p a t r i m o i n e n a t u r e l Bulletin on d’Informati Réserve Naturelle Marine de Cerbère-Banyuls LETTRE N°12 Juillet 2015 Edito La saison estivale 2015 débute. Comme chaque année, le Département met tout en œuvre afin de vous faire découvrir les richesses de notre territoire. La confiance renouvelée des habitants nous permet de continuer le travail engagé et de maintenir le cap d’une politique en faveur de la préservation de notre environnement. Ainsi, dans la continuité des années précédentes, la Réserve Naturelle Marine de Cerbère-Banyuls assurera les nombreuses missions nécessaires à la bonne gestion du milieu marin. Tous les passionnés de la mer pourront venir découvrir le sentier sous marin et ses nouveaux aménagements. Les plongeurs pourront y pratiquer leur activité favorite en toute sécurité et dans le plus grand respect du milieu grâce aux dispositifs d’amarrage mis à leur disposition gratuitement. Les pêcheurs continueront à fréquenter cet espace protégé. Les efforts consentis collectivement depuis de nombreuses années font de la Réserve un espace où les différentes activités humaines cohabitent dans le respect de l’environnement. Ainsi notre Réserve Marine a été inscrite avec seulement 5 autres sites en France sur la liste verte des Aires Marines Protégées de l’Union Internationale pour la Conservation de la nature. Elle a été désignée comme site pilote dans la rédaction des plans de gestion pour Réserves Naturelles de France. Ces distinctions sont de belles reconnaissances pour la Réserve et le Département, gestionnaire depuis plus de 35 ans. A tous, je vous souhaite une bonne saison estivale 2015. Hermeline MALHERBE Présidente du Département Sénatrice La Réserve Naturelle Marine de Cerbère–Banyuls inscrite sur la liste verte internationale de l’UICN pour ses 40 ans ! A la fin de l’année 2014, à Sydney en Australie, le comité international de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature, lors du congrès mondial des parcs, a définitivement validé l’inscription de la Réserve Naturelle Marine de Cerbère-Banyuls sur la liste verte des aires protégées. La liste verte vise à reconnaître la qualité de gestion et de gouvernance d’aires protégées, au regard de standards internationaux. Elle constitue une récompense des efforts fournis et des résultats obtenus, par le gestionnaire et par les acteurs des territoires en faveur de la conservation de la nature. La France, avec sept autres pays pilotes, s’est engagée à concrétiser ce projet de système de labellisation harmonisé au niveau mondial, en accompagnant la candidature de seulement cinq sites pilotes dont celle de la réserve marine. Cette étape est une belle reconnaissance pour la réserve et le Département des Pyrénées-Orientales. Elle consacre la qualité de sa gestion ainsi que l’importance accordée à la participation des acteurs locaux, ce dernier critère étant essentiel pour pouvoir figurer sur la liste verte. En effet, cet espace marin est loin d’être mis sous cloche. La réserve vise au contraire à concilier les activités humaines et la préservation de l’environnement. C’est une reconnaissance très importante du travail accompli depuis 40 ans. Point information à ciel ouvert du sentier sous marin Durant la saison estivale, une exposition gratuite à ciel ouvert vous attend sur la plage de Peyrefite. Vous y trouverez de nombreux panneaux sur la Réserve Marine ainsi que de la documentation sur les différents sites du Conseil Départemental. Horaires d’ouverture : 12h00 à 18h00 Des animations gratuites seront proposées pour les enfants. Différents thèmes comme la sensibilisation à l’environnement marin, la dégradation des déchets en mer, les différents écosystèmes et leurs habitants seront abordés. Cet été, le sentier sous marin sera ouvert du 1er juillet au 30 Août. Les agents de la Réserve Marine vous y accueilleront tous les jours de 12h00 à 18h00 (fin des locations à 17h). Au niveau du point d’accueil, vous pourrez louer du matériel et acheter des plaquettes immergeables, des jeux des 7 familles et des guides 3D pour l’exploration des sites de plongées de la Côte Vermeille. Une visite commentée du sentier sous-marin et un retour en musique vous seront proposés grâce au tuba FM ou aux nouveaux lecteurs mp3 étanches. Ce parcours aquatique, d’une longueur de 250 mètres, ponctué de 5 stations d’observation représentatives des différents écosystèmes (galets, herbiers, blocs, failles et tombants), vous permettra de découvrir les richesses de la Méditerranée. Nouveauté cette année ! Chaque station a été équipée d’un nouveau panneau d’information immergé réalisé par 2 graphistes / illustrateurs, et de nouvelles plaquettes immergeables seront également en vente au point d’accueil. Pour votre sécurité le sentier sous-marin est surveillé par les sapeurs-pompiers durant les heures d’ouverture. Tarifs et réservations : 04 68 54 91 85 Point information sur le port de Banyuls sur mer Un point information est ouvert durant les mois de juillet et août sous les arcades du Quai Georges Petit, le long du port de Banyuls–sur-mer. Deux expositions libres et gratuites y seront proposées, ainsi que la projection d’un film sur la réserve : n Paroles de mer : étude ethnologique réalisée par Marie Weill de l’association Vella i Vent auprès de pêcheurs vignerons, qui lui ont livré leurs expériences et leurs souvenirs maritimes. n Dessins de marines sur le patrimoine maritime Catalan réalisés par Jacques le Cornec. Horaires d’ouverture : tous les jours, de 11h00 à 13h00 et de17h00 à 19h00 Renseignements au : 04 68 88 56 87 Les activités et les usages pratiqués dans la RNMCB La plongée sous-marine La pratique de la plongée sousmarine se développe sur l’ensemble du littoral méditerranéen. La Réserve attire un grand nombre de plongeurs : plus de 25 000 plongeurs fréquentent les eaux de la réserve chaque année. La moitié des plongées réalisées dans le département des PyrénéesOrientales s’effectuent dans la Réserve, et plus particulièrement sur la ZMO (zone de mouillage organisé) du cap l’Abeille (d’une superficie d’environs 12 ha). Cette activité peut générer des dégradations physiques des fonds : mauvais lestage des plongeurs qui se déplacent trop près du fond, coups de palmes, envasement des peuplements, frottements, émissions de bulles sous les surplombs. Le passage répété de plongeurs peut également générer des dérangements sur les peuplements de poissons. La plongée sous-marine est la seule activité qui n’est pas réglementée dans la Réserve (hors ZPR) où seule une charte de bonnes pratiques a été mise en place. En étant signataire de la charte de plongée, les structures s’engagent à fournir des carnets de fréquentation chaque année et à respecter les fonds et les espèces lors de la pratique de leur activité. En échange, le gestionnaire s’engage à mettre en place différents outils de communication, ainsi qu’une réunion de restitution à la fin de chaque saison. Sensibilisation des petits Banyulencs à l’Environnement Comme chaque année, de nombreuses classes se rendent à Banyuls afin de faire découvrir la Réserve Marine à leurs élèves. Ces sorties sur le terrain proposées par le Département des PyrénéesOrientales et son service éducatif, leur permettent de se familiariser avec les différents écosystèmes marins de la Côte Vermeille, les nombreuses espèces qui les peuplent (dont certaines protégées au niveau international, comme les herbiers de posidonies), et la gestion de ce site naturel préservé. Au cours des trois animations pédagogiques, sur le terrain et en classe, les élèves découvrent et comprennent l’importance de ces paysages et de cette biodiversité. Cette année, 2 classes de l’école primaire de Banyuls ont pu bénéficier d’une présentation de la réserve et de ses différentes missions. Ces journées ont permis de faire comprendre l’importance d’un tel outil de protection sur leur territoire, et d’en apprécier la richesse du milieu qui les entoure. La sensibilisation de tous reste l’une des misions prioritaire de la réserve. Proliférations de micro-algues filamenteuses dans la Réserve Naturelle Marine de Cerbère-Banyuls, par Couté A.*, Perrette C. ** et Payrot J.** Depuis plus d’une vingtaine d’années, les plongeurs intervenant dans la région de Banyuls/mer, mais aussi ailleurs en Méditerranée, voient se développer sur les fonds, au cours des saisons printanière et estivale et en liaison avec les événements météorologiques, des touffes filamenteuses cotonneuses d’une extrême finesse et une couleur jaune pâle (fig.1). Ces formations apparaissent accrochées en paquets sur toutes sortes de supports vivants (alcyonaires, bryozoaires, corail rouge, gorgones…) ou inertes (chaines de mouillage, coralligène, corps morts…) ou encore sous l’aspect d’un revêtement continu semblable à une moquette très fine et dense dont la durée d’existence est très variable. fig.1 : touffes cotonneuses (-10m, cap l’Abeille ; photo A. Couté) Le Département des Pyrénées Orientales, gestionnaire de la Réserve Naturelle Marine de Cerbère-Banyuls (= RNMCB), inquiet devant la récurrence de ces phénomènes et leur ampleur de plus en plus marquée, a diligenté une étude visant à identifier le ou les micro-organismes responsables pour ensuite tenter de connaître les causes de leur développement excessif et d’en réduire, si possible, l’expansion. L’inventaire a été réalisé au cours de l’année 2014, sur une période étalée entre les mois de mai et octobre. Une vingtaine de prélèvements a été opérée sur différents sites de la RNMCB (zone de protection partielle et zone à protection renforcée) et à l’extérieur de celle-ci au nord (anse de Paulille, Sainte Catherine…) et au sud (cap Cerbère…). Les échantillons ont d’abord été examinés à l’aide d’une loupe binoculaire, triés puis observés, dessinés et photographiés au microscope photonique. Les résultats de ces investigations montrent, en premier lieu, que ces masses nébuleuses ne sont pas le fait d’une unique espèce mais de près d’une trentaine. Vingt genres ont été identifiés pour 26 espèces qui se répartissent en cinq classes, à savoir : les Cyanophyceae ou cyanobactéries, les Dinophyceae, les Pelagophyceae, les Phaeophyceae et les Rhodophyceae. On peut ranger les membres de cet ensemble très hétérogène en trois catégories selon l’importance de leur intervention dans le phénomène : (1) individus prédominants par leur quantité et dans le temps, (2) individus moins présents par leur nombre réduit ou leurs apparitions sporadiques, (3) individus très rarement observés n’intervenant que pour une faible proportion dans la formation des touffes cotonneuses et dont la présence est due au hasard (fragments de macroalgues décrochés ou arrachés…). Seul le premier groupe est détaillé et illustré ici compte tenu du rôle fondamental que jouent ses membres (au nombre de trois) dans cette manifestation colorée. Pour les autres taxons, on peut consulter le rapport intitulé « Inventaire des micro-algues contaminant les fonds marins de la RNMCB » élaboré par Eau-Céans avec le concours d’un spécialiste du Muséum National d’Histoire Naturelle. Acinetospora crinita (Carmichael) Sauvageau 1899 (Phaeophyceae) est une micro-algue brune (diamètre cellulaire max. 35µm), filamenteuse unisériée (faite d’une seule série de cellules de forme cylindrique) et ramifiée, de couleur jaune brun (fig.2). Les rameaux se terminent en poil avec des cellules très allongées et peu colorées voire même incolores. À maturité, ils portent des sporocystes pluriloculaires (produisant plusieurs spores ; fig.3). Présent pendant presque toute la durée de l’étude, c’est l’élément prédominant aussi par sa biomasse. Il disparaît à partir de septembre. fig.2 : fragments de thalles d’A. crinita fig.3 : sporocyste pluriloculaire d’A. crinita Chrysonephos lewisii (W.R. Taylor) W.R. Taylor 1952 (Pelagophyceae) est un micro-organisme de couleur jaune orangé, colonial malgré un aspect filamenteux. En effet, les cellules, globuleuses ou elliptiques, n’ont aucun contact entre elles et sont incluses, de façon unisériée irrégulière, dans un mucilage commun cylindrique (diamètre cellulaire max. : 15µm), avec de pseudo-ramifications (fig.4 et 5). Cette micro-algue apparait en septembre et octobre occupant la niche d’A. crinita qui régresse à cette période. fig.4 : fragment de thalle de C. lewisii fig.5 : fragment de thalle de C. lewisii avec une pseudoramificarion (flèche) Nematochrysopsis marina (J. Feldmann) C. Billard in Hoffmann et al. 2000 (Pelagophyceae) est une espèce coloniale pseudo-filamenteuse (cellules non en contact incluses dans un mucilage collectif) unisériée non ramifiée (fig.6), de couleur jaune orangé et d’un diamètre maximal de 30µm. La caractéristique cytologique est la présence, au niveau de la paroi, de pièces en H (fig.7), épaississements pariétaux à cheval sur deux cellules (connus aussi chez le genre dulçaquicole Tribonema Derbès et Solier 1856). Au stade mature, cette micro-algue peut atteindre une longueur de l’ordre du mètre. N. marina est présent en abondance tout au long du mois de juillet et en partie en septembre. fig.6 : fragments de différents thalles de N. marina fig.7 : détails de deux fragments N. marina avec pièces en H (flèches) Ces trois taxons, principaux responsables des formations filandreuses estivales dans les petits fonds méditerranéens, ne sont pas des nouveautés pour cette mer. Acinetospora crinita, entre autres, y a été signalé depuis la fin du XIXème siècle. Toutefois, jusqu’à il y a une vingtaine d’années, leur développement était limité et sporadique. Le gestionnaire de la RNMCB à travers son Conseil scientifique souhaite mieux connaitre ces prolifération algales afin de répondre à plusieurs questions : quelles sont les causes qui, ces dernières années, ont favorisé leur développement anarchique en masse ? Quels seraient les moyens d’occasionner leur régression ?Les conditions climatiques semblent influer sur leur multiplication. Des prédateurs, poissons herbivores comme la Saupe (Sarpa salpa Linnaeus 1758), ont été vus en train d’en consommer. Mais leurs populations suffiraient-elles à faire régresser les plus fortes proliférations ? Quoi qu’il en soit, le gestionnaire de la RNMCB souhaite engager des études pour apporter des réponses à ces diverses questions car en période de crise, tous les organismes animaux fixés filtreurs subissent un stress souvent irréversible, l’accès à la nourriture par filtration étant alors considérablement réduit. *Muséum National d’Histoire Naturelle, Département RDDM, UMR 7245, Unité MCAM, 57 rue Cuvier, case 39, 75005 PARIS *Eau-Céans, 1 rue de la Prairie, 94444 SANTENY **Réserve Naturelle Marine de Cerbère-Banyuls, 5 rue Roger David, 66650 BANYULS/mer Les enjeux du plan de gestion Depuis 2014, le réserve s’est dotée de son 3ème plan de gestion. Véritable outil de planification, ce document définit les enjeux de gestion permettant de hiérarchiser les priorités et les opérations nécessaires à la préservation du patrimoine naturel. Les enjeux retenus par le gestionnaire s’articulent selon la nomenclature suivante : n n n n enjeux de conservation ; enjeux de connaissance ; enjeux de connaissance des usages et de surveillance du site ; enjeux relatifs à l’accueil du public, la sensibilisation et la pédagogie. Au total 9 enjeux ont été définis dans le plan de gestion de la RNMCB - Enjeu 1 : Conservation des herbiers de posidonies (habitat d’intérêt communautaire prioritaire), L’herbier de posidonies occupe une faible surface (3% des fonds de la RNMCB). Cet habitat joue un rôle majeur au niveau écologique. Il est le premier pôle de biodiversité, regroupant 20 à 25% des espèces connues en Méditerranée. D’un point de vue fonctionnel, les herbiers de posidonies sont à la fois une zone de nutrition, de reproduction (frayère et nourricerie), de recrutement, mais également un abri pour de nombreuses espèces de poissons et d’invertébrés (enjeux économiques). - Enjeu 2 : Conservation des formations coralligènes (habitat d’intérêt communautaire) Dans la RNMCB, les formations coralligènes occupent près de 10% des fonds sous marins. L’habitat coralligènes représente pour la RNMCB un écosystème de très haute valeur écologique. Après les herbiers de posidonies, les fonds coralligènes constituent le second pôle de biodiversité en zone côtière, avec près de 530 espèces d’invertébrés, 315 espèces d’algues et 110 espèces de poissons. De nombreuses espèces cibles de la gestion de la RNMCB occupent cet habitat prioritaire (corail rouge, gorgones, langoustes, peuplement de poissons, etc.). Ils jouent un rôle majeur dans la conservation des peuplements de poissons et des espèces cibles de la gestion de la RNMCB - Enjeu 3 : Conservation des substrats rocheux infralittoraux (habitat d’intérêt communautaire) De nombreuses activités se concentrent sur cet habitat et peuvent exercer diverses pressions. Les substrats rocheux constituent des zones de refuge, d’alimentation et de reproduction pour de nombreuses espèces de poissons cibles de la gestion. Tout comme le coralligène, les fonds rocheux de la RNMCB représentent des lieux de pêche privilégiés pour les poissons. - Enjeu 4 : Conservation des peuplements de poissons (espèces clés, ressources halieutiques, etc.) Les peuplements de poissons de la RNMCB se caractérisent par une grande diversité et une abondance importante. En outre, on observe, la présence d’espèces patrimoniales (mérous bruns, corbs) et d’espèces dites cibles (Sparidés carnivores - espèces cibles « filets », etc.). Les peuplements de poissons sont très sensibles aux impacts des activités d’origine anthropique autorisées dans la RNMCB (principalement la pêche et la plongée sous-marine). - Enjeu 5 : Conservation d’un habitat d’intérêt communautaire : les roches médiolittorales (zones de subsurface) et petits fonds rocheux (inférieurs à 5 m). Les peuplements caractéristiques de ces zones sont particulièrement sensibles aux pollutions de surface comme les rejets d’émissaires urbains ou les pollutions par hydrocarbures. Les peuplements associés à cet habitat constituent d’excellents indicateurs de la qualité des eaux du littoral. L’étude de leur répartition géographique, ainsi que leur suivi dans le temps permettent de caractériser la qualité du milieu littoral - Enjeu 6 : Conservation d’un habitat d’intérêt communautaire : les substrats meubles représentent la plus grande surface des fonds de la RNMCB. Ils présentent une fonctionnalité écologique liée au maintien des plages. La macrofaune benthique des substrats meubles est classiquement utilisée comme indicateur de la qualité du milieu. En effet, la mobilité réduite et la longueur du cycle de vie des espèces qui la compose (de quelques semaines à plusieurs années) en font un bon intégrateur des variations environnementales, qu’elles soient naturelles ou anthropiques. - Enjeu 7 : Valoriser la Réserve en tant que site pilote pour la recherche scientifique, la gestion des milieux marins côtiers et l’observation de l’évolution de la biodiversité La RNMCB souhaite développer son rôle de site pilote pour la recherche scientifique, la gestion des milieux marins côtiers et l’observation de la biodiversité. Depuis plus de quinze ans, de nombreuses études scientifiques sont mises en œuvre sur le périmètre de la RNMCB et de nombreux partenariats scientifiques ont été développés. - Enjeu 8 : S’assurer que la pratique des activités humaines dans la Réserve soit durable, et compatible avec les objectifs de conservation du patrimoine naturel. Les différentes activités pratiquées dans la RNMCB sont potentiellement impactantes pour les habitats et les espèces. Afin de mieux connaitre les usages et d’évaluer leur évolution sur le périmètre de la RNMCB, le gestionnaire souhaite développer les suivis de la fréquentation et des activités socio-économiques. Sur le terrain, ces études sont couplées avec la surveillance du site. Ces missions représentent l’opportunité pour les agents de rencontrer et de sensibiliser les usagers. - Enjeu 9 : Evolution du comportement citoyen avec comme objectif à long terme l’accueil du public et la sensibilisation des citoyens aux gestes respectueux de l’environnement marin. Un des objectifs de la RNMCB est de sensibiliser et d’éduquer le plus grand nombre en faveur de la conservation du patrimoine naturel qu’elle protège, de promouvoir des gestes respectueux de l’environnement mais également de faire découvrir ses richesses. Ainsi, par la mise en place d’animations scolaires et d’actions de sensibilisation, cela offre l’opportunité à chacun de mieux connaître les différents milieux, les espèces animales et végétales qui les peuplent, mais aussi les enjeux de la protection de cette zone remarquable Par ticipation des usagers aux suivis scientifiques Afin de disposer d’une vingtaine de mérous pour évaluer la connectivité entre la réserve naturelle marine de Cerbère-Banyuls et celle du Cap Creus, nous avons demandé aux pêcheurs particuliers et professionnels de nous prévenir en cas de prise d’un de ces animaux protégés. En effet, leur capture en plongée est assez difficile, et l’aide de tous ces usagers pour cette étude est la bienvenue. C’est dans ce cadre qu’un nouveau mérou a ainsi été marqué grâce au bon reflex de deux usagers de la réserve. Ces deux pêcheurs ont capturé un mérou de 44 cm lors d’une pêche récréative et ont immédiatement contacté l’équipe de la réserve marine. Le mérou a été rapidement récupéré et stocké à l’aquarium de Banyuls. Après son marquage et l’implantation d’un émetteur acoustique, il a été relâché à l’endroit de sa capture. Ce spécimen pourra ainsi donner de précieuses indications aux scientifiques pendant plusieurs années. Cette précieuse collaboration avec des usagers démontre bien que le public qui fréquente la réserve est maintenant impliqué dans sa gestion au quotidien. La population des mérous, des corbs et des sars tambours augmente dans la Réserve L’inventaire de mérous bruns réalisé en septembre 2011 a permis de mettre en évidence une augmentation du nombre d’individus par rapport aux comptages précédents (2001 et 2006). Selon les premières analyses, cette tendance se confirmerait pour cette année. Au total, le nombre de mérous avoisinerait les 400 individus dans la réserve. Le même protocole d’inventaire a été réalisé sur des sites de plongée localisés à l’extérieur de la Réserve où seulement 5 mérous ont été observés hors Réserve lors du comptage en septembre 2014. Enfin, lors de cette campagne, plus de 300 corbs, espèce protégée car menacée ainsi que plus de 100 sars tambours, ont aussi été comptabilisés pour la première fois dans l’ensemble de la réserve. La pêche récréative Suite à une demande de la Direction Interrégionale de la Mer Méditerranée, un nouvel arrêté préfectoral modifiant la réglementation de la pêche de loisir dans la Réserve est entré en vigueur depuis le 17 décembre 2014. Cette évolution a été construite en concertation avec les différents acteurs locaux de cette activité. Elle prévoit notamment la mise en place de quotas par pêcheur, par espèce et par jour mais également une limite du nombre d’hameçons ainsi qu’une période de délivrance des autorisations plus réduite (2 mois). Enfin, un quota de 1000 pêcheurs a été fixé. Durant toute l’année 2015, un contrôle plus régulier de l’activité sera effectué afin d’informer et de communiquer sur ces nouvelles règles mises en place. Afin d’avoir une idée plus précise sur le nombre de personnes qui pêchent dans la Réserve, une première démarche a été engagée en 2014. Ainsi, l’autorisation a été attribuée par pêcheur si ce dernier œuvre depuis le rivage et au propriétaire du navire pour la pêche embarquée. En effet, bon nombre de propriétaires prenait plusieurs autorisations en fonction du nombre potentiel de personne qu’ils allaient embarquer sur l’année. Le nombre d’autorisation délivré n’était donc pas représentatif de la réalité. La pêche professionnelle Dans la RNMCB, la pêche professionnelle est autorisée dans la zone de protection partielle. A l’intérieur de ce périmètre, 15 autorisations peuvent être délivrées. Ce plafond est atteint chaque année depuis 2011, mais seul 3 à 4 pêcheurs viennent régulièrement sur la zone. Une réglementation propre à cette activité est en vigueur depuis 1991 : limitation du nombre de pêcheur, taille maximum du bateau, limitation du nombre d’engins de pêche et de leur longueur. Depuis 2012, de nombreuses actions ont été mises en place par le gestionnaire pour soutenir cette activité. Elles ont débuté par la distribution gratuite de pavillons de signalement des engins de pêche. Ces pavillons sont tous de couleurs différentes afin que chaque pêcheur soit identifiable. Une commission d’attribution des autorisations de pêche professionnelle dans la RNMCB a été mise en place en lien avec la Direction Départementale des Territoires et de la Mer et la prud’homie de SaintCyprien. Les pêcheurs professionnels ont jusqu’au 30 novembre pour demander leur autorisation. La commission quant à elle, statue pour leur attribution début décembre. De plus, une convention de partenariat sur 5 ans entre le Conseil Départemental et l’association des pêcheurs petits-métiers de Banyuls, a été signée en septembre 2012. Elle a d’ores et déjà permis l’achat d’une chambre froide et des bacs de stockage des filets. En contre partie, des données sur la ressource prélevée ont été communiquées au gestionnaire par les pêcheurs les plus réguliers. Pour cette année 2015, une étude des captures issues de cette activité a débuté au mois de mai. Elle permettra de mieux caractériser la ressource prélevée, de comparer les zones hors réserve et dans la réserve mais également d’apporter des éléments de réponse sur la valeur ajoutée de la réserve, le type d’habitat exploité et le pourcentage de rejet. Enfin, une réflexion sur la règlementation en vigueur sera effectuée en parallèle et en concertation avec les pêcheurs petits-métiers afin de proposer de nouvelles directives qui répondront à la fois à l‘évolution des pratiques mais également à la conservation durable de la ressource prélevée. Réserve Naturelle Marine de Cerbère-Banyuls Bureau de la Réserve : 5, rue Roger David - 66650 BANYULS-SUR-MER Tél. : 04 68 88 09 11 - Fax : 04 68 88 12 35 Point Information : Port de BANYULS-SUR-MER - Tél. : 04 68 88 56 87 Site Internet : www.leDépartement66.fr Rédaction : Frédéric CADENE, Virginie HARTMANN, Jérôme PAYROT, Jean-François PLANQUE. Photographies : Réserve Marine – Mise en page : Anne PEROY