l’abbé Henri Lemercier (1906-1995)
qui, à partir de 1949, entame l’organi-
sation de conférences régionales an-
nuelles pour doyens, prêtres et laïcs en-
gagés4.
Quant à la démographie de l’agglomé-
ration bruxelloise, elle connaît d’abord
une forte chute de sa population de
1970 à 1996, puis une diversification de
celle-ci par l’immigration, ce qui n’est
pas sans conséquences au niveau reli-
gieux. Si le catholicisme reste dominant
à côté d’autres courants d’inspiration
chrétienne et de la communauté juive,
l’augmentation du nombre de musul-
mans est telle que, suite à la forte im-
migration marocaine et turque, l’islam
est devenu la deuxième religion en ré-
gion bruxelloise. À Bruxelles aussi, une
initiative pastorale concertée voit le
jour avant qu’il soit question d’un vica-
riat spécifique. L’Entraide Sacerdotale
mise sur pied à la fin des années 1920
par l’abbé Robert Kothen (1900-1955)
y a joué un rôle important jusque
19615. Ce groupe d’étude a joué un rôle
de suppléance pour l’organisation de
rencontres du clergé; les doyens aussi
se retrouvaient régulièrement6. Une
autre initiative d’importance sont les
«Journées de Fichermont» qui sont
lancées en janvier 1959 dans le but de
développer une pastorale concertée
pour Bruxelles.
Revenant sur son initiative de décentra-
lisation et de partage de l’archidiocèse,
le cardinal Suenens estimait avoir anti-
cipé d’un quart de siècle la fédéralisa-
tion de la Belgique7. En même temps,
dès son entrée en charge, il est rapide-
ment confronté aux faits et aux aspects
imprévus de la fédéralisation de la po-
litique culturelle. La question linguis-
tique se réveille avec la polémique liée
à la scission de l’Université catholique
de Louvain dont l’archevêque et ses
suffragants constituaient le pouvoir or-
ganisateur. Dans le cadre des lois lin-
guistiques de 1962-1963, les tensions
croissent entre les Flamands partisans
d’une université unilingue néerlando-
phone à Louvain et les francophones
qui s’y opposent. En 1962 encore, les
évêques insistent sur le caractère
unique et bilingue de l’Université ca-
tholique8. De même, lors des protesta-
tions flamandes contre les plans d’ex-
pansion de l’université dans un triangle
Louvain-Woluwe-Wavre jugé trop
francophone, les évêques répètent leur
L’installation solennelle de Léon-
Joseph Suenens comme arche-
vêque de Malines, photo, 1962.
[Malines, Archives de l’Arche-
vêché]
Une Église devenue minoritaire dans un environnement pluraliste (1961-2009) ı 257
4 Voir, à son propos, l’article de
Tihon et Verhaegen, «Un
précurseur du vicariat du
Brabant wallon: Henri Le-
mercier». Dans les années
1950, il a organisé avec le
chanoine Houtart une en-
quête sociologique sur le
Brabant wallon. Houtart,
«Le Brabant Wallon».
5 Voir Leclercq, L’abbé Robert
Kothen.
6 Le secrétariat y constitué en
1957 a, à partir de 1960, pu-
blié un bulletin bilingue: 02.
Bulletin d’entraide de pastorale
du clergé bruxellois publié à
l’initiative de Messieurs les
doyens de l’agglomération-
Broederlijke mededelingen van
zielzorgnota’s voor de Brusselse
clerus uitgegeven onder toezicht
van de Zeereerwaarde Heren
Dekens van Groot Brussel,
1960-1962. Cette publication
fut arrêtée sur ordre du car-
dinal Suenens début 1962.
7 Suenens, Souvenirs et espé-
rances, 50.
8 Cependant, cette même
année, les évêques érigent
deux paroisses universitaires
à Louvain, de manière à ce
que les francophones puis-
sent bénéficier de célébra-
tions liturgiques en français.