Directives pour intégrer la question du changement climatique

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Directives pour intégrer la question
du changement climatique et prévoir
des mesures d’adaptation dans la
conception des projets intéressant
la pêche et l’aquaculture
© 2014 Fonds international de développement agricole (FIDA)
Les opinions exprimées dans cet ouvrage sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement celles du Fonds international
de développement agricole (FIDA). Les appellations utilisées et la présentation du matériel dans cette publication ne constituent
en aucun cas une prise de position du FIDA quant au statut juridique d’un pays, d’un territoire, d’une ville ou d’une zone ou de
ses autorités, ou quant au tracé de ses frontières ou limites. Les appellations “pays développés” et “pays en développement”
n’ont qu’une utilité statistique et ne reflètent pas nécessairement un jugement porté quant au niveau atteint par un pays ou un
domaine spécifique dans le cadre du processus de développement.
La présente publication peut être reproduite en tout ou en partie sans l’autorisation préalable du FIDA, à condition que la source
soit indiquée par l’éditeur et qu’une copie du texte publié soit envoyée au FIDA.
La présente publication a été partiellement financée par le Programme d’adaptation de l’agriculture paysanne (ASAP) du FIDA,
l’initiative la plus importante à l’échelle mondiale en faveur de l’adaptation de l’agriculture paysanne au changement climatique.
Tous droits réservés
Photo page de couverture: ©FIDA/R. Ramasomanana
ISBN 978-92-9072-548-0
Imprimé en Juin 2015
Directives pour intégrer la question
du changement climatique et prévoir
des mesures d’adaptation dans la
conception des projets intéressant
la pêche et l’aquaculture
Table des matières
2
Sigles et acronymes
3
Remerciements
5
Résumé
6
Introduction
8
Contexte
8
Changement climatique mondial: réponse et ressources
8
Réponse du FIDA
9
Objectif et champ d’application des directives
10
Changement climatique, pêche et aquaculture
12
Généralités
12
Incidences du changement climatique sur la pêche et l’aquaculture
15
Contribution de la pêche et de l’aquaculture au changement climatique
25
Mesures permettant d’intégrer l’adaptation au changement climatique et son atténuation
dans les projets intéressant la pêche et l’aquaculture
30
Vulnérabilité, adaptation et résilience
30
FIDA
31
Généralités sur l’adaptation
32
Description des mesures d’adaptation
37
Mesures d’atténuation spécifiques
50
Conclusions
53
Références
55
Sigles et acronymes
APR
Division Asie et Pacifique (FIDA)
PMA
Pays les moins avancés
ASC
Aquaculture Stewardship Council – Conseil
d’intendance de l’aquaculture
PMERL
Participatory, Monitoring, Evaluation, Reflection and
Learning Tool (Outil participatif de suivi, évaluation,
réflexion et apprentissage)
changements climatiques
PNUD
Programme des Nations Unies pour le développement
Secrétariat général de la Communauté du
Pacifique
PNUE
Programme des Nations Unies pour l’environnement
REDD
Programme pour la réduction des émissions résultant
du déboisement et de la dégradation des forêts
CCNUCC Convention-cadre des Nations Unies sur les
CPS
DANIDA Agence danoise de développement international
DCP
Dispositif de concentration du poisson
S&E
Suivi et évaluation
ESA
Division Afrique orientale et australe (FIDA)
UICN
Union internationale pour la conservation de la nature
FAO
Organisation des Nations Unies pour l’alimentation
et l’agriculture
USAID
Agence des États-Unis pour le développement
international
FEM
Fonds pour l’environnement mondial
VINAFIS Viet Nam Fisheries Society
FIDA
Fonds international de développement agricole
WCA
GCRAI
Groupe consultatif pour la recherche agricole
internationale
GIEC
Groupe d’experts intergouvernemental sur
l’évolution du climat
GIZ
Agence allemande de coopération internationale
ICAFIS
International Collaborating Centre for Aquaculture
and Fisheries Sustainability
LAC
Division Amérique latine et Caraïbes (FIDA)
MSC
Marine Stewardship Council – Conseil
d’intendance des mers
NEN
Division Proche-Orient, Afrique du Nord et Europe
(FIDA)
OCDE
Organisation de coopération et de développement
économiques
ONU
Organisation des Nations Unies
Division Afrique de l’Ouest et du Centre (FIDA)
3
4
Remerciements
Ces directives sont le fruit d’un long processus de
consultation et d’une concertation qui ont rassemblé
divers spécialistes de la pêche et du changement
climatique à plusieurs reprises. Des parties prenantes
variées: petits agriculteurs, aquaculteurs, universitaires,
fonctionnaires de ministères de l’agriculture et de
l’environnement et partenaires de la coopération
pour le développement, ont fourni de précieuses
contributions.
La majeure partie du document a été élaborée en
2010-2011 par l’International Collaborating Centre
for Aquaculture and Fisheries Sustainability (ICAFIS).
Ce centre qui s’intéresse aux questions de durabilité
et intervient activement en Asie, au Moyen-Orient et
en Afrique subsaharienne, émane de l’Association de
la pêche du Viet Nam (VINAFIS), une organisation
comptant plus de 800 sections locales et 34 000
membres. Les principaux auteurs du document sont
Flavio Corsin, directeur du programme Aquaculture
à IDH The Sustainable Trade Initiative, et Davide
Fezzardi, consultant pour l’aquaculture et la pêche
artisanale à la Commission générale des pêches pour la
méditerranée (CGPM). Ils ont travaillé en collaboration
avec leurs collègues de l’ICAFIS et des organisations
suivantes: Banque asiatique de développement (BAsD),
Asian Institute of Technology, Algen Sustainables,
ALVEO S.c.r.l., Université de Can Tho, Centre de
coopération internationale en recherche agronomique
pour le développement (CIRAD), Agence danoise de
développement international (DANIDA), Département
d’agriculture et de développement rural à Ben Tre
(Viet Nam), Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO), Fisheries College
and Research Institute (Inde), Agence allemande de
coopération technique (GIZ-GTZ), Humber Seafood
Institute (Royaume-Uni), Coalition internationale des
associations halieutiques, CARE International, Centre
de recherches pour le développement international
(CRDI), Institut international de gestion des ressources
en eau, Réseau de centres d’aquaculture pour la région
Asie et Pacifique, coopérative des producteurs de praires
de Rang Dong à Ben Tre (Viet Nam), Secrétariat général
de la Communauté du Pacifique (CPS), Université
de Stirling (Royaume-Uni), Programme des Nations
Unies pour le développement (PNUD) au Vietnam,
Programme des Nations Unies pour l’environnement
(PNUE), Kenya, Université du New Brunswick
(Canada), Banque mondiale, Institut des ressources
mondiales et WorldFish.
Le document a ensuite fait l’objet d’un examen
collégial et a été mis à jour, notamment pour intégrer
les dernières conclusions de la cinquième évaluation
menée par le Groupe d’experts intergouvernemental
sur l’évolution du climat (GIEC) (2013). Ont
contribué à ces travaux: Melody Braun, consultante
sur le changement climatique international; Kieran
Kelleher, consultant – pêches et océans; Felix Jan Baptist
Marttin, fonctionnaire principal des pêches, Banque
africaine de développement; Anders Poulsen, Conseiller
technique international auprès de la Commission
du fleuve Mékong; et Leon Williams, spécialiste
du développement rural, Fonds international de
développement agricole (FIDA).
Nous adressons aussi de vifs remerciements à Soma
Chakrabarti, Ilaria Firmian, Maria Elena Mangiafico,
Cristina Moro, Alessandra Pani, Antonio Rota et Silvia
Sperandini du FIDA, pour leur appui et leurs avis.
5
Résumé
Le changement climatique transforme
le contexte dans lequel les 55 millions
de pêcheurs et d’aquaculteurs du
monde vivent et travaillent et fait peser
Ces dernières années, il est rapidement
apparu que les opérations du FIDA
devaient s’attaquer aux problèmes
posés par le changement climatique,
une menace majeure sur leurs moyens d’existence
et les écosystèmes dont ils dépendent. Pendant
des millénaires, les artisans pêcheurs et les petits
aquaculteurs ont pu compter sur les savoirs
autochtones et les observations historiques pour
gérer la variabilité saisonnière et climatique mais, de
nos jours, la rapidité et l’intensité du changement
environnemental ne cessent d’augmenter, prenant de
vitesse l’aptitude des systèmes humains et aquatiques
à s’adapter.
ce qui s’est traduit par la formulation de la Stratégie
concernant le changement climatique en 2010 et
de la Politique de gestion des ressources naturelles
et de l’environnement en 2011, et – plus important
peut‑être – le lancement du Programme d’adaptation
de l’agriculture paysanne (ASAP) en 2012.
Les changements déjà observés
sont notamment le réchauffement
de l’atmosphère et des océans,
la modification des régimes de
précipitations et la multiplication des
phénomènes météorologiques
extrêmes. Les océans deviennent plus salés et
acides, ce qui a des incidences sur la physiologie et
le comportement de nombreuses espèces aquatiques
et altère la productivité, les habitats et les cycles de
migration. L’élévation du niveau de la mer, conjuguée
à l’augmentation de la violence des intempéries,
menace gravement les communautés et les
écosystèmes côtiers. Partout dans le monde, les récifs
coralliens pourraient être détruits au cours du siècle
prochain. Certains lacs et plans d’eau continentaux
sont en cours d’asséchement tandis que, ailleurs, les
inondations destructrices deviennent habituelles.
Souvent, ce sont les communautés démunies des pays
pauvres qui ont le plus à souffrir de ces changements.
6
La présente étude décrit un ensemble
de mesures à avantages multiples
permettant d’intégrer la question du
changement climatique et de son
atténuation dans les interventions du
FIDA relatives aux secteurs de la pêche
et de l’aquaculture. L’étude s’appuie sur un
examen de la documentation pertinente ayant trait
au changement climatique et aux secteurs de la pêche
et de l’aquaculture, et sur une analyse des activités
conduites par d’autres organisations internationales
dans ces domaines.
La plupart des mesures proposées
ne sont pas de nouvelles idées ni des
concepts inédits, mais des mesures
qui ont démontré à maintes reprises
dans la pratique qu’elles généraient une série
d’avantages au profit des artisans pêcheurs et des
petits aquaculteurs et renforçaient leur résilience ainsi
que celle des écosystèmes dont ils dépendent. Cette
approche est cohérente avec le premier principe de
l’ASAP qui est de transposer à plus grande échelle des
approches éprouvées et fiables.
Synthèse des principales mesures à avantages multiples
Défis liés au changement
climatique
Mesures à avantages multiples susceptibles d’être mises en œuvre
Améliorer la résilience
des artisans pêcheurs et
des petits aquaculteurs
face au changement
climatique
•
•
•
•
•
•
•
•
Améliorer l’aptitude
à gérer les risques
climatiques à court et
long termes et à réduire
les pertes dues aux
catastrophes d’origine
climatique.
•
•
•
•
•
Réduire les émissions de
gaz à effet de serre et/ou
fixer ces gaz
•
•
•
Réduire la surpêche et l’excédent de capacité de pêche.
Mettre en œuvre une approche écosystémique de la gestion de la
pêche et de l’aquaculture (notamment la gestion intégrée des zones
côtières et la création d’aires marines protégées).
Établir des régimes de cogestion des ressources naturelles
prévoyant la participation de groupements communautaires et
d’associations de pêcheurs et d’aquaculteurs.
Renforcer les connaissances des agents de vulgarisation des
secteurs de la pêche et de l’aquaculture et leur aptitude à conseiller,
dans le domaine du changement climatique.
Investir dans les infrastructures clés et les projets de régénération
d’écosystèmes essentiels, en favorisant ainsi une approche dite
“sans regrets” (utile en tout état de cause).
Encourager la diversification des moyens d’existence et des sources
de revenus, y compris les activités qui ne sont pas liées à la pêche ni
à l’aquaculture.
Investir dans la recherche pour mettre au point/trouver de nouvelles
espèces à produire en aquaculture, qui soient viables sur le
plan commercial et tolérantes à l’eau de mauvaise qualité, aux
températures élevées et aux maladies.
Promouvoir des systèmes d’aquaculture et d’agriculture intégrés,
qui permettent de mettre en valeur notamment les terres inondées/
salines et les plans d’eau.
Établir des systèmes d’alerte rapide, des dispositifs pour la sécurité
en mer et des plans de réduction des risques de catastrophe et
de préparation.
Régénérer les écosystèmes côtiers qui assurent une protection
contre les tempêtes et les vagues (par exemple, mangrove, zones
humides, marais et récifs coralliens).
Promouvoir l’accès à des services financiers et à des mécanismes
d’assurance.
Encourager la création de petites alevinières pour faciliter le
réempoissonnement après une catastrophe.
Améliorer la planification du développement de l’aquaculture et
le zonage.
Introduire des navires plus économes en carburant et encourager
l’emploi d’engins de pêche statiques au lieu des engins tractés,
tels que les chaluts, qui provoquent de nombreux dégâts.
Promouvoir l’élevage d’espèces situées aux échelons inférieurs de
la chaîne trophique et la culture de plantes aquatiques dans des
systèmes aquacoles de polyculture/multi-trophiques intégrés.
Recenser les possibilités d’accéder aux mécanismes de
financement carbone pour appuyer la plantation de mangrove et/
ou sa régénération.
7
Introduction
Contexte
Le changement climatique transforme le contexte
dans lequel les 55 millions de pêcheurs et
d’aquaculteurs du monde vivent et travaillent et
fait peser une menace majeure sur leurs moyens
d’existence et les écosystèmes dont ils dépendent.
Pendant des millénaires, les artisans pêcheurs et les
petits aquaculteurs ont pu compter sur les savoirs
autochtones et les observations historiques pour
gérer la variabilité saisonnière et climatique mais, de
nos jours, la rapidité et l’intensité du changement
environnemental ne cessent d’augmenter, prenant de
vitesse l’aptitude des systèmes humains et aquatiques
à s’adapter. On observe dans les océans, les cours
d’eau et les lacs une modification de la température,
de l’acidité, de la salinité et des flux, qui a souvent
des effets négatifs sur les fonctions écosystémiques.
Par ailleurs, les pertes et les dégâts provoqués par des
phénomènes météorologiques extrêmes augmentent,
en même temps que la fréquence et l’intensité des
sécheresses, des inondations, des vagues de chaleur et
des intempéries.
Il faut d’abord prévenir et gérer les risques
climatiques si l’on veut que les populations rurales
puissent sortir de la pauvreté. Les ruraux pauvres
sont moins résilients parce qu’ils ont moins de
ressources auxquelles recourir pendant les crises.
Dans un environnement où les risques habituels,
tels que les problèmes de santé, l’instabilité des
marchés, l’insécurité alimentaire et la mauvaise
gouvernance, sont exacerbés par la dégradation des
ressources naturelles et le changement climatique,
les possibilités de croissance sont hors d’atteinte de
la plupart des ruraux pauvres. Il faut mettre en place
des politiques et des programmes d’investissement
placés sous le signe de l’innovation, pour aider les
populations rurales pauvres à réagir et à s’adapter face
au changement climatique, et à anticiper, absorber et
surmonter les chocs et les stress qui s’y rattachent.
8
Changement climatique mondial:
réponse et ressources
S’il est manifeste qu’il faut donner une réponse
face aux défis et aux possibilités liés au changement
climatique, en revanche les modalités de la
réponse et l’allocation des ressources nécessaires
font encore l’objet de débats internationaux de
haut niveau. Ceux-ci se tiennent habituellement
lors des sessions annuelles de la Conférence des
Parties à la Convention-cadre des Nations Unies
sur les changements climatiques (CCNUCC). Le
Plan d’action de Bali, convenu à la Conférence
des Parties de 2007 à Bali, demandait que des
ressources financières soient allouées pour aider les
pays en développement à s’adapter au changement
climatique. Pendant la Conférence des parties de
2009, à Copenhague, les pays développés se sont
engagés à fournir “des fonds pour un démarrage
rapide”, à savoir des ressources nouvelles et
supplémentaires à hauteur de 30 milliards d’USD
pour la période 2010-2012, puis de 100 milliards
d’USD par an jusqu’en 2020. En 2010, à la Conférence
des Parties de Cancun, les participants ont commencé
à réfléchir à un mécanisme international permettant
de compenser les pertes et les dégâts subis dans les
pays les plus vulnérables, où certaines incidences
négatives sont déjà inévitables. Cependant, la stratégie
de mobilisation de ces financements climatiques
élargis demeure très floue et sa mise en œuvre est
régulièrement repoussée. Aucun accord final sur la
réponse donnée par la communauté mondiale au
changement climatique n’est attendu avant la vingt
et unième session de la Conférence des Parties qui se
tiendra à Paris en 2015.
Avec les ressources mises à disposition actuellement,
notamment les ressources du Fonds pour
l’environnement mondial (FEM), la communauté
internationale – en particulier des organisations
de développement, des organisations non
gouvernementales, des institutions des Nations Unies,
des instituts de recherche et des banques et fonds
internationaux et régionaux de développement –
s’emploie déjà activement à renforcer les capacités
en matière de lutte contre le changement climatique
et à incorporer des pratiques optimales d’adaptation
et d’atténuation dans les plans de développement et
les projets d’investissement sectoriels et nationaux
(Banque mondiale 2010b). Parallèlement, un
certain nombre de fonds mondiaux centrés sur les
problèmes d’adaptation ont été créés sous l’égide de
la CCNUCC, notamment le Fonds pour l’adaptation
établi par les Parties au Protocole de Kyoto et le
Fonds spécial pour les changements climatiques et
le Fonds pour les pays les moins avancés, deux fonds
administrés par le FEM. En outre, le Programme
d’adaptation de l’agriculture paysanne (ASAP)
du FIDA constitue l’un des premiers exemples de
nouveaux guichets de financement qui ont vu le
jour dans le but précis de financer l’adaptation au
changement climatique.
Le Fonds pour les pays les moins avancés, géré par le
FEM, a appuyé l’élaboration de programmes nationaux
d’adaptation aux changements climatiques dans les
pays les moins avancés (PMA). Ces programmes
tiennent compte des informations existantes pour
déterminer les mesures d’adaptation prioritaires et sont
pragmatiques, gérés par les pays, flexibles et en prise
sur les réalités nationales. Ils servent aussi de base à la
mobilisation de ressources en faveur de l’adaptation,
en particulier auprès du FEM. La CCNUCC a fait valoir
que, dans de nombreux pays, la planification et les
pratiques en matière d’adaptation en étaient à un stade
embryonnaire et, en ce qui concerne les PMA, étaient
très souvent centrées sur les programmes nationaux
d’adaptation (FIDA 2010b). Le FEM estime que le
FIDA est un partenaire intéressant, s’agissant de la mise
en œuvre des programmes nationaux d’adaptation
dans les PMA, étant donné qu’un grand nombre
des programmes d’adaptation donnent la priorité à
l’agriculture, un secteur dans lequel le FIDA possède
justement une grande expérience.
Réponse du FIDA
Ces dernières années, il est devenu de plus en plus
évident que les opérations du FIDA devaient s’attaquer
aux problèmes posés par le changement climatique,
ce qui s’est traduit par une série de publications et
d’initiatives, la formulation de la Stratégie concernant
le changement climatique (2010) et de la Politique de
gestion des ressources naturelles et de l’environnement
(2011), et – plus important peut-être – le lancement de
l’ASAP en 2012. En conséquence, des indications plus
précises ont été demandées sur la conception et la mise
en œuvre des activités d’adaptation et d’atténuation
financées par le FIDA.
Programme d’adaptation de l’agriculture paysanne (ASAP)
Le FIDA a lancé l’ASAP en 2012 afin que les populations
rurales, y compris les artisans pêcheurs, puissent
bénéficier des fonds liés au changement climatique et à
l’environnement. L’ASAP est un guichet de financement
multidonateurs pluriannuel, qui offre des ressources
complémentaires pour transposer à plus grande échelle
et intégrer des mesures d’adaptation au changement
climatique, dans l’ensemble du portefeuille de nouveaux
investissements du FIDA, dont le montant s’élève à
1 milliard d’USD par an. L’ASAP mène une action majeure
de transposition à plus grande échelle des approches de
l’agriculture paysanne, à la fois performantes et à avantages
multiples, qui améliorent la production tout en réduisant
et en diversifiant les risques d’origine climatique. À cet
effet, le programme associe des approches éprouvées du
développement rural à un savoir-faire et des techniques
susceptibles de faciliter l’adaptation.
En 2011, le FIDA a publié un document intitulé:
“En quoi l’agriculture intelligente face au climat
pratiquée par les petits exploitants est-elle
différente?”. Ce document rendait compte d’un fait
qui recueille un consensus croissant, à savoir, “que le
changement climatique est en train de transformer
le contexte dans lequel s’inscrit le développement
rural; il remodèle les paysages physiques et socioéconomiques et rend plus coûteux le développement
de la petite agriculture” (FIDA 2011: 2). En outre, il
mettait en lumière les divergences de vues sur la façon
dont les pratiques agricoles des petits exploitants
devaient changer et proposait trois changements
majeurs susceptibles de rendre l’agriculture paysanne
“intelligente face au climat”, des changements
également applicables à la pêche artisanale et à la
petite aquaculture:
• Tenir compte de l’aggravation des risques
d’origine climatique dans l’élaboration des
projets et des politiques, en associant l’évaluation
de la vulnérabilité et la modélisation du
climat à une meilleure compréhension des
interconnexions existant entre l’agriculture
paysanne et le paysage dans son ensemble;
• Transposer à plus grande échelle les approches à
avantages multiples qui améliorent la résilience
face au changement climatique, tout en réduisant
la pauvreté, en protégeant la biodiversité, en
limitant les émissions de gaz à effet de serre et en
contribuant à la réalisation d’autres objectifs de
développement durable;
9
•
Permettre aux petits exploitants de bénéficier
des fonds climatiques, afin de rémunérer les
activités génératrices d’avantages multiples et
de compenser les coûts et les risques croissants,
et recenser les meilleurs moyens d’obtenir, puis
de mesurer, une gamme plus large d’avantages,
allant au-delà des incidences traditionnelles sur
la pauvreté et les rendements.
Objectif et champ d’application des
directives
Objectif
Depuis longtemps, le FIDA aide des instituts de
recherche et d’autres organismes à expérimenter,
adapter et diffuser des techniques permettant de
surmonter la variabilité climatique. Les projets
financés par le FIDA sont aussi des sources
d’enseignements et d’expériences pratiques en
matière d’intégration de l’adaptation au changement
climatique (FIDA 2010b).
L’objectif du présent document est de synthétiser les
connaissances disponibles et les pratiques optimales
relatives à l’adaptation au changement climatique
et à son atténuation dans les secteurs de la pêche et
de l’aquaculture, en vue de donner des indications
susceptibles d’orienter les interventions du FIDA dans
ce secteur. Plus spécifiquement le document vise à:
• Examiner la documentation pertinente ayant
trait au changement climatique et aux secteurs
de la pêche et de l’aquaculture et analyser les
activités conduites par d’autres organisations
internationales dans ces domaines;
• Recenser les pratiques optimales en matière
d’adaptation au changement climatique et
d’atténuation du changement climatique dans
les secteurs de la pêche et de l’aquaculture;
• Donner des indications pour l’intégration de
mesures d’adaptation au changement climatique
et d’atténuation du changement climatique dans
les interventions du FIDA intéressant les secteurs
de la pêche et l’aquaculture, et améliorer la
qualité des processus de conception, d’exécution,
de supervision et d’évaluation des projets du
FIDA ainsi que la participation de celui-ci à la
concertation sur les politiques.
Méthodologie
L’examen de la documentation a été de portée
mondiale et a reposé sur une étude théorique de
publications et de littérature grise, complétée par
des entretiens, des réunions et une série de visites
10
de terrain dans des sites du delta du Mékong, au
Viet Nam. Les données et les informations ont
été synthétisées et ont fait l’objet d’une analyse
qualitative qui a permis de dégager les pratiques
optimales.
Le présent document reprend aussi des données
présentées dans une publication thématique du FIDA
intitulée: Fisheries, Aquaculture and Climate Change
(Pêche, aquaculture et changement climatique, de
Williams et Rota 2010), laquelle est un examen
détaillé de la documentation mondiale relative aux
incidences probables du changement climatique
sur la pêche et l’aquaculture, ainsi qu’aux mesures
d’adaptation et d’atténuation qui pourraient être
prises. Les conclusions de cet examen ont été utilisées
pour préparer le matériel que le FIDA a présenté
à la Convention-cadre des Nations Unies sur les
changements climatiques (CCNUCC) et lors de la
quinzième session de la Conférence des Parties, tenue
à Copenhague en décembre 2009.
Champ d’application et limites du document
L’analyse de la bibliographie a permis de conclure
que, à l’échelle mondiale, les travaux ayant trait
aux incidences du changement climatique sur
la pêche et l’aquaculture n’en étaient qu’à leur
début. Si les connaissances relatives aux incidences
biophysiques du changement climatique sur
les écosystèmes aquatiques sont relativement
abondantes, en revanche on en sait moins sur les
conséquences socioéconomiques et les réponses à
apporter (De Silva et Soto 2009). Un certain nombre
d’organisations se sont attelées à l’élaboration de
directives pour intégrer des mesures d’adaptation et
d’atténuation dans les projets intéressant la pêche et
l’aquaculture, notamment l’Organisation des Nations
Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)
et WorldFish, qui s’efforcent de mettre au point,
d’expérimenter et d’adopter une méthode normalisée
d’évaluation et de documentation des pratiques
optimales. Les questions de parité hommes-femmes
commencent à mobiliser l’attention, étant donné que
les femmes comptent pour la moitié de la maind’œuvre mondiale travaillant dans les entreprises de
transformation et de commercialisation des secteurs
de la pêche et de l’aquaculture. Des lacunes de
connaissances et des incertitudes demeurent en ce qui
concerne les incidences, la vulnérabilité, et les coûts
et les avantages de l’adaptation et de l’atténuation,
mais des travaux sont en cours pour y remédier.
Certains des projets examinés plus loin permettent de
progresser sensiblement à cet égard.
©FIDA/G.M.B.Akash
11
Changement climatique, pêche
et aquaculture
Généralités
Changement climatique
Le cinquième rapport d’évaluation publié par le
Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution
du climat (GIEC 2013) a confirmé que le système
climatique mondial changeait comme il ne l’avait
jamais fait pendant des millénaires.
Le dernier rapport confirme aussi que l’homme est
responsable de la plupart de ces évolutions et qu’il
faudra déployer des efforts conséquents pour parvenir
à limiter l’ampleur de ces changements.
“Selon l’évaluation, le réchauffement du système climatique
est incontestable et, depuis les années 50, un grand nombre
des changements observés sont sans précédent, que ce
soit à l’échelle de décennies ou de millénaires. L’atmosphère
et les océans se sont réchauffés, la neige et la glace ont
partiellement fondu, le niveau de la mer est monté et les
concentrations de gaz à effet de serre ont augmenté.”
(GIEC 2013:2)
“Le rapport fait valoir que l’influence humaine a été détectée
dans le réchauffement de l’atmosphère et des océans, dans
la modification du cycle global de l’eau, dans la fonte de la
neige et de la glace, dans l’élévation du niveau moyen de
la mer à l’échelle mondiale et dans l’évolution de certains
phénomènes climatiques extrêmes. Par rapport au quatrième
rapport d’évaluation, l’influence anthropique semble plus
amplement démontrée. En effet, le dernier rapport indique
qu’il est extrêmement probable que l’influence humaine ait
été la cause principale du réchauffement observé depuis le
milieu du XXe siècle.” (GIEC 2013:15)
“On peut aussi lire dans ce rapport que la poursuite de
l’émission de gaz à effet de serre entraînera une aggravation
du réchauffement ainsi que de nouveaux bouleversements
dans toutes les composantes du système climatique. Il
faudra réduire considérablement et durablement l’émission
de gaz à effet de serre pour parvenir à limiter le changement
climatique.” (GIEC 2013:17).
12
Quoi qu’il en soit, des mesures d’atténuation
pourraient limiter la poursuite éventuelle du
changement climatique, mais il est vraisemblable
qu’un grand nombre de tendances déjà sensibles
continueront sur leur lancée pendant des décennies
voire – dans certains cas – des siècles, compte tenu
de la persistance des effets des gaz à effet de serre qui
se sont accumulés dans l’atmosphère. Ces évolutions
auront des incidences complexes sur les écosystèmes
aquatiques et les moyens d’existence des populations
qui en dépendent. Il faut déjà mettre en place des
mesures d’adaptation pour renforcer la résilience et
la capacité adaptative et continuer à les appliquer
à l’avenir, quels que soient les scénarios futurs en
matière d’émission.
Les changements observés et prévus ci-après sont
décrits avec précision dans le dernier rapport du
GIEC (GIEC 2013):
Climat
•
•
•
•
•
­ échauffement de la surface du globe
R
d’environ 0,85°C, de 1880 à 2012. Par rapport
à la période 1986-2005, les températures vont
vraisemblablement augmenter de 0,3°C à 0,7°C
supplémentaire d’ici à 2016-2035 et de 0,3°C à
4,8°C d’ici à 2081-2100, en fonction du scénario
d’émission. La hausse totale sera donc comprise
entre 1°C et 5°C par rapport aux températures
de l’ère préindustrielle;
­Observation d’une augmentation des
températures et de la fréquence des journées
et des nuits chaudes et d’une réduction de la
fréquence des journées et des nuits froides – une
tendance dont la poursuite est virtuellement
certaine;
­Augmentation probable de la fréquence des
vagues de chaleur – une tendance dont la
poursuite est très vraisemblable;
­Augmentation possible de l’intensité et/ou
de la durée des sécheresses – qui pourrait
continuer;
­Augmentation de la fréquence et de l’intensité
des précipitations torrentielles – qui se
•
poursuivra très probablement, en particulier
sous les tropiques humides. Il pourrait y avoir
d’avantage de zones concernées par la mousson,
celle-ci étant caractérisée par des vents plus
faibles mais des précipitations plus importantes
et des changements de calendrier;
­Observation d’une relative amplification
de l’activité cyclonique tropicale, qui va
probablement se poursuivre plutôt que
s’atténuer à l’avenir; le phénomène appelé El
Niño-Oscillation australe va vraisemblablement
s’intensifier.
•
•
Niveau de la mer
•
Atmosphère
•
­­­
Augmentation
des concentrations
atmosphériques de gaz à effet de serre
(dioxyde de carbone [CO2], méthane [CH4] et
oxyde nitreux [N2O]), qui dépassent aujourd’hui
les concentrations les plus élevées connues sur
une période de 800 000 ans – et constituent la
cause majeure du réchauffement mondial.
Océans
•
­ échauffement des océans, avec un
R
réchauffement des 75 premiers mètres de
surface de 0,11 ºC par décennie pendant la
période 1971-2010. Le réchauffement des océans
représente plus de 90% de l’énergie accumulée
dans le système climatique mondial au cours de
cette période. Le réchauffement des océans va
continuer pendant tout le XXIe siècle, pénétrer
en profondeur et influer sur la circulation des
courants et le niveau de la mer. Le réchauffement
le plus marqué est attendu dans les zones
tropicales et dans les zones subtropicales
septentrionales;
­ cidification des océans, avec une baisse du
A
pH de l’eau de surface de 0,1 depuis 1750.
L’absorption ininterrompue de carbone par les
océans continuera à favoriser leur acidification
jusqu’à la fin du siècle actuel;
­Variation de la salinité, les zones fortement
salines devenant encore plus salines et
inversement, en raison des changements
touchant l’évaporation et les précipitations.
•
­ l’échelle mondiale, le niveau de la mer s’est
À
élevé en moyenne de 0,19 mètre pendant la
période 1901-2010 et le rythme de l’élévation
s’est accéléré, passant de 1,7 millimètre par an
au début du XXe siècle au rythme actuel de
3,2 millimètres par an. En conséquence,
l’élévation totale du niveau de la mer en
2081-2100 par rapport à 1981-2005 sera de
l’ordre de 0,26 à 0,98 mètre, la fonte des glaciers
et la dilatation thermique étant responsables de
quelque 75% de cette variation. Le niveau de la
mer continuera à monter pendant le XXIe siècle
et au-delà, quel que soit le scénario en matière
d’émission;
­L’augmentation de l’incidence et de l’ampleur
des épisodes d’élévation extrême du niveau
de la mer a commencé et va très probablement
continuer.
Les chiffres suivants indiquent les variations
prévues des valeurs moyennes, en ce qui concerne
la température à la surface du globe, la quantité
de précipitations et le pH de la surface des océans,
dans le meilleur scénario (à gauche) et dans le pire
scénario (à droite) en matière d’émission.
FIGURE 1
13
Source: Adapté de GIEC 2013
Pêche et aquaculture
La pêche et l’aquaculture sont tributaires des
écosystèmes aquatiques (d’eau douce, côtiers
et marins). Ces écosystèmes ressentent déjà les
effets du changement climatique en raison de leur
extrême sensibilité aux variations de température,
de salinité et d’acidité. C’est pourquoi, l’on s’attend
à ce que les moyens d’existence fondés sur la pêche
et l’aquaculture soient parmi les premiers à subir
les contrecoups du changement climatique. Les
moyens d’existence des petits aquaculteurs et des
artisans pêcheurs des petits États insulaires en
développement, des pays sujets aux sécheresses et des
pays en développement d’Asie du Sud et du Sud-Est
et d’Afrique subsaharienne, sont particulièrement
fragiles (Allison et al. 2009).
Comme l’a souligné la FAO (2012), les secteurs de
la pêche et de l’aquaculture offrent des possibilités
d’améliorer considérablement la sécurité alimentaire
et la nutrition partout dans le monde, de réduire la
pauvreté et de favoriser la croissance économique.
En 2011, la production mondiale de poisson a atteint
154 millions de tonnes, et la consommation 130,8
millions de tonnes – ce qui représente une moyenne
14
de 18,8 kilogrammes par personne. La progression de
la demande stimule l’augmentation de la production,
faisant de l’aquaculture l’un des secteurs de
production alimentaire dont la croissance est la plus
rapide; la production totale de la pêche de capture
et de l’aquaculture devrait s’élever à 172 millions de
tonnes d’ici à 2021, l’aquaculture comptant pour la
majeure partie de l’augmentation.
De plus, la croissance de l’emploi dans ces secteurs
est plus rapide que dans le secteur agricole.
Aujourd’hui, les secteurs de la pêche et de
l’aquaculture fournissent directement un emploi
à 54,8 millions de personnes, dont quelque
16,6 millions d’aquaculteurs. Si l’on tient compte
des activités auxiliaires, telles que la transformation
et la commercialisation, ces secteurs contribuent aux
moyens d’existence de 660 millions à 820 millions
de personnes. Étant donné que 90% de la population
mondiale de pêcheurs opèrent à un niveau de
subsistance, il est manifeste que le secteur contribue
de manière non négligeable à la sécurité alimentaire
et à la réduction de la pauvreté; le poisson constitue
la base de la nutrition de 3 milliards de personnes
TABLEAU 1
Production mondiale de la pêche et de l’aquaculture et utilisation des produits pendant la
période 2006-2011
2006
2007
Production
2008
2009
2010
2011
(en millions de tonnes)
Pêche de capture
Continentale
9,8
10,0
10,2
10,4
11,2
11,5
Maritime
80,2
80,4
79,5
79,2
77,4
78,9
Total Pêche de capture
90,0
90,3
89,7
89,6
88,6
90,4
Continentale
31,3
33,4
36,0
38,1
41,7
44,3
Maritime
16,0
16,6
16,9
17,6
18,1
19,3
Total Aquaculture
47,3
49,9
52,9
55,7
59,9
63,6
Total
137,3
140,2
142,6
145,3
148,5
154,0
Consommation humaine
114,3
117,3
119,7
123,6
128,3
130,8
Usages non alimentaires
23,0
23,0
22,9
21,8
20,2
23,2
Aquaculture
Utilisation
Source: FAO 2012. Ces informations ne tiennent pas compte des algues ni des autres plantes aquatiques.
et représente au moins 50% de l’apport en protéines
animales et en minéraux essentiels de 400 millions
de personnes, essentiellement dans les pays les
plus pauvres (FAO 2011). La grande majorité des
pêcheurs et des aquaculteurs réside en Asie (87%
et 97% respectivement) mais, c’est en Afrique que
l’on observe la plus forte croissance annuelle du
nombre de personnes travaillant dans ces secteurs.
Les secteurs de l’aquaculture et de la pêche sont
confrontés à de nombreux défis et problèmes, à la
fois internes car inhérents au secteur (surexploitation,
discrimination dans l’accès aux ressources et
mauvaise gestion) et externes (concurrence d’autres
secteurs utilisant la terre et l’eau, pollution, et
dégradation des habitats). Partout dans le monde,
la viabilité de nombreuses activités de pêche est
déjà compromise par une gestion irraisonnée et une
gouvernance défaillante qui favorisent la surpêche
et la dégradation de l’environnement; 30% des
stocks seraient actuellement surexploités et 57,4%
seraient pleinement exploités (FAO 2012). Faute
d’une planification raisonnée, le développement de
l’aquaculture a conduit à endommager gravement des
écosystèmes d’eau douce et d’eau de mer, à favoriser
les épidémies et à mettre en péril la santé humaine.
Outre ces problèmes existants, les incidences générales
du changement climatique sur les écosystèmes, les
sociétés et les systèmes économiques exacerbent les
menaces qui pèsent sur la viabilité de la pêche et de
l’aquaculture (FAO 2008e, 2010a, 2012).
Incidences du changement
climatique sur la pêche et
l’aquaculture
Le changement climatique a sur le secteur de la
pêche des effets directs et indirects qui résultent
des processus associés aux systèmes écologiques
aquatiques ainsi que de dynamiques politiques,
économiques et sociales (Daw et al. 2009).
La pêche de capture est totalement tributaire de
la productivité des écosystèmes naturels qu’elle
exploite. Elle est donc extrêmement sensible aux
variations de la production primaire et à la façon
dont cette production se répercute le long de
la chaîne trophique aquatique. Elle est sensible
aussi aux modifications des paramètres physiques
15
et chimiques des écosystèmes, notamment la
température, la salinité, l’acidité et le niveau et
la circulation de l’eau. Certaines incidences du
changement climatique sur le secteur de la pêche
sont prévisibles, en revanche les conséquences
cumulées globales sont relativement incertaines du
fait de la complexité des écosystèmes aquatiques et
du manque de données et de modèles (Easterling et
al. 2007; Banque mondiale 2010d; Banque mondiale
2012; Banque mondiale 2013; Bezuijen et al. 2011).
L’aquaculture est, elle aussi, exposée à des incidences
directes et indirectes, mais dans une moindre
mesure car le contrôle humain exercé dans ce secteur
tend à limiter les facteurs et les conséquences du
changement climatique (De Silva et Soto 2009).
La vulnérabilité des communautés vivant de
l’aquaculture tient essentiellement au fait qu’elles
sont exposées aux phénomènes météorologiques
extrêmes ainsi qu’aux incidences du changement
climatique sur les ressources naturelles nécessaires,
notamment: eau de bonne qualité, terre, juvéniles,
aliments pour animaux et énergie (Easterling
et al. 2007; FAO 2008e). Il faudra donc adapter
et améliorer les systèmes d’aquaculture et les
espèces produites et renforcer la préparation aux
catastrophes.
Les communautés qui vivent de la pêche artisanale
et de la petite aquaculture sont particulièrement
vulnérables car elles résident souvent dans des zones
exposées aux incidences du changement climatique.
Les artisans pêcheurs sont susceptibles d’être plus
vulnérables que les pêcheurs qui opèrent à grande
échelle en raison d’une mobilité généralement
limitée (Daw et al. 2009) donc de la quasiimpossibilité de diversifier leurs moyens d’existence.
Selon une évaluation récemment menée par la
Banque mondiale (Sumaila et Cheung 2010),
le secteur de la pêche pourrait enregistrer
une perte annuelle de revenus bruts allant de
17 milliards d’USD à 41 milliards d’USD (en
dollars des États Unis constants de 2005) du fait
du changement climatique. De plus, les pertes
seraient réparties de manière inégale, les pays en
développement étant les plus touchés; par exemple,
dans le scénario du changement climatique le
plus marqué, les pertes potentielles des pays en
développement pourraient se chiffrer à 25 milliards
d’USD par an, contre seulement 11 milliards d’USD
par an dans les pays développés.
16
Il faut toujours garder présent à l’esprit qu’il est
difficile d’établir un rapport de causalité unique
entre des effets particuliers du changement
climatique et les incidences sur la pêche et
l’aquaculture. Ce sont les effets cumulés du
changement climatique et des interventions
humaines qui comptent (De Silva et Soto 2009).
Par exemple, quand un stock de poissons est déjà
exploité de manière intensive, voire surexploité,
le stress provoqué par la modification d’origine
climatique des conditions ou des écosystèmes
océaniques peut être le facteur de trop qui entraîne
l’effondrement total du stock.
Incidences du changement climatique
On trouvera ci-dessous un résumé des effets
probables qu’un certain nombre de modifications
des écosystèmes aquatiques induites par le
changement climatique pourraient avoir sur la pêche
et l’aquaculture (Ahmed 2013; Bezuijen et al. 2011;
Daw et al. 2009; De Silva et Soto 2009; Easterling et
al. 2007; FAO 2008b, 2009a; Kam et al. 2010; GIEC
2007, 2013; Nicholls et al. 2007; Nellemann et al.
2009; Mohammed et Uraguchi 2013; PEW 2009;
Secretan et al. 2007; van Anrooy et al. 2006; Banque
mondiale 2010d, 2012, 2013; WorldFish 2010b):
Réchauffement des océans et autres plans
d’eau:
•
­ ne variation de la productivité halieutique des
U
océans est attendue en raison de la modification
des conditions du milieu, notamment en ce
qui concerne les périodes d’efflorescence du
plancton et, partant, la disponibilité d’aliments,
les rapports proie-prédateur et la dynamique
des stocks de poissons. Globalement, la
productivité primaire marine devrait augmenter
de 0,7 à 8,1% d’ici à 2050, mais avec de grandes
disparités d’une région à l’autre; il est probable
que la productivité diminue aux basses latitudes
du fait de l’augmentation des températures et
du réchauffement de la mer. Les effets sur la
pêche sont incertains, mais il est vraisemblable
que le dérèglement des écosystèmes entraîne
un recul général de la production halieutique à
moyen terme. L’élevage de nombreux poissons et
crustacés, tels que la crevette, repose en général
sur l’emploi d’aliments dont les principaux
ingrédients sont la farine et l’huile de poisson.
Ces ingrédients sont fabriqués essentiellement
à partir de petits poissons pélagiques pêchés
dans les régions subtropicales et tempérées.
•
•
•
•
Toute incidence négative du changement
climatique sur ce type de pêche risque de
compromettre l’approvisionnement en farine et
huile de poisson et de remettre en cause le mode
d’alimentation et la structure des coûts dans
certains systèmes d’aquaculture, éventuellement
au point de les rendre non viables. En outre,
les moyens d’existence des pêcheurs concernés
seraient également menacés.
­L’extinction de certaines espèces a été prédite si
le plafond de chaleur tolérable des espèces est
dépassé et s’il n’existe pas de possibilités de
migration (par exemple, dans les plans d’eau
continentaux).
­La multiplication des cas de prolifération d’algues
toxiques et d’intoxication par des mollusques,
imputable à la hausse des températures, peut
perturber l’accès au marché si les services de
surveillance et de contrôle ne sont pas en mesure
de repérer les produits qui ne répondent pas aux
exigences à l’exportation.
­La réduction des quantités d’oxygène dissous dans
l’eau est susceptible de limiter la survie des
larves, de freiner la croissance des organismes
aquatiques et de bloquer les migrations. On
assistera à une extension des zones où la
teneur en oxygène baissera à des niveaux très
faibles (zones mortes) et où aucun poisson ni
invertébré ne peut survivre.
­La modification de la répartition de nombreux
poissons, crustacés et mollusques est attendue, le
réchauffement progressif des océans poussant
les populations d’organismes marins à migrer
vers de plus hautes latitudes. Cette modification
pourrait influer sur la répartition et la
phénologie des larves d’organismes aquatiques
et avoir de fortes incidences sur le recrutement et
la production des stocks. Une telle redistribution
pourrait entraîner une réduction des prises allant
jusqu’à 40% dans certains sites localisés des
régions tropicales, mais aussi une augmentation
des prises allant jusqu’à 100% dans certaines
zones bien circonscrites. Par exemple, le
maquereau – qui tient une large place dans la
pêche de capture au Cambodge, au Viet Nam
et en Thaïlande – est tributaire de la circulation
océanique pour les processus de recrutement
et d’alimentation. Une modification de la
circulation pourrait entraîner une baisse de la
production de maquereaux dans la région. Des
changements dans les migrations pénaliseraient
essentiellement les artisans pêcheurs qui
•
•
n’ont pas les moyens de suivre les stocks de
poissons, alors que les pêcheurs industriels
opérant en eau profonde peuvent voyager sur
des milliers de kilomètres. Des variations dans
la saisonnalité ou les sites de ponte auraient
pour résultat de réduire la disponibilité des
œufs/larves/alevins sauvages, s’agissant de
certaines espèces produites en bassins, en cages
et dans d’autres systèmes, et de compromettre
l’approvisionnement en géniteurs, s’agissant de
certaines espèces marines d’élevage importantes,
telles que les crevettes.
­De possibles augmentations des taux de croissance,
des rendements de la conversion alimentaire et de la
durée de la saison de croissance pourraient être
observées en ce qui concerne certaines espèces
aquatiques d’élevage, compte tenu de la hausse
des températures dans les régions tropicales et
subtropicales.
­Des changements dans l’incidence des maladies
frappant l’aquaculture sont aussi attendus. De
nouvelles maladies sont susceptibles de faire
leur apparition, mais la survenue de certaines
maladies existantes, telles que la maladie des
points blancs chez les crustacés, deviendra plus
rare avec la hausse des températures.
Élévation du niveau de la mer
•
­ ne aggravation des dégâts causés par les
U
inondations, les crues et les intempéries est attendue,
ce qui aura des effets négatifs sur les zones de
reproduction et les habitats des organismes
aquatiques et accélérera l’érosion côtière. Les
invasions d’eau salée dans les régions deltaïques
pourraient faire monter le niveau des nappes
phréatiques, empêcher le drainage et provoquer
des pertes et des dégâts dans les zones humides.
D’un autre côté, les inondations et les invasions
d’eau salée dans des terres agricoles peuvent
permettre d’étendre les surfaces se prêtant à
l’aquaculture ou à la production mixte de riz
et de poisson, avec la culture de variétés de riz
résistantes à la salinité. L’aquaculture en eau
saumâtre est également susceptible de constituer
une option intéressante dans les zones où la
salinité rend les terres impropres à la culture du
riz ou d’autres espèces végétales. Cependant,
cette forme d’aquaculture pourrait attiser les
luttes de pouvoirs locales, dont un exemple est
le conflit récurrent qui oppose les riziculteurs
pauvres et les puissants producteurs de crevettes
dans le sud-ouest du Bangladesh.
17
Modification de la salinité
•
­L’osmorégulation des espèces marines sera altérée
par la modification de la salinité. Les effets seront
particulièrement graves s’agissant des espèces
qui ne tolèrent que de très faibles variations de
la salinité de l’eau, notamment le zooplancton
que l’on trouve dans les lacs de plaines côtières
soumis aux marées et dans les zones humides
des régions tropicales. Cela perturberait
fortement la chaîne trophique qui repose
sur ces organismes, donc le fonctionnement
écologique des écosystèmes de marécages
côtiers, et aurait des incidences colossales sur la
pêche locale.
Acidification des océans
•
•
­ a baisse du pH de l’eau de mer (ou “acidification
L
des océans” résultant de l’absorption par les océans
du CO2 en excès) est concrètement irréversible
sur des périodes inférieures à un millénaire et
constitue une menace systémique majeure.
­Un grand nombre de récifs coralliens seront détruits
en conséquence directe de l’acidification de
l’océan, et la productivité des mollusques et
crustacés et du zooplancton devrait décliner. Les
animaux qui utilisent le calcium pour fabriquer
leur coquille ou leur squelette sont sensibles à
l’acidité, car celle-ci les empêche de secréter des
coquilles dures donc les rend moins tolérants
aux températures élevées et basses, ce qui se
traduit par une mortalité plus élevée et un
moindre taux de réussite de la fertilisation.
Changement des régimes de précipitations et
des taux d’évaporation
•
18
­ n s’attend à ce que le ruissellement évolue,
O
avec une augmentation de 10 à 40% dans
certaines zones humides d’Asie de l’Est et du
Sud-Est ainsi que dans les bassins du Gange
et du Nil, et une diminution de 10 à 30%
dans d’autres régions, notamment la région
méditerranéenne, l’Afrique du Nord et l’Afrique
australe et les bassins du Mississippi, de
l’Amazone, du Danube et du Murray Darling,
et ce dans le cas d’un scénario prévoyant une
hausse de température de 2 ºC. L’évolution du
ruissellement aura une incidence sur le risque
d’inondation dans les plaines côtières, la qualité
et la salinité de l’eau, la sédimentation fluviale
dans les plaines alluviales et la circulation et
l’apport d’éléments nutritifs dans les plans
d’eau continentaux et côtiers.
•
•
•
•
­ incidences sur les systèmes d’eau douce
Les
seront les suivants: baisse des nappes phréatiques,
réduction des débits et, globalement, de la
disponibilité des ressources en eau et intensification
du stress hydrique, de l’aridité et des épisodes
de sécheresse, en particulier dans les régions
tropicales et subtropicales d’Afrique et d’Asie
centrale, du Sud, de l’Est et du Sud-Est.
­La modification des régimes hydrologiques dans les
plans d’eau continentaux entraînera notamment
une intensification des phénomènes
d’eutrophisation et de stratification, ce qui aura
des répercussions sur le réseau trophique et la
disponibilité et la qualité des habitats.
­La baisse de débit des cours d’eau – provoquée par
une érosion plus importante, la sédimentation
et des précipitations plus irrégulières –
menacera, dans certains cas, la production
écologique et les populations d’organismes
d’eau douce dans les cours d’eau concernés.
­La recrudescence des inondations provoquées par
des cours d’eau et des lacs entraînera parfois une
multiplication des cas d’engorgement et de
submersion des terres par de l’eau douce. En
certains endroits, cette situation peut s’avérer
intéressante: par exemple, le Bangladesh
pourrait gagner 9,4 milliards d’USD par an en
étendant la production de crevettes d’eau douce
aux 2,83 millions d’hectares de terres arables
inondées de manière saisonnière et produire
1,58 millions de tonnes supplémentaires de riz
en affectant cette surface à la riziculture.
Multiplication des événements
météorologiques extrêmes
•
L’intensification des intempéries provoquera des
épisodes d’élévation extrême du niveau de la
mer et des ondes anormales, une recrudescence
de l’érosion épisodique, des dégâts de tempête,
des risques d’inondation et la mise à mal des
dispositifs de protection. L’aquaculture est
très sensible aux tempêtes, aux cyclones et
aux inondations qui devraient survenir plus
fréquemment à l’avenir, en particulier dans les
régions tropicales et subtropicales soumises
à la mousson. Les installations d’aquaculture
sont susceptibles d’être endommagées et la
production perdue, et les organismes fugitifs
risquent de favoriser la diffusion de maladies
et de parasites dans les stocks sauvages et
d’avoir des incidences sur l’environnement et
la biodiversité. Par exemple, le cyclone Sidr a
•
•
frappé le sud et le sud-ouest du Bangladesh
en novembre 2007 avec des conséquences
dévastatrices: victimes, destruction de moyens
d’existence, centaines de milliers de personnes
devenues sans-abri et indigentes. Le cyclone
a pollué l’eau, tué les organismes aquatiques,
submergé et endommagé les bassins
d’aquaculture et, de ce fait, réduit notablement
l’accès des ménages au poisson, que ce soit pour
se procurer des revenus ou pour se nourrir.
­La modification de la fréquence et du parcours
des tempêtes va probablement provoquer des
épisodes de raz de marée et de vagues de
tempête anormales, donc aggraver le risque de
dégâts et d’inondation. La multiplication des
épisodes météorologiques extrêmes compromet
gravement la sécurité en mer et entraîne la
perte d’engins de pêche et de capital physique
ainsi qu’une baisse de revenus imputable
au fait que la multiplication des périodes de
mauvais temps limite les activités de pêche.
L’irrégularité et l’intensité croissantes des
tempêtes et des cyclones font que les pêcheurs
travaillant loin des côtes prennent de très gros
risques et doivent pouvoir compter sur de bons
systèmes de prévision météorologique. De plus,
l’insécurité et la vulnérabilité sont exacerbées
par l’absence d’une quelconque forme
d’assurance et les difficultés rencontrées pour
accéder au crédit ou à des dispositifs publics de
protection sociale.
­La modification du régime des vagues altérera les
conditions des ondes (notamment la houle)
ainsi que les cycles d’érosion et d’accrétion
et entraînera une réorientation de la forme
des plages.
Incidences par écosystème/habitat aquatique
Les principaux écosystèmes qui intéressent
directement les secteurs de la pêche et de
l’aquaculture sont les récifs coralliens, les zones
humides, les prairies sous-marines et la mangrove.
Ces écosystèmes seront touchés comme suit:
Récifs coralliens. Les écosystèmes de récifs coralliens
ne couvrent que 1,2% des plateaux continentaux
mondiaux mais hébergent 3 millions d’espèces,
notamment plus de 25% de toutes les espèces
marines de poisson. Quelque 30 millions de
personnes appartenant à des communautés côtières
et insulaires sont tributaires des ressources fournies
par ces récifs, qui contribuent de manière essentielle
à leurs systèmes de production alimentaire, leurs
revenus et leurs moyens d’existence (Rapport de
la Commission européenne sur l’économie des
écosystèmes et de la biodiversité [TEEB] 2010). Par
exemple, à Hawaï, les écosystèmes de récifs coralliens
fournissent de nombreux biens et services aux
populations côtières: pêche, tourisme et protection
naturelle contre l’érosion des vagues. Il a été calculé
que Hawaï retirait de ses 166 000 hectares de récifs
coralliens des avantages nets équivalant à 360
millions d’USD par an; en conséquence, les menaces
que le changement climatique et l’acidification
de l’océan font peser sur ces récifs, ainsi que des
pressions telles que la pollution et la surpêche,
auront des incidences économiques majeures
(TEEB 2010).
Les récifs coralliens sont particulièrement sensibles
au réchauffement de la mer, aux variations de la
qualité et de la salinité de l’eau et au changement
d’intensité lumineuse, autant de facteurs
responsables de la décoloration des coraux.
Le réchauffement des océans conjugué à leur
acidification sont déjà durement ressentis par les
écosystèmes de récifs coralliens. La décoloration
des coraux résultant du réchauffement de la mer
a déjà entraîné des pertes importantes de récifs,
notamment dans l’océan Indien. La poursuite de
cette tendance aura une incidence directe sur la
production halieutique et les moyens d’existence
fondés sur la pêche, favorisera l’érosion et, en
particulier, conduira à la disparition des atolls. Il est
prévu que les incidences sur les récifs coralliens se
traduiront par une perte de 60% de cet écosystème
d’ici à 2030, avec un appauvrissement correspondant
de la biodiversité (De Silva et Soto 2009). La
décoloration et la mortalité des coraux entraîneront
une multiplication des cas d’intoxication à ciguatera,
laquelle est provoquée par l’ingestion de poissons
ayant consommé une algue qui pousse sur les coraux
morts. Des études sont menées actuellement sur la
capacité d’adaptation des coraux.
Zones humides et prairies sous-marines sont
des puits de carbone naturels capables de fixer des
quantités importantes de carbone, à la fois dans
les plantes, au-dessus et en dessous du niveau de la
mer, et dans les sols; les zones humides recouvertes
de végétation assurent 50% du transfert du carbone
des océans dans les sédiments. D’un autre côté, les
zones humides dégradées pourraient devenir une
importante source d’émission de gaz à effet de serre.
Par conséquent, la conservation des zones humides
côtières et des prairies sous-marines apporterait
19
un avantage immédiat en évitant la libération de
CO2 dans l’atmosphère (Banque mondiale, Union
internationale pour la conservation de la nature
[UICN], et ESA PWA1, 2010). Les zones humides
sont exposées aux dégâts provoqués par les tempêtes
violentes et peuvent aussi souffrir de l’altération des
cycles d’inondation et des modèles de ruissellement
ainsi que des invasions salines. Les systèmes de
prairies sous-marines sont sensibles aux variations
d’intensité lumineuse qui surviennent en cas
d’inondation, aux pluies torrentielles entraînant une
forte turbidité et à la prolifération d’algues due au
réchauffement des océans.
Écosystèmes de mangrove constituent l’habitat
d’une faune et d’une flore aquatiques et terrestres.
On estime que 75% de toutes les espèces aquatiques
commerciales tropicales passeraient une partie
de leur vie dans la mangrove, où elles peuvent se
reproduire, trouver un abri et se nourrir. Les autres
services écosystémiques assurés par les mangroves
sont les suivants: protection contre les vagues et
les vents forts; stabilisation des sols et protection
contre l’érosion; rétention d’éléments nutritifs et
amélioration de la qualité de l’eau au moyen de la
filtration des sédiments et des polluants; atténuation
des inondations; fixation du dioxyde de carbone;
et protection des écosystèmes marins connexes.
Les mangroves sont également une source de biens
écosystémiques, tels que: produits médicinaux,
aliments, bois de chauffe, charbon de bois et
matériaux de construction. La valeur économique
des écosystèmes de mangrove est considérable. Il a
été estimé que chaque hectare de mangrove détruite
coûtait l’équivalent de 1,08 tonne de poisson par an
(Schatz 1991). D’autres estimations indiquent que la
valeur marchande annuelle des produits halieutiques
de la mangrove est comprise entre 7,500 USD et
167,500 USD par kilomètre carré (Banque mondiale,
UICN, et ESA PWA 2010). En Inde, Glover (2010) a
calculé que chaque hectare de mangrove avait évité
des dégâts équivalant à 43,000 USD lors du violent
cyclone ayant frappé l’État d’Orissa en octobre 1999.
Même en admettant que les mangroves ne revêtent
aucune valeur en termes de protection contre les
tempêtes pendant les années sans intempéries,
l’étude ci-dessus conclut que, sur le long terme, la
valeur de la protection est équivalente à quelque
8,700 USD par hectare. À la même époque, un
hectare de terre défrichée valait 5,000 USD; ce qui
porte à penser qu’il serait plus avantageux pour la
1. www.esassoc.com
20
société de laisser les mangroves en l’état afin qu’elles
servent d’amortisseurs en cas d’intempérie, plutôt
que de les défricher à des fins de développement.
Dans les écosystèmes de mangrove, les processus tels
que la respiration, la photosynthèse et la productivité
sont perturbés par les variations de la température de
l’air et de l’eau ainsi que par l’élévation du niveau de
la mer. Des intempéries violentes sont susceptibles
d’endommager la mangrove, même si celle-ci
constitue une bonne protection contre l’érosion
côtière. La recrudescence de la pauvreté peut aussi
représenter une menace pour la mangrove, car les
communautés se tournent vers elle pour se procurer
du bois de chauffe et des matériaux de construction
et pour faire paître les animaux.
Les incidences du changement climatique vont aussi
varier en fonction des zones d’habitat aquatique –
eau douce/milieu continental, milieu marin/côtier, et
milieu deltaïque.
Milieu continental
•
­ êche continentale. La pêche continentale
P
pratiquée dans les lacs, les cours d’eau, les
retenues de barrages et les plaines alluviales
sera fortement influencée par la modification
des précipitations et du ruissellement résultant
de l’évolution des cycles de la mousson et du
phénomène El Niño-Oscillation australe, et
sera confrontée à des problèmes d’érosion,
d’envasement et de drainage (Daw et al.
2009). Outre la modification du régime de
précipitations, les autres incidences touchant
la pêche continentale seront les suivantes:
variations de la température de l’eau, de
l’évaporation (favorisant la sécheresse), du
débit des cours d’eau et du niveau des lacs,
appauvrissement de la biodiversité, s’agissant
des poissons et d’autres espèces de la faune et
de la flore aquatiques, altération de la chimie de
l’eau, accroissement de la turbidité et disparition
ou fragmentation d’habitats. Les incidences
dépendront de l’époque et de l’intensité des
effets du changement climatique ainsi que des
interactions entre eux. Par exemple, il est évident
que les sécheresses auront des incidences
négatives, en revanche une augmentation des
précipitations qui ne provoque pas d’inondation
est susceptible de se traduire par une extension
de la surface des lacs et des réservoirs, donc une
amélioration de la production.
•
­
Aquaculture
continentale en eau douce. La
modification du régime de précipitations,
les périodes de sécheresse et l’intensification
des intempéries, associées à des ondes de
tempête ou des raz de marée plus fréquents
et plus violents, vont probablement toucher
les systèmes d’aquaculture en bassins par
l’intermédiaire d’une plus forte variation du
niveau de l’eau – conduisant potentiellement à
des épisodes de sécheresse ou de submersion –
ainsi que par l’intermédiaire d’une éventuelle
salinisation, notamment pendant la saison
sèche. L’aquaculture en cages pratiquée dans
des réservoirs et des lacs pourrait devoir faire
face à des sécheresses et des variations de la
température de l’eau et de la teneur en oxygène.
Les études indiquent que les phénomènes de
stratification et d’eutrophisation pourraient
survenir plus fréquemment en raison du
changement climatique, entraînant un
appauvrissement en oxygène et accroissant ainsi
le risque de mortalité dans les exploitations
aquacoles. La diminution de la teneur en
oxygène peut également être due à des
phénomènes d’upwelling (remontées d’eau
profonde) provoqués par un vent et des
précipitations d’une violence extrême.
Milieu côtier
•
­ êche côtière. La pêche côtière se ressentira des
P
changements observés dans la productivité et
la répartition des espèces halieutiques ainsi que
des dégâts causés par le changement climatique
aux écosystèmes dont ce type de pêche
dépend, notamment les récifs coralliens. Étant
donné que les eaux côtières peu profondes
subiront le réchauffement le plus important,
les incidences sur les populations de poissons
vivant dans ces eaux seront probablement
considérables. Les modifications en matière
de précipitations, ruissellement et inondations
auront aussi une influence sur la pêche côtière;
ces processus apportent de grandes quantités
d’éléments nutritifs dans les eaux côtières, de
sorte qu’une diminution des précipitations
et du ruissellement pourrait faire baisser la
productivité. Inversement, les épisodes de
tempêtes et de précipitations violentes sont
susceptibles d’intensifier le ruissellement
et d’entraîner le lessivage de quantités
excessives d’éléments nutritifs – voire de
produits chimiques agricoles et de polluants –
jusque dans les eaux côtières, favorisant les
proliférations d’algues. La pêche côtière et
les communautés qui en dépendent sont
également extrêmement vulnérables face aux
dégâts causés par le vent, les vagues et l’érosion
côtière accélérée, qu’exacerbe l’élévation du
niveau de la mer.
•
­
L’aquaculture
côtière – notamment pratiquée
à petite échelle, comme c’est très souvent le
cas en Asie – sera menacée par les conditions
météorologiques extrêmes, notamment
l’intensification du ruissellement en provenance
du continent, les raz de marée, l’érosion côtière
et la destruction de la mangrove. L’acidification
de l’océan altérera la formation des coquilles et
carapaces d’un grand nombre de mollusques et
de crustacés produits en élevage. Le Secrétariat
général de la Communauté du Pacifique (CPS)
met en garde contre les graves conséquences
que cela aurait pour l’aquaculture marine dans
la région Pacifique – en particulier la culture
des huîtres perlières, l’acidification de l’océan
rendant la fabrication de leur coquille plus
difficile (CPS 2008). La culture d’algues marines
peut aussi être touchée dans la mesure où la
hausse de la température de l’eau accroît le
risque de maladies. De même, il est probable
que le réchauffement de l’eau favorise le
développement des maladies et accentue
la sensibilité des organismes aquatiques
d’élevage à l’égard de certaines d’entre elles –
par exemple, la virémie printanière de la
carpe et la streptococcie. On devrait aussi
assister à une multiplication des épisodes de
toxicité, notamment les proliférations d’algues
nuisibles et les marées rouges, du fait du
réchauffement mais aussi de l’eutrophisation
de l’eau (Easterling et al. 2007). Ce problème
constitue également une menace pour le
secteur de l’aquaculture, en particulier l’élevage
de mollusques, en accroissant le risque
d’intoxication des consommateurs humains.
De plus, des études récentes révèlent que le
changement climatique pourrait avoir des effets
sur le transport et la transmission des parasites,
ce qui aurait aussi des conséquences pour
l’aquaculture dans le domaine de la santé (De
Silva et Soto 2009). La pisciculture en eau de
mer et en eau saumâtre est susceptible de pâtir
des changements observés dans la salinité, la
turbidité et la température, lesquels pourraient
21
freiner le développement des larves et des
juvéniles. Il convient de noter que l’espèce
la plus tolérante à ces variations est celle des
serranidés, une espèce de ce fait extrêmement
intéressante dans la perspective de l’adaptation
(Bezuijen et al. 2011).
Les zones deltaïques seront particulièrement
vulnérables face aux incidences du changement
climatique. L’élévation attendue du niveau de la mer
entraînera le déplacement de millions de personnes
vivant dans les mégadeltas du Gange-Brahmapoutre,
du Nil et du Mékong, où l’aquaculture est bien
développée. Par exemple, l’élévation du niveau de
la mer, les invasions d’eau saline et les baisses de
débit devraient avoir des incidences négatives sur le
florissant secteur de la crevette, le long des fleuves
Gange-Brahmapoutre en Inde et au Bangladesh,
ainsi que dans le delta du Mékong au Viet Nam,
où l’élevage du pangasius (poisson-chat) et de la
crevette géante tigrée occupe une place stratégique
dans l’économie nationale. Au Bangladesh,
l’élévation du niveau de la mer et les cyclones
risquent d’entraîner la submersion des polders
aménagés dans les années 60 par le gouvernement,
et d’attiser les conflits entre les producteurs de
crevettes et les riziculteurs. Initialement conçus
pour protéger les plaines alluviales des fréquentes
inondations et invasions d’eau saline, ainsi que
pour promouvoir la riziculture, les polders montrent
aujourd’hui leurs limites. En détournant l’eau
des plaines alluviales dans les cours d’eau, les
aménagements ont favorisé l’envasement des lits
des cours d’eau et ont ainsi fait baisser les débits et
réduit la capacité de drainage en cas d’inondation.
En outre, certains polders ont déjà été contaminés
par de l’eau salée qui, soit a été piégée après le
raz-de-marée provoqué par le cyclone Aila en
2009, soit a été faite entrer volontairement par des
producteurs de crevettes. Initialement, l’élevage
de crevettes a été encouragé en tant que stratégie
d’adaptation à la salinité de la zone, mais l’activité
est devenue si lucrative que de puissants producteurs
de crevettes ont commencé à faire entrer de l’eau
salée dans les polders pendant la saison des pluies
afin de développer la production. Cette pratique a
entraîné une contamination des sols environnants
et contraint les exploitants locaux pratiquant une
agriculture de subsistance à renoncer à la riziculture,
devenue impossible en raison de la forte salinité.
Cependant, l’élevage de crevettes contribue de
manière non négligeable à la croissance économique
22
du Bangladesh; la production de crevettes marines
et de crevettes d’eau douce est le deuxième secteur
contribuant aux recettes d’exportation du pays, après
le secteur du textile. Outre l’élévation du niveau de la
mer et les problèmes qui s’y rattachent, l’aquaculture
est aussi touchée par le stress hydrique, dû à une
moindre disponibilité d’eau dans les grands fleuves
d’Afrique, d’Asie et d’Asie du Sud-Est (GIEC 2007).
Incidences par région
À l’aide de divers indicateurs, Allison et al. (2009)
ont comparé la vulnérabilité de 132 pays du point
de vue des incidences potentielles du changement
climatique sur le secteur national de la pêche de
capture. Ils ont observé que la vulnérabilité résultait
des effets combinés du réchauffement mondial
annoncé, de l’importance relative de la pêche
dans l’économie nationale et l’alimentation de la
population, et de la capacité d’adaptation face aux
incidences et nouvelles possibilités potentielles. Le
tableau suivant énumère les pays les plus vulnérables.
Comme on le voit, il s’agit de pays à faible revenu
et de pays à revenu intermédiaire, et 20 des 32 pays
cités sont des pays d’Afrique subsaharienne.
La plupart des pays vulnérables font partie de la
catégorie des pays les moins avancés (PMA) et sont
fortement dépendants du poisson, qui assure jusqu’à
27% de l’apport alimentaire en protéines (contre
13% dans les pays moins vulnérables). En outre, ces
pays produisent 20% des exportations mondiales
de poisson et doivent donc impérativement
planifier l’adaptation pour conserver ou accroître la
contribution du secteur de la pêche à leur économie
et à leur stratégie de réduction de la pauvreté
(Allison et al. 2009).
Pour planifier l’adaptation au niveau du terrain, il
faut progressivement ramener au niveau régional
puis à un niveau inférieur les changements prévus
au niveau mondial; plus le degré de certitude
est élevé et la zone géographique pour laquelle
les prédictions sont formulées est réduite, plus
l’information générée peut déboucher sur la prise de
mesures concrètes. Les effets décrits ici concernent
les niveaux régional et sous-régional et reposent sur
des évaluations menées par le GIEC (2007), la FAO
(2008e) et la Banque mondiale (2013).
Afrique
•
­ stocks de poissons déjà en situation précaire
Les
continueront à décliner du fait du réchauffement
de l’eau et de divers autres changements
physiques et écosystémiques.
TABLEAU 2
Pays les plus vulnérables du point de vue des incidences du changement climatique sur le secteur
de la pêche
Rang Pays
Rang Pays
Rang Pays
Rang Pays
1
Angola (WCA)
9
Niger (WCA)
17
Zimbabwe (ESA)
25
Ghana (WCA)
2
RD Congo (WCA)
10
Pérou (LAC)
18
Côte d’Ivoire (WCA)
26
Guinée-Bissau (WCA)
3
Fédération de Russie
11
Maroc (NEN)
19
Yémen (NEN)
27
Viet Nam (APR)
4
Mauritanie (WCA)
12
Bangladesh (APR)
20
Pakistan (APR)
28
Venezuela (LAC)
5
Sénégal (WCA)
13
Zambie (ESA)
21
Burundi (ESA)
29
Algérie
6
Mali (WCA)
14
Ukraine
22
Guinée (WCA)
30
Cambodge (APR)
7
Sierra Leone (WCA)
15
Malawi (ESA)
23
Nigeria (WCA)
31
Tanzanie (ESA)
8
Mozambique (ESA)
16
Ouganda (ESA)
24
Colombie (LAC)
32
Gambie (WCA)
Source: Allison et al. (2009) d’après Williams et Rota (2010), modifié.
La division régionale du FIDA concernée est indiquée à côté du nom du pays. Les pays dans lesquels le FIDA est actif
sont indiqués en caractères gras.
•
•
•
•
­
Des
inondations menaceront la côte de l’Afrique
orientale et les deltas côtiers tels que celui du Nil
et seront accompagnées d’une dégradation des
écosystèmes marins ainsi que de divers autres
changements physiques et écosystémiques.
­L’Afrique subsaharienne souffrira de vagues de
chaleur et de sécheresses sans précédent, qui
frapperont durement l’élevage, la production
végétale, la couverture végétale, et les moyens
d’existence des communautés rurales.
­Les incidences du changement climatique sur les
océans altéreront de plus en plus les cycles de
migration du poisson et sa disponibilité locale.
En Afrique de l’Ouest, où le poisson constitue
une importante source de protéines, la quantité
de prises pourrait être divisée par deux en 2050
par rapport au niveau de 2000. Les prises de la
pêche côtière risquent aussi de baisser de 5 à
16% en Afrique orientale et australe, tandis que
les prises de la pêche en haute mer pourraient
augmenter de 16% dans la même zone. Le long
des côtes de la Somalie et de l’Afrique du Sud,
les captures pourraient être multipliées par deux.
­En Afrique, Ovie et Belel (2010) se sont
récemment penchés sur les effets ressentis par les
communautés installées le long de cours d’eau,
autour du bassin du lac Tchad que se partagent
le Cameroun, la République centrafricaine, le
Tchad, le Niger, le Nigéria et le Soudan. Plus de
200 millions de personnes vivent des ressources
naturelles de la zone, où la pêche, l’agriculture
et l’élevage constituent les principaux moyens
d’existence. Le lac Tchad est très peu profond, sa
•
profondeur variant de 2,5 à 10,5 mètres. Depuis
les années 70, il traverse des bouleversements
environnementaux, notamment des épisodes
de sécheresse intense qui ont entraîné un
rétrécissement de sa surface, laquelle est passée
de 25 000 kilomètres carré dans les années 60 à
2 500-6 000 kilomètres carré dans les années 80
et 90. En conséquence, les prises sont tombées
de 220 000 tonnes par an à 100 000 tonnes par
an pendant cette période. Il est probable que ces
changements résultent d’une combinaison de
pressions humaines et de pressions climatiques
sur l’écosystème.
­La FAO (2007) rend compte de deux autres cas
de pêche dans des lacs africains, où les effets
du changement climatique – essentiellement la
diminution des précipitations et la modification
des régimes de vents – se font déjà sentir,
entraînant des fluctuations de la production
primaire et du rendement de la pêche:
• Au Malawi, le lac Chilwa est considéré
comme un lac endoréique, dont la surface
diminue périodiquement et qui s’assèche
quand les précipitations sont faibles mais
qui permet de couvrir jusqu’à 25% des
besoins du pays en poisson dans les années
très productives. Cependant, la moyenne
des précipitations ayant progressivement
diminué, les périodes sèches sont devenues
plus fréquentes et les rendements en
poisson ont baissé en conséquence.
• Le lac Tanganyika qui est partagé entre
quatre pays – le Burundi, la République
23
démocratique du Congo, la Tanzanie et la
Zambie – est un important site de pêche
aux petits pélagiques. Mais le rendement de
la pêche est en recul pour diverses raisons,
notamment la surpêche et les incidences
du changement climatique, telles que le
ralentissement de la vitesse du vent et le
réchauffement de l’eau qui font que les
eaux profondes riches en éléments nutritifs
ont moins tendance à monter se mélanger
aux eaux de surface où vivent les poissons
pélagiques exploités.
•
•
Asie
•
•
•
•
24
­ e stress hydrique concernera des millions de
L
personnes en Asie centrale et en Asie du Sud, de
l’Est et du Sud-Est, notamment dans les grands
bassins hydrographiques tels que celui du
Chang Jiang.
­Les habitats se prêtant à l’élevage du poisson,
la disponibilité de poisson à consommer
et, en dernier ressort, l’abondance des
populations de poisson dans les eaux
asiatiques seront considérablement altérés. Le
secteur de l’aquaculture et les infrastructures
correspondantes, en particulier dans les
mégadeltas densément peuplés, seront
probablement frappés de plein fouet par des
inondations côtières. Vers 2050, le changement
climatique deviendra le principal facteur
de changement et jusque-là, se fera sentir
essentiellement en exacerbant les autres facteurs.
­L’Asie du Sud-Est est de plus en plus vulnérable
aux changements graduels, notamment
l’élévation du niveau de la mer et le
réchauffement et l’acidification de l’océan, mais
la région souffre aussi de certaines incidences
brutales, telles que l’accroissement de la
fréquence et de l’intensité des cyclones et des
vagues de chaleur.
­Les activités de pêche et d’aquaculture sont
gravement menacées, en particulier dans les
deltas fluviaux fortement vulnérables, où les
installations sont exposées à l’élévation du niveau
de la mer, l’érosion et les invasions d’eau salée.
Le réchauffement et l’acidification de l’océan
ainsi que la diminution des quantités d’oxygène
dissous dans l’eau entraîneront une baisse de
la taille moyenne des organismes marins et
provoqueront des épisodes plus graves et plus
fréquents de décoloration des coraux. Il est
prévu que la production mondiale de poisson
•
de mer baisse de 20% d’ici à la fin du siècle.
Le secteur aquacole aura également à souffrir
de problèmes liés au changement climatique,
notamment les hausses de température, la
salinisation et la multiplication des phénomènes
météorologiques extrêmes.
­Les communautés côtières pratiquant la pêche et
l’aquaculture sont déjà touchées par les cyclones
et les tempêtes, l’élévation du niveau de la mer et
les invasions salines associées, et le seront de plus
en plus à l’avenir.
­Avec la très forte densité démographique et la
grande pauvreté qui la caractérisent, l’Asie du
Sud fait partie des régions les plus fragiles face
aux incidences du changement climatique. Il est
prévu que la région soit confrontée à des périodes
de chaleur plus fréquentes et plus extrêmes, à
des précipitations de plus en plus irrégulières
et intenses, avec une augmentation de 40% des
précipitations annuelles dans un monde où la
température aurait augmenté de 4°C, mais aussi
à un nombre croissant de jours sans précipitation
et à la fonte des glaciers dans la chaîne de
l’Himalaya. De plus, la présence de grands deltas
rend l’Asie du Sud particulièrement vulnérable
face à l’élévation du niveau de la mer.
­Le bassin inférieur du Mékong, qui produit
2,1 millions de tonnes de poissons sauvages par
an – représentant plus de 2,1 milliards d’USD à
la première vente et plus de 4,2 milliards d’USD
sur les marchés de détail – fait vivre plus de
40 millions de personnes. Selon le Programme
des Nations Unies pour l’environnement
(PNUE), les menaces qui pèsent sur la pêche
pratiquée dans cette zone sont d’origine
humaine – notamment construction de barrages,
changement d’affectation des terres et pollution
– et d’origine climatique – notamment élévation
du niveau de la mer, invasions d’eau salée
et modification du régime de précipitations
(PNUE 2010).
Pacifique
•
­ n ce qui concerne les pays et les territoires
E
insulaires du Pacifique, le Secrétariat général de
la Communauté du Pacifique (2008) prévoit
que le changement climatique entraînera
une diminution considérable des ressources
halieutiques côtières, avec une réduction
potentielle de la production de 50% d’ici à 2100,
en raison du réchauffement et de l’acidification
•
•
de l’océan et compte tenu de la perte d’habitats
importants tels que récifs coralliens, prairies sousmarines et mangrove.
­Les incidences annoncées sont les suivantes:
i) modification de la répartition et de l’abondance
du thon, imputable aux changements observés
dans la température de l’eau, les courants
et les chaînes trophiques dont le thon est le
sommet; ii) dégâts aux infrastructures compte
tenu de l’intensification des intempéries; et
iii) augmentation du coût de la pêche en mer
du fait qu’il faut moderniser les flottilles pour
améliorer la sécurité et que le nombre de jours
passés en mer diminue parce que les intempéries
sont plus graves et plus fréquentes.
­Des intempéries et des cyclones plus violents et
plus fréquents pourraient aussi endommager
considérablement la mangrove qui joue souvent
le rôle de barrière naturelle, constitue aussi un
écosystème précieux et un lieu de reproduction
pour les espèces marines, et génère de nombreux
avantages au profit des communautés locales.
Amérique latine
•
•
­­ plaines côtières seront touchées par
Les
l’élévation du niveau de la mer et les épisodes
météorologiques extrêmes, liés en particulier au
phénomène El Niño-Oscillation australe, qui
auront des incidences sur l’estuaire du Rio de La
Plata, la morphologie côtière, les récifs coralliens,
la mangrove, l’emplacement des stocks de
poissons et la disponibilité d’eau potable.
­Les variations observées dans le phénomène
El Niño-Oscillation australe auront des effets
considérables sur la productivité de la pêche aux
petits pélagiques le long des côtes du Pérou et
du Chili.
Petits États insulaires en développement
• ­La pêche souffrira du réchauffement de la surface
de la mer et de l’élévation de son niveau ainsi que
des dégâts provoqués par les cyclones tropicaux.
• ­La dégradation des récifs coralliens aura
des conséquences majeures sur les moyens
d’existence locaux, en compromettant les revenus
tirés de la pêche et du tourisme et en mettant en
péril tout le système économique.
• ­Les terres agricoles et la sécurité alimentaire
seront confrontées à plusieurs problèmes:
élévation du niveau de la mer, inondations,
salinisation des sols, pénétration d’eau de
mer dans les plans d’eau douce et difficultés
d’approvisionnement en eau douce.
Contribution de la pêche et de
l’aquaculture au changement
climatique
Il est largement admis que la pêche et l’aquaculture
feront partie des premiers secteurs à ressentir les
effets du changement climatique. Certains de ces
effets sont désormais inévitables (par exemple, le
réchauffement des océans) ou irréversibles sur des
périodes inférieures à un millénaire (par exemple,
l’acidification), mais d’autres effets seront plus ou
moins graves selon l’ampleur des changements
climatiques à venir, donc des futurs scénarios
d’émission mondiale. C’est pourquoi, à l’avenir,
la planification du développement des secteurs de
la pêche et de l’aquaculture devrait faire en sorte
que la contribution de ces secteurs aux émissions
mondiales soit minimale et que, partout où on le
peut, des mesures d’atténuation soient mises en
œuvre. La pêche et l’aquaculture contribuent de
manière mineure, quoique non négligeable, aux
émissions mondiales de gaz à effet de serre – lesquels
sont responsables du changement climatique
induit par l’homme – tout au long de la filière
(Daw et al. 2009; FAO 2009a). La promotion d’une
croissance verte – qui consiste à “favoriser la croissance
économique et le développement tout en veillant à ce que
les actifs naturels continuent de fournir les ressources et
les services environnementaux sur lesquels repose notre
bien-être” (OCDE 2011:9) – prend explicitement
en considération la contribution de la pêche aux
émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Pêche. L’estimation de l’émission de gaz à effet
de serre imputable aux opérations de pêche varie
en fonction des auteurs. Tyedmers et al. (2005)
ont calculé que la flottille de pêche mondiale
consommait 42 millions de tonnes de carburant
par an (soit 1,2% de la consommation mondiale
annuelle de carburant‑pétrole, qui pourrait être
réduit par l’amélioration des techniques et la
gestion des stocks [FAO 2007; Daw et al. 2009]) et
générait 134 téragrammes (Tg2) de CO2 par an. Les
principaux facteurs de la consommation d’énergie
dans les opérations de pêche sont les suivants:
i) les méthodes de pêche adoptées – en général, les
engins de pêche mobiles (par exemple, les chaluts
de fond et les sennes tournantes) demandent
plus de carburant que les engins statiques/
passifs tels que les filets maillants; et ii) l’état
des stocks ciblés – les stocks faisant l’objet d’une
surpêche sont moins denses et demandent plus de
2. Un téragramme est égal à 1012 grammes.
25
ressources et de carburants par tonne de poisson
débarqué (FAO 2008e). Les autres émissions sont
associées à la transformation, l’entreposage et la
commercialisation des produits halieutiques dans le
monde entier, qui supposent le recours au transport
aérien, au transport maritime et à la réfrigération.
L’aquaculture a probablement une relation
plus complexe avec les émissions de carbone. La
contribution de l’aquaculture au changement
climatique résulte en partie du défrichement
de la mangrove, en particulier à des fins de
développement de l’élevage de crevettes, bien que
ces défrichements soient devenus plus rares ces
dernières années (De Silva et Soto 2009). L’élevage
d’animaux terrestres est une importante source
mondiale de gaz à effet de serre (responsable
de 18% des émissions et de 37% de toutes les
émissions de méthane induites par l’homme, selon
certaines estimations), tandis que les animaux
aquatiques d’élevage n’émettent du CO2 que dans
le cadre de la respiration normale et ne produisent
pas de méthane, ce qui fait que leur contribution
est beaucoup plus modeste (De Silva et Soto 2009).
La consommation d’énergie et l’alimentation des
animaux aquatiques constituent les principales
sources d’émission de carbone dans le secteur
aquacole, avec une différence notable entre les
systèmes d’aquaculture intensifs à recyclage
qui requièrent l’emploi de pompes et de filtres
et les systèmes plus extensifs peu gourmands
en intrants, notamment la culture d’algues et
l’élevage de mollusques et de crustacés (Bunting
et Pretty 2007). Les autres incidences observées
le long de la filière sont liées à la consommation
d’énergie des installations de transformation, à la
production d’aliments pour animaux aquatiques et à
l’entreposage et au transport des produits.
Une analyse du cycle de vie3 appliquée à différentes
techniques d’élevage de crevettes en Chine a
permis d’évaluer l’impact environnemental de
systèmes d’élevage intensifs par opposition à des
systèmes semi-intensifs (dont les produits sont
destinés respectivement à l’exportation et aux
marchés nationaux), y compris du point de vue
du réchauffement mondial, de l’acidification, de
l’eutrophisation, de la consommation d’énergie
cumulée et de l’utilisation de ressources biotiques.
Les résultats ont montré que l’élevage intensif avait
des incidences environnementales par unité de
production nettement plus marquées que l’élevage
semi-intensif et ce, dans toutes les catégories d’impact,
les émissions les plus importantes étant imputables à
la production d’aliments pour animaux aquatiques,
à l’emploi d’électricité et aux effluents au niveau de
l’exploitation. Les résultats ont aussi montré que,
par tonne de crevettes produites, la consommation
d’énergie des systèmes intensifs était supérieure de
470% à celle des systèmes semi-intensifs
(Cao et al. 2011).
Cependant, selon une étude relative à la
consommation d’énergie dans le secteur de
l’aquaculture tropicale (Henriksson et Troell, non
daté), l’intensité de la production ne constitue pas
nécessairement le principal facteur de l’émission de
gaz à effet de serre et la consommation d’énergie
peut être considérablement réduite en recourant
à des services écosystémiques plutôt qu’à des
systèmes anthropogéniques. L’étude souligne que
la production d’aliments pour animaux aquatiques
est la pratique qui consomme le plus d’énergie. La
figure ci-dessous illustre les diverses étapes de la
consommation d’énergie en aquaculture, qui ont été
prises en compte dans l’analyse du cycle de vie pour
évaluer la consommation d’énergie.
La figure ci-dessous montre les divers éléments de
la consommation totale d’énergie dans différents
systèmes de production et pour différentes espèces,
les losanges représentant l’énergie totale cumulée
(Henriksson et Troell, non daté). L’ostréiculture
ressort clairement comme le type d’aquaculture
marine ayant le meilleur rendement énergétique,
tandis que l’élevage de pangasius avec pompage
de l’eau est le système qui utilise le plus d’énergie
compte tenu de sa forte consommation de carburant.
Une analyse du cycle de vie des aliments pour
animaux aquatiques utilisés dans le secteur de
l’aquaculture au Bangladesh – réalisée par le Centre
of Excellence on Environmental Strategy for Green
Business (VGREEN) en 2012 et tenant compte des
effets potentiels en termes de réchauffement mondial,
acidification et eutrophisation de l’eau douce/eau de
mer – a montré que la production des ingrédients
pour aliments industriels flottants et coulants était
responsable de plus de 70% de l’ensemble des
incidences imputables aux aliments pour animaux
3. L’analyse du cycle de vie examine les impacts environnementaux et tout autre impact potentiel d’un produit pendant sa
durée de vie, depuis le stade de matière première jusqu’à l’élimination, en passant par la production et l’utilisation. L’analyse
du cycle de vie peut aussi être employée pour évaluer les incidences environnementales d’un processus ou d’un service
pendant toute la durée de son cycle de vie, depuis la conception jusqu’à l’achèvement.
26
FIGURE 2
Processus consommant de l’énergie dans les systèmes d’aquaculture
PÊCHE
DE CAPTURE
COPRODUITS
DE L’ÉLEVAGE
ECLOSERIE
FABRICATION
D’ALIMENTS
POUR ANIMAUX
PRÉLÈVEMENT
DANS LA
NATURE
PRODUITS
CHIMIQUES
INCIDENCES
ENVIRONNEMENTALES
CHAUX
EXPLOITATION
TRANSFORMATION
AGRICULTURE
TRAITEMENT
DES DÉCHETS
ENGRAIS
MATÉRIAUX
D’EMBALLAGE
MARCHÉ
INFRASTRUCTURES
MAIN D’ŒUVRE
LIMITE DU SYSTÈME
CONSOMMATION
Source: Henriksson et Troell, non daté
aquatiques. Les ingrédients qui produisent le plus
d’incidences sont la farine de soja, la farine de viande
et d’os, la farine de blé et le maïs. L’étude a aussi
démontré que les aliments coulants présentaient
un potentiel de réchauffement mondial légèrement
inférieur à celui des aliments flottants, et que les
aliments faits maison avaient moins d’incidences
dans toutes les catégories que les aliments industriels,
qu’ils soient flottants ou coulants. Cependant, les
indices de conversion (kilogrammes d’aliment
fourni par kilogramme de gain de poids de poisson)
sont beaucoup plus élevés pour les aliments faits
maison que pour les aliments coulants/flottants
(respectivement 3,5 et 2,0). En conséquence, du point
de vue du potentiel de réchauffement mondial, la
différence entre les deux types d’aliments est nulle
ou considérablement réduite, dans la mesure où la
quantité excédentaire d’aliments faits maison qui
n’est pas consommée par les animaux d’élevage
libère des gaz de serre supplémentaires lors de la
décomposition (VGREEN 2012).
Il convient de rappeler que la plupart des systèmes
de production aquacole se caractérisent par des
émissions de carbone inférieures à celles des autres
secteurs de production de protéines en exploitation.
Par exemple, en Suède, la production de viande
entraîne l’émission de quelque 14 kilogrammes (kg)
de CO2 par kg de viande bovine et quelque 4,8 kg de
CO2 par kg de viande de porc. En Belgique, ces valeurs
sont encore plus élevées, avec 34 kg et 11 kg de CO2
par kilogramme de viande bovine et kilogramme de
viande de porc respectivement. Par comparaison,
l’empreinte CO2 moyenne des 10 principales espèces
de poisson (provenant à la fois de la pêche et de
l’aquaculture) vendues dans le commerce au détail
est égale à 6,1 kg de CO2 par kg de produit (Davies
2010). Dans le secteur de l’aquaculture, l’élevage de
crevettes est l’activité dont l’empreinte carbone est
la plus élevée (11,10 kg de CO2 par kg de crevettes),
tandis que le tilapia, les carpes et les bivalves
(huîtres et moules) peuvent être considérées comme
27
des espèces à faible impact, puisqu’elles génèrent
respectivement 1,67 kg, 0,80 kg et 0,01 kg de CO2 par
kg de produit (Davies 2010).
Une autre activité intéressante à examiner dans le
cadre du débat relatif à l’impact environnemental
de l’aquaculture est la rizipisciculture. L’intégration
de la riziculture et de l’élevage de petits poissons
permet de produire des aliments et des revenus
intéressants et constitue une bonne stratégie
d’adaptation en milieu inondé. Cependant, des
études ont montré que cette pratique accroissait
la quantité de gaz à effet de serre émise par les
rizières. Datta et al. ont étudié les quantités d’oxyde
nitreux (N2O) et de méthane (CH4) produites par
les systèmes de production intégrés riz‑poisson
dans des conditions de culture pluviale en
zones basses et les ont comparées aux émissions
de rizières simples (Datta et al. 2008). Ils ont
démontré que, par rapport à la riziculture simple, la
rizipisciculture entraînait une augmentation de 74
à 112% de l’émission de méthane et une réduction
de l’émission d’oxyde nitreux. Du point de vue
du potentiel de réchauffement global (équivalent
CO2), les émissions totales de gaz à effet de serre du
système riz-poisson étaient beaucoup plus élevées
parce que la proportion de méthane dans les gaz émis
était, de loin, plus importante (Datta at al. 2008).
Un programme Croissance verte dans le secteur de
la pêche? Un programme de croissance verte dans
les secteurs de la pêche et de l’aquaculture mettrait
l’accent sur la réduction de l’empreinte carbone de la
filière, tout en préservant ses contributions sociales
et économiques et son caractère durable.
La figure ci-dessous montre les divers éléments de
la consommation totale d’énergie dans différents
systèmes de production et pour différentes espèces,
les losanges représentant l’énergie totale cumulée
(Henriksson et Troell, non daté). L’ostréiculture
ressort clairement comme le type d’aquaculture
marine ayant le meilleur rendement énergétique,
tandis que l’élevage de pangasius avec pompage
de l’eau est le système qui utilise le plus d’énergie
compte tenu de sa forte consommation de carburant.
FIGURE 3
Éléments de la consommation totale d’énergie dans différents systèmes de production et pour
différentes espèces
60.000
50.000
50%
40.000
60%
30.000
40%
20.000
20%
10.000
0
Source: Henriksson et Troell, non daté
28
Huître
Pangasius, pompage
Pangasius, marées
Milkfish, intensif
Milkfish, semi-extensif
Milkfish, extensif
0%
Apport total en énergie, MJ tonne -1
Pourcentage de l’apport total en énergie
100%
Chaux
Transport
Carburant sur le site
Aliments pour animaux
Engrais
Cylindres de béton
Electricité sur le site
Ecloserie
©FIDA/Susan Beccio
29
Mesures permettant d’intégrer
l’adaptation au changement climatique
et son atténuation dans les projets
intéressant la pêche et l’aquaculture
“Dans la mesure où le changement climatique a déjà des
incidences sur les systèmes de pêche et d’aquaculture
et les communautés qui en dépendent, il est impératif
de prendre des mesures sans tarder pour améliorer la
capacité d’adaptation et de récupération de ces systèmes
vulnérables, en particulier dans les pays et les communautés
jugés les plus fragiles face au changement” (FAO 2010c).
Vulnérabilité, adaptation et résilience
Selon le GIEC (2007), la vulnérabilité désigne le
degré auquel un système est sensible au changement
climatique et n’est pas en mesure de s’adapter à ses
effets négatifs. La vulnérabilité d’un ménage ou d’une
communauté de pêcheurs face aux incidences du
changement climatique est fonction de trois grandes
variables: i) l’exposition aux incidences – nature du
changement climatique et degré auquel les activités
de pêche, les exploitations d’aquaculture et les
communautés sont exposées à ce changement;
ii) la sensibilité - degré auquel un système répondra à
un changement des paramètres climatiques; et
iii) la capacité d’adaptation – aptitude à changer pour
surmonter le stress climatique.
S’agissant des communautés jugées fragiles face
au changement climatique, les mesures favorisant
l’adaptation doivent porter sur certaines de ces
variables voire sur toutes: l’exposition, la sensibilité
et la capacité d’adaptation (Allison et al. 2007; Daw
et al. 2009). À la base, ces mesures doivent viser
à assurer la résilience – c’est-à-dire, l’aptitude à
absorber les perturbations induites par le changement
climatique tout en conservant une qualité de vie
acceptable. Idéalement, il convient de préférer les
options gagnant-gagnant ou “sans regrets” qui, à
la fois renforcent la résilience face au changement
climatique et multiplient les possibilités de prospérer
sur les plans économique et social, tout en préservant
ou en améliorant la base de ressources naturelles
et en contribuant à la réduction de la pauvreté, à la
30
sécurité alimentaire et à la réalisation des objectifs
de développement durable. Ces options sont
intéressantes même en l’absence de changement
climatique et sont particulièrement précieuses dans
les situations où une grande incertitude règne quant
à la forme que prendra le changement climatique
à l’avenir. Bien entendu, les stratégies d’adaptation
sont propres au lieu et au contexte, donc difficiles à
modéliser et à prévoir (FAO 2008e).
Nicholls et al. (2007) classent les mesures
d’adaptation dans deux catégories: l’adaptation
autonome, qui consiste à continuer à exploiter les
connaissances et les technologies existantes pour
faire face à l’évolution du climat quand elle survient;
et l’adaptation planifiée, qui consiste à renforcer la
capacité d’adaptation en mobilisant les institutions
et en élaborant des politiques, de manière à créer ou
consolider les conditions favorables à une adaptation
efficace et à l’investissement dans de nouvelles
technologies et infrastructures.
Il convient de souligner que le changement climatique
n’est que l’un des nombreux stress interdépendants
qui touchent la pêche et l’aquaculture, les autres étant
notamment la dégradation de l’environnement, la
gouvernance médiocre, la pauvreté et la pollution.
En général, les mesures d’adaptation gagnantgagnant/sans regrets, qui réduisent l’exposition et
la sensibilité et renforcent la capacité d’adaptation,
s’attaquent aussi à ces stress non climatiques. Pour
renforcer l’aptitude à surmonter des stress d’origines
multiples, il est essentiel d’améliorer la situation
socioéconomique des communautés, la gouvernance,
et la gestion des ressources naturelles (Mangroves for
the Future [MFF] 2010).
Il convient de souligner que tous les effets du
changement climatique ne sont pas négatifs; par
conséquent, les stratégies d’adaptation doivent
faire en sorte que les avantages apportés par le
changement climatique soient accessibles aux
communautés ciblées.
FIDA
Cycle de projet
Pour élaborer ses projets et programmes, le FIDA
s’appuie sur plusieurs outils et directives qui ont été
conçus pour aider le personnel et les consultants du
Fonds associés aux différentes étapes du processus à
produire des projets de développement de qualité, qui
soient en prise sur les réalités du terrain et répondent
aux besoins et aux aspirations des partenaires du
projet – notamment, les femmes rurales pauvres
(FIDA 2007b).
Dans le modèle opérationnel du FIDA, le cycle
de projet est articulé autour de deux grandes
composantes: l’élaboration du projet et l’exécution
du projet. Le processus d’élaboration du projet
comporte trois étapes: i) note conceptuelle du projet,
ii) conception détaillée, et iii) achèvement de la
conception. L’élaboration et l’exécution des projets
sont généralement alignées sur des programmes
d’options stratégiques pour les pays (COSOP), qui
recensent les possibilités de financement par le FIDA
et les partenariats connexes, facilitent la gestion des
résultats et constituent ainsi un cadre permettant
au FIDA de faire des choix stratégiques quant aux
opérations à conduire dans un pays.
Les présentes directives qui décrivent une série
de mesures permettant de diagnostiquer et de
contrecarrer les menaces d’origine climatique qui
pèsent sur les communautés d’artisans pêcheurs
et de petits aquaculteurs s’appliquent donc plus
particulièrement aux étapes de l’élaboration des
COSOP et de l’élaboration des projets.
Objectif de l’ASAP: Les petits exploitants pauvres sont plus
résilients face au changement climatique.
Objectif spécifique: Les approches d’adaptation apportant
des avantages multiples aux petits exploitants pauvres sont
transposées à plus grande échelle.
Principaux indicateurs de l’ASAP applicables aux secteurs
de la pêche et de l’aquaculture:
• Nombre de membres de ménages paysans pauvres
dont la résilience face au changement climatique a été
renforcée;
• Nombre de personnes (en particulier les femmes),
de groupements communautaires et d’institutions
participant à la gestion du risque climatique, à la gestion
de l’environnement et des ressources naturelles ou à la
réduction du risque de catastrophe;
• Valeur en USD des infrastructures rurales nouvelles ou
déjà en place, rendues résilientes face au changement
climatique;
• Nombre de tonnes de gaz à effet de serre (CO2) dont
l’émission a été évitée et/ou qui ont été fixées.
aux marchés, la préservation de l’environnement et
le renforcement des capacités institutionnelles. En
ce qui concerne le FIDA, il s’agit de multiplier les
activités qui donnent de bons résultats et de les faire
mieux. Par conséquent, le premier principe de l’ASAP
est la transposition à plus grande échelle d’approches
La pêche et l’aquaculture dans la réponse
donnée par le FIDA au changement climatique4
de développement rural éprouvées et fiables – qui ont
Face au changement climatique, la stratégie du FIDA
vise l’obtention d’un impact maximal sur la pauvreté
rurale dans un contexte climatique en mutation.
Selon l’ASAP, répondre au changement climatique ne
veut pas dire qu’il faut mettre au rebut ou réinventer
tout ce que l’on sait déjà du développement. Il
convient plutôt de redoubler d’efforts en vue
de relever les grands défis bien connus que
soulève le développement et de placer une juste
appréciation des risques au cœur du programme de
développement. Pour que la réponse au changement
climatique soit cohérente, il faut continuer à mettre
l’accent sur: le développement piloté par les pays, la
gestion communautaire des ressources naturelles,
l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes,
la sécurité foncière, l’accès aux services financiers et
à renforcer la résilience des petits exploitants.
démontré qu’elles pouvaient effectivement contribuer
Mais, dans le contexte du changement climatique,
il faut aussi introduire dans les programmes de
développement rural des approches novatrices
qui améliorent l’efficacité et l’impact alors même
que le contexte évolue et devient de plus en plus
incertain. Les nouvelles approches consistent
notamment à utiliser des modèles climatiques à
échelle réduite pour planifier des scénarios à long
terme, à promouvoir les analyses communautaires
de la vulnérabilité et des capacités dans le domaine
du changement climatique, et à doter les institutions
locales des moyens de participer à l’élaboration
des politiques nationales relatives au changement
climatique. Il peut aussi s’agir d’améliorer la collecte,
4. Tiré de la brochure relative à l’ASAP
31
l’analyse et la diffusion de données météorologiques,
d’établir des systèmes de suivi de l’adaptation au
climat reposant sur des observations factuelles, de
fournir un accès à des dispositifs de transfert des
risques/d’assurance et de réévaluer les infrastructures
et les plans d’occupation des sols et d’utilisation
de l’eau, en tenant compte des risques nouveaux
et d’apparition récente, notamment l’élévation du
niveau de la mer.
Dans cette optique, les mesures envisagées par le
FIDA pour faire face au changement climatique
mettent l’accent sur les aspects suivants: i) fonder
les projets et les politiques sur une évaluation
approfondie des risques et une meilleure
connaissance des interconnections existant entre
les artisans pêcheurs et les petits aquaculteurs, les
écosystèmes dont ils dépendent et les demandes
concurrentes des autres usagers; ii) transposer
à beaucoup plus grande échelle les approches à
avantages multiples performantes du développement
durable de la pêche artisanale et de la petite
aquaculture. Non seulement ces approches renforcent
la résilience face aux chocs climatiques, mais elles
contribuent aussi à la réalisation d’autres objectifs
stratégiques d’intérêt public, comme la réduction
de la pauvreté, la conservation de la biodiversité,
l’amélioration de la production et la diminution
de l’émission de gaz à effet de serre; iii) permettre
aux artisans pêcheurs et aux petits aquaculteurs de
devenir des bénéficiaires à part entière des fonds
liés au changement climatique et de générer des
avantages multiples variés, qui vont au-delà de
l’approche traditionnelle axée sur la pauvreté et
les rendements.
Les mesures décrites plus loin ont été sélectionnées
en accord avec la logique qui vient d’être exposée.
Elles ont été choisies à l’issue d’un examen des
pratiques optimales en matière d’adaptation
au changement climatique et d’atténuation du
changement climatique, et sont – en général – des
approches à avantages multiples, qui offrent des
solutions combinées permettant, à la fois de faire
face aux menaces climatiques, et de s’attaquer
aux nombreux problèmes supplémentaires que
rencontrent actuellement la pêche artisanale et la
petite aquaculture ainsi que les communautés qui
en dépendent.
Ces mesures contribuent aussi à la réalisation
de l’objectif général et de l’objectif spécifique du
programme ASAP et réunissent habituellement les
32
critères ouvrant droit à des financements au titre
d’un ou de plusieurs fonds pour le climat auxquels
le FIDA a accès, notamment l’ASAP, ainsi que le FEM,
le Fonds spécial pour les changements climatiques,
le Fonds pour les pays les moins avancés et le
Fonds d’adaptation, et d’autres sources majeures de
ressources liées au climat. Par exemple, les activités
suivantes peuvent être financées au titre de l’ASAP:
i) régénération d’écosystèmes naturels, de forêts de
mangrove, de zones humides côtières, de dunes de
sable et de récifs coralliens pour protéger les moyens
d’existence contre les risques d’origine climatique
dans les zones côtières; ii) gestion intégrée des
ressources en eau pour préserver et améliorer le bon
fonctionnement des bassins versants; iii) accès des
communautés à des informations sur les prévisions
météorologiques et le climat; et iv) renforcement
des compétences dans les services de recherche, de
conseil et de vulgarisation, sur la gestion des risques
d’origine climatique et l’adaptation.
Généralités sur l’adaptation
En matière de gestion des ressources naturelles, il
existe deux approches à avantages multiples qui
s’appliquent plus particulièrement à la pêche et
à l’aquaculture et qui génèrent une vaste gamme
d’avantages sociaux, environnementaux et
économiques, et notamment favorisent l’adaptation
au changement climatique. Ces approches – qui
doivent être promues dans toutes les interventions
du FIDA relatives aux secteurs de la pêche et de
l’aquaculture, indépendamment du lieu et du
contexte – sont l’approche écosystémique et les
régimes de cogestion.
Approche écosystémique
Un grand nombre de facteurs qui rendent la pêche
artisanale et la petite aquaculture vulnérables face au
changement climatique, notamment la dégradation
des habitats et la pollution, trouvent leur origine à
l’extérieur du secteur. Par conséquent, il faut adopter
une approche intégrée et globale de la résolution
des problèmes, et s’appuyer en particulier sur
une collaboration intersectorielle, pour renforcer
la résilience des communautés de pêcheurs et
d’aquaculteurs face au changement climatique.
Dans cette optique, la mise en œuvre de l’“approche
écosystémique” de la pêche et de l’aquaculture
constitue une mesure essentielle.
Comme l’indique la Convention sur la diversité
biologique (CDB), l’approche écosystémique consiste
en “une stratégie de gestion intégrée des terres, des eaux
et des ressources vivantes, qui favorise la conservation et
l’utilisation durable d’une manière équitable”5. Dans
le cadre d’une approche écosystémique, la pêche,
l’aquaculture et l’agriculture sont considérées comme
des activités intégrées relevant des mêmes stratégies
générales de gestion des terres et de l’eau et comme
des éléments intégrés des moyens d’existence
locaux. L’approche écosystémique de la pêche et
l’approche écosystémique de l’aquaculture, telles
qu’elles sont définies par la FAO, ont un champ
d’application légèrement plus limité que celui de
l’approche écosystémique décrite par la CDB, car
elles concernent principalement les activités propres
aux secteurs de la pêche et de l’aquaculture et
n’établissent pas de liens étroits avec les activités et
l’utilisation des ressources dans les autres secteurs.
Quoi qu’il en soit, du point de vue du FIDA, une
approche qui relie la pêche et l’aquaculture à
l’agriculture est particulièrement intéressante.
Les services écosystémiques – définis comme
les avantages que les populations peuvent
tirer des écosystèmes – constituent un
concept clé de l’approche écosystémique. Les
services écosystémiques consistent en: services
d’approvisionnement, notamment en aliments, eau,
bois et fibres; services de régulation, intéressant le
climat, les inondations, les maladies, les déchets et
la qualité de l’eau; services culturels, liés aux loisirs,
à l’esthétique et à la spiritualité; et services d’appui
tels que formation des sols, photosynthèse et
cycles des éléments nutritifs. La valeur des services
fournis par l’écosystème côtier a été estimée à
plus de 25 mille milliards d’USD par an, ce qui
en fait l’un des écosystèmes les plus précieux sur
le plan économique (Nellemann et al. 2009).
L’espèce humaine, quoique relativement à l’abri des
changements environnementaux grâce à sa culture et
ses technologies, est fondamentalement dépendante
du flux de services écosystémiques (Évaluation des
écosystèmes pour le millénaire 2005; Anthony
et al. 2009).
Par l’intermédiaire de leurs multiples services
écosystémiques, les écosystèmes en bonne santé
favorisent à la fois l’adaptation au changement
climatique et son atténuation. En même temps, ils
sont indispensables à la viabilité des opérations de
pêche et d’aquaculture. C’est pourquoi, au moyen de
la protection et/ou de la régénération des principaux
écosystèmes d’eau douce, côtiers et marins, l’on
peut générer, avec un bon rapport coût-efficacité,
les multiples avantages que sont l’adaptation au
changement climatique, l’atténuation du changement
climatique et le soutien des activités de pêche et
d’aquaculture. Les écosystèmes particulièrement
importants pour la pêche artisanale et la petite
aquaculture sont les récifs coralliens, la mangrove, les
zones humides et les prairies sous-marines.
Le concept d’“adaptation fondée sur les écosystèmes”
face au changement climatique constitue une autre
facette de l’approche écosystémique. Il s’agit d’un
nouveau concept, qui met à profit l’aptitude des
systèmes naturels à faciliter l’adaptation humaine
au changement climatique. Souvent, compte tenu
du fait qu’ils génèrent de multiples avantages
favorisant l’adaptation, les systèmes naturels sont
potentiellement plus intéressants sur le plan des
coûts que des solutions hautement technologiques.
La FAO (2009d) définit l’approche écosystémique
comme “une stratégie d’intégration de l’activité
dans le grand écosystème de manière à promouvoir le
développement durable, l’équité et la résilience d’un
système social et écologique étroitement imbriqué”.
À titre d’illustration de l’approche écosystémique
de l’aquaculture, il convient de citer l’aquaculture
multi-trophique intégrée, qui consiste à produire
conjointement des espèces que l’on nourrit et
des espèces extractives qui utilisent les déchets
organiques et inorganiques de l’aquaculture pour se
développer (Barrington 2009). L’un des principaux
avantages de ce type d’aquaculture est que les coûts
environnementaux de la monoculture (c’est-à-dire,
les effets externes) sont partiellement internalisés.
L’aquaculture multi-trophique intégrée peut être
mise en œuvre à diverses échelles: depuis de
petites opérations convenant à des communautés
pauvres jusqu’à des initiatives commerciales de
grande ampleur à forte intensité de capital. En ce
qui concerne les premières, de bons modèles de
systèmes d’aquaculture marine intégrée en cages
ont été expérimentés dans la baie de Nha Trang
au Viet Nam, dans le cadre d’un projet bénéficiant
d’un appui de DANIDA; les associations d’espèces
étaient les suivantes: escargot, moule verte, algue,
holothurie de sable et poisson (DANIDA 2005).
On peut trouver dans la baie de Fundy, au Canada,
un exemple de grande opération commerciale
d’aquaculture multi‑trophique intégrée marine
qui associe des rangées de cages de salmonidés,
des radeaux de moules et des radeaux d’algues
(Chopin 2006; Barrington 2009). Un autre exemple
d’approche écosystémique de l’aquaculture est
5. www.cbd.int/ecosystem/default.shtml
33
donné par l’aquaculture intégrée qui est définie
comme la culture d’espèces aquatiques dans le
cadre de, ou parallèlement à, la conduite d’autres
activités productives, notamment différents types
d’aquaculture ou de pêche de capture (Angel et
Freeman 2009). L’aquaculture intégrée peut être mise
en œuvre dans la même exploitation ou dans des
opérations situées à proximité l’une de l’autre, par
exemple des élevages de moules et des piscicultures,
ou peut résulter d’une amélioration des possibilités
de production, comme lorsque l’aquaculture sur récifs
artificiels favorise l’augmentation de la biomasse
halieutique locale autour des exploitations (Angel et
Freeman 2009).
La valeur de la conservation des zones humides
pour protéger des inondations la ville de Vientiane,
en République démocratique populaire lao, a été
estimée à un peu moins de 5 millions d’USD, sur la
base de la valeur des dégâts évités. Le rôle joué par
les écosystèmes de zones humides dans la protection
contre les inondations va revêtir une importance
croissante dans de nombreuses régions du monde.
La protection des zones humides à Hail Haor, au
Bangladesh, a contribué à faire augmenter les prises
de pêche de plus de 80% (TEEB 2010), démontrant
les multiples avantages associés à ce type de mesure.
En ce qui concerne l’Afrique, Allison et al. (2007)
soulignent que les zones humides et les parties
profondes des lacs peu profonds, dont dépend la
pêche continentale, doivent être protégées car elles
tiennent lieu de refuge pour les populations de
poissons pendant les périodes de sécheresse mais sont
menacées par l’intensification de l’horticulture et de la
riziculture. Une approche écosystémique garantirait la
gestion coordonnée des activités agricoles (c’est-à-dire,
l’horticulture et la riziculture), de la pêche pratiquée
dans les lacs, et des ressources dont les deux familles
d’activités dépendent, c’est-à-dire les zones humides et
l’eau. Par exemple, à Samoa, un projet du Programme
des Nations Unies pour le développement (PNUD)
aide une communauté de pêcheurs à surmonter sa
vulnérabilité face à l’élévation du niveau de la mer
et aux inondations, au moyen du renforcement de la
résilience de l’écosystème local. Les zones humides
fragiles entourant la communauté sont régénérées
et replantées afin de devenir plus résilientes.
L’amélioration de la circulation de l’eau dans les
zones humides contribue à protéger les logements
et les exploitations des inondations et permet aux
habitats d’élevage de poisson d’être connectés avec la
mer (PNUD 2010).
34
Le passage à des régimes de gestion plus durable
des ressources naturelles ou des écosystèmes a
habituellement un coût, en particulier à court
terme, qui est parfois inégalement réparti, ce qui
suscite des tensions, des conflits et une résistance
à l’amélioration de la gestion. Les mécanismes
de rémunération des services environnementaux
constituent un moyen de dédommager les
populations pour les revenus qu’elles perdent
quand leurs pratiques de pêche, d’aquaculture
ou d’exploitation de ressources naturelles sont
soumises à des restrictions, et de les remercier de leur
contribution au bien commun (Glover 2010).
Le principe qui sous-tend ces mécanismes est que
les écosystèmes, tels que la mangrove, rendent des
services utiles aux populations, en particulier: lutte
contre l’érosion, stabilisation du climat et protection
de la biodiversité. Mais il s’agit de biens publics,
ou d’effets externes positifs, dont les avantages sont
largement répartis et profitent notamment à des
personnes vivant en dehors de la zone de mangrove.
Les populations qui résident dans la mangrove
ou à proximité peuvent préférer l’exploiter pour
se procurer du bois de chauffe et des matériaux
de construction, ce qui aura pour résultats de
compromettre le flux de biens publics. Si l’on veut les
encourager à protéger la mangrove, les populations
doivent recevoir une compensation pour la perte
des revenus et autres avantages dont elles auraient
bénéficié – cette rétribution constitue souvent
un moyen plus efficace de protéger la mangrove
que la simple interdiction d’en abattre les arbres.
Fondamentalement, un mécanisme de rémunération
des services environnementaux consiste donc en un
marché conclu entre les individus qui bénéficient
des services environnementaux et les responsables
du maintien de ces services. La mise en place de
tels arrangements peut s’avérer complexe – le grand
public risque de rechigner à payer un service qui
était gratuit dans le passé ou dont il ne pensait
pas qu’il faudrait un jour le payer. On trouve des
exemples intéressants de rémunération des services
écosystémiques dans le domaine de la gestion des
forêts, au Vietnam (Bui et Hong 2006; Hawkins et
al. 2010) et au Costa Rica (Glover 2010); mais grâce
à la popularité croissante de ces mécanismes, les
exemples positifs se multiplient.
Au Viet Nam, un projet de gestion d’une zone côtière
exécuté par l’Agence allemande de coopération
internationale (GIZ) expérimente des mécanismes
permettant de financer durablement les services
écosystémiques fournis par les zones humides
côtières. L’objectif est d’établir un mécanisme de
partage des avantages incitant les membres du groupe
de cogestion de la mangrove (pauvres et très pauvres)
à ne pas abattre des arbres dans cette zone. De cette
manière, les services écosystémiques fournis par la
mangrove continuent à profiter à la communauté
et, plus spécialement, aux producteurs de palourdes
opérant à proximité de la zone de mangrove.
En échange, les membres du groupement de la
mangrove sont invités à entrer dans la coopérative de
producteurs de palourdes et reçoivent une part des
bénéfices générés par la vente de palourdes.
Les mesures d’adaptation décrites dans les parties
suivantes sont toutes compatibles avec l’approche
écosystémique, mais il faut veiller à les mettre en
œuvre de manière coordonnée et à faire participer
l’ensemble des parties prenantes pour promouvoir
véritablement une approche écosystémique. On
trouvera des informations détaillées sur l’approche
écosystémique de la pêche et de l’aquaculture sur le
site web de la FAO6.
Cogestion
La cogestion est un processus de gestion participative
dans lequel les communautés locales, des entités
publiques de différents niveaux et d’autres parties
prenantes conviennent de se partager les avantages
et les responsabilités de l’utilisation durable de
ressources naturelles renouvelables.
Les approches de cogestion sont intéressantes à de
nombreux égards. La cogestion et l’établissement
de groupements d’agriculteurs sont susceptibles
de constituer des mécanismes efficaces pour
faire entendre la voix des aquaculteurs et des
pêcheurs et promouvoir leur autonomisation
dans un contexte de changement climatique. Ces
mécanismes peuvent faciliter l’adaptation des parties
prenantes au changement climatique grâce à une
gouvernance plus réactive et à une communication
fructueuse avec les autorités locales et nationales
(Fezzardi 2001). La constitution de groupements
de producteurs constitue une première étape du
processus permettant la certification de la durabilité
et la traçabilité des opérations d’aquaculture et de
pêche. La création d’organisations paysannes ou
leur renforcement sont susceptibles d’améliorer
le dialogue et les échanges entre producteurs
et permettre à ceux-ci de mettre en place des
systèmes d’alerte précoce pour les maladies et
de s’informer mutuellement sur les réussites, les
échecs, les techniques et les innovations en ce
qui concerne des questions telles que le choix
des espèces, l’alimentation et la nutrition, et la
gestion des exploitations (Fondation ETC 2010).
Les organisations paysannes peuvent aussi faire en
sorte que la voix des agriculteurs soit mieux prise
en compte dans la définition des programmes
de recherche et dans l’élaboration des politiques
nationales. En Afrique, Allison et al. (2007)
font valoir que la cogestion constitue un moyen
d’améliorer la résilience des systèmes de pêche et
d’aquaculture continentales face au changement
climatique. Les initiatives de cogestion peuvent être
étroitement liées à l’attribution de droits de pêche
au niveau communautaire et à la gouvernance
communautaire de la pêche. La conception de ce type
d’initiative doit faire l’objet d’un examen très sérieux
dans tout projet.
Partout dans le monde, les gouvernements
encouragent de plus en plus la cogestion, et les
régimes de gestion communautaire de ressources
naturelles par des groupements et des associations
sont considérés comme des conditions préalables
essentielles à toute autre action. Au Viet Nam, de
manière croissante, la cogestion est regardée comme
le meilleur moyen d’améliorer la gouvernance
de la pêche et des ressources naturelles; plusieurs
initiatives exécutées dans le cadre de projets et
plusieurs plans publics nationaux promeuvent la
cogestion et la participation des communautés
(Akester et al. 2004). On sait par expérience que
les initiatives exécutées dans le cadre de projets, en
particulier en Afrique subsaharienne, rencontrent des
problèmes de pérennité après la clôture des projets,
mais le renforcement des associations de producteurs
n’en reste pas moins une stratégie importante
dans le cadre du développement de la pêche et de
l’aquaculture (Fondation ETC 2010).
Les groupements de pêcheurs et d’aquaculteurs
sont particulièrement durables quand ils offrent des
bénéfices financiers évidents à leurs membres, même
si ceux-ci doivent aussi participer à des activités de
cogestion. En Ouganda, la coopérative d’aquaculteurs
Walimi est un bon exemple d’association
d’aquaculteurs durable. Grâce à la coopérative, les
liens des producteurs avec le secteur privé ont été
renforcés, ce qui a stimulé le développement de
l’aquaculture; l’établissement d’écloseries privées a
résolu le problème de la disponibilité d’œufs/larves/
alevins; des marchés ont été créés pour écouler les
produits de l’aquaculture; et les membres de la
6. www.fao.org/fishery/topic/13261/en
35
ÉTUDE DE CAS
Réduction de la pauvreté dans les zones rurales et amélioration de la participation des pauvres aux
marchés, Viet Nam
Portée géographique:
Durée:
Organismes de financement:
Organismes d’exécution:
Références:
Liens:
Provinces de Ha Tinh et TraVinh, Viet Nam
2007-2013
Agence allemande de coopération internationale (GIZ) et FIDA
GIZ et Gouvernement du Viet Nam
Institut DRAGON (Delta Research and Global Observation
Network) de l’Université de Can Tho
www.giz.de, www.ifad.org
Description succincte
Le programme du FIDA a pour objectif d’améliorer les revenus des populations rurales pauvres des
provinces de Ha Tinh et Tra Vinh, en facilitant leur accès aux marchés de l’emploi, de la finance, des
produits et des services. Dans ces communes, les taux de pauvreté sont élevés et la majeure partie de
la population réside en milieu rural et vit d’une agriculture de subsistance. Le programme vise à éliminer
systématiquement les barrières qui empêchent les ruraux pauvres de s’intégrer au marché. À cette fin, le
projet: i) appuie la planification locale du développement; ii) promeut l’agriculture à vocation commerciale
dans les filières; iii) contribue à améliorer la formation professionnelle dans des domaines pertinents
et à encourager l’investissement local; iv) favorise la création d’emplois non agricoles; et v) relie des
initiatives axées sur le marché aux besoins et priorités de communes pauvres. Le projet est exécuté en
coopération avec GIZ, qui assure l’assistance technique.
Adaptation au changement climatique
La question du changement climatique n’est pas au cœur du programme, mais celui-ci la prend en
compte en introduisant un outil permettant de l’intégrer afin de renforcer la capacité de planification
locale du développement. Les conséquences probables du changement climatique ne sont pas encore
contrecarrées ni pleinement prises en compte dans la planification locale et l’outil permettrait ainsi: 1) de
recenser les activités et les filières qui sont menacées d’une manière ou d’une autre ou sont exposées à
des risques particuliers du fait du changement climatique; et 2) d’analyser les mesures supplémentaires
qu’il convient éventuellement de prendre pour garantir un bon fonctionnement de ces filières. En particulier,
le programme a une composante d’aquaculture concernant les filières du pangasius et de la palourde, qui
sont des espèces situées aux échelons inférieurs de la chaîne trophique et dont les habitats peuvent servir
de puits de carbone. Avec l’appui du projet, les producteurs de pangasius s’efforcent d’obtenir dans le
cadre d’une initiative de partenariat public-privé la certification de Bonnes pratiques agricoles mondiales.
La composante du projet relative à l’aquaculture et la pêche est menée en étroite collaboration avec
le département provincial d’agriculture et de développement rural et l’Alliance coopérative provinciale.
Le projet collabore aussi avec l’institut DRAGON (Delta Research and Global Observation Network) de
l’Université de Can Tho pour réaliser une étude consistant à recueillir les impressions des producteurs et
d’autres informateurs clés sur les modifications et les incidences liées au changement climatique et aux
phénomènes météorologiques extrêmes qu’ils ont observées au fil du temps.
Approches du renforcement de la capacité d’adaptation
•
•
•
•
36
Recourir systématiquement à l’emploi de l’outil permettant d’intégrer le changement climatique pour
accroître les chances de succès des filières dont le développement est planifié ou en cours.
Aider les groupements, les coopératives et les unions de producteurs à renforcer leur capacité
d’adaptation au niveau local, grâce à l’amélioration de l’accès à l’information sur les marchés, aux
connaissances techniques et aux intrants d’aquaculture.
Promouvoir la production de palourdes comme nouveau moyen d’existence qui pourrait permettre
la reconversion des ménages de pêcheurs/d’agriculteurs touchés par le changement climatique.
Établir un régime de cogestion de la pêche entre les coopératives de producteurs de palourdes et
le département provincial d’agriculture et de développement rural en vue de la création progressive
d’un secteur de production de palourdes lucratif, susceptible d’obtenir une certification de pêche
durable, reconnue à l’échelle internationale.
coopérative accèdent directement à des services de
conseil, à des technologies adaptées, aux intrants,
au marché et à des services de crédit (Walakira et al.
2010). Au Malawi, l’association des aquaculteurs de
Zomba, créée en 2003 dans six zones traditionnelles
du district de Zomba, bénéficie d’un appui technique
et de services de vulgarisation assurés, avec l’aide
du Centre national d’aquaculture, par le bureau des
pêches du district (Fondation ETC 2010).
vue soient pris en compte par l’intermédiaire
d’une approche participative. Cette participation
est indispensable si l’on veut déterminer les
problèmes, les possibilités et les priorités du
point de vue des communautés et elle est
essentielle pour garantir la responsabilisation
des bénéficiaires et la pérennité des
interventions. Pendant les discussions, il
faudra améliorer les connaissances des parties
prenantes en ce qui concerne la nature du
changement climatique et la distinction à établir
entre variabilité climatique et changement
climatique. Résidant souvent dans des zones
exposées aux phénomènes météorologiques
extrêmes et à la variabilité climatique, les
communautés d’artisans pêcheurs et de
petits aquaculteurs sont habitués de longue
date à faire face aux aléas climatiques. Ces
connaissances locales sont susceptibles de
faciliter le recensement des changements
climatiques et la détermination des mesures
d’adaptation qui conviennent; il faut aussi tenir
compte du fait qu’une adaptation autonome
peut avoir commencé. La communauté doit
également participer à l’exécution du projet,
au suivi de ses résultats et à l’évaluation de son
impact. Un cadre de suivi et évaluation (S&E)
participatif applicable à l’adaptation locale et
communautaire au changement climatique
– le Participatory, Monitoring, Evaluation,
Reflection and Learning Tool (PMERL – Outil
participatif de suivi, évaluation, réflexion et
apprentissage) – a été mis au point par CARE
et l’Institut international pour l’environnement
et le développement (CARE et IIED 2012).
Un cadre de S&E identique a été élaboré par
Action Research for Community Adaptation au
Bangladesh (ARCAB 2012).
Les principales mesures qui pourraient être
prises dans les projets financés par le FIDA pour
promouvoir la cogestion sont les suivantes:
• Promouvoir la constitution de groupements de
producteurs, de coopératives et d’associations de
pêcheurs comme première étape de la mise en
place d’un régime de cogestion et condition
préalable essentielle à l’établissement de
partenariats durables entre les pouvoirs publics
et les pêcheurs et aquaculteurs.
• Promouvoir l’établissement et l’application d’un
cadre juridique robuste en ce qui concerne les régimes
de cogestion et de gestion communautaire de la
pêche, de l’aquaculture, des zones humides
côtières et de la mangrove, afin de donner à ces
régimes l’assise juridique dont ils ont besoin
pour se développer.
• Élaborer un manuel pratique sur la constitution de
groupements de producteurs et l’établissement de
régimes de cogestion, qui soit destiné aux usagers
du niveau communautaire et fondé sur des
exemples de réussites dans des projets financés
par le FIDA ou ses partenaires.
Toutes les mesures décrites plus haut doivent intégrer
la problématique hommes-femmes – c’est-à-dire,
qu’il faut que les priorités des femmes soient prises
en compte au même titre que celles des hommes
dans les organisations de pêcheurs et les cadres
réglementaires et juridiques pertinents, et que les
directives pratiques soient élaborées sur la base d’une
connaissance précise des rôles joués par les femmes
et par les hommes dans les secteurs de la pêche et
de l’aquaculture.
Description des mesures d’adaptation
Programmation et conception des projets
•
Veiller à l’implication et la participation
des parties prenantes. Faire en sorte que les
bénéficiaires ciblés et les parties prenantes soient
associés à toutes les étapes de l’élaboration de
projet et que leurs besoins et leurs points de
•
Évaluer la vulnérabilité. Mener des évaluations
participatives de la vulnérabilité des
communautés cibles exposées au changement
climatique et aux catastrophes, au moyen
de la cartographie de la vulnérabilité et de
l’élaboration de scénarios. L’évaluation de la
vulnérabilité face au changement climatique est
un processus essentiel dans la détermination
des zones et des communautés cibles où les
besoins d’adaptation sont les plus pressants et
les plus graves. Ces dernières années, un grand
nombre d’outils d’évaluation de la vulnérabilité
applicables aux secteurs de la pêche artisanale
37
ÉTUDE DE CAS
Programme d’appui à la réduction de la vulnérabilité dans les zones de pêche côtière, Djibouti
Portée géographique:
Durée:
Organismes de financement:
Organisme d’exécution:
Partenaires d’exécution: Référence:
Localités d’Arta, Loyada et Damerjog dans les régions de Tadjourah et Obock, Djibouti
2014-2019
FIDA (prêt et don alloué au titre de l’ASAP), Gouvernement de Djibouti, Programme alimentaire mondial (PAM), FAO, Caisses populaires d’épargne et de crédit (CPEC), Centre d’études et de recherche djiboutien (CERD)
Gouvernement de Djibouti
PAM, FAO, CPEC, CERD
www.ifad.org
Description succincte
Ce programme du FIDA récemment conçu vise à mettre en œuvre et à transposer à plus grande échelle des
approches d’adaptation au changement climatique afin de renforcer la résilience des populations côtières,
d’améliorer les revenus et de promouvoir la cogestion des ressources marines.
Les objectifs spécifiques sont les suivants: i) permettre aux populations côtières d’acquérir la maîtrise d’activités
résilientes face au changement climatique; ii) renforcer les coopératives et les associations au profit d’une
importante proportion des groupes cibles touchés par le changement climatique; iii) accroître les revenus des
bénéficiaires du programme; et iv) accroître la valeur des prises débarquées sans altérer l’état des ressources.
Les objectifs ci-dessus seront atteints dans le cadre de trois composantes techniques:
• Composante 1- Appui en faveur de la résilience des habitats et du profil côtiers. Réduction des
risques d’origine climatique pesant sur l’écosystème côtier et réinstauration de l’équilibre des habitats
marins grâce à une gestion participative des ressources naturelles, qui associe les bénéficiaires aux
travaux de conservation, tels que nettoyage et plantation, et à une utilisation durable des ressources
côtières. La composante intéressera aussi le suivi des incidences du changement climatique sur les
écosystèmes côtiers et la régénération des habitats côtiers.
• Composante 2- Promotion des filières halieutiques. Relèvement des filières touchées par
le changement climatique en amont et en aval de la production et fourniture de matériel et
d’infrastructures adaptés qui réduiront la vulnérabilité face aux incidences du changement climatique.
• Composante 3- Renforcement des capacités. Promotion d’une concertation sur les politiques au
plus haut niveau pour faire en sorte que la question de l’adaptation au changement climatique soit
intégrée durablement dans les stratégies nationales, et mise en place d’un système de formation
professionnelle pour favoriser la diversification des moyens d’existence.
Adaptation au changement climatique
Sous les effets combinés du changement climatique et de la surexploitation des ressources naturelles
(déforestation et surpâturage), la dégradation des terres s’intensifie et la diversité biologique s’appauvrit
rapidement – à la fois sur terre (avec un recul des forêts de 3% par an) et dans la mer. La hausse
des températures et l’élévation du niveau de la mer imputables au changement climatique pourraient
exacerber ce processus et avoir des conséquences dramatiques pour le pays.
La dernière sécheresse qui a frappé la corne de l’Afrique a durement touché les moyens d’existence des
populations rurales tributaires de l’agriculture et de l’élevage; en conséquence, la majorité d’entre elles
ont migré vers le littoral en quête de travail dans la filière halieutique. Compte tenu des incidences du
changement climatique sur les zones côtières de Djibouti, le secteur de la pêche est devenu extrêmement
fragile, avec: i) une détérioration des écosystèmes et des habitats des ressources halieutiques; ii)
des infrastructures et des profils côtiers vulnérables; et iii) une capacité d’adaptation au changement
climatique insuffisante, résultant du faible développement socioéconomique du pays et de la survenue
récurrente de catastrophes naturelles dans la corne de l’Afrique. L’approche du programme qui est
adaptée à la situation de pauvreté des populations vivant dans les zones côtières touchées par le
changement climatique jette les bases d’un développement durable fondé sur la gestion participative des
ressources naturelles.
38
Le programme facilitera la mise en place de mécanismes qui améliorent les moyens d’existence aux
niveaux national et local et tiennent compte des priorités des artisans pêcheurs et des petits agriculteurs
en matière d’adaptation au changement climatique. Face à ce changement, les réponses qui seront
données seront fondées sur le renforcement de la capacité d’adaptation et le renforcement de la
résilience, à la fois des communautés et des écosystèmes dont elles dépendent. L’aide complémentaire
financée par le FIDA au titre de l’ASAP permettra aux populations touchées d’acquérir les connaissances
dont elles ont besoin pour se prémunir contre les risques associés au changement climatique et pour
accéder à des moyens d’y faire face qui soient plus résilients. Les activités relatives au changement
climatique seront, par exemple, les suivantes: régénération de 50% de la surface de mangrove choisie
pour être remise en état (200 hectares) et protection de 100 kilomètres de récifs coralliens, des
écosystèmes indispensables à la survie des stocks de poissons; investissement dans des infrastructures
et du matériel plus résilients face au changement climatique dans le secteur de la pêche (notamment du
matériel utilisant une énergie renouvelable); microprojets novateurs encourageant la diversification fondée
sur une utilisation durable des ressources côtières; et mise en place d’un système de cogestion des
ressources halieutiques susceptible de contribuer aussi à la lutte contre la pêche illicite. De plus, le FIDA
financera deux études majeures qui visent l’établissement d’un système durable de S&E des ressources
halieutiques (notamment avec la détermination du rendement durable maximal) et d’un système de
surveillance à long terme des écosystèmes côtiers.
Approches du renforcement de la capacité d’adaptation
Le projet constitue une réponse d’ensemble aux problèmes du changement climatique et de la
pauvreté dans les zones côtières rurales. Globalement, il vise à renforcer la résilience des populations
côtières rurales face au changement climatique et à promouvoir l’adoption d’approches novatrices de
l’utilisation durable des ressources naturelles et le recours à l’énergie renouvelable, tout en améliorant les
infrastructures et le matériel afin que les filières du secteur de la pêche deviennent plus résilientes dans le
contexte du changement climatique. Le projet renforce la capacité d’adaptation par les moyens suivants:
• Sur la base des résultats de l’évaluation de la vulnérabilité menée par le Centre Risoe du PNUE,
recensement des zones que le changement climatique expose à des risques multiples afin qu’elles
soient ciblées par le programme;
• Adoption d’activités diversifiées novatrices – par exemple, promotion de la culture et de la vente
d’algue rouge en tant qu’activité génératrice de revenus pour les femmes, et séchage et salage du
poisson non vendu, etc. en tant que nouvelles stratégies de survie potentielles;
• Fourniture de l’appui technique et financier requis pour transposer les innovations à plus grande
échelle et permettre la reproduction et l’adoption des pratiques optimales;
• Intégration de la question du changement climatique dans la filière halieutique et renforcement de la
capacité de gestion et d’utilisation durables des ressources;
• Établissement, avec les pays de la sous-région et des organisations des Nations Unies, d’un solide
réseau national de gestion des savoirs sur les innovations en matière d’adaptation au changement
climatique et sur la gestion des ressources naturelles;
• Utilisation des résultats de l’évaluation de la vulnérabilité pour mettre en place un système de S&E et
un système de partage des connaissances complets et efficaces.
et de la petite aquaculture ont été mis au point,
notamment: le Community Vulnerability
Assessment Tool (CVAT – Outil d’évaluation
de la vulnérabilité communautaire), qui peut
être téléchargé sur le site web de la CCNUCC7;
le Climate Vulnerability and Capacity Analysis
(CVCA) Handbook de CARE (manuel sur
l’analyse de la vulnérabilité et des capacités
dans le domaine du changement climatique)8;
le Guide de formation: recherche sur le
genre et les changements climatiques dans
7. www.unfccc.int/adaptation/
8. www.careclimatechange.org/cvca/CARE_CVCAHandbook.pdf
9. www.fao.org/docrep/018/i3385e/i3385e.pdf
l’agriculture et la sécurité alimentaire pour le
développement rural, publié par la FAO; et
le Programme sur le changement climatique,
l’agriculture et la sécurité alimentaire9 du
Groupe consultatif pour la recherche agricole
internationale (GCRAI). Les évaluations de la
vulnérabilité consistent notamment à se poser
les questions suivantes: Dans quelle mesure
le changement climatique aura-t-il des effets
sur les communautés cibles et leurs moyens
d’existence? Quelle est la situation économique
39
de ces communautés? Les ressources halieutiques
sont-elles épuisées? La zone est-elle fréquemment
touchée par des catastrophes ou des phénomènes
météorologiques extrêmes? Existe-t-il une
stratégie d’adaptation viable et autonome de
laquelle s’inspirer? Les exploitants agricoles
comprennent-ils le concept de changement
climatique? Sont-ils informés des risques qui
s’y rattachent? Les évaluations ont pour objet la
collecte d’informations spécifiques sur les faits
passés et récents qui sont liés au changement
climatique et ont eu des conséquences drastiques
sur l’économie et les moyens d’existence locaux et
qui pourraient se produire de nouveau à l’avenir
et compromettre l’exécution et/ou les résultats du
projet. L’un des outils à utiliser consiste à élaborer
des scénarios de changement climatique et de
catastrophes permettant d’analyser les risques
climatiques actuels et futurs et de rassembler
des informations sur les stratégies d’adaptation
actuellement mises en œuvre pour en surmonter
les incidences, aux fins de l’élaboration
participative de stratégies d’adaptation répondant
aux besoins. Les profils de pays dans le contexte
du changement climatique relatifs à 52 des pays
les plus pauvres, qui sont disponibles en ligne sur
le site web du PNUD10 et le portail de données
de la Banque mondiale sur le changement
climatique11 peuvent fournir des informations
préliminaires à cet effet. Les évaluations
détaillées antérieures, telles que celle qui vient
d’être achevée pour le Programme d’appui à la
réduction de la vulnérabilité dans les zones de
pêche côtière12 à Djibouti, financé par le FIDA,
peuvent aussi servir d’exemples.
•
40
Promouvoir le suivi et évaluation participatifs.
Établir un système de suivi et évaluation pour
évaluer la réussite de l’adaptation au changement
climatique. Sélectionner des indicateurs qui
soient adaptés au site, axés sur l’impact et
aisément vérifiables pour mesurer les progrès et
les réalisations, notamment les produits, les effets
à long terme et les incidences; l’ASAP constitue
une référence utile en la matière. Vérifier que
votre système mesure effectivement les incidences
réelles du projet sur la communauté et ne se
limite pas à mesurer les réalisations prévues
dans les résultats et indicateurs initiaux du
cadre logique. Le cadre de suivi et évaluation
participatifs d’ARCAB pour l’adaptation à
assise communautaire et le PMERL de CARE
mentionnés plus haut sont des outils récemment
mis au point dans ce but précis. La stratégie
de S&E participatifs doit être conçue dès les
premières étapes du projet avec la participation
active des communautés ciblées. Les systèmes
de S&E sont censés générer des enseignements
tirés de l’expérience et éclairer les décisions des
responsables.
Politiques, stratégies et renforcement des
capacités
•
Sensibiliser les autorités locales, les
communautés et les autres groupes
d’utilisateurs de ressources à la question
du changement climatique et à la nature
irréversible de certaines de ses incidences. Cette
première mesure est indispensable pour faire en
sorte que le problème soit compris de tous et que
l’engagement à agir soit général. L’information
sur les risques, la vulnérabilité et les menaces
associés au changement climatique ainsi que
sur les enseignements et les observations en la
matière tirés des analyses mondiales, nationales
et sectorielles, permet aux parties prenantes
d’établir des priorités dans les mesures à prendre
et de concevoir une approche robuste et intégrée
pour renforcer la résilience face aux risques
climatiques (Daw et al. 2009; Banque mondiale
2010b).
•
Appuyer l’intégration de l’adaptation au
changement climatique et de son atténuation
dans la planification du développement du
secteur de la pêche et de l’aquaculture. Les
risques liés au changement climatique doivent
être systématiquement pris en considération
dans la planification du développement à
tous les niveaux. En particulier, quand on
estime le retour sur investissement, il convient
d’intégrer les coûts des mesures d’adaptation
et d’atténuation et les pertes et gains potentiels
dus aux incidences du changement climatique
(Kam et al. 2010). Les processus de planification
doivent tenir compte, au-delà de la perspective
sectorielle, des plans et des processus décisionnels
du niveau du district administratif et du niveau
de l’unité écosystémique, par exemple la baie, le
bassin fluvial, le lac ou l’estuaire. Dès le stade de
l’analyse des politiques, lors de l’élaboration du
COSOP ou de la note conceptuelle, il convient
d’examiner la mesure dans laquelle les processus
de planification adoptent déjà ce type d’approche.
10. http://country-profiles.geog.ox.ac.uk
11. http://sdwebx.worldbank.org/climateportal
12. http://operations.ifad.org/web/ifad/operations/country/project/tags/djibouti/1671/project_overview
sectorielles améliorées, en particulier s’agissant de
l’aquaculture, de la pêche, des autres ressources
naturelles et des secteurs d’activité côtiers.
Par conséquent, la gestion intégrée des zones
côtières pourrait être l’approche qui permet de
répondre le mieux au changement climatique,
à l’élévation du niveau de la mer et aux divers
problèmes rencontrés sur le littoral, actuellement
et à l’avenir. L’amélioration de la capacité
d’adaptation constitue un élément important de
cette approche (Nicholls et al. 2007). En outre,
dans chaque secteur, les recommandations
relatives à l’adaptation et à l’atténuation doivent
être cohérentes avec les projets et programmes
nationaux et tenir compte des conflits ou
synergies potentiels avec les mesures d’adaptation
prises dans les autres secteurs.
L’analyse doit comporter également un examen
des plans, des budgets et des investissements
existants, dans la perspective du changement
climatique.
•
Renforcer les capacités et promouvoir
l’utilisation de scénarios par les décideurs,
en tant que cadre solide et processus itératif
permettant de recenser les principales
caractéristiques de la production de la pêche et de
l’aquaculture et les facteurs de changement et de
comprendre la vulnérabilité face au changement
climatique et à la variabilité climatique. Cette
méthode permet d’élaborer des scénarios aux fins
d’une planification réactive et de concevoir des
politiques d’adaptation cohérentes et fondées
sur des données factuelles, à la fois au niveau
national et au niveau régional.
•
Intégrer la réduction des risques de catastrophe
et la préparation aux catastrophes. Inclure dans
la planification du développement des mesures
de réduction des risques de catastrophes et de
préparation aux catastrophes. De telles mesures
sont indispensables pour réduire la vulnérabilité
des communautés de pêcheurs et d’aquaculteurs
face aux catastrophes naturelles et aux
phénomènes météorologiques extrêmes. Étant
donné que les moyens d’existence, les risques
et le changement climatique sont étroitement
interconnectés, il est proposé que les mesures de
gestion du risque de catastrophes, d’adaptation
au changement climatique et d’atténuation
du changement climatique soit intégrées dans
une stratégie unique, de manière à améliorer
l’efficience, à réduire les coûts et à accroître
l’efficacité et la pérennité des mesures (FAO
2010c). Dans le souci de garantir la durabilité à
long terme, une stratégie de ce type, concernant
les incidences à la fois actuelles et futures, doit
être systématiquement intégrée dans les projets
de développement.
•
Promouvoir la gestion intégrée des zones
côtières et la gestion intégrée des bassins
versants en tant qu’outils facilitant la
planification transversale entre secteurs relatifs
aux ressources en terre et aux ressources en
eau et entre unités administratives. La gestion
intégrée des zones côtières a souvent été
proposée comme une approche plus globale
de la gestion des zones côtières, qui permet de
contourner les limites et les problèmes associés
aux approches sectorielles et aux approches
•
Renforcer la coopération régionale et les
partenariats entre organismes compétents
et appliquer les accords bilatéraux et
multilatéraux relatifs aux fleuves, lacs, mers et
stocks de poissons partagés. Il faut établir une
coopération solide pour améliorer la gestion des
ressources partagées et la mise en commun des
connaissances et des expériences relatives aux
incidences du changement climatique et aux
mesures d’adaptation/d’atténuation, ainsi que
pour se faire entendre et présenter un front uni
dans les forums internationaux consacrés à la
question du changement climatique.
•
Renforcer les connaissances des agents de
vulgarisation des secteurs de la pêche et de
l’aquaculture et leur aptitude à conseiller,
dans le domaine du changement climatique.
Les services de vulgarisation jouent un rôle
crucial dans la diffusion des connaissances
et des pratiques optimales, y compris dans
les communautés isolées de pêcheurs et
d’aquaculteurs. L’adaptation au changement
climatique doit reposer sur une approche
du développement différente, qui prévoit
notamment la création de marchés pour les
nouveaux produits, le renforcement de la
résilience des installations d’aquaculture et de
pêche face aux risques d’origine climatique et
la prise en compte de l’incertitude inhérente
aux futures projections climatiques. Pour
relever le défi du changement climatique,
il faut impérativement que les agents de
vulgarisation soient bien formés et que le
matériel de vulgarisation intègre la question du
changement climatique.
41
ENCADRÉ
climatique et le développement), qui propose
un portail web relatif au Bangladesh (http://
ccresearchbangladesh.org/); ces portails peuvent
aussi servir de sources d’information sur les
pratiques optimales.
Le Consensus de Phuket préconise l’autonomisation des femmes
Recommandation 5 du Consensus de Phuket de la
Conférence mondiale sur l’aquaculture 2010:
Appuyer les politiques tenant compte des questions
de parité hommes-femmes et mettre en œuvre des
programmes qui favorisent l’autonomisation économique,
sociale et politique des femmes par l’intermédiaire de leur
participation active au développement de l’aquaculture,
conformément aux principes mondialement acceptés de
l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes.
42
•
Mettre en place des formations sur le
changement climatique et l’adaptation à
ses effets à l’intention des communautés de
pêcheurs et d’aquaculteurs vulnérables. Ces
formations doivent porter sur les concepts de
base du changement climatique, l’adaptation
dans les secteurs de la pêche et de l’aquaculture,
la vulnérabilité des moyens d’existence, la
planification d’activités à visée commerciale et la
commercialisation, et l’amélioration de la sécurité
et la sûreté en mer.
•
Encourager le partage des connaissances.
Plusieurs plateformes régionales et
internationales facilitent la mise en commun
des connaissances et donnent notamment des
informations sur les projets et sur les recherches
pertinentes. Par exemple, Africa Adapt (www.
africa-adapt.net/themes/4/) comporte un
volet spécifique sur l’agriculture, la pêche et la
sécurité alimentaire et leur interconnexion avec
le changement climatique. Weadapt (http://
weadapt.org/subject/aquaculture) propose un
outil de recherche dans des domaines spécifiques,
parmi lesquels figure Aquaculture et pêche ou
encore Outils d’évaluation de la vulnérabilité. Le
mécanisme d’apprentissage relatif à l’adaptation:
“Adaptation Learning Mechanism” (www.
adaptationlearning.net) parrainé par l’ONU,
donne accès à un moteur de recherche qui
permet d’extraire des informations par mot-clé,
par thème ou par type de document. Certaines
organisations mettent en ligne des portails
web nationaux pour partager l’information
sur les initiatives conduites au niveau du
pays – par exemple, l’International Centre for
Climate Change and Development (ICCCAD
– Centre international sur le changement
13. www.iucn.org/dbtw-wpd/edocs/2012-086.pdf
•
Parrainer des activités de recherche-action
pour combler les principales lacunes de
connaissances en ce qui concerne l’adaptation
aux effets du changement climatique, les
évaluations communautaires et nationales de
la vulnérabilité des secteurs de la pêche et de
l’aquaculture et la mise au point de modèles
de prédiction dans différents scénarios. La
recherche peut aussi porter sur des thèmes tels
que: le rapport coût-efficacité des différentes
interventions de projet, ou encore la façon
dont, dans un ménage, les rôles spécifiques des
femmes et des hommes influencent les décisions
en matière d’adaptation. Les recherches menées
par WorldFish et le GCRAI (dans le cadre de
son Programme sur le changement climatique,
l’agriculture et la sécurité alimentaire) qui ont
été mentionnées précédemment constituent un
exemple de bonne pratique.
•
Intégrer les questions de parité dans toutes
les actions ci-dessus, en s’appuyant sur la
connaissance des capacités et fragilités différentes
des hommes et des femmes dans les zones de
projet. Les actions prioritaires permettant de
donner une voix aux femmes sont notamment les
suivantes: veiller à ce que les femmes accèdent à
des postes de responsabilité dans les organisations
de producteurs halieutiques et faire en sorte
que les lois et budgets sectoriels nouvellement
élaborés tiennent compte des priorités à la fois
des hommes et des femmes, conformément
aux dispositions des “Directives volontaires
pour une gouvernance responsable des régimes
fonciers applicables aux terres, aux pêches et aux
forêts dans le contexte de la sécurité alimentaire
nationale” (FAO 2012) et du document intitulé
“Good Practice Policies to Eliminate Gender
Inequalities in Fish Value Chains” (FAO 2013,
Bonnes pratiques pour éliminer les inégalités
entre hommes et femmes dans les filières du
poisson). L’UICN présente des études de cas
intéressantes sur la façon dont les questions de
parité hommes-femmes ont été traitées dans les
politiques nationales relatives au changement
climatique; l’étude de cas relative à la Tanzanie
porte précisément sur le secteur de la pêche13.
Mesures relatives à la gestion
•
régénération des récifs coralliens, des prairies sousmarines et de la mangrove, et de la remise en état
des zones humides, des marécages et des zones de
reproduction et de frai connues. Il peut également
s’agir d’intervenir pour réduire l’érosion côtière
et favoriser la sédimentation, notamment avec
l’aménagement de brise‑lames.
Appliquer une approche écosystémique à
la gestion. L’approche écosystémique est une
méthode globale, intégrée et participative qui
permet d’améliorer la gestion de la pêche et de
rendre les pratiques de pêche plus durables et
équitables, à la différence de l’approche risquée
consistant à rechercher la production maximale
•
Introduire un financement durable des
services écosystémiques grâce à la mise en place
de mécanismes de rémunération des services
environnementaux. Il convient d’examiner les
possibilités de promouvoir la compensation des
émissions de carbone sur les marchés volontaires
internationaux de crédits carbone.
•
Appuyer l’établissement d’aires marines
protégées et d’aires de protection dans les
eaux continentales. Les aires marines protégées
peuvent être, soit des zones où la pêche est
interdite, soit des zones réservées à la pêche de
loisir, soit des zones où seuls les artisans pêcheurs
sont autorisés à exploiter les ressources en
utilisant des engins sélectifs non destructifs. Des
mesures de gestion de la pêche doivent être prises
à l’extérieur des aires protégées pour compléter
la protection offerte par celles-ci (Salayo et al.
2008). Les zones protégées dans les plans d’eau
continentaux constituent également des outils de
gestion de la pêche efficaces, notamment quand
les communautés de pêcheurs sont associées
précocement à leur établissement et leur mise
en œuvre. Le changement climatique peut
entraîner des variations de l’aire de répartition
des écosystèmes et des espèces, ce qui peut
obliger à modifier et déplacer certaines zones
protégées. Encore une fois, il est important que ces
modifications tiennent compte des connaissances
locales. Partout où elles ont été créées, les aires
marines protégées ont été largement acceptées à
partir du moment où les pêcheurs ont compris
leur contribution à la conservation des habitats
et à la régénération des ressources halieutiques
– par exemple, aux Philippines et en Thaïlande.
Il y a longtemps que les Philippines ont créé des
aires marines protégées, dont les effets positifs
sur la pêche sont démontrés, ne serait-ce que par
l’abondante documentation relative à la situation
dans les aires marines adjacentes non protégées.
Au Laos, des “zones de conservation du poisson”
ont été établies dans le Mékong, en grande partie
sur la base des connaissances des pêcheurs locaux
(Baird et Flaherty 2005). Au Cambodge aussi, les
pêcheurs accueillent favorablement la création
soutenable (Daw et al. 2009). La cogestion
des ressources halieutiques et leur utilisation
communautaire constituent aussi des moyens très
efficaces d’améliorer la gouvernance de la pêche
et la gestion locale des stocks de poissons ainsi
que de renforcer la résilience des communautés
de pêcheurs.
•
Réduire la surpêche et l’excédent de capacité de
pêche. À cet effet, il faut ajuster la composition
de la flottille de manière à favoriser la pêche
artisanale et à rendre la pêche industrielle moins
intéressante, en particulier dans les pays où
certains stocks sont pleinement exploités ou
surexploités. Quand les données relatives aux
stocks de poissons sont limitées ou de mauvaise
qualité, il convient de partir du principe que les
stocks sont pleinement exploités ou surexploités.
Aucune activité de projet susceptible d’accroître la
pression de pêche ne doit être entreprise sans qu’il
existe des éléments démontrant sans ambiguïté
que l’activité est durable. Il est vrai que la pêche
artisanale peut aussi contribuer à la surexploitation
des stocks et à la dégradation de l’environnement
tout en ne générant que des bénéfices marginaux,
mais elle est souvent plus avantageuse que la
pêche industrielle du point de vue de l’efficience
(moindre consommation de carburant, meilleur
ciblage entraînant moins de déchets et de rejets)
et des incidences sur l’environnement (emploi
d’engins moins destructifs, délai plus long pour
épuiser un stock, ce qui laisse aux décideurs le
temps de réagir). En outre, la pêche artisanale est
susceptible de créer plus d’emplois et de contribuer
à la réduction de la pauvreté et de l’insécurité
alimentaire (FAO 2008g).
Services écosystémiques
•
Restaurer/protéger les écosystèmes d’eau douce,
marins et côtiers essentiels et les services qu’ils
fournissent, au moyen de la conservation et de la
43
regrets”, fondée sur des actions qui génèrent
des avantages sociaux nets, quel que soit le futur
scénario de changement climatique et quelles
qu’en soient les incidences. En concertation avec
les autorités nationales et les communautés,
étudier les possibilités d’investissement dans
des infrastructures novatrices susceptibles de
contrecarrer les incidences du changement
climatique, notamment l’aménagement de
digues côtières ou la mise en place de systèmes
d’approvisionnement en eau douce dans les
installations d’aquaculture. Examiner les plans
et projets de développement des infrastructures
existants ainsi que la situation de leur
financement. Ces interventions doivent comporter
des investissements dans l’adaptation fondée sur
les écosystèmes – par exemple, la régénération
d’écosystèmes en vue d’accroître la fourniture de
services écosystémiques, tels que la protection
contre les intempéries, la prévention de l’érosion
et la rétention de l’eau. Dans cet esprit, un projet
bénéficiant de l’appui de GIZ au Viet Nam
expérimente actuellement l’emploi de brise-lames
en bambou pour favoriser la sédimentation
côtière et, à partir de là, la régénération de la
mangrove. Les barrières en bambou qui sont à la
fois flexibles et perméables peuvent être installées
de manière à former des T et à créer des polders
dans lesquels il est ensuite possible de planter
des arbres de mangrove. Une méthode identique
a déjà été utilisée en Thaïlande, ce qui illustre
l’utilité de l’apprentissage régional.
de certaines formes de zones protégées – par
exemple, avec la conversion de certains lieux
de pêche en aires de conservation (Salayo et al.
2008). L’Afrique de l’Ouest a établi un réseau
régional d’aires marines protégées (RAMPAO)14.
•
•
44
Promouvoir la pêche fondée sur l’élevage et les
pratiques de repeuplement dans les plans d’eau
qui s’y prêtent, notamment les réservoirs et les
infrastructures d’irrigation, les plaines alluviales
et les lagons côtiers. La pêche fondée sur l’élevage
peut être établie comme une activité à assise
communautaire qui utilise une ressource en eau
commune dans des plans d’eau pérennes ou
saisonniers. La pêche fondée sur l’élevage recourt
aux techniques de l’aquaculture pour accroître la
production en milieu naturel en contrôlant les
premiers stades de vie des organismes aquatiques.
Les œufs/larves/alevins qui peuvent avoir été
prélevés dans la nature et/ou provenir d’écloseries,
sont élevés jusqu’à une taille garantissant une
plus grande chance de survie en milieu naturel
puis sont transplantés ou relâchés en eau libre.
Grâce à une utilisation rationnelle de l’eau, la
pêche fondée sur l’élevage améliore l’efficacité de
l’utilisation de l’eau et en favorise la conservation,
ce qui permet d’équilibrer la consommation
d’eau entre l’irrigation, les usages domestiques
et l’aquaculture. Plusieurs exemples montrent
que le développement de systèmes de pêche
fondée sur l’élevage dans des réservoirs de retenue
récemment aménagés et de grands plans d’eau au
profit de communautés déplacées ayant besoin de
nouveaux moyens d’existence donnent de bons
résultats (De Silva et Soto 2009). La pêche fondée
sur l’élevage est susceptible de jouer un rôle clé
dans les régions d’Asie et d’Afrique où il est prévu
que les périodes de sécheresse s’allongent et où
les taux de survie naturelle pourraient baisser (De
Silva et Soto 2009). Une autre stratégie permettant
de protéger les populations de poisson consiste
à aménager des sanctuaires dans les plans d’eau
pour y accueillir les organismes aquatiques lors
des périodes de basses eaux. Ces sanctuaires
constituent aussi un abri contre les prédateurs,
notamment les oiseaux, et contre les pêcheurs. Les
sanctuaires saisonniers servent de refuge en début
et en fin de saison des pluies, afin d’améliorer la
survie saisonnière des organismes aquatiques.
Recenser et financer les infrastructures clés
et les projets de régénération d’écosystèmes
essentiels, en favorisant une approche “sans
14. www.rampao.org
Mesures relatives aux moyens d’existence
•
Diversifier les moyens d’existence. La
diversification des revenus afin que les pêcheurs
puissent continuer à exercer leur métier constitue
une mesure d’adaptation essentielle, en particulier
lorsqu’il est question d’artisans pêcheurs qui
opèrent dans des zones où les stocks sont
surexploités. À des fins de diversification, il est
courant que les pêcheurs pratiquent une forme
ou une autre d’aquaculture et/ou assurent une
transformation artisanale des produits, mais
ce n’est pas to ujours faisable. Le Secrétariat
général de la Communauté du Pacifique (CPS)
promeut l’aquaculture dans de petits étangs afin
que les pêcheurs des îles du Pacifique puissent
s’appuyer sur leur résilience naturelle pour faire
face aux incertitudes du changement climatique
(CPS 2008). Les autres pistes sont notamment
le tourisme, l’emploi salarié ou la création
de nouvelles micro-entreprises. Ces activités
sont souvent rapidement prises en main par
les femmes. Les interventions doivent mettre
l’accent sur la mise en place d’un environnement
favorable aux activités commerciales et à la
création d’emplois. Dans les zones où les terres
agricoles sont menacées par la salinisation et
l’élévation du niveau de la mer, l’aquaculture et
l’agriculture intégrées pourraient constituer des
activités de remplacement valides.
•
Améliorer les systèmes d’alerte précoce et la
sécurité en mer. Introduire des systèmes d’alerte
météorologique précoce et/ou améliorer ceux
qui existent pour informer les pêcheurs en temps
voulu des prévisions d’intempéries. Améliorer
la sécurité en mer au moyen de navires mieux
construits, de systèmes de communication
améliorés et de mécanismes d’assurance médicale/
assurance sur la vie et assurance sur le matériel.
•
Recourir à la migration temporaire ou
permanente. Dans les cas extrêmes, lorsqu’il
n’existe pas d’autres options ou que celles-ci sont
limitées – par exemple, en raison de l’élévation
du niveau de la mer, de la salinisation des nappes
phréatiques ou de la multiplication des tempêtes
– la seule solution peut consister à déplacer
les communautés vulnérables (FIDA 2010b).
Certaines formes de migration temporaire liée à la
fluctuation et au déplacement des espèces pêchées
sont des stratégies d’adaptation bien connues d’un
grand nombre de pêcheurs partout dans le monde
– par exemple, les pêcheurs de pectens au Pérou
(Daw et al. 2009), ou encore les pêcheurs des
côtes d’Afrique de l’Ouest et du golfe de Guinée.
La migration en quête d’un emploi peut aussi
constituer un mode de diversification des moyens
d’existence.
•
Offrir des services financiers. La petite
aquaculture et la pêche artisanale sont considérées
comme des activités à risque pour lesquelles
les produits de crédit financier et d’assurance
sont rares. Dans le secteur de l’aquaculture, la
disponibilité de crédit auprès d’institutions
de prêt est étroitement liée à la perception du
risque associé à cette activité. Or, la fourniture de
services financiers constitue un moyen efficace
de renforcer considérablement la résilience des
communautés pauvres et marginalisées face au
changement climatique. Il peut s’agir de mettre
en place des mécanismes de microcrédit, tels
qu’un fond renouvelable communautaire, ou des
mécanismes de prêt simplifiés au sein de caisses
15. www.globalgap.org/uk_en/
de crédit formelles et semi-formelles rassemblant
des pêcheurs et des aquaculteurs. Dans le secteur
de l’aquaculture, l’adoption des Pratiques de
gestion améliorées accroît la solvabilité en rendant
la production plus sûre et plus prévisible (Secretan
et al. 2007).
•
Promouvoir le mécanisme de certification du
Marine Stewardship Council (MSC – Conseil
d’intendance des mers) pour reconnaître
les activités de pêche durables et bien gérées
– d’une manière concrète, en récompensant
financièrement les efforts d’adaptation et les
services environnementaux. Le mécanisme de
certification du MSC, qui est probablement
le meilleur en son genre pour ce qui est de la
pêche de capture durable dans le monde entier,
contribue à générer une demande sur le marché
et encourage ainsi une amélioration continue de
la gestion de la pêche. Cette réussite est illustrée
par la certification MSC de la pêche à la palourde
pratiquée à Ben Tre au Viet Nam: à la suite de la
certification, le prix à la production des palourdes
produites à Ben Tre a augmenté de 156 pour
cent entre 2007 et 2010; les palourdes d’origine
contrôlée sont connues dans le monde entier et
la production actuelle ne suffit pas à satisfaire la
demande du marché (International Collaborating
Centre for Aquaculture and Fisheries
Sustainability (ICAFIS) 2010b – voir l’étude de cas
dans la partie 3.3.4).
•
Mettre en place des systèmes d’assurance.
L’offre aux artisans pêcheurs et aux petits
aquaculteurs de produits d’assurance traditionnels
ou indexés, qui soient adaptés à leurs besoins
et compensent les pertes dues aux calamités
naturelles – destruction de digues, inondations,
tempêtes, etc. – améliorerait sensiblement la
résilience. Il serait utile de mettre au point des
systèmes d’assurance indexée sur les conditions
météorologiques, qui couvrent les risques associés
aux intempéries et entraînent le versement d’une
indemnisation dès lors qu’un indice convenu
au préalable est dépassé, indépendamment du
degré de gravité des dégâts. La conception de
tels systèmes peut faire l’objet d’un partenariat
entre gouvernements, assureurs et organisations
du secteur public et du secteur privé et être
rattachée à l’adoption des Pratiques de gestion
améliorées et aux mécanismes de certification de
GlobalGAP15, de l’ASC (Aquaculture Stewardship
Council) et du MSC.
45
ENCADRÉ 1
Pêche continentale en Afrique
Ovie et Belel (2010) ont récemment examiné les mesures
d’adaptation actuelles et potentielles adoptées par les
communautés vivant le long de cours d’eau autour
du bassin du lac Tchad, où de graves sécheresses
entraînent le rétrécissement de la surface du lac et – en
conséquence – la réduction des prises et où, à l’avenir, le
changement climatique contribuera à réduire un peu plus
les captures et rendra les communautés tributaires de la
pêche extrêmement vulnérables.
Les stratégies de survie/d’adaptation actuelles sont les
suivantes: i) multiples/autres sources de revenus;
ii) stockage en grandes quantités et conservation locale
de produits agricoles pour tenir pendant les périodes
de soudure; iii) migration et mobilité en fonction des
variations annuelles et pluriannuelles de la surface du lac,
de la répartition des poissons et des prises; iv) adoption
de diverses stratégies de pêche, notamment en ce qui
concerne les espèces exploitées, les lieux de pêche et
les types d’engins utilisés; v) dispositifs de cogestion
mis en place et vi) petite aquaculture comme stratégie
d’adaptation viable face aux incidences du changement
climatique. Les réservoirs créés par l’aménagement
de barrages sur les cours d’eau offrent des possibilités
supplémentaires; leurs incidences négatives – telles que la
disparition d’habitats, l’appauvrissement de la biodiversité
et la diminution de la production halieutique – sont
contrebalancées par une augmentation de la population
d’espèces commerciales importantes et la création de
lieux qui se prêtent à l’aquaculture en cages.
L’examen préconise une série de mesures phares
pour appuyer les stratégies d’adaptation existantes,
notamment: conduire une évaluation et élaborer des
scénarios décrivant les incidences potentielles futures du
changement climatique; renforcer la gestion du bassin
du lac Tchad au niveau régional; encourager les régimes
de cogestion et conduire des campagnes d’information
sur le changement climatique; créer des organisations
communautaires ou appuyer celles qui existent pour
renforcer la résilience des communautés de pêcheurs et
améliorer leurs moyens d’existence.
46
Mesures techniques – Pêche
• Introduire de nouveaux engins de pêche et
recenser et promouvoir les activités de pêche
qui ciblent des espèces sous‑exploitées. En
général, les artisans pêcheurs ne disposent
pas des ressources ni du matériel nécessaires
pour pêcher loin de chez eux, ce qui les oblige
à pêcher les espèces locales. Les pêcheurs
pourraient être contraints d’adapter leurs
habitudes – par exemple les engins et les
méthodes utilisés ou les espèces capturées –
pour pouvoir continuer à pêcher même si la
composition des espèces présentes sur leurs
lieux de pêche est modifiée en conséquence du
changement climatique (Roessig et al. 2004).
Il faudrait alors fournir un appui adéquat
en matière de vulgarisation et d’intrants,
notamment en vue de faciliter l’acquisition de
nouveaux engins de pêche. Cependant, toute
assistance devra tenir compte des connaissances
locales existantes et de la capacité effective
d’adaptation au changement – écologique,
saisonnier, environnemental, etc. Une
assistance ne doit être fournie que dans les cas
où il est clairement démontré que les stocks
peuvent supporter une pression de pêche
supplémentaire.
•
Installer et entretenir des dispositifs de
concentration du poisson (DCP) à faible
coût au service de la pêche de subsistance. Les
États insulaires du Pacifique qui sont fortement
tributaires de la pêche de capture ont tiré profit
du déploiement généralisé de DCP à faible coût
dans les eaux littorales (CPS 2008). L’emploi
de DCP est également une caractéristique de
la pêche au thon pratiqué aux Maldives. À
Maurice, un projet du FIDA a aussi introduit
avec succès l’emploi de DCP et, en Indonésie,
un autre projet du FIDA prévoit le financement
de DCP. Cette technique contribue à réduire les
coûts et les jours passés en mer, car les pêcheurs
n’ont pas besoin d’errer à la recherche du
poisson mais peuvent se rendre directement aux
emplacements des DCP.
•
Améliorer les techniques de pêche et les
techniques après-capture, notamment en ce
qui concerne l’entreposage, la manipulation
et la transformation du poisson, de manière à
optimiser la valeur des prises et à faire en sorte
que le poisson atteigne les marchés en bonne
condition et soit vendu au meilleur prix possible.
La réduction des déchets peut contribuer à
de recherche-action qui s’appuient à la fois sur les
connaissances scientifiques et sur les savoirs des
communautés locales et mettent à contribution
les principales parties prenantes du secteur de
l’aquaculture.
atténuer les effets des lois qui limitent l’effort de
pêche pour lutter contre la surpêche.
Mesures techniques – Aquaculture
• Renforcer l’aptitude des autorités et organismes
pertinents et compétents à surveiller et informer,
s’agissant de la survenue de maladies dans
les exploitations aquacoles et d’épisodes de
prolifération d’algues nuisibles, y compris les
marées rouges et la ciguatera, dont la fréquence
pourrait augmenter en raison du changement
climatique – en particulier dans les zones
connues pour être sujettes à l’eutrophisation
(De Silva et Soto 2009). Dans le secteur de
l’aquaculture, les systèmes de prévention doivent
s’appuyer sur une surveillance efficace des plans
d’eau et des organismes produits, et mettre en
œuvre de bonnes stratégies de communication
sur les risques et des mécanismes d’alerte
précoce performants.
•
Promouvoir les Pratiques de gestion
améliorées, la biosécurité et les modèles de
production aquacole à l’épreuve du climat.
Il est prévu que la sensibilité aux maladies
soit aggravée en conséquence du changement
climatique. La diffusion des Pratiques de gestion
améliorées et des mesures de biosécurité en
aquaculture et leur adoption par ceux qui le
souhaitent constituent un moyen très efficace
de réduire les risques de maladies, en particulier
quand les producteurs sont organisés en
groupements (Secretan et al. 2007). En outre,
les Pratiques de gestion améliorées jouent un
rôle essentiel car, en rendant la production plus
prévisible et sûre, elles contribuent à accroître
la solvabilité des producteurs et à faciliter leur
accès aux systèmes d’assurance (Secretan et al.,
2007). Lors de la conception des installations
d’aquaculture, il convient d’étudier les solutions
techniques permettant de limiter les fuites
massives d’organismes, et de prévoir des
dispositifs d’adaptation face à des phénomènes
météorologiques plus irréguliers et plus
extrêmes, en particulier dans les zones exposées
aux catastrophes – par exemple, consolider les
digues des étangs avec des filets en nylon (ou par
d’autres moyens, tels que des saris bon marché en
Asie du Sud) et surélever les digues. Le matériel
de vulgarisation doit être révisé pour prendre en
compte les effets du changement climatique, et
les agents de vulgarisation doivent être formés sur
le sujet. Pour définir les pratiques optimales en
matière d’adaptation, il faut mener des activités
•
Promouvoir le mécanisme de certification de
l’Aquaculture Stewardship Council (ASC –
Conseil d’intendance de l’aquaculture)
pour certifier les opérations d’aquaculture
et gratifier d’une récompense financière la
production durable. L’ASC s’efforce d’utiliser
les forces du marché pour transformer le
secteur de l’aquaculture. À cet effet, il certifie
que la production d’opérations d’aquaculture
est durable si elle est conforme à des normes
spécifiques au niveau de l’exploitation et
si elle remplit certains critères sociaux et
environnementaux. La stratégie de l’ASC consiste
à: i) établir une entité normative (l’ASC) et créer
un label à l’intention des consommateurs; ii)
élaborer et exécuter un programme d’information
et de commercialisation qui stimule la
demande de produits certifiés par l’ASC sur le
marché; et iii) mettre en place un processus de
certification dans lequel ce sont des entités tierces
indépendantes qui certifient les exploitations.
Les normes initiales – en cours d’élaboration
dans le cadre d’un processus associant plusieurs
parties prenantes – concernent douze produits de
l’aquaculture16, et ont déjà été établies pour des
produits tels que le tilapia et le pangasius.
•
Investir dans la recherche pour mettre au
point/identifier de nouvelles souches d’espèces
d’élevage viables sur le plan commercial,
en particulier des espèces plus tolérantes à la
mauvaise qualité de l’eau, à une forte salinité et
à une gamme plus large de températures et de
maladies. Partout dans le monde, on observe
déjà des exemples d’opérations aquacoles qui
sont passées à l’élevage de ce type d’espèces,
comme mesure d’adaptation autonome face à
l’évolution du milieu aquatique. Cependant,
la diversification de l’aquaculture suppose, à
la fois l’information des consommateurs sur
les nouvelles espèces et les nouveaux produits
et la réussite du transfert de technologies
aux producteurs (De Silva et Soto 2009).
Dans la zone deltaïque du Mékong, où les
épisodes d’invasion d’eau salée se multiplient,
les producteurs diversifient désormais leur
production en se tournant vers des espèces plus
16. Les douze espèces sont les suivantes: ormeau, clams (palourde), moule, pecten, huître, mafou, truite, pangasius,
saumon, sériole, crevette et tilapia.
47
ENCADRÉ 2
mesure d’adaptation possible consiste à déplacer
les opérations d’aquaculture vers l’amont afin
d’échapper aux invasions salines – mais ce
n’est pas toujours faisable en raison du coût,
de questions de disponibilité de terres/de sites
et d’éventuels problèmes environnementaux
associés aux étangs abandonnés. Dans un
environnement salin, l’élevage de crevettes
constitue une solution d’adaptation lucrative
à condition d’être réglementé et conduit selon
les principes du développement durable. Par
exemple, au Bangladesh, où les producteurs qui
pratiquent l’élevage intensif de crevettes font
entrer l’eau salée dans les polders (des terres
cultivables entourées de hautes digues), celle-ci
contamine les terres environnantes et reste dans
le sol, rendant toute activité agricole quasiment
impossible. Face à des pratiques aussi nocives,
il faut promouvoir la production saisonnière de
crevettes/riz comme l’option la plus durable, bien
que certaines parties prenantes soulignent aussi
la viabilité de regroupements bien circonscrits,
qui concentrent l’élevage intensif de crevettes en
un seul lieu et protègent ainsi les autres zones des
invasions salines.
Projet post-tsunami de redressement de la pêche et de
l’aquaculture dans la province d’Aceh, en Indonésie
Au lendemain du tsunami qui a frappé l’Indonésie en
décembre 2004, la FAO a pris la tête de l’intervention
visant à redresser les secteurs de l’aquaculture et de la
pêche dans les zones sinistrées, en coopération avec
un large éventail de partenaires. Le projet a appuyé le
développement durable des secteurs de la pêche et de
l’aquaculture à Aceh dans le cadre de quatre grandes
composantes: i) coordination et planification, ii) cogestion
de la pêche, iii) aquaculture, et iv) manutention et
commercialisation après la production. Au titre de la
composante de planification et en coordination avec les
principaux partenaires, le projet a renforcé l’aptitude du
gouvernement à coordonner, promouvoir et planifier des
pratiques durables dans les secteurs de la pêche et de
l’aquaculture. L’objectif de la composante relative à la
cogestion était d’appuyer un partenariat entre pêcheurs
locaux, communautés et administration publique, afin
qu’ils se répartissent les responsabilités et les pouvoirs en
matière de gestion de la pêche. Les principaux éléments de
la composante relative à l’aquaculture étaient les suivants:
diffusion et promotion des Pratiques de gestion améliorées
applicables à l’élevage de crevettes et à la pisciculture en
cages, au moyen d’un service de vulgarisation efficace;
promotion de systèmes d’aquaculture intégrée tels que
la polyculture crevette-milkfish (Chanos chano)-algue
marine; et appui particulier en faveur des ménages
dépendant de l’aquaculture et dirigés par une femme.
La composante relative à la post-production et à la
commercialisation portait sur les aspects suivants:
renforcement de l’élaboration des politiques et de la
planification; amélioration des méthodes de manutention et
de transformation du poisson employées par les pêcheurs,
les commerçants et les opérateurs du secteur de la
transformation; amélioration de l’accès au marché pour les
produits existants et les nouveaux produits; et renforcement
des compétences commerciales (FAO 2010g).
résistantes à la salinité mais qui demeurent
intéressantes sur le plan commercial. Cependant,
cette évolution doit être accompagnée de
recherches approfondies et d’études de marché
visant à évaluer l’efficience économique et
technique de ces conversions, notamment
quand elles se font en faveur d’espèces dont la
croissance est plus lente ou le coût de production
plus élevé. Dans de telles situations, une autre
48
•
Inciter les exploitants à produire des alevins
pour se procurer des revenus supplémentaires/
de remplacement et pour faciliter le
réempoissonnement après une catastrophe. Un
nombre élevé et croissant de petits producteurs
abandonne l’élevage de longue durée produisant
du poisson de taille marchande pour adopter
un modèle d’élevage plus court allant du petit
alevin jusqu’à l’alevin/juvénile – par exemple, en
Indonésie et au Vietnam. Ce modèle d’activité
pourrait mieux convenir aux petits producteurs que
le grossissement traditionnel faiblement rentable,
et ce pour deux raisons: i) il demande moins
de compétences que la conduite d’écloseries; et
ii) un cycle de production court suppose moins
de risques et moins d’investissements et garantit
un meilleur flux de trésorerie (Peter Edwards,
Asian Institute of Technology, communication
personnelle). L’élevage d’alevins constitue donc
une activité économique de remplacement
intéressante pour certains petits producteurs, en
particulier dans les zones où apparaissent des
plans d’eau saisonniers et dans les zones exposées
au stress hydrique et aux catastrophes. Reste qu’il
faut investir dans les écloseries afin d’améliorer la
qualité des géniteurs et des œufs/larves ainsi que
celle des petits alevins qui sont fournis.
•
•
Empoissonner avec de grands alevins et des
post-larves et produire des espèces à croissance
rapide dans les zones exposées aux catastrophes.
L’empoissonnement avec des juvéniles avancés
et des espèces à croissance rapide contribue à
raccourcir la période d’élevage, donc à réduire
le risque de perdre la production. Cette stratégie
a été introduite avec succès par WorldFish au
Bangladesh, après le passage du cyclone Sidr
qui a frappé le pays en novembre 2007. Le
cyclone a fait des victimes, entraîné la perte de
moyens d’existence et détruit un grand nombre
d’installations d’aquaculture. Le programme de
redressement a contribué au rétablissement des
moyens d’existence des communautés sinistrées et
au renforcement de leur résilience, grâce à diverses
activités, et notamment l’introduction de mesures
novatrices dans le secteur de l’aquaculture.
Promouvoir les systèmes d’aquaculture et
agriculture intégrés – par exemple, dans
les installations d’irrigation, notamment
les réservoirs et les canaux. Les systèmes
d’aquaculture tels que la production mixte
riz-poisson ou volaille-poisson sont communs
et traditionnels en Asie et en Asie du Sud-Est.
En général, les espèces aquatiques élevées dans
ces systèmes se nourrissent d’organismes situés
aux échelons inférieurs de la chaîne trophique
(phytoplancton, zooplancton et benthos) et
n’ont pas besoin d’alimentation d’appoint. Au
Bangladesh, deux stratégies populaires permettent
de combiner agriculture et aquaculture dans les
basses plaines inondées ou gorgées d’eau. La
première est le système des “ghers”, qui consiste en
terrains carrés, plats et saisonnièrement innondés,
bordés des quatre côtés par des canaux et des
digues. Du riz est cultivé sur la surface plane
centrale, des poissons et des crevettes sont élevés
dans les canaux et des légumes sont plantés sur
les digues (WorldFish 2010b). La production
combinée riz-crevette d’eau douce et tilapia du
Nil, suivie par le ramassage de crevettes marines,
peut être très lucrative; les bénéfices nets tirés du
système riz-aquaculture intégrée sont de 330 à
422% plus élevés que ceux qui sont tirés de la
monoculture de riz pratiquée localement (Joffre
et al. 2010). La deuxième stratégie mise en œuvre
au Bangladesh est appelée Sorjan. Elle consiste
à aménager plusieurs rangées de plates‑bandes
surélevées, sur lesquelles les agriculteurs
plantent des légumes ou des arbres pour bois de
construction/arbres fruitiers. Les plates-bandes
sont cernées par un réseau de canaux où il est
possible de produire des organismes aquatiques.
Cependant, ce système demande une bonne
régulation du niveau de l’eau, ce qui n’est pas
toujours possible (WorldFish 2010b). Dans le
delta du Mékong, en particulier dans les zones
où la présence d’eau douce est assurée sur plus
de six mois, la production alternée riz-crevette
donne des résultats d’une manière plus durable
que la monoculture de crevette, avec un plus faible
pourcentage d’épidémies de maladies.
•
Promouvoir la valorisation des terres inondées
et/ou salinisées et des plans d’eau par les
communautés d’agriculteurs confrontés à la perte
de leurs terres, afin de mettre en place des systèmes
d’aquaculture en eau saumâtre, notamment
la culture de plantes aquatiques destinées à
la consommation ainsi qu’à la fabrication de
produits intéressants, tels que biocarburants,
protéines végétales et alcool. Sur le long terme,
ces systèmes peuvent même régénérer les sols.
Des résultats prometteurs ont été obtenus
dans des zones salinisées du delta du Mékong,
où plus d’une centaine d’espèces d’algues ont
fait l’objet d’essais (Algen Sustainables 2009).
Cependant, compte tenu de l’importance des
coûts d’investissement et des économies d’échelle,
il peut être nécessaire d’opérer à très grande
échelle pour que la production soit viable sur le
plan commercial. Les gouvernements se doivent
d’encourager cette reconversion par les moyens
suivants: mesures d’incitation économiques,
infrastructures, installations de production
(par exemple, écloseries, etc.), et services de
vulgarisation efficaces (De Silva et Soto 2009).
Comme indiqué dans la partie 2.2.2, il convient de
prendre des précautions pour éviter les éventuels
dégâts collatéraux et l’éclatement de conflits de
pouvoir locaux, tels que ceux qui opposent les
riziculteurs et les éleveurs de crevettes dans le sudouest du Bangladesh.
•
Promouvoir le développement de l’aquacultureculture hydroponique, qui combine la culture
hydroponique (maraîchage hors-sol) à la
production de poisson. Après que les organismes
aquatiques aient été nourris, leurs déchets sont
transformés par des bactéries en éléments nutritifs
assimilables par les végétaux (l’ammonium est
d’abord converti en nitrites, puis en nitrates),
ce qui nettoie l’eau dans laquelle vivent les
organismes aquatiques. Le système de production
mixte aquaculture-culture hydroponique
présente de nombreux avantages par rapport à la
culture hydroponique simple ou à l’agriculture
49
traditionnelle, car il ne requiert pas l’emploi de
pesticides, contribue à la conservation de l’eau,
permet d’obtenir des revenus plus élevés pour
un investissement limité et réduit les risques en
diversifiant les sources de revenus. Les espèces
et les variétés utilisées doivent être choisies avec
soin. La présence de la bactérie qui convient
est fondamentale pour le bon fonctionnement
du système. Les variétés végétales doivent être
sélectionnées en fonction du type de système.
Les plantes dont les exigences nutritionnelles
sont faibles à moyennes, notamment les légumes
feuillus verts, sont particulièrement adaptées. Les
espèces aquatiques qui tolèrent la fluctuation de la
qualité de l’eau, comme le pangasius et le tilapia,
sont préférables. Au Bangladesh, l’université
d’agriculture nationale a mis au point un modèle
simple qui repose sur l’installation de claies et
de radeaux dans des étangs. Un autre exemple
édifiant qui provient du Bangladesh est celui
des jardins flottants, que l’on peut observer dans
certaines zones inondées et qui consiste en platesbandes flottantes constituées de jacinthes d’eau,
sur lesquelles les agriculteurs cultivent des légumes
sans rien ajouter d’autre (Salam et al. 2013). Sur
la base de ce modèle, des essais ont aussi été
conduits en Thaïlande dans des étangs d’élevage de
poisson-chat et de tilapia ainsi que dans des cours
d’eau, où du fumier, des cendres de balles de riz et
des plantes aquatiques compostées ont été utilisés
comme milieu de croissance. Les essais ont donné
des résultats prometteurs, en particulier dans les
étangs d’élevage de poisson-chat, où les végétaux
ont prospéré grâce à la teneur en azote très élevée
de l’eau (Pantanella 2008).
•
50
Améliorer la planification du développement
de l’aquaculture et le zonage. L’aquaculture en
eau douce, en eau saumâtre et en milieu marin
ouvert offre aux communautés vulnérables
des perspectives extrêmement intéressantes de
développement durable, mais il faut la planifier
soigneusement et intégrer la question du
changement climatique si l’on veut optimiser
la productivité et éviter les effets nocifs sur
l’environnement. Une planification irraisonnée
et non coordonnée peut avoir les résultats
suivants: sélection malencontreuse des sites, choix
inapproprié des espèces ou des technologies,
effets négatifs sur l’environnement, absence
de perspectives à long terme, augmentation
des risques et des probabilités de maladies, et
objectifs régionaux sur le long terme incohérents.
Tous ces facteurs sont susceptibles de faire
baisser la productivité et de compromettre la
viabilité financière des projets d’aquaculture
et les moyens d’existence de ceux qui en
dépendent. Idéalement, un processus amélioré de
planification nationale de l’aquaculture comporte
un élément de renforcement des capacités
fondé sur une analyse, solide et étayée par des
données, des sites se prêtant au développement
de l’aquaculture. En outre, la mise en œuvre de
l’approche écosystémique suppose de s’intéresser
à différentes échelles spatiales et de ne plus
planifier dans les limites institutionnelles et
administratives mais dans des limites naturelles
ou écosystémiques, telles que celles d’un bassin
versant ou d’un plan d’eau, sans tenir compte des
limites institutionnelles. La mise en œuvre de ce
type d’approche demande une volonté politique
et une intégration intersectorielle, au moyen – par
exemple – de l’adoption d’un cadre de Gestion
intégrée des zones côtières, mis en œuvre en
collaboration avec les autorités du bassin fluvial et
les producteurs d’hydroélectricité.
Mesures d’atténuation spécifiques
Mesures d’atténuation dans le secteur de
la pêche
Un grand nombre de mesures d’adaptation contribuent
aussi à l’atténuation – par exemple, la régénération
des écosystèmes de zones humides et de mangrove –
et, à ce titre, doivent être appliquées en priorité. Les
mesures d’atténuation susceptibles d’être adoptées pour
réduire les incidences des opérations de pêche sur le
changement climatique sont les suivantes (FAO 2008e;
CPS 2008; Daw et al. 2009; Multi-Agency Brief (MAB,
note rédigée par plusieurs organismes) 2009):
• Régénérer/protéger les écosystèmes, tels que
les forêts de mangrove, les zones humides, les
prairies sous-marines et les marais littoraux,
en y limitant la pêche et en y interdisant l’emploi
de techniques de pêche nocives. Ces écosystèmes
couverts de végétation, outre le rôle qu’ils jouent
en tant que barrières naturelles contre les cyclones,
habitats et lieux de reproduction d’organismes
aquatiques et mécanismes d’absorption de la
salinité, sont aussi des puits de carbone capables
d’absorber le CO2 de l’atmosphère deux à quatre
fois plus vite que des forêts tropicales matures
et de le stocker dans le sol en quantités trois à
cinq fois supérieures (Murray et al. 2011). Une
gestion améliorée des bassins versants et des terres
pour réduire le ruissellement, qui lessive le sol,
les éléments nutritifs et les produits chimiques,
contribuerait aussi à protéger ces écosystèmes.
•
Utiliser des navires plus économes en carburant,
caractérisés par des matériaux de construction
et un profil de coque novateurs et équipés de
moteurs plus efficients et de capacités de stockage
pour réduire la consommation de carburant.
•
Réduire la surpêche et l’excédent de capacité de
pêche, notamment en ajustant la composition de
la flottille, en favorisant la pêche artisanale et en
rendant la pêche industrielle moins intéressante,
en particulier dans les pays où certains stocks sont
pleinement ou partiellement surexploités. Ces
mesures contribueraient aussi à réduire l’utilisation
de carburant, compte tenu de la réduction du
nombre de navires en mer et de l’augmentation de
la capture par unité d’effort (CPUE).
•
Introduire de nouveaux engins de pêche pour
favoriser une augmentation de la CPUE et une
réduction des prises accidentelles, la préférence
étant donnée aux engins passifs plus sélectifs et
moins nocifs, tels que des pièges/filets maillants
bien conçus.
•
Installer et entretenir des DCP dans les eaux
littorales au service de la pêche de subsistance
(voir aussi la partie 3.4.6). Des accords adaptés
doivent être établis entre les pêcheurs et les
gestionnaires de la pêche, en ce qui concerne
l’installation, l’utilisation et l’entretien des DCP.
L’établissement de lieux précis où les pêcheurs
savent qu’ils pourront trouver du poisson en
permanence, contribue aussi à une réduction
considérable de la consommation de carburant.
Carbone bleu
Il s’agit du carbone stocké, fixé ou libéré par les
écosystèmes côtiers des marais littoraux, de la mangrove
et des prairies sous-marines (Herr et al. 2012, dans Murray
et al. 2012). Le carbone bleu doit encore être intégré dans
le processus de la Convention-cadre des Nations Unies sur
les changements climatiques (CCNUCC). Examinée pour la
première fois en juin 2011 au sein de l’Organe subsidiaire
de conseil scientifique et technologique (SBSTA) à la suite
d’une demande formulée par la Papouasie-Nouvelle-Guinée,
la question a été jugée insuffisamment avancée et a été
transmise à des fins d’examen dans le cadre du Programme
pour la réduction des émissions résultant du déboisement et
de la dégradation des forêts (REDD+).
Pour l’heure, le carbone bleu n’apparaît pas encore comme
une question autonome à part entière dans les négociations.
Cependant, à sa trente-septième session, le SBSTA a prié
le secrétariat d’organiser en marge de la trente-neuvième
session un atelier sur l’examen des aspects techniques et
scientifiques des écosystèmes représentant d’importants
réservoirs de carbone, qui ne sont couverts par aucun autre
programme de la Convention (Murray et al. 2012).
n’entraîne l’émission que de 1,67 kilogramme
de CO2. Les mollusques et les bivalves d’élevage,
tels que les palourdes, les moules et les huîtres,
peuvent prélever des quantités importantes de
carbone dans les eaux marines côtières et n’ont pas
non plus besoin d’huile ou de farine de poisson.
L’empreinte carbone des moules et des huîtres
est de 0,01 kilogramme de CO2 par kilogramme
de produit; de plus, il a été estimé que les moules
étaient capables d’assimiler et de prélever jusqu’à
80 tonnes de carbone par hectare et par an.
Cependant, le rôle des crustacés et mollusques
en tant que puits de carbone fait encore débat
dans le monde scientifique, en particulier en
ce qui concerne le devenir et la fixation du
carbone prélevé.
Mesures d’atténuation dans le secteur de
l’aquaculture
Dans le secteur de l’aquaculture, les mesures
d’atténuation sont notamment les interventions
qui permettent de réduire l’empreinte carbone de
la production: utilisation de certaines espèces et de
certaines méthodes de production et activités qui
favorisent la fixation du carbone (Bunting et Pretty
2007; De Silva et Soto 2009; MAB 2009; Davies 2010),
par exemple:
• Élever des espèces situées aux échelons
inférieurs de l’échelle trophique, notamment les
espèces herbivores ou planctonivores, comme les
principales carpes indiennes (catla, rohu, mrigal),
les carpes chinoises (carpe de roseau, carpe
argentée, carpe à grosse tête, carpe commune), le
tilapia et l’holothurie (échinoderme nécrophage
se nourrissant de débris). Ces espèces n’ont
pas besoin d’huile de poisson ni de farine de
poisson et ont une faible empreinte carbone – par
exemple, la production de 1 kilogramme de tilapia
•
Cultiver des plantes aquatiques, notamment
les algues (par exemple, les genres Eucheuma et
Kappaphycus), de manière à favoriser la fixation
de carbone. Compte tenu de la relative brièveté
du cycle de culture – environ 3 mois – et de
rendements qui dépassent 2 500 tonnes par
hectare, la capacité d’extraction de carbone des
plantes aquatiques est largement supérieure à
celle de n’importe quelle autre activité agricole
réalisée sur une surface comparable. La culture
d’algues est courante le long des côtes des
51
Philippines, d’Indonésie, de Chine et d’autres pays
asiatiques, ainsi qu’en Tanzanie, à Madagascar et
au Mozambique.
•
•
52
Promouvoir l’aquaculture multi-trophique
intégréee. Celle-ci a été définie précédemment
comme la production conjointe d’espèces
que l’on nourrit et d’espèces extractives qui
utilisent les déchets organiques et inorganiques
de l’aquaculture pour se développer. Ainsi,
l’aquaculture intégrée tend à favoriser la bioatténuation et l’absorption des éléments nutritifs
en excès encore présents dans l’environnement,
ce qui revient à assurer un important service
environnemental de traitement des déchets
(Angel et Freeman 2009; Barrington et al. 2009;
Troell 2009). L’aquaculture multi-trophique
intégrée constitue aussi un bon exemple
d’approche écosystémique. Des pourparlers sont
en cours sur la possibilité de mettre en place
un mécanisme de “crédits éléments nutritifs”
négociables concernant essentiellement l’azote,
le carbone et le phosphore – à l’image du
mécanisme de crédits carbone applicable aux
forêts – pour tirer parti de la capacité d’extraction
de l’aquaculture multi‑trophique intégrée.
L’aquaculture multi‑trophique traditionnelle
peu intensive comprend aussi: les systèmes de
polyculture en eau douce, qui sont très courants
en Asie – en particulier en Asie du Sud-Est – où
la carpe fait partie des principales espèces élevées
et occupe de multiples niches écologiques à
l’intérieur d’un même étang; et les systèmes
agriculture aquaculture intégrés – par exemple,
les systèmes de production mixte riz-poisson et
riz‑crevette au Viet Nam.
Améliorer l’efficience de l’énergie. Appuyer les
technologies à la fois économes en énergie et
viables et faciliter le remplacement du matériel et
des techniques peu efficientes dans ce domaine.
La consommation de carburants fossiles et, en
conséquence, les émissions de carbone pourraient
être considérablement réduites si l’on substituait
les sources d’énergie et si l’on améliorait l’efficience
de celle-ci – par exemple, en introduisant
des dispositifs d’acheminement de l’eau par
gravité dans les étangs, en investissant dans la
microgénération d’énergie, d’électricité ou de
chaleur sur le site à partir de sources renouvelables,
en se procurant les intrants (aliments, juvéniles,
engrais, etc.) localement et en employant des
systèmes d’éclairage, du matériel et des véhicules
économes en énergie ainsi que des machines
consommant des biocarburants renouvelables
(Bunting et Pretty 2007). En Tunisie, dans le
cadre d’initiatives promouvant une aquaculture
économe en énergie, des exploitations pilotes
fonctionnent à l’énergie solaire (Luigi Negroni,
ALVEO S.c.r.l., communication personnelle). En
Thaïlande, des activités financées par GIZ sont en
cours pour promouvoir les économies d’énergie
et l’éco-efficience dans les élevages de crevette, ce
qui suppose le remplacement des moteurs peu
performants et l’adoption de bonnes pratiques
de gestion de l’énergie. Les résultats préliminaires
montrent qu’il est possible d’améliorer l’efficience
de l’énergie de 30 à 40%, ce qui se traduirait par
une réduction des coûts extrêmement appréciable.
•
Recenser les possibilités d’accéder aux
mécanismes de financement carbone. Les
mécanismes financiers liés à l’atténuation fondée
sur les écosystèmes sont notamment la vente de
crédits carbone, qui s’inscrit dans le Programme
pour la réduction des émissions résultant du
déboisement et de la dégradation des forêts
(REDD). L’initiative REDD est un mécanisme
de financement international, dont l’objectif est
de donner une valeur financière au carbone fixé
dans les forêts et de générer ainsi des revenus
substantiels à l’intention des communautés rurales
qui contribuent à la conservation des forêts (TEEB
2010). L’initiative REDD+, une extension de
REDD, met l’accent sur la conservation, la gestion
durable des forêts et l’amélioration du stockage de
carbone dans les forêts. Dans le projet: “Réduction
de la pauvreté, conservation de la mangrove
et changement climatique: compensation des
émissions de carbone pour rétribuer les services
écosystémiques de la mangrove dans les îles
Salomon”, exécuté par WorldFish, la possibilité de
faire enregistrer de petites zones de mangroves sur
les marchés volontaires internationaux de crédits
carbone a été étudiée. La rétribution des services
écosystémiques de la mangrove dans le cadre de
mécanismes tels que REDD+ pourrait donner
aux communautés rurales un intérêt économique
direct à contribuer à la protection et l’utilisation
durable des forêts de mangrove et permettre à
ces communautés de réduire leur vulnérabilité,
à certaines conditions. Un projet identique a
été lancé à Trinidad par le Fonds biocarbone. Le
carbone est également stocké, ou fixé, et parfois
libéré par d’autres écosystèmes côtiers tels que
les marais littoraux et les prairies sous-marines
(Murray et al. 2012).
Conclusions
Le changement climatique est un problème mondial
d’importance croissante qui a des implications
non seulement pour tous les aspects de la vie
humaine mais aussi pour tous les organismes
vivants. Les évolutions déjà observées sont le
réchauffement de l’atmosphère et des océans,
la modification des régimes de précipitations et
l’accroissement de la fréquence des phénomènes
météorologiques extrêmes. On assiste aussi à une
augmentation de la salinité et de l’acidité des océans,
ce qui a des répercussions sur la physiologie et le
comportement de nombreuses espèces aquatiques
et altère la productivité, les habitats et les modèles
de migration. L’élévation du niveau de la mer,
conjuguée à l’augmentation de la violence des
intempéries, menace gravement les communautés
et les écosystèmes côtiers. Partout dans le monde,
les récifs coralliens pourraient être détruits au
cours du siècle prochain. Certains lacs et plans
d’eau continentaux sont en cours d’asséchement
tandis que, ailleurs, les inondations destructrices
deviennent habituelles. Souvent, ce sont les
communautés démunies des pays pauvres qui ont le
plus à souffrir de ces changements.
de la pêche et de l’aquaculture, et d’une analyse
des activités conduites par d’autres organisations
internationales dans ces domaines. En accord avec
le principe directeur de l’ASAP, transposer à plus
grande échelle des approches éprouvées et fiables,
la plupart des mesures proposées ne sont pas de
nouvelles idées ni des concepts inédits, mais des
mesures qui ont démontré à maintes reprises dans la
pratique qu’elles généraient une série d’avantages au
profit des artisans pêcheurs et des petits aquaculteurs
et renforçaient leur résilience ainsi que celle des
écosystèmes dont ils dépendent.
Le tableau suivant présente un résumé des
principales interventions proposées, regroupées en
fonction du problème d’origine climatique auquel
elles visent à répondre au premier chef. Le choix
des interventions doit toujours être orienté par les
communautés ciblées et reposer sur une évaluation
rigoureuse des risques et de la vulnérabilité.
Depuis longtemps, le FIDA est conscient qu’il est à la
fois nécessaire, urgent et faisable de tenir compte du
changement climatique et de ses incidences dans les
opérations de pays. Il a pris des mesures concrètes à
cet égard avec la formulation de la Stratégie du FIDA
concernant le changement climatique en 2010 et de
la Politique de gestion des ressources naturelles et de
l’environnement en 2011, et le lancement de l’ASAP
en 2012. Dernières en date, les présentes directives
vont plus loin en proposant une série de mesures à
avantages multiples et de pratiques optimales qui
permettent d’intégrer la question de l’adaptation
au changement climatique et de son atténuation
dans les interventions du FIDA relatives aux
secteurs de la pêche et de l’aquaculture. Les mesures
proposées ont été déterminées au moyen d’une
étude approfondie de la documentation pertinente
ayant trait au changement climatique et aux secteurs
53
©FIDA/R. Ramasomanana
54
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