progresse asymptotiquement vers la vérité par le moyen de conjectures (hypothèses théoriques) et de réfutations (invalidations expérimentales). « Telle est la méthode expérimentale dans les sciences, d’après laquelle l’expérience est toujours acquise en vertu d’un raisonnement établi sur une idée qu’à fait naître l’observation que contrôle l’expérience » Bernard La vérité métaphysique : Les vérités métaphysiques sont celles qui excluent toutes formes de doute possible. Pour trouver ces certitudes métaphysiques, Descartes propose de s’appuyer sur un doute méthodique qui consiste à tester la valeur de nos idées pour sonder leur solidité. Cependant, ce doute n’est pas le doute des sceptiques, qui, lui, est une suspension définitive du jugement. En effet, le doute méthodique (ou cartésien) est commandé par un projet de vérité afin d’accéder à des idées certaines qui permettrait de construire notre connaissance des choses. « [Il s’agit de douter pour] rejeter la terre mouvante et le sable [et] trouver le roc et l’argile » Descartes