prendre des positions dominantes par rapport à l’Europe (fourniture de crédits et de marchandises
diverses) et au reste du monde (conquête de nouveaux marchés), la situation américaine est différente
de celle du Royaume-Uni au sens où les Etats-Unis n’ont pas de colonies (hormis Cuba et les Philippines)
mais disposent d’un vaste territoire qu’ils ont pu mettre en valeur, condition préalable à leur accession
au rang de première puissance économique mondiale.
L’entrée des Etats-Unis dans l’industrialisation a été plus tardive qu’au Royaume-Uni (fin de la
première moitié du XIXème siècle) mais avec une main d’œuvre abondante souvent venue d’Europe, un
territoire riche et une foi absolue dans le capitalisme (on parle même de « capitalisme sauvage » pour
les Etats-Unis tant tous les coups semblent permis du fait d’une absence longue d’interventionnisme
étatique). Les Etats-Unis vont, après avoir été profondément ébranlés par la guerre de Sécession,
effectuer dans le dernier tiers du XIXème siècle une montée en puissance très rapide liée à seconde phase
d’industrialisation et à la mise en place de nouvelles façons de produire (standardisation, travail à la
chaîne) : le Nord-Est du territoire devient un grand centre industriel et New York devient
progressivement la ville dominante avec sa bourse du Stock Exchange à Wall Street. Après la Première
Guerre mondiale, les à-coups de la croissance mondiale ne se manifesteront plus d’abord en Europe
mais aux Etats-Unis (crise de 1929, ralentissement économique du début des années 70). Au sortir de la
Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis disposent des 2/3 du stock d’or mondial ce qui va conférer au
dollar le statut de principale monnaie d’échange mondiale (voire exclusive pour certaines marchandises
comme le pétrole). Ils vont se trouver à la base de la réorganisation économique du monde après la
guerre (accords de Bretton Woods en 1944) par la création d’institutions internationales comme le FMI
et le GATT qui prônent la libéralisation des échanges, en aidant à la reconstruction de l’Europe
occidentale et du Japon (dans le cadre particulier de la guerre froide), en diffusant dans le monde leurs
entreprises qui deviennent les premières grandes firmes multinationales.
Encore plus qu’avec la domination britannique, on va assister à une véritable emprise
socioculturelle américaine sur une grande partie du monde. Les Etats-Unis sont les premiers à entrer
dans la société de consommation ; des les années 1920, les produits de l’électroménager, la radio,
l’automobile commencent à entrer dans la vie quotidienne des Américains (on parle d’ailleurs
d’American way of life). La consommation de ces produits est soutenue par le recours massif à la
publicité, au crédit puis à l’instauration à partir des années 30 d’un Etat-providence (système
d’assurances sociales de protection). Ce modèle va se diffuser progressivement grâce à des vecteurs
comme le cinéma hollywoodien ou les cartoons (qu’on pense à l’équipement de la cuisine de la
« mama » dans les Tom et Jerry !). Il va surtout être apporté par les soldats américains en Europe ou au
Japon constituant ce qui sera dénoncé par certains comme un impérialisme culturel (musique jazz, rock,
disco etc.. ; western ; séries télé etc…).
C) le temps de l’économie-monde multipolaire
Au début des années 90, avec la fin de la guerre froide, les Etats-Unis apparaissent comme la
seule puissance dominante du monde entier (puisqu’il n’y a plus l’opposition d’un monde communiste
aux fondements idéologiques opposés). Le philosophe et économiste américain Francis Fukuyama
annonce « la fin de l’Histoire » puisque le monde ne peut plus, selon lui, voir d’affrontements
idéologiques (capitalisme libéral et démocratie vont s’imposer partout). C’est l’époque où les Etats-Unis
se présentent comme « les gendarmes du monde » et apparaissent comme une hyperpuissance car ils
détiennent tous les attributs de la puissance et ne peuvent plus être contestés par personne.
Pourtant, dans le même temps et avant même la fin de la guerre froide, se sont mises en place
des évolutions qui vont faire basculer le monde vers une autre situation : l’âge de la globalisation (terme
traduisant mieux le mot anglo-saxon « globalization » correspondant à mondialisation). En effet, depuis
le début des années 70, les Etats-Unis ont perdu de leur superbe économique avec la concurrence de