nFormation diabète santé 4e Trimestre 2O14 - LeTTRe n°12 éDiTo éPiDémioLoGie Cher(ère) ami(e), C’est avec grand plaisir, et je l’avoue, une certaine fierté que nous vous proposons ce 12e numéro de notre Lettre Information Diabète Santé. Cette lettre a été lancée en 2011, mais il nous aura fallu attendre cette année 2014 pour remplir notre objectif initial : proposer 4 numéros par an, et en faire ainsi un rendez-vous trimestriel avec nos lecteurs. C’est enfin chose faite ! Pour cela, je tenais à remercier l’ensemble des contributeurs, qui, par leur implication ponctuelle ou régulière, nous permettent de vous proposer des informations variées et des contenus de qualité. Je profite également de cette fin d’année pour vous souhaiter à tous de passer de très belles fêtes auprès de ceux qui vous sont chers. À l’aube de cette nouvelle année, je peux vous garantir que nous aurons encore fort à partager en 2015. Je suis certain que la sphère diabétologique nous fournira une actualité toujours aussi riche et débordante, visant à apporter des réponses à l’ensemble des questions et des attentes, que nous partageons. Avec mes plus sincères remerciements pour l’intérêt que vous portez à nos activités et à la lutte contre le diabète, Bonne lecture, Professeur Michel PINGET J La prévention des hypoglycémies : nouvel enjeu majeur de la prise en charge du diabète de type 2 usqu’à aujourd’hui, les stratégies thérapeutiques mises en œuvre pour le traitement du diabète se focalisaient principalement sur la prévention des hyperglycémies, dont l’effet délétère, à terme, sur les vaisseaux et les artères n’est plus à prouver. Plus surprenant, de nouvelles études viennent de mettre en évidence, au-delà de leur aspect parfois spectaculaire, les conséquences également à terme des hypoglycémies, jusque là sous-estimées voire ignorées. L’hypoglycémie : une complication aiguë très sournoise L’hypoglycémie se caractérise par une concentration anormalement basse de glucose dans le sang. Symptomatique ou asymptomatique, déclenchée pour des niveaux de glycémie variables, et selon des circonstances qui le sont tout autant… l’hypoglycémie est pour le moins difficile à cerner ! Ainsi, du fait de la variabilité des signes cliniques et des seuils biologiques de déclenchement de la symptomatologie, il n’y a pas aujourd’hui de définition réellement consensuelle de l’hypoglycémie, même si, il est globalement admis que celle-ci commence en deçà de 0,70 gramme de sucre par litre de sang. S’il n’existe pas de définition consensuelle des hypoglycémies, ces événements se traduisent par des symptômes parfois graves allant jusqu’au coma, voire au décès. Épidémiologie des hypoglycémies dans le diabète de type 2 Les hypoglycémies sont des événements fréquents chez les patients diabétiques de type 2, principalement lorsque ces derniers sont traités par insuline ou insulino-secréteurs. On peut estimer à au moins 250 000 le nombre de patients DT2 ayant présenté une hypoglycémie sévère dans l’année, et à 23 470 le nombre de patients qui ont été hospitalisés pour ce motif sur la même période, souvent plusieurs fois (représentant 27 218 séjours hospitaliers). Des conséquences cliniques non négligeables Les hypoglycémies sont fréquentes, mais la plupart des études ne portent que sur les cas sévères qui constituent la « partie visible de l’iceberg » sur le plan épidémiologique. Leurs conséquences cliniques associent mortalité induite, hospitalisations, événements cardiovasculaires mais tiennent également aux accidents induits et aux conséquences neurologiques à long terme. En résumé, même si elles sont difficile à recenser et à mesurer, car pas toujours ressenties, ni déclarées, l’impact des hypoglycémies est non négligeable, tant pour le patient que pour le poids économique qu’elles induisent sur notre système de santé. De ce que l’on savait déjà sur les hyperglycémies, à ce que l’on apprend aujourd’hui sur les hypoglycémies, une leçon semble facile à retenir, mais certainement moins évidente à mettre en œuvre : tout réside dans la constance de l’équilibre glycémique. Si cette constance constitue en premier lieu l’enjeu du patient, elle est aussi celle de son équipe soignante, et notamment de son diabétologue, dans le bon choix des médicaments proposés. x3 deà 5mortalité ans Risque Au-delà de 3 épisodes d’hypoglycémie sévère : risque de démence x2 Fort impact sur la qualité de vie (mobilité, utilité sociale, anxiété / dépression…) x2 Risque cardiovasculaire HYPOGLYCÉMIE + - Augmentation du nombre de chutes Baisse des capacités cognitives ALimenTaTion eT PLaisiR Chrono-sociologie de la nutrition : quand l’heure du repas sonne ! Physiologiquement, la digestion d'un repas principal est un travail et une organisation lourde pour le corps. Raison pour laquelle les scientifiques parlent d'un « 2e cerveau », par allusion au tissu nerveux intense que représente l'innervation du tube digestif. Sensitif, il prélève des informations importantes qui concernent tout le corps : l'état de satiété, l'avancée de la digestion, la bonne adéquation qui existe entre tel aliment et les besoins, le ressenti, le pressenti... L a digestion, c'est aussi une déviation des flux sanguins vers le tube digestif afin de puiser les nutriments et de les mener à bon port. Pour le corps, une bonne digestion débute dans la bouche, par la salive, l'imprégnation salivaire, la mastication, le temps passé en bouche. Mais certains phénomènes ne se voient pas, comme toute la préparation physiologique qui précède « l'heure » du repas. Ainsi, lorsque vous êtes habitué à déjeuner à midi, le corps se prépare. Si vous anticipez ou retardez de 30 minutes, vous perturbez votre organisme. Attendre la bonne heure Chacun voudrait tout faire, tout à la fois. Manger et regarder son écran, tout en écoutant de la musique. Prendre un casse-croûte dans la rue en léchant les vitrines et en téléphonant ! Or, ces déviations d'attention ne sont pas bénéfiques du point de vue nutritionnel. La tête a besoin de calme et d'attention pour commander son estomac. Mastiquer c’est la santé ! Prendre son temps en mangeant est primordial. Mastiquer lentement les aliments permet à la salive d’amorcer la digestion. Une bonne digestion est synonyme d’une bonne assimilation. On évite ainsi les désagréments liés à une digestion difficile (ballonnements, remontées gastriques…). De plus, prendre son temps c’est aussi être attentif aux signaux corporels, et donc ressentir la satiété dans les 20 minutes qui suivent le début du repas. Les repères de satiété Des études ont montré que dans l’esprit humain, la quantité servie est la quantité optimale à consommer. Ainsi nos portions augmentent tout comme les apports caloriques. Nos repères de consommations sont trompés, les apports sont supérieurs aux besoins ce qui expose à la prise de poids. Les conseils pratiques : Prendre le temps de manger Manger dans le calme Travailler sur ses sensations alimentaires S’autoriser certains plaisirs : mieux vaut donc se permettre des chips à l’occasion que de se retrouver avec des rages incontrôlables qui nous amèneront à vider le sachet. Il est difficile de s’arrêter de manger un aliment délicieux, c’est normal. Dépasser ponctuellement ses apports énergétiques n’est pas un problème si on respecte ses sensations de satiété aux repas suivants. Idees de menu pour les fetes Plat principal : Cailles à l’orange farcies au pain d’épices et aux fruits secs Entrée : Verrine mousse d’avocat et crevettes ©saveurscroisees.com Ingrédients pour 4 personnes : P 1 avocat bien mûr P 1 blanc d’œuf monté en neige P 1 cuillère à café de moutarde P S el, poivre PQ uelques crevettes Mixez l’avocat avec la moutarde. Salez et poivrez. Mélangez avec le blanc d’œuf monté en neige. Ce mélange doit être homogène et lisse. Disposez dans les verrines et rajoutez quelques crevettes. Ingrédients pour 4 personnes : P 4 cailles fermières, bio ou Label Rouge P 2 oranges non traitées P 2 5 g de raisins blonds P 2 dattes P 2 abricots secs P 2 pruneaux P 1 càs d’amandes P 15 g de gingembre confit P 5 tranches de pain d’épices P 1 càs de vinaigre de cidre P 1 càs de sucre de canne complet P Sel, poivre P Huile Brossez et séchez une orange et râpez-en le zeste. Pressez les jus des deux oranges et faites-y tremper les dattes, les abricots, les raisins et les pruneaux pendant 15 mn. Égouttez-les et trempez brièvement une tranche de pain d’épices dans le jus d’orange. Hachez ensemble et grossièrement les fruits secs égouttés, la tranche de pain d’épices, les amandes et les morceaux de gingembre confit. Salez, poivrez et mélangez bien en malaxant la farce avec les mains. Farcez les cailles avec cette farce et fermez avec un pic en bois. Dans une cocotte (allant aussi au four et de l’exacte contenance des 4 cailles), faites dorer dans 2 càs d’huile, les cailles sur toutes leurs faces. Salez et poivrez puis retirez-les de la cocotte et réservez-les. Préchauffez le four à 180°C. Jetez le gras et déglacez la cocotte avec le jus d’orange ayant servi au trempage des fruits secs. Ajoutez le sucre et le vinaigre de cidre et laissez réduire de moitié. Rajoutez les cailles et enduisez-les de jus puis enfournez 30 mn. N'oubliez pas de les recouvrir de jus toutes les 10 mn. Juste avant de servir, passez sous le gril les 4 tranches de pain d’épices. Dressez les assiettes : dans chacune, déposez une tranche de pain d’épices et calez-y dessus une caille. Filtrez le jus et versez-le sur la caille ou à part. Saupoudrez le zeste râpé sur les cailles et servez sans attendre. Idées d'accompagnement : une purée de marrons, des champignons ou une purée de légumes racines. Dessert : Biscuit roulé aux fruits Ingrédients : P 8 œufs P 80g de farine + 20g de Maïzena® P 1 00g de sucre P 1 25 de mascarpone P 1 Gervita® P 2 -3 sachets de sucre vanillé P 2 00-250g de framboises Séparez les jaunes des blancs d’œufs. Mélangez 50g de sucre avec les jaunes d’œufs (blanchir). Battez les blancs en neige et ajoutez le reste de sucre aux blancs. Mélangez délicatement les deux préparations. Tamisez la farine et la Maïzena® et rajoutez (en soulevant) au mélange. Mettez un papier sulfurisé sur la plaque et versez-y la pâte. Cuire à 180°C pendant 8 à 10 minutes. Disposez un torchon recouvert d’un film étirable sur la table avec du sucre et retournez la pâte sur le film. Avec un chiffon mouillé, tamponnez le papier cuisson pour pouvoir le décoller puis recouvrez d’un torchon humide et laissez refroidir. Mélangez délicatement le mascarpone avec le Gervita®, le sucre et les framboises. Étalez sur la pâte et roulez le biscuit, serrez à l’aide du film et mettez au frais. VIe PRaTIQue Le FreeStyle Libre (système flash glucose monitoring) : une innovation pour l’auto-surveillance du diabète L Dr Michael Joubert - Diabétologie - CHU Caen a diabétologie est une discipline en pleine évolution depuis quelques années : développement de nouvelles classes médicamenteuses (principalement pour le diabète de type 2), expérience grandissante des allogreffes d’îlots, émergence de nouveaux dispositifs technologiques pour la délivrance de l’insuline et la surveillance métabolique (pompes, capteurs de glucose, pancréas artificiel…) ou encore impact de la télémédecine. La mise à disposition récente du FreeStyle Libre, nouveau système de Flash Glucose Monitoring s’inscrit tout à fait dans cette dynamique. Ce nouveau système d’autocontrôle du taux de glucose est en effet innovant à plus d’un titre, tant par sa technologie et son concept que par son logiciel d’exploitation des données et son mode de diffusion. La technologie Free Style Libre : un capteur pendant 14 jours, sans calibration Tous les systèmes de mesure du glucose interstitiel en continu utilisent un capteur sous-cutané qui produit un courant électrique dont l’intensité varie en fonction du taux de glucose interstitiel. La transformation du signal "glucose" en signal électrique est rendue possible par l’utilisation de l’enzyme glucose oxydase qui constitue la substance réactive de la canule des capteurs. La réalisation de glycémies capillaires de calibration est indispensable pour étalonner les différents systèmes et permettre la production de résultats fiables. Les calibrations sont nécessaires pendant toute la durée de vie du capteur (5 à 7 jours) à une fréquence variable selon les dispositifs. Quel que soit le système utilisé, le non respect des consignes de calibration peut mettre en péril la quantité et la qualité des données obtenues. Le capteur du FreeStyle Libre fonctionne également grâce à la glucose oxydase mais sa technologie et son mode de fabrication parfaitement reproductible permettent une utilisation pendant 14 jours sans aucune calibration grâce à un étalonnage d’usine. Cette durée d’utilisation particulièrement longue et l’obtention de résultats une heure après insertion sans aucune calibration au début ou pendant toute la durée de port font de ce capteur un système unique dans le paysage actuel de la mesure continue du glucose. L’absence de calibration sous-entend également que les autocontrôles de glycémie capillaire pourraient être totalement remplacés par cette technologie. Il reste cependant conseillé de faire une glycémie capillaire de contrôle en cas de discordance entre le résultat du glucose interstitiel et la situation clinique. Plusieurs études ont validé la technologie du capteur FreeStyle Libre, notamment en comparant les résultats avec et sans calibration sur une durée de 14 jours (1-3). De plus, pour l’obtention du marquage CE du produit, le MARD (mean absolute relative difference) a été mesuré sur 13195 valeurs à 11,4% avec 99.7% des valeurs dans les zones A et B (4 ). L’accès intermittent à la mesure continue du glucose : un nouveau concept Les différents systèmes de mesure du glucose interstitiel en continu (CGM – continuous glucose monitoring) sont regroupés en deux grandes catégories : le CGM professionnel (ou holter glycémique) : mesure continue, sans accès à l’information en temps réel, avec lecture rétrospective des données par un professionnel de santé ; le CGM personnel : mesure continue avec accès permanent, en temps réel, à l’information et système d’alerte paramétrable. Le CGM professionnel repose sur un système de « boîte noire » qui accumule les données mesurées par le capteur pendant plusieurs jours. Ces données sont ensuite restituées par téléchargement du système, a posteriori, grâce à un logiciel dédié aux professionnels de santé. Le CGM professionnel est habituellement utilisé à court terme, à visée diagnostic. Le CGM personnel fait appel au même type de technologie que le CGM professionnel mais avec transmission en temps réel des données du capteur vers un moniteur via un transmetteur. Le moniteur possède alors un système paramétrable d’alertes pour prévenir l’utilisateur lorsque le taux de glucose interstitiel sort de la plage cible ou présente une importante vitesse de variation. Le CGM professionnel est utilisé à visée thérapeutique à moyen et long terme et son bénéfice clinique en termes d’amélioration métabolique n’est plus à démontrer (5-6 ). Le FreeStyle Libre est le premier représentant d’une nouvelle catégorie de dispositif de mesure du glucose interstitiel appelé FGM (flash glucose monitoring). Il s’agit d’un dispositif hybride entre le CGM professionnel et le CGM personnel. Il est constitué d’un capteur et d’un lecteur. Le capteur de ce système, constitué d’une canule sous-cutanée et d’un transmetteur (ces deux éléments étant indissociables), mesure en continu le taux de glucose interstitiel mais ces données restent en mémoire dans le capteur pendant 8 heures et ne sont pas « poussées » vers le moniteur (lecteur) de façon automatique. Les données sont cependant accessibles si l’utilisateur fait la démarche de les « récupérer » en approchant simplement le lecteur du capteur à une distance de moins de 3 centimètres (cette manœuvre étant appelée un « scan »). Ainsi, la « boîte noire » du FGM est accessible aussi souvent que le souhaite l’utilisateur et délivre à chaque « scan » les 8 dernières heures d’enregistrement sous la forme d’une courbe. La valeur actuelle du taux de glucose interstitiel et la flèche de tendance qui indique le sens et la vitesse d’évolution de ce taux sont également disponibles à chaque scan. Ce système fournit donc à l’utilisateur un enregistrement rétrospectif de courte durée (8 heures), accessible de manière itérative, ainsi que les données actuelles au moment du « scan » (valeur et flèche). Il s’agit d’un accès intermittent à une mesure continue du glucose. Compte tenu de l’absence de transfert en continu des données du capteur vers le lecteur, le FGM ne dispose pas d’alertes en temps réel lorsque le taux de glucose interstitiel sort de l’intervalle cible. Ce type d’alerte reste la spécificité du CGM personnel. En d’autres termes, si l’utilisateur ne fait pas la démarche active de scanner pour accéder régulièrement à ses données, le dispositif ne produit aucun résultat. Les indications précises du FGM ainsi que son bénéfice clinique seront certainement précisés par les études cliniques actuellement en cours (étude « IMPACT » évaluant l’effet du FGM sur le temps passé en hypoglycémie dans le DT1 ; étude « REPLACE » évaluant l’effet du FGM sur l’HbA1c dans le DT2). Le rapport AGP : une représentation graphique et statistique des données du FGM Bien que le capteur ne dispose que de 8 heures de données en mémoire, le lecteur, quant à lui, conserve jusqu’à 90 jours de données, sous réserve que des « scan » réguliers aient permis le transfert des données du capteur vers le lecteur. Le contenu du lecteur peut bien sûr être téléchargé grâce au logiciel Free Style Libre, disponible en téléchargement gratuit sur le site myfreestyle.fr pour les professionnels de santé comme pour les patients. Les données sont alors représentées sous forme de profil AGP (ambulatory glucose profile). Le profil AGP est une représentation à la fois graphique et statistique des données de glucose interstitiel. En effet, à partir des données d’enregistrement FGM de plusieurs journées superposées sur une journée type, le logiciel Free Style Libre construit les 5 courbes d’intérêt de l’AGP (médiane, 25 et 75 e percentiles, 10 et 90 e percentiles). L’IQR (interquartile range) contient 50% des données et l’intervalle entre le 10 et 90e percentile contient 80% des données (fig. 2). Cette représentation fut créée à la fin des années 2000 par l’équipe de Roger Mazze (International Diabetes Center – Minneapolis) avec l’objectif de proposer un rapport informatif et standardisé des données CGM (7 ). À ce jour, seul le Free Style Libre propose ce rapport AGP. Lorsqu’il comporte une période d’au moins 14 jours de données, le rapport AGP synthétise de nombreuses informations, notamment l’exposition globale à l’hyperglycémie, la variabilité glycémique intra- et inter-journalière et le risque hypoglycémique (8 ). L’analyse de l’AGP permet de cerner rapidement le profil du patient et de proposer une modification thérapeutique ciblée selon l’anomalie constatée et son horaire. Une mise à disposition par vente directe au patient Un dossier de demande de remboursement du FreeStyle Libre sera déposé par Abbott auprès des autorités de santé lorsque les résultats des études cliniques actuellement en cours seront disponibles. En attendant, le mode de diffusion du FreeStyle Libre n’est pas moins original que son concept ou sa technologie. En effet, Abbott a décidé de proposer ce dispositif innovant en vente directe sur internet auprès des patients, sans prescription ni remboursement, au prix de 59.90€ le lecteur et 59.90€ chaque capteur. Il s’agit, en France, du premier dispositif médical de diabétologie en vente libre et directe sans remboursement. Ce nouveau concept de diffusion divise la communauté diabétologique, certains estimant qu’il est injuste de proposer un dispositif médical payant auquel les plus modestes n’auront pas accès, d’autres mettant plutôt en avant l’opportunité pour certains patients de disposer du système bien avant qu’il ne soit remboursé (s’il l’est un jour…). Ce débat est cependant plus socio-politique que scientifique et ne modifie en rien l’avancée technologique que représente ce système. Son utilité et sa pertinence seront évaluées grâce aux études cliniques mais également par son succès commercial : en effet, les patients atteints de diabète n’achèteront ce produit que s’il leur apporte un bénéfice pour la prise en charge de leur maladie. Conclusion : Le FreeStyle Libre est donc un système unique et innovant qui propose un accès intermittent à la mesure continue du glucose interstitiel, grâce à un capteur sans calibration pendant 14 jours. C’est également le premier système proposant un rapport AGP, représentation à la fois graphique et statistique des données rétrospectives. Enfin, son mode de diffusion direct auprès des patients par vente libre sur internet est tout à fait inédit. Le FreeStyle Libre représentera-t-il un tournant dans l’auto-surveillance glycémique des patients diabétiques ? Les paris sont ouverts… Références : 1.Hoss U, Jeddi I, Schulz M, Budiman E, Bhogal C, McGarraugh G. Continuous glucose monitoring in subcutaneous tissue using factory-calibrated sensors: a pilot study. Diabetes Technol Ther 2010;12:591-7 2.Hoss U, Budiman ES, Liu H, Christiansen MP. Continuous glucose monitoring in the subcutaneous tissue over a 14-day sensor wear period. J Diabetes Sci Technol 2013;7:1210-1219 3.Hoss U, Budiman ES, Liu H, Christiansen MP. Feasibility of Factory Calibration for Subcutaneous Glucose Sensors in Subjects With Diabetes. J Diabetes Sci Technol 2014;8:89-94 4.Données Abbott Diabetes Care 5.Joubert M, Reznik Y. Personal continuous glucose monitoring (CGM) in diabetes management: review of the literature and implementation for practical use. Diabetes Res Clin Pract 2012;96:294-305 6.Langendam M, Luijf YM, Hooft L, Devries JH, Mudde AH, Scholten RJ. Continuous glucose monitoring systems for type 1 diabetes mellitus. Cochrane Database Syst Rev 2012;1:CD008101 7.Mazze RS, Strock E, Wesley D, Borgman S, Morgan B, Bergenstal R, Cuddihy R. Characterizing glucose exposure for individuals with normal glucose tolerance using continuous glucose monitoring and ambulatory glucose profile analysis. Diabetes Technol Ther 2008;10:149-159 8.Dunn T, Crouther N. assessment of the variance of the ambulatory glucose profile over 3 to 20 days of continuous glucose monitoring. Diabetologia 2010;53:S421 SoiNs L’observance : enjeux, limites et solutions Défini comme le degré de concordance entre le comportement de la personne malade sur sa prise de médicaments et les recommandations de son thérapeute, l’observance des traitements médicaux par les patients, et notamment ceux atteints de maladies chroniques, constitue un enjeu de santé publique majeur. Un défi que les équipes soignantes entendent relever en s’efforçant d’améliorer sans cesse les modes de prise en charge. L’observance thérapeutique comporte différents volets : P réaliser un dépistage, P commencer et poursuivre un traitement, P se rendre aux rendez-vous médicaux, P suivre les prescriptions des thérapeutes, P r especter les recommandations impliquant un changement de mode de vie, Pé viter les comportements à risque (sauter un repas, oublier la prise d’un traitement…) P réaliser les examens complémentaires et les suivis recommandés. État des lieux L’observance s’applique aux actes, aux traitements prescrits mais aussi aux comportements des personnes impliquées : posologie non respectée, arrêt prématuré de médicament, prescription non renouvelée. La mauvaise observance concernerait entre 30 et 50% des patients de manière fréquente, voire 90% des personnes atteintes de maladies chroniques à un moment donné de leur maladie. L'observance dépend de plusieurs facteurs cognitifs, émotionnels, comportementaux, sociaux et relationnels mais aussi de l’évaluation du bénéfice / risque réalisé par le patient. Le patient suit plus ou moins bien son traitement en fonction, notamment, des informations qu’il possède sur sa maladie, de la façon dont il intègre les prises de traitement dans sa vie quotidienne et du soutien dont il bénéficie. L’information du patient sur sa maladie est le premier pas pour mettre en place une bonne observance, qui ne se limite pas à la prise du traitement. L’information doit se faire en termes simples et compréhensibles et porter sur la pathologie, sur les bénéfices attendus mais également sur les risques et les effets secondaires du traitement. C’est dans ce domaine qu’intervient le rôle du soignant ; il participe au projet de vie en tenant compte des habitudes du patient. L’inertie clinique Le terme « inertie clinique » apparaît pour la première fois en 2001 dans l’article de Phillips et al. intitulé « Clinical Inertia ». Ce concept est alors défini comme « l’échec de la part des médecins à entreprendre ou intensifier un traitement lorsque celui-ci est indiqué ». Il correspond donc à un retard non justifié concernant l’initiation ou l’intensification d’un traitement alors que le diagnostic est correctement posé et que le médecin est bien au fait du risque encouru par le patient. Cette attitude peut résulter d’un choix délibéré du praticien pour diverses raisons. Un patient peut, en effet, être très proche des objectifs ou être en train de s’en approcher. Il se peut aussi que le praticien considère la recommandation non applicable à « son patient » pour plusieurs raisons. Elles sont liées à son doute sur la légitimité d’appliquer la recommandation à un patient donné, à des caractéristiques phénotypiques ou à un environnement peu sécurisé. Ainsi, dans le cas d’un patient diabétique, un praticien peut tolérer des HbA1c supérieures aux valeurs recommandées, soit parce que le patient est trop âgé, trop fragile, relève de trop de médications, présente un risque hypoglycémique élevé, ou enfin qu’il n’en tirera plus aucun bénéfice compte tenu de son âge. Il se peut également que le renforcement thérapeutique risque de détériorer son autonomie, sa qualité de vie (dépendance) mais aussi du fait de l’existence de certaines comorbidités plus déterminantes pour le pronostic vital. Enfin, l’environnement social du patient peut s’avérer insuffisant pour mettre en place un traitement : isolement, peu d’offres d’aide sociale (infirmier, institutionnel…). Enfin, l’inertie clinique peut résulter aussi d’un manque de motivation et de formation de l’équipe soignante. Le rôle de l’éducation thérapeutique du patient (ETP) dans l’observance Selon l’OMS, l’éducation thérapeutique du patient vise à les aider à acquérir ou maintenir les compétences dont ils ont besoin pour gérer au mieux leur vie avec une maladie chronique. Le professionnel qui assure cette éducation thérapeutique doit être formé et posséder, en plus des compétences cliniques, des compétences pédagogiques et psychosociales. L’ETP fait partie intégrante et de façon permanente de la prise en charge du patient et comprend des activités organisées, y compris un soutien psychosocial, conçus pour rendre les patients et leurs familles conscients et informés de leur maladie, des soins, de l’organisation des procédures hospitalières, et des comportements liés à la santé et à la maladie. L’ETP permet : Pd e profiter d’un moment d’expression privilégié et sans jugement de valeur, P d’explorer avec le patient différents déterminants d’une observance, P d’organiser et de réfléchir le quotidien avec la maladie pour limiter les oublis, P de trouver des réponses, des fonctionnements et des ressources face aux problèmes de thérapie dans sa vie quotidienne. P Pour le professionnel, d’intégrer le plus possible des paramètres autres que cliniques, c’est-à-dire sociaux, psychosociaux, économiques et culturels permettant de limiter l’inobservance. SaNTé Stress au travail et diabète Un employé sur cinq souffre quotidiennement de stress sur son lieu de travail. Ces personnes encourent un risque accru de développer un diabète de type 2. Ces affirmations ont été révélées par une récente étude allemande. m aladie cardio-vasculaire, obésité, diminution de la fertilité, dépression, les conséquences d’une situation de stress prolongé sont nombreuses et notre santé en pâtit forcément. Le stress peut avoir plusieurs origines mais le travail en est souvent la cause. Délai à ne pas dépasser, sentiment d’insécurité, responsabilités lourdes et décisions difficiles à prendre sont autant de situations qui peuvent générer un stress et parfois réellement nuire à la vie quotidienne. Des chercheurs allemands ont voulu savoir si celui-ci pouvait être un facteur de risque de diabète de type 2. Des études allemandes et suédoises Pendant 13 ans, des chercheurs d’un centre de recherche de Munich (1) ont suivi 5 337 employés non diabétiques âgés de 29 à 66 ans. Ces salariés ont répondu à plusieurs questions concernant leurs conditions de travail et leur niveau de stress lorsqu’ils sont au bureau. Et au cours de ces 13 années, 1 employé sur 5 a déclaré être régulièrement stressé au travail et 300 d’entre eux ont développé un diabète de type 2. Ces personnes ont, en effet, déclaré être fréquemment soumises à une situation de stress lorsqu’elles sont sur leur lieu de travail. Le résultat est sans appel : le stress au travail augmente donc le risque de développer un diabète de type 2 de 45%. Ces données sont indépendantes des autres facteurs de risque liés au diabète de type 2 tels que l’obésité, l’âge ou le sexe. En mars 2013, ces résultats ont été confirmés par une seconde étude menée par une équipe suédoise (2) relevant le même pourcentage de risques de développer un diabète de type 2 chez les personnes stressées au travail. Un mélange de génétique et de mode de vie Le diabète de type 2 représente 90 % des cas de diabète en France. Si l’inactivité physique et une mauvaise alimentation sont déterminantes dans les causes de la maladie, celle-ci est également liée à la qualité du mode de vie. Le stress entre donc également en ligne de compte. Les conditions psychologiques et physiques des employés sur leur lieu de travail pourraient donc constituer un important critère dans la prévention et le diagnostic du diabète de type 2. Est-ce un phénomène de genre ? L’environnement de travail a des impacts sur la santé mais nous nous intéressons à présent à un phénomène particulier : le diabète des femmes. Des chercheurs de l’Institute for Clinical Evaluative Sciences, de l’Hôpital Saint Michael et de l’Université de Toronto ont examiné les liens entre l’environnement psychosocial de travail et l’incidence du diabète. L’étude a été menée pendant 9 ans et a porté sur l’analyse de 7 443 hommes et femmes, âgés de 35 à 60 ans. Et les résultats sont étonnants : 19% des cas de diabète chez les femmes ont été associés au stress contrairement aux hommes, qui s’avèrent réagir de manière différente face au stress. La cause hormonale serait l’une des raisons qui expliquerait pourquoi le stress au travail impliquerait essentiellement des femmes. En effet, contrairement aux hommes, les femmes mangeraient plus de sucres et de matières grasses en cas de stress, a expliqué à l’AFP un des auteurs de l’étude. Les effets des hormones sur le diabète L’adrénaline et le cortisol sont des hormones qui ont une incidence sur le métabolisme des sucres et des graisses et donc sur le risque d’obésité et de diabète de type 2. L’adrénaline sécrétée en cas de stress provoque un rétrécissement des vaisseaux sanguins et une augmentation de la tension artérielle. Lors de la sécrétion, les hormones d’adrénaline libèrent le sucre des cellules et la glycémie augmente afin que l’organisme puisse avoir plus d’énergie à sa disposition. Même si sous l’influence du stress, le cerveau et les muscles brûlent plus de sucre, un stress prolongé peut déclencher l’apparition du diabète. Quant au cortisol, celui-ci peut agir sur le métabolisme des sucres. Il augmente, en effet, la production des sucres par le foie et favorise l’hyperglycémie voire l’hyperinsulinisme et donc le diabète. Pourquoi le stress déclenche l’envie de sucré ? Pourquoi certaines personnes se jettent-elles sur les barres chocolatées ou autres confiseries sucrées dès qu’elles en voient ? Des chercheurs américains estiment que ce sont les situations stressantes qui augmenteraient nos envies sucrées. Ils expliquent que les hormones glucocorticoïdes (GC) s’activent lorsqu'une personne est en situation de stress. Puis elles agiraient directement sur les cellules des récepteurs de goût, présentes sur la langue. Ainsi, grâce à ce mécanisme, elles ont une incidence sur la réponse des cellules au sucre. Références : 1.Psychosomatic Medicine: September 2014 - Volume 76 - Issue 7 - p 562–568 - Original Articles - Job Strain as a Risk Factor for the Onset of Type 2 Diabetes Mellitus: Findings From the MONICA/KORA Augsburg Cohort Study 2.Diabetic Medicine. Janvier 2013;30:e8-16 Perceived stress and incidence of Type 2 diabetes: a 35-year follow-up study of middle-aged Swedish men. Novak M, Björck L, Giang KW, Heden-Ståhl C, Wilhelmsen L, Rosengren A. AcTuaLiTé 13E ÉDITION DU PRIX IRENE JOLIOT-CURIE : le Docteur Séverine Sigrist lauréate c réé en 2001 par le Ministère chargé de la Recherche et soutenu depuis 2004 par la Fondation d’entreprise Airbus Group, le Prix Irène Joliot-Curie est destiné à promouvoir la place des femmes dans la recherche et la technologie en France. À cette fin, il met en lumière les carrières exemplaires de femmes de sciences qui allient excellence et dynamisme. Depuis 2011, l'Académie des Sciences et l'Académie des Technologies sont chargées de constituer le jury. Le Prix Irène Joliot-Curie 2014 comporte trois catégories : La catégorie “Femme scientifique de l'année” récompense une femme ayant apporté une contribution remarquable dans le domaine de la recherche publique ou privée et dont les travaux sont reconnus tant au plan national qu’international. La catégorie “Jeune Femme scientifique” met en valeur et encourage une jeune femme qui se distingue par un parcours et une activité exemplaires. La catégorie “Parcours Femme entreprise” récompense une femme qui a su mettre son excellence scientifique et technique au service d'une carrière vouée à la recherche en entreprise ou qui a contribué à créer une entreprise innovante. © M.E.N.E.S.R./XR Pictures Lors d’une cérémonie organisée en date du mardi 18 novembre 2014, en présence de Najat VallaudBelkacem, Ministre de l'Éducation Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso, Secrétaire d'État chargée de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche et Pierre de Bausset, Secrétaire général d’Airbus Group, le Docteur Séverine Sigrist, Directrice du laboratoire de recherche du CeeD et présidente de la Start-Up Defymed s’est vue remettre le Prix Irène Joliot-Curie, dans la catégorie « Parcours Femme Entreprise ». FOCUS QUI éTAIT IRÈNE JOLIOT-CURIE ? En parallèle de cette prestigieuse cérémonie, Defymed s’est vu décerner le même jour un autre prix : le prix « Deloitte In Extenso Technology Fast 50 », Région Est, dans la catégorie Biotech d’avenir, pour la meilleure levée de fonds en 2013. Ce palmarès régional et national vise à promouvoir le développement des entreprises technologiques innovantes et à récompenser celles qui réalisent la meilleure croissance de leur chiffre d’affaires sur les dernières années. Ce concours, créé et organisé par le cabinet Deloitte, l’un des quatre grands cabinets d'audit et de conseil mondiaux, sélectionne les entreprises sur la base du taux de croissance affiché lors des 5 dernières années. Il se décline d’abord dans 7 régions de France, puis au niveau national et enfin européen. En valorisant le dynamisme des entreprises, leurs ambitions, leur capacité à innover dans un rythme soutenu et durable malgré un contexte en perpétuel changement, le palmarès fait office de référence auprès des investisseurs. LeTTRe IPS n°12 ¦ 4e TrimesTRe 2014 Fille des physiciens Marie et Pierre Curie, Irène Joliot-Curie est née à Paris en 1897. Elle travaille avec sa mère à l'Institut du Radium à Paris avant de se spécialiser en physique nucléaire avec son mari Frédéric Joliot. En 1935, tous deux reçoivent le prix Nobel de chimie pour leur découverte de la radioactivité artificielle. En 1936, Irène devient membre du gouvernement du Front Populaire en tant que sous-secrétaire d'État à la recherche scientifique. Elle participe aussi à la création du Commissariat à l'énergie atomique. Elle y occupe la fonction de commissaire durant six ans. Tout au long de sa vie, Irène Joliot-Curie a œuvré pour donner aux jeunes et en particulier aux jeunes filles toute leur place dans la recherche et les carrières scientifiques, par le biais notamment d’émissions de radio. Elle déclarait ainsi, en 1938 : « Sans l’amour de la recherche, le savoir et l’intelligence ne peuvent vraiment faire un savant ». Pour en savoir plus et connaître le parcours détaillé de ces femmes d’exception : www.enseignementsup-recherche.gouv.fr Directeur de la publication Professeur Michel Pinget ¦ Rédactrice en chef Marion Wetzel ¦ Rédacteurs Docteur Michel Gerson, Céline Distel, Tiphaine Jung ¦ Centre européen d’étude du Diabète, Boulevard René Leriche, 67200 Strasbourg - [email protected] Conception et réalisation laCompagnie ¦ Imprimé sur papier « PEFC » en provenance de forêts gérées selon les principes du développement durable ¦ Label imprim’Vert ¦ EN ALSACE Cette lettre est éditée par les membres de l'Institut Prévention Santé Strasbourg : DIABÈTE | OBÉSITÉ | MALADIES CARDIO-VASCULAIRES