Introduction*
L’Homme (Homo sapiens) et le Chimpanzé (Pan paniscus) sont deux espèces actuelles fortement
apparentées. Nous allons rappeler les argumentes qui plaident en faveur de ce lien de parenté, puis
nous verrons comment il est possible d’expliquer les différences importantes dans les caractères des
deux espèces pourtant si proches.
1.*Deux*espèces*très*proches*
L’Homme et le Chimpanzé font partie des Primates, un groupe de Mammifères possédant une vision
binoculaire, des ongles plats et des pouces opposables. Au sein des primates, ces deux espèces font
aussi partie des Hominoïdes (grands singes sans queue), mais l’idée que le Chimpanzé est le plus
proche parent actuel de l’Homme repose essentiellement sur des critères génétiques :
• Les deux espèces présentent des caryotypes très ressemblants avec 2n = 46 chromosomes
pour l’Homme et 2n=48 chromosomes chez le chimpanzé dont les chromosomes 2p et 2q
auraient fusionné dans la lignée humaine pour former le chromosome 2. 14 chromosomes ont
des structures identiques, plusieurs autres ne présentent qu’une simple inversion, addition ou
délétion.
• Les génomes des deux espèces présentent pus de 98,5% de similitudes de séquences.
Comment deux espèces ayant des programmes génétiques si semblables peuvent-elles avoir des
caractères si distincts ?
2.*Les*leviers*génétiques*pour*l’apparition*des*caractères*dérivés*
Les différences génétiques entre l’Homme et le Chimpanzé sont quantitativement faibles, mais elles
peuvent aboutir à de profondes différences morpho-anatomiques entre les deux espèces si elles
touchent des gènes du développement, notamment des gènes maîtres dont le produit contrôle
l’expression de nombreux gènes impliqués dans la mise en place des organes.
Par exemple, les crânes de l’Homme et du Chimpanzé sont très ressemblants au stade fœtal, mais le
crâne de l’Homme subit une croissance prolongée et conserve la forme juvénile (néoténie crânienne)
tandis que celui du chimpanzé subit une croissance plus courte associée à des modifications qui
rendent le crâne de l’adulte très différent de celui du fœtus (plus prognathe, notamment). On pense
aujourd’hui que l’arrêt de croissance du crâne et l’acquisition des modifications adultes chez le
Chimpanzé est liée à l’expression d’un gène, MYH-16. Chez l’Homme, des mutations auraient retardé
ou supprimé l’expression de ce gène, ce qui allongerait la phase de croissance du crâne et limiterait
ses modifications, aboutissant à la persistance de la forme juvénile. Une telle modification de l’ordre ou
de la durée d’une étape du développement est une hétérochronie.
Par ailleurs, l’Homme et le Chimpanzé présentent des différences dans certains gènes impliqués dans
le développement du système nerveux central, comme le gène ASPM. Or la mutation du gène ASPM
chez l’Homme provoque la microcéphalie et limite fortement le développement du cortex ; ce gène
stimule donc la croissance du cortex. Des mutations dans ces gènes peu nombreux pourraient
expliquer l’augmentation importante du volume cérébral dans la lignée humaine.
Conclusion*
Ainsi, les comparaisons génétiques entre l’Homme et le Chimpanzé permettent à la fois de rapprocher
ces espèces, et de comprendre comment de faibles différences génétiques peuvent suffire à expliquer
les différences importantes qui existent entre elles à l’échelle macroscopique.
Le passage en italique n’est pas exigé dans ce sujet.