Nous terminerons cette partie en évoquant la
possibilité de réaliser une chaîne de traction hybride
électrique simplifié grâce à des moteurs intégrés dans
les roues. La structure hybride série/parallèle est celle
qui offre le plus de possibilités (modes tout électrique
et tout thermique, freinage récupératif, accélération
avec les pleines puissance thermique et électrique…),
mais dans ce cas l’une des principales difficultés est de
réaliser le couplage de puissance mécanique produite
par le moteur thermique avec celle(s) produite(s) par
la(les) machine(s) électrique(s). La solution la plus
connue est celle exploitée par la société japonaise
Toyota et qui consiste à utiliser un système mécanique
qui est un train planétaire épicycloïdal. Ce dispositif
permet de réaliser relativement simplement le
couplage, mais ne permet pas de piloter librement le
moteur thermique et les deux moteurs électriques car
des conditions mécaniques doivent être respectées au
niveau du train planétaire. L’utilisation de moteurs-
roues peut permettre de réaliser ce couplage de façon
simplifiée. L’idée est de maintenir la propulsion
thermique classique sur les roues motrices, en réduisant
la puissance du moteur thermique (on parle
usuellement de ‘downsizing’), et d’installer sur les
roues non motrices des moteurs-roues, comme
représenté Figure 6. Ces moteurs sont alors
dimensionnés pour assurer un fonctionnement tout
électrique (en mode urbain par exemple), soutenir le
moteur thermique sous-dimensionné et fournir de cette
manière la même puissance que le véhicule thermique
initial et assurer un freinage ou ralentissement
récupératifs. On obtient alors un véhicule hybride
série-parallèle dont la structure est relativement proche
d’un véhicule thermique classique mais qui permet
l’utilisation d’un moteur thermique plus faiblement
dimensionné et l’exploitation des caractéristiques
intrinsèques des moteurs-roues, à savoir leur compacité
et leur modularité. Le véhicule NEXT développé par
Renault en 1995 en est un premier exemple (cf. Figure
7). Un autre exemple de ce type de véhicule hybride est
actuellement en cours de conception dans le cadre du
projet PHEBUS (Propulsion Hybride Electrique Bi-
mode pour Usages urbains) soutenu par l’ANR et
financé par l’ADEME ; il s’agit d’un quadricyle lourd
de la marque AIXAM qui sera hybridé selon
l’architecture décrite ci-dessus [iii] (cf. Figure 25).
3. Intérêts et limites des moteurs-roues
Dans ce paragraphe, nous détaillons les avantages
et les inconvénients de l’intégration de moteurs
électriques dans les roues d’un véhicule, de façon à
dégager ensuite les véhicules qui pourraient être les
mieux adaptés à ce type de motorisation.
3.1. Avantages des moteurs-roues
Nous commençons par les avantages des moteurs-
roues. Le premier avantage est clairement la compacité
de la fonction motrice. En effet, le moteur et sa
transmission sont tous les deux inclus dans la roue elle-
même. La roue aura alors une liaison mécanique au
châssis, mais également une liaison électrique (courant
fort pour la puissance et courant faible pour les
capteurs) et éventuellement une liaison hydraulique
pour le refroidissement. Cette compacité est un atout
pour un véhicule électrique car cela permet de gagner
de la place pour disposer les organes de stockage
d’énergie (dont le volume peut être considérable si on
souhaite une autonomie importante) et de gestion
d’énergie (les convertisseurs statiques et d’éventuels
composants de stockage de puissance). L’agencement
global des composants du véhicule est donc simplifié et
cela permet de mieux positionner le centre de gravité
du véhicule pour optimiser le comportement routier.
La simplification extrême de la transmission
mécanique permet a priori d’optimiser le rendement de
la chaîne de traction, si toutefois le rendement de la
machine électrique n’est pas pénalisé par l’attaque
directe ou la faible place disponible pour intégrer le
moteur dans une roue. Quoi qu’il en soit, dans le cas
d’une attaque directe, les engrenages sont supprimés ce
qui permet de réduire le bruit et les vibrations. Cette
suppression devrait également conduire – de ce point
de vue au moins – à une limitation de la maintenance et
à une augmentation de la fiabilité.
Enfin, la possibilité de contrôler indépendamment
les quatre roues du véhicule permet de réaliser par voie
électronique des fonctions avancées telles que l’anti-
blocage des roues (ABS), l’optimisation de la stabilité
du véhicule (ESP), mais aussi le pivot. Le contrôle de
couple de chaque roue permet ainsi de démarrer
presque en toute cisrconstance même si trois roues se
trouvent en terrains glissants ou sont embourbées. Le
réalisation du pivot (par contre rotation des deux roues
d’un même essieu) permet d’améliorer la maniabilité
du véhicule. Et la maîtrise du couple sur chaque roue
permet d’envisager des franchissement difficiles avec
de très fortes pentes (le couple est réglé sur chaque
roue au maximum de ce que permet la liaison au sol).
3.2. Limites des moteurs-roues
Nous détaillons maintenant les principaux
inconvénients des moteurs intégrés dans les roues.
3.2.1. Vulnérabilité de la fonction motrice
Le premier inconvénient – le plus évident peut-être
– concerne la vulnérabilité de la fonction motrice. En
effet, toute la fonction motrice étant dans la roue du