CURRICULUM Forum Med Suisse No10 5 mars 2003 235
Le toucher rectal est indispensable, qui permet
de préciser le volume de la prostate, et de sa-
voir s’il y a une inflammation ou une tumeur
maligne.
L’examen diagnostique le plus important est
l’ultrasonographie, qui montre la vessie sous
tension et, dans le cas d’une rétention urinaire
aiguë, un système pyélocaliciel non dilaté.
Le dosage du potassium, de l’urée et de la créa-
tinine n’est impératif que si le tractus urinaire
proximal est dilaté. Un dosage du PSA ne sau-
rait être recommandé dans la rétention uri-
naire aiguë, car il peut donner un résultat
faux positif. Mais il doit être effectué ultérieu-
rement.
Traitement
Le premier traitement d’une rétention urinaire
aiguë est le soulagement immédiat de la vessie
qui peut en principe se faire par voie trans-
urétrale, avec une sonde, ou par ponction sus-
pubienne. Il s’agit de la pose momentanée
d’une sonde no16, car les sondes plus fines
peuvent ne pas pouvoir franchir le plancher
pelvien ou l’urètre prostatique (surtout dans
une obstruction) du fait de leur manque de
stabilité. S’il n’est pas possible de passer une
sonde par l’urètre, ou en présence d’une suspi-
cion de processus inflammatoire ou de trauma-
tisme urétral, c’est alors la ponction suspu-
bienne qui est indiquée, tout en en respectant
les contre-indications (diathèse hémorragique,
tumeur vésicale).
Les spasmolytiques et les anticholinergiques
sont contre-indiqués, car ils ne font qu’atténuer
brièvement la symptomatologie et empêchent
la miction par leur effet inhibiteur sur le detru-
sor. Un blocage alpha médicamenteux, dans
l’intention de relâcher le col de la vessie, est
inutile en situation aiguë.
Dans le cas de rétention urinaire répétitive,
une dérivation permanente (transurétrale ou
suspubienne) est indiquée.
Toute rétention urinaire aiguë impose par la
suite un examen urologique.
Insuffisance rénale postrénale
Définition
Insuffisance rénale postrénale aiguë
L’insuffisance rénale aiguë par obstacle à l’écou-
lement bilatéral (unilatéral si rein unique) est
appelée insuffisance rénale postrénale aiguë.
Toute obstruction aiguë des voies urinaires fait
augmenter la pression dans ce système creux,
car le rein continue à produire de l’urine dans
un premier temps. Cette pression est transmise
jusque dans l’espace capsulaire des glomérules,
ce qui diminue la pression de filtration effec-
tive. La perfusion sanguine rénale augmente au
début, mais chute en quelques heures si l’obs-
truction persiste. Et cette baisse de la perfusion
provoque des troubles fonctionnels, surtout
au niveau du tubule proximal.
L’obstruction bilatérale (unilatérale si rein
unique) se distingue de l’obstruction unilatérale
par une phase plus longue d’augmentation de
pression dans le système creux, résultant
d’une persistance de la vasoconstriction post-
glomérulaire [2]. Si les deux reins sont touchés,
la conséquence est une insuffisance rénale
postrénale aiguë, avec oligoanurie.
Une forme rare d’insuffisance rénale post-
rénale est l’anurie réflexe (vasoconstriction
préglomérulaire réflexe même controlatérale).
Insuffisance rénale postrénale chronique
L’insuffisance rénale postrénale chronique dé-
signe une baisse progressive de la fonction
rénale résultant d’un obstacle à l’écoulement.
Si une obstruction urinaire incomplète reste
longtemps sans traitement, la filtration glomé-
rulaire continue à diminuer, avec lésion des
néphrons et finalement atrophie parenchy-
mateuse. Il est difficile de préciser à partir de
quand la lésion rénale est irréversible, mais
cela dépend du degré de l’obstruction.
En plus de causes urétérales, une obstruction
prolongée infravésicale (par ex. hyperplasie de
la prostate stade III) ou congénitale (par ex. val-
vules urétrales) peut être à l’origine d’une in-
suffisance rénale postrénale qui supprime le
mécanisme antireflux des ostiae urétéraux.
Au contraire de l’insuffisance rénale postrénale
aiguë, la quantité d’urine reste longtemps la
même dans l’insuffisance rénale chronique,
l’oligoanurie ne se manifestant qu’au stade
terminal.
Etiologie
Les obstacles à l’écoulement de l’urine avec
insuffisance rénale consécutive peuvent se
présenter à différents niveaux des voies uri-
naires excrétrices, leur étiologie est très variée
(tableau 2).
Si l’obstacle est supravésical, les deux uretères
doivent être touchés, sauf s’il s’agit d’un rein
unique. Les obstructions vésicales ou infravési-
cales provoquent comme prévu des obstacles
bilatéraux à l’écoulement de l’urine. Font ex-
ception les tumeurs de la vessie ou de la pros-
tate, qui peuvent n’infiltrer qu’un ostium et
ne provoquer qu’un obstacle à l’écoulement
unilatéral.
Clinique
A la phase aiguë des obstacles à l’écoulement
de l’urine, ce sont surtout les douleurs des loges
rénales, parfois en coliques, qui dominent le
tableau clinique. L’anurie ne se voit qu’en cas
d’obstacle bilatéral, sauf en cas de rein unique
congénital, chirurgical ou fonctionnel.
La symptomatologie et les signes cliniques ne