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Avant-propos : Littérature et philosophie
Peut-on opposer littérature et philosophie ?
I. Analyse des termes :
_ « littérature » : pratique de la langue qui cherche à attirer l’attention sur sa
propre forme. Sensée procurer une émotion d’ordre esthétique (romans,
théâtre, poésie) Ex. La Nausée de Sartre
Elle fait prévaloir la forme sur le fond.
Robbes-Grillet : « Le véritable écrivain n’a rien à dire », id est il n’a pas pour
but d’enseigner, ni de persuader ».
Sartre (Qu’est ce que la littérature ?) : « Les poètes sont des hommes qui n’ont
rien à dire », id est qui font un usage intransitif ( indirect) de la langue.
On peut alors affirmer que la littérature cultive la fonction esthétique du
langage.
_ « philosophie » : travail sur les concepts qui ne soucie pas du comment écrire
(du style) dans la mesure la pensée, pour être rationnelle , doit éviter les
effets de style.
Un concept est un produit de l’abstraction et de la généralisation obtenu en
ramenant le multiple à l’unité. Ex. le concept de loi, de hasard etc.
La philosophie fait un usage transitif de la langue et des mots car ils se
rapportent à l’expérience ou au vécu.
II. L’écrivain philosophe :
Si l’on prend l’exemple de Rimbaud qui est un voyant, un visionnaire,
« je est un autre » (Lettre à Paul Demeny, 15 mai 1971), signifie qu’une part de
nous-même est soustraite à la conscience ; c'est-à-dire l’inconscient. Rimbaud
met en valeur son intuition (saisie immédiate d’une connaissance sans
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penséedémonstration) car il nous renvoie au concept du moi ie au sujet
conscient.
Cette intuition doit être rationnalisée par le philosophe. C’est parce que le
poète va engendrer des intuitions, que le philosophe s’efforce de confirmer et
de rationnaliser_ sous forme d’un système_ cette pensée.
Alors qu’il s’agisse de Rousseau ou de Sartre, faut-il parler de philosophe-
écrivain ou d’écrivain-philosophe ?
III. Le philosophe-écrivain :
Certains philosophes ont cherché à esthétiser la pensée ( Nietzsche).
D’ailleurs la pensée grecque elle-même l’a été via les présocratiques
(Parménide, Héraclite) qui ont été des poètes. Cela nous montre que la
philosophie et la poésie coïncident, mais se séparent ensuite, car de la poésie
émerge la philosophie.
Pourtant la pensée peut privilégier la forme sur le fond pour prendre la forme
de la poésie. Ex. Nietzsche use de moindres mots pour suggérer le plus en
s’exprimant sous la forme d’aphorismes.
Si le philosophe devient poète, il renonce ainsi aux systèmes, ie aux
organisations de la pensée, telle que n’importe quelle partie ramène au tout.
En conclusion, qu’est-ce qui distingue littérature et ϕ ?
IV. Tableau distinctif
Littérature
ϕ
Préoccupation esthétique
Travail de la pensée par système
(Spinoza, Hegel) ou dialogue (Platon)
Récit
Réflexion à travers le concept
(réduction du commun à une classe
d’objet)
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CONCLUSION
Parce qu’elle crée des concepts et qu’elle est systématique, la ϕ diffère de la
littérature.
En effet l’écriture littéraire obéit à une exigence esthétique qui relègue au
second plan l’exigence du sens.
Ex. Mallarmé qui possède une écriture hermétique le sens est abandonné
comme dans Le sonnet en yx .
Parce que l’écriture philosophique accède au réel par le détour du concept qui
s’efforce de rendre univoque la langue, elle se soumet aux exigences de la
définition. D’autant qu’elle est transitive car elle renvoie à l’expérience où à des
objets de la pensée (les idées).
Néanmoins, l’opposition entre littérature et philosophie, peut être remise en
cause, lorsque l’exercice de la pensée devient esthétique (Nietzsche, Héraclite)
lorsque la littérature s’attache à rechercher le sens (Rimbaud, Sartre).
En un mot si la philosophie pense, la littérature (comme l’art en général) donne
à penser.
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A
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Introduction générale : Qu’est-ce que la philosophie ?
La philosophie symbolisée par la lettre « φ » désigne en grec ancien « l’amour
de la sagesse », donc le philosophe aspire à la sagesse (sophia) qui prend deux
sens :
_ sagesse théorique : le sage est celui qui sait ( le savant)
_ sagesse pratique : au sens d’une éthique , ie d’une juste évaluation des biens
et des maux. Le sage est celui qui est maître de soi-même.
Alain (Propos): « Une évaluation exacte des biens et des maux, ayant pour
objet de régler les désirs , les ambitions, les craintes et les regrets ».
Le sens pratique et théorique s’impliquent , dans le sens il faut bien juger
pour bien faire et ou le sage est celui qui pense sa vie et vit sa pensée.
I.Origine de la philosophie :
A. L’étonnement :
Elle vient de l’étonnement , qui conduit à la formulation d’une question. Ainsi
on s’étonne de ce qu’on comprend pas. De ce fait l’étonnement souligne
l’ignorance , ie un défaut de savoir.
Mais on distingue l’ignorance (celle qui s’ignore) et + ( celle qui est consciente
d’elle-même comme l’ignorance socratique).
Aristote ( Métaphysique A, 2, 982B): « Apercevoir une difficulté et s’étonner,
c’est reconnaître sa propre ignorance. Et ce fut pour échapper à l’ignorance que
les premiers philosophes se livrèrent à la philosophie ». Elle est « fille de
Thaumas ». ( dieu de l’étonnement )
Si la philosophie entend libérer de l’ignorance, elle a donc valeur de
connaissance ou de science. D’où la question : quelle science occupe la
philosophie ?
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