C’est incompréhensible quand on sait le peu d’efficacité de la psychanalyse dans
l’amélioration de l’état psychique des victimes d’inceste ou de pédophilie (d’autres formes de
soins ont fait leur preuve : thérapies comportementales, EMDR, etc..). Je ne nie pas les
bienfaits d’une analyse pour d’autres problématiques, pour peu que l’analyste n’en soit pas
resté à Freud ou Lacan… Mais de là à prétendre que la psychanalyse peut « soigner » des
victimes d’inceste ou de pédophilie… Non… Elle peut s’envisager après une thérapie
adaptée, peut-être, mais n’est pas indispensable. Les erreurs de Freud sont connues,
maintenant, et dans le milieu psychanalytique aussi, notamment sur le complexe d’Œdipe.
Rappelons que Freud avait émis une première hypothèse : l’adulte désire l’enfant (au vu de la
proportion élevée de victimes d’inceste ou de pédophilie qu’il recevait dans son cabinet).
Mais il s’est vite rétracté face au scandale que cela aurait pu susciter à l’époque et aux
violentes critiques de ses pairs et a préféré retourner la formule : ce ne sera donc plus l’adulte
qui désire l’enfant mais l’enfant qui désire l’adulte ! La révolution psychanalytique n’a pas eu
lieu. Oui, la psychanalyse a évolué, mais entre les discussions de salon (ou les colloques) et le
terrain, il y a un fossé (au-delà du périphérique parisien, j’entends). La majorité des victimes
retrouve face à elle un professionnel (psychothérapeute, mais aussi éducateur, assistant social,
etc…) qui semble ignorer les travaux et écrits hors Freud ou Lacan. Et je ne m’étendrai pas
non plus sur certains concepts qui affirment en quelque sorte le droit à la perversion au nom
de la liberté et la culpabilisation systématique du parent protecteur (celui-celle qui n’a pas
agressé l’enfant).
S’il veut traiter un patient de manière autre que par une « analyse », le professionnel doit être
curieux, motivé et entreprendre de lui-même une démarche personnelle de formation.
La preuve que très peu de professionnels ont reçu une formation adaptée au soins des victimes
d’inceste ou de pédophilie, c’est qu’ils sont très peu nombreux aujourd’hui à diagnostiquer un
syndrôme de stress-post traumatique, par exemple, dont souffrent une grande partie des
victimes, et peuvent confondre des hallucinations provoquées par ce syndrôme avec la
manifestation clinique d’une psychose. Il faut savoir qu’en France il n’y a pas ou peu de
politique gouvernementale de formation de spécialistes sur ce syndrôme.
Parfois une dépression s’est déjà installée, conséquence fréquente qui peut apparaître 10 ans
après des abus sexuels chez un enfant, et le praticien va solutionner le problème du patient en
se contentant de lui prescrire des anti-dépresseurs, ou imputer son « mal-être » à une vague
crise d’adolescence (lorsqu’il a en face de lui un adolescent « mal dans sa peau »), quand ce
n’est pas chez la mère qu’il va chercher le problème. Et bien sûr les dépressions vont se
reproduire d’années en années sans pour cela que le médecin ou le psychologue ne fasse le
lien avec l’agression, surtout si celle-ci est ancienne.