FMC
Les ligaments latéraux princi-
paux et latéraux accessoires présen-
tent une tension qui ne se modifie
pratiquement pas dans l’arc de
flexion-extension. Ces fibres, du fait
de leur position, sont surtout ten-
dues en flexion.
La plaque palmaire est un fibro-
cartilage tendu en extension, qui se
plisse en flexion et qui, s’insérant
sur toute la largeur de la base de P2,
constitue le plancher de l’articula-
tion interphalangienne proximale.
Cette structure limite l’hyperexten-
sion et la luxation n’est possible que
si ce contexte est rompu en deux
plans différents.
Le consensus semble se faire sur
une position d’immobilisation en
extension qui assure une meilleure
stabilité, avec des possibilités
d’arthrolyse ultérieure plus simple
que sur les enraidissements en
flexion et qui évitent par ailleurs les
interposions après réduction.
Mobilité active,
stabilité passive
Outre les radiographies systéma-
tiques sous de multiples incidences,
l’examen repose surtout sur le tes-
ting, réalisé au mieux sous anesthé-
sie locale, permettant d’explorer la
mobilité active et la stabilité pas-
sive.
Une mobilité active normale en
flexion-extension autorise une
mobilisation précoce en syndacty-
lie.Le testing de la stabilité passive
est indispensable en latéralité et en
tiroir antéro-postérieur :
— en flexion latérale, on teste le
ligament latéral principal, alors
qu’en extension latérale on teste le
ligament accessoire et sa jonction
avec la plaque palmaire ;
— lors des manœuvres en tiroir
antéro-postérieur, une hyperexten-
sion anormale signe une lésion de
la plaque palmaire, alors qu’une
subluxation palmaire signe une
lésion de l’appareil extenseur.
Des luxations dorsales,
latérales et palmaires
Les luxations dorsales [photo 8]
sont les plus fréquentes et elles
s’accompagnent nécessairement
d’une rupture complète de la
plaque palmaire et d’au moins un
ligament latéral. Cette rupture est
presque toujours distale. Le traite-
ment reste orthopédique dans la
grande majorité des cas, confié soit
à une attelle « IPP stop » (autorisant
une mobilisation en flexion, mais
limitant l’extension à – 20 degré), soit à une mise en extension com-
plète de l’interphalangienne proxi-
male, avec mobilisation précoce en
syndactylie à la troisième semaine.
Le traitement chirurgical doit être
réservé aux grosses instabilités ou
aux luxations irréductibles ; il
repose sur la réinsertion de la
plaque palmaire.
Les luxations latérales [photos 9
et 10] sont la conséquence d’un
traumatisme en extension, qui
rompt à la fois le ligament latéral
inséré sur P1 et la plaque palmaire.
Les lésions débutent en dorsal et se
propagent en direction palmaire et
distale. Le traitement est le plus
souvent orthopédique ; il repose sur
une réduction et mise en syndacty-
lie pour quatre semaines. Le traite-
ment chirurgical, exceptionnel,
repose sur la réinsertion ligamen-
taire et s’adresse aux formes qui se
reluxent lors de la mobilisation
active ou qui restent désaxées après
réduction du fait d’une interposi-
tion [photo 11].
Les luxations palmaires [photo
12] sont les plus rares et résultent
d’un mécanisme de compression-
rotation sur un doigt demi-fléchi.
Un ligament latéral est toujours
rompu ; l’appareil extenseur est for-
tement lésé ; une rupture quasi
constante de la bandelette médiane
est associée à la luxation palmaire
d’une bandelette latérale qui peut
s’incarcérer et rendre cette luxation
irréductible. Une fois la réduction
effectuée, il faut tester la bandelette
médiane de l’appareil extenseur,
responsable — lorsqu’elle est rom-
pue — d’un déficit de l’extension
active ou de la persistance d’une
subluxation palmaire, imposant
alors un traitement chirurgical de
résinsertion du tendon extenseur et
du ligament latéral avulsé [photo 13].
Le diagnostic d’entorse est le
plus fréquent mais il reste un dia-
gnostic d’élimination et impose un
testing au moindre doute devant
une grosse articulation doulou-
reuse.
Entorses :
lésion d’un seul plan
Ces entorses sont le fait de la
lésion d’un seul plan, qu’il s’agisse
de la plaque palmaire, de la bande-
lette médiane ou du ligament laté-
ral.
Leur prise en charge impose de
laisser libres les articulations méta-
carpo-phalangienne et interphalan-
gienne distale et d’immobiliser pré-
férentiellement l’interphalangienne
proximale en extension.
La mobilisation active précoce
est possible pour les ruptures iso-
lées d’un ligament latéral ou de la
plaque palmaire, avec syndactylie
ou, éventuellement, une attelle de
protection.
Les ruptures sous-cutanées de la
bandelette médiane imposeront une
immobilisation en extension stricte
pendant trois semaines.
Entorses et luxations avec
fractures articulaires ajoutées
Les fractures articulaires de
l’interphalangienne proximale inté-
ressent, par définition, au moins
25 % d’une des surfaces articu-
laires. Les arrachements marginaux
s’apparentent aux entorses et aux
luxations. Ces fractures sont poten-
tiellement graves, exposant aux
risques de cal vicieux, de raideur et
d’arthrose secondaire.
La rééducation reste fondamen-
tale, fondée sur une mobilisation
immédiate de la métacarpo-phalan-
gienne et de l’interphalangienne
distale et sur une rééducation pré-
coce, active, aidée de l’interphalan-
gienne proximale.
En dehors des formes non dépla-
cées stables, les fractures de la tête
de P1 relèvent plutôt du traitement
chirurgical, alors que les fractures
de la base de P2 relèvent préféren-
tiellement d’un traitement orthopé-
dique. Les fractures de la tête de P1,
qui se subdivisent en fractures uni-
condyliennes et fractures sus-
condyliennes et intercondyliennes,
ne font pas partie du sujet des
entorses et luxations. Les fractures
non déplacées de la base de P2 sont
traitées par la mise en place d’une
attelle en rectitude pendant trois
semaines ; le traitement chirurgical,
quand il est nécessaire, se fait par
un abord plutôt dorso-latéral.
Quand elles s’accompagnent
d’une luxation, ces fractures entrent
dans le cadre des luxations-frac-
tures de traitement difficile ; elles
exposent à des séquelles impor-
tantes lorsqu’elles concernent la
base de la deuxième phalange.
Deux éléments guident la conduite
thérapeutique : la stabilité de l’arti-
culation après réduction et l’aspect
du fragment palmaire :
— la stabilité dépend directe-
ment de la taille du fragment pal-
maire : lorsqu’il est volumineux, il
peut recevoir toutes les insertions
distales du ligament latéral princi-
pal si bien que la base de P2 se luxe
en position dorsale, sous l’action de
la bandelette médiane de l’exten-
seur et du fléchisseur superficiel ;
l’examen après réduction sous bloc
digital est indispensable pour dif-
férencier les formes qui seront
stables après réduction de celles qui
se reluxent ;
— l’aspect du fragment palmaire
est également important à analyser :
est-il unifragmentaire ou plurifrag-
mentaire ? est-il associé ou non à un
enfoncement articulaire ?
Différentes méthodes thérapeu-
tiques pourront alors être mises en
route, visant à corriger le déplace-
ment dorsal et à restaurer une
congruence articulaire (orthopé-
dique par attelle et/ou
chirurgicale). ■
5
N° 2167 - MARDI 15 JANVIER 2002
Photo 11
Vue opératoire d’une
interposition ligamentaire du
ligament latéral radial dans
l’articulation empêchant la
bonne réduction.
Photo 13
Vue opératoire d’une
interphalangienne proximale
après luxation palmaire avec
arrachement de la bandelette
médiane de l’extenseur et du
ligament latéral cubital tous
deux bien visibles sur des fils
tracteurs avant leur réinsertion.
Photo 12
Luxation palmaire de
l’interphalangienne proximale.
Notez la composante rotatoire
qui traduit la lésion
systématique complète d’un des
ligaments latéraux.
◆◆◆Suite de la page 4
LES RESULTATS THERAPEUTHIQUES SUR
LES ENTORSES ET LUXATIONS DES IPP NE SONT
BONS QUE DANS 45% DES CAS.
[ENTORSES ET LUXATIONS DES DOIGTS LONGS]