Résumé
L’accompagnement est une notion reconnue dans de nombreuses politiques publiques : dans
l’emploi, dans la formation professionnelle, dans les actions en faveur des personnes
handicapées, pour ne prendre que ces trois exemples. De nombreux textes de loi, dans ces
domaines comme dans d’autres, sont intervenus pour donner une légitimité et des moyens à
ces approches. Dans le domaine de la santé, alors même que de très nombreux dispositifs ont
une telle vocation, la notion n’est guère mise en exergue, sauf dans des domaines très ciblés
comme la politique de réduction des risques qui reconnaît des centres « d’accompagnement »
ou les actions d’accompagnement figurant à l’article L. 1161-3 du code de la santé publique
.
Pour autant de nombreux dispositifs sanitaires peuvent être rattachés à cette notion
d’accompagnement même si les confusions observées autour de la notion, comme sa
superposition avec l’éducation thérapeutique par exemple, justifieraient une plus grande
rigueur dans l’identification des politiques publiques. Malgré tout sous l’ombrelle
« accompagnement », il est possible de classer les différentes modalités de celui-ci, en faisant
ressortir notamment une catégorisation entre dispositifs : approche globale par objectifs ou
approches ciblées. Laquelle offre l’avantage de mettre en lumière la profonde originalité des
projets d’accompagnement à l’autonomie en santé tels que le législateur les envisage.
L’accompagnement à l’autonomie en santé, tel qu’il est revendiqué par le projet de loi de
modernisation de notre système de santé, dispose de références doctrinales et pratiques, en
raison de travaux conduits par les chercheurs en sciences humaines, en sciences politiques ou
économiques, d’une part, et des expériences menées par les associations de patients ou parfois
même d’organismes médico-sociaux, d’autre part. Ces apports permettent de singulariser
l’accompagnement à l’autonomie en le reconnaissant comme un processus d’empowerment
des personnes concernées par une vulnérabilité
en santé
. Et, nous ne sommes pas en peine
pour déceler des approches conceptuelles afin d’adosser les expérimentations : capabilités,
empowerment, éducation thérapeutique, réhabilitation, care, engagement et Health Literacy,
autant de références disponibles et documentées.
L’accompagnement à l’autonomie en santé n’est pas la simple addition d’actions
(information, éducation, conseil, soutien). Elles doivent être conduites en visant
l’émancipation des personnes, c’est à dire leur « encapacitation » à faire leurs propres choix et
non pas dans l’idée d’un processus de responsabilisation opposé aux seules personnes et
dégageant celles des organisations publiques et privées.
C’est dans la façon de faire, dans les projets eux-mêmes comme dans le management des
expérimentations dans l’espace sanitaire français, que se situent les principaux enjeux.
Il conviendrait que ces expérimentations soient portées par des consortiums d’acteurs, avec un
chef de file-coordonnateur, et adossées à un mécanisme de recherche bien établi, comme celui
On lira à plusieurs reprises dans ce rapport que le cahier des charges des actions d’accompagnement figurant à l’article L. 1161-3 du code
de la santé publique, issu de la loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux
territoires, n’a jamais été publié.
Ce terme a été préféré à celui de « difficulté en santé ». Notamment en raison de l’approche très large conférée par le législateur aux projets
d’accompagnement à l’autonomie figurant à l’article 22 du projet de loi de modernisation de notre système de santé.
Voir sur les vulnérabilités en santé : « Vulnérabilité en santé : du concept à l’action », Mélanie Heard, in « Les défis de la santé publique »,
Presses universitaires de France, 2011, 224 p.