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Préface
EDITORIAL du Pr. Didier HOUSSIN, directeur général de la santé
Depuis la parution du « Guide sur la maîtrise de la diffusion des bactéries multi-résistantes »
publié en 1999 par le ministère chargé de la santé, la politique de la France s’est concentrée
sur deux objectifs prioritaires : prévenir la diffusion des bactéries multi-résistantes par
transmission croisée et réduire la pression de sélection exercée par les antibiotiques.
Au cours de cette décennie, des résultats probants ont été obtenus sur la diffusion des
SARM, mesurés par une réduction significative de leur pourcentage dans l’espèce.
Afin de poursuivre ces progrès et de les amplifier, il est apparu utile de passer en revue les
recommandations et programmes similaires dans des pays comparables à la France en
termes de développement sanitaire. Ce travail, retracé dans le présent rapport, révèle la
diversité des approches, mais aussi un certain nombre de constantes sur des aspects encore
peu explorés dans notre pays. Ce constat appelle deux réflexions.
La première est relative à l’approche des problèmes posés par les SARM, plus large dans les
pays considérés qu’en France. Certes, tous ces pays mettent en œuvre des mesures de
prévention de la transmission croisée et, dans une moindre mesure parce qu’ils sont moins
concernés que la France en termes de volume de consommation, une politique de bon
usage des antibiotiques. Néanmoins, au-delà de ces mesures, ils complètent leurs objectifs
par une prévention de la morbidité-mortalité chez les porteurs sains et inscrivent leur
action dans une approche médico-économique mettant en avant l’enjeu de réduction des
souffrances (séquelles, durée de séjour hospitalier, décès) et de leur coût pour la
communauté.
L’institut national de santé publique du Québec estime que 30 à 60% des porteurs de SARM
non traités vont développer une infection au cours d’un séjour hospitalier, avec un
allongement de la durée de séjour estimé à près de deux semaines et un coût de la prise en
charge multiplié par dix. Un tiers de ces auto-infections, donc peu sensibles aux mesures de
prévention de la transmission croisée, seraient potentiellement létales, les taux de mortalité
pouvant ainsi atteindre 10 à 15%.
C’est pourquoi nombre de ces pays envisagent ou recommandent fortement le dépistage
des patients présentant des facteurs de risque de colonisation, suivie d’infection. Ces
facteurs de risque peuvent être liés aux caractéristiques du patient ou à la nature des soins
prodigués, notamment certaines interventions chirurgicales. Comme il s’agit de prévenir les
infections, un dépistage positif est logiquement suivi d’une décolonisation du patient. Cette
démarche, non justifiée au titre de la seule maîtrise de la transmission croisée, peut avoir
son intérêt pour réduire les infections secondaires, les décès, les durées de séjour et les
surcoûts évitables.
En France, cette approche n’est mise en œuvre que localement, certes par un nombre
croissant d’établissements de santé, mais selon des critères qui ne sont pas toujours
harmonisés. Il serait probablement utile de faire le bilan de ces initiatives. La direction