La formation d'allèles très proches les uns des autres augmente la variabilité 
génétique.   Ces   mutations   alléliques   ne   semblent   pas   à   l'origine   de   grandes 
nouveautés  évolutives. Par sommation  de plusieurs mutations, elles pourront sans 
doute engendrer progressivement de nouvelles variétés et quelquefois de nouvelles 
espèces. Provoquant l'apparition de nouveaux allèles, ces mutations ponctuelles sont 
responsables   d'une   augmentation   du   taux   d'hétérozygotie,   dont   l'importance   sera 
précisée avec l’étude de la diploïdie. Si le nouvel allèle muté s'exprime, un nouveau 
phénotype apparaît ; et, s’il est toléré par la sélection, le polymorphisme de l'espèce, 
c'est-à-dire le nombre d'individus reconnaissables par un caractère de leur phénotype, 
augmente.
- Les mutations des gènes de régulation
Des gènes dirigent la croissance de l'individu grâce à la synthèse de protéines 
régulatrices. Même si leur rôle dans les phénomènes évolutifs est encore mal connu, 
on commence à comprendre qu'il est prépondérant pour certains d'entre eux.
Tel   est   le   cas   des   gènes   homéotiques,   qui   contrôlent   le   développement 
embryonnaire des Invertébrés comme celui des Vertébrés. Leur importance est telle 
que le prix Nobel de médecine 1995 a été attribué à trois chercheurs américains, 
Edward LEWIS, Christiane NUESSLEIN-VOLHARD  et Eric WIESCHAUS, pour leurs  travaux sur 
l'identification   des   gènes   homéotiques   qui   déterminent   l'organisation   antéro-
postérieure   et   dorso-ventrale   des   Animaux.   Le   terme   « homéotique »   est   dû   à 
William BATESON qui, à la fin du XIXe siècle, a qualifié d'homeosis le remplacement d'un 
organe par un autre au cours de l'ontogenèse. Quelle que soit l'espèce, ces gènes 
homéotiques assurent la synthèse de protéines de régulation qui vont se fixer sur des 
gènes cibles ; certaines protéines homéotiques se terminent par une même séquence 
de 60 acides aminés : l'homéodomaine, responsable de la fixation de la protéine sur 
l'ADN. Le domaine d'une protéine est une région interne de la molécule qui assure une 
fonction spécifique, site de fixation d'un substrat, par exemple, ou bien qui constitue 
une unité structurelle facilement reconnaissable. On parle dans le premier cas d'un 
domaine   fonctionnel   et   dans   le   deuxième   cas   d'un   domaine   structurel. 
L'homéodomaine fonctionnel de la protéine homéotique est codé par une homéobox, 
portion   génique   terminale   de   180   paires   de   nucléotides,   dont   les   séquences   de 
plusieurs espèces sont comparées ci-après dans la section : « Le brassage génique, 
la duplication génique ».
Deux observations s'imposent :
-  Les homéobox  des espèces étudiées  (Drosophile, Xénope, Souris, Homme...) 
sont très semblables les unes aux autres.