LE MONDE GREC La Grèce au V siècle av. J.

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M. Franck PRÊTEUX
L2 HI 0111
Université de Paris-Sorbonne
deuxième semestre 2016-2017
[email protected]
LE MONDE GREC
La Grèce au Ve siècle av. J.-C.
Des guerres médiques à la guerre du
Péloponnèse (490-431)
TD du mardi11h-12h30, salle 225
Centre universitaire de Clignancourt
1
PROGRAMME DES COURS
COURS 1
mardi 24
JANVIER
GRECS ET BARBARES AU DEBUT DU Ve SIECLE
LES GRECS D'ASIE MINEURE SOUS DOMINATION
PERSE
۩ p. 8-9 : Les Grecs dans l’empire perse (dossier de documents)
COURS 2
mardi
31
JANVIER
LA PREMIERE GUERRE MEDIQUE
۩ p. 10-11 : La bataille de Marathon (Hérodote, description de
la Stoa Poilikè)
COURS 3
mardi
6
FEVRIER
LA SECONDE GUERRE MEDIQUE
۩ p. 12 : La bataille des Thermopyles : la création d'un mythe
(Hérodote, VII)
COURS 4
mardi
21
FEVRIER
L'INSTAURATION DE L'HEGEMONIE ATHENIENNE
۩ p. 13 : Les débuts de la Ligue de Délos (Thucydide, Histoire
de la guerre du Péloponnèse, I, 96-99)
۩ p. 14: Le tribut de la Ligue de Délos (documents
épigraphiques)
COURS 5
mardi
28
FEVRIER
L'IMPERIALISME ATHENIEN AU TEMPS DE CIMON
۩ p. 15 : Un portrait de Cimon (Plutarque, Cimon)
۩ p. 16 :Cimon vainqueur des Perses en 466 (Plutarque, Cimon)
COURS 6
mardi
7
MARS
LES LIMITES DE L'IMPERIALISME ATHENIEN
COURS 7
mardi
14
MARS
LA SOCIETE GRECQUE ET L'ESCLAVAGE
۩ p. 18 : Esclavage et économie domestique (Pseudo-Aristote,
Economique)
۩ p. 19 : La stèle de confiscation des Hermocopides en 414
(document épigraphique)
COURS 8
mardi
21
MARS
LE SECOND CERCLE : FEMMES, METEQUES, ET
AFFRANCHIS A ATHENES
۩ p. 20 : La place des femmes dans la société grecque
(Hésiode, Xénophon et un vase)
۩ p. 21: Métèques, affranchis et esclaves (Pseudo-Xénophon,
Démosthène)
COURS 9
mardi
28
MARS
ATHENES, ECOLE DE LA GRECE AU TEMPS DE
PERICLES
۩ p. 22 : La politique de construction monumentale à Athènes
(Plutarque, Périclès)
RENDRE LA FICHE DE LECTURE
۩ p. 17 : Athènes et le commerce (Xénophon, Epicharme)
Manipulation de monnaies
2
COURS 10
mardi
18
AVRIL
L'ENTOURAGE DE PERICLES
۩ p. 25 : Aspasie : égérie ou éminence grise de Périclès ?
(Plutarque)
COURS 11
mardi
25
AVRIL
LE THEATRE, MIROIR DE LA CITE
۩ Le théâtre athénien et la démocratie (dissertation)
۩ p. 26 : Les femmes au pouvoir à Athènes (Aristophane,
L’Assemblée des femmes)
COURS 12
mardi
2
MAI
VERS LA GUERRE DU PELOPONNESE
۩ p. 27 : Les causes de la guerre du Péloponnèse (Plutarque,
Périclès, 29-31)
۩ Dissertation : Peut-on parler d'un "siècle de Périclès ?
COURS 13
mardi
9
MAI
SEANCE DE REVISION
Restitution des fiches de lectures et des commentaires de
documents
Préparation du partiel
EXERCICES A REALISER DANS LE CADRE DU CONTRÔLE CONTINU
Tous les étudiants inscrits en contrôle continu doivent rendre deux travaux :
EN CAS D’ABSENCE, AVERTIR IMPERATIVEMENT L'ENSEIGNANT
[email protected] / 06 34 32 73 79
1/ UN COMMENTAIRE DE DOCUMENT SOUS LA FORME D'UN EXPOSE ORAL
noté sur 20 points
à l’oral lors d’un TD ou sur rendez-vous hors TD (durée maximum de 20 minutes)
- SUJET de l'oral à choisir parmi les documents du TD
2/ UNE FICHE DE LECTURE
notée sur 20 points
Fiche de lecture à rendre au plus tard lors du cours n°9 (28 mars)
Œuvre à ficher : Plutarque, Vie de Périclès (édition au choix de l’étudiant)
La fiche ne doit pas dépasser 6 pages (deux feuilles doubles et demi). Elle peut être
dactylographiée.
Aucun travail rendu par mail ne sera corrigé.
1/ A quelles sources Plutarque a-t-il fait appel pour écrire sa biographie de Périclès ?
(3 points)
2/ En quoi peut-on dire que Périclès avait tous les atouts pour faire une carrière politique à
Athènes (4 points)
3/ Quels sont les qualités et les défauts de Périclès, qui font de lui un modèle pour Plutarque ?
(3 points)
4/ Peut-on dire que Périclès a été un grand chef militaire ? (3 points)
5/ Comment Plutarque décrit-il les relations entre Périclès et les Lacédémoniens ? (4 points)
6/ D'après vous, quel est l'intérêt des biographies de Plutarque pour les historiens modernes ?
(3 points)
3
BIBLIOGRAPHIE (510-432)
MANUELS GENERAUX
BASLEZ, Marie-Françoise, Histoire politique du monde grec antique, coll. Fac Histoire,
Nathan, 2e éd., 2001, 316 p.
BRIAND, Pierre (éd), Le monde grec aux temps classiques, coll. Nouvelle Clio, PUF, Paris,
1995, tome I, Le Ve siècle, 456 p.
BRIAND, Pierre, Histoire de l'empire perse, Fayard, 1995
BRUN, Patrice, Le monde grec à l’époque classique (500-323), A Colin, 2003, 256 p.
JAQUEMIN, Anne, La Grèce classique (510-336), Ellipses, 2002, 160 p.
LONIS, Raoul, La cité dans le monde grec, Nathan, 1994
MOSSE, Claude, SCHNAPP-GOURBEILLON, Alain, Précis d’histoire grecque, Paris, 1990.
ORRIEUX, Claude, SCHMITT PANTEL, Pauline, Histoire Grecque, A. Colin, Paris, 1995.
RUZE, Françoise, AMOURETTI, Marie-Claire, Le monde grec antique, Hachette, Paris,
1978, 2ème éd. 1995, 319 p.
WILL, Edouard, MOSSE, Claude, GOUKOWSKY, P., Le monde grec et l’Orient, le Ve siècle
(510-403), PUF, Paris, l1972, 716 p.
HISTOIRE POLITIQUE DU Ve SIECLE
BRUN, Patrice, Impérialisme et démocratie à Athènes. Inscriptions de l’époque classique, A.
Colin, 2005, 343 p. (documents épigraphiques traduits en français et commentés)
LEVY, Edmond, La Grèce du Ve siècle, de Clisthène à Socrate, coll. Points Histoire, Seuil,
Paris, 1995, 316 p.
MOSSE, Claude, Les institutions grecques à l'époque classique, A. Colin, 1999 (chap. 1 et 2
sur Athènes)
VANNIER, François, Le Ve siècle grec, coll. U, A. Colin, Paris, 1999, 236 p.
WATTEL, Odile, La politique dans l'Antiquité grecque, A. Colin, 1999 (chap. 2 sur Athènes)
WILL, Edouard, MOSSE, Claude, GOUKOWSKY, P., Le monde grec et l’Orient, le Ve siècle
(510-403), PUF, Paris, l1972, 716 p.
LES GUERRES MEDIQUES
BRUN, Patrice, La bataille de Marathon, Larousse, 2009, 223 p.
CORVISIER, Jean-Nicolas, La bataille de Platées, Lemmedit, 2010, 102 p.
GREEN, Peter, Les guerres médiques, 1996, traduction française, Tallandier, 2008
SUR ATHENES
BRUN, Patrice, Impérialisme et démocratie à Athènes. Inscriptions de l’époque classique (c.
500-317 av. J.-C.), Paris, 2005, 345 p. (161 inscriptions présentées en traduction française)
ETIENNE, Rolland, Athènes. Espaces urbains et histoire, Hachette, 2004
MOSSE, Claude, Histoire d'une démocratie: Athènes, Point Histoire, 1971
QUEYREL, Anne, Athènes. La cité archaïque et classique, Picard, 2003
SCHMITT PANTEL, Pauline, de POLIGNAC, François, Athènes et le politique, A. Michel,
2007 (recueil d'articles)
4
SUR PERICLES
AZOULAY, Vincent, Périclès, Armand Colin, 2010
KAGAN, Donald, Périclès, 1991, édition française Tallandier 2008, 363 p.
LA SOCIETE DE L'EPOQUE CLASSIQUE
ANDREAU, Jean, DESCAT, Raymond, Esclave en Grèce et à Rome, 2006
LONIS, Raoul, La cité dans le monde grec
ROUBINEAU, Jean-Manuel. Les cités grecques (VIe-IIe siècle av. J.-C.). Essai d'histoire
sociale, PUF, 2015
LES FEMMES DANS LA SOCIETE
BERNARD, Nadine, Femmes et société dans la Grèce classique, 2003
BRULE, Pierre, Les femmes grecques à l'époque classique, 2001
LORAUX, Nicole, La Grèce au féminin, 2009
MOSSE, Claude, La femme dans la Grèce antique, 1983
OUVRAGES PARUS POUR LE PROGRAMME DE L'AGREGATION 1999-2001 :
Guerres et sociétés dans les mondes grecs (490-322)
Guerres et Sociétés dans les mondes grecs à l'époque classique. Colloque de la Sophau, 1999,
Pallas, 51, 1999. (Recueil d'articles)
AMOURETTI, Marie-Claire, RUZE, Françoise, Les sociétés grecques et la guerre à l'époque
classique, Ellipses, 1999
BRUN, Patrice, Guerres et sociétés dans les mondes grecs (490-322), Temps, 1999.
DELAVAUD-ROUX, M.H., GONTIER, P., LIESENFELT, A.-M. (dirs), Guerres et sociétés.
Mondes grecs Ve-IVe siècles, Atlande, 2000.
JACQUEMIN, Anne, Guerre et religion dans le monde grec (490-322), Sedes, 2000
PROST, Francis (dir.), Armées et sociétés de la Grèce classique. Aspects sociaux et politiques
de la guerre aux Ve et IVe siècles av. J.-C., Errance, 1999.
PICARD, Olivier, Guerre et économie dans l'alliance athénienne (490-322), Sedes, 2000
REBUFFAT, François, Guerre et société dans le monde grec (490-322), Sedes, 2000
5
6
7
LES GRECS DANS L’EMPIRE PERSE
DOCUMENT 1 : LE SYSTÈME ADMINISTRATIF MIS EN PLACE PAR DARIUS LE
GRAND
Ceci fait, il partagea son empire en vingt gouvernements, qu'on appelle là-bas
satrapies. A la tête des provinces ainsi délimitées, il mit un gouverneur, puis il fixa le tribut
que devait lui verser chaque nation, en rattachant à une nation donnée les populations
limitrophes, ou encore, sans tenir compte de la proximité, en groupant certains peuples avec
d'autres plus éloignés. Gouvernements et tributs annuels furent ainsi fixés : pour les peuples
qui payaient en argent, le talent babylonien servait d'étalon; pour ceux qui payaient en or, ce
fut le talent euboïque (le talent babylonien vaut soixante-dix mines euboïques). Sous le règne
de Cyrus, comme plus tard sous Cambyse, il n'y avait pas eu de système d'impôts réguliers,
mais seulement des "présents" du peuple au roi; cette réglementation de l'impôt et d'autres
mesures analogues firent dire aux Perses que Darius était un marchand, Cambyse un despote
et Cyrus un père : car Darius tirait de l'argent de tout, Cambyse était dur et insensible, et
Cyrus humain et désireux avant tout du bien de ses sujets.
Hérodote, Enquêtes, II, 89.
DOCUMENT 2 : LA TABLE DU ROI
Le Grand Roi, selon Ctésias et Dinon, a l'habitude de dîner en compagnie de 15000
hommes, et 400 talents sont dépensés pour le dîner.
Athénée de Naucratis, Banquet des sophistes, IV, 146e.
8
DOCUMENT 3 : LES CITES GRECQUES DE L'EMPIRE PERSE
Les Grecs qui recevaient les troupes et subvenaient aux soupers de Xerxès, écrasés par
cette charge, se trouvaient complètement ruinées; c'est ainsi qu'à Thasos le montant des frais
d'hébergement et de nourriture des troupes, assumés par les Thasiens pour le compte de leurs
cités du continent, leur fut indiqué par l'homme qu'ils avaient chargé de cette tâche,
Antipatros, fils d'Orgeus, un citoyen des plus honorables : pour le souper du roi la dépense
s'élevait à quatre cent talents.
Dans les autres villes aussi, les citoyens chargés des comptes indiquèrent des chiffres
analogues. Voici comment les choses se passaient en général, comme les cités étaient
prévenues longtemps à l'avance et donnaient beaucoup d'importance à l'affaire. D'abord, sitôt
prévenus par les hérauts envoyés à la ronde, les citoyens se partageaient les céréales
engrangées dans leur ville et passaient des mois à préparer la farine d'orge et de blé; en outre,
ils se procuraient à n'importe quel prix le plus beau bétail pour l'engraisser, et ils élevaient de
la volaille et des oiseaux aquatiques, en basse-cour et dans les mares, pour festoyer l'armée;
puis ils faisaient faire de la vaisselle d'or et d'argent, coupes, cratères, et tout ce dont on se sert
à table - ceci pour le roi seulement et ses compagnons de table, car au reste de l'armée ils ne
devaient que la nourriture. A l'arrivée des troupes, une tente était tenue prête : Xerxès y
logeait, et son armée campait en plein air; à l'heure du souper, les hôtes s'échinaient, les
autres, repus, passaient la nuit sur place; le lendemain ils abattaient la tente qu'ils emportaient
avec tout son contenu, et ils reprenaient leur route sans rien laisser derrière eux.
Hérodote, Enquêtes, VII, 118-119.
9
RECIT DE LA BATAILLE DE MARATHON (septembre 490)
Hérodote, Enquêtes, VI, 109-117 (trad. Ph. E. Legrand, Les Belles Lettres, 1963)
109. Les stratèges des Athéniens étaient divisées d’opinion en deux camps : les uns, alléguant
le petit nombre de leurs soldats en face de l’armée de Mèdes, ne voulaient pas qu’on livrât
bataille ; les autres, dont était Miltiade, engageaient à le faire. Ils étaient divisés et l’opinion la
moins bonne était en passe de prévaloir; mais il y avait un onzième votant, le polémarque,
désigné par la fève parmi les Athéniens (car dans les temps anciens, les Athéniens attribuaient
au polémarque un droit de votre égal à celui des stratèges) ; c’était alors Callimachos
d’Aphidna ; en ce moment, Miltiade alla le trouver et lui dit : « Il dépend de toi maintenant,
Callimachos, ou bien de rendre Athènes esclave ou bien d’assurer sa liberté, et de laisser de
toi, pour tout le temps où il y aura des hommes, un souvenir tel que n’en laissent pas même
Harmodios et Aristogiton. Les Athéniens courent aujourd’hui le plus grand danger qu’ils aient
couru depuis la naissance d’Athènes ; s’ils se soumettent aux Mèdes, ce qu’ils auront à
souffrir une fois livrés à Hippias est d’ores et déjà décidé ; si au contraire cette cité triomphe,
elle peut devenir la première entre les cités grecques. (…) »
110. Par ces paroles, Miltiade gagna Callimachos ; et, grâce à l’adhésion du polémarque, il fut
décidé de combattre. Après cela, les stratèges qui avaient opiné dans le sens du combat, à
mesure que chacun d’eux avait la présidence pour la journée, la cédaient à Miltiade ; il
accepta mais n’engagea pas le combat avant que ce fût son tour de présider.
111. Quand son tour fut venu, les Athéniens se rangèrent dans cet ordre pour la bataille : à
l’extrémité de l’aile droite se tenait le polémarque, car c’était alors la règle chez les Athéniens
que le polémarque occupât cette place ; à sa suite venaient les tribus, se succédant dans l’ordre
de leur numérotage et se tenant entre elles ; enfin, à l’aile gauche, étaient rangés les Platéens.
(…) Dans la disposition des troupes athéniennes à Marathon il y avait ceci de particulier :
l’armée ayant un front égal à celui des Mèdes, son centre était formé de peu de rangs, c’est là
qu’elle était la plus faible, tandis que deux ailes étaient fortes et denses.
112. Lorsque les troupes eurent pris leurs positions et que les sacrifices donnèrent de bons
présages, les Athéniens, aussitôt donné le signal de l’attaque, se lancèrent au pas de course
contre les Barbares ; l’intevalle qui les en séparait n’était pas de moins de huit stades. Les
Persese, quand ils les virent arriver sur eux en courant, se préparèrent à les recevoir ;
10
constatant qu’ils étaient peu nombreux et que, malgré cela, ils se lançaient au pas de course,
sans cavalerie, sans archers, ils les crurent atteints de folie, d’une folie qui causerait leur perte
totale. C’était l’idée que se faisaient les Barbares ; mais les Athéniens, après qu’ils eurent, en
rangs serrés, pris contact avec eux, combattirent de faàon mémorable. Ils furent en effet,
autant que nous sachions, les premiers de tous les Grecs qui allèrent à l’ennemi en courant, les
premiers à supporter la vue de l’équipement des Mèdes et d’hommes portant cet équipement,
alors que, jusque là, rien qu’à entendre le nom des Mèdes, les Grecs étaient pris de peur.
113. La bataille dura longtemps à Marathon. Au centre de l’armée, où étaient placés les Perses
eux-mêmes et les Saces, l’avantage fut aux Barbares ; victorieux sur ce point, ils rompirent
leurs adversaires et les poursuivirent dans l’intérieur, mais, aux deux ailes, la victoire fut aux
Athéniens et aux Platéens. Vainqueurs, ils laissèrent fuir les Barbares mis en déroute,
réunirent les deux ailes en un seul corps, engagèrent le combat contre ceux qui avaient rompu
le centre de leur ligne ; et la victoire resta aux Athéniens. Les Perses prirent la fuite ; ils les
suivirent, abattant les fuyards, jusqu’au bord de la mer ; arrivés là, il réclamaient du feu et
s’en prenaient aux vaisseaux. Au cours de cete action le polémarque Callimachos fut tué,
après s’être conduit en homme de cœur, et il périt l’un des stratèges, Srésiléos fils de
Thrasyléos ; là tombèrent aussi Kyéngeiros fils d’Euphorion, qui eut la main tranchée d’un
coup de hache alors qu’il saisissait un vaisseau par les ornements de la poupe, et beaucoup
d’autres Athéniens.
115. (…) Les Barbares regagnèrent le large (…) et contournèrent Sounion ; leur intention était
d’arriver à Athènes en devançant les Athéniens. On prétendit à Athènes qu’il avaient songé à
cela à l’instigation des Alcméonides, qui, s’étant entendus avec les Perses, leur auraient fait
signe en élevant en l’air un bouclier quand ils étaient déjà sur leurs vaisseaux. Les Barbares
firent donc le tour de Sounion ; mais les Athéniens se portèrent de toute la vitesse de leurs
jambrs à la défense de la ville ; ils arrivèrent les premiers, en avance sur les Barbares. (…)
117. Dans cette bataille de Marathon, périrent, du côté des Perses, environ six mille quatre
cents hommes ; du côté des Athéniens cent quatre-vingt douze. Telles furent les pertes de l’un
et de l’autre parti.
Description de la Sota Poilikè de l'agora d'Athènes au IIe siècle de notre ère par
Pausanias le Périégète
A l'extrémité de la peinture, il y a des combattants de Marathon. Les Béotiens de Platées et
toute l'armée attique en viennent aux mains avec les Barbares. Et certes, d'un côté, de part et
d'autre, on est également engagé dans l'action; mais au centre du combat, les Barbares fuient
et se bousculent pour gagner le marais. A l'extrémité du tableau, il y a les navires phéniciens
et les Barbares s'y précipitent poursuivis par les Grecs qui les massacrent. C'est là aussi que se
trouvent figurés le héros Marathon, qui a donné son nom à la plaine Thésée, représenté
comme un homme sortant de terre, Athéna et Héraclès. A ce que disent en effet les gens de
Marathon, ce furent eux, les premiers, qui considérèrent Héraclès comme un dieu. Les
combattants qui sont particulièrement en vedette sur le tableau sont Callimachos, que les
Athéniens avaient élu polémarque, Miltiade, parmi les stratèges en fonction, et le héros appelé
Echétlos, dont je ferai mention par la suite. Il y a aussi en ce lieu des boucliers de bronze;
certains ont une inscription montrant qu'ils ont été pris aux gens de Scionè et à leurs alliés; les
autres sont enduits de poix, pour les préserver des atteintes du temps et de la rouille; ce sont, à
ce qu'on dit, ceux des Lacédémoniens qui furent pris dans l'île de Sphactérie.
Pausanias, Périégèse, I, 15, 3
11
LA BATAILLE DES THERMOPYLES
202 Donc, le Roi Xerxès campait en Malide dans le pays de Trachis; les Grecs, dans le
défilé; ce lieu est appelé par la plupart des Grecs "les Thermopyles"; par les gens du pays et
leurs voisins, les "Pyles". Campés respectivement dans ces positions, ils étaient maîtres, l'un
de tout le pays du côté du vent du Nord jusqu'à Trachis, les autres de tout ce qui sur ce
continent s'étend vers le vent du Sud et le Midi. Les Grecs qui attendaient là le choc du Perse
étaient trois cents hoplites Spartiates, mille Tégéates et Mantinéens, moitié par moitié, cent
vingt Orchoméniens d'Arcadie, un millier d'hommes du reste de l'Arcadie; voilà pour les
Arcadiens; de Corinthe, étaient là quatre cent hommes; de Phlionte, deux cent; de Mycènes
quatre-vingt; tel était le contingent du Péloponnèse; de Béotie, sept cents Thespiens et quatre
cents Thébains. (...)
204
Tous les corps de troupes avaient à leur tête des chefs particuliers pour chaque pays;
mais le plus considéré, le commandant en chef de toute l'armée, était le Lacédémonien
Léonidas fils d'Anaxandride fils de Léon fils d'Eurycratidas fils d'Anaxandros fils
d'Eurycratès fils de Polydoros (... suivent 13 autres ancêtres) fils d'Héraclès. (...) dès lors, la
couronne revenait à Léonidas, et parce qu'il était l'aîné de Cléombrote, le dernier né des fils
d'Anaxandride, et qu'en outre il avait pour femme la fille de Cléomène.
Pour lors, il était venu aux Thermopyles avec des hommes choisis dans le corps des
Trois Cents et parmi ceux qui avaient des fils. (...)
207 Mais les Grecs qui étaient aux Thermopyles, quand le Perse fut proche de la passe,
prirent peur, et ils mirent en délibération la question de savoir s'ils ne partiraient pas. Les
autres Péloponnésiens étaient d'avis de se rendre dans le Péloponnèse et de monter bonne
garde à l'Isthme; mais, comme les Phocidiens et les Locriens étaient indignés de cette
proposition, Léonidas opina pour qu'on restât sur place et qu'on envoyât dans les villes des
messagers demander du secours, représentant qu'on n'était pas en nombre suffisant pour
repousser l'armée des Mèdes.
Après plusieurs jours de combat, les Perses contournent de nuit le défilé par un chemin de
montagne.
219 Ceux des Grecs qui étaient aux Thermopyles avaient reçu d'abord du devin Mégistias,
d'après l'examen des entrailles des victimes, l'annonce qu'ils devaient mourir à l'aurore; puis
ce furent des transfuges qui leur apportèrent la nouvelle du circuit que faisaient les Perses. (...)
En suite de quoi, les uns partirent, se dispersèrent, et prirent le chemin de leurs cités
respectives; les autres étaient prêts à demeurer sur place avec Léonidas.
220 On raconte aussi que Léonidas les congédia de son propre mouvement pour les
soustraire à la mort, tandis que, pour lui-même et pour les Spartiates présents, il ne convenait
pas de déserter le poste dont ils étaient venus assurer la défense avant tout. (...) Pour lui, il
serait honteux de s'en aller; si au contraire il restait, il laissait après lui une très glorieuse
réputation, et la félicité de Sparte ne subissait pas d'effacement. La Pythie avait en effet
répondu aux Spartiates, qui la consultaient au sujet de cette guerre dès son commencement,
qu'il fallait ou bien que Lacédémone fût détruite par les Barbares ou bien que son roi pérît.
Hérodote, Enquête, VII, 202-220
12
LES DEBUTS DE LA LIGUE DE DELOS
Les Athéniens reçurent l’hégémonie du consentement des alliés en raison de leur haine
à l’encontre de Pausanias ; ils établirent quelles cités devaient fournir contre le barbare de
l’argent ou des navires. Le prétexte était de ravager le territoire du Roi en représailles pour les
torts subis. Les Athéniens créèrent une nouvelle fonction : les hellénotames pour percevoir le
tribut (c’est ainsi que fut appelé l’apport en argent). Le premier tribut fut fixé à 460 talents, le
trésor était à Délos et les réunions se tenaient au sanctuaire.
A la tête des alliés d’abord autonomes et délibérant en commun, les Athéniens firent
bien des progrès dans la guerre et la maîtrise des affaires entre les guerres médiques et celleci, ils furent en lutte contre le barbare et leurs propres alliés en révolte. (…)
Les Athéniens assiégèrent d’abord Eion sur le Strymon tenue par les Mèdes,
commandés par Cimon fils de Miltiade. Ils la prirent et asservirent la population. Ensuite, ils
prirent l’île de Skyros habitée par les Dolopes et y établirent eux-mêmes une colonie. Contre
les Carystiens, sans impliquer les autres Eubéens, ils firent la guerre et dans le temps
aboutirent à un accord. Après cela, ils firent la guerre aux Naxiens qui avaient fait défection et
les assiégèrent. Ce fut la première cité asservie contrairement au statut. Par la suite, il en fut
de même pour les autres à chaque occasion.
Entre autres raisons, les défections les plus importantes tenaient aux déficiences à
fournir tribut et navires et, en certains cas, à la désertion. C’est ce que les Athéniens géraient
avec rigueur et se rendaient odieux à des gens ni accoutumés ni disposés à endurer les
contraintes qu’ils leurs infligeaient. De toute manière, les Athéniens ne commandaient plus à
la satisfaction des alliés ni ne faisaient campagne sur un pied d’égalité. Ils avaient plus de
facilité à ramener les dissidents. De cette situation, les alliés eux-mêmes étaient responsables :
refusant de faire campagne pour ne pas quitter leur maison, la plupart d’entre eux étaient
frappés d’une taxe pour un montant équivalent aux navires à fournir. Pour les Athéniens, la
flotte s’accroissait avec les dépenses payées par les alliés, ces derniers en cas de révolte
partaient en guerre dépourvus d’armement et d’expérience.
Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, I, 96-99.
13
14
UN PORTAIT DE CIMON
Cimon, fils de Miltiade, avait pour mère Hégésipylé, d'origine thrace, fille du roi
Oloros. (...) Il manquait totalement de la facilité de parole et de l'éloquence propres aux
Athéniens; en revanche son caractère avait beaucoup de noblesse et de sincérité : la tournure
de son esprit était plutôt celle d'un Péloponnésien,
"Simple, rude, vaillant au plus haut point" comme l'Héraclès d'Euripide. (...)
Pour tout le reste, le caractère de Cimon était noble et admirable. En effet, ne le cédant ni à
Miltiade en audace, ni à Thémistocle en intelligence, on reconnaît qu'il était plus juste que l'un
et l'autre, et, sans leur être inférieur si peu que ce fût pour la valeur militaire, les dépassait
infiniment par les qualités politiques, bien qu'il fût jeune encore et sans expérience de la
guerre. (...) Il avait, au dire du poète Ion, une belle prestance, avec une haute taille et une
chevelure abondante et bouclée. Dans le combat lui-même, il fit preuve d'une brillante valeur
et acquit ainsi aussitôt dans la ville renommée et popularité. Beaucoup de citoyens se
groupèrent autour de lui et l'engagèrent à former désormais et à accomplir des desseins dignes
de Marathon. Dès qu'il se lança dans la politique, le peuple l'accueillit avec joie et, lassé de
Thémistocle, l'éleva aux plus grands honneurs et aux plus hautes charges de l'Etat, d'autant
qu'il était bien vu et aimé des la foule à cause de sa mansuétude et de sa simplicité. Le
principal auteur de son élévation fut Aristide, fils de Lysimaque, qui, voyant son excellent
naturel, fit de lui comme un contre poids à l'habilité et à l'audace de Thémistocle. Il était
laconisant depuis toujours : il avait deux jumeaux qu'il avait appelés, l'un Lacédémonos, et
l'autre Eléios; au dire de Stésimbrote, il les avait eus d'une femme de Cleitor, et Périclès leur
reprochait souvent l'origine de leur mère; mais Diodore le Périégète dit que ces deux fils de
Cimon, ainsi que le troisième, Thessalos, étaient nés d'Isodice, fille d'Euryptolème et petitefille de Mégaclès. Il dut son élévation aux Lacédémoniens, qui, du moment qu'ils
combattaient Thémistocle, désiraient voir Cimon, qui était jeune alors, prendre plus
d'influence et commander à Athènes. Les Athéniens, tout d'abord, se réjouirent de cette
situation, car la bienveillance des Lacédémoniens à l'égard de Cimon leur procurait de grands
avantages. De fait, alors qu'ils accroissaient leur empire et se mêlaient des affaires de leurs
alliés, les Spartiates ne s'en offusquaient pas parce qu'ils estimaient Cimon. (...) Mais, dans la
suite, les Athéniens, devenus plus puissants et constatant la force de l'attachement de Cimon
aux Lacédémoniens, en prirent de l'humeur. En effet, il exaltait à tout propos les
Lacédémoniens devant les Athéniens, notamment, quant il avait à leur faire reproches ou
exhortations; alors, dit Stésimbrote, il ne manquait pas de leur dire : "Les Lacédémoniens,
eux, ne sont pas ainsi." Il s'attira par là de l'antipathie et de la malveillance auprès de ses
concitoyens.
Plutarque, Vie de Cimon, 5 et 16.
Trad. R. Flacelière, E. CHambry, Collection des Université de France, 1972)
15
CIMON, VAINQUEUR DES PERSES : LA BATAILLE DU FLEUVE EURYMEDON
(466)
«
Quant au Grand Roi lui-même, personne ne l’humilia et ne rabattit son orgueil plus
que Cimon, qui ne le lâcha pas, même après qu’il eut quitté la Grèce. Il le poursuivit pied à
pied, sans laisser aux barbares le temps de reprendre haleine et de s’arrêter. Il ravageait et
saccageait telle partie de ses Etats, en détachait telle autre et l’annexait à la Grèce, si bien que
l’Asie, depuis l’Ionie jusqu’à la Pamphylie, fut complètement libérée des troupes perses.
Informé que les généraux du roi, avec une grande armée et une flotte nombreuse, le guettaient
dans les parages de la Pamphylie, il résolut de les empêcher par la peur d’entrer dans la mer
située en deçà des îles Chélidoniennes (Nd : cinq îles du promontoire de Lycie, limite
occidentale du golfe de Phasélis) et de leur interdire absolument l’accès. En conséquence, il
partit de Cnide et de Triopion avec trois cents trières. Ces vaisseaux avaient été au début fort
bien construits par Thémistocle en vue de la vitesse et de la manœuvre ; cependant, pour cette
expédition, Cimon avait fait augmenter leur largeur et ménager un passage d’un pont à l’autre,
afin que, montés par de nombreux hoplites, ils eussent plus de force offensive contre
l’ennemi. »
Le combat s’engage à l’embouchure du fleuve Eurymédon.
« Eux (les Perses), tout d’abord, pour éviter d’y être forcés, allèrent mouiller dans le fleuve,
puis, voyant que les Athéniens s’avançaient, ils sortirent à leur rencontre, avec six cents
vaisseaux, au dire de Phanodémos, avec trois cent cinquante selon Ephore. Mais ils
n’accomplirent, sur mer du moins, aucun acte en rapport avec l’importance de leurs navires,
s’enfuirent vers l’armée de terre rangée en bataille à une petite distance ; les autres, pris par
les Grecs périrent avec leurs vaisseaux. »
Une bataille terrestre s’en suit.
« Cimon, comme un excellent athlète, avait gagné deux batailles en un seul jour, surpassant
par un combat sur terre le trophée de Salamine et par un combat sur mer celui de Platées, et il
ajouta encore à son triomphe : informé que les quatre-vingts trières phéniciennes qui n’étaient
pas arrivées à temps pour la bataille avaient abordé à Hydro, il s’y rendit à toute vitesse. Les
chefs de cette flotte ne savaient encore rien de sûr au sujet du sort advenu au gros de l’armée ;
ils se méfiaient des rumeurs et restaient dans l’incertitude, ce qui augmenta encore l’effet de
surprise : ils perdirent tous leurs vaisseaux et la plus grande partie des équipages. »
Plutarque, Vie de Cimon, XII, 1-3 ; XII, 6-8 et XIII, 3-4
(Trad. R. Flacelière, E. CHambry, Collection des Université de France, 1972)
16
ATHENES ET LE COMMERCE
DOCUMENT 1 :
Dites-moi, muses qui hantez les demeures célestes, combien de biens apporte aux
hommes en son navire noir Dionysos depuis qu’il parcourt la mer lie-de-vin. De Cyrène peaux
de bœufs et troncs de sylphion, de l’Hellespont maquereaux et poissons dans la saumure, de
l’Italie orge pour la toux et côtes de bœuf … Syracuse nous envoie ses porcs et fromages.
D’Egypte arrivent les cordages et les voiles, la Syrie nous fournit l’encens, la Crète le beau
bois de cyprès déjà découpé en tranches, Rhodes figues et raisins secs dont on rêve, l’Eubée
envoie poires et pommes, les esclaves nous viennent de Phrygie, d’Arcadie les mercenaires,
les glands du chêne de Zeus et les amandes parfumées et brillantes, couronnement d’un repas,
la Paphlagonie les offre, la Phénicie fournit les dattes de palmier, Carthage les tapis noués
avec art et les coussins multicolores.
Hermippos (poète comique, contemporain de Périclès), fragment 63
DOCUMENT 2 :
Seuls, les Athéniens peuvent avoir les richesses des Grecs et des non-Grecs. Si
quelque cité est riche en bois pour les navires, où le vendra-t-elle si elle n’a pas l’accord des
maîtres de la mer ? De même si une cité est riche en fer ou en cuivre ou en lin, où vendra-telle si elle n’a pas l’accord des maîtres de la mer ? Or de ces produits mêmes je tire mes
navires. D’un pays du bois, d’un autre du fer, du suivant du lin, de tel autre la cire. De plus, si
leurs adversaires veulent vendre ailleurs qu’à Athènes ou ils ne seront pas autorisés ou ils
n’useront pas de la mer. Et moi, j’ai tout de la terre grâce à la mer.
Pseudo-Xénophon, République des Athéniens, II, 11-12
17
ESCLAVAGE ET ECONOMIE DOMESTIQUE
1 Parmi les biens de propriété, le plus important et le plus nécessaire est aussi le meilleur et le
plus profitable à l’économie domestique : ce bien, c’est l’homme. C’est pourquoi il faut
acquérir des esclaves consciencieux. Il y a deux espèces d’esclaves, l’administrateur et
l’ouvrier. Comme nous voyons que l’éducation modifie dans tel ou tel sens le caractère des
jeunes gens, c’est une nécessité, quand on les a acquis, de former par éducation ceux auxquels
seront assignées les tâches dignes des hommes libres. 2 Tels doivent être les rapports avec les
esclaves qu’on ne leur permette pas de se livrer à aucun excès et qu’on ne les laisse pas non
plus se relâcher ; à ceux qui se conduisent en hommes libres, il convient de témoigner de la
considération et de fournir aux ouvriers de la nourriture en abondance. Puisque l’usage du vin
porte aux excès même les hommes libres, et que dans beaucoup de nations même eux s’en
abstiennent, comme les Carthaginois en campagne, il est clair qu’il ne faut pas en donner du
tout aux esclaves, ou du moins exceptionnellement. (…) Il faut donner du travail et de la
nourriture en conséquence, car on ne peut pas se faire obéir de gens à qui l’on refuse le
salaire, et le salaire de l’esclave, c’est sa nourriture. Il en est des serviteurs comme des
hommes : quand les meilleurs ne voient pas s’améliorer leur sort, et que ni la vertu ni le vice
n’est l’objet d’une sanction, ils deviennent plus mauvais. 4 Aussi faut-il exercer une stricte
surveillance pour distribuer récompenses et sanctions et accorder le repos suivant le mérite :
nourriture, vêtement, détente, châtiment, en parole et en acte, en prenant exemple sur la
conduite des médecins pour l’administration des remèdes, tout en tenant compte du fait que la
nourriture ne doit pas être considérée comme un remède puisqu’elle est d’un usage continuel.
5 Les esclaves les meilleurs sont ceux qui ne manifestent ni trop de laisser-aller ni trop
d’ardeur : ces deux catégories en effet présentent des inconvénients : ceux qui sont trop mous
ne supportent rien, ceux qui ont trop de caractère sont difficiles à commander. 6 Il faut qu’un
terme soit fixé à tous : il est conforme à la justice et à l’intérêt de leur proposer, comme prix
de leur travail, la liberté, car ils se donnent volontiers de la peine quand une récompense est
en jeu et que le temps leur est fixé. Il faut aussi s’assurer de leur fidélité en leur permettant
d’avoir des enfants et, tout comme dans les villes, on évitera d’en avoir un grand nombre qui
sont de la même nation.
Pseudo-Aristote, Economique, 5.
18
LES ESCLAVES À ATHÈNES : EXTRAITS DES CONFISCATIONS OPÉRÉES SUR
LES HERMOCOPIDES (414)
P. Brun, Impérialisme et démocratie, n°154.
(L’inscription se présente en trois colonnes : le premier chiffre à gauche représente celui de la taxe perçue sur
la vente, le second est le montant de la vente elle-même et le troisième est la description de l’article).
[…]
[…]
Peisistratos, esclave (pais) carien
Total de la vente des biens d’Héphaistodoros, […]
Vente de l’équipement mobilier appartenant à Alcibiade fils de Cleinias :
[…]
[…]
vase en bronze
[…]
[…]
vase en bronze
[…]
[…]
vase en bronze
[…]
[…]
[…] en bronze
[lacune de dimension inconnue]
3 ob.
18 dr. récolte à Thria
3 ob.
20 dr. récolte à Athmonon
Total avec les taxes : 4723 dr. 5 ob.
2 dr. 1 ob.
1 dr.
2 dr.
1 dr. 3 ob.
2 dr.
2 dr. 3 ob.
1 dr. 3 ob.
2 dr.
2 dr. 3 ob.
1 dr. 3 ob.
1 dr. 3 ob.
1 dr. 3 ob.
2 dr.
2 dr.
1 dr.
3 dr. 1 ob.
2 dr.
1 dr.
Biens appartenant à Polystratos fils de Diodoros du dème d’Ankylè :
202 dr.
Pistos
42 dr.
Récolte à Ankylè
Total avec les taxes : 247 dr. 1 ob.
Biens de Képhisodoros, métèque domicilié au Pirée :
165 dr.
Une Thrace
135 dr.
Une Thrace
170 dr.
Un Thrace
240 dr.
Un Syrien
105 dr.
Un Carien
161 dr.
Un Illyrien
220 dr.
Une Thrace
115 dr.
Un Thrace
144 dr.
Un Scythe
121 dr.
Un Illyrien
153 dr.
Un Colchidien
174 dr.
Un esclave (pais) carien
72 dr.
Un petit esclave (paidion) carien
301 dr.
Un Syrien
151 dr.
Un(e) Méliténien(ne)
85-87 dr.
Une Lydienne
19
LA PLACE DE LA FEMME DANS LA SOCIETE GRECQUE
Document 1 : Pandora, la première femme (Hésiode, Théogonies. vers le milieu du VIIIe
siècle av. J.-C.)
Prométhée ayant dérobé le feu aux dieux en faveur des
hommes, les dieux se vengent :
« Zeus, aussitôt, à la place du feu créa un mal destiné aux
humains […]. Et quand, à la place d’un bien, Zeus eut créé
ce mal si beau, il l’emmena où étaient dieux et hommes.
[…] Et les dieux immortels et les hommes mortels allaient
s’émerveillant à la vue de ce piège implacable destiné aux
humains. Car c’est de cette créature qu’est sortie la race,
L’engeance maudite des femmes, terrible fléau installé
auprès des hommes mortels. Elle ne s’accommode pas de
la pauvreté, elle la trouve odieuse, il lui faut l’abondance.
[…] Ainsi, Zeus qui gronde dans les cieux, pour le grand
malheur des hommes mortels, a créé les femmes, sources
permanentes d’angoisses et d’ennuis et leur a en place d’un
bien, tout au contraire, fournit un mal. […] »
Document 2 / L'épouse parfaite (Xénophon, L’Économique)
""Elle avait vécu jusqu’à cet âge, soumise à une extrême surveillance, afin qu’elle ne vît,
n’entendît et ne demandât presque rien. Que pouvais-je souhaiter de plus : trouver en elle
une femme qui sut tisser, filer la laine pour en faire un manteau, qui eût appris à distribuer
leurs tâches aux fileuses servantes ? Quant à la sobriété, on l’y avait très bien formée :
excellente chose n’est-ce pas ? "
Document 3 : Coupe attique attribuée au peintre Sotades, vers 470-460 av. J.-C.
Musées royaux d’Art et d’Histoire, Bruxelles
20
MÉTÈQUES AFFRANCHIS ET ESCLAVES À ATHÈNES
DOC 1 : LA PLACE DES ESCLAVES ET DES METEQUES DANS LA CITE
D'ATHENES VERS 430 av. J.-C.
Quant aux esclaves et aux métèques, nulle part leur insolence ne va si loin qu’à
Athènes. Dans cette ville, on n’a pas le droit de les frapper, et l’esclave ne se rangera pas sur
votre passage. La raison de cet usage local, la voici : s’il y avait une loi qui permît à l’homme
libre de frapper l’esclave, le métèque ou l’affranchi, souvent il aurait pris un Athénien pour un
esclave et l’aurait frappé. Car les hommes du peuple à Athènes ne se distinguent des esclaves
et des métèques ni par des habits ni par un extérieur plus riches. A ceux qui trouveraient
étonnante une autre habitude, celle de laisser les esclaves se livrer au luxe dans Athènes,
quelques-uns même y vivre au milieu de la magnificence, on peut démontrer que cette
indulgence aussi est, chez les Athéniens, un calcul. Dans un pays dont la marine fait la
puissance, l’intérêt de notre fortune nous oblige à être au service de notre cheptel humain
(andrapoda). Nous devons toucher les redevances qu’ils perçoivent pour nous et pour cela les
laisser libres. Or, là où des esclaves sont riches, il ne sert à rien que mon esclave vous craigne
comme il vous craint à Lacédémone. Car si votre esclave avait à Athènes quelque chose à
craindre de moi, il serait obligé de me remettre l’argent qu’il détient, afin de ne pas mettre sa
personne en danger. Voilà pourquoi nous avons accordé aux esclaves une sorte d’égalité de
parole (isègoria) avec les hommes libres. Et aux métèques aussi, vis-à-vis des citoyens de la
ville, parce que la multitude des métiers et les besoins de la marine les rendent nécessaires à la
cité. Voilà pourquoi l’égalité de parole accordée aux métèques est aussi, de notre part, une
concession cohérente.
Pseudo-Xénophon, Constitution des Athéniens, I, 10-12
DOC 2 : LE BANQUER PHORMION, ESCLAVE AFFRANCHI
Démosthène, Pour Phormion (disours. 36), 43-48 (daté de 350/349 av. J.- C.)
(Démosthène défend l’affranchi Phormion contre Apollodore, le fils de son ancien maître
Pasion).
43 Quant à la fortune de Phormion, tu prétends qu’il l’a faite aux dépens de celle de ton père,
et tu as manifesté l’intention de lui en demander la provenance ? Tu es bien le dernier à qui il soit
permis de tenir ce langage : ton père, Pasion, ne devait pas non plus sa fortune à une bonne aubaine, ni
à l’héritage de son père : seulement, il avait donné à ses maîtres, les banquiers Antisthène et
Archestratos, des preuves de sa droiture et de son honnêteté, il avait inspiré confiance. 44 Or, dans le
monde du commerce et de la banque, la réputation d’homme laborieux jointe à celle d’honnête homme
est d’une valeur incomparable (…) 45 Et puis, il y a une chose dont je m’étonne que tu ne t’avises
pas : il y a ici un fils d’Archestratos, l’ancien maître de ton père, Antimachos, qui n’a pas réussi
comme il le méritait : il ne t’intente pas de procès, il ne va pas dire que tu lui fais injure parce que tu
portes un manteau de fine étoffe, parce que tu affranchis ou dotes des courtisanes tout en ayant une
femme légitime, parce que tu as trois esclaves pour te suivre dans tes promenades, parce que tu mènes
une vie à scandaliser jusqu’aux passants, alors que lui est dans une gêne extrême : et il voit bien aussi
Phormion. 46 Pourtant, si tu prétends avoir un droit sur la fortune de Phormion sous prétexte qu’il a
appartenu à ton père, à plus forte raison Antimachos : car ton père a appartenu également au sien, en
sorte que, d’après ton raisonnement, vous lui appartenez tous les deux, toi et Phormion (…) 47 Tu fais
injure à toi-même, et à tes parents morts, tu insultes la cité. Le bienfait que ton père, puis Phormion
ont obtenu de la générosité des Athéniens, tu devrais l’entourer d’un soin jaloux dans un haut souci de
l’honneur, aussi bien pour ceux qui l’ont accordé que pour vous qui l’avez reçu ; et tu le traînes en
public, tu le montres du doigt, tu le dénonces : tu fais presque honte à Athènes d’avoir fait citoyen un
homme comme toi.
21
LA POLITIQUE DE CONSTRUCTION MONUMENTALE A ATHENES
Mais ce qui causa le plus de plaisir aux Athéniens et contribua le plus à embellir leur
ville, ce qui frappa le plus l'imagination des étrangers, ce qui seul atteste que cette puissance
tant affirmée de la Grèce et son antique prospérité ne sont pas des mensonges, ce furent les
monuments construits par Périclès. De tous les actes de son administration, c'est celui dont ses
ennemis étaient le plus jaloux, celui qu'ils dénigraient le plus. Ils criaient dans les assemblées
que le peuple s'était déshonoré et qu'il avait mauvaise réputation pour avoir transporté de
Délos à Athènes le trésor commun des Grecs. (...)
Dans ces circonstances, Périclès remontrait aux Athéniens qu'ils n'avaient pas à rendre compte
de l'argent à leurs alliés, puisqu'ils faisaient la guerre pour eux et tenaient en respect les
barbares. (...) "Maintenant que la ville est suffisamment pourvue des choses nécessaires à la
guerre, il faut qu'elle emploie ses ressources à des ouvrages qui, après leur achèvement, lui
vaudront une immortelle renommée et qui, au cours de leur exécution, maintiendront le bienêtre chez elle". (...)
En conséquence il proposa résolument au peuple de grands projets de constructions et
des plans d'ouvrages qui mettraient en œuvre beaucoup de métiers et demanderaient beaucoup
de temps.(...) On disposait comme matières premières, de marbre, cuivre, ivoire, or, ébène,
cyprès. (...) Phidias présidait à tout et surveillait tout pour Périclès. Et cependant on ne
manquait ni de grands architectes ni de grands artistes pour ces travaux. Callicratès et Ictinos
construisirent le Parthénon de cent pieds. A Eleusis, la salle des initiations fut commencée par
Coroibos, qui éleva les colonnes du rez-de-chaussée et les relia par des architraves; après sa
mort, Métagénès de Xypétè plaça la frise et les colonnes de l'étage; quant au lanterneau, c'est
Xénoclès de Cholarges qui en couronna l'anactorion. Le Long Mur, dont Socrate dit qu'il
entendit lui-même Périclès en proposer la construction, eut pour entrepreneur Callicratès.
Cratinos se moque de la lenteur avec laquelle fut mené cet ouvrage:
"Depuis le temps que Périclès pousse cette œuvre
En paroles, elle n'avance point d'un pas" (...)
Voulant accroître sa renommée, Périclès fit alors voter pour la première fois qu'un
concours de musique aurait lieu aux Panathénées. Choisi pour présider ce concours, il régla
lui-même comment les concurrents devaient jouer de la flûte ou de la cithare et chanter. C'est
à l'Odéon qu'eut lieu ce concours, et aussi, par la suite, tous les autres concours musicaux. Les
Propylées de l'acropole furent achevés en cinq ans par l'architecte Mnésiclès. (...)
Cependant Thucydide et les orateurs de son parti poursuivaient Périclès de leurs cris,
l'accusant de dilapider les finances et de gaspiller les revenus. Périclès demanda dans
l'assemblée au peuple s'il trouvait qu'il avait beaucoup dépensé: "Oui, répondit-il on, et
beaucoup trop. - Eh bien, répliqua Périclès, la dépense sera pour moi, non pour vous; mais
aussi je n'inscrirai sur les monuments qu'un nom, le mien." A ces mots, le peuple, admirant sa
grandeur d'âme, ou jaloux de participer à la gloire de ces constructions, lui cria de prendre les
frais sur les fonds publics et de dépenser sans rien épargner. A la fin, il entra en lutte avec
Thucydide, à ses risques et périls, pour l'ostracisme; il obtint le bannissement de son
adversaire et la dissolution du parti qui lui faisait opposition.
Plutarque, Vie de Périclès, 12, 1 à 14, 1.
22
23
24
ASPASIE DE MILET
Une trêve de trente ans fut conclue ensuite entre Athènes et Sparte. Après quoi,
Périclès fit décréter l'expédition navale contre Samos, sous prétexte que, sommés de mettre
fin à la guerre contre Milet, les Samiens refusaient d'obéir. Comme on a cru que c'était pour
complaire à Aspasie qu'il avait entrepris cette expédition de Samos, c'est peut-être ici la
meilleure occasion de se demander par quel art, par quel prestige cette femme domina les
hommes d'Etat les plus influents et inspira aux philosophes une sincère et grande
considération. Elle était originaire de Milet et fille d'Axiochos : tout le monde est d'accord làdessus. On dit que, voulant rivaliser avec Thargélia, une ancienne courtisane d'Ionie, elle
s'attaqua aux hommes les plus puissants. En effet, Thargélia, qui était d'une éclatante beauté et
joignait l'habileté à la grâce, fut la maîtresse d'un grand nombre de Grecs; elle gagna au roi de
Perse tous ceux qui l'approchèrent et, par le moyen de ces hommes, qui étaient les plus
puissants et les plus influents, elle sema dans les villes des germes de "médisme". Pour
Aspasie, on dit qu'elle fut recherchée par Périclès pour sa science et pour sa sagesse politique.
Et il est vrai que Socrate allait quelquefois chez elle avec ses amis et que les familiers de la
maison d'Aspasie y conduisaient leurs femmes pour entendre sa conversation, bien qu'elle fît
un métier qui n'était ni honnête ni respectable : elle formait de jeunes courtisanes. Eschine
rapporte que Lysiclès et marchand de moutons, homme sans naissance et vulgaire, devint à
son tour le premier des Athéniens, pour avoir vécu avec Aspasie, après la mort de Périclès. Et
dans le Ménexène de Platon, quoique le début soit écrit sur le ton de la plaisanterie, il y a du
moins un détail historique : c'est que cette simple femme passait pour enseigner l'art oratoire à
plusieurs Athéniens. Mais il paraît bien que l'attachement de Périclès pour Aspasie eut plutôt
l'amour pour cause. Il était marié à une de ses parentes, qui avait épousé en premières noces
Hipponicos, dont elle avait eu Callias le riche; elle avait donné deux fils à Périclès :
Xanthippe et Paralos. Puis la vie commune leur étant devenue pénible, il la passa, avec son
consentement, à un autre mari, et lui-même prit Aspasie pour compagne et l'aima
singulièrement. On dit en effet qu'en sortant de chez lui et en rentrant de l'agora, chaque jour,
il ne manquait jamais de la saluer et de l'embrasser. Dans les comédies, on l'appelle la
nouvelle Omphale ou Déjanire ou Héra. Cratinos la traite ouvertement de courtisane dans ces
vers :
"Et la Débauche alors enfante pour Cronos
Cette Aspasie-Héra, la fille aux yeux de chienne."
Il paraît que Périclès eut d'elle le bâtard au sujet duquel Eupolis, dans ses Dèmes, lui met dans
la bouche cette question :
"Et mon bâtard, vit-il ?"
A quoi Myronidès répond :
"Oui et depuis longtemps même il serait un homme,
Si les mœurs de sa mère, une femme perdue,
Ne le faisaient frémir."
On dit qu'Aspasie fut tellement renommée et célèbre que Cyrus, celui qui fit la guerre au
grand Roi pour l'empire de la Perse, donna le nom d'Aspasie à celle de ses concubines qu'il
aimait le plus, et qui s'appelait auparavant Miltô. (...) Ces particularités me sont revenues en
mémoire pendant que j'écrivais; il eût sans doute été d'une rigueur inhumaine de les écarter et
de passer outre.
Plutarque, Vie de Périclès, XXIV, 1-11.
25
LES FEMMES PRENNENT LE POUVOIR A ATHENES
Résumé : les femmes d’Athènes, à la fête des Scires (en février), où elles se réunissent
annuellement entre elles, on décidé de se rendre à l’Assemblée à la place de leurs maris afin
de faire voter des lois justes. Elles se déguisent en hommes et révisent ensemble ce qu’elles
vont dire.
PRAXAGORA – Et c’est vous, ô peuple, qui êtes cause de tout cela. Car, recevant en salaire
l’argent public, vous n’avez en vue que votre intérêt particulier, chacun songeant à ce qu’il
gagnera ; et l’Etat, comme Esimos, va cahin caha. C’est aux femmes, dis-je, qu’il nous faut
abandonner la cité. Aussi bien, dans nos maisons, leur confions-nous les fonctions de
surveillantes et d’intendantes.
TOUTES – Bravo ! Bravo ! par Zeus, bravo ! Parle, parle, mon brave.
PRAXAGORA – Que leurs meurs valent mieux que les nôtres, c’est ce que je montrerai. Car
tout d’abord elles trempent leurs laines dans l’eau chaude à la mode antique, toutes tant
qu’elles sont, et on ne les verra pas essayer de changer. Or la cité des Athéniens, quand même
elle se trouverait bien de quelque pratique, ne se croirait pas sauvée si elle ne s’ingéniait à
faire quelque innovation. Elles font leurs grillades, assises comme avant ; elles portent des
fardeaux sur la tête comme avant ; elles célèbrent les Thesmophories comme avant ; elles font
cuire les gâteaux comme avant ; elles embêtent leurs maris comme avant ; elles ont des
amants au logis comme avant ; elles se font de petits plats comme avant ; elles aiment le vin
pur comme avant ; elles ont plaisir à être aimées comme avant. A elles donc, ô hommes,
confions l’Etat, sans ergoter ; et ne nous demandons pas ce qu’elles vont faire, mais laissonsles bonnement gouverner. Considérons seulement ceci : d’abord qu’étant mères elles auront à
cœur de sauver les soldats. Ensuite, pour ce qui est des vivres, qui mieux qu’une mère en
pressera l’envoi ? Pour se procurer de l’argent rien de plus ingénieux qu’une femme ; au
pouvoir, elle ne sera jamais dupée ; car elles-mêmes sont habituées à tromper. Le reste, je le
passe. Si là-dessus vous m’en croyez, dans le bonheur vous coulerez votre existence.
Puis Praxagora expose son programme politique
PRAXAGORA – La terre tout d’abord, je la ferai commune à tous, et aussi l’argent, et tout ce
qui appartient à chacun. Puis sur ce fond commun nous, les femmes, nous vous nourrirons,
administrant avec économie et pensant à tout (…)
BLEPYROS – Et la terre, qui la cultivera ?
PRAXAGORA – Les esclaves. Toi, tu n’auras d’autre souci, quand l’ombre sera de dix pieds,
que d’aller, tout pimpant au dîner. (…)
BLEPYROS – Et quel genre de vie établiras-tu ?
PRAXAGORA – Commun à tous. J’entends faire de la ville une seule habitation en brisant
toutes les clôtures jusqu’à la dernière, de manière qu’on ira les uns chez les autres.
BLEPYROS – Et le dîner, où le serviras-tu ?
PRAXAGORA - Les tribunaux et les portiques, je ferai de tout des salles à manger.
Aristophane, L’Assemblée des femmes, v. 204-240, 597 sq.
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